SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

RAPPORT SPÉCIAL

MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DESDISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES AU SWAZILAND

15 juin 2001

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Faits saillants

  • Selon les estimations, la production céréalière devrait s'établir à 73 000 tonnes en 2000/01, soit un volume proche de celui, déjà faible, de l'an dernier, mais inférieur de près de 33 pour cent à la moyenne quinquennale, du fait essentiellement de la sécheresse et d'une vague de chaleur à mi-campagne.
  • Les besoins d'importations céréalières pour la campagne de commercialisation 2001/2002 (avril/mars) sont estimés à 123 000 tonnes et devraient être entièrement couverts par voie commerciale.
  • Une évaluation des besoins, réalisée conjointement par l'équipe d'intervention chargée de la gestion des opérations en cas de catastrophe et des ONG, est en cours dans les zones touchées par la sécheresse. Les résultats permettront de définir avec précision les groupes vulnérables qui auront besoin de secours
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1. VUE D'ENSEMBLE

Compte tenu des rapports reçus sur les dégâts subis par les cultures de 2000/01 en raison de la vague de sécheresse prolongée, une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s'est rendue au Swaziland du 16 au 28 mai 2001 pour estimer les perspectives en matière de récoltes et la situation des approvisionnements, ainsi que pour déterminer les besoins d'importations céréalières, y compris une aide alimentaire éventuelle, pour la campagne de commercialisation 2001/02. La mission a bénéficié de la pleine collaboration de l'Unité nationale d'alerte rapide (UNAR), du Ministère de l'agriculture et des coopératives, et du Programme des Nations Unies pour le développement. Des entretiens ont eu lieu avec le Vice-premier ministre, le Service national de gestion des catastrophes, la National Maize Corporation (NMC), ainsi que les institutions des Nations Unies et les ONG concernées. L'Unité régionale d'alerte rapide (URAR) de la SADC a participé à la mission en qualité d'observateur. De nombreuses visites de terrain ont été effectuées dans toutes les régions agro-écologiques du pays et la mission a rencontré des agriculteurs, des vulgarisateurs, des minotiers et des commerçants. La mission s'est scindée en deux groupes afin de couvrir les zones les plus importantes dans le temps imparti.

D'après la mission, la production de maïs de 2000/01 se chiffrera à 73 000 tonnes, soit environ 66 pour cent de la moyenne des cinq dernières années. A l'exception d'une centaine de tonnes de sorgho, le Swaziland ne produit pas d'autres céréales. L'importance d'autres cultures, telles la patate douce, les haricots et le dolique, est minime et ne cesse de décroître. Selon les observations de la mission sur le terrain, la production a été également inférieure à la moyenne pour ces cultures. La baisse des rendements est principalement attribuable à la sécheresse et à la vague de chaleur associée qui ont sévi à mi-campagne.

Le recul de la production de maïs a été particulièrement prononcé dans le Middle et le Lowerveld, les cultures semées tardivement ayant été touchées au moment critique de la floraison. Les cultures précoces ont été épargnées par la sécheresse et les rendements ont été satisfaisants. Les disponibilités céréalières intérieures, estimées à 85 000 tonnes pour la campagne de commercialisation 2001/02 (avril-mars), ne couvrent pas les besoins de consommation du pays. Avec une population évaluée à 1 034 000 d'habitants au milieu de la campagne de commercialisation, les besoins d'importations céréalières devraient s'élever à 123 000 tonnes, ce qui, d'après la mission, devrait être entièrement couvert par voie commerciale. Même en temps normal, la production céréalière du Swaziland ne couvre que 60 pour cent des besoins alimentaires de la population. Compte tenu de la convertibilité paritaire de la monnaie nationale avec le rand sud-africain, les devises étrangères ne manquent pas pour régler les importations commerciales en provenance d'Afrique du Sud.

Toutefois, en raison de la baisse de la production, les groupes vulnérables n'ayant qu'un accès limité à la nourriture pourraient être confrontés à des pénuries alimentaires. L'équipe d'intervention chargée de la gestion des opérations en cas de catastrophe et des ONG collaborent actuellement à une évaluation des besoins dans les zones touchées par la sécheresse. Les résultats de cette évaluation seront essentiels pour définir plus précisément les groupes vulnérables qui bénéficieront d'une aide.

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2. ÉCONOMIE ET AGRICULTURE1

Le Swaziland est un pays enclavé dont le marché intérieur est limité. Les exportations de produits agricoles et industriels jouent un rôle important dans la croissance économique, le développement et la sécurité alimentaire du pays. En 1998/99, l'industrie manufacturière (37 pour cent), les services publics (15 pour cent), les services (10 pour cent) et l'agriculture (9,8 pour cent, contre 19 pour cent en 1985/86) représentent les principaux secteurs constitutifs du produit intérieur brut (PIB).

Récemment, la production du secteur manufacturier a augmenté sous l'effet du niveau élevé des exportations, en particulier de produits à base de sucre, de réfrigérateurs, de textiles, d'agrumes et d'aliments en conserve, et dans une certaine mesure, de la pâte de bois. Selon les estimations, la balance des paiements est à nouveau excédentaire en 2000 et, en fin d'année, les réserves nettes officielles du Swaziland équivalaient à 4,5 mois du total des importations, ce qui représente une situation de réserve relativement confortable vis-à-vis de l'étranger. La dette extérieure du pays et les obligations liées au service de celle-ci continuent à être faibles et représentent respectivement 22 pour cent du PIB et 2 pour cent des exportations.

Le taux de croissance réel du PIB a oscillé de 2, 4 à 2,7 pour cent par an entre 1998 et 2000. Ce taux traduit une croissance insignifiante du revenu par habitant dans la mesure où le gouvernement estime que le taux de croissance annuelle de la population est de 2,7 pour cent. Les emplois dans le secteur privé sont passés de 65 000 en 1993 à 61 000 en 1999. Le taux d'inflation est proche de 6 pour cent par an et est estimé à 6,4 pour cent en 2000. L'inflation résulte de la forte dépréciation du rand sud-africain par rapport aux principales autres monnaies qui a caractérisé les dernières années. La monnaie swazi - le lilangeni - qui est alignée sur le rand, a baissé de près de 23 pour cent par rapport au dollar E.-U. entre 1998 et 2000 et l'on prévoit une nouvelle dépréciation en 2001 et 2002. Le taux d'intérêt des prêts a été, en moyenne, de 14 pour cent en 2000, soit 7 à 8 points de plus que le taux d'inflation.

Le budget du gouvernement pour l'année fiscale 1999/00 (avril-mars) s'est clos par un déficit estimé à 4,5 pour cent du PIB, du fait essentiellement de l'augmentation de la masse salariale (résultant de l'impact sur un an d'une augmentation des salaires de 15 pour cent) ainsi que de l'accroissement des subsides et des transferts en faveur d'entités publiques. Le FMI a noté que le déficit budgétaire du gouvernement s'est produit au moment où l'on prévoyait une baisse des recettes de l'Union douanière d'Afrique australe (SACU), qui représentent 50 pour cent du total des revenus du Swaziland. L'accord de libre-échange entre l'UE et l'Afrique du Sud signé fin 1999 et la renégociation en cours de la formule des recettes du SACU devraient entraîner une baisse des revenus, ce qui augmentera la pression sur la stabilité macro-économique du pays.

Même si le Swaziland est classé parmi les pays à revenu intermédiaire en raison d'un PIB par habitant relativement élevé (plus de 1 340 dollars E.-U.), le revenu par habitant des 40 pour cent de la population la plus pauvre est d'environ 230 dollars E.-U. La distribution des revenus est très inégale puisque près de 10 pour cent de la population reçoit environ 43 pour cent du total des revenus. Selon les estimations, 55 pour cent de la population rurale vit en dessous du seuil de pauvreté.

En ce qui concerne la contribution du secteur agricole au PIB, 60 pour cent de la production est assurée par les terres appartenant à des agriculteurs privés (TAP) où l'on cultive surtout la canne à sucre, l'ananas et les agrumes. Ce sous-secteur est axé sur le marché, utilise une technologie plus performante et a accès à l'irrigation. Les terres nationales du Swaziland (TNS), consacrées plus particulièrement à l'agriculture de subsistance, couvrent les 40 pour cent restants. Sur les TNS, le maïs est destiné à couvrir les besoins essentiels des exploitants et à procurer un revenu supplémentaire, comme le coton.

Sans une augmentation des ressources foncières et hydriques, l'expansion des terres des agriculteurs privés est limitée. La croissance de ce sous-secteur moderne stagne depuis les dernières années alors que celui des terres appartenant à l'État est faible ou négatif. La production de maïs a baissé au cours des dernières années et fluctue considérablement selon les conditions météorologiques. La production des autres céréales est insignifiante.

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3. LA PRODUCTION VIVRIÈRE EN 2000/01

Pluviométrie

En janvier, des pluies inférieures à la moyenne ont été enregistrées dans l'ensemble du pays. Les précipitations, dans la région de Highveld par exemple, n'ont atteint que 34 pour cent du niveau habituel en janvier. Le plateau de Lubombo a été moins affecté. La pluviométrie s'est améliorée en février dans toutes les régions sauf dans le Highveld, où la sécheresse a persisté. En mars, les précipitations ont été à nouveau inférieures à la moyenne dans tout le pays. Au cours du même mois, la région de Highveld a reçu des pluies égales à 67 pour cent de sa moyenne à long terme. La situation n'a pas été meilleure dans les autres régions (voir Graphique 1).

Intrants agricoles

De 14 000 à 17 000 tonnes d'engrais ont été utilisées par le secteur agricole (à l'exception de l'agriculture commerciale) de 1995/96 à 1998/99. Les engrais, qui ne sont plus subventionnés, sont commercialisés par le secteur privé et par des coopératives par l'intermédiaire de réseaux nationaux.

L'utilisation de grains de maïs hybride, qui s'élevait à 4 000 tonnes en 1995/96, a été ramenée à 1 316 tonnes en 1998/99. Ce recul prononcé résulte de la décision du gouvernement de ne plus distribuer de semences gratuites aux agriculteurs. Les semences sont dorénavant fournies par le secteur public et par des coopératives, au prix du marché. Selon les estimations, il est recommandé d'utiliser 20 kg par hectare de grains de maïs hybride.

Graphique 1. Swaziland: Précipitations enregistrées par zone agro-écologique au cours de la campagne 2000/01 par rapport à la pluviométrie habituelle

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Superficies cultivées

Les estimations de la mission concernant les superficies ensemencées se fondent sur les données fournies par l'Unité nationale d'alerte rapide. Ces données, qui ont été recueillies par le Service de vulgarisation dans chaque zone agro-écologique, étaient les plus fiables à l'époque de la mission. Le Bureau central des statistiques soumettra des estimations définitives en cours d'année. Selon les évaluations, les superficies sous maïs couvrent, au total, 58 259 hectares, ce qui est identique à l'an dernier. L'humidité excessive à l'époque des semis dans le Highveld ainsi que le nombre limité de tracteurs disponibles et l'insuffisance d'intrants achetés dans le Middleveld, sur le plateau de Lubombo et dans le Lowveld ont limité les semis. Les estimations des surfaces consacrées au blé pour chaque région agro-écologique sont indiquées dans le Tableau 1. Les emblavures de sorgho se sont amenuisées avec le temps et sont négligeables aujourd'hui, en raison des problèmes liés à la main d'_uvre nécessaire pour protéger les cultures des oiseaux, du manque de variétés appropriées et d'un marché peu développé pour commercialiser cette céréale. Bien que la mission ait constaté les sérieux efforts déployés par le Service de vulgarisation pour promouvoir le manioc et la patate douce, elle a remarqué le manque de diversité des cultures sur le terrain, en particulier dans le Lowveld. Elle a toutefois rencontré des agriculteurs cultivant de petites parcelles de haricots, de doliques, de haricots jugo, de potirons et d'ignames. Le coton, sur près de 17 000 hectares, continue à être l'une des principales cultures du Middleveld et du Lowveld, mais les superficies ne cessent de décroître sous l'effet de la faiblesse des prix et de la compétition de la canne à sucre irriguée dont le prix est plus élevé à l'exportation. Compte tenu de l'intention du gouvernement d'encourager le développement de l'irrigation, les emblavures de maïs devraient également diminuer.

Rendements

Les perspectives de rendement pour chaque zone agro-écologique sont présentées dans le Tableau 1. Il sera peut-être nécessaire de réviser les chiffres de rendement et de production une fois que le Bureau central des statistiques aura publié l'estimation de production pour la campagne 2000/01. La mission a évalué les rendements de 70 exploitations choisies de manière aléatoire dans toutes les régions agro-écologiques et a conclu que les estimations de l'UNAR étaient satisfaisantes. Les rendements varient selon le mode de gestion adopté, la pluviométrie et les conditions agro-écologiques qui peuvent exister au sein d'une même région. Dans un même voisinage, la mission s'est entretenue avec certains agriculteurs qui n'avaient obtenu aucune récolte et d'autres qui avaient rentré jusqu'à 7 tonnes par hectare, ce qui montre que les pratiques culturales (semis précoces, utilisation de semences hybrides appropriées, usage adéquat d'engrais chimiques et organiques) peuvent profondément modifier l'impact de la sécheresse. En général, les rendements de maïs ont toutefois beaucoup diminué par rapport à la moyenne quinquennale (de 1995/1996 à 1999/2000). Ce fléchissement a été particulièrement prononcé dans le Middle et le Lowerveld où les cultures semées tardivement ont été frappées par la sécheresse en janvier/février à l'époque critique de la floraison. La vague de chaleur qui s'est abattue sur le pays à la même époque a exacerbé les effets de la sécheresse. Les cultures précoces ont été épargnées et ont en général donné de bons rendements. Quelques agriculteurs ont fait remarquer à la mission qu'ils n'avaient eu qu'un accès limité aux tracteurs et qu'ils n'avaient pu se procurer des intrants en temps voulu.

Par ailleurs, de nombreux cultivateurs ont indiqué que les rendements étaient identiques ou supérieurs à l'an dernier. De fortes pluies l'année précédente avaient en effet provoqué des inondations qui avaient nui aux cultures, drainé les nutriments et fait pourrir les rafles de maïs.

Selon les recherches de la mission et les prévisions de l'UNAR, les rendements moyens de maïs devraient s'établir, au niveau national à 1,13 t/ha et la production totale à 73 000 tonnes, soit 66 pour cent de la moyenne quinquennale (Tableau 1). Comme le montre le Graphique 2, la production de maïs tend à diminuer malgré le soutien des prix, du fait principalement des mauvaises conditions météorologiques et probablement, de la baisse de productivité de la terre.

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Tableau 1. Estimations des emblavures et de la production de maïs en 2000/01, par zone agro-écologique

Zone
Emblavure
(ha)
Rendement
(t/ha)
Production
(en tonnes)
Highveld 19 307 1.43 27 609
Middleveld 20 404 1.15 23 465
Lowveld 15 515 0.67 10 395
Lubombo Plateau 3 033 1.48 4 489
Total TSN 1/ 58 259 1.13 65 958
TAP 2/ n.d.3/ n.d. 6 596
Swaziland n.d. n.d. 72 554
Source : Unité nationale d'alerte rapide.
1/ Terres nationales du Swaziland - Terres appartenant à l'Etat.
2/ Terres appartenant à des agriculteurs privés.
3/ Non disponible.

Tableau 2. Total de la production céréalière en 2000/01 par rapport à la moyenne de 1995/96 à 1999/2000 (en milliers de tonnes)

Zones agro-
écologiques
1995/96 1996/97 1997/98 1998/99 1999/00 Moyenne
quinquin-
nale
2000/01 Pourcentage de la moyenne
Highveld 39 209 30 630 44 630 45 486 22 688 36 529 30 370 83
Middleveld 54 992 37 134 50 661 39 939 29 040 42 353 25 812 61
Lowveld 29 508 32 527 24 562 17 358 17 581 24 307 11 435 47
Lubombo Plateau 11 918 7 916 5 240 4 557 1 949 6 316 4 938 78
Swaziland 135 627 108 207 125 093 107 340 71 258 109 505 72 555 66
Sources: Ministère de l'agriculture et des coopératives; Unité nationale d'alerte rapide.

Autres cultures

Le coton, l'une des principales cultures commerciales, couvre 17 000 hectares et joue un rôle prépondérant pour la sécurité alimentaire de nombreux ménages. Les superficies, qui représentaient 35 000 hectares pour l'année de production 1998/99, ont diminué et la production fléchit. La canne à sucre, cultivée sur 43 000 hectares, est aujourd'hui le principal produit agricole exporté et une source importante de devises étrangères. Le pamplemousse, l'orange, les agrumes doux et le citron vert occupent également une grande place dans l'alimentation et dans l'obtention de devises étrangères. Le pays produit en outre du sorgho, du potiron, de la patate douce, des haricots, des arachides, du dolique, du manioc, de la banane, des pêches et de l'avocat, mais en petite quantité.

Élevage

L'état du bétail et des pâturages est satisfaisant dans l'ensemble du pays, en particulier depuis que la fièvre aphteuse semble avoir été maîtrisée. L'élevage est un secteur d'activité important et les petits éleveurs possèdent environ 77 pour cent de la totalité du cheptel.

Le Swaziland dispose d'un quota d'exportation de 3 360 tonnes de b_ufs vers l'Union européenne mais ne réussit à en expédier qu'une toute petite partie. Les éleveurs semblent peu enclins à vendre du bétail de bonne qualité, à moins de n'y être contraints pour des raisons économiques ou météorologiques.

Le nombre de têtes de bétail a légèrement diminué entre 1996 et 1999 puisqu'il est passé de 656 484 à 613 832 têtes de bétail (Tableau 3). Le nombre de chèvres, qui était de 403 664 en 1996 a également fléchi, pour s'établir à 332 939 en 1999.

Tableau 3. Swaziland : Importance du cheptel, 1996-1999

  1996 1997 1998 1999
Boeufs 656 484 659 139 623 446 613 832
Moutons 20 311 36 123 22 752 22 370
Chèvres 403 664 486 374 354 135 332 939
Porcs 34 935 50 994 35 113 37 437
Volaille 1 239 587 1 038 093 1 652 358 1 360 381

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4. APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES

Accès à la nourriture et prix

En temps normal, la production céréalière du Swaziland couvre environ 60 pour cent des besoins alimentaires de la population. En ce qui concerne le maïs, denrée de base du pays, le niveau d'autosuffisance se situe entre 48 pour cent (1991/92) et 94 pour cent (1995/96), selon les conditions météorologiques. Les importations commerciales de maïs en provenance d'Afrique du Sud fluctuent selon le contexte. Au cours des dix dernières années, ces importations ont été, en moyenne, de 24 900 tonnes par an, avec un volume record de 63 000 tonnes en 1991-92. Les importations commerciales de blé ont atteint 50 000 tonnes en 2000/01 et celles de riz avoisinent les 6 000 tonnes par an.

Le pays ne commercialise au maximum que 10 pour cent de la production de maïs, principalement par le biais de la National Maize Corporation (NMC). La commercialisation de cette denrée est libéralisée, mais le NMC est légalement le seul importateur de maïs. Le gouvernement a mis en place un système de prix planchers en vue d'inciter les agriculteurs à produire cette denrée. Le prix minimum versé aux agriculteurs a été fixé à 52,5E par sac de 70kg (soit 750E la tonne) pour la campagne de commercialisation 2001/02, ce qui est plus élevé que le prix caf du maïs importé d'Afrique du Sud. Le prix du maïs vendu par le NMC aux minoteries est une moyenne pondérée entre le coût réel d'importation du maïs et le coût d'achat du maïs local. Cette politique de prix, qui vise à l'autosuffisance, ainsi que l'impossibilité pour les minotiers d'importer du maïs à meilleur marché en provenance d'Afrique du Sud, augmente le prix du maïs traité de 20 pour cent par rapport à ce qu'il pourrait être en cas d'une libéralisation des importations. Cette hausse de prix se répercute sur le consommateur. Dans un pays où un fort pourcentage de ménages est acheteur net de maïs (comme le confirment les visites de terrain effectuées par l'équipe de la mission) et où les pauvres consacrent 32 pour cent de leurs revenus au maïs, les prix élevés ont une incidence négative considérable sur leur pouvoir d'achat. Les politiques d'importation de maïs et de prix planchers doivent être réévaluées dans le cadre d'une stratégie de sécurité alimentaire sur le long terme.

D'autres importations alimentaires sont libéralisées, mais les importateurs doivent obtenir un permis de la Régie nationale des marchés et produits agricoles (NAMBOARD). Étant donné que le pays est assez petit et que le réseau routier est en relativement bon état, il est facile d'avoir accès aux produits agricoles. Lors des entretiens réalisés sur le terrain, de nombreux agriculteurs ont indiqué qu'ils tiraient des revenus d'appoint d'activités autres que l'agriculture, dans le secteur, par exemple, de l'industrie de la pâte à bois, du traitement de la canne à sucre ou de l'ananas et autres activités de transformation. D'autres agriculteurs ont signalé qu'ils augmentaient leurs revenus grâce au petit commerce ou aux fonds envoyés par des parents émigrés en Afrique du Sud. Mais une minorité, sans revenus accessoires, s'inquiétait de ne pas avoir accès aux produits agricoles une fois leurs récoltes épuisées.

Il n'existe pas de mécanismes pour assurer un suivi systématique du cours des aliments au Swaziland. Toutefois, lors des enquêtes de terrain effectuées par l'unité nationale d'alerte rapide, il a été possible de recueillir certaines données sur le prix de vente du maïs sur les marchés informels dispersés dans les diverses zones écologiques. Le cours du maïs est relativement stable depuis septembre dernier, sauf dans la région du plateau de Lubombo où les prix ont brutalement augmenté en novembre et sont restés élevés (voir Graphique 4 ci-dessous). Cette zone/région, qui est assez isolée, se caractérise par les plus faibles superficies sous maïs (voir Tableau 1). Située entre le Lowveld, très durement frappé par la sécheresse, et le Mozambique, elle est également la plus éloignée des marchés de maïs d'Afrique du Sud.

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Source: Unité nationale d'alerte rapide.

Le cours du maïs devra être surveillé de près jusqu'à la prochaine récolte en mai 2002, car l'Afrique du Sud a également subi l'impact de la sécheresse et la production de maïs devrait fortement fléchir cette année. Bien que les besoins du Swaziland soient assez restreints, la concurrence d'autres pays de la région pour obtenir du maïs d'Afrique du Sud risque d'exercer une pression sur les prix et de limiter l'accès des ménages au maïs importé.

Bilan de l'offre et de la demande de céréales en 2001/2002

Les prévisions concernant le bilan de l'offre et de la demande de céréales pour la campagne de commercialisation 2001/2002 (avril/mars), résumée dans le Tableau 4 ci-dessous, sont fondées sur les hypothèses et les observations de la mission indiquées ci-dessous:

D'après les entretiens réalisés par la mission auprès des agriculteurs, les stocks sont épuisés. Les récoltes ont été également médiocres l'an dernier. Les services de vulgarisation et les autres fonctionnaires du Ministre de l'agriculture ont confirmé cet état de fait. On a donc assumé que les stocks agricoles d'ouverture étaient égaux à zéro. On a également estimé que les stocks détenus par la NMC et les minotiers s'élevaient à 2 000 tonnes de blé et à 10 000 tonnes de maïs.

En ce qui concerne la demande de céréales, les besoins alimentaires de la population ont été calculés en étroite collaboration avec l'Unité nationale d'alerte rapide. Il a été évalué que le nombre d'habitants serait de 1 034 000 au milieu de la campagne de commercialisation 2001/02 et que les besoins alimentaires par habitant s'établiraient à 125 kg de maïs, 46 kg de blé et 6 kg de riz. Les "autres utilisations" couvrent essentiellement les pertes après récolte que le Ministère de l'agriculture estime à 15 pour cent. La majorité des agriculteurs achètent des semences hybrides et en utilisent une part minime pour alimenter le bétail.

Tableau 4. Swaziland: Bilan céréalier pour 2001/02 (en milliers de tonnes)

  Maïs Blé Riz Total de céréales
DISPONIBILITES INTÉRIEURES 75 10 0 85
Stocks d'ouverture 2 10 0 12
Production 73 0 0 73
UTILIZATION TOTALE 143 58 7 208
Alimentation humaine 129 48 6 183
Alimentation du bétail, semences et pertes 11 0 0 11
Stocks de clôture (31/03/2002) 3 10 1 14
BESOINS D'IMPORTATIONS 68 48 7 123
Importations commerciales 68 48 7 123
Source : Ministère de l'agriculture et des coopératives.


Selon la mission, les besoins d'importations céréalières pour 2001/2002 s'établiront à 123 000 tonnes et devraient être entièrement couverts par voie commerciale. Le Graphique 4 indique les importations commerciales réalisées au cours des dernières années.

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Source : Ministère de l'agriculture et des coopératives.

Sur le plan macro-économique, étant donné que le lilangeni peut être directement converti en rands sud-africains, le manque de devises étrangères n'est pas un obstacle aux importations commerciales en provenance d'Afrique du Sud. Dans le passé, les importations commerciales de produits alimentaires semblent avoir suivi de près les fluctuations de la production intérieure. Au niveau des ménages, la majorité des agriculteurs devrait pouvoir faire face à la situation car la plupart tirent des revenus d'activités autres que l'agriculture et/ou bénéficient de fonds envoyés par de la famille émigrée en Afrique du Sud. Toutefois, un certain nombre de ménages pourrait avoir besoin d'une aide jusqu'à la prochaine récolte. Une enquête actuellement réalisée par l'équipe d'intervention chargée de la gestion des opérations en cas de catastrophe et par des ONG permettra d'évaluer les besoins alimentaires urgents, qui devraient être relativement peu importants.

Ce scénario semble réaliste à condition toutefois que le prix du maïs d'Afrique du Sud n'augmente pas fortement au cours de la seconde moitié de la campagne de commercialisation, du fait d'un fléchissement de la production intérieure et d'une hausse de la demande émanant des diverses régions. Dans ce cas, le nombre de ménages vulnérables risquerait de s'accroître.

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5. SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET ÉVALUATION DE LA VULNÉRABILITÉ

5.1 Risques généraux et facteurs de vulnérabilité

La mission s'inquiète de ce qu'une forte diminution de la production de maïs n'intensifie l'insécurité alimentaire des ménages les plus vulnérables dans les campagnes. La situation économique au Swaziland ne montre aucun signe sérieux de récession. Une aide conjointe de l'État et d'organisations extérieures en faveur des groupes les plus vulnérables permettrait toutefois d'éviter de graves pénuries alimentaires au cours des douze prochains mois et de renforcer l'autonomie et la sécurité alimentaire sur le long terme.

5.2 Analyse de la vulnérabilité

Étant donné qu'un nombre croissant de ménages appartiennent aux groupes socio-économiques les plus sensibles à de nouveaux chocs économiques ou à de nouvelles catastrophes naturelles, le nombre de bénéficiaires d'aide sociale devrait augmenter.

Par ailleurs, le marché du travail est actif et les salaires - dans l'agriculture commerciale, l'industrie et le secteur public - n'indiquent aucun signe d'affaissement. L'élevage, qui n'a pas souffert de la sécheresse, se porte bien. Enfin, les fonds envoyés par les émigrants permettent de garantir des revenus et de quoi se nourrir.

On ne relève actuellement aucun indice d'aggravation irréversible de la sécurité alimentaire - tant que la pénurie prévue de céréales peut être gérée. Aucune situation critique n'a été signalée jusqu'à présent, bien que les rations alimentaires de certaines personnes, confrontées à l'augmentation de la pauvreté et au VIH/SIDA, soient inférieures à la norme. La richesse du Swaziland en ressources naturelles, en capital humain et social ainsi que l'infrastructure civile et productive, et les services publics, constituent cependant des atouts majeurs et permettent de penser que le pays est capable de surmonter les difficultés.

L `équipe d'intervention chargée de la gestion des opérations en cas de catastrophe et des ONG réalisent actuellement une évaluation conjointe dans les zones touchées par la sécheresse. Les résultats de l'enquête effectuée auprès des ménages seront prochainement disponibles et il est fortement recommandé d'étudier la présente évaluation FAO/PAM en tenant compte de l'information remise par le travail commun de l'équipe d'intervention et des ONG. Des complémentarités devraient apparaître et permettre d'établir une base solide pour:

Seule une petite proportion de la population (les bénéficiaires d'aide sociale) ne devrait être en mesure de conserver des rations alimentaires conformes aux normes acceptables - il convient de rappeler qu'en général, le niveau de l'aide actuelle est considéré comme étant insuffisant par rapport aux besoins réels. Toutefois, un grand nombre de groupes sociaux pourraient être réduits à vendre leurs biens pour éviter de connaître de graves pénuries alimentaires, en particulier dans les campagnes.

5.3 Stratégies pour une éventuelle aide alimentaire

Des mécanismes de coordination, ainsi que des plates-formes d'examen collégial et de responsabilisation, sont en place, notamment le Programme pour le développement rural et la sécurité alimentaire du Swaziland de CANGO. Une plate-forme similaire existe pour aider à coordonner les initiatives dans le domaine social, en particulier au niveau du VIH/SIDA. Du côté des mesures prises par le gouvernement, l'équipe d'intervention chargée de la gestion des opérations en cas de catastrophe est en voie de se transformer en une institution permanente et une politique nationale de gestion des catastrophes sera prochainement édictée.

Il n'y a pas lieu de planifier une distribution alimentaire à grande échelle tant que:

L'évaluation en cours réalisée conjointement par l'équipe d'intervention et par des ONG permettra d'obtenir des données fiables sur les ménages qui pourraient bénéficier de la distribution d'une aide alimentaire, de semences et d'engrais.

Plusieurs ONG sont prêtes à soumettre leurs propositions à d'éventuels donateurs pour une seconde phase du "Programme pour le développement rural et la sécurité alimentaire au Swaziland", d'une durée de quatre ans. Les activités en cours, dont les soins à domicile apportés par les communautés aux orphelins et aux malades chroniques, l'alimentation complémentaire en faveur des enfants souffrant de la faim et l'aide à leur famille, sont mises en _uvre par des ONG et des églises. Ces programmes ne sont pas suffisamment financés pour le moment.

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6. RELÈVEMENT DU SECTEUR AGRICOLE: STRATÉGIE SUR LE MOYEN / LONG TERME

Outre les mesures à court terme nécessaires pour rétablir la productivité et la production, la mission estime que le pays doit également prendre des mesures sur le long terme pour remédier aux principales difficultés sous-jacentes qui portent un grave préjudice au développement agricole. Il est nécessaire de mettre en place une vaste approche participative pour accroître la productivité des exploitations et obtenir des avantages tant sur le plan économique qu'en matière de conservation des ressources. Cette approche soulignerait l'importance d'utiliser des engrais organiques, de la fumure et des cendres de manière appropriée pour enrichir les sols et augmenter leur fertilité ainsi que sur les cultures intercalaires de céréales et de légumineuses améliorées, l'agriculture écologique et les pratiques agro-forestières. L'amélioration de la composition et de la fertilité des sols permettrait aux cultures de mieux tirer profit des nutriments, augmentant ainsi la rentabilité de la production vivrière dont le pays a tant besoin. De cette manière, il serait possible d'accroître la sécurité alimentaire, d'augmenter les revenus monétaires, de diversifier le régime alimentaire et de protéger l'environnement.

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'informations le cas échéant.
Abdur Rashid
Chef, SMIAR, FAO, Rome
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Mél:
[email protected]
M. Aranda da Silva
Directeur régional, OSA, PAM, Rome
Télécopie: 0039-06-6513-2839
Mél: Manuel.
[email protected]
Les alertes spéciales et les rapports spéciaux peuvent aussi être reçus automatiquement par courrier électronique dès leur publication, en souscrivant à la liste de distribution du SMIAR. A cette fin, veuillez envoyer un courrier électronique à la liste électronique de la FAO à l'adresse suivante: [email protected] sans remplir la rubrique sujet, avec le message ci-après:

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1 Cette section s'appuie essentiellement sur les sources suivantes: rapports annuels de la Banque centrale du Swaziland, Rapport de la consultation du FMI, Article IV (July 2000) et Rapport de pays de l'EIU (janvier 2001).