SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

RAPPORT SPÉCIAL

MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES EN ÉTHIOPIE

9 janvier 2001

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FAITS SAILLANTS

  • En dépit de l'absence de précipitations au cours de la campagne secondaire (belg) et de l'arrivée tardive des pluies pendant la campagne principale (meher), les cultures meher ont nettement récupéré par rapport aux premières prévisions grâce à l'abondance des pluies qui ont continué jusqu'à fin octobre et qui ont été bénéfiques aux cultures semées tardivement.
  • La production de céréales et de légumineuses de la campagne meher est estimée à environ 12,6 millions de tonnes, soit 7 pour cent de plus que l'an dernier.
  • Les disponibilités céréalières seront nettement plus importantes en 2001; les prix devraient donc être bas et la consommation céréalière devrait augmenter.
  • Les exportations transfrontalières au bénéfice du Soudan et du Kenya, pays voisins victimes de la sécheresse, devraient progresser, compte tenu de la forte demande d'importation et de prix élevés.
  • Les besoins d'importations céréalières pour 2001 sont estimés à 970 000 tonnes et devraient être en grande partie couverts par l'aide alimentaire.
  • Compte tenu des pertes de récoltes et de la diminution du cheptel pendant plusieurs années consécutives, un grand nombre de personnes sont encore très exposées à l'insécurité alimentaire et tributaires des secours distribués. De 6 à 7,5 millions de personnes touchées par la sécheresse ainsi que 350 000 personnes déplacées ou affectées par la guerre auront besoin d'une aide alimentaire d'urgence en 2001.
  • L'aide alimentaire dans la filière ne couvre pas les besoins au-delà de février 2001; moins de 40 pour cent des besoins céréaliers sont couverts pour mars et il est donc urgent d'obtenir de nouvelles contributions.
  • Il est instamment demandé aux donateurs de couvrir une partie des besoins d'aide d'alimentaire par des achats locaux afin de consolider quelque peu le marché.

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1. VUE D'ENSEMBLE

Une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s'est rendue en Éthiopie du 12 novembre au 13 décembre 2000 pour estimer la production des céréales et des légumineuses de la campagne meher, préparer les prévisions pour la campagne belg 2001, quantifier les besoins d'aide alimentaire, ainsi qu'identifier les diverses catégories de bénéficiaires et les dispositifs de livraison. La mission s'est déroulée au lendemain d'une année particulièrement difficile en terme de sécurité alimentaire en Éthiopie, et dans la Corne de l'Afrique en général, qui a exigé une intervention humanitaire spécifique à la région dont la coordination a été assurée par l'ONU.

En novembre 2000, six équipes composées de deux consultants internationaux et de cinq consultants nationaux membres de la FAO ainsi que d'experts du Ministère de l'agriculture éthiopien se sont rendus dans toutes les régions du pays, sauf quatre. Le PAM s'est associé à deux de ces équipes. Sur une plus longue période, 22 équipes comprenant des membres de la Commission de prévention et de planification des interventions en cas de catastrophe (DPPC), le PAM et d'autres organismes des Nations Unies, des organisations de donateurs bilatéraux et des ONG ont couvert l'ensemble des régions, se concentrant plus particulièrement sur les zones et les worredas les plus vulnérables, dans le but d'évaluer la situation actuelle et future des ménages en matière de sécurité alimentaire. Ces deux analyses complémentaires ont été faites simultanément sur le terrain, chaque fois que cela a été possible.

Les données sur les superficies et sur les rendements utilisées par les équipes chargées d'enquêter sur les récoltes ont été recueillies par des agents de développement et traitées par les bureaux régionaux du Ministère de l'agriculture (WAB) à partir de chaque bureau de zone (ZAB). Ces données ont été rapprochées des informations communiquées par des cultivateurs, des commerçants, des ONG et des représentants de donateurs au cours de 14 jours de visites sur le terrain. Ces visites ont également permis d'évaluer l'état des cultures avant récolte, d'effectuer des coupes-échantillons, de réaliser des enquêtes de marché et d'observer le bétail. Par ailleurs, les équipes de la mission ont bénéficié de données de télédétection portant sur des estimations de pluviométrie et des indices de végétation ainsi que de rapports provisoires, d'évaluations et de cartes de vulnérabilité. Les équipes ont pu ainsi affiner les premières prévisions de production faites par le Ministère de l'agriculture, en tenant compte d'une plus large base de données et de récents événements. Ces estimations portent encore sur des prévisions avant récolte et ne doivent donc pas être considérées comme des évaluations statistiquement exactes. A l'exception d'un ou deux cas, les estimations de superficie n'ont pas été modifiées.

Les équipes chargées d'évaluer la sécurité alimentaire ont recueilli des données à l'échelle des régions, des zones et des worredas. Un questionnaire standardisé a été utilisé dans le cadre des entretiens semi-dirigés réalisés auprès des ménages et dans les worredas. L'information obtenue a été rapprochée de données sur les récoltes et l'élevage, et comparée aux revenus et aux déficits alimentaires d'une année type, tout en tenant compte de changements connus au niveau des revenus de sources non agricoles.

Malgré la forte insuffisance des pluies belg et l'arrivée tardive des pluies meher dans toutes les régions, sauf Amhara, la pluviométrie s'est améliorée à fur et à mesure de l'avancement de la campagne meher, ce qui a favorisé le démarrage et le développement des cultures ainsi que le remplissage du grain dans l'ensemble des principales régions de production. En conséquence, les semis ont augmenté dans ces régions. Du maïs et du sorgho ont été semés sur environ 5 pour cent des superficies consacrées au teff et aux légumineuses ainsi que sur des terres laissées en jachère l'an dernier. Il a été noté que les emblavures de blé et d'orge ont été maintenues au même niveau que l'an dernier.

Compte tenu d'une progression des emblavures de 3,8 pour cent par rapport à l'an dernier et de la hausse des rendements moyens de toutes les céréales, maïs et blé surtout, la mission prévoit que la production meher se chiffrera à 11,61 millions de tonnes de céréales et à 0,99 million de tonnes de légumineuses. La production céréalière, établie en moyenne à 1,18 tonne l'hectare, devrait donc être légèrement supérieure à celle de 1996 (1,14 tonne l'hectare), année de bonnes performances agricoles. L'augmentation des superficies ensemencées et la hausse des rendements permettent ainsi d'obtenir une augmentation de 7,3 pour cent de la production céréalière par rapport à l'évaluation après récolte réalisée l'an dernier, début 2000. La production de légumineuses a baissé de 4 pour cent par rapport aux estimations faites par la mission en 1999, du fait surtout d'une réduction équivalente des superficies ensemencées (3,6 pour cent).

Dans les autres zones de production, la pluviométrie a été moins régulière et des vagues de sécheresse, à la mi campagne, d'une durée parfois égale à trois mois, ont été signalées. Ce n'est que grâce aux pluies tardives tombées de fin septembre à décembre que les cultivateurs ont pu reprendre partiellement la situation en main. Alors que les précipitations tardives de la campagne ont pu ailleurs provoquer certains dégâts aux cultures (verse et chute de graines), elles ont été en général bien accueillies dans ces régions. Se présentant sous forme d'averses suivies d'un temps ensoleillé, elles ont en effet permis d'effectuer les récoltes dans de bonnes conditions.

L'élevage extensif a été ravagé par la forte sécheresse qui a sévi dans les régions pastorales plus tôt dans l'année, engendrant de graves pénuries d'eau et de fourrage, ces dernières empirant par la suite sous l'effet d'attaques parasitaires et de maladies infectieuses. Les zones pastorales méridionales de Somali, Borena, Bale et Omo Sud ont été les plus durement frappées et des pertes de cheptel, de 50 en moyenne, ont été signalées. Le produit de l'élevage devrait donc être minime cette année et il faudra plusieurs années pour que les éleveurs pratiquant le pastoralisme et l'agro-pastoralisme parviennent à redresser la situation. Les pluies tardives meher ont heureusement beaucoup contribué à régénérer les pâturages et le brous ainsi qu'à réalimenter les points d'eau. Le bétail qui a survécu est en bonne santé, ce qui est de bon augure pour l'an prochain mais ne résout pas les problèmes actuels de manque de lait et de reconstitution des troupeaux. Le cheptel dans les régions tributaires de la campagne meher et dans les worredas dans les zones de colonisation agricole a également souffert; le nombre de bêtes de trait serait insuffisant par rapport aux besoins, ce qui se reflète au niveau des superficies ensemencées et de la qualité de préparation des sols dans les worredas et les kabelles.

Pour ce qui est des autres cultures, la banane Ensete - denrée de base pour au moins 8 millions de personnes - semble se développer de manière satisfaisante tandis que l'absence de précipitations en milieu de campagne a été préjudiciable à la patate douce et a réduit les spécimens destinés à être replantés, ce qui en diminuera la disponibilité pour la prochaine campagne. Le manque de précipitations s'est fait plus particulièrement ressentir sur la culture du café. L'insuffisance des pluies belg au moment de l'inflorescence s'est traduite, selon l'Office de commercialisation du café, par une diminution de 20 à 60 pour cent de la production dans l'ensemble des zones de production caféicole. Cette situation aura de graves retombées sur les ménages vivant dans ces zones et sur les économies régionale et nationale.

Les cours de la plupart des céréales sont en train de chuter, celui du maïs en particulier, qui était de 64 birr pour 100 kg (environ 80 dollars E.-U. la tonne) en octobre/novembre dans certaines zones excédentaires de l'ouest, contre 142 birr en août/octobre. Le prix du sorgho est encore élevé, la récolte ayant à peine commencé, et celui du blé fléchit, du fait de la bonne récolte qu'il est prévu d'engranger. Le prix du teff, encore surcoté, commence à baisser dans l'ensemble. Dans l'est et dans les autres régions déficitaires, les cours sont plus élevés en raison du coût du transport à partir des zones excédentaires et des pénuries locales. Début décembre 2000, les stocks céréaliers ont commencé à être reconstitués, ce qui explique en partie le fléchissement des prix. Les cours des céréales dans le Soudan et le Kenya, pays voisins, ont été en général nettement plus élevés, présageant d'éventuels échanges commerciaux transfrontaliers avec l'Éthiopie.

Les résultats positifs décrits ci-dessus masquent cependant l'existence de communautés souffrant d'un déficit vivrier dans l'ensemble du pays, du fait de la sécheresse, des déplacements de population, d'anomalies structurelles et du manque d'accès/ de droits à la nourriture. Il faudra plusieurs années avant que les pasteurs les plus appauvris ne puissent tirer à nouveau un revenu minimum de la vente de leurs bêtes pour couvrir les besoins alimentaires de base. Par ailleurs, les agriculteurs victimes de la sécheresse et de pertes de récoltes depuis quatre ans n'ont plus d'actifs et n'ont pas retrouvé une situation d'autosuffisance.

Selon les premières conclusions des évaluations sur la sécurité alimentaire, même si le secteur agricole obtient d'excellents résultats en 2001, six millions de personnes au moins auront besoin de secours alimentaires; si les résultats sont moyens, il faudra porter ce chiffre à 6,5 millions. En cas d'une nouvelle sécheresse aiguë, la reprise, à peine amorcée, s'inverserait et le nombre de victimes serait beaucoup plus élevé. La mission a considéré qu'au moins la moitié des populations tributaires de la campagne belg et environ 85 pour cent des pasteurs bénéficiant d'une aide alimentaire au titre du premier semestre de l'année en auront encore besoin au cours du second. Cette hypothèse sera réexaminée lors d'une évaluation des besoins qui sera réalisée conjointement à une estimation de la pré-récolte belg 2001; il faudra également réévaluer les besoins des éleveurs pratiquant le pastoralisme à la mi 2001.

Il faut remarquer que les secours alimentaires d'urgence fournis au titre des sécheresses/catastrophes naturelles ne sont pas approvisionnés au-delà de février 2001, ce qui risque d'entraîner une interruption ou une diminution des distributions. La mission recommande fortement aux donateurs de reconstituer les stocks en temps voulu par le biais des prêts de la Réserve nationale d'urgence pour la sécurité alimentaire (EFSR) afin d'éviter que les produits ne viennent à manquer, comme début 2000 lorsque les distributions ont été réduites. De nouvelles annonces d'aide alimentaire en faveur des victimes de catastrophes naturelles en 2001 sont nécessaires de toute urgence.

En s'appuyant sur les évaluations actuelles de la production meher et sur les prévisions de la récolte belg pour 2001, établies à 170 000 tonnes de céréales et de légumineuses, la mission estime que les besoins d'importations céréalières se chiffreront, au total, à 970 000 tonnes en 2001, dont une grande partie devrait être couverte par l'aide alimentaire. Cette estimation a été calculée sur des besoins de consommations de 160 kg par habitant, soit environ 6 pour cent de plus que l'an dernier, afin d'assurer la récupération nutritionnelle d'un grand nombre de personnes touchées par la sécheresse. Par ailleurs, compte tenu de l'augmentation des disponibilités céréalières et de la baisse des prix, la consommation devrait progresser. La faiblesse des cours stimulera la consommation sur le marché alimentaire tandis que les ménages d'agriculteurs de subsistance, disposant d'une plus grande disponibilité de céréales, en consommeront davantage. En outre, les pasteurs ayant perdu une grande partie de leur cheptel seront fortement tributaires de céréales et de produits à base de céréales.

Si l'on se base sur le scénario du cas médian (le plus probable) de 6,5 millions de personnes victimes de la sécheresse et de 350 000 personnes touchées par la guerre frontalière contre l'Erythrée, les besoins d'aide alimentaire d'urgence pour 2001 sont estimés à environ 870 000 tonnes de céréales et 70 000 tonnes d'autres produits. Ces chiffrent incluent également un mois supplémentaire de secours alimentaires au titre des prévisions 2001 relatives aux opérations d'urgence en cas de catastrophes naturelles afin de disposer d'un stock de fonctionnement pour éviter qu'une rupture des approvisionnements, comme aujourd'hui, ne se produise à nouveau.

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2. CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE

2.1 Situation macro-économique1

L'Éthiopie se caractérise par divers terrains agro-écologiques et des climats variés (tempéré sur les hautes terres et tropical dans les basses terres), permettant ainsi de faire croître plusieurs cultures. La majeure partie des terres, cependant, sont montagneuses. Une chaîne de montagnes et la vallée du Rift traversent le centre du pays, du nord au sud. L'Éthiopie, avec 65 millions d'habitants et un revenu moyen de 100 dollars E.-U. par habitant, est l'un des pays les plus pauvres de l'Afrique subsaharienne. Compte tenu de la répartition inégale des revenus, environ 60 pour cent de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. Selon l'Indice de développement humain du PNUD, l'Éthiopie, classée 171ème sur 174 pays, juste avant la Burkina Faso, le Niger et la Sierra Leone, se place donc dans les tous derniers rangs. Selon une estimation de la FAO, près de 51 pour cent de la population souffre de malnutrition et plus de deux millions de personnes sont considérées comme étant en situation d'insécurité alimentaire chronique.

Sous le régime militaire et au cours de la guerre civile, l'Éthiopie a subi un déclin important et prolongé. Dans les années 70 et 80, la croissance économique annuelle a été nettement inférieure à 2 pour cent tandis que l'accroissement démographique était de 3 pour cent. Depuis l'adoption du programme d'ajustement structurel en 1992, la croissance économique a atteint le niveau impressionnant de 6,5 pour cent et l'inflation a été contenue à moins de 4 pour cent entre 1993 et 1998. Cette reprise est due essentiellement à une meilleure gestion économique, à la libéralisation de la monnaie et des échanges ainsi qu'à celle de la commercialisation des céréales et des intrants agricoles, conformément au programme de réformes. Toutefois, les progrès économiques ont ralenti ces dernières années (avec un taux de croissance de -0,5 pour cent en 1998 et de 0 pour cent en 1999), du fait de la sécheresse pluriannuelle, de la guerre contre l'Érythrée et de l'augmentation du nombre de personnes victimes du SIDA dans le pays.

Comme dans de nombreux pays en développement, l'agriculture constitue encore le principal secteur d'activité économique puisqu'il assure de 45 à 50 pour cent du PIB et emploie près de 80 pour cent de la population. La croissance du secteur agricole est donc vitale pour le développement économique du pays et le bien-être des habitants.

Les exportations agricoles jouent un rôle prépondérant dans l'économie nationale car elles sont une source importante de devises étrangères. En 1999, elles ont représenté environ 89 pour cent du total des recettes d'exportation (447 millions de dollars E.-U.), le café (60 pour cent), le khat (14 pour cent) et les graines oléagineuses (7 pour cent) étant les principaux produits exportés. Les importations commerciales agricoles, hormis l'aide alimentaire, ne constituent qu'une infime partie du total, substantiel, des importations (1 394 millions de dollars E.-U. en 1999). Le commerce des produits agricoles est donc essentiel pour le pays dans la mesure où il existe pratiquement toujours un excédent commercial de produits agricoles (environ 270 millions de dollars E.-U. en 1999) alors que le déficit commercial global est assez élevé (quelque 947 millions de dollars E.-U. en 1999).

Selon les dernières révisions, la croissance économique serait de 4,5 pour cent en 1999-2000 et devrait atteindre 6,5 pour cent en 2000-01. Ces chiffres sont sans doute réalistes car les dépenses militaires ont diminué par rapport aux deux dernières années et les résultats du secteur agricole devraient être nettement meilleurs que l'an dernier.

2.2 Population

D'après l'Office central de statistiques, l'Éthiopie comptait 63 495 millions d'habitants au 1er juillet 2000 et le taux d'accroissement annuel a été, en moyenne, de 2,97 pour cent pour les deux dernières années. La population rurale représente environ 85 pour cent des habitants. On peut donc assumer par extrapolation que la population s'élèvera à 65 382 millions à la mi 2001, chiffre sur lequel s'est basée la mission pour quantifier les besoins alimentaires.

2.3 Résultats du secteur agricole

Système de culture. Les principales cultures dans les zones à climat semi tempéré des terres d'altitude moyenne en Éthiopie sont le teff, le blé, l'orge, le maïs, le sorgho, la banane Ensete, des racines et des tubercules, le noug (graine oléagineuse) et diverses légumineuses. L'orge et la banane Ensete sont également cultivés dans les zones à haute altitude, et le sorgho, le maïs et le sésame, dans les basses terres. Le café, qui est la principale culture de rente et d'exportation, est produit plus particulièrement dans les régions méridionale, occidentale et orientale du centre du pays. D'autres cultures commerciales (le khat, par exemple) sont cultivées dans l'est et dans le sud tandis que l'eucalyptus pousse dans les zones à moyenne et haute altitude. Les terres basses se consacrent en général à l'élevage, pratiqué dans le cadre d'une économie pastorale ou agro-pastorale à des fins commerciales et de subsistance. L'élevage est intégré à l'agriculture dans les zones à moyenne et haute altitude.

Résultats à long terme. La production agricole par habitant (index) en Éthiopie, comme l'indique le Graphique 1, a régulièrement fléchi au cours des trois dernières décades. Entre 1971 et 2000, la croissance moyenne mesurée d'une année sur l'autre a été de -1,15 pour cent. Le taux de croissance moyen a été estimé à -0,84 pour cent pour les années 70, à -1,98 pour cent pour les années 80 et à -0,64 pour cent pour les années 90. En revanche, dans d'autres pays en développement de l'Afrique, pris en groupe, le secteur agricole a enregistré un taux de croissance annuelle moyen légèrement supérieur par habitant dans les années 90. Néanmoins, la production céréalière totale (céréales et légumineuses) a nettement augmenté en 1996, puis en 1997, atteignant un niveau record de 11,8 millions de tonnes. Depuis lors cependant, la production n'a pas suivi l'accroissement démographique.

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Principales contraintes à la production. La fluctuation de production d`année en année par rapport à la courbe de tendance indiquée au Graphique 1 est liée à la pluviométrie, mais d'autres facteurs expliquent également le recul des résultats. La taille des exploitations est l'un des obstacles majeurs à une hausse de production. En effet, les superficies sont souvent inférieures à un hectare, ce qui limite la mécanisation, même à petite échelle. Lorsque les fermes d'État ont été transformées en exploitations commerciales privées, les rendements ont doublé, voire triplé, par rapport aux exploitations paysannes. La mise au point et l'adoption d'une technologie appropriée et peu onéreuse sont essentielles pour améliorer la productivité à long terme. Une grande partie des hautes terres du centre de l'Éthiopie sont relativement plates et sont déjà mécanisées grâce aux interventions d'entreprises du secteur privé, permettant ainsi d'améliorer le potentiel et la qualité de la plupart des méthodes culturales.

L'irrigation est également primordiale pour améliorer la productivité. La construction de structures d'irrigation à petite échelle (barrages de conservation ou de percolation, zones de captage) témoignent clairement de la modernisation de l'agriculture. Ces types de projets de gestion de bassins hydrographiques sont d'une grande efficacité car ils contribuent à restaurer des zones montagneuses en amont, à réduire l'érosion des sols et à fournir de l'eau pour le bétail et les cultures.

L'augmentation de la production, par le biais de l'irrigation ou d'autres méthodes modernes, est également limitée par le transport. Les cultivateurs qui ne peuvent avoir accès à des moyens de transport appropriés et peu onéreux préfèrent produire de petites quantités qu'ils vendent le long des routes plutôt que de grandes quantités qu'ils ne pourraient acheminer pour les écouler sur les marchés centraux. De grands efforts sont actuellement entrepris pour améliorer les routes et autres infrastructures matérielles, ce qui se répercutera sur la productivité agricole à long terme.

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3. LA PRODUCTION VIVRIÈRE EN 2000

3.1 Superficies ensemencées

A l'échelle nationale, les superficies sous céréales et légumineuses, égales à 11,3 millions d'hectares, ont augmenté de 3,8 pour cent, soit 417 000 hectares de plus que l'évaluation faite par la mission de 1999. Ce résultat est imputable à une expansion des emblavures dans les régions d'Amhara, d'Oromiya, de Tigré et de SEPAR. L'augmentation des superficies cultivées résulte de divers facteurs selon les régions: pluies meher bénéfiques et précoces dans l'Amhara; progression de semis meher dans les zones ayant enregistré des pertes de récoltes belg et semis opportunistes pour tirer profit des pluies tombées de fin septembre à décembre dans le SEPAR; cessation des hostilités dans les territoires frontaliers de l'Éthiopie et de l'Érythrée permettant de rouvrir certaines zones aux investisseurs et aux rapatriés dans le Tigré; enfin, semis de blé sur des terres laissées en jachère l'an dernier dans l'Oromiya.

Dans ce contexte, pour ce qui est des cultures à cycle court, la superficie sous teff a diminué de 5 pour cent tandis que les emblavures d'orge et de blé ont été maintenues au même niveau. Ces trois cultures couvrent actuellement 10 pour cent de plus que les superficies ensemencées en céréales à cycle court en 1996, laissant supposer que l'agriculture s'est étendue aux zones de moyenne et haute altitude au détriment des pâturages, des forêts et des parcs afin de suivre la croissance démographique.

En 1999, les semis de maïs ont augmenté de 6 pour cent et ceux de sorgho de 20 pour cent, contrebalançant effectivement la régression des superficies consacrées aux cultures à cycle long constatée l'an dernier.

Ces augmentations générales occultent le recul de certains worredas qui n'ont pu pleinement exploiter le potentiel agricole en raison de la diminution du nombre de b_ufs de trait et de leur état de faiblesse ainsi que de pluies tardives et irrégulières à l'époque des semis.

3.2 Précipitations

Le manque généralisé de pluies belg a été bien documenté, ce qui a incité le gouvernement et les donateurs à mettre en place une intervention d'urgence plus tôt dans l'année. Dans la plupart des régions, le retard du démarrage des pluies meher suivantes a aggravé les inquiétudes. La région d'Amhara a fait exception, du fait de la précocité des pluies meher dans la majeure partie des zones, ce dont ont profité les communautés agricoles pour effectuer des semis opportunistes. Heureusement, dans les principales zones agricoles de l'Oromiya, les précipitations meher, qui ont commencé avec retard, ont été suivies de pluies bien réparties, ce qui a contribué à une augmentation des semis et favorisé le démarrage et le développement des cultures.

Ailleurs, le tableau est plus contrasté. Bien que les hautes terres aient en général bénéficié de pluies satisfaisantes, il a été signalé qu'un manque de précipitations, pendant parfois trois mois, en juin, juillet et août a touché de nombreuses zones de basse et moyenne altitude dans le SEPAR ainsi que les zones orientales de l'Oromiya. Dans un grand nombre de régions touchées par la sécheresse, les dernières pluies se sont prolongées jusqu'à début décembre, ce qui a été propice aux conditions de végétation des cultures semées au moment de l'arrivée des pluies, fin septembre.

Si l'on sait que ces pluies tardives et généralisées ont pu provoquer certains dégâts aux cultures (verse et chute de graines), elles semblent avoir été plus bénéfiques que nuisibles. En effet, elles sont en général tombées sous forme d'averses et non de déluge continu, permettant aux cultures de sécher et d'être récoltées.

La sécheresse, dont on connaît les conséquences négatives sur le secteur du pastoralisme et de l'agro-pastoralisme, a eu un effet particulièrement désastreux sur la production de café. L'absence de précipitations en février et mars, puis les fortes pluies d'avril, ont nui à la formation et au développement de l'inflorescence, réduisant le volume des baies. Ce phénomène, associé à l'anthracnose du caféier, aurait réduit la production de café d'environ 50 pour cent.

3.3 Rendements

Cette année, les rendements du secteur agricole se situent, en moyenne, entre 200 kg/hectare et 1 800 kg/hectare2, en fonction des régions et des cultures. Afin de les estimer, la mission a tenu compte de tous les types de pertes par zone et par culture, conformément aux résultats des visites de terrain de la mission. Les rendements ont été calculés sur la base des estimations fournies à la mission par les experts des bureaux de zone, puis rapprochés de données historiques, d'éléments communiqués par des informateurs-clés et d'observations sur le terrain, en tenant compte de facteurs tels que le type de semences le plus courant, l'étendue et le calendrier d'utilisation des engrais, les méthodes d'élevage, les plantes adventices, les ravageurs et les maladies.

Cette année, comme les autres, environ 90 pour cent des semences utilisées proviennent de graines que les cultivateurs ont mises de côté après les récoltes de l'an dernier. Elles incluent des espèces naturelles locales et des produits stabilisés de récoltes des années 70-80, selon les cultures. Ce type de semences ne semble pas avoir manqué et leur prix d'achat local a été stable dans chaque zone. Le problème d'un réensemencement généralisé ne semble pas s'être posé cette année et toutes les régions ont donc disposé d'une quantité suffisante de semences de céréales et de légumineuses.

Les cultivateurs considèrent en général qu'ils ne peuvent se permettre d'acheter des semences hybrides, pourtant disponibles; ainsi, lorsqu'ils recherchent des semences améliorées, ils préfèrent obtenir des variétés multipliées par des agriculteurs, à pollinisation libre, et à moindre coût. Toutefois, il faut noter que l'un des inconvénients majeurs des semences produites artisanalement à la ferme est le manque de traitement, ce qui les laisse à la merci de nombreux ravageurs vivant dans le sol et de maladies transmises par les semences, comme la nielle du sorgho.

L'utilisation d'engrais a augmenté de 7 000 tonnes seulement au niveau national, avec une consommation totale réelle d'environ 60 pour cent alors qu'il était prévu d'appliquer 290 000 tonnes. L'usage des deux engrais utilisés (le phosphate diammonique ou DAP, et l'urée) varie considérablement d'une région à l'autre. Dans les régions d'Amhara et d'Oromiya, les quantités appliquées ont augmenté de 12 pour cent et de 6 pour cent pour atteindre 82 000 tonnes et 139 000 tonnes respectivement, tandis que dans le Tigré et le SEPAR, elles ont diminué de 6 pour cent et de 33 pour cent, s'établissant à 12 000 tonnes et 32 000 tonnes respectivement.

La baisse d'utilisation a été attribuée à un prix élevé, à un accès limité, aux retards de livraison, aux dettes impayées excluant toute possibilité d'obtenir des crédits et à la recommandation des bureaux de zone de ne pas utiliser d'engrais dans les régions à pluviométrie faible/minime dans lesquelles les pluies ont été irrégulières. Compte tenu de la redistribution de facto aux zones les plus productives, l'efficacité des engrais sera sans doute plus importante cette année, en particulier dans les régions de forte production de l'Oromiya et de l'Amhara où le DAP, disponible à l'époque des semis, a pu être appliqué en temps voulu.

En ce qui concerne les ravageurs et les maladies, le seul oiseau migrateur nuisible aux cultures a été le quéléa dont les sites de nidification ont été traités par pulvérisation dans quelques zones au sud et à l'est, où il posait problème. Les traitements ont réussi et les pertes de récoltes n'ont pas été jugées importantes.

Parmi les ravageurs non migrateurs ayant sévi cette année, des hannetons du sorgho ont été signalés dans les zones orientales de l'Amhara et de l'Oromiya, en bordure de la région d'Afar. Les infestations ont été importantes et les méthodes locales (trappes appâtées et résidus de brassage) ont été efficaces pour les enrayer. D'autres ravageurs non migrateurs, bien que présents, ont été considérés comme restant dans les limites de tolérance acceptables compte tenu des conditions économiques prédominantes. Il s'agit de foreurs de tiges, de termites, de vers de maïs, de charançons (dans les entrepôts et les champs) ainsi que de vertébrés nuisibles tels les oiseaux, les phacochères, les babouins et les singes.

La lutte contre les plantes adventices a été difficile, étant donné que la longue campagne meher, dans la plupart des zones de production, a permis à la fois aux cultures et aux mauvaises herbes de se développer. Sur les terres moins cultivées que d'habitude, il a fallu désherber plus souvent, ce dont s'est en général chargé le groupe familial. Dans le SEPAR, l'Oromiya, l'Amhara et le Tigré, l'utilisation de l'herbicide 2-4D a été noté; toutefois l'usage de désherbant est peu répandu à l'échelle nationale et il est plus courant d'éliminer les plantes adventices à la main. La prolifération des mauvaises herbes a été plus particulièrement problématique dans de nombreuses zones de l'Amhara, de l'Oromiya et du SEPAR. La Striga a également été une source de préoccupation dans les zones de production de sorgho peu fertiles de la région du Tigré. On a également constaté la présence de chiendent et d'avoine sauvage dans l'ensemble du pays. Les cultivateurs ne considèrent pas l'élimination à la main de l'avoine sauvage comme une priorité.

Dans ce contexte, le rendement moyen des céréales principales devrait augmenter cette année par rapport à 1999, pour s'établir à 1,7 tonne/hectare pour le maïs, 1,07 tonne/hectare pour le sorgho, 1,47 tonne/hectare pour le blé et 1,1 tonne/hectare pour l'orge. Les rendements de teff devraient également être en hausse (0,78 tonne/hectare). Ces chiffres rendent compte d'une production céréalière moyenne de 1,18 tonne/hectare, soit légèrement plus que le volume enregistré en 1996 (1,14 tonne/hectare), conformément aux estimations après-récolte de la campagne meher faites par les bureaux de zone.

3.4 Prévisions de production de céréales et de légumineuses

Selon les estimations de la mission présentées au Tableau 1, la production de la campagne meher s'établit à 11,61 millions de tonnes de céréales et à 0,99 million de tonnes de légumineuses alors que les chiffres de production après récolte avancés en 1999 par les bureaux de zone étaient de 10,71 millions de tonnes et 1,04 million de tonnes respectivement. Une comparaison avec les trois dernières campagnes, par région, figure au Tableau 2.

Les deux principales régions de production de céréales et de légumineuses, Amhara et Oromiya, ont assuré 80 pour cent de la production céréalière totale cette année, contre 82 pour l'an dernier. Huit zones, à l'intérieur de ces deux régions - Gondar Nord, Gojam Ouest, Gojam Est, Shoa Nord (Amhara) et Shoa Est, Arsi, Shoa Ouest et Wollega Ouest (Oromiya) - auraient participé à hauteur de 63 pour cent de ce résultat cette année. Dans ces deux régions, la production agricole est assurée par 62 pour cent de la population rurale totale et par des exploitations commerciales qui fournissent environ 1,5 pour cent de la production céréalière. Les excédents de production de ces deux régions constituent l'essentiel des échanges commerciaux céréaliers de l'Éthiopie. Ces échanges devraient augmenter cette année, en raison des excédents dont disposeront de nombreuses autres zones.

En ce qui concerne les contributions par culture, la production de teff est identique à celle de l'an dernier. La production de blé et d'orge a augmenté de 11 pour cent tandis que celle de maïs et de sorgho a enregistré une hausse de 25 pour cent et de 50 pour cent respectivement par rapport au mauvais résultat de l'an dernier, suite à la plus forte réduction des emblavures enregistrée en quatre ans et à l'insuffisance des pluies.

Tableau 1 : Éthiopie - Superficie (milliers d'ha), production (milliers de tonnes) et rendement (tonnes/ha) des céréales et des légumineuses pour la campagne meher 2000/01

Région/Culture
 
Teff
Blé
Orge
Maïs
Sorgho
 Mil 
Avoine
 Riz 
Total des céréales
Total des légumineuses
Céréales et légumineuses
TIGRÉ
Superficie
201,9
81,4
165,5
68,9
279,3
107,0
0,1
 
904,0
49,8
953,8
 
Rendement
4,74
0,79
0,62
1,10
1,11
0,62
0,32
 
7,90
0,47
0,77
 
Production
95,6
64,6
102,3
75,8
309,1
66,7
0,0
 
714,1
23,3
737,5
AFAR
Superficie
2,1
0,1
 
6,9
1,9
     
11,1
1,3
12,3
 
Rendement
0,30
0,40
 
1,00
0,59
     
0,79
0,49
0,76
 
Production
0,6
0,0
 
6,9
1,1
     
8,7
0,6
9,4
AMHARA
Superficie
1 053,9
496,3
530,4
403,4
560,0
243,2
21,8
4,6
3313,7
654,4
3 968,1
 
Rendement
0,83
1,20
1,01
1,82
1,12
1,19
0,95
2,98
1,11
0,66
1,04
 
Production
875,8
596,0
537,6
732,4
628,8
288,3
20,9
13,7
3693,5
431,6
4 125,1
OROMIA
Superficie
1 102,5
885,5
584,6
908,6
631,0
81,7
21,4
0,0
4259,8
586,3
4 846,1
 
Rendement
0,82
1,70
1,34
1,76
1,06
0,87
0,00
1,00
1,32
0,69
1,24
 
Production
904,3
1501,3
786,0
1598,5
669,8
71,2
0,0
0,0
5621,6
407,3
6 028,9
SOMALI
Superficie
 
9,1
16,2
37,1
44,0
     
106,3
3,1
109,4
 
Rendement
 
0,59
0,77
0,51
0,73
     
0,65
0,41
0,64
 
Production
 
5,4
12,4
19,0
32,2
     
69,0
1,3
70,2
BENSHANGUL
Superficie
20,5
3,1
2,0
36,2
52,0
24,7
   
138,5
12,0
150,5
 
Rendement
0,55
0,95
0,90
1,90
1,02
0,30
   
1,05
0,51
1,01
 
Production
11,3
2,9
1,8
68,8
53,0
7,4
   
145,3
6,2
151,4
SEPAR
Superficie
215,0
195,8
152,8
355,8
103,8
7,8
0,4
 
1031,3
185,8
1 217,2
 
Rendement
0,64
1,44
1,13
1,73
1,04
1,03
0,79
 
1,28
0,68
1,19
 
Production
136,9
282,6
173,3
615,3
108,2
8,0
0,3
 
1324,7
127,1
1 451,8
GAMBELLA
Superficie
     
10,5
4,7
0,2
 
0,0
15,4
1,0
16,4
 
Rendement
     
1,12
1,07
1,35
 
1,00
1,11
0,90
1,09
 
Production
     
11,8
5,0
0,3
 
0,0
17,1
0,9
18,0
HARARI
Superficie
 
0,6
 
2,1
6,4
     
9,2
 
9,2
 
Rendement
 
0,80
 
0,23
0,63
     
0,55
 
0,55
 
Production
 
0,5
 
0,5
4,0
     
5,0
 
5,0
ADDIS-ABEBA
Superficie
4,6
3,1
0,3
0,0
0,0
     
8,0
2,0
10,1
 
Rendement
0,85
1,50
0,85
2,00
1,20
     
1,11
0,77
1,04
 
Production
3,9
4,7
0,2
0,0
0,1
     
8,9
1,6
10,4
DIRE DAWA
Superficie
     
0,5
9,2
     
9,7
 
9,7
 
Rendement
     
0,65
0,60
     
0,60
 
0,60
 
Production
     
0,3
5,5
     
5,8
 
5,8
TOTAL
Superficie
2 600
1 675
1 452
1 830
1 692
465
43,7
4,6
9 807,0
1 495,8
11 302,8
 
Rendement
0,78
1,47
1,11
1,71
1,07
0,95
0,5
3,0
1,18
7,1
11,22
 
Production
2 028
2 458
1 614
3 129
1 817
442
21,2
13,7
11 613,7
999,9
12 613,6


Tableau 2 : Éthiopie - Production de céréales et de légumineuses: Comparaison de la campagne meher 1996/97-2000/01

REGION 
Année 
Céréales
Légumineuses
Céréales et légumineuses
Superficie
(milliers d'ha)
Production
(milliers de tonnes)
Superficie
(milliers d'ha)
Production
(milliers de tonnes)
Superficie
(milliers d'ha)
Production
(milliers de tonnes)
Tigré
1996/97
840,0
638,1
70,2
36,3
910,2
674,4
 
1997/98
889,1
505,2
56,5
17,7
945,6
522,9
 
1998/99
907,1
774,5
53,8
26,9
960,9
801,4
 
1999/00
830,0
606,8
49,1
25,6
879,1
632,4
 
2000/01
904,0
714,1
49,8
23,3
953,8
737,5
Afar
1996/97
n.p.
n.p.
n.p.
n.p.
n.p.
n.p.
 
1997/98
n.p.
n.p.
n.p.
n.p.
n.p.
n.p.
 
1998/99
19,3
7,7
 0,9
 0,1
20,1
7,8
 
1999/00
10,6
8,4
1,3
0,6
11,9
9,0
 
2000/01
11,1
8,7
1,3
0,6
12,3
9,4
Amhara
1996/97
3 192,2
3 412,8
645,2
430,6
3 837,3
3 843,3
 
1997/98
3 216,5
2 503,1
692,4
325,7
3 908,9
2 828,8
 
1998/99
3 354,3
3 567,9
692,0
464,2
4 046,3
4 032,1
 
1999/00
3 247,8
3 603,7
668,9
476,2
3 916,7
4 079,9
 
2000/01
3 313,7
3 693,5
654,4
586,3
3 968,1
4 846,1
Oromia
1996/97
4 034,1
5 354,7
552,7
386,9
4 586,8
5 741,6
 
1997/98
4 001,0
3 846,9
582,6
266,8
4 583,6
4 113,6
 
1998/99
4 181,2
4 664,5
545,1
374,0
4 726,2
5 038,5
 
1999/00
3 931,8
4990,3
655,5
401,0
4 587,2
5 391,4
 
2000/01
4 259,8
5 621,6
586,3
407,3
4 846,1
6 028,9
Somali
1996/97
85,3
27,3
0,0
0,0
85,3
27,3
 
1997/98
82,4
17,8
0,0
0,0
82,4
17,8
 
1998/99
172,1
19,2
5,5
 0,4
177,5
19,6
 
1999/00
75,7
45,1
1,2
0,6
76,9
45,6
 
2000/01
106,3
69,0
3,1
1,3
109,4
70,2
Benshangul Gumuz
1996/97
97,0
87,6
7,9
4,1
104,8
91,7
 
1997/98
124,5
110,2
6,8
3,6
131,3
113,8
 
1998/99
109,4
100,2
7,6
5,8
117,0
106,0
 
1999/00
104,2
131,0
9,9
6,8
151,1
137,8
 
2000/01
138,5
145,3
12,0
6,2
150,5
151,4
SEPAR
1996/97
1 154,0
1 277,4
198,6
137,3
1 352,6
1 414,6
 
1997/98
1 136,5
1 092,4
185,1
87,5
1 321,6
1 179,9
 
1998/99
1 026,1
1 231,1
181,8
123,0
1 207,9
1 354,1
 
1999/00
934,5
1 082,2
171,4
116,0
1 105,9
1 198,2
 
2000/01
1 031,3
1 324,7
185,8
127,1
1 217,2
1 451,8
Gambella
1996/97
8,7
10,9
0,0
0,0
8,7
10,9
 
1997/98
13,3
10,0
0,0
0,0
13,3
10,0
 
1998/99
11,8
9,2
0,0
0,0
11,8
9,2
 
1999/00
15,9
17,6
0,8
0,7
16,7
18,3
 
2000/01
15,4
17,1
1,0
0,9
16,4
18,0
Harari
1996/97
11,2
11,3
 0,3
 0,2
11,5
11,6
 
1997/98
11,9
12,4
 0,3
 0,2
12,2
12,6
 
1998/99
8,8
8,0
0,0
0,0
8,8
8,0
 
1999/00
10,5
21,9
0,0
0,0
10,5
21,9
 
2000/01
9,2
5,0
0,0
0,0
9,2
5,0
Addis-Abeba
1996/97
8,8
10,9
2,1
1,6
11,0
12,6
 
1997/98
7,3
5,6
2,0
 0,5
9,3
6,1
 
1998/99
7,5
6,7
1,8
1,1
9,3
7,8
 
1999/00
7,4
9,7
1,8
1,7
9,2
11,5
 
2000/01
8,0
8,9
2,0
1,6
10,1
10,4
Dire Dawa
1996/97
11,2
11,1
0,0
0,0
11,2
11,1
 
1997/98
2,0
 0,8
0,0
0,0
2,0
 0,8
 
1998/99
9,5
9,6
0,0
0,0
9,5
9,6
 
1999/00
10,4
6,6
0,0
0,0
10,4
6,6
 
2000/01
9,7
5,8
0,0
0,0
9,7
5,8
Total
1996/97
9 442,5
10 842,2
1 477,0
996,9
10 919,4
11 839,1
 
1997/98
9 484,4
8 104,5
1 525,7
701,8
11 010,1
8 806,3
 
1998/99
9 807,0
10 398,6
1 488,4
995,5
11 295,3
11 394,1
 
1999/00
9 290,0
10 706,1
1 504,9
1 039,0
10 794,9
11 745,1
 
2000/01
9 807,0
11 613,7
1 495,8
999,9
11 302,8
12 613,6


3.5 Autres cultures

Les cultures contribuant aux revenus de l'Etat et des ménages varient du nord au sud, et de l'est à l'ouest. Dans le nord du pays, il s'agit surtout des graines oléagineuses, comme le nouq et le sésame. Il a été signalé que des semis commerciaux de sésame ont été effectués dans le Tigré.

Dans le centre du pays, la culture de la pomme de terre progresse et diverses graines oléagineuses sont également produites. Les cultures les plus variées se situent toutefois dans les régions méridionales, de l'est à l'ouest du pays.

Trois observations s'imposent. Premièrement, à la suite d'une série d'enquêtes réalisées en 1995, il est maintenant reconnu que la banane Ensete est la principale denrée de base d'environ 8 millions de personnes et qu'elle constitue un apport essentiel au régime alimentaire de 3,3 millions de personnes dans les régions de SEPAR et d'Oromiya. Cette année, l'Ensete semble se développer de manière satisfaisante; le flétrissement bactérien semble être moins important que dans les dernières années et ne devrait pas avoir d'incidence sur les habitudes de consommation ou sur les stockages à long terme sur le terrain.

Deuxièmement, des tubercules et des racines variées complètent le régime alimentaire des habitants des régions bénéficiant de pluies belg. Elles incluent la pomme de terre, la patate douce, l'igname et le taro, et sont de plus en plus souvent cultivées au cours de la campagne meher sur les parcelles dont disposent les ménages. Cette année, les plants de patate douce ont manqué du fait de l'absence de pluies, ce qui a perturbé le cycle semis-récolte-semis dans de nombreuses régions. Néanmoins, la préparation des terres et des semis de patate douce se déroulaient au moment de la mission. La pénurie de plantes tubercules et racines à la mi 1999 s'est probablement traduite par une plus grande consommation de céréales dans les zones dont l'économie repose sur diverses denrées de base, ce qui a contribué à une hausse des prix des céréales et réduit le pouvoir d'achat des ménages qu'il faudra rétablir.

Troisièmement, le café et le khat sont les deux principales cultures commerciales des régions considérées. Le khat n'est toujours pas reconnu comme une source de revenus et l'on ne connaît pas le volume de production; en revanche, le café, qui est le premier poste d'exportation du pays, est étroitement suivi par l'Office de commercialisation du café (CMA). Le CMA prévoit une nette diminution de la production, du fait des vagues de sécheresse qui ont sévi dans la plupart des zones caféicoles, de janvier à avril. La sécheresse ayant été préjudiciable à la floraison et aux baies, les pertes seraient de 20 à 60 pour cent selon les zones. Cette situation aura de graves retombées sur la capacité d'importation du pays et sur les revenus des ménages.

Le café a également été touché par l'anthracnose des drupes. Dans le Sidama et le Gurage, les bureaux de zone ont ouvert des pépinières publiques gérées par des cultivateurs pour remplacer les plants d'origine locale par des espèces résistantes à l'anthracnose. Toutefois, les autres régions n'ont pas encore trouvé une solution similaire et les plants sont encore gravement malades.

Il n'existe pas de données sur le coton ou le sucre, dont la culture, irriguée, est assurée par des exploitations agro-industrielles. Le coton, produit dans des conditions d'agriculture paysanne, est utilisé dans les foyers ou par les tisseurs des villages. La canne à sucre, quant à elle, est vendue par des marchands dans la rue pour être consommée sur place ou est utilisée par les ménages qui la cultivent sur de petites parcelles qu'il est possible d'arroser toute l'année.

3.6 Bétail

La sécheresse aiguë résultant de l'absence de pluies belg pendant trois années consécutives et de l'insuffisance des précipitations meher dans les zones de pastoralisme et d'agro-pastoralisme a eu de graves retombées sur l'élevage extensif. Selon les estimations, de fortes pénuries d'eau ont touché 3,4 millions d'éleveurs pratiquant le pastoralisme en Éthiopie; les troupeaux ont aussi cruellement manqué de fourrage et d'eau, et le taux de mortalité du bétail réservé pour la reproduction ainsi que celui préparé pour la vente est élevé.

Dans les régions d'Afar, Oromiya, Somali, SEPAR, Benshagul et Gambella, plusieurs enquêtes ont tenté de déterminer l'étendue des pertes et des investigations complémentaires, y compris un relevé aérien des zones de pâturages et de brous, devraient être réalisées dans le sud où vivent la majorité des pasteurs (Somali Sud: 53 pour cent; zones de Borena et Bale dans la région d'Oromiya: 10 pour cent SEPAR: 7 pour cent; Afar Nord: 29 pour cent; Benshangul et Gambella: 1 pour cent).

Selon les estimations, environ 50 pour cent de bovins, de 20 à 30 pour cent d'ovins et de caprins, et de 10 à 15 pour cent du cheptel chamelier ont péri, ont été abattus ou vendus à des prix très bas pour acheter des céréales dans des termes d'échange défavorables. Les régions de Somale, la zone Borena (Oromiya) et la zone de Omo Sud (SEPAR) auraient été les plus affectées. Des programmes de secours alimentaires d'urgence, des projets d'approvisionnement en eau et des soins vétérinaires (vaccinations et traitement) ont été mis en place par plusieurs organismes dont le DPPC, le PAM, SOS Sahel, GTZ, Coop I, SCF US/UK, CCM et d'autres. Au cours de la mission, deux spécialistes de l'élevage se sont entretenus avec des informateurs-clés membres de ces organismes afin d'obtenir les données les plus récentes. Compte tenu de la difficulté d'entrer en contact avec les pasteurs dont le style de vie exclut toute évaluation rapide lors de missions telle que celle-ci, seules des données secondaires ont pu être recueillies; la mission a toutefois tenté de compter les têtes de bétail, d'hélicoptère, au cours de visites sur le terrain effectuées dans la région de Somali, comme noté à la Section 4 du présent rapport.

Des entretiens ont également été réalisés auprès d'agropasteurs, sur les sites d'exploitation meher à Gode, El Kere, Kelafo et Borena. La mission, s'appuyant sur les données fournies par les deux catégories d'informateurs, n'a pu douter des pertes avancées par les enquêtes précédentes. De toute évidence, les pertes résultant de la sécheresse et de maladies infectieuses suite aux fortes pluies d'avril/mai sont élevées et si aucune aide ne leur est apportée, il faudra plusieurs années aux pasteurs et agropasteurs pour se remettre d'une telle crise, comme le montrent les exemples donnés à la Section 4. Des pertes aussi élevées dans le secteur de l'élevage extensif en Grande-Bretagne en 1947 ont été à l'origine des subventions accordées aux exploitants des terres de moyenne altitude qui sont toujours en vigueur aujourd'hui.

Une reprise superficielle est apparente aujourd'hui. L'état de santé du bétail qui a survécu, y compris les bovins, semble satisfaisant, et les pâturages et le brous sont abondants partout, sauf dans les zones les plus basses, où les précipitations font encore défaut. Néanmoins, les niveaux de production sont faibles. Le pourcentage de parturition, de 2 à 12 pour cent pour les bovins et de 20 à 40 pour cent pour les ovins et les caprins, est nettement plus bas que d'habitude, ce qui se traduit par un manque quasi total de lait et de jeunes bêtes destinées à la vente ou à la reconstitution des troupeaux.

Dans les zones de colonisation agricole qui pratiquent également l'élevage, les principaux problèmes proviennent de la pénurie saisonnière de fourrage et de maladies endémiques (fièvre aphteuse, fièvre charbonneuse, maladies clostridiales, septicémie hémorragique, dermatose nodulaire, péripneumonie bovine/caprine contagieuse et pasteurellose). La trypanosomose peut être ajoutée à cette liste dans les basses terres.

Le manque de soins vétérinaires préventifs et de traitement des parasites internes et externes est une source de préoccupation, dans la mesure surtout où toute nouvelle orientation de la politique gouvernementale incitera les bureaux de zone à chercher à se faire rembourser des frais de médicaments et de certains vaccins au cours des mois à venir.

Outre la liste ci-dessus et le manque chronique de fourrage dans les hautes terres à forte densité, le bétail semble en bonne santé dans l'ensemble du pays, grâce à la longue campagne meher. Seul le bétail élevé par des exploitations agro-industrielles en zone urbaine, qui utilisent des pâturages collectifs fortement exploités, se porte moins bien que d'habitude à cette époque de l'année. Dans le Wag Hamra, le Wollo Nord, le Wollo Sud, l'Omo Nord et l'Harar Est, la pénurie de b_ufs de trait et leur état de faiblesse à l'époque des semis auraient eu un effet préjudiciable sur les superficies ensemencées et les pratiques culturales; néanmoins une réduction des emblavures n'a été constatée que dans le Omo Nord. La mission n'a pas été chargée d'évaluer le résultat des autres secteurs d'élevage (aviculture et chevaux, par exemple), mais aucun rapport ne fait état d'un problème de productivité en la matière.

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4. PRODUCTION: SITUATION PAR RÉGION

4.1 Tigré

Le Tigré, la région la plus septentrionale de l'Éthiopie, à la frontière du Soudan et de l'Érythrée, est divisé en quatre zones administratives: occidentale, centrale, méridionale et orientale. Il assure en règle générale quelque 5 pour cent de la production céréalière nationale sur une superficie cultivée de 0,9 million d'hectares environ. En raison de sa densité démographique élevée, il est habituellement en déficit vivrier; toutefois, cette généralisation masque le fait que les zones occidentale et méridionale sont excédentaires.

Du fait de l'ouverture des hostilités entre l'Érythrée et l'Éthiopie en 1998, les agriculteurs vivant dans les zones de guerre le long de la frontière entre ces deux pays ont été déplacés et nombre d'entre eux n'ont pas encore repris leurs activités agricoles en raison des mines et des projectiles d'artillerie non explosés. Ceci dit, le cessez-le-feu général du début de l'été a favorisé le retour aux activités agricoles ainsi que l'accroissement du nombre d'entreprises agricoles commerciales dans la zone occidentale. Cependant, la plupart des paysans du territoire contesté sont encore en train de réorganiser leur entreprise et le relèvement est lent et coûteux. Le prix des b_ufs de trait a grimpé en flèche cette année car la demande locale de viande est plus forte que d'habitude en raison de la présence de deux grandes armées de chaque côté de la frontière.

Les précipitations, principal facteur déterminant de la production, ont mal commencé avec l'absence de pluies pendant la campagne belg pour la sixième année consécutive et le démarrage tardif de la campagne meher dans toute la région. Après l'arrivée des pluies fin juin/début juillet, la campagne a été variable selon les zones. Dans la zone orientale, les précipitations ont été inégales et se sont terminées tôt. Cependant, l'arrivée des pluies « azmara » en novembre/décembre a incité à préparer le sol en vue de la production opportuniste d'orge et de pois chiche à maturation précoce, habituelle dans cette zone. Dans la zone orientale, les programmes de développement sont essentiellement axés sur le captage de l'eau et, là où ils ont été menés à terme, ils ont déjà eu une incidence sur la production et sur l'enrayement de la dégradation de l'environnement.

Dans la zone centrale, la campagne meher a également démarré en retard et les pluies ont été réparties de manière inégale, mais les semis des céréales à cycle court de mi-août et septembre ont été facilités par la persistance des pluies qui ont duré jusqu'à l'arrivée de la mission à la mi-novembre, suscitant des inquiétudes pour le teff, prêt à être récolté, dont les rendements ont été dans le même temps réduits.

Dans les zones méridionale et occidentale, les pluies ont été réparties de manière plus uniforme. Les périmètres d'irrigation de crue des basses terres du sud ont été bien alimentés par les eaux de crue venant de l'escarpement oriental et, dans la zone occidentale, une progression des semis commerciaux de sorgho et de sésame a été constatée.

Du fait de ce début peu encourageant, des prix élevés, des créances douteuses et des retards dans les livraisons, l'utilisation des engrais a chuté d'environ 6 pour cent. Par ailleurs, dans les worredas soumis à un stress hydrique, le personnel des bureaux agricoles de zone et de worreda a dissuadé les agriculteurs d'utiliser des engrais afin de ne pas supporter des coûts qu'ils ne recouvreront probablement pas. Heureusement, cette année, la région a été épargnée par les migrateurs nuisibles: les pertes dues aux ravageurs ne devraient donc pas être supérieures aux niveaux habituellement admis bien que la présence d'insectes nuisibles non migrateurs endémiques (foreurs des tiges, sauteriaux et mouches des semis) et de vertébrés nuisibles (rats, oiseaux et babouins) ait été constatée.

Du fait de l'association des facteurs susmentionnés, la récolte régionale (sur 904 000 hectares) s'élève à 714 000 tonnes de céréales, volume qui dépasse de 17,8 pour cent la production de l'an dernier, obtenue sur une superficie supérieure de 8 pour cent, et représente 6 pour cent de la production totale nationale estimative. Ce total comprenant 64 000 tonnes de sorgho provenant des exploitations commerciales de la zone occidentale, la part de l'agriculture paysanne (650 000 tonnes) est proche de la contribution attendue de la région, en raison des augmentations prévues par rapport à 1999: 56 000 tonnes et 54 000 tonnes de céréales dans les zones méridionale et occidentale respectivement. Compte tenu de l'importante récolte d'oléagineux de cette année, notamment 78 000 tonnes de sésame, la production d'oléagineux est maintenant beaucoup plus élevée que la production totale de légumineuses (23 000 tonnes), ce qui rend compte de l'expansion de la culture commerciale de sésame dans la zone occidentale et de l'importance du neuq dans le système agricole paysan.

Dans les zones orientale et centrale et dans certains worredas de la zone méridionale, où les actifs ont été réduits du fait de l'absence de pluies pendant plusieurs campagnes belg consécutives, les besoins d'aide alimentaire devraient rester élevés. En outre, pendant le premier semestre de 2000, moins de la moitié des besoins d'aide alimentaire des bénéficiaires ont été couverts en raison des retards dans l'arrivée des produits, ce qui a aggravé leur dénuement.

4.2 Afar

Au nord-est de l'Éthiopie, la région d'Afar, l'une des zones plus arides du pays, comprend un plateau de faible altitude où des pasteurs pratiquent l'élevage de camélidés, d'ovins/caprins et de bovins. La production agricole de base se limite aux céréales, cultivées dans des périmètres d'irrigation de crue de taille modeste, où l'eau de ruissellement de l'escarpement oriental est canalisée vers des petits sites de production. Des cultures commerciales irriguées sont pratiquées dans les entreprises agro-industrielles de la zone méridionale, grâce à des dispositifs de pompage.

Les rapports de la mission de cette année indiquent que, dans les zones 1, 3 et 5, la superficie cultivée a augmenté d'environ 4 pour cent pour atteindre un total de 9 900 hectares de maïs, de sorgho et de légumineuses, quelque 2 000 hectares étant consacrés au teff dans les zones d'altitude; la production obtenue est de 8 700 tonnes de céréales et de 600 tonnes de légumineuses.

Les systèmes agricoles utilisent des variétés locales sans intrants. Cette année, aucun migrateur nuisible, ni aucune maladie n'ont sévi. On pense cependant que c'est de cette région que proviennent les infestations de hannetons du sorgho observées dans les zones orientales d'Amhara et d'Oromia. L'insuffisance des pluies, qui n'a pas permis à la biomasse de se développer pendant la campagne belg et le début de la meher, a entraîné des pertes estimées entre 5 et 15 pour cent pour les ovins et les caprins et entre 15 et 45 pour cent pour les bovins, et a contraint les agropasteurs à transhumer plus tôt vers les hautes terres, ce qui a accentué la pression exercée sur les réserves de pâturages de la région d'Amhara. Actuellement, les modes de pacage et de broutement sont redevenus normaux et l'état des animaux est meilleur du fait de l'amélioration des pâturages et du brout grâce aux pluies tardives de la campagne meher.

Les espèces indigènes des parcours sont aujourd'hui concurrencées par les espèces de prosopis (mesquite) introduites pendant les campagnes visant à « rendre le désert plus vert ». Cette plante adventice nuisible cause d'importants dégâts aux zones de culture et d'élevage de l'est du Soudan et il est nécessaire d'en venir à bout avant qu'elle n'envahisse d'autres régions, transportée dans le tube digestif du bétail transhumant.

Il est prévu de fournir une aide alimentaire aux populations tributaires de l'élevage, qui ont enregistré de lourdes pertes de bétail, en particulier dans les zones 1 et 2, frappées par une période de sécheresse prolongée. Ce fléchissement du revenu tiré de l'élevage a été aggravé par la profonde désorganisation des échanges avec l'Érythrée. La situation des familles vivant dans les zones 3, 4 et 5 est un peu moins mauvaise car elles ont un meilleur accès aux pâturages et aux marchés d'Amhara.

En 2000, les interventions humanitaires en faveur des populations de l'Afar ont été sérieusement entravées par l'inaccessibilité et par le manque de moyens efficaces de ciblage des secours. Tandis que les besoins d'aide alimentaire pour 2001 seront probablement inférieurs à ceux évalués en 2000, le volume effectivement distribué devrait être supérieur à celui de 2000.

4.3 Amhara

La région d'Amhara, qui comprend dix zones administratives, assure habituellement 32 pour cent de la production céréalière nationale. Les trois zones d'Awi (anciennement Agewawe), de Godjam Ouest et de Godjam Est ont des rendements plus élevés que les sept autres, en raison de conditions agro-écologiques favorables et de pratiques agricoles bien au point, quoique diverses. À titre d'exemple, on peut remarquer que la zone d'Awi est la seule où les chevaux sont utilisés comme principal moyen de traction animale pour le labour.

Deux zones, celles de Wag Hamra et de Wollo Nord, sont moins bien situées et leurs rendements sont habituellement compris entre 25 et 30 pour cent de ceux des trois grandes zones de production, ce qui les place dans la catégorie des régions en déficit céréalier.

Dans les cinq zones restantes, les résultats varient entre les deux extrêmes, le Wollo Sud, le Gondar Sud et l'Oromia étant plus vulnérables que le Gondar Nord et le Shewa Nord.

Cette année, le régime des pluies de la région a été caractérisé par un début précoce suivi d'interruptions plus ou moins brèves. Ces périodes de temps sec ont été particulièrement longues dans le Wag Hamra et le Wollo Nord, retardant les semis des cultures à cycle court et perturbant la croissance des plantes à cycle long semées plus tôt. Heureusement, la quantité et la répartition des précipitations ont été bien meilleures dans les grandes régions productrices et la poursuite des pluies en novembre a permis au sorgho et au maïs semés tardivement de pousser et de se développer pleinement et a facilité la double récolte de l'orge dans le Gondar Nord.

À l'échelle régionale, le début précoce de la campagne a incité à semer davantage de sorgho et de maïs aux dépens du teff, du blé et des légumineuses et, du fait de l'extension des terres cultivées dans les zones d'Awi, Godjam Est et Godjam Ouest et, paradoxalement, dans celles de Wollo Nord et de Wag Hamra, une légère progression des superficies ensemencées en céréales au niveau régional, chiffrée à 2,9 pour cent, est perceptible.

Un autre facteur a contribué à l'amélioration des résultats obtenus dans la région d'Amhara cette année: l'absence relative de ravageurs. La seule attaque de migrateurs nuisibles enregistrée concerne la zone d'Awi, qui a été frappée par une infestation limitée de chenilles processionnaires, efficacement maîtrisée par le bureau agricole de zone. Dans les zones orientales, on a constaté que le hanneton du sorgho et le grillon des broussailles du Wollo créaient des problèmes ayant de graves conséquences au niveau des kebelle. On a relevé la présence de foreurs des tiges, de chenilles rouges du teff et de rongeurs, mais en nombre acceptable compte tenu des pratiques agro-économiques actuelles; on n'aura donc pas recours aux pulvérisations pratiquées sur les cultures céréalières en cas de ravageurs non migrateurs.

Les pluies relativement bonnes tombées dans les principales zones de production céréalière ont entraîné un accroissement de la demande d'engrais, qui a été satisfaite en temps voulu dans le Godjam Est et le Godjam Ouest et dans le Gondar Nord et qui s'est traduite par une augmentation de 12 pour cent de l'application; ce chiffre ne rend cependant pas compte de l'utilisation réduite dans les régions les moins favorisées du fait des prix élevés et des retards dans les livraisons. En conséquence, selon les prévisions de la mission avant récolte, la production dans la région d'Amhara serait de 3,9 millions de tonnes de céréales et de 431 000 tonnes de légumineuses; ce résultat ne dépasse que légèrement (de 2,4 pour cent) les chiffres après récolte de la campagne meher de 1999 regroupés par les bureaux agricoles de zone début 2000 et considérés alors comme finals, mais il est supérieur de 7,3 pour cent aux estimations de la mission de 1999. Sur cette production, quelque 24 000 tonnes de céréales devraient provenir des grandes entreprises commerciales résultant de la privatisation des fermes d'État.

Une aide alimentaire reste indispensable pour plusieurs raisons: le recul de la production dans le Wag Hamra et les mauvais résultats obtenus dans certains worredas des zones d'Oromia, de Wollo Nord et de Wollo Sud, où les mauvaises récoltes successives de la campagne belg ont déjà réduit les actifs, et le manque de moyens pour tirer parti de situations plus favorables lorsqu'elles se présentent.

4.4 Oromia

Oromia, qui compte douze zones administratives, est la plus grande région; elle comprend des hauts plateaux fertiles ainsi que des plaines de basses terres et des fonds de vallée sujets à la sécheresse. Dans quatre zones, on peut facilement mettre en évidence un régime de précipitations bimodal, qui permet éventuellement une période de végétation prolongée et offre une vaste gamme d'options agricoles. Cependant, les petites exploitations doivent donner deux ou trois récoltes par an pour que les besoins soient couverts, ce qui place les agriculteurs dans une situation de grande vulnérabilité. Si les pluies arrivent en retard, une récolte est supprimée, causant des pertes qui ne peuvent pas être rattrapées même dans des conditions favorables. Les zones les plus fertiles de la région sont Arsi, Shoa Ouest et Shoa Est, qui produisent régulièrement environ 50 pour cent de la récolte céréalière régionale et 25 pour cent de la récolte nationale. Les investissements agricoles dans ces zones sont élevés; la mécanisation de la culture et de la récolte est courante et s'étend aux plaines fertiles de Bale, région voisine.

S'agissant de la production céréalière par unité de superficie, les petites zones de Wollega Est, Wollega Ouest, Jimma et Illoubator font également partie des régions productrices de céréales ayant les plus hauts rendements du pays. Les zones situées dans la branche orientale de cette région en forme de « T » sont moins arrosées et donc moins productives et plus vulnérables aux aléas saisonniers. La zone de Borena, qui est située le plus au sud et comprend quelques-unes des principales régions semi-arides de pâturages et de brout, se trouve dans une situation de vulnérabilité analogue à celle des zones orientales.

Il a déjà été établi que les pluies de la campagne belg ont fait défaut pour la troisième année consécutive dans la région d'Oromia, ce qui a entraîné des interventions d'urgence sous forme d'aide alimentaire dans les zones sinistrées de Borena et d'Harar et dans le sud de Bale. Après une campagne belg décevante, les précipitations ont été variables. Dans les zones de production, bien qu'en retard, les pluies de la campagne meher ont été uniformément réparties et suffisantes pour couvrir les besoins des cultures à cycle long comme le maïs et le sorgho ainsi que ceux des cultures à cycle court semées tardivement comme le teff, le blé, l'orge et les légumineuses. Les semis opportunistes de céréales et de légumineuses d'octobre ont également des chances de donner de bons résultats car les précipitations émaillées de périodes de temps sec et ensoleillé se sont prolongées jusqu'en décembre. Ces interruptions ont permis de récolter dans de bonnes conditions les cultures arrivées à maturité, ce qui s'est traduit par une chute des prix du maïs et du blé dans toute la région.

Parallèlement aux bonnes précipitations, l'augmentation de l'utilisation d'engrais et sa mise à disposition en temps voulu ont favorisé cette année l'accroissement des rendements. Dans l'ensemble, l'application d'engrais dans la région a progressé de 6 pour cent, mais elle reste inférieure aux prévisions en raison de problèmes d'accès liés à la disponibilité d'espèces et au crédit ainsi qu'aux liaisons routières avec les régions reculées. Les variations des prix du phosphate diammonique (DAP) relevées entre les diverses zones peuvent atteindre 45 birr pour 100 kg, à cause des frais de transport et des difficultés d'approvisionnement.

Pour ce qui est des ravageurs et des maladies, on a constaté que le hanneton du sorgho commençait à susciter des inquiétudes dans le Shoa Est et l'Arsi. Les autres cultures ont été relativement épargnées par les ravageurs et aucun migrateur nuisible n'a été signalé.

D'après les estimations de production de la mission, les superficies sous blé et sous orge ont augmenté par rapport à l'an dernier étant donné que des terres en jachère en 1999 ont été mises en culture dans les zones de Shoa Ouest, Bale et Arsi. Des rendements de 2 500 kg/hectare ont été considérés comme normaux. Selon les déclarations des chauffeurs de moissonneuses-batteuses travaillant dans la zone, les terres mises en jachère avec des engrais ont produit 4 000 kg/hectare. On a par ailleurs noté dans les zones de Shoa Est et de Wollega Est une progression du maïs aux dépens des légumineuses et du teff.

Dans les zones orientales de la région, différentes tendances se dégagent. Dans le Harar Ouest, la superficie ensemencée en maïs a reculé cette année tandis que celle sous teff a augmenté en raison des pluies insuffisantes du début de la campagne meher. Dans le Harar Est, toutes les emblavures ont diminué. Dans ces deux zones, l'utilisation d'engrais a régressé d'environ 10 pour cent et 60 pour cent respectivement, ce qui a eu des répercussions sur les rendements.

En raison des bons résultats obtenus dans les principales zones productrices de céréales, la situation générale est bien meilleure que l'an dernier. En conséquence, la mission prévoit pour la région d'Oromia une production de 5,62 millions de tonnes de céréales et de 0,41 million de tonnes de légumineuses, soit 20 pour cent de plus que les prévisions avant récolte établies par la mission de l'année dernière, mais seulement 11,8 pour cent de céréales de plus que prévu dans l'évaluation finale après récolte effectuée l'an dernier par le bureau agricole de zone. Sur cette production, 92 000 tonnes de céréales diverses, principalement du blé, devraient provenir des grandes exploitations commerciales, créées en tant qu'entreprises conjointes et entreprises commerciales sur des terres exploitées auparavant par l'État. On a déjà constaté que ce niveau de production avait des répercussions sur les prix, qui sont tombés à 50 birr pour 100 kg de maïs et à 100 birr pour 100 kg de blé à Shashanene et à Cale respectivement.

La sécheresse prolongée qui a sévi dans l'est d'Oromia a accentué la grave insécurité alimentaire chronique des communautés vivant sur des terres marginales. Les populations de pasteurs de Bale et de Borena ont subi des pertes de bétail allant de 25 à 50 pour cent et, bien que la situation s'améliore, le redressement sera progressif et il est nécessaire de poursuivre les distributions d'aide alimentaire aux populations sinistrées.

4.5 SEPAR

Située dans le sud et le sud-ouest du pays et formée de neuf zones administratives et de quatre worredas spéciaux, la région comprend des systèmes agro-écologiques divers, notamment des forêts ombrophiles et des basses terres semi-arides. Le régime de précipitations est habituellement bimodal. Cependant, les quatre dernières années ont été marquées par une dégradation du régime habituel: à l'absence de pluies au début de la campagne belg se sont ajoutées des précipitations intenses en avril-mai, suivies d'une longue interruption jusqu'à l'arrivée des pluies meher. Malgré cela, le niveau annuel des précipitations est élevé dans les zones de production de moyenne altitude et sur les hautes terres. Les cultures vivaces sont aussi importantes que les cultures annuelles pour la formation de revenu (café, chat et eucalyptus) et pour l'apport d'hydrates de carbone (enset).

Ainsi qu'il a été largement exposé ailleurs, les pluies belg qui ont démarré très tard, en avril, et pris fin en mai, ont été insuffisantes. Cette situation a été observée dans toutes les zones à l'exception des hautes terres où les pluies belg se sont unies aux pluies meher et ont duré jusqu'en novembre, créant d'excellentes conditions de végétation et favorisant l'accroissement des semis.

Ailleurs, la répartition a été moins satisfaisante. Les zones basses des terres de moyenne altitude et les zones élevées des basses terres ont été touchées par une période prolongée de temps sec de mai à fin septembre. Seules les bonnes précipitations qui ont duré de la dernière semaine de septembre à décembre ont permis de relancer ce qui aurait pu être une campagne très médiocre. En fait, on prévoit des récoltes assez bonnes pour les cultures de maïs et de sorgho semées tardivement.

Dans la plupart des terres de moyenne altitude, on observe une mosaïque de régimes de précipitations, variant selon le lieu. Dans l'ensemble, les pluies de la campagne meher ont été mieux réparties que ces dernières années et se sont prolongées jusqu'en décembre, facilitant les semis des céréales et des légumineuses à cycle court, ainsi que le recépage des cultures de sorgho, et encourageant les semis tardifs de toute une série de cultures, dont le maïs à cycle court. Cependant, les problèmes liés à la continuité de l'approvisionnement en divers produits agricoles, notamment les racines et tubercules, restent préoccupants, en particulier dans les petites exploitations ayant recours à des cultures successives, sauf là où l'enset (voir plus loin) sert avec efficacité de filet de sécurité.

En conséquence, dans l'ensemble, la superficie ensemencée en teff a reculé de 18 pour cent, tandis que les superficies sous maïs et sous sorgho ont augmenté de 7 pour cent et celles sous blé et sous orge de 10 pour cent, ce qui s'explique principalement par la réorientation des cultures, du teff vers le blé et le maïs dans le Sidama, et du teff vers l'orge dans le Gurage. Ailleurs, en raison de la complexité du régime des pluies, les modifications peuvent prendre de multiples formes. Ce n'est que dans l'Omo Nord que la superficie générale a diminué, ce qui est surprenant car, même dans l'Omo Sud et le Konso, les emblavures de céréales sont nettement plus étendues que pendant la campagne meher de l'an dernier.

Cette année, la région a été relativement épargnée par les ravageurs et les maladies. Les seuls migrateurs nuisibles observés ont été les quéléas dans le Konso. Ils ont été traités efficacement par des pulvérisations au début de la campagne. Certains ravageurs non migrateurs étaient présents, mais ce n'est que dans le Durashe qu'une campagne a été menée pour en venir à bout, des granulés de « cymbush » ayant été utilisés pour lutter contre le foreur des tiges. Ailleurs, on a noté la présence de foreurs des tiges, de termites, de vers de la capsule et de chenilles défoliatrices en quantités restant dans des limites acceptables. La mission a également constaté que, dans le Durashe, le smut du sorgho posait un problème. Dans cette zone, le sorgho occupe une superficie trois fois plus grande que toute autre céréale et, étant donné que la majeure partie du sorgho est cultivé à partir de semences récupérées d'une année sur l'autre par les agriculteurs et qu'il n'existe pas de traitement à l'exploitation avant les semis, le Durashe semble particulièrement vulnérable aux infestations de smut à grande échelle.

Sous l'effet conjugué des prix élevés, des retards dans les livraisons et des créances douteuses, l'utilisation d'engrais a chuté de 33 pour cent dans la région. Il est clair que les agriculteurs n'ont pas été satisfaits du circuit d'approvisionnement actuel, qui fournit du DAP à un prix allant jusqu'à 345 birr pour 100 kg dans certaines régions, sans aucune fiabilité dans les livraisons.

La plupart des communautés consommatrices d'enset du pays vivent dans la région: quelque 8 millions de personnes tirent leur subsistance de l'enset et 3,3 millions sont en partie tributaires de cette culture pour leur ration d'hydrates de carbone. La mission confirme que cette année, l'état de l'enset est satisfaisant et que tout porte à croire que sa consommation sera normale. Bien qu'il ait été signalé, le flétrissement bactérien des solanacées ne pose pas de grave problème cette année. Les pratiques d'assainissement restent cependant la seule parade dont disposent les agriculteurs en cas de poussée de cette maladie. On a remarqué que les araignées rouges étaient associées à la chlorose des feuilles externes et de graves infestations localisées ont été signalées. Aucune procédure de protection n'a été appliquée.

Pour ce qui est des cultures commerciales, le café est important dans la région SEPAR tant pour les paysans que pour l'État. La production risque cette année d'être réduite de 20 à 60 pour cent selon le lieu, ce qui aura de graves répercussions sur les revenus familiaux et régionaux/nationaux. L'insuffisance des pluies au moment de la floraison est à l'origine de ce recul. On a également noté que l'anthracnose des drupes réduit les rendements dans toute la région, même si l'on constate que dans le Gurarge et le Sidama, les manquants sont remplacés sur une grande échelle par des arbres résistants à la maladie.

Selon la mission, la production de céréales et de légumineuses de la région devrait être de 1,325 million de tonnes et de 0,127 million de tonnes respectivement, ce qui dépasse de 20 pour cent l'évaluation après récolte effectuée par le bureau agricole de zone l'an dernier et s'explique par l'augmentation de 10 pour cent de la superficie, conjuguée à l'amélioration des rendements pour toutes les cultures. Cependant, cela ne signifie pas que les bons résultats de la campagne meher compenseront la mauvaise récolte belg au niveau des ménages; il sera donc nécessaire de fournir une aide alimentaire aux communautés se trouvant en difficulté pour une longue période, comme les agriculteurs de subsistance de Wolaitya et les habitants des basses terres densément peuplées de Hadiya, Guraghe et KAT. Les petits producteurs agricoles commerciaux qui ont perdu une part importante de leur revenu habituel auront également besoin d'une assistance. Par ailleurs, des communautés de pasteurs nombreuses, qui sont encore en phase de relèvement après leurs importantes pertes de bétail, vivent dans la région, dans l'Omo Sud.

4.6 Somali

La région Somali est une zone essentiellement pastorale et agro-pastorale, située dans la portion sud-orientale semi-aride de l'Éthiopie.

Les cultures céréalières pluviales sont pratiquées par des agriculteurs installés sur les hautes terres et dans les régions de moyenne altitude des zones de Jig-Jigga et de Shinelle et dans des sites isolés situés à des altitudes comparables, comme El Kere (zone d'Adfer). Ailleurs, dans les villages et les villes le long du bassin hydrographique de Wabi-Shabelle, toute une gamme de cultures annuelles est pratiquée grâce aux eaux de crue canalisées vers les terres arables, et quelques cultures vivaces (bananes, arbres fruitiers et chat) ont été implantées dans des périmètres d'irrigation permanents utilisant des dispositifs de pompage.

Si les pluies de la campagne belg ont fait défaut cette année, les crues de mai ont été plus favorables que d'habitude. À titre d'exemple, on a signalé dix jours d'inondation à Kelajo contre trois jours en 1999. Les bonnes précipitations enregistrées de fin septembre à novembre sur les hautes terres et dans les zones de moyenne altitude ont encouragé et facilité les semis tardifs de sorgho et d'orge à Jig-Jigga.

On estime que, grâce aux pluies plus favorables, les rendements sont plus élevés cette année que l'an dernier. Les seuls migrateurs nuisibles observés sont des quéléas, dont on est venu à bout grâce à des pulvérisations aériennes. Des ravageurs non migrateurs, notamment des foreurs des tiges, des oiseaux et des rongeurs, ont été signalés. On a constaté la présence de smut du sorgho dans la zone de Jig-Jigga, ce qui est préoccupant vu l'importance du sorgho, étant donné qu'aucun enrobage des semences n'est pratiqué. L'utilisation réduite d'engrais est limitée aux parcelles de blé et de sorgho du programme national de vulgarisation, qui couvrent quelques centaines d'hectares.

Cette année, la production des zones de Jig-Jigga, Gode et Liban est estimée à environ 69 000 tonnes de céréales et 12 600 tonnes de légumineuses sur 109 300 hectares, soit un accroissement de la production de 54 pour cent par rapport à 1999 sur une superficie qui a augmenté de 39 pour cent.

Le khat (quat), principale culture commerciale, est cultivé en intercalaire avec du sorgho, en appliquant des techniques perfectionnées de collecte de l'eau sur les terres de moyenne altitude et les hautes terres de Jig-Jigga, ainsi que sur des parcelles irriguées dans quelques villages le long des rivières, en plus petite quantité. L'évaluation de la production ne fait pas partie des attributions de la mission, mais elle devrait avoir augmenté.

L'absence de pluies belg pendant quatre années de suite a eu un effet dévastateur sur le secteur de l'élevage pastoral/agropastoral. Afin de se rendre directement compte de la situation, la mission a volé à 2000 pieds d'altitude, entre Jig-Jigga et Khebre-Dar, Khebre-Dar et Denan, Denan et Gode, Gode et El Kere et vice-versa, et Gode et Kelafo. Le nombre et la taille des troupeaux en marche ont été relevés. Environ 3 200 km2 de brout et de pâturages ont été ainsi surveillés en six vols. Quatre/six observateurs postés de chaque côté de l'avion ont dénombré approximativement 12 500 ovins/caprins, 3 300 bovins et 1 100 camélidés. D'après les estimations du nombre de têtes de bétail dans la région somali effectuées par le bureau régional somali de l'agriculture vers le milieu de 1999, la région compterait 11,97 millions d'ovins et de caprins, 6,3 millions de bovins et 1,14 million de camélidés, ce qui donne un rapport approximatif ovins-caprins/bovins/camélidés de 12/6/1. Les proportions d'animaux relevées pendant les vols de la mission conduisent à un rapport de 12/3/1, ce qui semble indiquer une réduction du cheptel bovin de 50 pour cent. Cette évaluation se rapproche des estimations précédentes faisant état de pertes de bovins s'élevant à 50-60 pour cent et semble indiquer que le nombre de têtes d'ovins/caprins et de camélidés pourrait avoir chuté dans la même proportion, tombant à environ 10 pour cent.

On a constaté que l'état des bovins restants était satisfaisant, ce qui coïncide avec l'état actuel des pâturages et du brout et avec les réserves d'eau reconstituées. Cette année, la production animale est cependant largement inférieure à la normale avec des pourcentages de vêlage de 2 à 12 pour cent et des pourcentages de mises bas pour les brebis et les chèvres de 20 à 40 pour cent, selon des chiffres mis à jour par les principaux informateurs. Le lait est donc rare et le bétail commercialisable (mâles excédentaires) est fortement réduit. Le temps nécessaire au relèvement des unités de reproduction variera d'espèce à espèce et de troupeau à troupeau, selon la taille de l'unité avant la sécheresse. À titre d'exemple, une famille qui possédait un troupeau de 40 brebis produisant auparavant 14 mâles excédentaires commercialisables par an à 70 birr par tête pouvait acheter 8 quintaux de céréales en octobre/novembre 1999 aux termes de l'échange en vigueur. Compte tenu des pertes de bétail atteignant 30 pour cent et du taux d'agnelage limité à 30 pour cent, le même troupeau produirait cette année 4 mâles excédentaires et assurerait 4 remplacements. Étant donné que les animaux remplaçants ne seront probablement pas productifs pendant 12 à 18 mois et compte tenu d'un taux de mortalité annuel des brebis reproductrices de 10 pour cent et de pourcentages d'agnelage de 70 pour cent pendant les années suivantes, il faudra attendre novembre 2004 pour obtenir de l'unité une production comparable, à condition qu'aucune autre tragédie ne se produise.

De même, une famille qui possédait un troupeau de 20 vaches reproductrices donnant habituellement cinq veaux mâles par an vendus 250 birr par tête et dont le cheptel a été réduit de 60 pour cent avec un taux de vêlage de 10 pour cent en 2000 à cause de la sécheresse, devra attendre 2006 pour atteindre le même niveau de production, dans l'hypothèse où le premier vêlage se produit à l'âge de trois ans et où le pourcentage de vêlage est de 50 pour cent par an. Ces chiffres ne prennent pas en considération l'entraide, ni la reconstitution du cheptel par des achats et reposent sur des estimations théoriques des rendements. Il montrent que, même si les pâturages, le brout et les animaux s'avèrent posséder une très bonne capacité de récupération, la production réelle et donc la survie et le bien-être de la famille sont une tout autre affaire et prennent beaucoup plus de temps, ce qui signifie que les familles auront besoin d'une assistance pendant plusieurs années, à des degrés divers selon leur ferme d'élevage initiale.

L'aide alimentaire fournie aux pasteurs de la région somali sert à la fois à couvrir leurs déficits de consommation dus à la perte du bétail et des produits animaux consommés habituellement et à sauvegarder leur cheptel actuel, de manière à ce que sa reconstitution, indispensable, puisse se faire sans qu'il soit nécessaire de vendre des animaux pour dégager des revenus. Le volume d'aide alimentaire prévu devrait un peu diminuer par rapport à celui de juillet 2000 en raison des bonnes pluies de la campagne deyr et de l'état plus satisfaisant du bétail. Les préoccupations concernant l'insécurité alimentaire sont liées non seulement au recul du nombre de têtes de bétail, mais aussi aux conséquences de l'interdiction relative aux importations de bétail imposée en septembre 2000 par l'Arabie saoudite et le Yémen, à la suite d'une poussée de fièvre de la Vallée du Rift. Le fait que l'aide distribuée ait été insuffisante, pour des raisons d'inaccessibilité et d'insécurité, a contribué à l'accroissement des besoins évalués pour 2001 dans les zones de Warder, Afder, Liben, Shinile et Jigjiga; tandis qu'en raison du fort apport d'aide humanitaire dans les zones de Fik, Gode, Degehabour et Korahe, le nombre des bénéficiaires devrait diminuer de 15 à 20 pour cent en 2001 par rapport à juillet 2000. Pour ce qui concerne le relèvement à long terme, on estime que dans les zones pastorales, les bénéficiaires diminueront au rythme de 15 à 20 pour cent tous les six mois, si l'état des pâturages et des réserves d'eau ainsi que la situation du marché sont propices au redressement.

4.7 Harari

L'Harari est une petite région située autour de la ville d'Hara, produisant du sorgho et du maïs. Cette année, les pluies de la campagne belg ont fait défaut et celles de la campagne meher ont accusé un retard d'un mois et demi. Après avoir été marquée par des interruptions, cette dernière campagne s'est terminée tôt. La superficie ensemencée a été réduite de 13 pour cent et on estime que la production s'élève à 74 pour cent du volume médiocre de l'an dernier, soit environ 5 000 tonnes sur 9 200 hectares.

4.8 Dire Dawa

Le sorgho et le maïs sont les principales cultures de la région de Dire Dawa, située autour de la ville du même nom. Les pluies de la campagne belg ont été insuffisantes cette année et celles de la campagne meher ont commencé en retard et ont été légères; elles se sont toutefois prolongées jusqu'en novembre. L'utilisation d'engrais a été réduite de 50 pour cent. Aucun migrateur nuisible n'a été signalé. La production est estimée à 5 800 tonnes, dont 94 pour cent de sorgho cultivé sur 9 700 hectares, ce qui est légèrement inférieur aux estimations de l'an dernier.

4.9 Addis-Abeba

Dans la zone administrative d'Addis-Abeba, la superficie totale ensemencée en céréales et en légumineuses cette année est estimée à 10 060 hectares, principalement du teff, du blé et des pois chiches.

Il n'y a eu pratiquement pas de pluies pendant la campagne belg, ce qui a retardé les travaux de préparation du sol pour la campagne meher et a nui à leur qualité. Les pluies de cette dernière campagne ont commencé en retard mais se sont prolongées pendant une bonne partie de novembre, favorisant la croissance des plantes mais renforçant également la concurrence exercée par les mauvaises herbes. La production, atteignant environ 10 500 tonnes de céréales et de légumineuses sur 10 000 hectares (superficie légèrement supérieure à celle de l'an dernier), devrait à peine dépasser celle de l'année dernière.

4.10 Gambella

La région de Gambella est une zone de basse altitude située dans le sud-ouest de l'Éthiopie et confinant au Soudan. Sa population est un riche mélange d'éleveurs de bovins, de cultivateurs itinérants, de chasseurs-cueilleurs et d'agriculteurs originaires des hauts plateaux, qui se sont réinstallés. Les précipitations sont habituellement fortes et les crues saisonnières permettent deux cycles de production, la campagne principale étant liée aux pluies et la secondaire utilisant l'humidité résiduelle pour cultiver les plaines alluviales des rivières. Les pluies de la campagne principale sont arrivées en retard cette année et des périodes de temps sec ont été observées en avril et en mai. La mission a relevé un important accroissement de la production, qui a atteint 17 000 tonnes, et une nette augmentation des superficies. On estime que cela est probablement dû à une meilleure comptabilisation. Les principales cultures observées sont des variétés locales de sorgho et de maïs. Les prix des céréales sont inférieurs à ceux de l'an dernier à la même époque. L'état du bétail est satisfaisant et les prix se maintiennent.

4.11 Benshangul

La région de Benshangul, qui confine aux plaines d'argile de l'est du Soudan, est une région de basse altitude, faiblement peuplée, ayant un régime de précipitations unimodal sur lequel reposent habituellement les cultures et l'élevage. Cette année, les pluies ont démarré sans retard et se sont prolongées jusqu'à la mi-novembre. Les systèmes agricoles ont recours à la traction animale (b_ufs) et n'utilisent pratiquement aucun intrant extérieur. Cette année, la mission n'a remarqué aucun migrateur nuisible et les ravageurs non migrateurs ainsi que les maladies sont restés dans des limites acceptables. On estime que la production de céréales et de légumineuses sera supérieure de 76 pour cent à l'estimation de la mission de l'an dernier, soit 145 000 tonnes et 61 000 tonnes respectivement, en raison des conditions favorables et de l'augmentation de 31 pour cent de la superficie cultivée. On signale que l'état du bétail est satisfaisant dans la région, mais que les prix sont plus bas que l'an dernier, ce qui s'explique par l'interdiction relative aux importations de bétail imposée par les pays de la péninsule arabique à la suite de poussées de fièvre de la Vallée du Rift.

Compte tenu de la production agricole prometteuse et de la régénération des zones pastorales qui ont été relativement moins touchées par les sécheresses des années précédentes, les régions d'Addis-Abeba, Gambella et Benshangul ne devraient pas avoir besoin de secours.

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5. RÉCOLTE BELG DE 2000

La récolte belg de 2000 a été considérée comme mauvaise dans tout le pays. À l'échelle nationale, la campagne belg est une campagne secondaire, qui n'a pas assuré ces dernières années plus de 5 pour cent de la production nationale. Cependant, dans certaines zones (Tigré Sud, Shoa Nord, Wollo Nord, Wollo Sud, Arsi, Bale, Borena, Omo Nord, Omo Sud, Hadiya, Gedeo Kembala, Konso, Gurarge, Sidama et les worredas spéciaux de la SEPAR), la récolte belg joue un rôle important dans l'économie alimentaire de la famille en apportant des légumineuses, des céréales, des pommes de terre et des patates douces cultivées à partir de février et récoltées avant le 31 août. Une mauvaise récolte belg est donc préoccupante, en particulier pour les agriculteurs possédant de très petites exploitations, qui sont tributaires de deux ou trois récoltes successives pendant l'année pour couvrir leurs besoins, et pour ceux qui vivent dans des zones où les pluies de la campagne meher sont très irrégulières et où habituellement les approvisionnements vivriers de l'année proviennent principalement de la campagne belg. Dans la deuxième catégorie, on a noté qu'aucune récolte n'a été engrangée dans les zones belg orientales et septentrionales. Dans la première catégorie, quelque 100 000 tonnes ont été produites à Arsi et à Bale, et environ 70 000 tonnes ont été récoltées dans la SEPAR, selon les chiffres après récolte des bureaux agricoles de zone recueillis par la mission; ces chiffres sont toutefois largement inférieurs à l'objectif et ne font pas ressortir les mauvais résultats des cultures annuelles de racines et tubercules.

Selon les procédures adoptées pour établir le bilan céréalier national, la récolte belg de la prochaine campagne de commercialisation (2001) doit être évaluée et incluse. Pour cette prochaine campagne, sur la base des résultats obtenus ces dernières années, la mission estime prudemment la récolte de céréales et de légumineuses à 170 000 tonnes, volume comparable à celui de l'an dernier, afin d'éviter les surestimations des années précédentes. Ce faible niveau de production s'explique par la récente série de mauvaises récoltes belg et montre qu'il est nécessaire de constituer une réserve alimentaire d'urgence pour faire éventuellement face à une autre mauvaise récolte. Les chiffres utilisés doivent être revus au début de la campagne belg lorsque l'on peut avoir connaissance des semis et du degré d'implantation des cultures.

Pendant l'année 2000, 2,4 millions de bénéficiaires (chiffre estimatif) tributaires de la récolte belg ont reçu des secours: pour nombre d'entre eux, la récolte a été mauvaise pendant cinq années consécutives. La nette détérioration constatée en matière de capacité de survie, avec notamment la vente des moyens de production et l'excédent de main-d'_uvre salariée, s'est traduite par une aggravation de la malnutrition là où les secours alimentaires n'ont pas été régulièrement distribués.

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6. SITUATION DE L'OFFRE ALIMENTAIRE

6.1 Marché et prix des céréales

L'évolution saisonnière typique des prix des principales céréales en Éthiopie est caractérisée par des creux pendant les mois suivant la récolte, de novembre à mars, et par des pics pendant les mois précédant la récolte, de juillet à septembre. Les prix de gros dans certaines zones de production excédentaires de juillet 1999 à novembre 2000 sont indiqués au Graphique 2. Les précipitations étant plus favorables dans la majeure partie du pays depuis fin juillet 2000, les perspectives de récolte se sont améliorées par rapport à l'an dernier, ce qui a entraîné une baisse des prix de la plupart des produits. À titre d'exemple, alors que d'août à octobre 1999, le maïs était vendu à un prix de gros moyen d'environ 142 birr/quintal sur le marché de Nekepmte, il était vendu 75 birr/quintal d'août à octobre 2000. Les prix du maïs ont encore chuté, tombant à une moyenne de 64 birr/quintal en octobre et novembre. La mission a relevé des prix à l'exploitation encore plus bas dans certains endroits. Des bruits ont circulé concernant des réserves constituées par des négociants en prévision d'achats effectués en grandes quantités par des organismes d'aide alimentaire, de décembre 1999 à février 2000. Cependant, étant donné que cela ne s'est pas produit et que les perspectives de récolte sont bonnes, les prix ont dégringolé.

D'août à octobre, les prix du blé et de l'orge ont chuté d'environ 20 pour cent, c'est-à-dire de 40 et de 30 birr/quintal respectivement, par rapport à la même période de l'an dernier. Les prix du teff et du sorgho sont restés relativement stables pendant la majeure partie de l'année, ce qui est peut-être dû à la récolte médiocre de la campagne meher de 1999 et au retard accusé par la récolte de sorgho de cette année. Dans la plupart des régions, la nouvelle récolte de sorgho n'est pas encore arrivée sur le marché. Cependant, les prix ont baissé progressivement depuis juin 2000 pour le sorgho et depuis septembre 2000 pour le teff, en prévision dans les deux cas de récoltes relativement bonnes dans les principales régions productrices.

Après l'accord de cessez-le feu conclu avec l'Érythrée, les activités agricoles redeviennent normales dans les régions frontalières du Tigré. Nombre des agriculteurs déplacés sont revenus dans leur ferme et achètent des b_ufs et d'autres bovins. En conséquence, on a constaté que, sur de nombreux marchés locaux près de la frontière, les prix des bovins étaient supérieurs aux prix normaux d'environ 50 pour cent. En raison de la présence de soldats dans la région (des Éthiopiens ainsi que des soldats étrangers chargés du maintien de la paix), les prix des légumes et des fruits sont beaucoup plus élevés que la normale. D'autre part, ainsi qu'il a été indiqué dans l'analyse régionale, les prix des bovins dans les régions d'élevage de l'est frappées par la sécheresse n'ont pas retrouvé leur niveau normal en raison de l'interdiction des importations imposée dans la péninsule arabique.

6.2 Bilan de l'offre et de la demande céréalières

Le tableau 3 présente une récapitulation du bilan des céréales et des légumineuses prévu pour 2001, établi d'après les dernières informations sur les échanges, les stocks avant récolte et les estimations finales de la production de la campagne meher de 2000.

La production totale de céréales et de légumineuses disponible pendant la campagne de commercialisation 2001 (janvier/décembre) est estimée à 12,8 millions de tonnes, dont 12,6 millions de tonnes provenant de la récolte principale meher, plus les 170 000 tonnes de la campagne secondaire belg (estimation provisoire), dont la récolte aura lieu pendant le premier semestre de 2001.

Tableau 3 : Éthiopie - Bilan céréalier total, janvier-décembre 2001 (en milliers de tonnes)

A. Disponibilités intérieures
12 784
Production
12 784
- Meher
12 614
- Belg
170
B. Utilisations totales
13 754
- Utilisation alimentaire
10 461
- Alimentation animale
320
- Autres utilisations
2 173
- Exportations
400
- Reconstitution des stocks
400
C. Besoins d'importation
970

S'agissant de la demande, la majeure partie de l'utilisation totale des céréales concerne la consommation alimentaire. L'utilisation alimentaire totale est établie sur la base d'une population de 65,382 millions d'habitants (projection au 1er juillet 2001) et d'une consommation annuelle de 160 kg de céréales alimentaires par personne, soit environ 6 pour cent de plus qu'en 2000 pour tenir compte de la récupération nutritionnelle de la population victime de la sécheresse et également de l'augmentation probable de la consommation, du fait des approvisionnements céréaliers plus abondants et des prix plus bas en 2001. Par ailleurs, en raison des lourdes pertes de bétail, les pasteurs qui se nourrissent principalement de lait et de viande auront davantage recours aux céréales et aux produits dérivés. Avec une consommation de 160 kg par personne, les céréales et les légumineuses permettraient de faire face à 80 pour cent des besoins énergétiques, le reste étant couvert par d'autres denrées comme l'enset, les racines et les tubercules, les oléagineux et les produits animaux. La consommation céréalière totale pour 2001 est estimée à 10,46 millions de tonnes.

L'utilisation des céréales et des produits dérivés pour l'alimentation animale devrait augmenter par rapport à l'an dernier, en raison de l'accroissement des disponibilités céréalières. L'utilisation totale aux fins de l'alimentation animale est estimée à 320 000 tonnes de céréales, soit 2,5 pour cent de la production totale.

Comme les années précédentes, les autres utilisations et pertes sont estimées à 17 pour cent, dont 11 pour cent de pertes après récolte et 6 pour cent correspondant aux besoins moyens pondérés de semences pour les différentes céréales. On part du principe que les achats locaux d'orge et d'autres mils pour les activités de brasserie sont compris dans les estimations totales des besoins alimentaires.

Le volume des exportations céréalières figurant dans les statistiques officielles du commerce extérieur est habituellement faible (2 ou 3 milliers de tonnes), mais il existe un commerce de céréales plus important passant par des échanges transfrontalières non comptabilisés avec les pays voisins. Les exportations transfrontalières, en particulier vers le Kenya et le Soudan, devraient augmenter compte tenu des récoltes médiocres engrangées cette année dans ces deux pays voisins. La mission table sur des exportations totales de 400 000 tonnes, volume comparable à celui de 1996, date de la précédente bonne récolte. Les ressources en devises étant restreintes, on suppose que les importations commerciales seront peu importantes et qu'une grande partie du déficit de 970 000 tonnes prévu sera couvert par l'aide alimentaire.

6.3 Besoins d'aide alimentaire

Sécurité alimentaire et nutrition

Les problèmes nutritionnels sont multiples en Éthiopie. On a constaté que les facteurs directement responsables de la fréquence élevée de la malnutrition dans le pays sont l'insuffisance de l'apport alimentaire en quantité et en qualité et les taux élevés de morbidité. D'après l'enquête de 1998 de l'Office central des statistiques portant sur les revenus, la consommation et les dépenses des ménages, la consommation moyenne était de 1 932 kcal par personne et par jour en milieu rural et de 1 620 kcal par personne et par jour en milieu urbain, sans pratiquement aucune consommation de fruits et de légumes.

Toutes les informations disponibles confirment que les enfants, surtout ceux de moins de trois ans, sont particulièrement vulnérables. La malnutrition des mères fait également partie des problèmes mentionnés dans les enquêtes entreprises par le GTZ à Lay Gaient et à Guba Lufo. Le rapport relatif à l'«Évaluation des problèmes nutritionnels dans la région d'Amhara» (CIDA, 1999) a en outre mis en évidence la présence endémique et généralisée du goitre. Les troubles de carence en iode ayant une incidence non seulement sur les capacités intellectuelles, mais aussi sur la survie des enfants, le gouvernement devrait accorder la priorité à la résolution de ce problème de santé évitable.

Outre cette malnutrition chronique, qui a suivi la mauvaise récolte belg et l'absence de pluies dans les zones pastorales pendant la campagne gu de 2000, les enquêtes nutritionnelles ont révélé une très nette détérioration de l'état nutritionnel se traduisant par des taux élevés de malnutrition aiguë générale au cours du premier semestre de 2000. On a constaté que dans l'Omo Nord, 23 pour cent des enfants en moyenne étaient deux écarts types (malnutrition modérée ou grave) au-dessous de la fourchette de 6-45 pour cent selon la zone étudiée (Concern, OXFAM 2000). Dans les zones pastorales de la région somali, cette proportion était de 32 pour cent (fourchette 10-53 pour cent, UNICEF 2000) et dans le Borena et l'Omo Sud, elle était de 20 pour cent (fourchette 12-34 pour cent, Goal/CARE 2000).

Mis à part ces enquêtes, dans nombre des régions éthiopiennes habituellement vulnérables, le service d'alerte rapide de la DPPC surveille, avec le concours de SCF-UK, la situation en matière de nutrition et de sécurité alimentaire dans le cadre du programme de surveillance de la nutrition. Il s'agit d'un système de surveillance longitudinale, qui utilise une série standard d'indicateurs agricoles, anthropométriques et de sécurité alimentaire pour suivre l'évolution au cours du temps. L'indicateur anthropométrique qui a été utilisé par ce programme est le rapport moyen poids/taille. Un seuil correspondant à 90 pour cent de ce rapport a été utilisé par la DPPC pour définir la vulnérabilité nutritionnelle de la population et les besoins d'aide alimentaire extérieure.

Dans ces régions ainsi que sur les hauts plateaux fortement vulnérables du nord de l'Éthiopie (Wollo Nord et Sud, Tigré central et méridional), l'état nutritionnel ne s'est stabilisé que grâce à l'aide humanitaire qui a été fournie de manière intensive en 2000 et qui devra être maintenue en 2001 (voir tableau 4).

Tableau 4 : Comparaison de l'état nutritionnel des associations paysannes étudiées en mai/juin 2000, (rapport moyen poids/taille)

Rapport moyen poids/taille
Catégorie
Explication1/
Août 2000
(%)
Meilleur
Le pourcentage du rapport moyen a augmenté jusqu'à >90% depuis août 1999
48
Stable et satisfaisant
Le pourcentage du rapport moyen n'a pas vraiment changé depuis août 1999 et est égal à 90%
19
Stable mais peu satisfaisant
Le pourcentage du rapport moyen n'a pas vraiment changé depuis août 1999 mais il est <90%
26
Moins bon
Le pourcentage du rapport moyen a diminué depuis août 1999
5

L'importance de l'aide alimentaire pour la survie des populations du Wollo Sud et Nord a été récemment établie dans une étude consacrée au suivi de l'impact de l'aide alimentaire (SCF-UK, novembre 2000). SCF-UK a constaté que l'aide avait assuré entre 50 et 75 pour cent de l'apport énergétique total au Wollo Sud et entre 30 et 50 pour cent au Wollo Nord. Néanmoins, la plupart des ménages ont dû faire face à un déficit calorique allant de 5 à 30 pour cent. SCF-UK attribue également l'amélioration de l'accès aux services sociaux (santé et éducation) au fait que le déplacement de la population a pu être évité grâce à l'aide alimentaire d'urgence.

Examen de l'aide alimentaire d'urgence en 2000

La mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires de l'an dernier (décembre 1999) a estimé qu'environ 7,8 millions de personnes auraient besoin d'une aide alimentaire d'urgence en 2000, après la série de fortes perturbations climatiques et de récoltes médiocres en chaîne. Cependant, après cette évaluation, la corne de l'Afrique a été frappée pendant les premiers mois de 2000 par une très grave sécheresse, qui a créé en Éthiopie une situation proche de la famine dans certaines parties de la région somali. En raison de la sécheresse sévissant dans les zones pastorales et de l'arrivée tardive des pluies sur les hauts plateaux, le nombre des personnes ayant besoin d'une aide est passé à 10,2 millions vers le milieu de 2000 et les besoins totaux d'aide alimentaire d'urgence pour l'année ont été portés à 1,3 million de tonnes.

Face aux préoccupations croissantes suscitées par la sécheresse dans toute la corne de l'Afrique, le Secrétaire général des Nations Unies a nommé le Directeur exécutif du PAM, Envoyé spécial pour la sécheresse dans la corne de l'Afrique; sa première mission en avril a été suivie par un appel régional des Nations Unies relatif à l'assistance aux populations victimes de la sécheresse dans la sous-région, lancé le 7 juin. La seconde mission de l'Envoyé spécial, en septembre, a confirmé que la situation était maîtrisée et que la famine avait été évitée, grâce à la mise en _uvre de vastes opérations visant à fournir des vivres et une assistance non alimentaire, avec la participation des ONG. Le rapport signalait qu'il serait nécessaire de poursuivre l'aide d'urgence en 2001, car la situation des populations vulnérables ne se stabiliserait que lentement.

Afin de s'attaquer aux problèmes structurels sous-jacents et de garantir la sécurité alimentaire future, le Secrétaire général a créé une équipe spéciale interinstitutions, présidée par le Directeur général de la FAO. Cette équipe a présenté à la réunion du Comité administratif de coordination de l'ONU (CAC) du 27 octobre 2000 un rapport, dans lequel il est recommandé entre autres à chacun des sept pays de la corne de l'Afrique d'élaborer d'ici le milieu de l'année 2001 un programme national de sécurité alimentaire, ainsi qu'un programme régional de sécurité alimentaire complémentaire, afin de stabiliser la situation en matière de sécurité alimentaire et d'éliminer la faim.

Les missions de l'Envoyé spécial des Nations Unies et la contribution du Gouvernement éthiopien, qui a fourni près de 100 000 tonnes de céréales sur ses propres ressources, ont incité les donateurs à réserver un accueil très favorable aux appels concernant une aide d'urgence. Les livraisons d'aide alimentaire à l'Éthiopie ont été portées de 296 000 tonnes en janvier-avril à 675 000 tonnes en mai-août. Le tableau suivant récapitule la situation en fin d'année de l'aide alimentaire d'urgence disponible pour faire face à la sécheresse en 2000.

Tableau 5 : Éthiopie - Arrivées, livraisons et soldes des secours alimentaires en 2000 (en milliers de tonnes)

Alors que les donateurs ont réservé aux appels un accueil favorable, répondant en définitive à 83 pour cent des besoins, les retards dans les livraisons, les stocks limités et les problèmes logistiques ont ralenti la distribution pendant le premier semestre de l'année, et moins de 35 pour cent des besoins ont été couverts au cours du premier trimestre. Ceci s'explique en partie par le faible niveau de la Réserve de sécurité alimentaire d'urgence. Les problèmes logistiques étaient liés à l'insuffisance de la capacité portuaire et des moyens de camionnage, problèmes qui ont été résolus grâce à l'octroi de fonds pour des opérations spéciales concernant les installations portuaires et les transports, menées par l'intermédiaire du PAM.

La distribution des vivres s'est accélérée pendant la deuxième partie de l'année. Cependant, en raison de diverses difficultés, elle a été inégale et parfois insuffisante. L'assortiment alimentaire d'urgence commun recommandé par le PAM pour l'Éthiopie comprend 15 kg de céréales par mois, accompagnées d'une ration complémentaire d'aliments composés. Exception faite des livraisons de vivres au titre du programme de création d'emplois, pour lesquelles la ration complète a été maintenue, la ration céréalière d'urgence maximale a été fixée à 12,5 kg par personne/mois afin qu'un plus grand nombre de personnes puissent bénéficier des produits alimentaires à disposition. En pratique, la distribution a souvent été beaucoup plus réduite. D'après les conclusions d'une étude sur l'utilisation des secours alimentaires, pour laquelle 1 322 ménages ont été interrogés dans tout le pays, la ration effective s'est élevée en moyenne à 8,6 kg par personne/mois. La ration générale étant insuffisante en quantité, les aliments d'appoint ont été consommés par tous les membres de la famille et non pas par les membres « vulnérables » auxquels ils étaient destinés, ce qui est dû à l'insécurité alimentaire et à l'insuffisance des rations générales plutôt qu'à un mauvais dispositif de ciblage. Pendant quelques mois, dans certains worredas, seuls les aliments d'appoint ont été distribués, à raison de 4,5 kg par famille.

Perspectives en matière de sécurité alimentaire des ménages en 2001

La production de la campagne meher de 2000 a été relativement bonne en Éthiopie grâce aux bonnes pluies tardives, mais la récolte n'a pas été répartie uniformément. Les pluies ont fait défaut dans certaines des régions les plus vulnérables et les plus densément peuplées (Wag Hamra, Wollo Nord, Harar Est et Harar Ouest). Pour cette raison, à laquelle s'ajoutent la mauvaise récolte belg du milieu de 2000 et les dégâts causés par la sécheresse à l'économie pastorale, le nombre de personnes ne disposant pas de vivres en quantité suffisante restera élevé en 2001. En outre, les pluies n'ont pas été favorables dans nombre des principales régions de cultures pluviales pendant quatre années consécutives et les sécheresses se sont enchaînées dans de multiples zones d'élevage.

Cependant, si le nombre de personnes ayant besoin d'une aide alimentaire d'urgence en 2001 reste élevé, il devrait être nettement inférieur à celui enregistré dans la deuxième partie de 2000. Selon le scénario le plus vraisemblable, en 2001, environ 6,5 millions de personnes victimes de catastrophes naturelles auront besoin d'une aide pendant sept mois et demi en moyenne, dans l'hypothèse où les conditions de la campagne agricole sont moyennes. Si les pluies devaient de nouveau faire défaut, ce nombre augmenterait d'une manière spectaculaire.

Les raisons pour lesquelles les besoins d'aide d'urgence resteront importants pendant toute l'année 2001 sont brièvement récapitulées ci-dessous pour les trois principales catégories de victimes de catastrophes naturelles.

Populations pastorales du nord-est, du sud et du sud-est: ainsi qu'il est décrit dans la section 3.6 du présent rapport, même si les pluies restent bonnes, il faudra plusieurs années pour que le revenu des ménages ayant subi de lourdes pertes de bétail remonte à un niveau minimum, moyennant la reconstitution de leur cheptel. Le maintien de l'interdiction frappant les importations de bétail de l'Éthiopie vers l'Arabie saoudite et les autres États du Golfe constitue un obstacle de plus au relèvement économique des zones pastorales éthiopiennes.

Populations tributaires de la récolte belg: même si les pluies sont bonnes, les agriculteurs tributaires de la campagne belg devront attendre le milieu de 2001 pour la prochaine récolte, après quatre mauvaises récoltes consécutives; en admettant que la prochaine récolte soit normale, la base réduite de ressources de la majeure partie de la population sinistrée ne lui permettra pas de retrouver pleinement un niveau minimum de sécurité alimentaire.

Populations tributaires de la récolte meher: la récolte meher, qui a été bonne dans les zones habituellement excédentaires, a été médiocre ou inégale dans les zones vulnérables; dans celles qui sont sujettes à l'insécurité alimentaire chronique, la nouvelle récolte n'est pas suffisante pour compenser la perte d'actifs des dernières années, ni pour rembourser les prêts contractés pour les intrants, notamment l'engrais.

Un suivi étroit des précipitations, du nombre de têtes de bétail et des disponibilités alimentaires dans les zones pastorales sera essentiel pour repérer rapidement les nouveaux problèmes éventuels qui risqueraient de ralentir ou d'annuler la reprise. Il sera par ailleurs extrêmement important de suivre étroitement les précipitations et les conditions pour les semis sur les hauts plateaux éthiopiens à partir de février, afin de pouvoir donner rapidement l'alerte au cas où la récolte belg du milieu de 2001 serait de nouveau mauvaise ou insuffisante, ainsi que pour avoir les premiers éléments d'appréciation sur la prochaine récolte de la campagne principale meher, prévue en septembre-décembre 2001.

Les besoins d'aide alimentaire d'urgence des victimes de catastrophes naturelles ont été évalués par 22 équipes comprenant des membres de la DPPC, du PAM et des ONG et des représentants des donateurs, qui se sont rendus dans toutes les zones sinistrées. Plus de 100 personnes ont consacré environ trois semaines à ces évaluations sur le terrain, qui ont couvert près de deux mois. Des questionnaires normalisés ont été utilisés pour les entretiens semi-structurés avec des informateurs clés, notamment des ménages vulnérables et des fonctionnaires des worredas. Les informations obtenues ont servi à valider et à revoir les estimations des besoins d'aide d'urgence, qui avaient été préparées à l'avance et communiquées aux équipes par des fonctionnaires des administrations locales et régionales. Pendant les deux dernières années, on a procédé à un examen de la méthodologie utilisée pour l'évaluation et un certain nombre de suggestions et de recommandations formulées par le groupe de travail spécial ont été prises en compte cette année. Une méthode d'évaluation révisée, qui a été proposée par les membres de ce groupe mais n'a pas été appliquée faute de temps, sera mise à l'essai sur le terrain au début de 2001. La mission appuie énergiquement cette initiative.

Certaines équipes de la région d'Amhara n'étaient pas encore rentrées à Addis-Abeba lorsque la mission FAO/PAM a terminé son travail; la récapitulation et le réexamen par les différents échelons de décideurs prendra encore quelques semaines et les résultats présentés ci-dessous sont donc préliminaires. L'appel de la DPPC contiendra des informations plus détaillées et le but recherché dans le présent document n'est pas de s'approprier l'appel de la DPPC ni de l'influencer, mais plutôt de fournir les premiers éléments d'appréciation sur l'éventail probable des besoins. Une opération d'évaluation des besoins sera effectuée en juin 2001, parallèlement à l'évaluation avant récolte de la production belg de 2001, ce qui est la façon habituelle de procéder de la DPPC conjointement avec le PAM, les ONG et les donateurs. Une réévaluation analogue des besoins d'aide alimentaire des pasteurs serait nécessaire vers le milieu de 2001. Aux fins du calcul par la mission des besoins d'aide alimentaire prévus pour le deuxième semestre de l'année, il a été supposé qu'au moins la moitié des bénéficiaires tributaires de la récolte belg et 85 pour cent des pasteurs ayant besoin d'une aide alimentaire au titre de l'évaluation actuelle, continueront à nécessiter une assistance pendant cinq mois en moyenne de juillet à décembre 2001.

Les chiffres approximatifs utilisés pour calculer les projections des besoins d'aide alimentaire d'urgence pour les victimes de catastrophes naturelles en 2001 sont les suivants:

Tableau 6 : Nombre de personnes ayant besoin d'une aide alimentaire d'urgence par région et par catégorie

Région
Scénario le plus optimiste en 2001
Scénario le plus probable en 2001
Scénario pessimiste en 20011/
Personnes ayant besoin d'assistance vers le milieu de 2000
Diminution par rapport au milieu de 2000 (scénario le plus probable)
Agriculteurs victimes d'une mauvaise récolte belg en 20012/
Agriculteurs victimes d'une mauvaise récolte Meher en 20012
Pasteurs ayant besoin d'une assis-tance en 2001
 
(milliers)
(milliers)
(milliers)
(milliers)
(pourcentage)
(pourcentage)
(pourcentage)
(pourcentage)
Tigré
800
850
950
1 402
39
5,7
94,3
0
Afar
135
150
180
273
45
0
0
100
Amhara
2 000
2 100
2 300
3 569
41
33,3
66,7
0
Oromiya
1 200
1 300
1 500
1 943
33
0,2
58,7
41
SNNPR
800
900
1 100
1 370
34
73,6
17,9
8.5
Somali
1 025
1 150
1 400
1 686
32
0
0
100
Autres
40
50
70
76
34
     
Total
6 000
6 500
7 500
10 318
37
21,5
46,3
32,2

La carte ci-dessous indique le pourcentage de personnes ayant besoin d'une aide alimentaire d'urgence par région.

Les estimations de l'aide alimentaire d'urgence par la mission reposent sur le scénario (le plus probable) comportant un nombre intermédiaire de bénéficiaires, soit environ 6,5 millions. Le nombre de personnes ayant besoin d'assistance et la durée de cette assistance pour les ménages pris individuellement seront réexaminés dans le cadre des processus d'évaluation après récolte, de sélection et de suivi. Les équipes d'évaluation ont indiqué la durée moyenne de l'assistance pour chaque worreda et chaque zone, et ces informations seront également précisées pendant le tri, le ciblage et le suivi.

Le calcul de la durée de l'assistance, en mois, repose sur l'évaluation au niveau des ménages pris individuellement des déficits alimentaires qui ne peuvent pas être couverts par la production de l'exploitation, les gains nets en espèces et les envois de fonds, ni par la vente de biens (n'entraînant toutefois pas de perte supplémentaire des moyens de production de base lorsque ceux-ci ont déjà été fortement réduits). On calcule à partir du déficit le nombre de mois pendant lesquels les stocks d'aliments de base du ménage seraient entièrement épuisés si aucune aide alimentaire n'était fournie. La répartition de l'assistance qui en résulte est donc complexe, certains ménages ayant besoin de trois mois d'aide et d'autres de six, de neuf et même de douze, pour une minorité d'entre eux.

Dans le cas du scénario le plus probable, la durée moyenne de l'assistance est d'environ neuf mois pour les bénéficiaires « belg », 11 mois pour les pasteurs et 5 mois pour les victimes de la mauvaise récolte meher, ce qui donne une moyenne générale d'environ 7 mois et demi. Ainsi qu'il a déjà été mentionné, ce chiffre comprend pour les « belg » et les pasteurs une provision pour imprévus pour le deuxième semestre, soumise à une réévaluation vers le milieu de 2001. Les besoins d'aide alimentaire sont calculés comme suit:

Tableau 7 : Estimations des besoins d'aide alimentaire d'urgence en 2001

Catégorie d'assistance 
Bénéficiaires
Céréales
Aliments composés
Légumineuses
Huile
Total
(milliers)
(tonnes)
(tonnes)
(tonnes)
(tonnes)
(tonnes)
Catastrophes naturelles
6 500
750 000
50 000
   
800 000
Constitution d'une réserve pour un mois
 
63 000
4 000
   
67 000
Personnes déplacées et autres victimes de la guerre
350
57 750
6 050
4 600
4 600
73 000
Total
6 850
870 750
60 050
4 600
4 600
940 000


Les besoins des personnes déplacées à l'intérieur du pays et des autres victimes de la guerre n'ont pas été évalués par la présente mission. Cependant, d'après les informations fournies par le PAM, le nombre actuel de personnes déplacées est de 287 500. En ajoutant les autres victimes de la guerre (déportés, rapatriés et populations de la région de l'Afar également touchées), on arrive à environ 350 000 personnes ayant besoin d'assistance pendant 11 mois en 2001. Les chiffres de la mission ne comprennent pas les besoins alimentaires des réfugiés, qui ont été évalués séparément, conjointement par le gouvernement, le HCR et le PAM.

Le niveau des stocks d'aide alimentaire du PAM et des sources bilatérales est une fois de plus beaucoup trop bas, les annonces de contributions et les stocks reportés ne s'élevant qu'à 205 000 tonnes - tout juste assez pour le premier trimestre de cette année. Les besoins d'aide alimentaire d'urgence présentés ci-dessus comprennent donc une reconstitution des stocks correspondant aux besoins d'un mois pour le nombre actuel de bénéficiaires victimes de catastrophes naturelles, afin d'éviter des interruptions dans la distribution, ou une sous-distribution, problèmes qui d'après les constatations de la mission sont récurrents en Éthiopie. Alors que la réponse des donateurs à l'appel mondial et à l'opération d'urgence du PAM a été généreuse, l'acheminement des vivres risque d'être interrompu en février 2001. Pour mars, moins de 40 pour cent des besoins céréaliers sont couverts. De nouvelles annonces de contributions doivent être faites dans les meilleurs délais.

Il est bien trop tôt pour prévoir avec précision le niveau des besoins de secours d'urgence pour 2002, mais la mission aimerait souligner combien il est nécessaire de restituer, à une hauteur suffisante, les emprunts à la Réserve de sécurité alimentaire d'urgence et de pouvoir disposer de contributions annoncées et de stocks de report suffisants à tout moment.

Assortiment alimentaire

L'assortiment alimentaire d'urgence commun recommandé par le PAM pour l'Éthiopie est de 15 kg de céréales par mois, ce qui répond aux principes suivants: les céréales apportent l'essentiel des calories du régime alimentaire et c'est la production céréalière qui souffre le plus de l'irrégularité des conditions climatiques. Les oléagineux et les légumineuses sont en général disponibles sur place en complément des céréales. Il a été également prévu de fournir 4,5 kg/mois d'aliments composés enrichis aux personnes jugées vulnérables sur le plan nutritionnel, évaluées à 35 pour cent de la population. La distribution de ces aliments composés répond à un double objectif: fournir aux jeunes enfants des aliments appropriés, digestibles et couvrant de manière équilibrée les besoins protéiques et caloriques, et constituer une source fiable de micronutriments pour ceux qui ont des besoins supplémentaires, comme les femmes enceintes. La fourniture d'aliments composés dans le cadre de la ration générale comporte de nombreux avantages. Elle minimise les besoins logistiques et n'est pas subordonnée à la création de dispositifs de distribution parallèles, en l'absence de centres de santé en état de fonctionnement ou d'opérations menées par des ONG. L'objectif sur le plan nutritionnel n'est pas seulement la récupération, mais également le maintien en bonne santé.

Afin d'améliorer la valeur nutritionnelle de l'assortiment alimentaire, le PAM adoptera cette année deux nouvelles stratégies. L'une consistera à broyer et à enrichir une partie de la ration destinée à la distribution générale, et l'autre à conserver une petite réserve de légumineuses et d'huile qui seront distribuées à ceux qui n'ont guère accès aux autres aliments d'appoint. Le ciblage et la distribution de ces aliments seront modulés selon les informations reçues de la ENCU/DPPC et des autres organisations compétentes.

La mission recommande énergiquement les mesures suivantes:

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'informations le cas échéant.

Abdur Rashid
Chef, SMIAR, FAO, Rome
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Mél: [email protected]
M. Aranda da Silva
Directeur régional, OSA, PAM, Rome
Télécopie: 0039-06-6513-2839
Mél:[email protected]

Les alertes spéciales et les rapports spéciaux peuvent aussi être reçus automatiquement par courrier électronique dès leur publication, en souscrivant à la liste de distribution du SMIAR. A cette fin, veuillez envoyer un courrier électronique à la liste électronique de la FAO à l'adresse suivante: [email protected] sans remplir la rubrique sujet, avec le message ci-après:

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1 La présente section s'appuie sur diverses sources, dont les rapports de l'Economist Intelligence Unit et des publications de la Banque mondiale, de la FAO et du PNUD.

2 Dans les champs de blé de Arsi/Bale, les chauffeurs des moissonneuses-batteuses terminant les récoltes ont estimé que 2 500 kg/hectare d'engrais avaient été utilisés, en moyenne, et qu'il était fréquent d'appliquer 4 000 kg/hectare sur les terres en jachère.