FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.3 - juin 2001 - P. 12

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Viande et produits carnés

On assiste, en 2001, à un certain raffermissement des cours internationaux de la viande, comme en témoigne l'augmentation de près de 4 pour cent de l'indice FAO des prix internationaux de la viande au cours du premier trimestre de l'année. Ce phénomène constitue en grande partie une réponse à un ralentissement de la croissance de la production de viande relativement à l'année précédente, de même qu'à la fermeture des marchés au boeuf en provenance de la CE et à la propagation des épidémies de fièvre aphteuse en Argentine, en Uruguay et, plus récemment, au Brésil. Ces épidémies, ainsi que d'autres qui se sont produites ailleurs fin 2000, ont en outre accru considérablement l'instabilité des prix, notamment celui de la viande de porc.

On s'attend à ce que les restrictions apportées aux exportations de viande bovine et porcine par suite des épidémies continuent de favoriser les cours mondiaux en 2001, et cela en dépit d'une progression qui devrait demeurer marginale au niveau de la demande mondiale de viande d'importation. Cependant, les perspectives d'ensemble concernant les prix continuent d'être obscurcies par l'incertitude qui pèse

sur les réactions des consommateurs face aux risques d'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), et cela malgré certains signes de redressement dans les pays européens. On prévoit que les prix de la viande de volaille et de la viande bovine poursuivront leur progression sous l'effet de l'accroissement de la demande, notamment dans un contexte de croissance limitée des disponibilités en viande et d'une augmentation des prix de la viande de porc et de la viande de boeuf.

La croissance de la production de viande est ralentie par la réduction des approvisionnements en viande de boeuf.

Selon les prévisions, la production mondiale de viande de 2001 devrait s'établir à 237,5 millions de tonnes, soit un progrès de 1,5 pour cent seulement sur l'année précédente et la progression annuelle la plus lente de la production mondiale de viande depuis 1996. Dans l'hypothèse d'un déclin de 1 pour cent de la production mondiale de viande de boeuf, ce déclin serait largement compensé par l'expansion prévue de la production mondiale de viande de porc et de viande de volaille, soit plus de 2 pour cent dans chaque cas, avec un volume respectif de 93,4 millions et 68,8 millions de tonnes. Les incertitudes quant à la production sont accentuées dans grand nombre de pays touchés par les épidémies, et il faudra attendre, pour obtenir les chiffres définitifs concernant tant le recensement du cheptel que la production, que les mesures prises pour maîtriser et éliminer les épidémies ne soient plus nécessaires.

Production mondiale de viande

 
1999
2000
2001 estim.
 
( . . . millions de tonnes . . . )
TOTAL MONDIAL
229,1
233,9
237,5
Viande de volaille
64,9
66,9
68,8
Viande porcine
90,0
91,3
93,4
Viande bovine
58,8
60,0
59,4
Viande ovine et caprine
11,1
11,4
11,6
Autres viandes
4,2
4,3
4,3
PAYS EN DÉVELOPPEMENT
123,9
128,9
133,0
Viande de volaille
33,3
34,9
36,1
Viande porcine
51,6
53,8
55,9
Viande bovine
28,5
29,4
30,0
Viande ovine et caprine
7,8
8,1
8,3
Autres viandes
2,6
2,7
2,7
PAYS DÉVELOPPÉS
105,2
105,0
104,5
Viande de volaille
31,6
32,0
32,7
Viande porcine
38,4
37,5
37,5
Viande bovine
30,3
30,6
29,5
Viande ovine et caprine
3,3
3,4
3,3
Autres viandes
1,6
1,6
1,6
Source: FAO
Note: Totaux calculés à partir de chiffres non arrondis.

On prévoit que, sous l'effet de la reconstitution des troupeaux dans les principaux pays producteurs de bétail d'Amérique du Nord et d'Océanie ainsi que de la réduction des abattages, la production de viande bovine dans les pays développés devrait accuser un déclin de près de 4 pour cent en 2001. L'industrie du boeuf de la CE, influencée par les programmes tels que "achat en vue de destruction" et "programme spécial d'achat"1/ et, dans une moindre mesure, par les abattages de bétail liés à la fièvre aphteuse, prévoit une réduction tant des recensements de cheptel que de la production. Parallèlement, la production des pays en développement, estimée à 30 millions de tonnes en 2001, est pour la première fois en mesure de dépasser celle des pays développés. La croissance prévue de la production, à savoir 2 pour cent, est inférieure à celle de la dernière moyenne quinquennale, soit 3,5 pour cent, par suite des réductions de production prévues en Argentine et en Uruguay, tous deux touchés par de récentes épidémies de fièvre aphteuse, et, de ce fait, privés de la précieuse certification délivrée dans ce domaine par l'Office international des épizooties (OIE).

Une demande vigoureuse associée au maintien des faibles cours des aliments pour animaux contribue à la croissance de la production mondiale de viande de volaille, qui devrait progresser de 3 pour cent en 2001 avec, comme chef de file, l'Amérique du Nord, les Caraïbes et la CE. Le secteur européen de la volaille reste relativement épargné par les récentes épidémies, et les prix ont été soutenus par une augmentation de la demande de viande blanche. Sur le marché des ovins, les progrès vigoureux de la production des pays en développement, notamment la Chine et le Pakistan, devraient compenser une réduction prévue de 3 pour cent des disponibilités de moutons/agneaux dans les pays développés. La production de viande ovine est estimée à 11,6 millions de tonnes en 2001, soit un progrès de 1,5 pour cent sur l'an dernier. Le recul des livraisons de moutons en provenance de l'Australie, associé à la contraction prolongée de la production aux États-Unis et dans la CE, devrait être largement compensé par l'augmentation des abattages liés à la sécheresse en Nouvelle-Zélande.

La production mondiale de viande de porc devrait augmenter de 2,3 pour cent en 2001, malgré une conjoncture stagnante dans les pays développés, principalement déterminée par la réduction prévue de la production en CE. La restructuration de l'industrie américaine de la viande de porc, partiellement induite par la faiblesse des prix en 1998, a entraîné une réduction du nombre des petits producteurs. De ce fait, malgré une augmentation des prix et des rendements favorables, la croissance de la production américaine devrait rester lente, par suite notamment des réductions de capacité chez les grands transformateurs. Au Canada, en revanche, l'augmentation de la capacité d'abattage et de transformation favorise une augmentation de la production estimée à 4 pour cent. Parallèlement, la production des pays en développement devrait elle aussi croître de 4 pour cent en 2001, avec comme chef de file la Chine, où une demande vigoureuse maintient le rendement des producteurs, en dépit des prix élevés des céréales nationales.

La consommation de viande par habitant devrait augmenter légèrement

En dépit d'un recul prévu de 1 kg qui établirait à 77 kg la consommation de viande par habitant dans les pays développés, la disponibilité mondiale par habitant en 2001 progresse lentement, atteignant 38,6 kg. La réduction de la consommation de viande des consommateurs des pays développés au cours des deux dernières années, entraînée par la réduction de la consommation de viande de boeuf liée aux moindres disponibilités, au prix plus élevé et aux craintes suscitées par l'ESB, notamment dans la CE, contribue à des prévisions selon lesquelles la consommation de boeuf par habitant dans les pays développés devrait décliner de 3 pour cent pour la deuxième année consécutive, et s'établir à 21,9 kg par personne en 2001. Une préoccupation liée à la sécurité des aliments suscite un renversement de la consommation de boeuf par habitant qui, en 1999, avait retrouvé les niveaux de 1995, antérieurs à la crise de l'ESB. La consommation de boeuf dans la CE est tombée de 9 pour cent en 2000, avec une consommation par habitant estimée à 17 kg pour 2001, soit 3,6 kg de moins que celle de 1999.

Entre-temps, les consommateurs des pays en développement ne devraient augmenter leur consommation de viande que de 1,5 pour cent en 2001, principalement sous forme de viande de porc et de volaille. La croissance la plus marquée devrait se produire en Amérique centrale et en Asie, où la consommation pourrait augmenter de 2 à 3 pour cent. En Asie, en revanche, la croissance devrait être légèrement inférieure à celle observée en 2000, par suite de la réduction de la production et de l'augmentation des prix. Les perspectives du commerce de la viande sont médiocres, avec une croissance lente des approvisionnements et une augmentation des prix.

Alors que les approvisionnements ralentissent et que les prix augmentent, les perspectives du marché de la viande sont médiocres

Selon les estimations, le volume du commerce mondial de la viande atteindrait, en 2001, 17 millions de tonnes, chiffre virtuellement inchangé relativement à l'an dernier. Cependant, il faut s'attendre à ce que les marchés de la viande soient soumis à des incertitudes très aiguës en 2001, étant donné que 40 marchés répartis aux quatre coins du globe restreignent l'accès à la viande risquant d'être infectée par la fièvre aphteuse en provenance de la CE et de l'Amérique latine - ces deux dernières régions fournissant près d'un quart des exportations mondiales de viande de boeuf et près de 40 pour cent des exportations de viande de porc. S'il ne faut pas s'attendre à ce que les embargos durent de façon indéfinie, les perturbations infligées à court terme au marché et la difficulté de prévoir l'évolution des échanges rendent extrêmement ardue la prise de décision.

Exportations mondiales de viande 1/

 
1999
2000
2001 estim.
 
( . . . milliers de tonnes . . . )
MONDE
16 640
16 953
17 030
Viande de volaille
6 905
7 233
7 442
Viande porcine
3 304
3 283
3 226
Viande bovine
5 483
5 404
5 324
Viande ovine et caprine
695
768
772
Autres viandes
252
266
266

Cours internationaux de la viande

   
Indices FAO des
cours internatio-
naux de la viande
Cours internationaux moyens de la viande
Poulet 1/
Porc 2/
Vache 3/
Agneau 4/
 
(. . 1990-92=100 . .)
(. . . . . . . . . . . . . . . dollars E.-U./tonne . . . . . . . . . . . . . . .)
1994
103
921
2 659
2 384
2 975
1995
100
922
2 470
1 947
2 621
1996
96
978
2 733
1 741
3 295
1997
93
843
2 724
1 880
3 393
1998
84
760
2 121
1 754
2 750
1999
86
602
2 073
1 894
2 610
2000
89
592
2 083
1 957
2 619
2001
86 5/
5256/
1 964 6/
1 982
2 8955/
Source: FAO
1/ Poulet en morceaux, valeur unitaire exportation E.-U.
2/ Viande de porc congelée, valeur unitaire exportation E.-U.
3/ Viande de vache transformée, Australie, prix caf E.-U.
4/ Agneau congelé, carcasse entièr, Nouvelle Zélande, prix de gros Londres.
5/ Estimation.
6/ Janvier-novembre.

La pression à la hausse continue de s'exercer sur les prix de la viande ovine, malgré les prévisions de progression très limitée du volume des échanges, alors que la croissance de la production connaît un ralentissement. La légère augmentation de la demande émanant de la CE, au moment où les inventaires de cheptel ovin se contractent par suite des abattages dus à la fièvre aphteuse et la poursuite de la restructuration du secteur, contribueront à soutenir quelque peu les échanges de viande ovine, estimés à 772 000 tonnes en 2001, soit 1 pour cent de plus que l'année précédente. La demande mondiale d'importations pourrait, quant à elle, connaître une augmentation plus marquée par suite de la décision rendue le 1er mai par l'Instance d'appel de l'OMC, qui a confirmé la décision initiale de l'OMC selon laquelle les mesures de protection imposées par les États-Unis à l'encontre des importations de viande d'agneau constituent une violation des principes régissant la mise en oeuvre de mesures de protection.


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