FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.2 - avril 2001 - P. 4

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Quelque 60 millions de personnes sont encore exposées à des pénuries et à des crises alimentaires1/


Les pénuries et les crises alimentaires provoquées par des catastrophes naturelles ou résultant d'activités humaines continuent à toucher de nombreux pays dans toutes les régions du globe.

En Afrique de l'Est, quelque 18 millions de personnes sont encore tributaires de l'aide alimentaire, suite à la grave sécheresse de l'an dernier et aux conflits qui ont éclaté dans certaines régions. L'Éthiopie, le Kenya, le Soudan et l'Érythrée en dénombrent 16 millions, soit 89 pour cent du chiffre total. Au Kenya, la forte sécheresse de l'an dernier a gravement mis en péril la sécurité alimentaire d'environ 4,4 millions de personnes. En Érythrée, plus de 1,8 million de personnes déplacées par la guerre avec l'Éthiopie ont besoin d'aide alimentaire. La perspective concernant la campagne agricole de 2001 est peu encourageante: les agriculteurs n'ont pas encore regagné leurs exploitations et la présence de mines empêche l'accès à d'importantes parcelles de terre. Au Soudan, la sécheresse a provoqué de graves pénuries alimentaires dans l'ouest et le sud. La situation est encore aggravée par la longue guerre civile qui empêche les ménages d'agriculteurs de poursuivre leurs activités agricoles. En Éthiopie, quelque 6,5 millions de personnes, éprouvées par des sécheresses successives et par la guerre avec le pays voisin, l' Érythrée, sont tributaires de l'aide alimentaire. On prévoit une forte réduction de la production céréalière en Afrique australe, du fait surtout que les cultures vivrières de la plupart des pays ont souffert d'une longue période de temps sec au milieu de la campagne, puis d'un excès de précipitations. Les dernières prévisions de la FAO concernant la récolte de maïs, qui représente 75 pour cent de l'ensemble de la production céréalière en Afrique australe, annoncent un recul de 27 pour cent par rapport à l'an dernier. Dans certaines régions du Mozambique, du Malawi, de la Zambie et du Zimbabwe, d'importantes inondations ont gravement touché quelque 900 000 personnes. On signale des dégâts subis par l'infrastructure et les habitations, des déplacements de personnes ainsi que des pertes de cultures. En Angola, la situation des approvisionnements alimentaires reste critique pour plus de 2,5 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays, dont le nombre ne cesse de croître. En Afrique centrale, la situation des approvisionnements alimentaires reste précaire pour les personnes - de plus en plus nombreuses - déplacées à l'intérieur du pays. En République démocratique du Congo, la situation humanitaire est toujours aussi critique, le nombre de personnes déplacées étant estimé à plus de 2 millions et continuant à augmenter. L'insécurité régnante continue toutefois à entraver l'aide humanitaire. Au Burundi, la situation sur le plan alimentaire reste difficile pour les personnes déplacées, dont le nombre est pour l'heure estimé à 324 000 environ. Ce nombre a encore augmenté en raison de la récente aggravation du conflit aux abords de la capitale, Bujumbura. Au Rwanda, dans les provinces du sud-est, 267 000 personnes touchées par la sécheresse ont encore besoin d'une aide alimentaire, malgré une hausse notable de la production vivrière au cours de la précédente campagne. En Afrique de l'Ouest, l'insuffisance des récoltes a aggravé la situation des approvisionnements alimentaires dans certaines régions du Sahel, notamment au Burkina Faso, au Tchad et au Niger. La distribution de vivres aux populations touchées est en cours. La Sierra Leone et le Libéria restent fortement tributaires de l'aide alimentaire internationale, tandis qu'en Guinée les attaques menées par les rebelles dans les zones frontalières entravent les activités agricoles et provoquent de nouveaux déplacements de populations.

En Asie, un hiver rigoureux en début d'année a fortement aggravé la situation déjà difficile des approvisionnements alimentaires en République démocratique populaire de Corée et en Mongolie. Une grande partie du cheptel a été décimée, alors que le bétail représente un moyen de subsistance et une source de revenus importants pour une grande partie de la population. Certaines régions ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence. Ailleurs, des sécheresses successives dans certaines régions du nord-ouest de l'Inde et du Pakistan ont amputé les récoltes et exposé une grande partie de la population à des pénuries alimentaires. Au Cambodge et en RDP Lao, les groupes vulnérables ont encore besoin d'une aide alimentaire, suite aux terribles inondations survenues l'an dernier pendant la mousson. Dans les pays asiatiques de la CEI - pays à bas revenus touchés par la sécheresse et enregistrant un déficit vivrier - en particulier l'Arménie, la Géorgie, le Tadjikistan, mais aussi l'Azerbaïdjan, la survie de quelque 4 millions de personnes reste tributaire de l'aide internationale des donateurs. Par ailleurs, la reprise de la production vivrière ne pourra pas avoir lieu sans une aide supplémentaire portant sur les intrants. Les populations vulnérables du Karakalpakstan, dans le nord de l'Ouzbékistan, ont elles aussi besoin de secours en raison des fortes pénuries d'eau d'irrigation dont elles ont souffert en 2000.

En Amérique latine et dans les Caraïbes, environ un million et demi de personnes continuent à recevoir une aide alimentaire, principalement en raison des pertes de cultures causées par le mauvais temps. Après le passage de l'ouragan « Mitch » sur l'Amérique centrale en 1998, le retour à une situation normale s'est fait lentement au Honduras, au Nicaragua et au Salvador, et, suite à une période de temps sec survenue pendant la saison des pluies, les rendements ont été inférieurs à la moyenne. Le Salvador a par ailleurs été frappé en janvier et en février par plusieurs tremblements de terre qui ont fait subir d'importants dégâts à l'infrastructure, ce dont la production vivrière de 2001 se ressentira. À Haïti, l'aide alimentaire reste indispensable en raison de problèmes économiques chroniques.

En Europe, l'aide alimentaire est encore nécessaire pour environ 1 million de personnes dans les Balkans, notamment dans la République fédérale de Yougoslavie, mais également pour les populations touchées par des conflits dans la Fédération de Russie.


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