SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

ALERTE SPÉCIALE1

No. 315

8 juin 2001

MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES EN AFGHANISTAN

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FAITS SAILLANTS

  • L'Afghanistan est actuellement en proie à une crise alimentaire bien plus profonde que l'an dernier, découlant de la grave sécheresse qui frappe le pays pour la troisième année consécutive et des difficultés économiques grandissantes. La situation alimentaire se dégrade rapidement et s'aggravera progressivement au cours de la campagne de commercialisation de 2001/02.
  • Les signes annonciateurs d'une famine généralisée dans le pays se multiplient, avec une réduction considérable des apports alimentaires, l'effondrement du pouvoir d'achat de la population, les ventes à bas prix du bétail, l'appauvrissement généralisé des avoirs personnels, l'envolée des prix des céréales vivrières, l'accroissement rapide du nombre d'indigents, et l'augmentation constante du nombre des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur du pays.
  • La production céréalière amoindrie par la sécheresse de 2001 étant estimée à environ 2 millions de tonnes, les besoins d'importation de céréales s'élèveront à quelque 2,2 millions de tonnes, un volume proche du niveau sans précédent de l'an dernier. Même si l'aide alimentaire atteint le volume attendu (386 000 tonnes) et si les importations céréalières suivent comme prévu un scénario à hypothèse basse (760 000 tonnes), il faudra combler un déficit céréalier important, dépassant le million de tonnes. Considérant l'importance et l'ampleur de la crise alimentaire que traverse l'Afghanistan, la mission souligne l'extrême urgence d'une réponse internationale pour couvrir ce profond déficit et éviter ainsi une catastrophe imminente.
  • Trois années de sécheresse consécutives ont porté un coup terrible à l'élevage en Afghanistan, avec une décimation progressive du cheptel qui a des répercussions catastrophiques pour la subsistance des nomades Kuchi et des effets néfastes au niveau des éleveurs sédentaires. Des mesures d'ordre vétérinaire et alimentaire adéquates doivent être prises pour préserver le cheptel résiduel et assurer la survie des animaux reproducteurs pour pouvoir reconstituer les troupeaux.
  • Près de la moitié des zones "irriguées" sont devenues inexploitables par suite du délabrement des systèmes d'irrigation. Une aide substantielle est nécessaire pour remettre en état l'infrastructure d'irrigation hors d'usage et pour améliorer et étendre la fourniture de semences de qualité afin de redresser le secteur agricole.
  • Avec l'abandon de la culture du pavot en 2001, le monde se débarrasse cette année de 3 000 à 4 000 tonnes d'opium et dérivés. Cette évolution tout à fait heureuse coïncide toutefois avec une aggravation des difficultés financières qui limitent la possibilité pour les cultivateurs de pavot et les ouvriers agricoles de trouver d'autres sources de revenus, ou celle de l'adoption de mesures de soutien de la part des autorités. Le peuple afghan ne pourra en supporter les incidences économiques désastreuses que s'il reçoit un soutien immédiat et adéquat de la part de la communauté internationale.

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1. VUE D'ENSEMBLE

Après avoir enregistré une grave sécheresse dans certaines régions en 1999, puis dans l'ensemble du pays en 2000, l'Afghanistan en a été de nouveau victime d'une manière généralisée en 2001. Les précipitations et les chutes de neige ont été extrêmement faibles cette année sur tout le territoire, causant un échec quasi total des cultures pluviales et une réduction sensible de celles sous irrigation. La profonde crise alimentaire à laquelle la population a dû faire face en 2000/01 a pris à nouveau une mauvaise tournure en 2001 à l'annonce d'une très mauvaise récolte et d'un affaiblissement constant du pouvoir d'achat d'un nombre croissant de personnes. C'est dans un tel contexte qu'une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires, appuyée par le PNUD, s'est rendue en Afghanistan de fin avril à fin mai afin d'analyser le résultat des récoltes et les perspectives concernant les disponibilités alimentaires, et pour estimer la récolte céréalière de 2001 et les besoins d'importation de céréales, y compris au titre de l'aide alimentaire, pour la campagne de commercialisation de 2001/02.

La mission s'est rendue dans 18 provinces dans différentes régions du pays. À l'appui des travaux de la mission, la FAO et le PAM ont envoyé sur le terrain des équipes d'enquêteurs composées d'agronomes locaux et chargées de recueillir des informations détaillées concernant la situation de la production agricole et animale. Ces équipes ont effectué plusieurs enquêtes par sondage dans 28 des 31 provinces du pays. La mission a également eu des entretiens avec les institutions du système des Nations Unies, les donateurs multilatéraux et bilatéraux, les autorités afghanes et de nombreuses ONG. Les rapports et les documents pertinents disponibles ont été examinés, de même que les images du satellite SPOT-4. Les estimations concernant les superficies et le rendement des diverses cultures dans les différentes régions reposaient sur les visites de terrain au cours desquelles les membres de la mission ont rencontré les agriculteurs et effectué des coupes-témoins lorsque cela a été possible, sur les données fournies par les équipes d'enquêteurs et sur des entretiens avec les agents des Nations Unies et des ONG bien informés sur des régions et zones particulières.

Au cours de ses longues visites sur le terrain, la mission a noté que la récolte des cultures non irriguées (blé et orge) avait été presque totalement nulle, à l'exception de quelques poches dans certaines régions. Selon les estimations, la production de blé non irrigué de 2001 devrait être inférieure d'environ 40 pour cent à la récolte déjà extrêmement réduite de l'année précédente. La production céréalière irriguée de 2001 a été, comme celle de la campagne 2000, gravement affectée par la sécheresse. Toutefois, grâce à un léger renforcement des pluies dans certaines régions et au transfert aux cultures de blé des terres et de l'eau d'irrigation consacrées auparavant au pavot, on estime que la production de blé irrigué de 2001 sera supérieure de quelque 14 pour cent à celle de la campagne 2000, tout en restant encore inférieure d'environ 25 pour cent à celle de 1999. La production de céréales secondaires (riz, maïs, orge) devrait être en hausse de quelque 24 pour cent par rapport à la récolte extrêmement réduite de l'an dernier, restant néanmoins inférieure de quelque 42 pour cent au volume engrangé en 1999. La mission évalue donc la production céréalière totale de 2001 à 2,03 millions de tonnes - soit environ 12 pour cent de plus qu'en 2000, mais avec un recul de 37 pour cent par rapport au résultat de 1999. De ce fait, les besoins d'importations céréalières pendant la campagne de commercialisation 2001/02 (juillet/juin) devraient atteindre 2,2 millions de tonnes, avec un léger fléchissement par rapport au niveau record de 2,3 millions de tonnes de la campagne précédente, mais aussi près du double du volume de 1,1 million de tonnes de 1999.

En raison du manque à gagner que représente l'abandon cette année de la culture du pavot pour les autorités talibanes, et du fait de l'aggravation des difficultés économiques qui affectent à la fois négociants et consommateurs, la capacité d'importation commerciale de l'Afghanistan s'est encore affaiblie cette année par rapport à l'an dernier. Néanmoins, selon une estimation généreuse, les importations de céréales par les voies commerciales pourraient s'élever cette année à quelque 760 000 tonnes, soit environ 20 pour cent de moins que l'estimation relative à la campagne précédente, ce qui laisse un déficit de 1,4 million de tonnes. Le PAM évaluant les besoins d'aide alimentaire d'urgence à 386 000 tonnes, le déficit résiduel à combler dépasse donc le million de tonnes. S'il n'était pas couvert, un déficit d'une telle ampleur auquel s'ajoute une grave détérioration du pouvoir d'achat de la population, pourrait avoir des répercussions désastreuses.

Des millions d'Afghans - sédentaires, nomades et transhumants2 - n'ont pas accès ou n'ont qu'un accès limité aux denrées alimentaires disponibles sur le marché, de par leur pouvoir d'achat affaibli, tandis que l'approvisionnement alimentaire qu'ils tirent de leur propre production vivrière a été gravement compromis par la sécheresse et par la détérioration de l'infrastructure d'irrigation et de la capacité des agriculteurs de se procurer les intrants nécessaires. Leur pouvoir d'achat a été fortement affaibli par l'insuffisance des possibilités d'emploi dans le secteur agricole et non agricole, par l'abandon de la culture du pavot et le fléchissement de la production de cultures de rente telles que les oignons, les pommes de terre, les amandes, les abricots, et ainsi que par la diminution du cheptel et la chute des prix du bétail. Un autre des facteurs qui poussent les ruraux pauvres dans le cercle vicieux de l'appauvrissement, est l'endettement rural. Les prêts ruraux obtenus des quelques personnes qui disposent encore de ressources sont assortis de taux d'intérêt très élevés. La mission a pu observer dans certains cas des taux d'intérêt de 50 pour cent sur deux mois. Le remboursement du principal et des intérêts appauvrit d'année en année les emprunteurs, qui finissent par tomber dans la misère.

La situation générale est particulièrement grave et la famine menace des millions d'Afghans dont la plupart ont désormais épuisé leurs mécanismes de parade face à la crise, de sorte que leur seule possibilité est d'abandonner leur domicile pour aller gonfler les rangs des PDI ou des réfugiés. Cette situation alarmante est destinée à s'aggraver progressivement au cours de la campagne de commercialisation 2001/02. La mission a trouvé des signes de plus en plus nombreux de la prévalence d'un grand nombre d'indicateurs de pré-famine tels que la réduction considérable des apports alimentaires, l'effondrement du pouvoir d'achat de la population, la décimation du bétail, l'appauvrissement généralisé des avoirs personnels, l'envolée des prix des céréales vivrières, l'accroissement rapide du nombre d'indigents, et l'augmentation constante des PDI et des réfugiés. L'enjeu de "sauver des vies humaines" en Afghanistan se fera sentir cette année de façon encore plus cruciale que l'an dernier. En Afghanistan, les pluies démarrent habituellement en octobre/novembre. Même si les précipitations devaient s'améliorer au cours de la prochaine campagne, les récoltes de blé ne seront pas disponibles avant mai/juin 2002.

Il faut souligner que l'abandon de la culture du pavot en 2001, imposé par les autorités talibanes, a constitué un grave préjudice économique pour les cultivateurs, les travailleurs agricoles et les négociants, et a fait chuter les recettes fiscales que les autorités talibanes tiraient de cette production. Si ces populations ne sont pas aidées à accéder à la nourriture et à trouver de nouveaux débouchés économiques viables, de plus en plus rares, elles pourraient être forcées de reprendre la culture du pavot. C'est avant tout à la communauté internationale qu'il revient de faire en sorte qu'un renversement de cette évolution tout à fait positive puisse être évité.

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2. LE CADRE SOCIO-ÉCONOMIQUE 3

L'Afghanistan est un pays enclavé de 652 000 km2. Il occupe une position stratégique entre les plaines d'Asie centrale et les montagnes des pays de la CEI (Turkménistan, Ouzbékistan, Tadjikistan) au nord, la Chine au nord-est, le Pakistan à l'est et au sud, et la République islamique d'Iran à l'ouest. Les terres arables ne couvrent que 12 pour cent de la superficie totale du pays, le couvert forestier représentant 3 pour cent, les pâturages permanents 46 pour cent environ, le reste du territoire (39 pour cent) étant constitué de montagnes.

Toutefois, en l'absence d'un cadre macro-économique, l'économie nationale est pratiquement dépourvue de toute orientation. Les opérations budgétaires sont inexistantes et aucune banque n'est en service dans le pays. Des cambistes autorisés offrent cependant un certain nombre de services financiers. Le taux de change a considérablement fléchi. Il existe une double monnaie - dont l'une a cours dans le nord et le nord-est et l'autre dans le reste du pays. Dans le premier cas, le taux de change est passé d'environ 16 000 Afs pour 1 dollar E.-U. en 1996 à quelque 150 000 Afs pour 1 dollar E.-U. en mai 2001, l'autre de 15 000 Afs environ pour 1 dollar E.-U. en 1996 à quelque 78 000 Afs pour 1 dollar E.-U. en mai 2001 (voir graphique 1). Le commerce interne est opérationnel dans l'ensemble du pays et les échanges transfrontaliers avec les pays voisins restent animés.

Note: Depuis 1996 deux taux de change différents sont utilisés dans le pays - l'un dans le nord/nord-est et l'autre dans le reste du pays (voir le texte).

Près de deux décennies de troubles civils ont quasiment anéanti les secteurs de l'industrie et de l'exportation, dont l'importance et l'impact demeurent marginaux. Les systèmes de transport et de communication sont extrêmement précaires. L'infrastructure agricole, elle aussi gravement endommagée pendant le conflit, a continué à se dégrader du fait de l'absence de programmes de remise en état.

L'agriculture est la colonne vertébrale de l'économie afghane. Elle est la principale source de production intérieure et d'emplois. En effet, près de 85 pour cent de la population du pays, estimée à 22,23 millions d'habitants4, dépend directement de ce secteur. Toutefois, après avoir enregistré un redressement appréciable en 1998 grâce à une paix relative dans la plus grande partie du pays, l'agriculture a été fortement touchée par trois années de sécheresse, à partir de 1999. Si cette année là la sécheresse avait frappé certaines régions du pays, c'est la totalité du territoire qui en a été victime en 2000 et l'année suivante.

Près de la moitié des superficies cultivables sont irriguées, l'autre moitié étant constituée de terres arides ou pluviales. Toutefois, du fait de la destruction ou de la détérioration du système d'irrigation, la superficie véritablement irriguée est aujourd'hui nettement inférieure.

Le blé est la principale culture vivrière et représente les trois quarts environ de la production de céréales vivrières. D'autres cultures vivrières importantes sont le riz, le maïs et l'orge. Les pommes de terre et diverses cultures fruitières sont également produites, à la fois pour la consommation domestique et comme cultures de rente. Les fruits séchés (notamment les amandes et les abricots) d'Afghanistan qui représentaient 60 pour cent du marché mondial en 1982, ne comptaient plus que pour 16 pour cent environ en 1990; cette part de marché est bien inférieure aujourd'hui, mais ces produits demeurent une importante source de devises.

Dans les années 90, au moment où les troubles civils étaient les plus intenses, on estimait que 30 pour cent de la population avait quitté le pays ou s'était déplacée à l'intérieur des frontières. Avec le rétablissement de la paix sur la plus grande partie du territoire, la plupart des réfugiés recensés en 1999 devaient regagner le pays en 2000. Or, la sécheresse enregistrée cette année là et ses graves répercussions sur l'agriculture et les conditions de vie en général, ont fortement ralenti ce processus. De plus, victimes de privations insupportables, un grand nombre de personnes ont quitté le pays en 2000; et il est probable que bien d'autres se joindront à elles cette année. Le flux des personnes déplacées à l'intérieur du pays s'est intensifié, en raison de la détérioration des conditions économiques déjà précaires dans plusieurs régions.

La communauté internationale est encore active en Afghanistan, où elle cherche à assurer un rétablissement durable de la paix, et où elle intervient par des activités de secours, de remise en état et de développement (de l'agriculture notamment). La FAO, le PAM, l'UNOPS et le PNUCID ont ainsi réalisé plusieurs projets dans le secteur agricole; de son côté, le HCR fournit une assistance aux rapatriés; tandis que le PAM a apporté un secours d'urgence aux populations nécessitant une aide alimentaire urgente. Toutefois, les besoins en matière de redressement et de développement sont tels que l'aide fournie n'en couvre qu'une petite partie. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies prépare pour juin 2001 un rapport sur les conséquences humanitaires des sanctions imposées en Afghanistan, qui devrait révéler l'ampleur de leur impact négatif sur le pays.

Retombées économiques de l'abandon de la culture du pavot

Il est tout à fait remarquable que la culture du pavot ait été abandonnée par la quasi-totalité des cultivateurs afghans concernés, sur ordre des autorités talibanes. Au cours de ses nombreuses visites sur le terrain, la mission a constaté l'absence de toute production d'opium en 2001 en Afghanistan. Cette initiative supprime ainsi la source d'opium qui assurait la plus grande partie du ravitaillement en héroïne de l'Europe. Il s'agit bien entendu d'un événement particulièrement positif. Le PNUCID dont le principal objectif est de renforcer l'action internationale contre la production illégale de drogues, a _uvré en Afghanistan pour réduire, voire éliminer les cultures d'opiacés existantes et potentielles dans le pays. Puis, soudainement et contre toute espérance, cette élimination s'est produite.

D'un autre côté, l'abandon des cultures de pavot est lourd de conséquences pour l'économie afghane. Certains groupes d'intérêt ont été durement touchés. Ce sont les cultivateurs de pavot, les travailleurs agricoles recrutés le temps des opérations de récolte, et les autorités talibanes qui prélevaient une taxe de 10 pour cent sur le pavot. La récolte du pavot doit être effectuée en une courte période de temps, et constitue un processus à forte intensité de main-d'_uvre. Des travailleurs sont donc généralement recrutés à cet effet et payés en nature - recevant une partie de la récolte, d'ordinaire 25 pour cent. On estime que sans l'interdiction, 80 000 hectares auraient été consacrés au pavot cette année, pour une production de 45 kg d'opium par hectare, soit au total 3 600 tonnes d'opium (voir la section 3.5 plus loin).

La récolte d'un hectare de pavot nécessite généralement l'intervention de 15 travailleurs engagés pour 15 jours, c'est-à-dire que chaque hectare produit 7,5 mois-hommes de travail. Les emplois perdus à la suite de l'abandon de la culture du pavot en 2001 représentent ainsi au total 600 000 mois-hommes. Chaque travailleur effectue habituellement deux à trois tours de 15 jours de récolte au cours de la campagne, passant de parcelle en parcelle, ou d'exploitation en exploitation. En supposant qu'un travailleur effectue en moyenne 2,5 tours de 15 jours, soit 37,5 jours durant la campagne, on peut ainsi évaluer à 480 000 personnes au total le nombre de ceux qui prennent part aux opérations de récolte (à raison de 15 travailleurs par 80 000 hectares / 2,5 tours). Cette perte de revenu a des répercussions négatives sur les moyens de subsistance de 2,8 millions de personnes (sur la base d'une famille moyenne de six personnes, avec un travailleur agricole par famille). De plus, en considérant une superficie d'un hectare en moyenne par exploitation, le nombre des familles agricoles ainsi touchées est de 80 000, pour une population totale de 480 000 personnes.

L'enquête réalisée en 2000 par le PNUCID indique pour l'opium un prix moyen à la production de 30 dollars E.-U. le kilo l'an dernier, nettement inférieur à celui de l'année précédente. En supposant la prévalence cette année du prix moyen de l'an dernier, chaque travailleur aurait donc gagné en moyenne 56,25 dollars E.-U.5 pendant la campagne, soit 1,5 dollar E.-U. ou 117 000 afghanis par jour. Dans les régions concernées du pays le taux de rémunération moyen est inférieur de moitié - si tant est qu'il y ait du travail. Or, il est très difficile de se procurer un emploi cette année, de sorte que comme la mission a pu le constater la plupart des anciens travailleurs du pavot n'ont trouvé aucun autre débouché.

Pour les autorités talibanes, la perte de revenu, aux prix moyens à la production, s'élèverait à environ 11 millions de dollars E.-U.6 - mais comme celles-ci pouvaient obtenir des prix bien plus élevés auprès des négociants, la perte réelle est beaucoup plus importante. Les autres perdants sont notamment tous ceux qui auraient pris part au commerce et au transport de l'opium. Les fortes répercussions économiques de l'abandon de la culture du pavot pour ces différents groupes ont bien entendu retenti sur l'économie déjà précaire du pays, qui a marqué un ralentissement sensible.

La question qui se pose est de savoir si, et pendant combien de temps, cette interdiction pourra être maintenue. Beaucoup dépend de la réponse de la communauté internationale face aux conséquences économiques négatives subies par les cultivateurs, les travailleurs agricoles, les autorités talibanes et l'économie en général. Une aide doit leur être fournie sans attendre, pour favoriser le redressement et créer de nouvelles possibilités de revenu. L'occasion doit être saisie et il faudra empêcher un éventuel revirement par des interventions positives et adéquates d'urgence.

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3. PRODUCTION VIVRIÈRE EN 2000/2001

3.1 Précipitations

Cette année, la plupart des stations pluviométriques ont enregistré une légère amélioration des précipitations par rapport au très faible niveau de la campagne agricole 1999/2000, bien que les pluies soient restées partout nettement inférieures à la moyenne sur longue période. Après un bon démarrage et un niveau adéquat jusqu'à la fin décembre, les pluies se sont ensuite brusquement affaiblies, puis ont cessé dans la plupart des régions. Cela a causé un échec quasi total des cultures de blé pluvial, tandis que le rendement en blé irrigué a été faible. Le graphique 2 établit une comparaison entre les données relatives à 2000/2001, celles de la campagne précédente et les précipitations moyennes sur longue période dans quatre localités représentatives situées dans l'est, le sud, l'ouest et le nord de l'Afghanistan.

En 2000/01, les précipitations ont été supérieures de 18 à 58 pour cent à celles de 1999/2000, arrivant à quadrupler à Ghazni, mais n'ont représenté que 37 à 58 pour cent de la moyenne sur longue période. La station météorologique de Mazar-e-Charif a même enregistré des pluies inférieures de 27 pour cent à celles de l'année précédente. Dans les provinces du sud, durement frappées par la sécheresse l'an dernier, les précipitations ont été plus abondantes en début d'automne pour fléchir ensuite brusquement en janvier. À Kandahar, les pluies sont restées en dessous de la moyenne sur longue période et ont été particulièrement mal réparties.

Les pluies de printemps n'ont pas été suffisamment abondantes pour les cultures, de sorte que dans la quasi-totalité du pays les céréales pluviales d'hiver n'ont pas eu une humidité suffisante au moment crucial de la croissance des plantes. De plus, à cause du manque d'eau et d'humidité dans le sol, les semis de printemps n'ont pas levé. Les pluies bénéfiques tombées durant l'automne et l'hiver dans certaines plaines d'altitude des provinces de l'ouest et du sud-est, ont permis une production pluviale limitée dans ces zones.

La hauteur totale des précipitations moyennes sur longue période dans les principales régions productrices de l'Afghanistan est de 152 mm à Djalalabad, 190 mm à Mazar, 211 mm à Harat, 280 mm à Baghlan et 448 mm à Khost. Les valeurs relatives à l'évapotranspiration dans ces mêmes stations se situent toutes entre 1120 et 1650 mm. La répartition annuelle des précipitations révèle un pays essentiellement aride et ne permet qu'une production pluviale limitée pendant une année moyenne. L'essentiel de la production vivrière (céréalière) n'est donc pas tributaire des pluies; elle est fonction de l'eau d'irrigation qui dépend à son tour de la fonte des neiges qui alimentent le réseau fluvial. La neige fournit également au sol l'humidité nécessaire dans les zones non irriguées. Cette année, les chutes de neige ont été plus abondantes que l'an passé, tout en restant inférieures à la moyenne, dans les hauteurs de l'Hindu Kouch; toutefois, elles ont été très faibles dans toutes les zones de montagne y compris la région occidentale du Koh-i-Paghman. Cela a permis une meilleure alimentation du réseau fluvial oriental et des systèmes d'irrigation qui y sont rattachés, mais a laissé pratiquement à sec la quasi-totalité du bassin versant occidental du pays.

Cette année, l'hiver a été le plus doux jamais enregistré, avec des températures minimum oscillant entre deux et dix degrés Celsius, bien supérieures à celles déjà élevées de l'an dernier. Cela a causé une fois encore une accélération de la fonte des neiges dans les hauteurs de l'Hindu Kouch, qui a grossi le débit du réseau fluvial dans le bassin versant oriental à la fin avril. L'accroissement des disponibilités en eau d'irrigation a été bénéfique dans une certaine mesure aux cultures de blé qui se trouvaient au stade du remplissage des grains, avec une amélioration des rendements dans les provinces de l'est et du sud.

Graphique 2: Les précipitations dans les différentes régions de l'Afghanistan - Campagne agricole 2000/01

3.2 Superficies cultivées

La superficie semée en céréales aurait diminué de 13 pour cent par rapport à la campagne 2000. Ce fléchissement concerne principalement les semis de blé pluvial - aussi bien d'automne que de printemps - qui ont reculé de 26 pour cent. On prévoit également une diminution de 18 pour cent des cultures de céréales secondaires (orge d'hiver et de printemps, maïs et riz de printemps et d'été). La superficie consacrée au blé irrigué n'a fléchi que de quelque 3 pour cent. Les raisons des résultats de cette année diffèrent d'une région à l'autre.

Blé pluvial

La superficie consacrée au blé pluvial a diminué. Ce fléchissement n'a pas été particulièrement marqué dans les provinces de l'est (Nangarhar, Loghman, Kunar), du sud (Pkatia, Paktika, Khost et Ghazni) et du centre (Kaboul, Parwan, Kapisa, Logar et Wardak), qui toutefois ne sont pas considérées comme de grandes productrices de blé pluvial, n'ayant contribué conjointement qu'à hauteur de moins de 8 pour cent à la production totale de blé non irrigué en 1998, la dernière bonne campagne agricole. Cette année, ces provinces ont réussi à maintenir la superficie cultivée aux niveaux réduits de l'an dernier.

Les semis de blé pluvial ont surtout fléchi dans les provinces de l'ouest et du nord-est. À l'ouest (Harat, Badghis, Ghor), le blé non irrigué est semé entre novembre et janvier, ainsi qu'au printemps. Dans ces régions, les précipitations insuffisantes, ajoutées à de graves pénuries de semences (dues au mauvais résultat des récoltes de blé pluvial de l'an passé) et de machines agricoles, ont entraîné une contraction d'environ 40 pour cent de la superficie totale cultivée. Dans le nord-est, les pénuries de machines agricoles et le manque de semences adéquates ont encore aggravé la situation des cultivateurs, rendue déjà difficile par les problèmes de sécurité. Dans d'autres régions du pays, encouragés par le bon démarrage apparent de la saison des pluies, les agriculteurs se sont efforcés de semer le plus possible. Dans bien des cas, ces efforts et le coût des intrants n'ont pas été compensés et l'échec des récoltes pluviales a été total.

Blé irrigué

Aucune variation dans la superficie consacrée au blé irrigué, par rapport à l'an dernier, n'est signalée dans les provinces du sud. Dans les provinces centrales, comme à Kaboul, Logar et Wardak, les semis de blé irrigué sont restés stables ou ont légèrement diminué (de près de 3 pour cent globalement). La seule exception est enregistrée à Bamiyan et dans la province plus occidentale de Ghor, où les semis ont fortement fléchi (-42 pour cent) à cause du manque d'eau d'irrigation et des problèmes de sécurité. Dans les provinces de l'est (Nangarhar, Kunar, Loghman) les cultures de blé irrigué ont progressé d'environ 17 pour cent par rapport à l'an dernier, à la suite principalement de la substitution du pavot par le blé. De la même façon, dans les provinces du sud-ouest (Kandahar, Helmand, Zabul, Nimroz et Uruzgan), la réduction possible de la superficie consacrée au blé irrigué dans certaines provinces a été largement compensée par la mise en culture des champs précédemment consacrés au pavot. Une légère contraction des semis de blé irrigué est signalée dans les provinces de l'ouest (Harat, Farah, Badghis) et dans certaines provinces du nord, mais des fléchissements plus importants ont été enregistrés dans le nord-est. Dans l'est et dans le nord, la cause première de ce recul est une grave pénurie d'eau d'irrigation, alors que dans le nord-est il semble que les problèmes de sécurité des cultivateurs dans la plupart des zones de première ligne en soient la raison principale.

Des facteurs structurels expliquent aussi la réduction des semis de blé irrigué. Par rapport à 1998, par exemple, la superficie consacrée au blé irrigué a diminué d'environ 6 pour cent à cause de la dégradation des ouvrages d'irrigation. En effet, le système d'irrigation de l'Afghanistan s'est détérioré, allant même jusqu'à devenir inutilisable, par manque d'entretien et de réparation.

Autres céréales

Les pénuries d'eau ont à nouveau causé cette année une brusque contraction des semis d'orge (de 30 pour cent par rapport à l'an dernier et de 57 pour cent par rapport à 1998). La superficie consacrée au maïs devrait diminuer de 17 pour cent et l'on estime que les cultures de paddy fléchiront de 7 pour cent par rapport à l'année passée. Les semis de riz devraient rester stationnaires, malgré le conseil donné par les autorités talibanes de "ne pas semer" (que certains ont considéré comme un ordre), face à des prévisions indiquant le prolongement des graves pénuries d'eau et même une aggravation de la situation en cours de campagne.

Les détails de l'estimation de la mission concernant la superficie consacrée aux céréales en 2001 figurent au tableau 1.

Tableau 1 - Afghanistan: Superficie des cultures céréalières par région, 2001-1998

Région
2001
2000
1999
1998
Superficie
(en milliers d'ha)
Superficie % 2001/2000
Superficie
(en milliers d'ha)
Superficie
(en milliers d'ha)
Superficie
(en milliers d'ha)
Blé irrigué
         
Centre
75
97
77
70
69
Nord-Est
173
92
188
200
200
Est
77
117
66
72
75
Sud
95
100
95
92
95
Sud-Ouest
280
102
274
260
270
Ouest
174
99
176
184
190
Nord
254
96
265
274
280
Est-Centre
28
58
48
44
55
Total
1 156
97
1 189
1 196
1 234
Blé pluvial
         
Centre
3
100
3
5
20
Nord-Est
156
62
250
260
260
Est
4
100
4
5
10
Sud
8
100
8
10
42
Sud-Ouest
50
91
55
66
90
Ouest
142
65
220
220
230
Nord
245
94
260
225
250
Est-Centre
15
38
40
40
50
Total
623
74
840
831
952
Total blé irrigué
et pluvial
1 779
88
2 029
2 027
2 186
Cultures secondaires
         
Riz
121
93
130
140
180
Maïs
80
83
96
160
200
Orge
87
70
124
180
200
Total
288
82
350
480
580
TOTAL CÉRÉALES
2 067
87
2 379
2 507
2 766

3.3 Moyens de production et intrants

Semences

La pénurie de semences dans les zones non irriguées victimes de la sécheresse pour la troisième année consécutive, mais aussi celle de semences améliorées de qualité dans les régions irriguées, est considérée comme l'une des principales entraves à la production de blé. Les cultivateurs afghans appliquent pour le blé une densité de semis de 110 à 175 kg par hectare en culture irriguée, et de 80 à 100 kg par hectare en culture pluviale. L'utilisation totale de semences s'élève chaque année à environ 175 000 tonnes et 100 000 tonnes de semences de blé irrigué et pluvial, respectivement. Concernant les semences de variétés améliorées et sur la base d'un renouvellement du matériel tous les 4 ans, les besoins annuels s'établiraient à quelque 70 000 tonnes.

Malgré la sécheresse de l'an dernier, le programme de sécurité alimentaire par le biais d'une production végétale durable, mis en _uvre par la FAO en partenariat avec plusieurs ONG locales et internationales, a réussi cette année à fournir aux agriculteurs environ 5 700 tonnes de semences de blé de qualité certifiée. Il a également livré 950 tonnes de semences de cultures d'été - riz, maïs et légumineuses principalement. La FAO n'a toutefois pu couvrir que 7 à 8 pour cent des besoins dans le cadre de ces programmes.

La mission avait manifesté l'an dernier son inquiétude concernant la disponibilité de semences de blé pluvial pour la campagne 2000/01. La forte contraction des superficies consacrées au blé pluvial, enregistrée cette année, pourrait en effet être attribuée dans une large mesure à des disponibilités réduites de semences. La mission s'inquiète à nouveau au sujet de la prochaine campagne, estimant que la situation des semences s'est aggravée par rapport à l'an dernier à la suite de l'échec des récoltes pluviales. Si les agriculteurs ne reçoivent pas une aide en semences, il est probable que la superficie des cultures pluviales fléchira encore (réduisant ainsi pratiquement à néant la production de blé pluvial, indépendamment des conditions météorologiques) avec de graves conséquences pour la subsistance des populations de ces régions. La mission recommande que la communauté internationale renforce et élargisse le programme de sécurité alimentaire par le biais d'une production végétale durable mis en _uvre par la FAO.

Engrais et pesticides

L'essentiel des besoins en engrais du pays (les besoins en azote sont estimés à quelque 500 000 tonnes d'équivalent urée) sont couverts par des importations, principalement du Pakistan, de la République islamique d'Iran et du Turkménistan. L'usine d'engrais de Mazar-e-Charif a une capacité de production annuelle de 105 000 tonnes d'urée produite à partir du gaz naturel. Selon les indications, elle tourne actuellement à 70 pour cent de sa capacité.

On signale une disponibilité satisfaisante d'engrais sur tous les marchés (urée, DAP, SSP/TSP sont les engrais minéraux les plus utilisés). D'ordinaire, la dose d'azote qui est appliquée aux cultures de blé convenablement irriguées est proche des niveaux recommandés: 100 kg/hectare. La sécheresse qui sévit depuis 1999 a fait fléchir la demande d'engrais.

Cette année, la consommation d'engrais a continué à diminuer de manière notable dans bien des régions. L'endettement des agriculteurs appauvris a contribué à réduire encore davantage leur capacité d'utilisation d'engrais déjà limitée. Cela est particulièrement vrai dans certaines des zones précédemment consacrées au pavot, où en raison de leur pouvoir d'achat amoindri, les cultivateurs n'ont compté cette année que sur la fertilité résiduelle des sols. Le pouvoir d'achat des agriculteurs devrait s'affaiblir encore l'an prochain, même si les conditions météorologiques s'améliorent, car leur capacité d'appliquer des engrais sera fortement réduite. Il est donc probable qu'en termes de fertilité du sol, la tendance négative qui vient de s'amorcer se poursuivra, tandis que l'épuisement des substances nutritives deviendra manifeste.

Machines agricoles

L'enquête sur l'agriculture conduite en Afghanistan par le Comité suédois en 1989 a constaté un accroissement considérable dans l'utilisation de tracteurs pendant la guerre. Alors qu'avant le conflit plus de 90 pour cent des agriculteurs utilisaient leurs propres animaux de trait pour le labour, en 1987 ils n'étaient plus que 43 pour cent à le faire parmi les cultivateurs encore recensés dans le pays. Ces derniers temps, dans les zones irriguées, les travaux de préparation du sol sont effectués le plus souvent à l'aide de tracteurs pris en location. Les agriculteurs font souvent appel à leurs animaux de trait, qui restent la principale source d'énergie dans les régions pluviales, pour compléter les opérations mécaniques. Toutefois, la disponibilité limitée de ces machines dans le pays et la concentration de la demande pendant la période précédant les semis de blé, ont causé au fil des années une accélération excessive de ces opérations et contribué à un travail insuffisant du sol. L'outil le plus utilisé est un cultivateur à neuf dents rigides qui travaille peu en profondeur et ne permet pas d'améliorer efficacement la capacité de rétention d'eau du sol, ni de détruire le matériel de multiplication des plantes adventices.

Cette année, il a été signalé d'une part que la détérioration des conditions économiques des agriculteurs a limité leur capacité de prendre des tracteurs en location, et d'autre part que les cultivateurs démunis, notamment dans les zones pluviales, ont dû vendre leurs animaux de trait pour faire face à une deuxième mauvaise récolte consécutive, insuffisante pour satisfaire leurs besoins alimentaires.

Irrigation

D'après l'Atlas du couvert végétal de la FAO pour l'Afghanistan et les données AQUASTAT, les terres équipées de systèmes d'irrigation couvrent quelque 2,5 millions d'hectares. On estime que 30 pour cent du réseau d'irrigation total a été directement affecté par la guerre. À cela on peut ajouter, à raison de 15 à 20 pour cent du total selon les estimations, les infrastructures qui, par abandon, négligence et manque d'entretien, sont actuellement inutilisables à des fins agricoles. De ce fait, la superficie effectivement irriguée oscille entre 1,2 et 1,3 million d'hectares et diminue chaque année. Les réseaux de canaux acheminent 80 à 85 pour cent environ de l'eau d'irrigation, tandis que les 15-20 pour cent restant proviennent des karezes traditionnels, des sources et des puits. Dans l'ensemble, les terres irriguées selon le système des karezes sont celles qui ont le plus souffert et on estime que 60 à 70 pour cent d'entre elles ne sont pas utilisées. Les systèmes d'irrigation par canaux nécessitent une remise en état massive. Même si la prochaine campagne agricole bénéficie de précipitations favorables et d'un approvisionnement en eau adéquat, les terres irriguées actuellement disponibles et les cultures pluviales (qui couvrent selon les estimations entre 0,9 et 1,0 million d'hectares, c'est-à-dire la moitié du potentiel, du fait des problèmes de sécurité et de la situation économique des agriculteurs) ne produiront pas suffisamment pour satisfaire les besoins alimentaires de la population.

Les puits prennent de plus en plus d'importance en tant que source d'eau d'irrigation, notamment dans les provinces du sud-ouest du pays. On signale depuis quelques années un abaissement d'un à 3 mètres par an du niveau des nappes phréatiques dans certaines zones équipées de puits tubulaires. Cela dit, l'eau souterraine étant encore faiblement exploitée dans l'ensemble du pays, il ne devrait pas y avoir de véritable risque que cet affaiblissement prenne trop d'importance. Toutefois, au vu de l'utilisation croissante des nappes souterraines dans certaines provinces et de l'alimentation insuffisante observée ces dernières années, on recommande pour l'avenir une exploitation prudente de l'eau souterraine. Un inventaire à jour des ressources en eau du pays doit être dressé et une planification s'impose pour leur utilisation durable.

Les efforts déployés par la communauté internationale par le biais de l'UNOPS pour restaurer l'infrastructure, ont permis de remettre environ 50 000 hectares sous irrigation. Il reste encore beaucoup à faire non seulement au niveau des infrastructures d'irrigation par canaux, mais aussi pour nettoyer les karezes et les débarrasser des pierres et des sédiments qui s'y sont déposés avec le temps, puisque dans les zones éloignées de cours d'eau ils constituent la seule source d'eau d'irrigation. Malheureusement, les activités de l'UNOPS ralentissent par manque de fonds. Les travaux de remise en état identifiés, notamment la construction d'ouvrages de prise, le remodelage des canaux et la réalisation d'ouvrages de décantage collectifs, qui permettraient de remettre sous irrigation quelque 100 000 hectares, rien que dans les provinces du sud-ouest, et favoriseraient le retour des réfugiés et des personnes déplacées dans le pays, restent dans l'attente d'un soutien financier de la part de la communauté internationale. Par ailleurs, plusieurs sites ont été localisés pour la construction de barrages submersibles dans les bassins versants, qui permettraient et amélioreraient la réalimentation des karezes et des puits. Des programmes de développement ont été convenus avec les collectivités, notamment l'établissement de fonds de roulement (Baital Mal) visant à promouvoir des activités génératrices de revenus. Ces initiatives ont été intégrées dans le programme PEACE d'éradication de la pauvreté et de responsabilisation des communautés. Toutefois, le financement de la nouvelle phase de ce programme est insuffisant - les contributions reçues à ce jour représentant à peine un quart de celles qui avaient été recueillies pour la phase précédente.

3.4 Rendements et production de céréales

Blé : Cette année, la production de blé irrigué devrait atteindre 1,514 million de tonnes, soit environ 14 pour cent de plus que la faible récolte de 1,329 million de tonnes engrangée en 2000. Le rendement en blé irrigué a augmenté dans tous les bassins versants orientaux, du nord-est au sud-est, y compris dans certaines provinces du centre. Dans ces régions, un léger renforcement des pluies et des chutes de neige, et donc de l'alimentation en eau des réseaux d'irrigation, a soutenu dans une certaine mesure la production de blé. Les plus mauvais rendements, inférieurs à ceux déjà très réduits de l'année 2000, ont été enregistrés dans le nord et dans les provinces du nord-ouest. Ces dernières sont les régions les plus touchées par la sécheresse cette année. Le recul de la production est entièrement imputable à une irrigation insuffisante des plantes aux stades les plus critiques de leur croissance (tallage, épiaison, floraison et démarrage des plantes). La mission a constaté l'assèchement total des cours d'eau dans les provinces occidentales, notamment à Harat. L'irrigation était possible là où les eaux fluviales coulaient de sources. Dans d'autres provinces de l'ouest (par exemple, à Badghis), le rendement des cultures de blé irrigué s'est légèrement amélioré par rapport à l'an dernier. Toutefois, en raison des systèmes de culture pratiqués dans ces régions, la récolte de blé pluvial revêt une plus grande importance; la superficie irriguée par rapport au total des terres arables dont dispose un agriculteur moyen est relativement faible. Le rendement accru de quelques cultures de blé irrigué ne peut donc compenser les pertes de récoltes de blé pluvial. Dans le bassin du sud-ouest, où le système d'irrigation est alimenté par le fleuve Helmand, la mission a pu observer une légère amélioration de la récolte de blé irrigué par rapport à l'an dernier. Dans cette région, les meilleures terres irriguées, qui étaient jusque là consacrées au pavot, ont été cultivées en blé cette année. Les estimations relatives au rendement ont été confirmées par les coupes-témoins effectuées en divers endroits.

La faiblesse, voire l'absence de précipitations a été responsable de l'effondrement quasi total de la production de blé pluvial dans l'ensemble du pays. Cette année, la production de blé non irrigué est en effet estimée à 83 000 tonnes, avec un recul de 41 pour cent par rapport à la très faible récolte de l'année passée. Comme la mission a pu le constater, dans les principales zones productrices non irriguées, partout où il y a eu une certaine croissance végétative, le tallage a été extrêmement faible (de 2 à 3 talles) et l'épiaison très limitée, tandis que les graines des épis mûrs ont été petites et peu nombreuses. L'absence totale de pluies au printemps, période pendant laquelle les besoins en eau des cultures de blé sont à leur maximum, a annulé l'effet positif des pluies d'automne légèrement plus favorables. Dans l'ensemble, les rendements en blé pluvial sont comparables aux mauvais résultats de l'année 2000. Les quelques améliorations enregistrées dans les plaines d'altitude qui ont une meilleure capacité de rétention, n'ont pas d'effets notables dans le contexte général.

Les adventices (folle avoine, seigle, roseaux, etc.) se sont propagées d'année en année et envahissent aujourd'hui la plupart des champs de blé. Les cultivateurs sont incapables de résoudre le problème par des moyens mécaniques et manuels et les effets de ces plantes se font désormais sentir sur le rendement en blé. La mission a constaté en divers endroits la présence des adventices sur 50 à 60 pour cent des champs cultivés. La recrudescence de ces infestations s'explique par l'utilisation continue de semences de faible qualité, par la préparation insuffisante du sol et surtout par l'absence de rotation des cultures.

On ne signale aucune infestation de ravageurs courants. Toutefois, des attaques de criquets pèlerins ont été observées dans l'ouest de la province de Baghlan et dans certaines terres irriguées dans l'est de la province de Samangan, qui ont affecté environ 40 pour cent de la production de blé dans ces régions. La présence de souné et de rouille a été remarquée dans certaines zones mais leur impact a été négligeable. Les criquets pèlerins ont aussi contribué à aggraver l'effet de la sécheresse dans les zones pluviales des provinces du nord. Par manque de fonds, le projet de la FAO n'a pas été en mesure, comme par le passé, de supprimer les dépôts d'_ufs de ces insectes dans les zones désertiques durant l'hiver. La tentative de lutte contre les insectes adultes, menée dans le cadre du programme vivres-contre-travail du PAM, a été tardive et moins efficace. Dans la province de Baghlan, la mission a noté que les agriculteurs utilisaient du méthylparathion périmé.

Riz, maïs et orge: La production de riz attendue est de 182 000 tonnes, ce qui représente une progression d'environ 16 pour cent par rapport au résultat de 2000, grâce une plus grande disponibilité d'eau pour les cultures de riz. Cette année on prévoit pour le maïs une récolte de 160 000 tonnes, soit 39 pour cent de plus que l'an dernier. Malgré les pénuries d'eau et l'avis des autorités de réduire les superficies consacrées au riz, la mission a constaté que la préférence des agriculteurs pour cette culture sera maintenue, car le riz est d'ordinaire vendu par les producteurs et n'est pas destiné à leur propre consommation alimentaire, s'agissant d'une culture semi-commerciale. Sur la base de ses observations directes sur le terrain, la mission estime que la production d'orge augmentera globalement de 17 pour cent par rapport à l'an dernier, grâce à une irrigation accrue des cultures.

Les détails des prévisions concernant la production céréalière de la campagne 2001 et les données comparatives pour 1998, 1999 et 2000, figurent au tableau 2. Le graphique 3 indique les tendances de la production céréalière entre 1988 et 2001.

Tableau 2 - Afghanistan: Rendement et production des cultures céréalières par région, 2001-1998

RÉGION
2001
2000
1999
1998
Rendement (tonnes/ha)
Production (milliers de tonnes)
Production % 2001/2000
Rendement (tonnes/ha)
Production (milliers de tonnes)
Rendement (tonnes/ha)
Production (milliers de tonnes)
Rendement (tonnes/ha)
Production (milliers de tonnes)
Blé irrigué
                 
Centre
1.52
114
118
1.25
96
1.60
112
1.7
117
Nord-Est
1.49
258
125
1.10
207
1.60
320
1.6
320
Est
2.15
166
139
1.80
119
2.10
151
1.7
128
Sud
1.57
149
174
0.90
86
1.40
129
1.5
143
Sud-Ouest
1.40
392
130
1.10
301
1.90
494
1.7
459
Ouest
1.10
184
105
1.00
176
1.90
350
1.9
361
Nord
0.93
236
81
1.10
292
1.40
384
1.5
420
Est-Centre
0.53
15
28
1.10
53
1.10
48
1.3
72
Total
 
1 514
114
 
1 329
 
1 988
 
2 020
Blé pluvial
                 
Centre
0.20
1
100
0.20
1
0.20
1
0.9
18
Nord-Est
0.20
31
62
0.20
50
0.50
130
0.7
182
Est
0.50
2
167
0.30
1
0.40
2
0.9
9
Sud
0.15
1
150
0.10
1
0.40
4
0.8
34
Sud-Ouest
0.10
5
91
0.10
6
0.50
33
0.9
81
Ouest
0.10
14
65
0.10
22
0.80
176
1
230
Nord
0.10
25
47
0.20
52
0.70
158
0.9
225
Est-Centre
0.30
5
56
0.20
8
0.20
8
0.7
35
Total
 
83
59
 
140
 
512
 
814
Total blé irrigué
et pluvial
 
1 597
109
 
1 469
 
2 499
 
2 834
Cultures
secondaires
                 
Riz
1.50
182
116
1.20
156
2.00
280
2.5
450
Maïs
2.00
160
139
1.20
115
1.50
240
1.65
330
Orge
1.00
87
117
0.60
74
1.20
216
1.2
240
Total
 
429
124
 
346
 
736
 
1 020
TOTAL CÉRÉALES
 
2 026
112
 
1 815
 
3 236
 
3 854
Note: Les totaux, les rendements et les pourcentages ont été calculés à partir de chiffres non arrondis.

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3.5 Autres cultures

Légumes et épices: environ 6 pour cent des terres irriguées sont destinées aux cultures légumières. Melons, pastèques, oignons, pommes de terre et tomates couvrent 90 pour cent de la superficie consacrée aux légumes en Afghanistan. La superficie cultivée a légèrement augmenté du fait de la préférence des producteurs pour les cultures de rente plus rémunératrices et comme mesure de parade face à la nécessité de remplacer le pavot par d'autres cultures, comme le cumin (notamment dans la province de Zabul dans le sud-ouest). Cela étant, en raison des pénuries d'eau, seul un petit nombre d'agriculteurs, ceux qui ont accès à des systèmes d'irrigation fiables (puits), ont pu cultiver des légumes et des épices avec profit. Dans l'ensemble, on estime que la superficie consacrée aux cultures légumières est encore inférieure d'environ 20 pour cent au niveau de 1998. Toutefois, par rapport à la campagne 2000, la production devrait augmenter cette année de quelque 50 pour cent.

Fruits: selon les estimations, les cultures horticoles couvriraient environ 10 pour cent de la superficie irriguée totale. Les vignes et les plantations d'amandiers, d'abricotiers, de grenadiers et de pommiers couvrent 87 pour cent des terres consacrées aux cultures fruitières. La mission a constaté que dans les principales zones de production fruitière, bien que manquant encore d'eau, les cultures arbustives étaient en meilleur état que l'an dernier. On ne prévoit aucune perte en capital due à l'assèchement des plantations, mais la production restera faible avec des fruits de petit calibre.

Pavot: Selon les estimations du PNUCID, 82 000 hectares ont été consacrés à la culture du pavot pendant la campagne 1999/2000 en Afghanistan, avec un rendement de 3 276 tonnes d'opium en 2000. Dans la province de Helmand cette culture s'est étendue sur 42 800 hectares, soit 52 pour cent de la superficie totale consacrée au pavot, suivie par celle de Nangarhar avec 19 700 hectares (24 pour cent); le restant a été cultivé dans d'autres provinces du sud-ouest et de l'est du pays, et dans les régions du nord et du nord-est. Cette année, l'arrêté d'interdiction totale de la culture du pavot, pris par les autorités talibanes le 27 juillet 2000, a été suivi sur l'ensemble du territoire. La mission a parcouru le pays en long et en large, notamment toutes les principales zones productrices de pavot, et n'a pas vu la moindre culture. Environ 75 pour cent de la superficie consacrée au pavot a été remplacée par du blé et dans une moindre mesure par des légumes et d'autres cultures de rente. Si l'interdiction n'avait pas été émise, la mission estime (sur la base de ses entretiens avec les anciens cultivateurs de pavot) que la superficie consacrée à cette culture serait restée à peu près égale à celle de l'an dernier (soit 80 000 hectares) en raison des besoins pressants de liquidités des agriculteurs (non seulement pour rembourser leurs dettes et autres raisons économiques et sociales, mais aussi pour pouvoir acheter des intrants destinés aux cultures de blé). Le rendement aurait probablement été supérieur par rapport au très faible niveau de 40 kg/ha estimé pour la campagne 2000, mais se serait peut-être situé en dessous de celui obtenu en 1999. L'hypothèse d'un taux de rendement de 45 kg/ha cette année paraît raisonnable. Pour une évaluation de l'impact économique de l'abandon de la culture du pavot, voir plus haut à la section 2.

3.6 Pâturages et élevage

Avant 1988, le sous-secteur de l'élevage produisait jusqu'à 40 pour cent des recettes d'exportation totales du pays. L'élevage assure la subsistance des éleveurs sédentaires et des nomades Kuchi qui conduisent habituellement leurs troupeaux vers les pâturages d'hiver et d'été, le long des routes traditionnelles.

Comme d'autres secteurs de l'économie afghane, l'élevage s'est lui aussi ressenti des effets dévastateurs de la guerre et des troubles civils prolongés. Ce secteur a toutefois fait preuve d'une certaine résistance. Avec le rétablissement d'une paix appréciable dans la plus grande partie du pays, la reconstitution du secteur de l'élevage a fait des progrès sensibles. La confrontation des données concernant le cheptel recensé par la FAO en 1995 et en 1997/98, en donne confirmation (tableau 3). Ce processus de redressement s'est poursuivi jusqu'à l'arrivée de la sécheresse, en mai 1999. Depuis, le cheptel a fortement diminué à la suite de la destruction des pâturages et des pénuries d'eau qui ont causé des pertes de bétail, des ventes à bas prix pour l'abattage dans le pays ou pour l'exportation, principalement vers le Pakistan et la République islamique d'Iran, et un affaiblissement des taux de reproduction/remplacement.

Tableau 3 - Afghanistan: Cheptel, 1995 et 1997/98

   
1995
1997/98
Éleveurs sédentaires
Éleveurs Kuchi
Total
Éleveurs sédentaires
Éleveurs Kuchi
Total
Bovins
1 916 459
178 099
2 094 558
2 924 932
83 396
3 008 328
Ovins
6 438 399
6 129 787
12 568 186
8 419 554
7 832 054
16 251 608
Caprins
2 897 214
2 491 880
5 389 094
4 648 887
1 950 571
6 599 458
Chameaux
62 233
170 918
233 151
74 880
187 710
262 590
Volaille
6 067 140
534 819
6 601 959
7 448 820
379 421
7 828 241
Source: Projet FAO, Développement de l'élevage en vue de la sécurité alimentaire en Afghanistan.


Le programme de la FAO dans lequel s'inscrivent les deux enquêtes sur le cheptel indiquées ci-dessus, a estimé qu'en mai 2001 le cheptel total de l'Afghanistan avait diminué d'environ 40 pour cent par rapport à 1998. Au cours de ses longues visites sur le terrain, la mission a été informée par différentes catégories d'éleveurs, dans plusieurs régions, d'un rétrécissement important des troupeaux. Une contraction globale de 40 pour cent semble être un chiffre raisonnable. Un nouveau recensement s'avère nécessaire afin d'établir avec plus de précision le nombre des animaux qui subissent actuellement les effets de la grave sécheresse persistante.

Les Kuchi, qui détenaient d'ordinaire plus d'un tiers du cheptel national total, ont enregistré les pertes les plus importantes. La tragédie de ce peuple, semblable à celle d'autres nomades et éleveurs, ne peut être réduite aux seules souffrances humaines et ne peut être exprimée à sa juste mesure en termes monétaires. C'est tout le mode de vie de ces populations qui est aujourd'hui menacé.

Peu d'Afghans ont "migré" ou "migrent" actuellement vers le Pakistan et la République islamique d'Iran en emportant avec eux ce qui reste de leur cheptel. La plupart des troupeaux appartiennent aux couches les plus pauvres et les plus vulnérables de la population, qui n'ont même pas les moyens de financer leur propre voyage. Le bétail et les animaux de trait sont donc achetés à bas prix par les intermédiaires et les négociants en Afghanistan, qui le revendent au Pakistan et en République islamique d'Iran, avec des profits confortables.

3.6.1 Effets de la sécheresse sur le cheptel

i. Pénurie de pâturages

La sécheresse qui sévit depuis 1999 a été très néfaste pour les pâturages. La plupart des Afghans associent avant tout la sécheresse à la raréfaction des herbages pour leurs animaux. Cette pénurie, à laquelle s'ajoutent le bouleversement des routes de pacage traditionnellement utilisées par les Kuchi dû aux hostilités, et des services vétérinaires insuffisants, a eu de graves répercussions sur l'élevage, non seulement pour ces populations, mais aussi pour les cultivateurs sédentaires dont la plupart possèdent quelques animaux.

En Afghanistan, les familles Kuchi vivent principalement dans huit provinces du pays, couvrant près de la moitié du territoire et durement frappées par la sécheresse. Ces huit provinces forment un croissant autour des hauts pâturages d'été, du sud-ouest vers le sud, le sud-est et l'est.

Les provinces les plus touchées et leurs districts sont: HARAT (districts: Gulran, Ghorian, Koshan, Koshk, Zanda-Jan, Adreskan); FARAH (Khak-e-Safis, Bakwa, Pusht-Rud, Lash-Joyn, Qala-e-kah); NIMROZ (Chakhansur, Kang, Khash Rod); HELMAND (Sarban Qala, Gershk, Marja, Bust, Garmser, Kajaki); KANDAHAR (Daman, Kharez, Spin-boldk, Arghistan, Marouf, Ragistan); ZABUL (Atghar, Shinky, Shamalazi, Seuri, Shahjoi, Naw-bahar); GHAZNI (Gilan, Qara-bagh, Muqur, Nawar, Malistan); WARDAK (Dimirdad, Jaghatu, Sayedabad).

ii. Maladies animales

Les rapports établis par les unités vétérinaires de terrain et recueillis par le programme FAO/PNUD pour l'Afghanistan, PEACE, indiquent une vaste diffusion de la peste des petits ruminants (PPR) dans le pays. Des troupeaux entiers pourraient être victimes d'une épidémie de PPR, avec un taux de mortalité allant de 20 à 50 pour cent. Cette maladie mérite une attention particulière car elle peut passer inaperçue pendant plusieurs années et être facilement confondue avec d'autres pathologies causes de problèmes respiratoires et de mortalité chez les petits ruminants. La PPR peut provoquer des avortements chez les femelles en gestation.

On a signalé des cas diffus de charbon bactéridien, de variole ovine, d'entérotoxémie infectieuse et de parasites internes. La mission a interrogé au nord d'Harat un riche éleveur Kuchi propriétaire de 800 moutons et chèvres et de six tentes, mais dont le troupeau n'avait produit que 200 agneaux en raison du mauvais état de santé des bêtes. Des taux de conception très faibles ont été indiqués tant par les Kuchi que par les éleveurs sédentaires.

Interrogés sur leurs besoins, les éleveurs Kuchi et sédentaires ont tous déclaré sans exception que leur nécessité la plus pressante était des vaccins pour leurs troupeaux. La mission a recueilli parmi ces populations de nombreux témoignages de leur incapacité de payer même des sommes aussi minimes que 2 000 Afs pour une dose de vaccin anti-charbonneux (1 dollar E.-U. = 78 000 Afs). La plupart des Kuchi et des agriculteurs connaissent parfaitement les différents médicaments vétérinaires et vaccins; ils manifestent même une préférence marquée et justifiée pour certaines marques de vaccins.

iii. Migration du cheptel

En Afghanistan, les pâturages d'été couvrent les hautes terres et les régions montagneuses du centre du pays, y compris Bamiyan, Ghour, les régions orientales du Badghis et de Harat et le nord-ouest de Ghazni. Pour atteindre les pacages, les Kuchi de Kandahar et de Helmand se dirigent vers le nord, ceux de Farah vers le nord-est, ceux de Harat et du Badghis vers l'ouest, tandis que les Kuchi du Jowzjan et du Faryab se déplacent vers le sud.

Les Kuchi se rendent dans les pâturages d'été en mars (Newroz) et regagnent leurs résidences d'hiver à la fin septembre. La pénurie de pâturage dans les terres d'élevage du centre par suite de la sécheresse est à l'origine d'une compétition entre le cheptel des agriculteurs et les troupeaux toujours plus nombreux des Kuchi, pour les herbages raréfiés. Les nomades se déplacent ainsi depuis des siècles et ont toujours été acceptés par les populations sédentaires en dépit des différences ethniques. Pourtant, la rude concurrence actuelle pour le pâturage fait aujourd'hui surgir des tensions ethniques entre nomades et sédentaires, empêchant les Kuchi de se rendre sur leurs pâturages d'été traditionnels.

La mission a constaté la présence de tentes en poil de chèvre noir, caractéristiques des Kuchi, à proximité des villages et des colonies agricoles le long des routes traditionnelles de migration, mais loin des pâturages d'été. Ils sont en détresse et leurs animaux n'ont pas le droit de paître sur les terres des agriculteurs locaux. Leurs troupeaux ont été fortement réduits et certains ont même perdu la totalité de leur cheptel. Les femmes et les enfants s'occupent de ramasser des adventices et de l'herbe près des tentes, tandis que les hommes Kuchi travaillent comme ouvriers agricoles ou participent au programme vivres-contre-travail. Beaucoup d'entre eux ont confié leurs biens à des parents et sont allés rejoindre des camps de personnes déplacées à l'intérieur du pays ou ont passé la frontière pour se rendre dans des camps de réfugiés. La mission a constaté la présence de tentes Kuchi (faites de chiffons et de sacs d'aide alimentaire) tout au long de la route qui mène de Kandahar à la frontière avec le Pakistan. D'autres voies de migration mineures sont empruntées par des nomades en détresse dans l'est du pays.

iv. Vente d'animaux

Face aux taux de mortalité élevés et à la raréfaction des pâturages, les éleveurs vendent leurs animaux faisant ainsi chuter les prix sur le marché. Cette année les prix courants du marché sont inférieurs de 30 pour cent en moyenne à ceux de l'an dernier. Le taux de change a lui aussi nettement fléchi au cours de l'année passée, ce qui rend la baisse des prix encore plus marquée en valeur réelle.

La vente des b_ufs constitue un sérieux problème pour les agriculteurs afghans car elle les prive à la fois d'une force de traction et de mâles reproducteurs. La question mérite une attention particulière, car même si la sécheresse prend bientôt fin, le processus de redressement ne sera pas possible sans animaux de trait et sans mâles pour la reproduction. La mission a rencontré une communauté qui était auparavant propriétaire de 180 paires de b_ufs et n'en possédait plus désormais que neuf. Le problème est donc particulièrement grave.

v. Services vétérinaires

La plupart des services de santé animale de base, vaccinations comprises, étaient d'ordinaire assurés par plus de 220 unités vétérinaires de terrain VFU/FAO qui employaient plus de 650 vétérinaires, aides vétérinaires et agents de soins primaires. En 1994, le PNUD a réuni deux projets, sous la conduite de la FAO, en maintenant l'orientation communautaire pour la livraison de services de santé animale sur une base privatisée et autonome. La pénurie de fonds et l'incapacité des Kuchi et des agriculteurs d'acheter les vaccins subventionnés ont limité l'activité du projet. La mission a été informée que jusqu'à 1,5 million de doses de ces vaccins si nécessaires étaient disponibles dans les trois centres du projet, à savoir Kandahar, Kaboul et Mazar. Pourtant, en raison de leur faible pouvoir d'achat, les Kuchi et les agriculteurs sont dans l'impossibilité de s'en procurer.

vi. Disponibilité de protéines animales

Le prix du mouton et du b_uf a nettement baissé cette année, par rapport à l'an dernier. À Harat, une rapide enquête a permis de constater que la viande de b_uf et de mouton était vendue sur le marché à 60 000 et 80 000 Afs le kilo respectivement, alors que l'an passé le prix de vente était de 75 000 Afs pour le b_uf et de 110 000 Afs pour le mouton. En revanche, le prix du mast, ce yogourt épais qui est un aliment de base en Afghanistan et qui, une fois dilué avec deux volumes d'eau, produit le "dugh", a fortement augmenté. Un pot de 4kg de mast était vendu à 80 000 Afs à Kandahar et à Harat, tandis que l'an dernier il ne valait que 35 000 Afs. Un _uf, qui coûte 3 500 Afs, est un produit cher pour l'Afghan moyen.

3.6.2 Mesures de soutien en faveur des éleveurs

De nouvelles politiques et mesures de gestion de la sécheresse en faveur de l'élevage, ont été élaborées à l'intention de nombreux pays, dans les régions semi-arides et arides de la planète. Malheureusement elles ne peuvent être mises en application en Afghanistan, et cela pour une série de raisons. D'autres facteurs interviennent en effet, outre la sécheresse, et notamment la guerre et les troubles civils prolongés, et le manque de voies routières permettant d'atteindre les zones touchées, en particulier les vastes provinces du pays où les populations Kuchi vivent dispersées.

Dans la conjoncture actuelle, en Afghanistan, il conviendrait d'assurer la survie du cheptel reproducteur plutôt que d'avoir à acheter des animaux de remplacement. Si le cheptel reproducteur peut être sauvé par le biais de l'alimentation et grâce aux soins vétérinaires, le remplacement des animaux pourra alors être effectué au moment voulu au sein même des communautés dès que des pluies normales feront à nouveau leur apparition. Un certain nombre de mesures peuvent toutefois être prises pour empêcher une nouvelle détérioration des conditions du cheptel rescapé:

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4. SITUATION PAR RÉGION

Nord (Faryab, Jowzjan, Sar-e Pul, Balkh, Samangan) et Nord-Est (Baghlan, Kondoz, Takar, Badakchan)

Dans le nord-est, la superficie cultivable a encore fléchi cette année, à cause de la sécheresse et des problèmes de sécurité.

La superficie consacrée au blé pluvial a reculé de 21 pour cent (passant de 510 000 à 401 000 hectares), principalement dans les provinces du nord-est, tandis que la production a été inférieure de 45 pour cent à celle de 2000, avec un effondrement de 80 pour cent par rapport à 1999. Des perspectives favorables, après le bon démarrage des pluies à l'automne et la production réduite de l'année précédente, avaient incité les agriculteurs à étendre leurs cultures de blé d'hiver non irrigué. Or, la cessation des précipitations a interrompu les semis du blé de printemps et causé une baisse considérable du rendement en céréales pluviales. Les cultures sur pied sont destinées pour la plupart au pâturage du bétail et les quelques céréales néanmoins récoltées sont de si mauvaise qualité qu'elles ne conviennent ni pour les semis de la prochaine campagne, ni pour la consommation humaine.

La région est en grande partie irriguée grâce à un réseau de canaux alimentés par les cours d'eau. On y pratique une irrigation extensive intermittente, utilisant de faibles volumes d'eau et laissant de vastes surfaces en jachère par rotation tous les deux ou trois ans dans les provinces tournées vers l'ouest. Le réseau fluvial est tributaire de la fonte des neiges dont les eaux se déversent dans un bassin hydrographique montagneux d'altitude inférieure par rapport aux provinces situées plus à l'est (de Baghlan à Badakchan) qui dépendent de l'Hindu Kouch. Les faibles chutes de neige et l'inégalité du ruissellement nival dans les différents bassins versants, se manifestent clairement au niveau de la production de blé irrigué. Les conditions économiques générales de l'agriculture et des cultivateurs étant parmi les plus précaires du pays, le recours aux intrants est faible et les moyens de production inadéquats, ce qui donne lieu à des rendements médiocres même en année normale. Selon les estimations, l'étendue des cultures de blé irrigué serait en recul de 6 pour cent par rapport à 2000, mais la production n'a fléchi que d'environ 1 pour cent grâce à une légère amélioration des récoltes de blé irrigué dans les provinces du nord-est.

Ouest (Harat, Farah, Badghis)

Avec les régions du nord et du nord-est, la région ouest est celle qui compte la plus grande étendue de terres cultivées non irriguées. La superficie des cultures de blé pluvial a reculé de 35 pour cent par rapport à l'an dernier, avec un fléchissement de 36 pour cent de la production. Ce nouvel affaiblissement du rendement à la suite de la contraction des emblavures, est responsable d'un effondrement de 94 pour cent de la production totale par rapport à 1998. Les terres irriguées ont légèrement diminué (-1 pour cent), mais ont produit 5 pour cent de plus que l'an dernier. À Harat et à Badghis, le renforcement de la production de blé irrigué est le fruit des efforts déployés par les cultivateurs qui ne pourront compter cette année que sur cette culture pour satisfaire leurs besoins alimentaires. Cela dit, le rendement obtenu cette année est encore inférieur de moitié à ce que la région pourrait produire en temps normal.

Centre-Est (Ghor, Bamiyan), Centre (Kaboul, Parwan, Kapisa, Logar, Wardak) et Sud (Paktia, Paktika, Khost et Ghazni)

La superficie consacrée au blé irrigué a fortement diminué à Ghor et à Bamiyan en raison des problèmes de sécurité des agriculteurs et d'une nouvelle dégradation de l'infrastructure d'irrigation. Dans les provinces du centre, la contraction de la superficie irriguée a été faible (-3 pour cent), tandis que les mauvais semis d'hiver ont été en partie compensés par une expansion des emblavures au printemps grâce à l'eau dont les cultivateurs ont pu disposer pour l'irrigation. Dans le sud, la superficie irriguée est restée plus ou moins stationnaire. Dans l'ensemble, on estime que dans le sud et dans certaines provinces du centre, la production de blé irrigué sera supérieure d'environ 44 pour cent à celle de l'an dernier grâce à des disponibilités d'eau accrues dans le bassin versant oriental du pays. Dans les provinces du sud, l'approvisionnement en eau a également été favorisé par la substitution des karezes par des puits dans bien des régions.

Est (Nangarhar, Loghman, Kunar)

La superficie irriguée a augmenté d'environ 17 pour cent à la suite notamment de la substitution des cultures de pavot par du blé dans la province de Nangarhar. La production globale de blé a sensiblement augmenté (+39 pour cent). Les réseaux d'irrigation par canaux sont alimentés par les cours d'eau qui ont profité de chutes de neige plus abondantes. Par ailleurs, le blé et les légumes ont bénéficié d'un meilleur aménagement des terres et des moyens consacrés auparavant au pavot.

Sud-Ouest (Kandahar, Helmand, Zabul, Nimroz, Uruzgan)

Une certaine expansion des semis de blé irrigué (+2 pour cent) est attribuable au remplacement du pavot par du blé. Les cultures de pavot ont aussi fait place d'autres cultures de rente (oignons, pommes de terre et pastèques). Au niveau régional, cet accroissement n'est pas aussi important que l'on aurait pu s'y attendre. En effet, dans la province de Helmand, les 40 000 ha précédemment consacrés au pavot ont été en grande partie semés en blé cette année. Mais il y aurait eu un fléchissement des cultures de blé irrigué dans d'autres provinces de la région, comme celles de Zabul, Kandahar et Uruzgan, à la suite de pénuries d'eau plus importantes dans ces régions et de l'effondrement de nouveaux karezes. Cependant, grâce au bon résultat des cultures irriguées dans la province de Helmand, la production de blé a progressé dans cette région d'environ 30 pour cent par rapport à l'an dernier, tout en restant inférieure de près de 20 pour cent à celle de 1999.

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5. SITUATION DE L'OFFRE ET DE LA DEMANDE DE CÉRÉALES, 2001/2002

Le bilan céréalier pour 2001/2002 (tableau 4) repose sur les hypothèses suivantes:

Tableau 4 - Afghanistan: Bilan céréalier, 2001/2002 (en milliers de tonnes)

 
Blé
Riz (usiné)
Maïs
Orge
Total
Disponibilités nationales
1 598
122
160
87
1 967
Déstockage
-
-
-
-
-
Production nationale
1 598
122
160
87
1 967
Utilisation totale
3 654
244
160
87
4 145
Consommation alimentaire (nécessaire)
3 201
222
89
44
3 556
Alimentation animale (disponible)
-
-
48
18
66
Semences (fourniture)
275
13
7
16
311
Pertes (à couvrir)
178
9
16
9
212
Besoins d'importation
2 056
122
-
-
2 178
Capacité d'importations commerciales*
720
40
-
-
760
Aide alimentaire (prévue par le PAM)
386
-
-
-
386
Déficit non couvert
950
82
-
-
1 032
Note: Le taux de conversion du paddy en riz utilisé est de 67 pour cent.
* Estimation prudente des importations commerciales basée sur un scénario à hypothèse basse.

Les besoins d'importations céréalières en 2001/2002 sont estimés à 2,2 millions de tonnes au total, un volume légèrement inférieur (de 4 pour cent) au niveau estimé pour la campagne précédente. L'aide alimentaire annoncée par le PAM pour 2001/02 s'élève à 386 000 tonnes, soit 70 pour cent de plus que l'an dernier. Toutefois, le déficit à couvrir en 2001/02 dépasse encore le million de tonnes. Les États-Unis ont annoncé le 17 mai dernier une aide humanitaire de 43 millions de dollars E.-U. en faveur de l'Afghanistan, dont 65 000 tonnes de blé. Le déficit à combler en sera donc réduit, mais pour se situer juste en dessous du million de tonnes.

Les disponibilités de vivres et l'accès à la nourriture se sont rapidement dégradés au cours de ces deux dernières années, en raison principalement de la sécheresse. Les mécanismes de parade d'une population en appauvrissement constant sont pour la plupart épuisés. La situation est destinée à s'aggraver progressivement au cours de la campagne de commercialisation de 2001/02. Des millions d'Afghans n'ont désormais d'autre choix que d'abandonner leur domicile pour aller gonfler les rangs des personnes déplacées à l'intérieur du pays ou des réfugiés. Or cette solution n'est pas à la portée de tous, car la plupart n'ont même pas les moyens de payer le coût du voyage. La mission a pu noter que dans certaines régions du pays les populations vivaient déjà au bord de la famine, à la suite de trois mauvaises récoltes consécutives, sans aucune possibilité d'emploi et après avoir épuisé tous les mécanismes de parade. Des situations analogues sont en gestation dans bien d'autres régions. Si des mesures de prévention appropriées ne sont pas prises d'urgence, une famine généralisée frappant toutes les catégories d'Afghans - sédentaires, transhumants et nomades (Kuchi) - semble inévitable dans le pays au cours des prochains mois. Même dans l'hypothèse de pluies et de chutes de neige adéquates au cours de la campagne à venir (à partir d'octobre/novembre 2001), la prochaine récolte de blé ne sera pas disponible avant mai/juin 2002.

La situation relative à l'excédent ou au déficit céréalier par région est indiquée au tableau 5 ci-après.

Tableau 5 - Afghanistan - Excédents/déficits céréaliers par région (en tonnes), 2001/02

Région
Population
Production céréalière*
Utilisation non alimentaire
Disponibilités pour la consommation
Besoins de consommation
Excédents/ déficits
Rapport production/con-sommation (%)
Centre
4 901 055
114 600
32 335
82 265
784 169
-701 904
15
Nord-Est
3 445 064
418 529
128 539
289 990
551 210
-261 220
76
Est
2 176 574
289 252
96 715
192 537
348 252
-155 715
83
Sud
2 262 757
156 017
44 413
111 604
362 041
-250 437
43
Sud-Ouest
3 017 888
397 000
112 016
284 984
482 862
-197 878
82
Ouest
2 060 776
217 776
62 376
155 400
329 724
-174 324
66
Nord
3 354 233
355 323
107 757
247 566
536 677
-289 111
66
Est-Centre
1 010 153
19 340
5 457
13 883
161 625
-147 742
12
Total
22 228 500
1 967 837
589 608
1 378 229
3 556 560
-2 178 331
55
* Paddy converti en riz.

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6. BESOINS D'AIDE ALIMENTAIRE EN 2001/02

6.1 Justification de l'aide alimentaire internationale

La situation de la sécurité alimentaire continuera de se dégrader en Afghanistan au cours de l'année à venir. L'accès aux denrées alimentaires restera gravement limité pour jusqu'à 5 millions d'Afghans pauvres car de nombreuses populations sont encore une fois confrontées à des niveaux de production réduits, à un pouvoir d'achat affaibli, voire nul dans certaines régions particulièrement éprouvées, à l'épuisement des mécanismes de parade par suite de la vente des biens de production et notamment des animaux, et à l'abandon total de la culture du pavot (on estime à 80 000 le nombre des cultivateurs qui n'ont ni récolte de pavot à vendre, ni disponibilités, ni biens à fournir en garantie d'un emprunt, tout en se trouvant en situation d'endettement). L'approvisionnement alimentaire devrait constituer un très grave problème cette année, du fait de l'affaiblissement de la capacité d'importation par les voies commerciales et en raison de la sécheresse qui sévit dans les pays voisins. Dans certaines régions, comme la province de Faryab dans le nord de l'Afghanistan et les provinces occidentales de Badghis et de Ghor, les plus démunis en sont venus à se nourrir de plantes sauvages. Leurs moyens de subsistance sont anéantis et ils n'ont aucune alternative. On signale des conditions de pré-famine. Par rapport à l'an passé, la crise s'est généralisée. La quasi-totalité du territoire est concernée, à l'exception de certaines provinces de l'est. Les zones les plus touchées se trouvent généralement dans des régions reculées, dont l'accès est difficile.

Le pays traverse une crise de longue durée. Une aide alimentaire d'urgence devra être fournie au moins jusqu'à la prochaine récolte pour conjurer la famine et tenter de limiter l'exode. La prochaine récolte sera engrangée en mai/juin 2002, mais son succès dépendra des conditions climatiques, de la disponibilité de semences et d'engrais, des machines agricoles, etc. Dans l'attente de cette production, une aide alimentaire d'urgence s'avère nécessaire pour:

À plus long terme, il s'agira également de soutenir:

6.2 Définition des cibles de l'aide alimentaire

Zones géographiques

Le bassin occidental est plus touché par la sécheresse que celui de l'est. Dans le nord du pays, la totalité des terres non irriguées en sont victimes et seule une production réduite est attendue dans les zones plus élevées. Dans l'ouest et le nord-ouest, les zones irriguées sont elles aussi durement affectées. De nombreuses terres irriguées par submersion ont été totalement privées d'irrigation cette année. Une aide doit être fournie aux villages qui dépendent exclusivement de la production pluviale, ainsi qu'à ceux du nord-ouest qui vivent d'une association de cultures pluviales et irriguées.

Toutes les zones irriguées par des karezes sont aussi gravement touchées et devraient être ciblées. Il s'agit des provinces occidentales de Harat et de Farah, des provinces du sud-ouest de Nimroz, Helmand, Kandahar, Uruzgan et Zabul, ainsi que des provinces méridionales de Ghazni et Paktia. Le PAM devra également orienter son aide en faveur des districts qui enregistrent une pénurie d'eau, comme les provinces du nord-ouest de Faryab et Badghis. Les régions victimes d'attaques de criquets pèlerins seront également visées. Il s'agit notamment des zones irriguées situées à l'ouest de Baghlan et à l'est de Samangan. À Baghlan, on estime que les acridiens ont détruit environ 40 pour cent de la récolte. Le PAM continuera à apporter une aide aux zones en proie à l'insécurité alimentaire dans les hautes terres du centre et dans la province de Badakchan, au nord-est. L'hiver dernier, les affrontements ont empêché l'arrivée des camions civils à Badakchan, donnant ainsi lieu à une pénurie de céréales, qui ont atteint un prix exorbitant dans la province. Enfin, le PAM Afghanistan se concentrera également sur les zones qui étaient de grandes productrices de pavot, en particulier Helmand, Uruzgan et Kandahar.

Groupes sociaux

La situation dans le pays devient de plus en plus désespérée pour divers groupes sociaux. Dans les zones géographiques indiquées ci-dessus, les métayers et les petits exploitants ont engrangé une récolte réduite, voire nulle pour la troisième année consécutive. La plupart de leurs biens ont été liquidés. Bon nombre d'entre eux sont contraints de se nourrir de produits sauvages. Les populations Kuchi sont elles aussi très durement éprouvées par la sécheresse. On signale que certaines familles ont vendu la totalité de leur cheptel, se trouvant ainsi dépourvues de ressources et en situation de détresse. Les ménages dont le chef est une femme, sont parmi les plus vulnérables. Ces femmes sont seules, sans un homme valide, et leurs liens avec le marché du travail sont faibles ou inexistants. Ces ménages vivent habituellement de la charité des communautés, mais les ressources disponibles se raréfient de plus en plus. La mendicité ou le travail des enfants n'est pas une solution lucrative, surtout dans les villages les plus reculés. Ces familles n'ont pas les moyens d'aller s'installer ailleurs. Elles n'ont aucune alternative. Elles ont atteint le stade de l'extrême pauvreté. Sans une aide alimentaire, les membres de ces familles sont condamnés.

Dans les districts en situation de crise, le PAM Afghanistan prévoit de fournir une aide à 30 pour cent de la population totale résidente. Ce chiffre s'élève à 60 pour cent dans les districts les plus touchés, notamment dans les provinces de Badghis et de Ghor. Dans les districts les plus éprouvés des provinces les plus affectées (voir paragraphe 3.6.1), on estime que 25 pour cent de la population Kuchi sera tributaire de l'aide, sauf dans les provinces de Helmand et de Kandahar. En effet, dans ces deux provinces, 50 pour cent de ces populations nomades n'ont pas accès aux pâturages d'altitude et auront besoin d'assistance.

Le nombre des personnes déplacées à l'intérieur du pays par suite de la sécheresse et du conflit, qui était d'environ 450 000 à la fin de juin 2001, devrait atteindre le million d'individus d'ici la fin de l'hiver. On estime que la totalité de cette population a besoin d'aide. Des produits additionnels divers doivent également être fournis aux centres d'alimentation complémentaire dans tout le pays, qui devraient avoir à traiter cette année jusqu'à 300 000 personnes en situation de malnutrition grave, enfants principalement (pour une durée moyenne de traitement de trois mois).

6.3 Mécanismes de parade

Au niveau national: mesures prises par le gouvernement

Selon les indications, les autorités talibanes ont été en mesure d'importer l'an dernier un volume estimatif de 500 000 à 600 000 tonnes de blé provenant du Pakistan, qui ont été vendues sur le marché à un prix subventionné. Cette année, à la suite de l'interdiction sur le pavot, les autorités enregistreront une perte de recettes de l'ordre de 10 millions de dollars E.-U. ou plus, qui réduira considérablement leur capacité d'importer des céréales au cours de la campagne 2001/02. Les importations céréalières du secteur privé se ressentiront elles aussi de l'interdiction sur le pavot et du recul économique général persistant. On prévoit également des problèmes d'approvisionnement cette année, car le Pakistan qui fournit l'essentiel des importations de blé de l'Afghanistan, enregistre actuellement un déficit de production dû à la sécheresse. Les autorités de l'Alliance du nord ont effectué quelques distributions aux personnes déplacées à l'intérieur du pays par suite du conflit, notamment dans la ville de Feyzabad.

Au niveau des ménages

En temps normal, la plupart des Afghans ont des moyens de subsistance proches du minimum vital. Dans les années normales, un système traditionnel de redistribution fait en sorte que même les membres les plus démunis de la société puissent avoir accès à la nourriture nécessaire pour survivre. Les effets cumulés de la sécheresse de ces trois dernières années ont épuisé les mécanismes de parade habituels des Afghans. Cette année, dans bien des régions, même les familles d'ordinaire mieux nanties ont à peine de quoi survivre et ne peuvent donc apporter aucun secours à leurs voisins en détresse.

L'interdiction très stricte sur le pavot a eu pour effet de priver des milliers de petits exploitants, métayers et ouvriers agricoles, de leur principale source de revenu. Ne pouvant plus fournir la production de pavot en garantie, ceux-ci ont perdu la possibilité d'obtenir des prêts. Dans toutes ces régions particulièrement touchées, les populations ont déjà vendu leurs animaux et autres avoirs du ménage. Beaucoup pourraient maintenant devoir vendre leurs terres, s'ils trouvent des acheteurs. Ils ont réduit leur ration alimentaire en termes à la fois qualitatifs et quantitatifs. La situation est destinée à s'aggraver progressivement en cours d'année.

6.4 Distribution de vivres

Entre début juillet 2000 et fin juin 2001, le PAM aura distribué au total 241 597 tonnes de produits alimentaires. Ces livraisons sont effectuées principalement dans le cadre d'opérations d'urgence et au titre d'une intervention prolongée de secours et de redressement (IPSR). Le PAM prévoit de distribuer une moyenne de 32 000 tonnes de blé environ par mois pendant la période allant de juillet 2001 à juin 2002, pour un total de 386 083 tonnes (voir tableau 6 a-b-c). Cela ne permettra toutefois de couvrir que les besoins les plus essentiels des plus vulnérables, tout en exploitant au maximum la capacité de mise en _uvre. Non seulement la quasi-totalité de la capacité de transport disponible dans bien des régions en sera absorbée, mais les partenariats de mise en _uvre seront également exploités dans la plus grande mesure du possible, ainsi que d'autres structures d'appui telles que l'appareil de sécurité des Nations Unies, les transports aériens et les plafonds relatifs au personnel international. L'aide est aussi profondément liée à la générosité sans précédent des donateurs. Les besoins sont déterminés par des évaluations VAM effectuées au niveau des districts et concernant les ayants droit, les zones prioritaires et l'aide directe aux groupes cibles (Note: les déficits régionaux indiqués au tableau 5 ne distinguent pas les déficits de production prévisibles en temps normal (par exemple populations urbaines et zones à déficit vivrier chronique) de ceux qui dérivent des pertes de production actuelles dues à la sécheresse. Il n'y a donc aucune corrélation entre les déficits régionaux globaux et le niveau des estimations relatives aux besoins d'aide alimentaire d'urgence.

Face à de tels besoins, 156 600 tonnes sont actuellement annoncées et n'ont pas encore été utilisées. Au taux actuel d'utilisation, les ressources dont le PAM dispose lui permettront de poursuivre les opérations jusqu'à fin novembre. Les 229 483 tonnes restant seront demandées dans le cadre d'une nouvelle opération d'urgence qui démarrera en novembre 2001. L'an dernier, l'aide alimentaire a couvert 10,4 pour cent du déficit céréalier total. Cette année, malgré une augmentation de 70 pour cent de l'aide alimentaire prévue, la couverture n'atteindra que 27 pour cent du déficit de 1 418 000 tonnes (besoins d'importation moins les importations commerciales). Ce déficit sera compensé de diverses façons. Les échanges commerciaux avec le Kazakhstan et le Pakistan devraient permettre de couvrir la demande effective qui dépend du pouvoir d'achat. Celui-ci sera toutefois considérablement affaibli cette année. L'utilisation fléchira elle aussi car lorsqu'elles perdent toute capacité d'achat, les familles réduisent leur consommation et se tournent vers les produits sauvages et la nourriture de substitution bon marché des périodes de famine. On prévoit que le déficit résiduel non couvert se traduira par une augmentation constante des signes de détresse parmi les populations touchées. Le taux de migration devrait continuer de croître, de même que le niveau de malnutrition et le taux de mortalité.

Concernant les mécanismes de distribution de l'aide, plusieurs modalités sont adoptées en Afghanistan. Le PAM distribue des rations de 5kg par personne et par jour dans le cadre d'activités "vivres-contre-travail". Par le biais des projets "vivres pour la constitution d'avoirs", le PAM Afghanistan fournit aux travailleurs 5 kg par jour pour un maximum de 75 kg par mois. La composante alimentaire gratuite est limitée à 50 kg par famille et par mois. La durée totale de la ration est fonction des besoins de la famille et de son accès à d'autres sources de nourriture, et elle varie d'une région à l'autre. Le PAM continuera de distribuer une gamme de produits par le biais de ses programmes d'alimentation des collectivités et d'alimentation complémentaire, et de ses activités "vivres contre semences" et "vivres pour l'éducation".

Tableau 6-a. Afghanistan: Estimations des besoins d'aide alimentaire dans les régions en situation de crise, 2001/02

Régions
et provinces
Groupes vulnérables
Principaux facteurs de vulnérabilité
Personnes ayant besoin d'aide
Durée de l'aide
Ration
Besoins d'aide alimentaire estimés (tonnes)
Nord
Faryab,
Jowzjan,
Sare-e Pul,
Balkh,
Samangan
1. Agriculteurs tributaires de la récolte
1. Sécheresse, réduction très importante de la récolte de blé pluvial.
2. Faibles chutes de neige, réduction importante de la récolte de blé irrigué.
3. Sécheresse, pertes de biens/revenu (cheptel)
649 000
juillet 2001-
mai 2002
10 mois
50 kg/famille/
mois
54 083
Nord-Est
Baglan,
Kondoz,
Takar,
Badakchan
1. Agriculteurs tributaires de la récolte
1. Sécheresse, réduction importante de la récolte de blé pluvial.
2. Problèmes de sécurité se traduisant par une diminution de la superficie cultivée
3. Faibles chutes de neige réduisant la récolte de blé irrigué.
191 500
juillet 2001-
mai 2002
10 mois
50 kg/famille/
mois
15 958
Ouest
Harat,
Farah,
Badghis
1. Agriculteurs tributaires de la récolte
1. Sécheresse; réduction très importante de la récolte de blé pluvial.
2. Faibles chutes de neige, réduction importante de la récolte de blé irrigué (par karezes et par submersion).
494 000
juillet 2001-
mai 2002
10 mois
50 kg/famille/
mois
41 167
 
3. Kuchi/nomades vivant de l'élevage
1. Sécheresse, pertes importantes de biens/revenu (cheptel)
3 500
juillet 2001-
avril 2002
9 mois
50 kg/famille/
mois
262
Est-Centre
Ghor,
Bamiyan
1. Agriculteurs tributaires de la récolte
1. Problèmes de sécurité et au niveau de l'infrastructure d'irrigation, se traduisant par une réduction très importante de la récolte de blé irrigué.
2. Sécheresse, réduction de la récolte de blé pluvial.
463 500
juillet 2001-
mai 2002
10 mois
50 kg/famille/
mois
38 625
Centre
Kaboul,
Parwan,
Kapisa,
Logar,
Wardak
1. Agriculteurs tributaires de la récolte
1. Sécheresse, réduction de la récolte de blé pluvial.
261 500
juillet 2001-
mai 2002
10 mois
50 kg/famille/
mois
21 792
 
2. Kuchi/nomades vivant de l'élevage
1. Sécheresse, pertes importantes de biens/revenu (cheptel)
3. Réduction importante de la récolte des cultures irriguées par des karezes
1 000
juillet 2001-
avril 2002
9 mois
50 kg/famille/
mois
75
Sud
Paktika,
Khost,
Ghazni
1. Agriculteurs tributaires de la récolte
Sécheresse, réduction de la récolte des cultures pluviales et irriguées par des karezes
203 500
juillet 2001-
mai 2002
10 mois
50 kg/famille/
mois
16 958
 
2. Kuchi/nomades vivant de l'élevage
1. Sécheresse, pertes importantes de biens/revenu (cheptel)
8 500
juillet 2001-
avril 2002
9 mois
50 kg/famille/
mois
637
Est
Nangarhar,
Loghman,
Kunar
1. Agriculteurs tributaires de la récolte, y compris les cultivateurs de pavot et les ouvriers agricoles
Perte importante de revenu et de salaire suite à l'interdiction sur la culture du pavot
Réduction de la récolte des cultures irriguées par des karezes
93 500
juillet 2001-
mai 2002
10 mois
50 kg/famille/
mois
7 792
Sud-Ouest
Kandahar,
Helmand,
Zabul,
Nimroz,
Uruzgan
1. Agriculteurs tributaires de la récolte
1. Sécheresse, réduction de la récolte des cultures pluviales et irriguées par des karezes.
2. Perte importante de revenu et de salaire suite à l'interdiction sur la culture du pavot
482 500
juillet 2001-
mai 2002
10 mois
50 kg/famille/
mois
40 208
 
2. Kuchi/nomades vivant de l'élevage
1. Sécheresse, pertes importantes de biens/revenu (cheptel)
26 000
juillet 2001-
avril 2002
9 mois
50 kg/famille/
mois
1 950
TOTAL
 
 
2 878 000
 
50 kg/famille/
mois
239 507

Tableau 6-b: PAM - PDI, Alimentation supplémentaire et autres mécanismes de distribution d'aide, 2001/02

Régions
et
provinces
Groupes vulnérables
Type d'activité
Personnes ayant besoin d'aide
Durée de l'aide
Ration
Besoins d'aide alimentaire estimés (tonnes de blé)
Centre
Nord
Nord-Est
Ouest
PDI
Camps urbains
PDI (sécheresse)
PDI (conflit)

318 000
156 000

6 mois
9 mois
Par jour et par personne:
350 g farine
20 g sucre
30 g huile
30 g légumineuses
34 776
Centre
Nord
Sud-Ouest
PDI
Camps ruraux
PDI (sécheresse)
PDI (conflit)

96 000 138 000

6 mois
9 mois
Par mois et par famille:
50 kg blé
5 l huile
15 150
Nord
PDI
Zones rurales, hors camps
PDI (sécheresse)
42 000

6 mois
Par mois et par famille:
50 kg blé
5 l huile
2 100
Toutes régions
Enfants souffrant de malnutrition
Besoins d'alimentation complémentaire
(activité d'alimentation compl. sur 12 mois, durée moyenne de traitement de 3 mois)
300 000
(@75 000/
pers/jour)
3 mois/pers.
Par jour et par personne:
150 g MMS
250 g farine
30 g huile
20 g sucre
30 g légumi-neuses
6 750
Toutes régions
Divers
Activités sans caractère d'urgence:
Boulangeries (48 000 t)
Vivres-contre-travail (30 000 t)
Vivres-contre-semences (5 000 t)
Vivres pour l'éducation (3 000 t)
Alimentation des collectivités (1 800 t)
* moyenne par semaine

600 000
400 000
10 000
25 000
56 000
variable
variable
87 800
TOTAL
 
 
2 141 000
 
 
146 576

Tableau 6-c: Programme d'aide alimentaire du PAM, 2001/02

 
Personnes ayant besoin d'aide
Besoins d'aide alimentaire estimés (tonnes de blé)1
Zones en situation de crise
2 878 000
239 507
PDI et alimentation complémentaire
1 050 000
58 776
Autres mécanismes de distribution d'aide
1 091 000
87 800
Total général
5 019 000
386 083

6.5 Logistique

L'Afghanistan est un pays enclavé. L'état de délabrement des infrastructures et les conditions climatiques difficiles limitent l'accès à plusieurs régions. Durant l'hiver, des chutes de neige abondantes et des glissements de terrain peuvent causer des interruptions par endroit. En outre, les troubles civils rendent parfois difficiles les déplacements dans certaines zones en proie à l'insécurité. Du fait de ces divers facteurs, l'acheminement des denrées alimentaires à l'intérieur du pays est une opération complexe, qui comporte des coûts de transport élevés.

Pour ses livraisons d'aide alimentaire en Afghanistan, le PAM emprunte à la fois les couloirs du sud et du nord. Les denrées destinées aux régions méridionales du pays arrivent dans le port de Karachi, dans le sud du Pakistan, puis sont acheminées vers Peshawar et Quetta. Toutes les expéditions vers les régions septentrionales de l'Afghanistan passent par les ports de la Baltique et de la mer Noire, comme Riga, Tallinn et Poti. Les cargaisons provenant de ces ports sont transportées vers les entrepôts de transit, puis réexpédiées dans le nord-est du pays. Un autre couloir passant par Bandar Abbas en Iran a été ouvert en 2000 pour desservir les provinces de l'ouest et certaines des régions septentrionales de l'Afghanistan.

Les chargements destinés à Kaboul et à Djalalabad proviennent habituellement de Peshawar, alors que ceux à destination de Kandahar passent par Quetta. Pour rejoindre Harat, il est possible d'emprunter aussi bien le couloir du sud que celui du nord. La seule façon d'accéder à Feyzabad est de passer par Osh, au Kirghizistan. Les denrées sont acheminées sur environ 4 500 kilomètres avant d'arriver à Osh et de là elles traversent les montagnes du Pamir, à 4 000 m d'altitude, pour atteindre Ishkashim, entre le Tadjikistan et l'Afghanistan. Les produits sont ensuite chargés sur des camions afghans et conduits à Feyzabad. Mazar était accessible à partir de Termez, une ville située à la frontière avec l'Ouzbékistan, avant que le gouvernement ouzbek ne ferme ses frontières avec l'Afghanistan. Le transport des denrées en péniche par le fleuve a été autorisé pendant un certain temps. Actuellement, toutes les cargaisons à destination de Mazar arrivent de Termez par la route, en passant par le Turkménistan. La route est ainsi allongée de 650 kilomètres et le transport est plus coûteux. Toutefois, en été, Mazar peut aussi être approvisionné par Peshawar, via Kaboul.

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7. MESURES À MOYEN ET À LONG TERME

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'informations le cas échéant.
Abdur Rashid
Chef, SMIAR, FAO, Rome
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Mél: [email protected]
Khaled Adly
Directeur régional, OMN, PAM
Télécopie: 0020-2-7547614
Les alertes spéciales et les rapports spéciaux peuvent aussi être reçus automatiquement par courrier électronique dès leur publication, en souscrivant à la liste de distribution du SMIAR. A cette fin, veuillez envoyer un courrier électronique à la liste électronique de la FAO à l'adresse suivante: [email protected] sans remplir la rubrique sujet, avec le message ci-après:

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1 Série diffusée uniquement pour les pays dans lesquels l'état des cultures vivrières ou la situation des approvisionnements alimentaires sont préoccupants.

2 Les populations sédentaires vivent de l'agriculture pluviale et irriguée - elles possèdent généralement quelques bovins et autres animaux; les populations transhumantes dépendent de l'agriculture pluviale et de l'élevage; tandis que les Kuchi sont totalement tributaires de l'élevage. Voir à la section 3.6 le bouleversement des moyens d'existence tirés de l'élevage enregistré cette année.

3 Les informations contenues dans cette section sont tirées de sources diverses, notamment du rapport de la mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires des années précédentes, de documents et d'enquêtes du PAM, et des entretiens avec les agents concernés du système des Nations Unies en Afghanistan et d'autres interlocuteurs.

4 Chiffre obtenu en appliquant un taux annuel de croissance démographique de 3,4 pour cent à la population de 21,9 millions d'habitants de l'an dernier et déduction faite d'un exode net estimatif de quelque 400 000 personnes au cours de l'année passée.

5 La part de 15 travailleurs pour 1 hectare est de 11,25 kg d'opium, soit 0,75 kg par personne. À raison de 2,5 tours de 15 jours chacun, un travailleur gagne donc 1,875 kg ou 56,25 dollars E.-U.

6 La part des autorités talibanes, à raison de 10 pour cent de la production totale de 3 600 tonnes d'opium, d'une valeur de 30 dollars E.-U. le kilo, est donc de 10,8 millions de dollars E.-U.

7 Le blé fournit l'essentiel de l'apport énergétique en Afghanistan. Le pain et le yoghourt constituent souvent à eux seuls un repas complet dans les zones rurales.