FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.4 septembre 2000 - P. 7

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Stocks de report

Des stocks céréaliers mondiaux en forte contraction, mais les réserves augmenteront dans les principaux pays exportateurs

Les prévisions concernant les stocks mondiaux de céréales au moment de la clôture des campagnes se terminant en 2001 ont été légèrement revues à la baisse depuis le précédent rapport, indiquant un volume de 320 millions de tonnes, soit 22 millions de tonnes ou 6 pour cent en deçà des niveaux d'ouverture révisés. Le relèvement notable des prévisions relatives aux stocks de clôture aux États-Unis a été amplement neutralisé par une forte révision à la baisse des réserves prévues de la Chine. La contraction des stocks céréaliers de la Chine durant la campagne de commercialisation 2000/01 en cours fait suite aux récents ajustements à la baisse des prévisions concernant la production de blé, de maïs et de riz en 2000. Au niveau prévu actuellement, le ratio des stocks céréaliers de report mondiaux au regard de l'utilisation tendancielle en 2001/2002 est de 16,5 pour cent, un taux virtuellement inchangé par rapport aux prévisions établies en juin et légèrement en-dessous de la fourchette de 17-18 pour cent que la FAO considère comme le minimum nécessaire pour garantir la sécurité alimentaire mondiale.

Graphique

Bien qu'une diminution des stocks céréaliers totaux soit prévue à l'échelon mondial pendant la campagne actuelle, un certain nombre de signes indiquent que les réserves détenues par les principaux pays exportateurs permettront de faire face à un éventuel accroissement imprévu de la demande mondiale au cours de cette campagne. Les stocks globaux de céréales détenus par les principaux exportateurs de blé, de céréales secondaires et de riz devraient s'enrichir pendant la campagne d'au moins 8 millions de tonnes, atteignant ainsi un volume de 156 millions de tonnes, malgré le fléchissement des réserves de la Chine, l'un des plus importants exportateurs de riz de la planète. Globalement, le renforcement probable des stocks céréaliers des principaux exportateurs pourrait porter la part de ces pays à près de 49 pour cent du total mondial, contre 43 pour cent durant la campagne précédente. Le rapport du volume des stocks céréaliers détenus par les principaux pays exportateurs à leur consommation apparente totale (leur consommation intérieure de céréales plus les exportations) en 2000/01 ne devrait subir aucune variation par rapport à l'année précédente. Concernant les céréales secondaires, l'accroissement escompté de la production dans les principaux pays exportateurs devrait aboutir à une amélioration du coefficient stocks-consommation apparente pour ces céréales, qui passerait de 18 pour cent en 1999/2000 à 20 pour cent en 2000/01. Ce ratio demeurera probablement stable pour ce qui est du blé, en se maintenant à près de 22 pour cent, tandis que pour le riz, il devrait subir une détérioration importante, tombant de 11 pour cent en 1999/2000 à 8 pour cent en 2000/01, sous l'effet principalement d'un fléchissement de la production rizicole en Chine.

Stocks céréaliers de report mondiaux

   
Campagnes agricoles se terminant en:
1999
2000 estim.
2001 prévis.
 
(. . . millions de tonnes . . .)
Blé
143,0
138,1
127,1
Céréales secondaires
152,3
143,3
138,8
Riz (usiné)
56,7
60,3
53,8
TOTAL
352,1
341,7
319,7
dont:
     
Principaux pays exportateurs
155,1
148,1
155,6
Autres pays
196,9
193,6
164,0

Les stocks mondiaux de blé pour les campagnes agricoles s'achevant en 2001 sont actuellement établis à quelque 127 millions de tonnes, avec une légère révision à la baisse par rapport au précédent rapport. À ce niveau, les stocks seraient inférieurs de 11 millions de tonnes, soit 8 pour cent, au volume de l'année passée. Concernant les cinq principaux exportateurs mondiaux de blé, l'accroissement prévu de 3 millions de tonnes des stocks de la CE, grâce à la production record de l'année 2000, devrait largement compenser l'effritement global des stocks de report dans les autres pays exportateurs. L'existence actuelle de disponibilités importantes de blé de qualité inférieure devrait favoriser l'utilisation fourragère de cette céréale, en France notamment, mais cette consommation accrue ne sera pas suffisante pour absorber en totalité l'expansion attendue de la production. En revanche, on prévoit un fléchissement des stocks de clôture dans d'autres grands pays exportateurs, sous l'effet principalement d'une production en recul. Toutefois, le déclin le plus marqué des stocks de blé devrait être enregistré dans certains des principaux pays importateurs nets de blé. Un recul particulièrement important est prévu en Chine, où la diminution des emblavures et la sécheresse devraient déterminer une chute de la production de près de 13 millions de tonnes. Un renforcement des importations est attendu, mais des prélèvements sur les stocks d'au moins 10 millions de tonnes seront néanmoins nécessaires pour répondre aux besoins de consommation pronostiqués pour 2000/01. On attend également une diminution sensible du niveau des stocks dans d'autres pays frappés par la sécheresse, notamment en Afghanistan, en République islamique d'Iran, en Iraq, en Jordanie et au Maroc. En revanche, les réserves de blé devraient augmenter au Pakistan et en Inde, grâce à des récoltes exceptionnelles, alors qu'au Kazakhstan les stocks de report pourraient se renforcer sous l'effet conjugué d'une récolte de blé supérieure à la moyenne et de perspectives réduites d'exportation vers la Fédération de Russie.

Les stocks mondiaux de céréales secondaires pour les campagnes agricoles se terminant en 2001 sont aujourd'hui établis à 139 millions de tonnes, ce qui représente une progression de 3 millions de tonnes relativement au précédent rapport, mais aussi 4 millions de tonnes de moins que leur niveau estimé d'ouverture. La révision à la baisse de ce mois-ci résulte principalement d'une forte diminution des prévisions concernant les stocks de maïs de la Chine (en recul de 13 millions de tonnes) et d'un affaiblissement des réserves dans certains pays d'Europe, qui devraient amplement neutraliser le renforcement prévu des stocks aux États-Unis. En Chine, la production de maïs devait s'effondrer au cours de cette campagne, tombant de 20 millions de tonnes, soit un repli de 48 pour cent, principalement sous l'effet de la sécheresse. Cela devrait conduire à des prélèvements importants sur les stocks, et à une chute des exportations. On attend également un appauvrissement des réserves en Hongrie et en Pologne. Un temps sec défavorable en Europe centrale et de l'Est pendant la période de végétation pourrait faire fléchir la production de maïs, surtout en Hongrie, tandis qu'en Pologne les effets de la sécheresse se feront sentir sur la production de maïs et de seigle.

Graphique

En revanche, le tout dernier rapport officiel (août) des États-Unis indique, pour la production céréalière totale du pays, un volume record supérieur de 24 millions de tonnes à celui de 1999, et de 16 millions de tonnes aux prévisions de juin. Bien que les projections officielles concernant les exportations et l'utilisation totale (notamment fourragère et industrielle) aient été elles aussi révisées à la hausse, les prévisions relatives aux stocks de céréales secondaires ont été fortement relevées depuis le précédent rapport et indiquent aujourd'hui un accroissement des réserves, passant de 51 millions de tonnes en début de campagne à 67 millions de tonnes d'ici la clôture. Les stocks de céréales secondaires des États-Unis, constitués pour l'essentiel de maïs (environ 62 millions de tonnes), atteindraient ainsi leur plus haut niveau depuis 1988. La forte expansion des stocks de céréales secondaires aux États-Unis est le principal facteur compensateur du recul attendu des réserves dans pratiquement tous les autres pays grands producteurs. Dans la CE, malgré des perspectives de production plus favorables, les stocks de céréales secondaires pourraient marquer un léger fléchissement. Bien que les prévisions indiquent une avancée d'environ 3 millions de tonnes de la production d'orge dans la CE en 2000, cette progression pourrait ne pas être suffisante pour couvrir l'augmentation probable des exportations d'orge et de l'utilisation fourragère sans prélever sur les stocks. Déjà au cours de la précédente campagne, d'importantes ventes d'exportation (à partir notamment des stocks d'intervention de la Communauté) ont déterminé un recul notable (d'environ 4,5 millions de tonnes) des réserves d'orge de la CE.

Graphique

Les stocks mondiaux de riz pour les campagnes de commercialisation s'achevant en 2000 demeurent relativement stables par rapport au volume de 60 millions de tonnes, soit 3 millions de tonnes de plus qu'à leurs niveaux d'ouverture, indiqué dans le précédent rapport. Toutefois, pour les campagnes se terminant en 2001, les premières estimations indiquent des stocks mondiaux de riz en recul de 10 pour cent, tombant ainsi à quelque 54 millions de tonnes. Ce fléchissement correspond en grande partie à une baisse attendue de la production mondiale de riz, la première en près de 13 ans, en concomitance avec un accroissement escompté de la consommation. Le déclin des stocks devrait être enregistré essentiellement en Chine continentale dont les réserves devraient chuter de 37 pour cent sous l'effet d'une contraction prévue de la production de paddy et sur la base d'un volume d'expéditions correspondant à celui observé depuis 1997. Toutefois, si le pays réduit ses exportations en 2001, la contraction des stocks de la Chine pourrait être inférieure aux prévisions. Il convient cependant de noter que le volume final des stocks mondiaux de riz dépendra entre autres des récoltes de riz de 2001 dans certains pays, dont on ignore encore l'issue.


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