FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.1 - février 2001 - P. 10

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Poisson et produits halieutiques

Tour d'horizon

Le total de la production mondiale de poisson (captures plus aquaculture) a atteint en 1999 un niveau record estimé à 124,4 millions de tonnes, témoignant d'une reprise importante par rapport à l'année précédente où la production avait baissé pour s'établir à 117,4 millions de tonnes. Le déclin de 1998 était dû essentiellement à la diminution des captures de petits pélagiques en Amérique du Sud, notamment au Pérou, imputable au phénomène "El Niño". Sur le total de la production mondiale de 1999, les captures de poisson ont représenté 92,1 millions de tonnes. Malgré le redressement de la pêche péruvienne après l'impact de "El Niño" de l'année précédente, le total mondial des captures est resté à 1,3 million de tonnes de son record de 1997, qui était de 93,6 millions de tonnes. La production en aquaculture a continué de se développer en 1999 pour atteindre 32,3 millions de tonnes, soit 26 pour cent de la production totale de poisson, contre 15 pour cent seulement en 1990.

Production halieutique1/

 
1995
1996
1997
1998
1999 chiffres provisoires
 
(. . . . . . . . . . . . . . . en milliers de tonnes . . . . . . . . . . . . . .)
Chine
28 418
31 897
35 038
38 025
39 300
Pérou
8 943
9 522
7 877
4 346
8 437
Japon
6 787
6 765
6 723
6 026
5 935
Chili
7 591
6 909
6 084
3 558
5 325
Inde
4 906
5 258
5 379
5 244
5 244
États-Unis
5 638
5 395
5 422
5 154
5 154
Indonésie
4 139
4 291
4 454
4 595
4 797
Fédération de Russie
4 374
4 730
4 715
4 518
4 210
Thaïlande
3 573
3 562
3 430
3 470
3 541
Norvège
2 802
2 960
3 223
3 259
3 052
Autres
39
39
40
39
39
Total mondial
116 129
120 294
122 448
117 399
124 448

Aujourd'hui, la Chine est de loin le premier producteur de poisson, avec 39 millions de tonnes en 1999. Le Pérou a retrouvé sa seconde position parmi les principaux pays producteurs grâce à une augmentation de ses captures de 90 pour cent en 1999 par rapport au niveau de 1998, qui avait marqué une baisse. En 1999, le Japon a pris le troisième rang, avec des captures de 5,9 millions de tonnes.

En 1999, le total mondial des importations de produits halieutiques a augmenté en valeur pour atteindre un montant record de 57 600 millions de dollars E.-U., dont 80 pour cent étaient à mettre au compte des pays développés. Le Japon a été de nouveau le premier importateur de produits halieutiques, puisqu'il a importé à lui seul 25 pour cent du total mondial, encore que ce résultat marquât un recul notable par rapport à sa part habituelle, à savoir 30 pour cent. Les importations de poisson et de produits halieutiques du Japon ont diminué en raison de la récession économique. La dépendance de la CE en termes d'importations de poisson s'est accentuée. Sa part en pourcentage de la valeur des importations mondiales est passée à 35 pour cent. Les États-Unis, en plus d'être le quatrième pays exportateur mondial, étaient deuxième importateur de produits halieutiques en 1999.

La Thaïlande et la Norvège sont, en valeur, les principaux exportateurs de produits halieutiques, puisqu'ils représentent chacun 16 pour cent du commerce mondial total. L'accroissement des recettes nettes en devises dans les pays en développement - valeur totale des exportations, moins les importations - est impressionnant, passant de 5 200 millions de dollars E.-U. en 1985 à 15 600 millions de dollars E.-U. en 1999. Pour de nombreuses nations en développement, le commerce du poisson représente une importante source de recettes en devises.

Le marché mondial des produits halieutiques a été caractérisé en 2000 par une croissance globale de la demande et un resserrement de l'offre. La demande de poisson suit une tendance à la hausse aux États-Unis et en Europe, alors qu'elle tend à diminuer au Japon, où la population jeune adopte de plus en plus des modes d'alimentation occidentalisés. Dans la CE, la panique dont a été saisie l'industrie de la viande du fait de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) a induit une forte croissance de la consommation de poisson vers la fin de l'année, et les prix ont augmenté en conséquence. Cependant, à la demande croissante ne correspond pas un accroissement de l'offre. Au contraire, les réserves halieutiques sont en net déclin par suite d'une surexploitation, notamment des espèces de fond. Les prix de tous les grands produits des pêches devraient augmenter en 2001.

Examen par produit

La crevette est le produit halieutique le plus important puisqu'il représente, en valeur, environ 20 pour cent du commerce international. La CE, le Japon et les États-Unis sont les principaux importateurs mondiaux de crevette. Leurs importations combinées se sont encore accrues en 1999 pour atteindre 950 000 tonnes, contre 900 000 tonnes en 1998. L'augmentation des importations par le Japon et les États-Unis a plus que compensé le déclin enregistré pour la CE.

Dans la CE, première région importatrice mondiale, les importations de crevettes ont diminué d'environ 10 000 tonnes en 1999 pour s'établir approxi-mativement à 372 000 tonnes. Le déclin était dû principalement à la faiblesse de l'euro, mais il était aussi la conséquence de la crise de l'industrie de la crevette en Équateur, qui figure normalement parmi les principaux fournisseurs de la CE. Ces deux facteurs ont continué d'affecter le marché de la crevette de la CE en l'an 2000. Par contre, les importations japonaises de crevettes se sont rétablies quelque peu en 1999 pour atteindre 247 000 tonnes, chiffre nettement inférieur à la quantité que le Japon importait tous les ans au milieu des années 90, à savoir près de 300 000 tonnes. La crise économique fut la principale raison du déclin de 1997 et 1998. Les États-Unis ont été la locomotive du marché mondial de la crevette ces dernières années, leurs importations passant de 275 000 tonnes en 1998 à 330 000 tonnes en 1999.

La production de crevettes en aquaculture en 2000 a été inférieure à celle de 1999 en raison de la baisse de production en Amérique latine. L'Équateur, qui occupait habituellement le deuxième rang mondial des producteurs en aquaculture, a continué d'avoir des problèmes de maladie, causant en 2000 une forte baisse de production, de l'ordre de 100 000 tonnes, soit 90 pour cent de sa production normale avant la crise. Ces faibles niveaux d'approvisionnement dans un climat général de forte demande - la crise économique en Asie semble finalement terminée - ont fait monter les cours de la crevette sur le marché international dans la seconde moitié de l'année 2000.

Aux États-Unis, le ralentissement de la croissance économique observé à la fin de l'année 2000 devrait induire une baisse de la demande de crevettes dans les mois à venir. En fin d'année, la demande de crevettes a été bonne dans la CE, la consommation de ce produit étant importante pendant les fêtes de Noël et de Nouvel an. Cependant, la faiblesse de l'euro a fait monter les prix sur le marché de la CE pour toutes les grandes espèces tropicales, les commerçants européens devant rivaliser avec les acheteurs japonais et ceux des États-Unis. Compte tenu de la forte demande persistante attendue au Japon dans les mois à venir et de l'offre limitée de l'industrie de l'aquaculture, les cours de la crevette devraient s'envoler dans le courant de 2001.

Les captures de thon ont encore augmenté en 1999, d'environ 400 000 tonnes, pour atteindre un niveau estimé à 4 millions de tonnes, poursuivant ainsi la tendance à la hausse de ces dernières années. Les principaux pays pêcheurs de thon sont concentrés en Asie, le Japon et la Province chinoise de Taïwan étant les principaux producteurs. Les autres grands pays d'Asie pour la pêche au thon sont l'Indonésie et la République de Corée. Pour l'Europe, il convient de citer l'Espagne et la France, qui ont leurs principales zones de capture dans l'océan Indien. Quant aux États-Unis, après avoir essuyé des revers ces dernières années, leur flotte gagne à nouveau en importance.

La bonite à ventre rayé est de loin l'espèce la plus pêchée, et les captures ont augmenté de 80 pour cent au cours de la décennie écoulée. Il y a même des possibilités d'expansion future. En fait, c'est à la bonite à ventre rayé que l'on doit pour l'essentiel la croissance de la capture totale de 1999. L'albacore est la deuxième espèce de thon la plus pêchée. En effet, elle gagne en importance depuis quelques années, mais à un rythme plus lent que la bonite à ventre rayé, et elle est généralement plus chère que celle-ci. Les prises de thon obèse ont aussi augmenté ces dernières années, tandis que les captures de germon sont restées relativement stables.

Bien que les captures de thon en 2000 n'étaient pas aussi importantes que l'année précédente, les prix ont fortement chuté en mai 2000, pour s'établir à 400 dollars E.-U./tonne et se sont maintenus à ce niveau jusqu'à la fin de l'année. Les grandes conserveries ont été pleinement approvisionnées, notamment aux États-Unis et en Europe. Comme les prix étaient inférieurs aux coûts d'exploitation dans la seconde moitié de 2000, les propriétaires des bateaux ont décidé d'arrêter la pêche en décembre 2000. Cependant, les prix sont restés peu élevés et ne devraient augmenter que lorsque le marché ressentira une pénurie, c'est-à-dire plus tard dans le courant de l'année.

Le marché du poisson de fond reste dans son ensemble déprimé. À la suite d'une brève baisse des approvisionnements au début de l'année 2000, qui a entraîné un certain raffermissement des prix, une offre pléthorique et inattendue de lieu de l'Alaska a de nouveau inondé le marché au milieu de l'année, provoquant une baisse des prix sur toutes les espèces de fond.

Le secteur norvégien du poisson de fond traverse une crise majeure. La taille estimée des ressources en morue, qui est l'espèce la plus pêchée, est modeste, et les perspectives de rétablissement de la situation sont mauvaises. De ce fait, les contingents ont été diminués, mais les prix sont toujours aussi bas. Le contingent fixé pour la morue dans la mer de Barents a dû être abaissé de 460 000 tonnes en trois ans, affectant ce secteur en Norvège et dans la Fédération de Russie. Les bateaux de ces pays débarquent actuellement de la morue de petite taille, de 3 à 4 ans d'âge, ce qui ne favorise pas la reconstitution des stocks.

Les captures de céphalopodes se sont rétablies en 1999 pour avoisiner 3,5 millions de tonnes, après le grand déclin enregistré l'année précédente en raison d'une offre pléthorique et de l'impact dévastateur d'El Niño dans le Pacifique de l'Est.

L'encornet, essentiellement Illex et Loligo, est de loin l'espèce la plus produite, puisqu'elle représente 1,7 million de tonnes, soit 77 pour cent du total des captures de céphalopodes et détermine pour l'essentiel les variations annuelles des quantités débarquées. Le poulpe est la deuxième espèce de céphalopodes la plus produite, représentant environ 300 000 tonnes de la capture annuelle. Ces dernières années, cette capture a diminué en raison des méthodes de conservation utilisées dans l'Atlantique Centre-Est. Cependant, le poulpe occupait une place très importante dans les captures de 1999, toutes les prises n'étant pas soumises à un contrôle strict. Les captures de seiches se sont à peu près maintenues au niveau de 240 000 tonnes au cours de la décennie écoulée, et aucune évolution n'est prévue dans l'avenir proche.

Le Japon reste le principal pays producteur de céphalopodes, avec des captures variant entre 500 000 et 800 000 tonnes. En 1998, les captures japonaises de céphalopodes ont atteint leur niveau plancher historique de 450 000 tonnes, mais se sont vivement rétablies en 1999. Le deuxième pays producteur est la République de Corée, avec 310 000 tonnes en 1998, un chiffre qui marque un recul important par rapport à sa production de 1997. Comme le Japon, la République de Corée a accru ses prises en 1999, en particulier dans l'Atlantique Sud-Ouest.

Nul ne prévoyait, pour la saison 2000, une production d'Illex dans l'Atlantique Sud-Ouest. Après une année d'offre pléthorique et de prix élevés, les marchés connaissent actuellement des problèmes d'appro-visionnement. Les prix de l'encornet devraient considérablement augmenter. L'offre de poulpe a été très importante, en particulier celle d'origine africaine. Bien que la demande et la consommation de poulpe aient augmenté au Japon, il est peu probable que les prix s'améliorent dans les mois à venir. Il y a actuellement une pénurie de seiche, en sorte que les prix devraient monter.


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