SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

RAPPORT SPÉCIAL

MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES EN RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

27 juillet 2001

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1. VUE D'ENSEMBLE

Après l'hiver le plus rigoureux depuis plusieurs décennies, la RPD de Corée a été victime d'une grave sécheresse prolongée au printemps 2001. En mai, il apparaissait clairement que les cultures de blé, d'orge et de pommes de terre d'hiver/printemps avaient été ravagées par la sécheresse et que le déficit de production qui s'ensuivrait aurait des conséquences désastreuses pour la sécurité alimentaire de la population, notamment pendant la période de soudure entre juin et octobre. Cela donnera lieu à une nouvelle aggravation d'une situation alimentaire rendue déjà précaire par les catastrophes naturelles des années passées et les problèmes économiques persistants du pays. Face à ces perspectives défavorables, en juin 2001, la FAO et le PAM ont envoyé en RPD de Corée une mission conjointe d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires à mi-campagne.

La mission s'est rendue dans le pays du 23 juin au 3 juillet dernier pour suivre la situation des approvisionnements alimentaires durant la campagne de commercialisation actuelle (nov. 2000 - oct. 2001) et évaluer les premières perspectives concernant les cultures principales de 2001, notamment le paddy, le maïs et les pommes de terre. La mission a eu des entretiens avec les autorités gouvernementales, les institutions des Nations Unies, les organismes d'aide bilatérale et les ONG internationales, et elle a effectué un certain nombre de visites sur le terrain afin d'observer l'état des cultures sur pied et des réservoirs d'irrigation dans quatre provinces et une ville (Hwanghae nord et sud, Pyongon nord et sud, et Pyongyang). Sur place, elle a interrogé le personnel des coopératives agricoles et des comités locaux de réparation des dommages causés par les inondations (FDRC), ainsi que les responsables des réservoirs. Pour pouvoir confronter l'état de la végétation pendant la campagne agricole actuelle à celui de ces dernières années, la mission a utilisé les images de l'indice de végétation NDVI, à une résolution de 1km, indiquant la vigueur et l'étendue du couvert végétal, prises par le satellite SPOT-4 à partir de 1998.

La mission a été informée de l'échec quasi total des pluies de printemps, entre le mois de mars et la mi-juin 2001. Dans plusieurs régions, cette défaillance a duré 100 jours, la plus longue sécheresse de printemps jamais enregistrée. Cela s'est traduit par un assèchement notable du sol, l'épuisement des réservoirs et la paralysie des systèmes d'irrigation. Les cultures de blé, d'orge et de pommes de terre d'hiver/printemps 2000/01 en ont considérablement souffert. Selon les estimations, environ 10 pour cent de la superficie cultivée a dû être abandonnée, tandis que sur le restant des terres les rendements ont été nettement inférieurs à la normale. Les rendements de blé et d'orge sont tombés à 0,85 tonne/hectare contre une production habituelle de 2 tonnes/hectare, alors que pour les pommes de terre la productivité a été de 3,77 tonnes/hectare contre une moyenne de 10 tonnes/hectare ces dernières années. La production totale des cultures d'hiver/printemps, estimée à 172 000 tonnes, a été bien inférieure au volume attendu d'environ 493 000 tonnes.

Outre la réduction des récoltes de printemps, cette sécheresse prolongée et diffuse a également eu pour effet de détériorer les conditions de semis pour les céréales et les pommes de terre de la campagne principale. Environ 45 pour cent des cultures de maïs ont souffert de la sécheresse, du fait de l'échec d'une partie importante des semis d'origine, tandis qu'il a fallu procéder à deux reprises à de nouveaux semis. La mission a noté dans plusieurs régions des cultures de maïs irrégulières et en mauvais état de santé, laissant présager une mauvaise récolte en septembre. Les repiquages de riz ont été effectués avec un léger retard, mais dans l'ensemble les cultures paraissent en bon état. L'élément positif est que les pluies ont été régulières à partir de la mi-juin; bien qu'encore nettement inférieurs aux besoins, les approvisionnements en engrais, carburant et électricité ont marqué une légère amélioration par rapport aux années précédentes. Même si le résultat final dépendra dans une large mesure des conditions météorologiques au cours des mois à venir, et notamment des pluies de juillet et d'août, période pendant laquelle le pays reçoit la plus grande partie de ses précipitations annuelles, les premières indications annoncent toutefois des perspectives de production peu favorables pour cette année. Les perspectives à court et moyen terme demeurent très mornes, reflétant des déficits importants en engrais et en produits chimiques agricoles, ainsi qu'une détérioration et un vieillissement marqués des infrastructures, des machines et des équipements agricoles. Tant que ces contraintes n'auront pas été surmontées grâce à une aide internationale adéquate, le pays aura du mal à renverser la tendance à la baisse de sa productivité agricole.

Bien qu'elle soit encore précaire, la situation des approvisionnements alimentaires a montré quelques signes de redressement par rapport à l'an passé, principalement grâce à un renforcement de l'aide humanitaire et des importations à des conditions de faveur. Entre novembre 2000 et juin 2001, le Service public de distribution a livré une quantité moyenne de 215 g par personne et par jour à 15 millions de consommateurs non agricoles, contre un approvisionnement de 200 g par personne et par jour l'an dernier, pendant la même période. On prévoit toutefois que cette ration tombera à 150 g pour le même nombre de bénéficiaires, entre juillet et septembre. Pendant la période de soudure, les disponibilités devraient provenir de l'achat d'une partie de la récolte de printemps de 2001 et des importations en cours d'acheminement.

En raison des pertes de production liées aux cultures d'hiver/printemps, les estimations de production faites par la mission d'octobre 2000 (à savoir 2,92 millions de tonnes, en équivalent céréales) ont dû être révisées à la baisse et font maintenant état d'un volume de 2,57 millions de tonnes. Au vu des importations céréalières prévues par contrat et de l'aide alimentaire déjà livrée ou annoncée, la mission a calculé que le déficit alimentaire non couvert de la RPD de Corée s'élevait encore à 564 000 tonnes pour les quatre mois résiduels de la campagne de commercialisation 2000/01. Étant donné que le pays entre dans la période critique de soudure, que la récolte d'hiver/printemps a été sérieusement réduite et que la prochaine récolte ne sera engrangée que dans plusieurs mois, un renforcement des importations et de l'aide alimentaire, pour la période allant jusqu'à fin octobre, sera impératif pour éviter de nouvelles privations.

Indépendamment de l'important déficit alimentaire enregistré pendant la campagne de commercialisation en cours, la mission nourrit quelques inquiétudes quant aux disponibilités alimentaires pour l'année à venir. Face à des perspectives défavorables concernant la récolte principale d'octobre, un volume important d'aide alimentaire et d'importations à des conditions de faveur sera encore nécessaire en 2002. Tout déficit notable dans la mobilisation de cette aide ferait craindre une aggravation de la crise alimentaire dans le pays l'an prochain.

Il est certain qu'une famine généralisée n'a été conjurée en RPD de Corée que grâce à la mobilisation nationale et au volume sans précédent de l'aide alimentaire offerte par la communauté internationale au cours des six dernières années. La mission souligne qu'à court terme le précieux filet protecteur de l'aide alimentaire ne peut être retiré sans que cela ait des conséquences désastreuses en termes de sécurité alimentaire. Toutefois, outre l'aide alimentaire d'urgence actuellement fournie, il est impératif de renforcer le soutien international par rapport à son faible niveau actuel, pour relancer et redresser l'agriculture et assurer ainsi une sécurité alimentaire plus durable.

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2. FACTEURS AFFECTANT LA PRODUCTION VIVRIÈRE EN 2001

En RPD de Corée, la production agricole est limitée par le manque de sol arable et par une période de végétation de courte durée. Le taux de terres arables par habitant est de 0,27 hectare - légèrement supérieur à celui de 0,24 hectare qui est enregistré pour l'ensemble de la région Asie-Pacifique, pauvre en sols cultivables. À cela s'ajoute une brève campagne agricole de 150 à 180 jours sans gelées, de mai à octobre. Les possibilités d'accroître le rendement des cultures et d'assouplir le calendrier des opérations culturales sont donc réduites.

Les pluies démarrent d'ordinaire en mars pour atteindre leur intensité maximale en juillet/août. Elles sont enregistrées pour la plupart sur trois mois, de juin à août. Les précipitations ne sont toutefois ni fiables ni également réparties. Des conditions météorologiques souvent anormales, associées à une expansion des cultures dans des zones plus élevées et plus sèches, ont fait de l'irrigation une condition essentielle pour l'agriculture du pays, et en particulier pour la riziculture. Chaque année, la capacité d'approvisionnement du système d'irrigation du pays est l'un des facteurs déterminants du rendement.

La RPD de Corée pratique une agriculture gourmande en intrants et à haut rendement. Ainsi, les engrais ont été largement utilisés dans le passé lorsqu'ils étaient aisément disponibles. Les systèmes de culture établis nécessitent un apport en engrais rapide, adéquat et équilibré. Lorsque les engrais se raréfient, les rendements fléchissent avec à plus longue échéance l'épuisement des éléments nutritifs du sol. La production vivrière exige également un apport important en produits chimiques agricoles, films plastique, carburant, machines et équipements.

Toutefois, le ralentissement sensible de l'économie qui a imposé de sévères mesures d'austérité au cours de la décennie écoulée, a rendu extrêmement difficile la fourniture de ces intrants essentiels. Il y a eu une pénurie d'engrais, de pesticides et d'herbicides. Les machines et les équipements agricoles sont vieux et en mauvais état. Le carburant et l'électricité nécessaires pour utiliser les tracteurs, pomper l'eau d'irrigation, transporter les matériaux et faire fonctionner les équipements pour le traitement des récoltes, ont été insuffisants ou n'ont pas été disponibles au moment voulu.

Pour aggraver la situation, dans la deuxième moitié des années 90, une série de catastrophes naturelles a réduit la production vivrière et le cheptel, épuisé les réserves de produits alimentaires, dissipé le capital et anéanti les efforts de développement du secteur agricole déployés dans le passé. Plus précisément, le pays a été victime d'inondations en 1995 et 1996; d'une période de sécheresse et d'une tempête en 1997; et d'une nouvelle sécheresse en 2000. Seules les années 1998 et dans une certaine mesure 1999, ont été relativement épargnées.

L'effet conjugué des divers problèmes sous-jacents du secteur agricole s'est manifesté par un brusque déclin de la productivité et de la production vivrière, comme l'indique le graphique 1 ci-dessous.

2.1 Précipitations, disponibilités d'eau et températures

Le pays a enregistré une deuxième année consécutive de sécheresse en 2001. Les pluies de printemps ont fait défaut au moment du démarrage de la campagne principale de riz et de maïs, qui commence habituellement à la mi-mai. Cette longue vague de sécheresse a duré 100 jours, de mars à la mi-juin, dans plusieurs régions. Les faibles précipitations observées n'ont constitué qu'une petite partie de celles de 2000 - année déjà relativement sèche. La pluviométrie mensuelle moyenne de 12 provinces ne représentait qu'un tiers de la moyenne sur longue période en mars, un vingtième en avril et un quart en mai. Les quatre provinces rizicoles, à savoir Pyongan nord, Pyongan sud, Hwanghae nord et Hwanghae sud, n'ont pratiquement pas été arrosées au cours du mois crucial d'avril. Le temps est resté sec en mai et pendant la première moitié de juin dans la plupart des provinces. Les pluies se sont régularisées lorsque la sécheresse a pris fin, durant la deuxième partie du mois de juin. Les précipitations totales de ce mois sont néanmoins restées nettement inférieures à la moyenne sur longue période. Une comparaison des précipitations effectives pendant la période allant d'octobre 2000 à juin 2001, par rapport à la moyenne à long terme, figure aux graphiques 2 et 3.

Undisplayed Graphic
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Cette grave sécheresse de printemps après une année déjà relativement sèche en 2000, a eu pour effet d'abaisser le niveau des cours d'eau et de vider les réservoirs. En mai, le gouvernement a signalé que le volume total de l'eau dans les réservoirs de 11 provinces ne représentait que 42 pour cent de la capacité. La mission a inspecté deux petits réservoirs et un réservoir de desserte de taille moyenne, à savoir les réservoirs de Gyonryong et de Pyongwon, dans la province de Pyongan sud, et celui de Unpa dans la province de Hwanghae nord, constatant qu'ils étaient pratiquement asséchés avec un niveau de l'eau n'allant pas au-delà de 5 à 15 pour cent de la normale. Il a également été signalé que les réservoirs secondaires de celui d'Unpa étaient quasiment vides. La mission a même pu constater le pompage de l'eau des réservoirs vers les canaux de distribution dans deux systèmes d'irrigation par gravitation, du fait du niveau extrêmement faible de l'eau. Les responsables du réservoir de Gyonrong ont indiqué qu'ils avaient dû pomper de l'eau dans le fleuve Daedong pour compléter l'approvisionnement naturel en eau du réservoir, et ce pour la première fois depuis 10 ans.

Concernant les températures, le pays a connu un hiver relativement rigoureux. Décembre et janvier ont été des mois nettement plus froids que de coutume. Par exemple, dans la province de Pyongan sud, les températures mensuelles moyennes ont été de moins 4,1° en décembre, et de moins 10,2° en janvier, contre une moyenne sur longue période de moins 2,0° et moins 4,2° respectivement. Les températures sont remontées en mars et avril, pour être supérieures à la normale en mai (graphique 5). Le froid de l'hiver aurait dû faire un plus grand nombre de victimes parmi les ravageurs terricoles, tels que la pyrale du riz, le foreur du maïs et la chenille légionnaire du maïs. Or, d'après les indications fournies par les coopératives agricoles visitées, l'épaisse couche de neige a offert une certaine protection contre le froid. Des colonies ont survécu en nombre suffisamment important pour causer des problèmes au riz et au maïs d'été dans diverses exploitations.

2.2 Conditions de plantation

Les pluies sont arrivées à la mi-juin. Les conditions pour les semis ou le repiquage des cultures d'été de paddy, maïs, pommes de terre et autres céréales, se sont donc améliorées. Toutefois, l'échec des précipitations de printemps a été trop important pour rétablir des conditions de culture normales dans bien des régions. Au cours de ses visites dans cinq coopératives agricoles à Pyongyang et dans les provinces de Hwanghae nord et Hwanghae sud, la mission a pu noter que:

Les entretiens avec les responsables des cinq coopératives agricoles et des comités locaux de réparation des dommages causés par les inondations (FDRC), ont révélé que même si les opérations de repiquage du paddy de l'été 2001 avaient été effectuées avec un certain retard, les conditions finales étaient considérées comme satisfaisantes. Grâce aux pluies enregistrées après la mi-juin, et à une certaine irrigation de complément, la plupart des champs ont eu l'eau juste nécessaire pour le repiquage. Les engrais ont été livrés à temps, bien qu'en quantité largement inférieure aux besoins. Les plants de riz parvenus à un stade de maturation plus avancé que de coutume n'avaient pas trop souffert. Les cultures de maïs suscitaient toutefois une certaine inquiétude. La replantation d'une partie importante des cultures pendant la deuxième quinzaine de juin pourrait ne pas laisser suffisamment de temps pour une maturation complète des grains. D'autre part, les plantations de mai qui ont échappé au désastre paraissaient avoir souffert, avec des plantes rabougries en divers endroits. Les responsables des exploitations agricoles avaient tendance à annuler ou à réduire les applications d'engrais prévues. Cela pourrait se traduire par de mauvais rendements de maïs en septembre.

2.3 Intrants

Au niveau national, il semble que l'approvisionnement en engrais se soit quelque peu amélioré par rapport à l'an dernier, tout en restant nettement inférieur aux niveaux requis. Grâce aux stocks de report, à la production intérieure, aux importations et à l'aide humanitaire, 159 345 tonnes d'engrais NPK avaient pu être utilisées à fin juin 2001, en laissant un stock de 15 750 tonnes, soit une disponibilité totale de 175 095 tonnes à cette date (voir tableau 1). On attend dans les deux prochains mois l'arrivée de 25 000 tonnes supplémentaires provenant de la production intérieure et de l'aide humanitaire en voie d'acheminement, ce qui portera à 200 095 tonnes le total disponible pour la campagne de commercialisation 2000/01. Ce volume est supérieur d'environ 13 pour cent à la moyenne des six dernières campagnes agricoles.

Tableau 1: RPD de Corée - Disponibilités nationales d'engrais, septembre 2000-juin 2001

 
N
P
K
Total
Stocks de report de l'année 2000
3 150
450
2 000
5 600
Production intérieure
19 530
615
1 800
21 945
Importations
1 953
-
-
1 953
Aide humanitaire
79 947
24 900
25 000
129 847
Disponibilités totales1
104 580
25 965
28 800
159 345
Stocks en juin 2001
15 750
-
-
15 750
Production et aide humanitaire en voie d'acheminement d'ici fin août 2001
     
25 000
Total général
     
200 095

Au niveau des exploitations, les responsables des coopératives ont signalé la livraison en temps utile des quantités d'engrais attendues. À fin juin, 60 pour cent des approvisionnements prévus avaient été reçus. Les applications d'engrais nécessaires avaient été effectuées. Le restant des engrais alloués devrait parvenir dans les deux prochains mois.

Les applications d'engrais ont été effectuées au taux moyen de 123 kg par hectare pour le paddy et de 91 kg pour le maïs. En outre, plusieurs coopératives agricoles ont déclaré avoir également distribué 1 520 tonnes/ha de compost dans les champs. Ce sont des taux élevés pour un pays en développement. Le gouvernement prescrit toutefois de doubler le taux actuel pour atteindre 215 kg par hectare pour les cultures céréalières afin de retourner aux niveaux élevés qui étaient enregistrés avant les années 90 et pour renverser la tendance actuelle à l'appauvrissement du sol. Des études détaillées et approfondies du sol et des enquêtes sur la fertilité sont absolument nécessaires pour obtenir une image précise des besoins en engrais.

Au fil des années, la production intérieure et les importations commerciales d'engrais ont fléchi. L'aide internationale a toutefois été renforcée afin de combler le déficit. Pour la campagne de commercialisation de 2000/01 (novembre-octobre), l'aide humanitaire a constitué environ 80 pour cent des disponibilités totales.

Il semble qu'il y ait une carence de produits chimiques agricoles. Cette année, 274 tonnes seulement, principalement d'herbicides, ont été importées, contre 412 tonnes en 2000. La pénurie de devises a été indiquée comme la raison principale de cette contraction. Ce déficit ne devrait toutefois pas causer de graves problèmes. La main-d'_uvre disponible pour l'élimination des adventices est suffisamment nombreuse et les attaques d'insectes ont été faibles jusqu'à présent, grâce notamment à un hiver rigoureux.

Le gouvernement a signalé que 800 tracteurs étaient allés étoffer le parc national. Considérant la diminution du nombre des tracteurs en état de marche pour cause de vieillissement, et la pénurie de pièces détachées et de carburant, il s'agit là d'un résultat encourageant.

Les responsables des coopératives agricoles et les fonctionnaires du ministère de l'agriculture interrogés ont fait état d'une certaine amélioration des approvisionnements en carburant et en électricité. Ils se sont déclarés satisfaits de leurs disponibilités de carburant pour les semis. Cette observation rejoint les informations de presse indiquant un accroissement sensible des taux de production en usine par rapport à l'année passée. Par ailleurs, les fonctionnaires internationaux basés à Pyongyang ont remarqué que les voitures en circulation sur les routes étaient bien plus nombreuses que l'an dernier.

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3. PRODUCTION D'HIVER/PRINTEMPS 2000/01: BLÉ, ORGE ET POMMES DE TERRE

Les cultures de blé d'hiver et d'orge de printemps de 2001 ont donné de très mauvais résultats. Les conditions d'extrême sécheresse enregistrées au printemps ont épuisé l'humidité des sols, retardé les semis, réduit les taux de germination et donné lieu à de maigres récoltes. Au bout du compte, les emblavures n'ont couvert que 93 000 hectares, contre une prévision de 123 000 hectares, soit 76 pour cent de l'objectif. Le rendement de 0,85 tonne/hectare a été très décevant comparé à la productivité de l'ordre de 1,7 à 2,1 tonnes à l'hectare de ces trois dernières années. De ce fait, avec un volume de 79 000 tonnes, la contribution du blé et de l'orge d'hiver/printemps à l'approvisionnement en céréales pour la campagne de commercialisation 2000/01 (novembre-octobre) a été inférieure de moitié environ au niveau moyen des trois années précédentes.

Les cultures de pommes de terre de printemps, qui sont d'ordinaire semées en avril et récoltées en juin, n'ont pas donné elles non plus de bons résultats cette année (2001). L'objectif de 99 000 hectares de plantation a été atteint. Toutefois, le rendement à l'hectare de 3,77 tonnes a été nettement inférieur aux 10 tonnes/ha qui étaient obtenues ces dernières années. La production totale de pommes de terre de printemps s'est donc établie à 0,37 million de tonnes seulement, contre 0,9 million de tonnes l'an passé.

Tableau 2: RPD de Corée - Cultures céréalières d'hiver/printemps 2000/01

Production
Blé/orge d'hiver
Blé/orge de printemps
Pommes de terre de printemps1/
Production totale
(tonnes) 
Superficie
(ha)
Production (tonnes)
Superficie
(ha)
Production (tonnes)
Superficie
(ha)
Production (tonnes)
Pyongyang
2 910
2 674
2 690
1 433
1 000
772
4 879
Pyongan sud
7 650
6 190
6 180
3 445
15 000
10 604
20 239
Pyongan nord
3 420
4 692
3 700
3 415
11 000
10 922
19 029
Jagang
120
129
880
589
3 000
3 180
3 898
Hwanghae sud
18 650
17 451
10 891
5 863
21 000
15 664
38 978
Hwanghae nord
9 520
9 120
5 879
3 205
14 000
10 799
23 124
Kangwon
4 630
5 366
1 800
996
9 000
8 957
15 319
Hamgyong sud
3 970
5 893
1 750
1 090
21 000
28 221
35 204
Hamgyong nord
-
-
-
-
2 000
2 511
2 511
Ryanggang
-
-
-
-
-
-
-
Kaesong
2 630
3 043
700
415
700
549
4 007
Nampo
3 220
3 132
1 650
879
1 000
772
4 783
Total
56 720
57 690
36 120
21 330
98 700
92 951
171 971
1/ En équivalent céréales, 4 tonnes de pommes de terre correspondant à 1 tonne de céréales.

Cette faible récolte de printemps, ajoutée à la production inférieure à la moyenne de la campagne principale (2000) de 790 000 tonnes, a porté les disponibilités totales de pommes de terre pour la campagne de commercialisation 2000/01 à 1,16 million de tonnes, correspondant à 290 000 tonnes en équivalent céréales. Un tel volume ne représente que 60 pour cent de l'approvisionnement en pomme de terre de la campagne 1999/2000.

Globalement, les récoltes de blé, d'orge et de pommes de terre de printemps de l'année 2001 ont été maigres. Les objectifs de superficie n'ont pas été atteints et les rendements ont été exceptionnellement faibles. Cette productivité amoindrie a réduit la contribution de la production intérieure aux disponibilités totales de céréales pour la campagne de commercialisation 2000/01.

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4. SITUATION DE L'OFFRE ET DE LA DEMANDE DE PRODUITS ALIMENTAIRES 2000/01

4.1 Disponibilités intérieures

Les stocks de céréales vivrières devraient être négligeables. La production constitue donc la seule source d'approvisionnement intérieure. La production totale de céréales et de pommes de terre en équivalent céréales pour la campagne de commercialisation 2000/01 (novembre-octobre) est maintenant estimée à 2,57 millions de tonnes, contre une estimation de 2,92 millions de tonnes faite par la précédente mission FAO/PAM d'octobre 2000. Ce recul de 12 pour cent du volume estimatif résulte de la diminution des emblavures de blé et d'orge d'hiver/printemps et de l'affaiblissement considérable des rendements en blé, orge et pommes de terre. Les estimations concernant le riz, le maïs et autres céréales de la campagne principale de 2000 sont restées inchangées par rapport à celles de la mission précédente.

Comme les missions antérieures l'avaient fait, celle-ci a soulevé elle aussi la question de la production de céréales vivrières en dehors du système officiel des coopératives agricoles. Il s'agit des cultures qui s'étendent sur les flancs de coteau, les terres non utilisées et les parcelles privées familiales, bien visibles des routes principales. Considérée d'ordinaire comme temporaire et négligeable par les autorités et non comprise dans les statistiques, cette forme de production mérite pourtant d'être étudiée, estimée et prise en compte non seulement pour des raisons méthodologiques, mais aussi pour donner plus de précision aux estimations concernant la production.

Le tableau 3 indique la superficie, le rendement et la production de céréales et de pommes de terre en équivalent céréales pour la campagne de commercialisation 2000/01 (novembre-octobre).

Tableau 3: RPD de Corée - Superficies ensemencées, rendement et production

Culture
Superficie
(en milliers d'ha)
Rendement
(t/ha)
Production
(en milliers de tonnes)
Paddy
535
3.16
1 690
Maïs
496
2.10
1 041
Pomme de terre (2000/01)
188
6.17
1 160
Blé et orge (2000/01)
93
0.85
79
Autres céréales
65
1.00
65
Riz paddy en équivalent riz usiné1/
   
1 098
Pomme de terre en équivalent céréales2/
   
290
Production totale (en équivalent céréales)
   
2 573
1/ Taux de conversion de paddy en riz usiné de 65 pour cent.
2/ Taux de conversion de pommes de terre en équivalent céréales de 25 pour cent.

4.2 Importations

Les tendances des importations céréalières depuis le début de la crise alimentaire en 1995/96 sont mises en évidence par le graphique 6 ci-dessous.

Pendant la période allant de novembre 2000 à juin 2001, le gouvernement central a importé 10 200 tonnes de céréales par les voies commerciales. Les autorités provinciales devraient en importer encore 5 000 tonnes. La mission a été informée que d'autres accords commerciaux étaient en cours de négociation pour les quatre mois résiduels de la campagne de commercialisation. Elle a donc evalué à 100 000 tonnes le total des importations pour la campagne 2000/01. Il s'agit d'un volume inférieur de moitié à l'estimation faite par la mission d'octobre dernier, avec une contraction qui est le reflet des difficultés économiques persistantes et de la capacité d'importations commerciales réduite du gouvernement.

Les importations à des conditions de faveur en provenance de la République de Corée et de la Chine s'élèvent jusqu'à présent à 500 000 tonnes et 36 400 tonnes, respectivement. On ne prévoit pas de nouvelles importations de ce type d'ici octobre. Les importations déjà livrées ou prévues dans le cadre de l'aide humanitaire pour la campagne de commercialisation 2000/01 (novembre-octobre) s'établissaient à 996 000 tonnes en juin 2001. Au cours des huit premiers mois de la campagne (jusqu'en juin 2001), les expéditions d'aide du PAM, des organisations d'aide bilatérale et des ONG et les importations à des conditions de faveur ont atteint un volume total de 1,24 million de tonnes.

4.3 Utilisation

L'utilisation pour l'alimentation humaine et animale est restée stationnaire. Il y a eu toutefois un léger fléchissement de la consommation dans la catégorie des "autres utilisations, semences et pertes après récolte", qui est maintenant établie à 598 000 tonnes, contre les 614 000 tonnes indiquées par la mission précédente. Cette variation relativement faible est imputable aux ajustements rendus nécessaires par la chute de la production et des disponibilités totales.

Concernant la composante la plus sensible du bilan céréalier, celle de l'utilisation pour l'alimentation humaine, un tiers de la production intérieure et des importations commerciales ont été distribuées par le truchement du Service public de distribution. Pendant les huit premiers mois de la campagne de commercialisation en cours, jusqu'au 30 juin 2000, 828 000 tonnes ont été livrées à 15 millions de consommateurs. La ration était de 215 g par personne et par jour, contre 200 g pendant la même période l'an dernier. Il est prévu de la réduire à 150 g par personne et par jour à partir de juillet. Le gouvernement se proposait d'acheter une partie de la récolte de printemps de cette année et d'utiliser les importations en voie d'acheminement pour couvrir la période juillet-octobre. Toutefois, en raison du déficit de production, les coopératives agricoles pourraient ne pas être en mesure d'approvisionner le Service public de distribution. De fait, les cinq exploitations visitées par la mission n'avaient vendu au gouvernement qu'une quantité négligeable, voire nulle, de leurs récoltes de printemps.

Cet nouvel état de fait renforce la tendance actuelle à une dépendance croissante de la population non agricole à l'égard des transferts entre ménages ruraux et urbains, des marchés de producteurs, des arrangements entre usines et exploitations, des transferts directs entre provinces et autres sources d'approvisionnement.

En revanche, les 6,9 millions d'individus qui composent les coopératives agricoles ont bénéficié en 2000 d'une ration moyenne de 210 kg de céréales par personne. Cela correspond à 575 g par personne et par jour, soit 2 010 Kcal, qui couvrent la quasi-totalité des besoins énergétiques journaliers minimaux. Les agriculteurs ont également eu la possibilité de cultiver des légumes et de pratiquer du petit élevage sur les parcelles familiales. Il était évident que pendant la crise alimentaire actuelle, les cultivateurs jouissaient d'une bien meilleure sécurité alimentaire que les populations non agricoles.

4.4 Bilan actuel de l'offre et de la demande de céréales

Sur la base du volume de production révisé et des changements mineurs apportés à certains paramètres d'utilisation, la mission a mis à jour le bilan céréalier pour 2000/01. Elle a repris les hypothèses de la mission précédente, avec les ajustements voulus:

Le bilan céréalier pour la campagne de commercialisation 2000-2001 (novembre-octobre), établi sur la base des paramètres énoncés ci-dessus, figure dans le tableau ci-après.

Tableau 4: RPD de Corée: Bilan céréalier pour la période allant de novembre 2000 à octobre 2001 (en milliers de tonnes)

Disponibilité totale
2 573
Production céréalière
2 283
Production de pommes de terre en équivalent céréales
290
Prélèvement sur les stocks
0
Utilisation totale
4 769
Utilisation pour l'alimentation humaine
3 871
Utilisation pour l'alimentation animale
300
Autres utilisations, semences et pertes après récolte
598
Besoins d'importation
2 196
Importations commerciales
100
Importations à des conditions de faveur
536
Aide alimentaire d'urgence (livrées et en cours d'acheminement
996
Déficit restant à couvrir
564

En résumé, le déficit de production causé par la grave sécheresse du printemps a été en partie comblé grâce à un renforcement notable de l'aide humanitaire. Un déficit de 564 000 tonnes reste toutefois à couvrir pour les quatre prochains mois, jusqu'au 31 octobre 2001.

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5. PREMIÈRES PERSPECTIVES CONCERNANT LA PRODUCTION DE LA CAMPAGNE PRINCIPALE 2001

5.1 Superficies ensemencées

Les semis de paddy, de maïs et de pomme de terre sont effectués en été (début mai) et récoltés en automne, d'ordinaire en septembre/octobre. D'une manière optimale, le repiquage du riz et du maïs devrait être achevé dès la première semaine de juin. La sécheresse prolongée du printemps a cependant retardé les opérations, qui se sont terminées à la fin du mois de juin.

Le pays peut semer jusqu'à 580 000 hectares de paddy - un niveau qui a été atteint en 1999. Du fait de la sécheresse, 8 000 hectares de terres moins adaptées à la riziculture ont été consacrées à d'autres céréales résistantes à la sécheresse, comme le sorgho et le mil. Le gouvernement a déclaré que 572 000 hectares seraient mis sous culture de riz d'ici la fin de juin. Il s'agit d'une superficie supérieure de 7 pour cent aux semis de riz de l'année précédente (2000), lorsque 45 000 hectares avaient dû être convertis à d'autres cultures en raison des conditions de sécheresse qui régnaient au moment du repiquage.

Cette année, la superficie prévue pour les cultures de maïs était de 496 000 hectares - tout comme les deux années précédentes. D'après le gouvernement, cet objectif a été atteint à la fin du mois de juin.

Pour les pommes de terre de la campagne principale, l'objectif était de 89 000 hectares, comme en 2000. En double culture, la plantation commence d'ordinaire en juillet, une fois terminée la récolte des cultures de printemps qui a lieu en juin. En monoculture, les tubercules sont plantés entre avril et juin. On signale un état d'avancement satisfaisant des cultures jusqu'à présent. Cette année, l'objectif de plantation devrait être atteint en juillet. La mission a remarqué quelques parcelles de pommes de terre de printemps encore sur pied dans les quatre provinces visitées.

Selon les prévisions, 28 000 hectares devaient être consacrés à d'autres céréales, notamment au sorgho et au mil, d'ici l'été. Cet objectif a lui aussi été atteint. La superficie est comparable aux 65 000 hectares emblavés pendant la campagne principale de 2000 lorsque 45 000 hectares de paddy avaient été remplacés par des céréales résistantes à la sécheresse en raison des pluies tardives.

Dans l'ensemble, malgré la sécheresse, le pays a réussi à réaliser son objectif de 1,07 million d'hectares de céréales et de 89 000 hectares de pommes de terre.

Tableau 5: RPD de Corée - Semis céréaliers de la campagne principale de 2001 par province (hectares)

 
Paddy1/
Maïs
Pommes de terre
Autres 2/
Pyongyang
26 296
14 002
824
500
Pyongan sud
96 653
61 237
6 749
3 100
Pyongan nord
101 154
87 021
11 046
6 200
Jagang
6 998
36 681
1 415
2 300
Hwanghae sud
147 221
80 012
16 073
5 700
Hwanghae nord
47 009
69 394
5 217
1 700
Kangwon
34 652
36 649
2 738
2 400
Hamgyong sud
59 201
47 997
7 416
1 600
Hamgyong nord
24 481
47 000
11 889
700
Ryanggang
1 949
3 436
22 475
2 000
Kaesong
11 584
6 000
642
700
Nampo
14 832
6 961
2 547
1 100
Total
572 030
496 390
89 031
28 000
1/ Patates douces, sorgho, mil, etc
2/ Quelque 8 000 hectares de moins que l'objectif

5.2 Perspectives de récolte

La grave sécheresse prolongée du printemps a réduit au minimum l'humidité du sol, retardé les semis et asséché les réservoirs. Ces effets négatifs multiplient les risques et les incertitudes concernant les récoltes.

Le repiquage du paddy a été effectué avec des plants qui avaient dépassé le stade optimum de maturité et des signes d'un tallage réduit apparaissaient. Des infestations de foreurs des tiges et de charançons aquatiques étaient signalées; la capacité des systèmes d'irrigation d'assurer le niveau en eau requis faisait l'objet de préoccupations diffuses. Un certain nombre d'éléments étaient toutefois positifs: les précipitations étaient régulières depuis la fin de la sécheresse à la mi-juin, les engrais avaient été appliqués en temps utile et des soins particuliers étaient mis en _uvre pour assurer les meilleures pratiques culturales. Tout bien pesé, les responsables des coopératives agricoles étaient plutôt optimistes et prévoyaient des rendements moyens malgré la sécheresse.

Le maïs, qui est une culture essentiellement pluviale, a été semé très tard. Il a fallu replanter en moyenne plus de la moitié des terres ou effectuer de nouveaux semis à l'aide de graines germées - à deux ou trois reprises sur certains parcelles. Les premiers repiquages qui ont survécu malgré la vague de sécheresse, étaient faibles et rabougris, et présentaient des signes d'attaques de foreurs des tiges et de chenilles légionnaires. Les repiquages tardifs, effectués principalement en juin, pourraient avoir une période de végétation raccourcie pour la maturation des graines. Certaines des personnes interrogées ont signalé qu'elles pourraient de pas appliquer d'autres engrais sur les parcelles à croissance réduite. La récolte de maïs devrait être fortement affaiblie.

Les pluies régulières enregistrées à partir de la mi-juin ont considérablement amélioré l'humidité du sol pour les cultures de pommes de terre. Grâce aux stocks disponibles, il a été possible d'appliquer les engrais au moment opportun. Par ailleurs, des mesures ont été prises pour améliorer la qualité des pommes de terre de semence et résoudre le problème des exigences en matière de dormance. Il est encore trop tôt pour faire des prévisions quant au résultat final, mais les premières indications sont encourageantes.

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6. BESOINS ET rôle DE L'AIDE ALIMENTAIRE

6.1 Accès des ménages à la nourriture

Le Système public de distribution n'étant pas en mesure de satisfaire à plein les besoins alimentaires de base de la population urbaine, d'autres filières, telles que les lots ou potagers privés et les parcelles collectives, ont pris de l'importance. Toutefois, les capacités et les possibilités individuelles de production non officielle ont aussi contribué à accroître les disparités entre les divers groupes sociaux, concernant l'accès à la nourriture. Cet accès est devenu plus compétitif, au détriment surtout de la population urbaine, éloignée des sources de production vivrière et disposant de ressources limitées pour se procurer des aliments. La situation est préoccupante dans la mesure où les citadins constituent le groupe le plus vulnérable dans un système de protection sociale déjà insuffisant. En outre, bien que l'analyse globale des disponibilités alimentaires fondée sur des normes établies fournisse une indication générale des besoins, elle ne tient pas compte de ces différences. Sur la base des données dont on dispose, il semble que l'accès des populations urbaines aux céréales soit bien inférieur à celui des populations rurales. L'accès des ménages à la nourriture dépend de plus en plus des revenus additionnels tirés du petit commerce, d'autres activités économiques et de l'aide fournie par les membres de la famille vivant en milieu rural ou à l'étranger.

Compte tenu de ces inégalités nouvelles, les groupes les plus vulnérables risquent d'être de plus en plus marginalisés et de souffrir davantage de malnutrition. C'est donc à eux que l'aide alimentaire devra être accordée en priorité à l'avenir. Une aide alimentaire directe et continue doit ainsi être affectée aux groupes vulnérables qui disposent de ressources limitées et ne se sont pas encore tout à fait remis des pénuries alimentaires précédentes. Cela est particulièrement vrai cette année, du fait de la forte baisse de la production intérieure et, en conséquence, de la diminution prévue de la ration alimentaire qui sera acheminée par le Système public de distribution pendant la période de soudure en 2001. L'aide alimentaire du PAM, actuellement fournie aux institutions chargées de dispenser des soins aux enfants et, par le truchement du Système public de distribution, aux femmes enceintes, aux mères allaitantes et aux personnes âgées, revêt une plus grande importance et doit être poursuivie.

6.2 Évaluation des besoins nutritionnels

Pour l'évaluation des besoins alimentaires, le critère utilisé par la mission conjointe FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires, lors de sa visite en RPD de Corée, a été celui de 167 kg de denrées alimentaires par habitant et par an pour couvrir 75 pour cent des besoins caloriques minimaux, établis à 2 100 Kcal. Toutefois, pour les opérations d'urgence, l'OMS et le PAM calculent en général les besoins en calorie en appliquant la règle qui consiste à ajouter 100 Kcal tous les 5 degrés centigrades en-dessous des 20 degrés. La température en RPD de Corée étant en moyenne de l'ordre de 11 degrés centigrades, les besoins supplémentaires se chiffreraient donc à 200 Kcal, ce qui porterait le total à 2 300 Kcal. Cependant il conviendra peut-être de revoir cette hypothèse, car de vastes groupes de populations nécessitent une récupération nutritionnelle après des années d'apports alimentaires insuffisants. Les chiffres UNICEF/PAM/EU/Gouvernement indiquent que 60 pour cent des enfants souffrent de malnutrition chronique (retard de croissance) et que 30 pour cent des femmes enceintes ayant des enfants âgés de moins de 7 ans sont anémiées. Il s'agit de ces chiffres extrêmement élevés et ce n'est qu'en augmentant les apports alimentaires pour les porter au-dessus des besoins normaux, et surtout en distribuant des aliments enrichis, que les graves effets de la malnutrition de longue durée pourront être réduits.

Afin de tenir compte de ce nouveau besoin, la mission précédente avait estimé qu'il serait sans doute justifié d'augmenter la quantité de calories à l'avenir. Pour étayer cette justification, toutefois, la mission a jugé qu'une évaluation objective et scientifique sur la nutrition s'imposait. Elle seule permettra de justifier une révision des besoins fondamentaux lors des prochaines évaluations de la situation des disponibilités alimentaires et des besoins d'aide alimentaire. Aucune enquête sur la nutrition de ce type n'a encore été programmée jusqu'à présent.

6.3 Analyse de la vulnérabilité et ciblage de l'aide alimentaire

Bien que l'analyse de l'offre et de la demande globale présentée dans le bilan donne une vue générale de la situation des disponibilités alimentaires et des besoins d'aide alimentaire pendant la campagne de commercialisation dans l'ensemble du pays, elle ne reflète toutefois ni les variations au sein des divers segments de la population, ni le degré de vulnérabilité. Si le PAM identifie déjà dans les groupes les plus vulnérables les bénéficiaires de son aide (par ex. femmes enceintes et mères allaitantes, enfants en âge scolaire), il existe néanmoins de fortes disparités au niveau de l'accès effectif à la nourriture. Des efforts ont été déployés pour évaluer le degré de vulnérabilité dans le pays afin de mieux cibler l'aide alimentaire future.

Le PAM a non seulement répondu aux besoins de l'opération d'urgence 2001, mais il a aussi été en mesure d'augmenter les rations alimentaires et d'accroître le nombre des bénéficiaires parmi les groupes les plus vulnérables pendant la période de soudure, grâce au volume des livraisons alimentaires depuis mars. L'on s'est notamment attaché à augmenter la ration des femmes enceintes et des mères allaitantes, et d'élargir le nombre des bénéficiaires parmi les personnes âgées, les fournisseurs de soins dans les écoles et les hôpitaux pédiatriques, et les victimes des inondations. Les différentes catégories de bénéficiaires sont indiquées au tableau 6.

Tableau 6: RPD de Corée - Différentes catégories de bénéficiaires du PAM

Type de bénéficiaires
Nombre de bénéficiaires de l'OPUR
Autres bénéficiaires pendant la période de soudure
Enfants - jardin d'enfants
1 311 500
-
Enfants - maternelle
630 500
-
Femmes enceintes et mères allaitantes
346 000
-
Personnes âgées
600 000
1 498 752
Enfants - école primaire
1 352 000
-
Enfants - école secondaire
1 849 500
-
Enfants - orphelinats
6 000
-
Enfants - hôpitaux pédiatriques
24 000
-
Participants aux programmes "vivres contre travail"et leur famille*
1 500 000
-
Enseignants - écoles primaires et secondaires
-
130 987
Personnel des hôpitaux pédiatriques
-
1 173
Victims des inondations
-
157 739
Total
7 619 500
1 788 651
* béneficiaires saisonniers


Le PAM a mis en place une nouvelle stratégie de suivi afin de recueillir de meilleures informations et pouvoir ainsi effectuer une analyse de la vulnérabilité pour mieux cibler l'aide. Cette démarche met notamment l'accent sur les facteurs spécifiques de l'insécurité alimentaire, simplifie les questionnaires et permet au personnel international et national du PAM et aux autorités locales d'avoir une vision commune de l'objectif des visites d'inspection et des informations requises.

6.4 Distribution et suivi de l'aide alimentaire

L'affaiblissement de la production intérieure à la suite des premières récoltes réduites par la grave sécheresse de printemps, a aggravé le déficit alimentaire causé par la mauvaise récolte principale de 2000. Pour tenter de faire face à cette situation précaire, le PAM prévoit de mobiliser 810 070 tonnes de denrées alimentaires dans le cadre de son opération d'urgence actuelle, qui seront livrées en 2001 aux groupes les plus vulnérables, outre les livraisons déjà effectuées en début d'année au titre de l'opération précédente. Si l'intervention actuelle est dûment approvisionnée en temps utile, le volume de l'aide alimentaire distribuée en 2001 dépassera globalement le million de tonnes.

Le PAM s'appuie actuellement sur le Service public de distribution pour acheminer son aide alimentaire aux groupes les plus vulnérables. La grande majorité de l'aide alimentaire du PAM est distribuée dans le cadre des programmes d'alimentation des groupes vulnérables, par le biais du SPD. Ces programmes constituent des instruments très précieux pour attaquer les problèmes de malnutrition des groupes à risque. Une aide alimentaire volumineuse est également acheminée par le truchement du SPD, au titre du programme "vivres-contre-travail".

Un programme d'alimentation complémentaire a été mis en place pour la fourniture d'aliments composés enrichis aux enfants souffrant de malnutrition accueillis dans les hôpitaux pédiatriques de province et dans les services pédiatriques des hôpitaux de comté. Des aliments composés ont également été distribués à des centres pour enfants et à des crèches afin de réduire et prévenir la malnutrition.

Le PAM et l'UNICEF soutiennent actuellement la production locale d'aliments enrichis destinés aux enfants jusqu'à l'âge de 15 ans, ainsi qu'aux femmes enceintes et aux mères allaitantes. Étant donné que les capacités de production locale sont encore limitées et que les coupures d'électricité et les pannes entravent la production, il est très important de compléter les produits fabriqués localement par des importations de produits alimentaires spécifiques, et par une aide budgétaire pour couvrir les dépenses courantes et le matériel d'emballage.

L'aide alimentaire n'est distribuée que là où le PAM est en mesure d'évaluer les besoins et de suivre la distribution. Actuellement le PAM a accès à 167 comtés sur un total de 211, qui regroupent selon les estimations 84 pour cent de la population. Quatre de ces 167 comtés ont été ajoutés pendant le premier trimestre de la campagne de commercialisation en cours.

Le suivi de l'aide alimentaire de la part du PAM est le moyen par lequel l'organisation s'assure que son aide atteint réellement les bénéficiaires visés. Le PAM s'appuie sur un ensemble bien conçu de mécanismes de suivi; quelques progrès ont été faits, avec une souplesse accrue au niveau des visites et un plus grand nombre de visites autorisées dans les zones rurales. Les mécanismes de suivi doivent néanmoins être améliorés, avec notamment l'établissement d'une liste complète de toutes les institutions bénéficiaires et la possibilité d'effectuer des visites aléatoires. Comme indiqué dans la section 6.3, une stratégie de suivi mettant l'accent sur la qualité a été élaborée et mise en _uvre à la mi-2001; elle permettra une meilleure évaluation des besoins et de la vulnérabilité, et de ce fait un meilleur ciblage de l'aide future.

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des Secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser, pour tout complément d'information, à:
Abdur Rashid
Chef, SMIAR, FAO
Télécopie: 0039-06-5705-449
Mél: [email protected]
John M. Powell
Directeur régional, OAE, PAM
Télécopie: 0039-06-6513-2863
Mél: [email protected]
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