FAO/SMIAR - Rapport sur l' Afrique No.2, août 2001 - page 4

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PREMIÈRE PARTIE: VUE D'ENSEMBLE


Les perturbations climatiques, la persistance de troubles civils et de l'insécurité ont été préjudiciables à la production vivrière dans plusieurs régions de l'Afrique subsaharienne. Dans la Corne de l'Afrique, la menace d'une nouvelle sécheresse pèse sur plusieurs pays. Au Soudan, de graves pénuries alimentaires, engendrées par la sécheresse, ont été aggravées par la récente recrudescence des troubles intérieurs qui sévissent depuis plusieurs années et qui ont provoqué le déplacement d'un grand nombre de personnes. En Somalie, de sérieuses pénuries alimentaires sont également prévues en raison de l'insuffisance des pluies au cours de la campagne "gu" en cours, notamment dans les zones non irriguées de Gedo, Hiran, Bay et Bakool. En Afrique australe, plusieurs pays ont enregistré une forte diminution de la production céréalière, à la suite d'inondations et de longues sécheresses lors de la saison agricole. Ailleurs, en dépit des conditions favorables à la production vivrière, des conflits intérieurs continuent à désorganiser la production agricole en Angola, au Burundi, en République démocratique du Congo, en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone.



DES SECOURS ALIMENTAIRES D'URGENCE SONT ENCORE NÉCESSAIRES PAR ENDROITS EN AFRIQUE DE L'EST

L'insuffisance des pluies et l'intensification des troubles civils qui se poursuivent depuis plusieurs années dans certaines parties de l'Afrique de l'Est ont assombri l'optimisme qui avait permis d'espérer à la région de se remettre rapidement des conséquences de la forte sécheresse récente dans la sous-région.

Au Soudan, les perspectives d'approvisionnements alimentaires sont peu encourageantes, du fait de la médiocrité des précipitations et des déplacements de population résultant d'une récente recrudescence des troubles intérieurs qui règnent depuis des années. La situation alimentaire est particulièrement grave dans la région de Bahr-El-Ghazal où l'escalade du conflit a été la plus prononcée. Ailleurs, deux années consécutives de mauvaises récoltes et l'épuisement des stocks en résultant ont entraîné une forte augmentation des prix céréaliers, ce qui a réduit l'accès aux vivres pour de larges segments de la population. Le pouvoir d'achat, des éleveurs notamment, a été sérieusement affaibli. De nombreux agriculteurs ainsi que d'autres groupes vulnérables, ayant épuisé les stocks dont ils disposaient, ont migré à la recherche de travail et de nourriture. La situation risque d'empirer dans les mois à venir, la période de soudure venant de commencer et les contributions ne couvrant pour le moment qu'une fraction de l'appel lancé en vue d'obtenir une aide alimentaire internationale. La population la plus touchée par la sécheresse de l'an dernier se trouve essentiellement dans les régions de Darfour et Kordofan, Bahr-el-Ghazal, Bahr-el-Jebel, Équatoria oriental, Jonglei, Red Sea ainsi que dans la province de Butana (État de Gezira). Selon les dernières estimations, le nombre de personnes ayant besoin de secours alimentaires d'urgence au Soudan s'élève à près de 2,97 millions de victimes de la sécheresse et/ou des troubles intérieurs. Il est nécessaire de réunir d'urgence des contributions d'aide alimentaire supplémentaire et de fournir un soutien logistique afin d'éviter la famine.

En Somalie, les perpectives des céréales de la campagne principale "gu" de 2001 sont médiocres, du fait de l'insuffisance des précipitations. Les régions les plus touchées sont celles de Gedo, Hiran, Bay et Bakool, qui ne sont pas irriguées. Malgré les bonnes récoltes des deux dernières campagnes, de graves difficultés d'approvisionnements risquent d'apparaître car le pays se remet lentement de plusieurs sécheresses lors des dernières années et des conséquences à long terme d'années d'insécurité. De plus, l'injection récente de nouvelles liquidités sur le marché, qui s'est accompagnée d'une dépréciation du shilling somalien, a provoqué une forte flambée des prix des produits alimentaires, érodant le pouvoir d'achat de larges segments de la population. L'interdiction décidée par les pays riverains de la péninsule arabe d'importer du bétail en provenance d'Afrique de l'Est en raison de la fièvre de la vallée du Rift s'est également traduite par des pertes substantielles de revenus pour un grand nombre de ménages d'éleveurs dont les moyens d'existence ont été remis en cause. Afin de faire face aux prévisions de mauvaises récoltes, de réduction des stocks et à l'insuffisance actuelle des secours alimentaires, le PAM et les autres organismes humanitaires ont lancé un appel à la communauté internationale afin de fournir une aide alimentaire supplémentaire. Au début de cette année, un appel interinstitutions des Nations Unies, d'un montant de 130 millions de dollars E.-U., a été lancé pour soutenir les moyens d'existence de la population et contribuer au redressement du pays.

En Érythrée, la situation alimentaire demeure précaire car de nombreux agriculteurs déplacés n'ont pu regagner leur exploitation et de vastes étendues de terre, minées, restent inutilisables. En outre, les pluies (courtes) de printemps, de mars à mai, qui permettent une préparation précoce des sols et de régénérer les pâturages, ont manqué dans de nombreuses régions. Le cours des céréales a considérablement augmenté au cours des derniers mois, du fait d'un manque d'approvisionnements. De plus, la lenteur de la réponse aux appels humanitaires est une préoccupation majeure dans la mesure où une infime portion seulement de l'appel lancé par le gouvernement a été couverte à ce jour. Globalement, on estime que plus d'un million de personnes ont été déplacées par la guerre avec l'Éthiopie. Début juin, 35 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays seulement avaient été réinstallées.

Au Kenya, la situation des approvisionnements alimentaires s'est nettement améliorée, suite aux récoltes issues de la courte saison des pluies et au meilleur état des pâturages dans plusieurs aires pastorales du centre et de l'ouest. Toutefois, la majeure partie des districts pastoraux de l'est et du nord, qui n'ont reçu que de faibles précipitations jusqu'à maintenant, doivent encore se rétablir. La sécheresse aiguë de 1999/2000 a gravement compromis la sécurité alimentaire de 4,4 millions de personnes, notamment dans les zones d'élevage, et a entraîné des opérations de secours de grande envergure.

En Éthiopie, les pluies favorables de la campagne "belg", en cours, ainsi que la récolte exceptionnelle "meher" de céréales et de légumineuses de l'an dernier, ont permis d'améliorer la situation des approvisionnements alimentaires. La forte baisse des prix céréaliers dans les principales zones de production a toutefois réduit les revenus des ménages et risque d'affecter les objectifs de production décidés par les agriculteurs pour la campagne principale, qui vient de commencer. Le gouvernement et les donateurs se sont efforcés de soutenir les marchés locaux par l'achat de céréales, mais les moyens financiers limités, n'ont pas réussi à faire remonter les cours.

Dans les zones d'élevage, les précipitations de la campagne principale, en cours, se sont produites avec environ un mois de retard et se sont terminées de manière précoce. L'insuffisance des pluies dans certaines parties de Gode, Liban, Werder et Afder, qui ont été les plus touchées par la grave sécheresse de l'an dernier, est très préoccupante. De récentes enquêtes nutritionnelles font état d'un taux élevé de malnutrition aiguë généralisée, ce qui témoigne de la persistance de pénuries alimentaires. Dans l'ensemble du pays, près de 6,5 millions de personnes, victimes de la sécheresse ou du conflit avec l'Érythrée voisine, sont tributaires de l'aide alimentaire.

En Tanzanie et en Ouganda, la situation des approvisionnements alimentaires s'est améliorée, du fait des bonnes récoltes récemment obtenues et du meilleur état des pâturages. Des difficultés alimentaires persistent cependant par endroits en Ouganda, en raison surtout de l'insécurité.



EN AFRIQUE AUSTRALE, LA PRODUCTION CÉRÉALIÈRE DIMINUE FORTEMENT, SUITE À DE GRAVES INONDATIONS ET VAGUES DE SÉCHERESSE

De longues vagues de sécheresse, de graves inondations et une désorganisation des activités agricoles dans certaines régions ont entraîné un net recul de la production en Afrique australe.

Au Zimbabwe, la situation des approvisionnements alimentaires pour la campagne de commercialisation 2001/02 (avril/mars) est particulièrement préoccupante, du fait du fléchissement sensible de la production céréalière et des difficultés économiques actuelles du pays. Une récente mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires a estimé que la production de maïs s'établirait à environ 1,5 million de tonnes cette année, soit 28 pour cent de moins que l'an dernier et un quart de moins que la moyenne quinquennale. On prévoit également que la production de blé de 2001, récemment semé, devrait être d'un faible volume, analogue à celui de 2000. La baisse sensible de la production céréalière est imputable à une forte réduction des superficies ensemencées d'une part, par les grandes exploitations commerciales, du fait de la désorganisation engendrée par l'acquisition des terres, et d'autre part, par les fermes communautaires, en raison du retard des paiements de l'Office de commercialisation des céréales. Une vague de sécheresse et de fortes pluies à la mi-campagne ont provoqué des inondations par endroits et ont également réduit les rendements dans plusieurs zones, notamment dans le sud.

La situation des approvisionnements alimentaires est tendue pour de larges tranches de la population. Dans les zones rurales, les agriculteurs qui ont obtenu une faible récolte suite à la sécheresse de janvier et aux pluies excessives de février-mars, ainsi que ceux qui ne se sont pas encore remis des conséquences du cyclone Eline de l'an dernier, sont les plus touchés, en particulier dans le sud. Les travailleurs agricoles ayant perdu leur emploi sous l'effet de l'occupation des exploitations ou de l'acquisition des terres, ainsi que les populations vulnérables dans les zones d'insécurité alimentaire chronique de l'est et du sud sont également confrontés à une situation alimentaire difficile. Dans les zones urbaines, la baisse des revenus réels engendrée par une forte inflation, par la hausse des prix des produits alimentaires et non alimentaires ainsi que par des pénuries aiguës de carburant résultant d'un manque de devises étrangères s'est fait plus particulièrement ressentir au niveau des ménages à bas revenus. La fermeture d'entreprises aggrave le chômage, réduisant à nouveau le pouvoir d'achat de larges segments de la population et la possibilité de se procurer des vivres.

En Afrique du Sud, les dernières estimations indiquent que la production de maïs de 2001 se chiffrera à 7,2 millions de tonnes, soit un tiers de moins que le volume exceptionnel de l'an dernier et un résultat bien inférieur à la moyenne des cinq dernières années. Le recul de la production est attribuable à la diminution des superficies ensemencées, conséquence de la faiblesse des prix intérieurs ainsi qu'à la longue vague de sécheresse régnant en janvier et au cours de la première moitié de février dans les principales zones de production, ce qui a réduit considérablement les rendements. Compte tenu du niveau de production prévu et des stocks de report existants, les disponibilités en maïs pour la campagne de commercialisation 2001/02 suffisent à couvrir les besoins du pays et laissent un excédent exportable d'environ 500 000 tonnes. Ce volume est nettement inférieur à celui de 2000/01 et n'est pas assez important pour répondre à l'augmentation des besoins d'importations de maïs de la sous-région. Une partie de ces importations devra donc provenir d'outre-mer.

Au Lesotho, la production céréalière de 2001 a été fortement réduite par les intempéries. Une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires, réalisée en mai, a estimé que la production céréalière de cette année s'établirait à 80 000 tonnes, soit environ 55 pour cent de moins qu'en 2000 et 60 pour cent de moins que la moyenne quinquennale. Les récoltes ont gravement souffert de la gelée début janvier, puis de pluies irrégulières, d'une vague de chaleur et de grêle par endroits. Du fait de la médiocrité des récoltes, les importations céréalières pour la campagne de commercialisation 2001/02 (mai/avril) devraient augmenter de manière significative pour atteindre 332 000 tonnes. Bien que la majeure partie de ces besoins devraient être couverte par des importations commerciales, les ménages risquent de connaître des difficultés d'approvisionnements. La situation alimentaire devrait être particulièrement difficile dans les districts des montagnes où le gel a provoqué d'importants dégâts et où de nombreux ménages ont enregistré des pertes de récoltes. Une proportion importante de ménages disposent de quantités suffisantes de nourriture pour faire face à la situation jusqu'à la prochaine récolte, mais l'on estime que près de 10 à 15 pour cent de familles pauvres dans les districts les plus touchés de Mokhotlong, Thaba-Tsek, Mohale's Hoek et Quthing sont extrêmement vulnérables et auront besoin de vivres et de semences en 2001/02. La mission a recommandé qu'une enquête soit promptement menée dans ces zones afin d'identifier, de quantifier et de cibler précisément les ménages à risque qui auront besoin d'une aide.

Au Swaziland, la forte diminution de la production céréalière, pour la seconde année consécutive, a entraîné une nouvelle dégradation de la situation des approvisionnements alimentaires. Une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires, effectuée en mai, a estimé que la production de maïs de 2001 serait de 73 000 tonnes, ce qui est proche du faible volume de 2000 et un tiers de moins que la moyenne des cinq dernières années. La production des cultures vivrières de moindre importance, comme le sorgho, la patate douce, les haricots et le dolique, est également plus faible que la moyenne. La baisse de la production vivrière cette année résulte principalement d'une sécheresse à la mi-campagne et d'une vague de chaleur, qui ont été préjudiciables aux rendements.

Selon les estimations, les besoins d'importations céréalières pour la campagne de commercialisation 2001/02 s'élèveront à 123 000 tonnes, ce qui est nettement supérieur au volume de l'an dernier. La majeure partie de ces besoins devrait être couverte par des importations commerciales, mais l'on prévoit que les ménages rencontreront des difficultés d'approvisionnements, notamment dans les provinces de Middle et Lowerveld, qui ont été les plus durement frappées par les intempéries. Une évaluation des besoins alimentaires réalisée par le gouvernement et des ONG est en cours dans les zones touchées par la sécheresse. Une aide publique et extérieure ciblée sur les groupes les plus vulnérables devrait permettre d'éviter des pénuries aiguës au cours des mois à venir.

Au Malawi, les fortes pluies qui se abattues sur l'ensemble du pays au cours de la campagne, et qui ont provoqué de graves inondations par endroits, ont entraîné une réduction substantielle de la principale culture vivrière, le maïs. Dans le sud et le centre, le maïs a également souffert d'un temps sec en janvier. Selon les dernières estimations officielles, la production de maïs devrait être proche de 1,9 million de tonnes, soit un quart de moins que la récolte exceptionnelle de l'an dernier et un volume inférieur à la moyenne. D'après le niveau estimé, la production devrait être encore suffisamment élevée pour couvrir les besoins intérieurs en 2001/02 (mai/avril), mais le pays ne disposera pas d'excédents exportables cette année. En revanche, la production non céréalière, racines et tubercules principalement, devrait atteindre de bons résultats. La situation des approvisionnements alimentaires devrait être satisfaisante.

Au niveau des ménages, toutefois, les graves inondations qui se sont produites au cours de la campagne ont affecté 561 205 personnes et occasionné d'importants dégâts aux cultures. En conséquence, le PAM a fourni des secours alimentaires d'urgence à 208 500 personnes sinistrées. Le gouvernement, soutenu par la FAO et des organismes humanitaires, distribue également des semences et d'autres intrants agricoles nécessaires pour les semis de la prochaine campagne, en particulier dans les districts de Chikwawa et Nsanje, qui ont été plus particulièrement touchés. Par ailleurs, la FAO a aussi entrepris une campagne de vaccination et de traitements du bétail afin d'endiguer les maladies.

En Angola, une bonne récolte céréalière a été engrangée en 2001, reflétant surtout l'accroissement des superficies ensemencées. Ce résultat traduit la légère amélioration de la sécurité qui a régné à l'époque des semis et des efforts réalisés pour attribuer des terres arables dans les zones plus sûres aux personnes déplacées à l'intérieur du pays. La production a également progressé sous l'effet d'une plus large distribution de semences et d'outils ainsi que de conditions météorologiques généralement favorables. Une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires réalisée en mai 2001 a estimé que la production céréalière atteindrait 577 000 tonnes, soit 15 pour cent de plus que l'an dernier.

Bien que la hausse de la production vivrière contribuera à améliorer les disponibilités alimentaires, la situation restera précaire pour un nombre croissant de personnes déplacées à l'intérieur du pays, que l'on estime à 2,7 millions à l'heure actuelle. En dépit de l'augmentation des terres cultivées par les personnes déplacées, quelques unes seulement ont pu regagner leur foyer et le déplacement de la population à l'intérieur du pays reste très difficile. Par ailleurs, l'insécurité et le mauvais état des routes entravent l'aide humanitaire.

Ailleurs en Afrique australe, la longue vague de sécheresse à la mi-campagne, puis des pluies excessives, ont également nui aux cultures au Botswana, en Namibie et en Zambie, où la production céréalière devrait accuser une forte baisse. En Zambie, la production de maïs devrait avoir diminué de 30 pour cent par rapport à l'an dernier. Le gouvernement a lancé un appel pour venir au secours de 2 millions de personnes confrontées à de graves pénuries alimentaires. Les besoins d'importations céréalières devraient sensiblement progresser par rapport au niveau de 2000. En revanche, au Mozambique, malgré des inondations par endroits et un temps sec dans les zones méridionales, des précipitations bénéfiques dans les principales zones de production ont permis d'enregistrer un accroissement de la production vivrière cette année.



DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS, LES TROUBLES INTÉRIEURS ET L'INSÉCURITÉ CONTINUENT À COMPROMETTRE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

Au Burundi, une mission des Nations Unies, qui s'est rendue dans le pays en juin dernier, a estimé que plus de 500 000 personnes, obligées de quitter leur foyer en raison des combats, ont besoin d'urgence d'une aide humanitaire supplémentaire. Ainsi, malgré les meilleurs résultats de la seconde campagne obtenus grâce à des conditions météorologiques favorables dans l'ensemble, et une production en hausse de 15 pour cent pour les céréales et de 10 pour cent pour les légumineuses par rapport à l'an dernier pour la première campagne, la sécurité alimentaire est encore précaire pour de larges segments de la population, notamment les personnes déplacées à l'intérieur du pays. L'état nutritionnel et sanitaire de ce groupe est très préoccupant. En dépit de la gravité de la situation, les engagements relatifs aux secours humanitaires d'urgence ne représentaient, en juin 2001, que 15 pour cent des besoins estimés pour l'année. D'autres engagements de la communauté internationale sont nécessaires de toute urgence pour soulager la souffrance de la population.

Au Rwanda, la sécurité alimentaire devrait s'améliorer grâce aux bonnes récoltes de la campagne B de 2001. La première campagne a été également satisfaisante. Compte tenu de l'augmentation des disponibilités alimentaires, le prix des denrées de base a nettement diminué au cours du dernier mois dans la plupart des zones touchées par la sécheresse l'an dernier. Les semis ont toutefois reculé, du fait de la pénurie de semences résultant de plusieurs mauvaises récoltes.

En République démocratique du Congo, malgré les pluies généralement bénéfiques de la campagne B de 2001, la production vivrière devrait baisser dans plusieurs régions, en raison de l'insécurité, d'un manque de semences et du virus de la mosaïque qui a provoqué d'importants dégâts au manioc, principale culture de base.

D'une manière générale, la situation des approvisionnements alimentaires est encore extrêmement précaire pour des tranches importantes de la population, victimes de la persistance des troubles intérieurs. Selon les estimations, le conflit a déplacé au moins 2 millions de personnes à l'intérieur du pays, en particulier dans l'est où la violence s'est intensifiée à Butembo, Beni, Bunia et Kasindi au cours des dernières semaines. Alors que l'état nutritionnel et sanitaire des personnes déplacées est extrêmement alarmant, l'insécurité continue à faire obstacle aux distributions des secours humanitaires.

Une légère amélioration de la sécurité a cependant permis de rétablir les activités commerciales entre Kinshasa et Kisangani par le fleuve Congo. Après une interruption de trois ans, le premier navire, escorté par les troupes de maintien de la paix des États-Unis, est arrivé à Kinshasa en juin. La mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) a également lancé un programme d'un montant d'un million de dollars E.-U. en vue d'exécuter de petits projets liés aux besoins fondamentaux, dont le relèvement du secteur agricole, dans le cadre du processus de paix.



LA SITUATION DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES EST TENDUE DANS CERTAINES PARTIES D'AFRIQUE DE L'OUEST

Dans les pays du Sahel, la situation des disponibilités alimentaires est difficile dans plusieurs zones du Burkina Faso, du Tchad et du Niger, du fait de mauvaises récoltes. Au Burkina Faso et au Niger, l'intervention substantielle du gouvernement et de donateurs (ventes à prix subventionnés ou distributions gratuites restreintes) ont amélioré les disponibilités. Le cours des céréales, qui avait sensiblement augmenté début 2001, s'est stabilisé (ou a même accusé une légère baisse dans le nord du Burkina Faso) en mai/juin, à l'époque où il remonte d'habitude. Au Tchad, en revanche, l'aide alimentaire est encore nettement en deçà des besoins et la situation des approvisionnements alimentaires se dégrade. Des missions d'évaluation des besoins alimentaires organisées par le CILSS avec la participation de FEWS-NET, de USAID-OFDA, du PAM et de la FAO, sont prévues dans les zones en difficulté fin juillet au Tchad et en Mauritanie, et en août au Burkina Faso et au Niger. Dans les autres pays du Sahel, les marchés sont en général bien approvisionnés.

La saison des pluies de 2001 est maintenant bien engagée, sauf au Tchad. Les pluies ont commencé à temps, et ont même débuté légèrement plus tôt que d'habitude au Niger. Les semis sont en cours et les cultures se développent en général bien dans certaines parties du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Sénégal. Au Tchad, des pluies irrégulières risquent de créer des stress hydriques pour les céréales secondaires récemment semées ou d'exiger de nouveaux semis. Les pâturages commencent à se régénérer et la situation acridienne est calme dans l'ensemble.

Au Libéria, des difficultés d'approvisionnements alimentaires subsistent car la production intérieure, affaiblie par plusieurs années de troubles intérieurs, ne s'est pas encore totalement rétablie. L'infrastructure des transports est en très mauvais état, ce qui entrave la commercialisation des vivres et autres produits locaux. Selon les rapports, les pertes après-récolte sont élevées. La rébellion a repris récemment dans le comté de Lofa, l'une des principales zones de production rizicole du Libéria. Les travaux agricoles ont été désorganisés au moment des semis et des milliers de personnes ont été déplacées. L'interdiction officielle de voyager, qui pendant plus d'un mois a empêché les organismes de secours de venir en aide aux personnes déplacées dans les régions de Bellefanai et Gbalatuah, proches de la frontière du comté de Lofa, a été levée; ce qui a permis au PAM de distribuer des vivres à près de 6 000 personnes déplacées dans ces deux zones fin juin. Une aide alimentaire bimensuelle est également fournie, en collaboration avec la Société nationale de la Croix rouge et l'ACF, à toutes les personnes déplacées qui se sont déclarées dans les comtés de Bong et de Grand Cape Mount.

Les précipitations ont été en général bien réparties et abondantes depuis la mi-avril et le riz se développe de manière satisfaisante. Plusieurs ONG ont distribué des intrants dans diverses zones. À l'exception du comté de Lofa, le calme relatif qui règne dans la plupart des régions a eu des effets positifs sur les travaux agricoles. Les superficies ensemencées en riz et la production rizicole devraient augmenter, si le temps continue à être clément.

En Sierra Leone, suite à la médiocrité de la production vivrière en 2000 et aux problèmes de transport, la situation des approvisionnements alimentaires demeure tendue en 2001. Le PAM prévoit de distribuer plus de 50 000 tonnes de vivres à environ 544 000 personnes en 2001, dont des personnes déplacées à l'intérieur du pays, de récents rapatriés et 200 000 bénéficiaires de programmes spécialement conçus pour les groupes vulnérables, tels les enfants scolarisés et souffrant de malnutrition. Des ONG envisagent également de distribuer près de 37 000 tonnes de produits alimentaires en 2001. Le gouvernement a lancé un programme de réinstallation dans les districts de Freetown, Port Loko, Kenema et Pejehun. Un programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration est également en vigueur depuis mai pour les anciens combattants ayant rendu leurs armes. Près de 60 000 réfugiés originaires de la Sierra Leone ont récemment quitté la Guinée, contraints par le déclenchement des combats qui sévissent dans ce pays.

Les semis de riz ont commencé à la mi-avril au début des pluies, et les conditions de végétation sont favorables jusqu'à présent. La production rizicole devrait augmenter cette année, compte tenu de l'accroissement des superficies ensemencées par les agriculteurs rapatriés et de l'amélioration des conditions de distribution des intrants. Le pays continue néanmoins à être fortement tributaire d'une aide alimentaire.

En Guinée, la situation des approvisionnements est satisfaisante et les marchés sont en général bien approvisionnés grâce aux bons résultats de 1999 et à une récolte exceptionnelle en 2000, sauf dans le sud-est où les incursions des rebelles de la Sierra Leone ont nui à l'agriculture et aux activités de commercialisation. Plus de 400 000 ressortissants du Libéria et de la Sierra Leone se sont réfugiés en Guinée et près de 150 000 personnes sont déplacées à l'intérieur du pays. Le rapatriement volontaire des personnes souhaitant regagner la Sierra Leone est encouragé et un camp de transition a été établi à Conakry en vue de gérer le processus. Depuis septembre 2000, plus de 55 000 Sierra Léoniens ont quitté la Guinée.



LES BESOINS D'IMPORTATIONS ET D'AIDE ALIMENTAIRE DEVRAIENT RESTER ÉLEVÉS EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Les besoins d'importations céréalières en Afrique subsaharienne en 2001 devraient être encore importants, compte tenu principalement de la persistance de la sécheresse dans certaines parties d'Afrique de l'Est, du déplacement de populations résultant de la recrudescence des conflits et des effets des mauvaises conditions climatiques en Afrique australe. Les dernières estimations du SMIAR relatives à la production 2000 et aux besoins d'importations et d'aide alimentaire en 2000/01 sont récapitulées dans le tableau 2. Selon les prévisions, les besoins d'aide alimentaire atteindront, au total, 2,7 millions de tonnes, ce qui est pour ainsi dire analogue aux importations effectivement réalisées en 1999/2000. Le total des engagements d'aide alimentaire pour 2000/01, y compris ceux reportés de 1999/2000, se montent à 1,5 million de tonnes, dont 0,95 million de tonnes déjà livrées à ce jour.



DOMAINES D'INTERVENTION PRIORITAIRES

Plusieurs indices révèlent une dégradation de la situation des disponibilités alimentaires au Soudan et en Somalie tandis que des difficultés d'approvisionnements subsistent dans plusieurs pays de l'Afrique subsaharienne. En Afrique australe, les perspectives alimentaires sont peu encourageantes, notamment au Zimbabwe. La récente intensification des combats en Angola, au Burundi, au Libéria et au Soudan a provoqué le déplacement d'un grand nombre de ruraux alors que l'insécurité continue à peser sur la production vivrière en République démocratique du Congo, en Sierra Leone et en Guinée. L'attention de la communauté internationale est attirée sur les domaines d'intervention prioritaires suivants:

Premièrement, tous les efforts possibles doivent être déployés pour mettre un terme à l'aggravation de la situation alimentaire au Soudan et en Somalie.

Deuxièmement, les perspectives alimentaires au Zimbabwe, avant la prochaine récolte, sont pessimistes et requièrent l'élaboration de plans d'urgence au cours des prochains mois pour assurer la distribution d'une aide alimentaire.

Troisièmement, plusieurs pays d'Afrique subsaharienne, victimes de troubles intérieurs ou d'intempéries, dont l'Angola, le Burundi, l'Érythrée, le Kenya, le Libéria, la République démocratique du Congo et la Sierra Leone, continuent à avoir besoin d'une aide alimentaire.

Quatrièmement, une aide soutenue et plus substantielle est nécessaire dans les pays où la sécurité est mieux assurée après les conflits dévastateurs dont ils ont souffert, parmi lesquels le Libéria, le Rwanda, la République du Congo et la Sierra Leone.


FAO/SMIAR - août 2001

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