FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.4 septembre 2000 - P. 4

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De graves pénuries alimentaires continuent de toucher 36 pays dans le monde 1/

Fin août 2000, 36 pays en développement étaient toujours menacés par de graves pénuries alimentaires, chiffre inchangé depuis le rapport paru en juin.

En Afrique de l'Est, on estime à près de 20 millions le nombre de personnes ayant un besoin urgent d'aide alimentaire en raison de la sécheresse. Au Kenya, où la sécheresse actuelle a encore aggravé la pénurie d'eau et d'herbages, entraînant des pertes de bétail considérables, on estime désormais à près de 3,3 millions le nombre de personnes ayant un besoin urgent d'aide alimentaire. En Érythrée, l'éclatement du conflit frontalier avec l'Éthiopie en mai/juin 2000 a entraîné des déplacements massifs de population qui n'ont fait qu'aggraver une situation alimentaire déjà rendue précaire par la sécheresse et la guerre. On estime désormais le nombre des personnes déplacées à plus de 1,5 million, soit près de la moitié de la population du pays. En Éthiopie, l'échec de la récolte saisonnière secondaire "Belg" s'est traduit par l'accroissement du nombre de personnes ayant besoin d'une aide alimentaire, évaluées désormais à quelque 6,2 millions. En Somalie, le nombre de personnes ayant besoin d'une aide est estimé à 750 000 et l'on signale de plus en plus des taux préoccupants de malnutrition. Au Soudan, en Tanzanie, en Ouganda et à Djibouti, en dépit d'une situation généralement stable en termes d'approvisionnement, quelque 3,7 millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire en raison des pertes de récolte liées à la sécheresse et aux troubles internes. La distribution de l'aide alimentaire d'urgence au Burundi est paralysée par l'insécurité, alors qu'environ 700 000 personnes (personnes déplacées, personnes affectées par la sécheresse et autres groupes vulnérables) seront encore dépendantes de l'aide alimentaire d'urgence pendant une bonne partie de l'année 2001. Au Rwanda, la pénurie alimentaire persiste par endroits, en particulier dans la province du nord-ouest. En Afrique de l'Ouest, les pénuries alimentaires persistent en Sierra Leone, où la relance de la guérilla en mai/juin a perturbé la production agricole à la période critique des semailles, alors qu'au Libéria, la production demeure affectée par les conséquences de la guerre civile. En ce qui concerne l'Afrique centrale, si la situation humanitaire s'est améliorée en République du Congo, les conflits internes persistant au sein de la République démocratique du Congo ont entraîné des déplacements massifs de population et gravement perturbé la production agricole. L'aide humanitaire demeure paralysée par le climat d'insécurité. En Afrique australe, la récente intensification des combats en Angola a entraîné de nouveaux déplacements de population. Quelque 1,9 million de personnes ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence, mais on évalue à 2,8 millions ceux qui ont besoin d'une forme quelconque d'aide humanitaire. Au Mozambique, la distribution gratuite de nourriture aux personnes touchées par les inondations a pris fin, mais 172 000 personnes continuent à dépendre de l'aide dispensée dans le cadre de projets vivres-contre-travail. Le besoin d'une aide à grande échelle en vue de réhabiliter l'infrastructure dévastée se fait toujours sentir. Une aide au titre du secours et de la réhabilitation est également requise à Madagascar, dévastée au début de l'année par trois cyclones consécutifs.

Dans plusieurs pays d'Asie, des périodes de sécheresse suivies d'inondations ont déplacé des milliers de personnes et détruit ou endommagé les récoltes, causant des pénuries alimentaires locales. Faisant suite à la grave sécheresse qui a affecté au début de l'année plusieurs États de l'Ouest et du Sud de l'Inde, les récentes inondations de l'Himachal Pradesh, à l'extrême nord du sous-continent, ont fait au moins 150 victimes et de nombreux sans-abri. De fortes pluies et des inondations brutales ont également désorganisé plusieurs États du nord-est: Bihar, Bengale occidental et Assam, ainsi que l'État méridional de l'Andhra Pradesh. L'État d'Assam a été le plus touché avec un nombre de sans-abri estimé à 2,5 millions de personnes. En Chine, la période de sécheresse la plus sévère depuis des décennies a détruit les récoltes et perturbé l'approvisionnement en eau sur une grande échelle dans le nord du pays. Les premières prévisions de production de céréales alimentaires en République démocratique populaire de Corée sont pessimistes en raison de pluies mal réparties et inférieures à la moyenne pendant la période qui a précédé la moisson 2000, alors que l'année 1999 avait déjà connu un niveau de précipitations inférieur à la normale. La situation alimentaire demeure également extrêmement préoccupante pour des milliers de familles nomades de la Mongolie, qui a connu, au début de l'année, son hiver le plus rigoureux depuis 30 ans, avec pour résultat la perte de plus de 1,5 million de têtes de bétail. Au Timor oriental, la situation alimentaire s'est améliorée cette année grâce à la récolte de maïs et de riz, mais le pays a toujours besoin d'une aide alimentaire. Au Proche-Orient, la République islamique d'Iran a connu sa pire période de sécheresse depuis des décennies, ce qui a gravement affecté l'agriculture et l'élevage. Son voisin l'Afghanistan est confronté aux conséquences d'une deuxième année consécutive de sécheresse, aggravées par des difficultés économiques persistantes et le climat d'insécurité. Les populations touchées par la sécheresse d'Iraq, de Jordanie et de Syrie ont toujours besoin d'une aide. Plusieurs pays de la CEI ont été gravement affectés par la sécheresse depuis le début du printemps, les plus touchés étant l'Arménie, la Géorgie et le Tadjikistan où la sécheresse n'a fait qu'aggraver des difficultés économiques chroniques. La récolte céréalière devrait enregistrer une baisse considérable en 2000 dans ces pays qui ont tous trois fait appel à l'aide internationale. En Azerbaïdjan, les populations vulnérables ont toujours besoin d'une aide humanitaire.

En Amérique latine, à la suite des graves répercussions des catastrophes naturelles de ces dernières années (El Niño, les ouragans Georges et Mitch, etc.), une aide alimentaire est toujours fournie à Cuba, El Salvador, au Guatemala, aux Honduras, au Nicaragua et au Venezuela. En Haïti, la nécessité de l'aide alimentaire est liée à des difficultés économiques chroniques.

En Europe, les populations vulnérables des Balkans ont toujours besoin d'une aide alimentaire, en particulier en République fédérale de Yougoslavie. En Fédération de Russie, les populations déplacées en Ingoutchie, les familles d'accueil et les personnes rapatriées en Tchétchénie ont besoin d'aide pour survivre.

    1/ Le présent rapport fait aussi état d'autres pays qui sont gravement touchés par des catastrophes sévères mais localisées, essentiellement des inondations et de la sécheresse, qui ne sont pas comptabilisés dans cette liste. Les pays dont le nom est souligné sont confrontés à des crises alimentaires particulièrement graves.

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