SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

RAPPORT SPÉCIAL

MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES EN SERBIE (RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE DE YOUGOSLAVIE)

8 août 2001

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Principales observations de la mission

  • En Serbie, la campagne agricole de 2000/2001 est marquée par une forte reprise de la production agricole. Cette dernière a été favorisée par d'excellents semis, un hiver clément, ainsi que par des pluies bénéfiques et bien réparties qui sont tombées au printemps et au début de l'été. Pendant toute l'année, les cultures n'ont pratiquement pas été touchées par les maladies ou les ravageurs.
  • La mission prévoit pour 2001 une récolte de blé de 2,59 millions de tonnes, soit une hausse de 38 pour cent par rapport aux estimations effectuées après la récolte de l'an dernier, qui portaient sur une superficie de 8 pour cent plus grande.
  • La production de maïs devrait atteindre 5,41 millions de tonnes, chiffre en hausse de 84 pour cent par rapport aux estimations effectuées après la récolte de l'an dernier. Cette quantité permettra de couvrir aisément les besoins de fourrage pour le bétail.
  • Pendant la campagne de commercialisation 2001/2002, un excédent de blé de 314 000 tonnes devrait être affecté aux exportations, prévues essentiellement pour les provinces voisines et la Fédération de Russie.
  • La stratégie adoptée en matière d'aide alimentaire prévoit pour 2001/2001 une réduction progressive des opérations et la poursuite du soutien aux réformes actuellement mises en oeuvre.

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1. VUE D'ENSEMBLE

Une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires s'est rendue en Serbie du 17 au 30 juin 2001 avec un triple objectif: 1) évaluer les perspectives concernant la production de 2001; 2) examiner la situation d'ensemble et les perspectives des approvisionnements alimentaires au niveau national; 3) déterminer les besoins d'aide alimentaire pendant la campagne de commercialisation 2001/2002. Les conclusions de la mission se fondent sur les données fournies par l'institut des statistiques de Belgrade, données qui ont été recoupées avec des informations plus récentes émanant des chambres du commerce, des instituts agricoles, hydrologiques et météorologiques, des ONG et des organismes des Nations Unies. Des visites de terrain effectuées dans 45 municipalités en Vojvodine et en Serbie centrale ont permis à la mission d'examiner l'état des cultures, d'en prélever des échantillons, de s'entretenir - dans le cadre de conversations partiellement structurées - avec des informateurs de premier ordre, notamment des agriculteurs des secteurs privé et public, des responsables de coopératives, des minotiers, des commerçants, des conducteurs de moissonneuses-batteuses et des personnes travaillant dans le domaine de la vulgarisation agricole. Des entretiens avec des spécialistes serbes des questions agricoles et économiques ont également permis à la mission de mieux comprendre le contexte dans lequel s'enracine la situation socio-économique actuelle. Elle a pu ainsi mesurer les effets de l'isolement dont a souffert le pays, des sanctions qui lui ont été imposées et de l'intervention de l'OTAN.

La mission estime la récolte de blé de 2001 à 2,59 millions de tonnes, chiffre qui représente une hausse de 38 pour cent par rapport aux estimations effectuées après la récolte de l'an dernier et qui portaient sur une superficie plus vaste de 8 pour cent. Ce résultat est également légèrement supérieur à la production moyenne des dix dernières années. Des semis effectués dans des conditions optimales, un hiver clément, des pluies bénéfiques tombées sur toute la Serbie au printemps et au début de l'été et l'absence presque totale cette année de ravageurs et de maladies sont les facteurs qui ont contribué à la hausse des rendements moyens. Au moment de la récolte, de fortes pluies ainsi que des tempêtes de grêle précoces ont touché localement plusieurs municipalités et infligé des dommages aux cultures sur 2 pour cent environ des superficies cultivées. La production agricole est nettement inférieure à celle des années 1980, en raison d'une utilisation beaucoup plus réduite des engrais et autres produits agrochimiques, de la faible rentabilité des travaux agricoles - due à la vétusté et au démembrement du matériel -, de l'affaiblissement des coopératives et des banques ainsi que de l'absence presque totale de crédits. La situation s'est améliorée au printemps grâce au nouveau contexte politique instauré à partir d'octobre 2000. Il a de nouveau été possible de se procurer du carburant sur le marché libre et l'aide internationale a facilité l'approvisionnement en engrais azotés.

Les cultures de maïs sont en très bon état cette année, grâce à un excellent démarrage des semis et à des conditions ayant favorisé une croissance rapide. Elles devraient fournir une récolte de l'ordre de 5,41 millions de tonnes. Ce chiffre, en hausse de 84 pour cent par rapport aux estimations effectuées après la récolte de l'an dernier, est proche de la moyenne des dix dernières années. Cette quantité - si elle se confirme - couvrira facilement les besoins en aliments pour bétail. Les autres cultures de printemps sont également dans un état satisfaisant. La mission signale toutefois une importante réduction des cultures de soja, suite à la production décevante de l'an dernier, ainsi qu'un recul des superficies consacrées à la betterave sucrière et au tournesol. Les précipitations ayant été favorables, les rendements de l'ensemble des cultures industrielles et fourragères devraient augmenter cette année. L'été très sec de l'an dernier a entraîné une importante réduction du cheptel, tant chez les ruminants que chez les non ruminants, phénomène qui a eu une incidence sur la production et les revenus agricoles. Cette année, un printemps humide et un été précoce ont favorisé la production de fourrage - qui est deux fois plus importante que l'an dernier - et ont exercé également une influence bénéfique sur les conditions d'élevage et la production laitière qui repose sur l'alimentation à base d'herbe.

Selon le dernier bilan de l'offre et de la demande de blé établi par la mission, un excèdent de production de 314 000 tonnes devrait pouvoir être exporté vers les anciennes provinces voisines de la République fédérale de Yougoslavie et la Fédération de Russie, et échangé contre le gaz dont le pays a grandement besoin.

S'agissant de l'aide alimentaire, les Nations Unies ont prévu de réduire progressivement les opérations et de continuer à appuyer les réformes actuellement mises en oeuvre.

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2. CONTEXTE SOCIO-ÉCONOMIQUE1/

2.1 Considérations générales

Pendant de nombreuses années, la République fédérale de Yougoslavie (RFY) a été impliquée dans des conflits, tant régionaux qu'internationaux, qui se sont intensifiés et ont finalement conduit l'OTAN a déclencher des opérations de bombardement entre mars et juin 1999. Les destructions provoquées par ces bombardements - qui ont touché l'infrastructure, l'industrie et le commerce - ont entraîné en 1999 une baisse de 23 pour cent de la production industrielle et du produit national. Malgré la rareté des données fiables concernant spécifiquement la Serbie, des signes de reprise économique ont été signalés depuis la levée des sanctions opérée à la fin de l'année 2000, suite à l'importante transformation politique mise en oeuvre dans la République et la RFY, qui s'est traduite notamment par la tenue d'élections présidentielles et parlementaires.

La normalisation des relations internationales ayant fait de rapides progrès au cours des derniers mois, la Conférence des donateurs pour la République fédérale de Yougoslavie s'est tenue à Bruxelles le 29 juin, sous la co-présidence de la Commission européenne et de la Banque mondiale, avec la participation des représentants de l'ensemble des principaux pays donateurs et des organisations internationales. Les donateurs se sont engagés à débloquer une somme de 1,28 milliard de dollars E.-U. pour la mise en place d'un programme de reprise économique et de transition, préparé par la Banque Mondiale et la Commission européenne. Ce programme définit les grandes lignes d'un projet global de réformes structurelles, comprenant notamment des réformes de politique sectorielle, la fixation des investissements publics prioritaires, ainsi que la détermination des priorités en matière de balance des paiements et des budgets nécessaires pour 2001. Conçu dans le cadre du développement du secteur privé et du secteur financier, ce projet de réforme insiste sur les actions à mener dans les secteurs clés de l'infrastructure (principalement les secteurs de l'énergie, des transports, des télécommunications et de la distribution d'eau) ainsi que dans le secteur agricole.

Ces mesures devraient donner encore plus de portée aux avancées de la politique récemment mise en oeuvre dans le secteur agricole. Ce dernier a toujours joué un rôle important dans l'économie de la RFY, puisqu'il a représenté 22 pour cent du PNB et de l'ensemble des exportations en 1999. Il a connu un recul très important au cours des dix dernières années, et on considère que sa productivité est peu élevée. Pendant cette période, le gouvernement, soucieux de maintenir la stabilité, en particulier en Serbie, a maintenu les prix - tant à la production qu'à la consommation - à un niveau très bas, ce qui a exercé un effet inhibiteur sur la production et les exportations. Des améliorations se produisent ces derniers temps, notamment en ce qui concerne la législation sur les prix et de l'approvisionnement en intrants.

2.2 Le secteur agricole

L'agriculture, une des principales composantes de l'économie de la RFY avant les années 1990, a doublé au cours des dix dernières années la part qu'elle occupe dans le PNB, qui est désormais de 22 pour cent. Elle assure également 22 pour cent de l'ensemble des exportations. Ce chiffre traduit plus le recul du secteur industriel et l'importance des céréales comme produit d'échange pour les importations d'énergie qu'un véritable essor des activités agricoles. La Serbie a toujours assuré la plus grande partie de la production agricole de la RFY, fournissant en particulier du blé, du maïs, des oléagineux, des betteraves et du soja, grâce au dynamisme du secteur public et à l'importance du secteur privé. Le secteur agricole d'État, tout comme le secteur industriel, s'est effondré pendant les années 1990. La perte des marchés d'exportation vers les pays voisins d'Europe occidentale et les anciens pays du COMECOM, la faillite du système bancaire mis en place pour venir en aide aux municipalités rurales, ont mis en difficulté les grandes entreprises qui ont besoin de beaucoup d'intrants. C'est la raison pour laquelle des agriculteurs des secteurs public et privé, confrontés à la nécessité d'assurer des emplois ainsi qu'à l'impératif de survie, ont mis en place des systèmes nécessitant une quantité moyenne ou faible d'intrants, ont réduit leurs investissements et les dépenses courantes consacrées aux installations et aux équipements, et ont accepté de se contenter de rendements plus faibles et peu rentables. En ce qui concerne les agriculteurs du secteur privé, qui exploitent 85 pour cent des terres cultivables, divisées en parcelles de 2 à 5 hectares, un système de production et de commercialisation de caractère local a été mis en place pour répondre aux besoins des familles et écouler les excédents par le biais des marchés « verts ». Les petits exploitants, confrontés à une situation qui n'a cessé d'empirer jusqu'à la fin de l'automne dernier, ont su faire preuve d'une grande faculté d'adaptation et de beaucoup d'ingéniosité.

Les entreprises du secteur public, qui franchissent les diverses étapes d'une privatisation qui n'est pas encore achevée, sont actuellement insolvables. Privées des possibilités de crédit, employant des effectifs très importants, dotées d'un matériel vétuste qui diminue d'année en année à force d'être mis en pièces, elles voient leur productivité baisser.

Les céréales sont actuellement l'élément clé de la production agricole. Le secteur privé fournit du blé et du maïs en quantités généralement plus que suffisantes pour répondre aux besoins de consommation intérieurs.

Les principales zones de production agricole sont la Vojvodine et la Serbie centrale. La Vojvodine est essentiellement une région de plaines, parcourue par quatre fleuves: le Danube, le Tisa, le Sava et le Tamis. Les plateaux et les terrasses de l_ss ainsi que les plaines alluviales qui suivent le cours des fleuves représentent 1,789 million d'hectares de terres cultivables, dont 67 pour cent appartiennent à des privés, parmi une population de 2 millions de personnes. La production provenant des 1,584 million d'hectares cultivés dans les basses plaines se caractérise par des systèmes de culture intensive, qui assurent la moitié de la production céréalière du pays et la quasi totalité des cultures industrielles. La Serbie centrale, en revanche, est une région de collines qui représente 3,329 millions d'hectares de terres agricoles dont seul 1,67 million d'hectare est cultivé. Les pâturages, les prairies, les vergers et les vignobles occupent le reste de la superficie. Quatre-vingt seize pour cent de la région sont la propriété privée des quelque 5 millions d'habitants.

Si le secteur public est presque entièrement démantelé en Serbie centrale, son déclin a été moins visible en Vojvodine: la région est en effet plus vaste, les investissements dans l'infrastructure destinés à soutenir les niveaux de l'emploi y sont comparativement plus importants, et quelques nouvelles entreprises en phase de transition ont réussi à se frayer un chemin dans cette jungle qu'est actuellement le secteur agro-industriel en Serbie. Depuis 1991, les superficies cultivées et les rendements de presque toutes les cultures - à l'exception du soja - ont diminué.

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3. PRODUCTION ALIMENTAIRE ET PERSPECTIVES DES APPROVISIONNEMENTS EN 2000/2001

3.1 Considérations générales

En Serbie, l'Institut de statistique de Belgrade se charge de réunir, d'analyser et d'interpréter les statistiques agricoles. Il s'appuie sur un réseau de 1450 agents, dont chacun assume la responsabilité de 2 800 hectares de terre cultivable. Les données, collectées six fois par an, portent sur les superficies utilisées et l'état de 80 cultures. L'institut a fourni à la mission un récapitulatif des données concernant le blé, le maïs, la betterave sucrière, le tournesol et le soja, réunies par onze groupements de municipalités pour les campagnes agricoles de 1999/2000 et 2000/2001. Ces données ont ensuite été comparées à des informations récentes provenant d'un ensemble de Chambres du commerce, d'instituts ayant des activités dans le domaine agricole, de conseillers agricoles et de coopératives agricoles dans les districts de Srem, de Bácka et de Banat en Vojvodine, et dans les principaux centres de production céréalière de la Serbie centrale, dont Smederevo, Kragujevac, Kraljevo, Leskovac, Nis et Belgrade. Par ailleurs, l'équipe a pu en se rendant dans les zones de production, progresser le long d'un transect traversant 45 des 160 municipalités de la Serbie; elle a ainsi pu examiner l'état des cultures, procéder à des vérifications locales sur des carrés de prélèvement, avoir des entretiens approfondis à caractère plus ou moins structuré avec des agriculteurs des secteur privé et public, avec des minotiers, des commerçants et des conducteurs de moissonneuses-batteuses.

Les bureaux de la FAO et du PAM de Belgrade ont réuni l'an dernier des données sur les activités agricoles, la consommation alimentaire, le commerce, l'utilisation des engrais et les activités de soutien. Ces informations ont été intégrées aux analyses de la mission, avec les données provenant des ONG et des organismes bilatéraux travaillant en Serbie dans le domaine agricole.

3.2 Production céréalière

Cette année, les estimations concernant la production de blé et de maïs émanent des groupements officiels de municipalités, désignés par la municipalité la plus importante du groupe. L'évaluation définitive effectuée l'an dernier après la récolte a été mise en regard des données de cette année à des fins de comparaison. Les estimations figurent dans les tableaux 1 et 2 présentés plus bas. On prévoit une récolte de blé de 2,59 millions de tonnes, pour une superficie cultivée de 686 000 hectares, ce qui représente une hausse de 38 pour cent par rapport aux estimations de l'an dernier qui portaient sur une superficie plus étendue de 8 pour cent, mais ne représente qu'une très légère progression par rapport à la production moyenne des dix dernières années.

Les estimations provisoires concernant le maïs annoncent dès maintenant une production de 5,41 millions de tonnes pour 1,21 million d'hectares cultivés, soit une superficie quasiment identique à celle qui a été moissonnée l'an dernier (tableau 2). Ce chiffre, qui représente également une augmentation importante (84 pour cent) par rapport aux estimations effectuées l'an dernier après la récolte, est proche de la production moyenne des dix dernières années. Il faut toutefois signaler que les données concernant les superficies cultivées et les rendements du maïs ne sont pas d'une fiabilité absolue, étant donné qu'au moment où la mission était sur place, le maïs n'avait pas encore commencé à pousser.

Tableau 1: Serbie - Blé: superficie, rendement et production

Régions et groupements de municipalités
2000
2001
Superficie cultivée
(en hectares)
Rendement
(en tonnes par hectare)
Production
(en tonnes)
Superficie
(en hectares)
Rendement
(en tonnes par hectare)
Production
(en tonnes)
Vojvodine*
317 704
3,37
1 070 662
351 903
4,15
1 460 397
Belgrade
31 393
3,02
94 807
34 698
3,60
124 913
Valjevo
16 729
2,64
44 165
17 742
3,30
58 549
Zajecar
40 809
2,34
95 493
41 521
3,05
126 639
Kraqujevac
36 796
2,59
95 302
37 822
3,10
117 248
Kraljevo
28 210
2,43
68 550
36 450
3,20
116 640
Leskovac
37 715
2,12
79 956
32 702
3,10
101 376
Nis
49 722
1,87
92 980
49 322
3,80
187 424
Smedeievo
42 527
2,78
118 225
45 505
3,60
163 818
Uzice
3 818
2,46
9 392
4 097
2,70
11 062
Sabac
29 985
3,39
101 649
34 444
3,40
117 110
Serbie centrale*
317 704
2,52
800 519
334 303
3,36
1 124 779
TOTAL
635 408
2,94
1 871 181
686 206
3,77
2 585 176
*Sous-totaux régionaux.

Tableau 2: Serbie - Maïs: superficie, rendement et production

Régions et groupements de municipalités
2000
2001
Superficie
(en hectares)
Rendement
(en tonnes par hectare)
Production
(en tonnes)
Superficie
(en hectares)
Rendement
(en tonnes par hectare)
Production
(en tonnes)
Vojvodine*
616 259
2,94
1 811 801
637 904
4,90
3 125 730
Belgrade
58 294
2,23
129 996
60 246
4,50
271 107
Valjevo
33 881
2,16
73 183
32 021
3,80
121 680
Zajecar
47 512
1,59
75 544
46 564
3,70
172 287
Kraqujevac
93 493
2,06
192 596
91 838
4,00
367 352
Kraljevo
64 287
1,94
124 717
60 406
3,80
229 543
Leskovac
35 462
1,36
48 228
35 690
3,00
107 070
Nis
58 268
1,25
72 835
56 458
4,10
231 478
Smedeievo
111 207
1,92
213 517
109 901
4,20
461 584
Uzice
10 868
1,87
20 323
10 746
3,50
37 611
Sabac
73 413
2,39
175 457
70 925
4,00
283 700
Serbie centrale*
586 685
1,92
1 126 396
574 795
3,97
2 283 412
TOTAL
1 202 944
2,44
2 938 197
1 212 699
4,46
5 409 142
*Sous-totaux régionaux.

3.3 Facteurs ayant une incidence sur la production

Précipitations

Bien que la Serbie possède un important réseau de canaux de drainage et d'irrigation, desservant respectivement 1 million et 120 000 hectares, seuls 20 000 hectares sont actuellement sous irrigation. Au cours des dix dernières années, les deux réseaux se sont rapidement détériorés, en raison de l'absence de fonds pour les réparations ainsi que pour leur entretien et leur développement. C'est la raison pour laquelle ce sont les cultures pluviales qui prédominent dans toute la Serbie, avec toutes les variations locales impliquées par ce type de culture. La moyenne annuelle des précipitations annuelles est de 734 mm, avec des variations s'étendant de 600 mm à 1 000 mm en Serbie centrale et de 500 à 700 mm en Vojvodine. Le graphique 1 indique les moyennes à long terme de la Serbie centrale et de la Vojvodine, comparées aux précipitations tombées pendant la période de végétation 2000/2001.

Graphique 1: Serbie - Précipitations et températures

Le graphique 1 indique que l'automne a été particulièrement sec en Vojvodine et en Serbie centrale, qu'il a été suivi par un hiver qui, selon les endroits, a été proche de la normale ou sec, par un printemps humide sur l'ensemble du pays, et un été précoce. Les températures, supérieures à la moyenne en automne et en hiver, sont redevenues normales au début de l'été, mais les moyennes dissimulent la brusque vague de froid survenue à la mi-avril dans les deux régions, et qui, dans certains endroits, a été accompagnée de gel et de neige. La chaleur et la sécheresse qui ont régné en automne et en été ont rendu la préparation des terres difficile. Des températures plus élevées en novembre et en décembre ont cependant prolongé la période idéale pour les semis des cultures d'automne. Les pluies bénéfiques du printemps ont favorisé les semis de maïs et de tournesol. Les cultures de soja ont été toutefois fortement réduites, en raison de la médiocre récolte de l'an dernier. Les superficies consacrées à la betterave sucrière ont continué à diminuer, pour des raisons qui ne sont pas d'ordre climatique. En été, les orages accompagnés de grêle sont fréquents. Cette année, les orages, précoces, ont éclaté à la mi-juin et la grêle a endommagé les récoltes dans certaines localités.

Superficies et rendements du blé

Bien que la chaleur et la sécheresse qui ont régné en été et en automne aient rendu la préparation des terres difficile, les agriculteurs se sont adaptés à la situation en effectuant dans toute la région les travaux minimaux de préparation des terres: double pulvérisation des mottes de terre, semis pratiqués avec des machines en Vojvodine, semis mécaniques ou à la main en Serbie centrale. Il a été facile de se procurer du carburant sur le marché noir en automne, pour un prix variant entre 0,9 DM à 1,1 DM par litre. Le prix du litre sur le marché officiel était de 0,7 DM, mais seules y avaient accès certaines personnes bien placées, quelques entreprises bénéficiant d'une aide importante de l'État et certaines coopératives. Il a également été possible de se procurer des pièces de rechange pour les tracteurs et les machines agricoles. Ces pièces ont été importées de Turquie, prélevées sur d'anciens stocks d'usines serbes ou fabriquées localement par de petites entreprises dans certaines grandes villes. Malgré l'abondance de semences de blé, on signale que seulement 60 à 70 pour cent des agriculteurs ont utilisé des semences certifiées, vendues par les négociants agréés des centres de multiplication des semences. Les autres agriculteurs ont utilisé les semences provenant de leur dernière récolte. Il semble que de nombreux agriculteurs du secteur privé n'ayant pas accès aux programmes de paiement différé ont pris l'habitude d'acheter des semences une année sur deux. Les agriculteurs travaillant avec les principaux minotiers sont approvisionnés en semences certifiées ou reçoivent des avances de fonds qui leur permettent de se procurer des semences auprès de sélectionneurs agréés et d'acheter des engrais chez les commerçants. Les coopératives offrent théoriquement les mêmes possibilités à leurs membres et à leurs clients, mais seul un faible pourcentage de ces coopératives fonctionne actuellement. La plupart d'entre elles ne peuvent pas se procurer de crédit, en raison de leurs propres dettes ou de celles contractées envers elles par leurs clients. Les termes de l'échange on varié cette année entre 1 kg de semences de blé contre 1,76 à 2,7 (en moyenne 2,2) kg de blé, selon le lieu, le négociant et le délai de remboursement. On a signalé des taux d'ensemencement variant entre 250 et 400 kg par hectare, mais comme le blé a été pour l'essentiel semé au moment le plus propice, le taux d'ensemencement moyen est cette année de 300 kg par hectare. Il n'a pas été nécessaire de renouveler les semis. La germination a toutefois été lente et inégale en raison de l'arrivée tardive des pluies. Le développement des cultures s'est régularisé au printemps, favorisé par des températures élevées et des pluies abondantes dans les deux régions.

Sur l'ensemble de la Serbie, la quantité d'engrais utilisée se situe entre le quart et le tiers du niveau des années 1980. En Vojvodine, l'approvisionnement en engrais ternaires (15:15:15) a été assuré cet automne par les grandes minoteries, bien organisées, et par les coopératives, sous forme de troc et à l'aide de programmes de paiement différé. L'échange se pratiquait à raison de 1kg de NPK contre 1,9 kg de blé, 1,6 de KAN et 1,7 d'urée. Cet automne, le sac d'engrais de 50 kg coûtait entre 21 et 23 DM sur le marché noir. On a signalé que les quantités disponibles étaient cependant limitées. En Vojvodine, les agriculteurs ont plus utilisé d'engrais azotés que d'engrais composés, d'où une certaine inquiétude en ce qui concerne les taux de phosphate dans les régions ayant un grand potentiel de production. En Serbie centrale, on signale que les prix de troc sont plus élevés, les termes de l'échange étant de 1 contre 1,2 kg de NPK et de 1 contre 1,9 kg d'urée. Les prix au comptant varient entre 25 et 27 DM. Si l'on tient compte des quelque 200 000 tonnes importées au printemps - dont 28 000 tonnes d'urée à titre d'aide fournie par le Japon et 172 000 tonnes par la voie commerciale - des 100 000 tonnes de KAN et d'urée produites par le pays depuis le mois de janvier, et des 40 000 tonnes de stocks d'engrais, on peut conclure que: a) l'utilisation totale se situe autour des 340 000 tonnes; b) correspond à celle des cinq dernières années; c) les quantités disponibles ont été plus importantes au printemps qu'en automne; d) ce sont les engrais azotés qui ont le plus été utilisés; e) il est probable, dans le contexte actuel, que la plus grande partie du NPK a été utilisée pour les légumes. Les observations de la mission confirment que le NPK a été peu utilisé pour le blé et que l'épandage d'engrais en couverture a été inférieur à ce qui avait été recommandé. De ce fait, l'utilisation totale des engrais pour le blé se situe en moyenne entre 200 et 250 kg par hectare, ce qui représente environ 60 kg d'azote par hectare.

Il faut d'ailleurs noter que peu d'autres produits agrochimiques sont utilisés pour les céréales. On a signalé que seul l'herbicide 2.4D a été utilisé sur 30 à 40 pour cent des champs de blé de la Vojvodine et 10 à 15 pour cent de ceux de Serbie. Le printemps plus humide a favorisé une bonne croissance des céréales mais aussi le développement des mauvaises herbes, qui sont cette année le principal ennemi des cultures. Certains cas de rouille ont été signalés, mais n'ont jamais été suffisamment alarmants pour justifier une intervention pendant la présence de la mission.

Les gros orages accompagnés de grêle qui se sont abattus sur Srem et dans la région est de Banat ont toutefois suscité une vive inquiétude. On a signalé un engorgement des cultures sur 2 à 5 pour cent des champs situés dans ces localités ainsi qu'à Belgrade et au nord de Kraguejevac. Dans un ou deux villages, tous les champs de blé et d'orge sont couchés et les agriculteurs, inquiets, se sont demandés comment allaient réagir leurs créanciers (minoteries et brasseries) sur la question de l'assurance. Ces quelques cas ont heureusement été exceptionnels et, dans les autres régions, les moissonneuses-batteuses ont réussi à récolter les cultures qui s'étaient affaissées2/. Le blé que l'on moissonne précocement pour éviter qu'il ne se détériore doit parfois être séché; selon l'importance de cette intervention, les agriculteurs seront pénalisés par les minoteries, qui réduiront leur rémunération.

Sur la base des éléments qui précédent, la mission estime que la récolte de blé atteindra au total quelque 2,59 millions de tonnes. En Vojvodine, la superficie cultivée est de 352 000 hectares, avec un rendement de 4,15 tonnes par hectare; en Serbie centrale, elle est de 334 000 hectares, avec un rendement de 3,36 tonnes par hectare.

Superficie et rendements du maïs

Suite au mauvais déroulement de la période de végétation 1999/2000, dû à la sécheresse inhabituelle qui a régné au printemps et en été, la récolte de maïs atteint 2,94 millions de tonnes, dont 1,81 million de tonnes provenant de la Vojvodine et 1,13 million de la Serbie centrale. Ce résultat est le plus mauvais de ces dernières années, puisque la production de l'ensemble du pays est inférieure au volume habituellement fourni par la Vojvodine. Etant donné que le maïs est essentiellement (90 pour cent) cultivé sur de petites exploitations et ne fait pas l'objet de transactions commerciales à l'intérieur du pays, il a été relativement difficile de s'en procurer sur le marché, les prix étant élevés et les stocks épuisés. C'est la raison pour laquelle les agriculteurs ont semé davantage de maïs que l'an dernier. Contrairement à ce qui a lieu pour le blé, les semis de maïs se font uniquement avec des semences hybrides qui ont été achetées; étant donné que les unités de multiplications de semences certifiées sont irriguées, il a été possible à l'automne de s'approvisionner en semences hybrides en quantités suffisantes pour effectuer les semis sur 1,21 million d'hectares, à raison de 12 à 15 kg par hectare.

Cette année, les pratiques culturales ont bénéficié de deux atouts: un printemps sec et la présence d'importantes quantités de carburant sur le marché officiel dans toutes les municipalités, ce qui a permis de supprimer les pertes de temps occasionnées par la recherche des sources d'approvisionnement3/. L'augmentation du prix du carburant - qui est passé à 1,2 DM au printemps - n'a pas empêché les agriculteurs d'effectuer les travaux agricoles traditionnels: labours, pulvérisation des mottes de terre (pratiquée à deux reprises) et semis. Dans certaines municipalités autour de Kraljevo, les semis ont dû être renouvelés en raison de la vague de froid qui a sévi au mois d'avril. Il a été difficile dans ces circonstances de se procurer des semences, le prix de celles-ci ayant augmenté - passant de 0,55 à 0,6 DM le kg alors qu'il se situait entre 0,45 et 0,5 DM le kilo au début de l'année.

Les herbicides ont été largement utilisés pour le maïs en Vojvodine, pour un coût de 120 DM par hectare, mais beaucoup moins souvent en Serbie centrale. Le désherbage des champs de maïs est systématique, et se pratique au moins à deux reprises, soit à la main, soit avec un cheval ou un tracteur, voire en combinant les trois procédés, selon les endroits et l'époque. Etant donné que la main-d'oeuvre temporaire reçoit une rémunération comprise entre 25 et 30 DM par journée de travail (plus les repas), et que le désherbage d'un hectare de maïs demande au moins 5 jours de travail, le désherbage à la main revient cette année à plus de 120 DM par hectare, contre 75 à 100 DM l'an dernier. On peut dont penser que pour les agriculteurs qui possèdent des tracteurs et des houes dirigées ou des herses, le sarclage par tracteur est la meilleure solution pour le premier désherbage puisqu'il ne requiert qu'un investissement de 10 DM de carburant par hectare. Malheureusement, les tracteurs ne peuvent pas être utilisés lorsque la culture du maïs est associée à celle des haricots blancs ou des courges.

Etant donné la forte augmentation des importations d'engrais et la reprise de la production intérieure d'engrais azotés - les usines ayant commencé leurs activités en janvier et en mars - les épandages en surface et les fumures de fond ont été pratiquées sur les champs de maïs dans les deux régions. La couleur de la plupart des cultures dans toutes les municipalités dans lesquelles s'est rendue la mission atteste la fréquence de l'utilisation des engrais en Vojvodine. On a signalé des cultures atteintes de chlorose sur des flancs de coteau en Serbie centrale.

Depuis 1992, des insectes de la famille des Diabrotica attaquent les jeunes plants de maïs en Serbie centrale et en Vojvodine. Les agriculteurs savent désormais que la rotation des cultures permet d'éviter les dégâts causés par les parasites, raison pour laquelle ces derniers ne représentent plus un problème majeur. On n'a pas signalé d'autres ravageurs ni de maladies du maïs, pour lequel aucun pesticide n'a été utilisé.

La mission signale que dans toutes les municipalités situées dans les régions de plaines les champs de maïs sont en très bon état. Les cultures bien établies, non envahies par les mauvaises herbes, disposées en intervalles réguliers et croissant de façon très régulière constituent plutôt la norme que l'exception. L'état des cultures situées sur les collines de la Serbie centrale est quant à lui plus variable. On prévoit donc une récolte de maïs de 5,41 millions de tonnes pour une superficie cultivée de 1,21 million d'hectares. Sur ce total, 3,13 millions de tonnes devraient être fournis par la Vojvodine, pour une superficie de 637 904 hectares et un rendement de 4,9 tonnes par hectare. La Serbie, avec 574 795 hectares cultivés et un rendement de 3,9 tonnes par hectare, devrait produire les 2,28 millions de tonnes restants. La récolte n'aura toutefois pas lieu avant septembre ou octobre; de ce fait, bien que l'humidité des sols soit déjà sans doute suffisante pour assurer le plein développement des cultures et leur permettre de parvenir au stade de remplissage des grains sur les sols compacts, les cultures implantées sur les sols plus légers de la Serbie centrale resteront tributaires du hasard des précipitations au cours des prochaines semaines.

Autres cultures de printemps

Le tableau 3 présente une comparaison entre les superficies ensemencées ces deux dernières années, par groupements de municipalités

Tableau 3: Superficies des principales cultures industrielles (en hectares)

 
Betterave sucrière
Tournesol
Soja
 
2000
2001
2000
2001
2000
2001
Vojvodine
41 283
40 548
131 543
147 689
133 868
80 935
Belgrade
992
1 070
1 296
1 357
2 191
2 657
Valjevo
0
0
187
77
226
141
Zajecar
4
4
3 748
3 536
23
0
Kragnejevac
636
411
2 647
2 788
507
397
Kraljevo
192
127
84
75
41
28
Leskovac
52
34
1 014
1 089
6
37
Nis
40
67
395
401
1
1
Smederevo
1 433
1 184
4 776
4 594
736
492
Uzice
0
0
0
0
2
0
Sabac
63
92
745
599
3 958
2 835
Serbie centrale
3 412
2 989
14 892
14 516
7 691
6 588
TOTAL
44 695
43 537
146 435
162 205
141 559
87 523

Ce tableau montre une diminution des superficies consacrées à la betterave et au soja et une augmentation de celles consacrées au tournesol, ce qui s'explique par les très médiocres rendements de la betterave à sucre et du soja enregistrés l'an dernier en Vojvodine - atteignant respectivement 64 pour cent (24 tonnes par hectare) et 50 pour cent (1,2 tonne par hectare) de la moyenne des cinq dernières années. Les rendements du tournesol (1,5 tonne par hectare) n'ont cependant été inférieurs que de 17 pour cent aux récents résultats. Cette année, toutes les cultures industrielles de la Vojvodine sont en bon état et on prévoit des rendements supérieurs à la moyenne.

Les cultures industrielles sont beaucoup moins importantes en Serbie centrale. La plupart se trouvent dans les groupes de municipalités ainsi qu'à Belgrade, Kragnejevac, Smederevo et Sabac, à proximité des usines. On constate une diminution des emblavures pour l'ensemble des cultures, malgré quelques augmentations locales à Belgrade et dans ses environs. Comme en Vojvodine, tous les champs sont en bon état et l'on prévoit des rendements supérieurs à la moyenne.

Les usines sont d'une conception archaïque, équipées d'un matériel obsolète, ce qui accroît l'inefficacité de structures sociales en plein marasme. Les agriculteurs du secteur privé ayant un faible pouvoir d'achat sont chaque année plus nombreux à devoir abandonner le sous-secteur des cultures industrielles, en raison des délais de paiement. Il ne semble pas que la situation puisse véritablement évoluer tant que les problèmes liés - entre autres - à la privatisation et au crédit ne seront pas résolus, et cela même si l'on peut vraisemblablement compter sur une meilleure récolte cette année.

Fruits et légumes

Les vergers, les vignobles et les potagers sont concentrés en Serbie centrale, où il est plus difficile, en raison de la topographie, du climat et de la qualité du sol, de développer des cultures arables sur de grandes surfaces. Les données de 1999 concernant l'utilisation des terre, reproduites dans le tableau 4, mettent bien en évidence la différence entre les deux régions.

Tableau 4: Fruits et légumes (superficies en hectares)

Régions
Vergers
Vignobles
Légumes*
Pommes de terre
Vojvodine
16 909
11 882
60 504
24 066
Serbie centrale
227 882
59 867
138 222
72 149
*Autres que pommes de terre


Dans les deux régions, le secteur privé gère entre 95 et 99 pour cent des cultures de ce secteur, ce qui explique qu'après les dix ans qui viennent de s'écouler, la situation de la production soit relativement meilleure que celle des cultures industrielles.

En Vojvodine, la production de petits fruits, de pêches et de cerises a été très stable au cours des dix dernières années, mais celle des abricots a enregistré une très forte baisse en 1997 et 1998. Tout laisse à penser qu'en Serbie centrale la production fruitière a également été régulière. La production des cerises et des fruits à chair tendre4/ s'est développée grâce à l'apparition de petites entreprises d'exportation qui n'ont pas été touchées par l'embargo commercial et auxquelles le gouvernement de l'époque a laissé une grande marge de manoeuvre. Le rendement des fruits et des légumes devrait être semblable à celui des cinq dernières années.

3.4 Élevage

Le secteur de l'élevage s'est heurté à des difficultés semblables à celles qui ont touché la production pendant les dix dernières années. La perte des marchés extérieurs et le handicap occasionné aux marchés intérieurs par la baisse des revenus disponibles ont entraîné un réduction constante du cheptel bovin et ovin jusqu'en 2000. Le cheptel porcin est quant à lui resté à peu près stable au cours de la même période, comme le montre le tableau 5, la viande de porc étant meilleur marché pour les consommateurs urbains.

Tableau 5: Effectifs totaux et animaux d'élevage (en milliers de têtes) - Période de 1990 à 2000 

Année
Bovins
Vaches et
génisses
Ovins
Brebis
Porcins
Truies et
jeunes truies
CS
V
SC
V
SC
V
SC
V
SC
V
SC
V
1991
1 262
221
804
102
1 802
325
1 378
209
2 473
1 789
655
220
1993
1 183
227
741
104
1 567
317
1 217
207
2 391
1 527
611
221
1995
1 132
221
734
104
1 554
297
1 198
197
2 446
1 639
609
222
1997
1 087
231
717
105
1 491
266
1 153
178
2 428
1 691
638
221
1999
1067
232
737
105
1 417
181
1 122
126
2 624
1 668
669
226
2000
1 047
223
738
105
1 463
148
1 134
99
2 535
1 530
672
214
2001
971
216
708
104
1 348
141
1 089
96
2 205
1 410
605
185
V = Vojvodine; CS = Serbie centrale


Un examen plus approfondi des statistiques révèle des différences plus marquées entre les deux régions. En Vojvodine, où la quantité de bétail est nettement moins importante, les effectifs des bovins et des truies se sont accrus, malgré une baisse du nombre des porcs d'engraissement.

En Serbie centrale, sur la période 1991-2000, le cheptel laitier a enregistré une baisse de 8 pour cent, l'ensemble du bétail a reculé de 17 pour cent, mais le nombre des truies reproductrices a augmenté de 2,6 pour cent. L'engraissage des porcs est resté régulier, ce qui permet de penser que le fonctionnement des petits marchés ruraux locaux n'a guère été touché par la crise dont on souffert en Vojvodine les gros fournisseurs urbains du secteur public.

Le cheptel ovin a reculé dans les deux régions, en particulier en Vojvodine, où l'effectif des brebis d'élevage a chuté de 52 pour cent, contre 18 pour cent seulement en Serbie centrale, où les pâturages pauvres et les prairies offrent de nombreuses possibilités aux familles qui n'ont pas d'autres moyens de subsistance. Dans le secteur privé, le bétail fournit généralement les produits animaux destinés à la consommation des ménages et constitue également, dans les deux régions, une source de revenus qui garantit une certaine sécurité. Etant donné leur taille, les exploitations privées ne disposent chacune que d'un petit nombre d'animaux, à savoir 2 vaches (et leur progéniture), 3 ou 4 porcs et entre 20 à 30 poulets. Ce nombre a baissé ces dernières années, l'effectif des animaux d'élevage ayant atteint son point le plus bas dans ces exploitations. Les effectifs du bétail destiné à l'engraissement varient d'une année à l'autre en fonction des réserves de maïs; l'an dernier, suite à une mauvaise récolte de maïs, ces effectifs ont été maintenus au strict minimum nécessaire pour répondre aux besoins des ménages. Le recul du cheptel enregistré l'an dernier a été le plus important de ces dix dernières années, suite aux mauvaises récoltes de blé et de maïs qui ont empêché les entreprises du secteur privé et du secteur public de s'approvisionner en son de blé et en maïs fourrager. Les données fournies par les deux secteurs, reproduites dans le tableau 6, confirment une perte de 6 à 8 pour cent d'animaux d'élevage en Serbie centrale et en Vojvodine pendant cette période. Les agriculteurs les plus touchés par le marasme du sous-secteur de l'élevage sont ceux qui vivent sur les collines de la Serbie centrale, pour qui le bétail constitue la principale source de revenus. Les données semblent indiquer que dans les conditions actuelles ils ne sont pas en mesure de renouveler leurs troupeaux.

Tableau 6: Animaux d'élevage (en milliers de têtes)

Animaux d'élevage
Secteur
2000
2001
Serbie centrale
Vojvodine
Serbie centrale
Vojvodine
Vaches
Public
15
21
12
20
 
Privé
723
84
696
84
Truies
Public
20
71
17
68
 
Privé
652
143
588
117
Brebis
Public
10
11
8
10
 
Privé
1 124
88
1 081
86


Les effectifs des animaux d'embouche et de leur progéniture ont été réduits de 15 et de 11 pour cent respectivement. Le tableau 6 indique que l'importance relative du secteur public en Vojvodine est restée inchangée, en particulier dans le domaine de l'élevage porcin. On n'a signalé aucune présence inhabituelle de maladies ou de parasites, et les services vétérinaires ont bien fonctionné.

Cette année, la totalité du cheptel a bénéficié d'un hiver doux et de pluies bénéfiques, et le secteur de la production animale devrait enregistrer un bon résultat. On n'a signalé aucune situation alarmante liée à la présence de parasites ou de foyers de maladies, et la Mission a pu constater que le service A et les services vétérinaires fonctionnaient normalement dans les régions qu'elle a visitées.

Utilisation des aliments pour bétail en 2000/2001

La production de maïs de cette année devrait atteindre 5,41 millions de tonnes, et 2,59 millions devraient fournir 640 000 tonnes de son plus un ajout de blé provenant des rations produites sur les exploitations selon la situation des familles. En prévoyant - sous forme de moyenne annuelle par tête - une consommation supplémentaire de 1 tonne pour les vaches, de 0,70 tonne pour leur progéniture; de 0,02 tonne pour les brebis et les agneaux, de 1,2 tonne pour les truies et de 0,45 tonne pour les porcs à l'engrais, de 0,120 g par jour pour les poules pondeuses et les poulardes (20 millions de volailles), les besoins en aliments pour bétail supplémentaires à base de céréales devraient être de l'ordre de 4,13 millions de tonnes. Ces besoins pourront être couverts sans la moindre difficulté cette année, et il sera encore possible d'exporter une importante quantité de maïs.

3.5 Marchés et prix

La majeure partie des moyens de stockage, de transformation et de distribution des produits alimentaires appartiennent au secteur de l'État. Ils sont souvent implantés dans de grandes exploitations - ou combinats - étroitement liés à l'État. On a vu toutefois vu récemment apparaître un certain nombre de petites entreprises privées dans le secteur de la commercialisation des produits alimentaire. La production commercialisée par les exploitations privées, en particulier dans le nord fertile, est généralement vendue/échangée dans le cadre de contrats passés avec les organisations collectivisées qui ont un monopole d'achat dans leur zone. Les agriculteurs privés ont toujours eu la possibilité de vendre leur production indépendamment sur le marché "vert", mais ces marchés sont petits et ne conviennent pas aux cultures qui doivent être transformées à l'échelle industrielle.

Jusqu'en octobre 2000, l'État réglementait les prix de la plupart des produits agricoles et des produits animaux. Les autorités serbes utilisaient le prix des denrées agricoles comme une des caractéristiques essentielles du système de protection sociale. Les prix des principaux produits agricoles étaient soumis à un contrôle. Etant donné que l'État était le principal acquéreur des récoltes, les possibilités des agriculteurs et des exploitations agricoles étaient assez limitées. Cependant, avec la dégradation de la situation économique globale, l'État perdit peu à peu les moyens de fournir aux agriculteurs des compensations pour les pertes qu'ils subissaient, et les producteurs furent les principales victimes du handicap occasionné par le fléchissement des prix des denrées agricoles. Il s'ensuivit un recul important de la production des principaux produits agricoles, et une réallocation des terres aux produits qui n'étaient pas soumis à la réglementation des prix. Le prix réglementé du blé était en principe le prix d'achat minimum garanti auquel étaient faites les acquisitions pour les réserves de l'État, mais en réalité c'était le prix auquel achetaient les entreprises, les coopératives et les combinats. Depuis le début du processus de libéralisation, amorcé en octobre 2000, il n'existe plus aucune entrave aux échanges commerciaux et l'ancien système de licences d'exportation et d'importation a été supprimé. Le lait frais et le pain blanc sont les seules denrées encore subventionnées par l'État: la production laitière bénéficie d'une subvention de 30 pour cent (environ 4 dinars par litre), et une certaine catégorie de plain blanc est subventionnée par l'État et par certaines boulangeries privées.

Le graphique 2 ci-dessous indique les indices des prix à la production et au détail, de l'inflation, et des salaires de 2000 à 2001. Les prix à la production semblent avoir augmenté plus rapidement que les prix à la consommation et les salaires, tandis que les prix des aliments au détail sont restés constamment inférieurs à l'inflation, aux prix à la production et aux salaires. L'écart entre les prix des produits agricoles, l'inflation et les prix à la consommation n'a cessé de s'accroître au cours des quinze derniers mois.

Le graphique 3 indique les prix au détail des principales denrées alimentaires entre mars 2000 et mars 2001. La déréglementation mise en oeuvre en octobre s'est traduite par une forte hausse des prix au détail, en particulier de ceux du sucre. Les prix semblent s'être stabilisés après novembre 2000, tandis que ceux du lait ont enregistré une forte augmentation pendant le premier trimestre de cette année. La figure 2 montre que les salaires se sont maintenus au même niveau que l'inflation, ce qui explique que le pouvoir d'achat du consommateur n'a pas subi d'érosion importante.


-------

4. OFFRE ET DEMANDE DE BLÉ EN 2001-2002

Le pain est le principal aliment de base en Serbie. Sa consommation par habitant est élevée et varie, selon les sources officielles, entre 190 et 220 kg par an. Le tableau 7 reproduit le bilan estimé de l'offre et de la demande de blé pour la Serbie. Le calcul a été effectué sur la base des paramètres suivants:

Tableau 7: Serbie - Bilan de l'offre et de la demande de blé (en milliers de tonnes)

Disponibilités intérieures
2 795 000
Stocks d'ouverture
210 000
Production
2 585 000
Besoins intérieurs
2 481 300
Consommation alimentaire
1 833 500
Alimentation du bétail (blé)
100 000
Semences
214 500
Pertes
103 400
Stocks de clôture
229 900
Excédents destinés à l'exportation
313 700

La mission a prévu un excédent de 313 700 tonnes qui seront exportées vers les provinces voisines et en Russie et serviront ainsi à payer les importations de gaz. Cette quantité est plus importante que les chiffres officiels des exportations de 1999 et 1998 (respectivement de 175 000 et 150 000 tonnes). Il importe de rappeler qu'en 1991, la RFY avait exporté 780 000 tonnes de blé.

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5. AIDE ALIMENTAIRE

5.1 Opérations d'aide alimentaire conduites en Serbie en 2000-2001

En 2000 et 2001, le PAM a organisé en Serbie deux types d'opérations d'aide alimentaire.

Distribution d'aide alimentaire aux bénéficiaires vulnérables

Entre le 1 janvier 2000 et le 20 juin 2001, le PAM a fait parvenir à la Serbie 131 767 tonnes d'aide alimentaire destinée aux personnes vulnérables (réfugiés et cas sociaux), et répartie comme suit:

Tableau 8: Distribution de l'aide alimentaire

Denrée
2000
Quantité livrée
(en tonnes)
Janvier- 20 juin 2001
Quantité livrée
(en tonnes)
Total 2000-2001
(jusqu'au 20 juin 2001)
Quantité livrée (en tonnes)
Farine de blé
63 181
41 783
104 964
Haricots
5 362
3 264
8 626
Huile végétale
4 977
3 248
8 225
Sucre
4 522
3 334
7 856
Conserves de poisson
1 080
 
1 080
Sel
929
 
929
Fromage fondu
87
 
87
TOTAL
80 138
51 629
131 767


Sur les 131 767 tonnes de denrées distribuées, 33 611 tonnes ont été achetées sur place (32 682 tonnes de farine de blé et 929 tonnes de sel), 98 156 tonnes ont été importées d'autres pays.

Aide à l'agriculture fournie par la Communauté européenne et projet de stabilisation des prix

Suite au changement de gouvernement intervenu en Serbie en octobre 2000, les donateurs ont manifesté un plus grand intérêt pour ce pays. C'est pourquoi la Communauté européenne a demandé au PAM d'assurer la mise en place et le soutien logistique d'un projet de soutien et de stabilisation des prix pour le secteur agricole de la Serbie. Pour stabiliser les prix des marchés locaux du sucre et de l'huile végétale (voir graphique 3), la Communauté européenne a débloqué des fonds pour l'achat sur le marché international de 15 000 tonnes d'huile végétale et de 15 000 tonnes de sucre destinés à être distribués en Serbie par les chaînes de supermarchés. Le PAM a été chargé d'acheter les produits sur le marché international et de les acheminer en grosses quantités à des sucreries et huileries locales sélectionnées par la Communauté européenne. Les produits ont été vendus à des prix compétitifs dans les supermarchés locaux et les ressources ainsi dégagées ont été affectées à des investissements dans le secteur agricole.

L'achat et la livraison des produits n'est pas encore terminée. La livraison des 15 000 tonnes s'est déroulée de façon satisfaisante. Sur les 15 000 tonnes d'huile végétale prévues, 6 940 tonnes ont déjà été livrées, les 8 600 tonnes restantes doivent l'être prochainement.

5.2 Programme d'aide alimentaire pour 2001-2002

Suite aux dernières évaluations des besoins alimentaires effectuées conjointement par le HCR et le PAM, il a été décidé de réduire progressivement les opérations d'aide alimentaire en Serbie. Cependant, compte tenu du fait que le pays se trouve depuis octobre 2000 dans une phase de transition difficile, l'aide alimentaire devrait rester en 2001 et 2002 (malgré une réduction quantitative) une des principales composantes du soutien que la communauté internationale apporte au processus de réforme mis en place dans le pays.

Le programme fournit actuellement une aide aux réfugiés permanents et aux cas sociaux, comme cela est prévu dans le cadre de l'opération d'urgence - dont la reconduction a été approuvée - de l'an dernier. Le programme d'aide du PAM concerne 575 000 bénéficiaires, dont 215 000 réfugiés et environ 360 000 cas sociaux. Une grande partie des réfugiés est hébergée dans des logements privés. Il existe diverses catégories de cas sociaux, les principaux étant les retraités (qui touchent la retraite minimum) et les personnes qui reçoivent les allocations sociales.

Le nombre des bénéficiaires va être réduit progressivement, conformément aux recommandations de la mission signalée plus haut. En 2002, cette réduction sera adaptée aux avancées des réformes menées dans le secteur social.

Les critères adoptés pour le ciblage des bénéficiaires correspondent à l'optique qui régit le système d'aide sociale: celui-ci, au lieu de sélectionner les personnes concernées selon des catégories spécifiques, considère que la vulnérabilité est une réalité qui touche l'ensemble des groupes.

Le programme du PAM en Serbie reprend les objectifs adoptés dans le document relatif à l'opération d'urgence approuvé l'an dernier. Dans le cadre de la réduction progressive des opérations, la responsabilité des cas sociaux se verra donc progressivement transférée aux organismes gouvernementaux compétents. Entre temps, le PAM restera en contact avec le HCR et le CICR afin d'améliorer le ciblage des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur du pays.

Les partenaires du PAM, en collaboration avec ses équipes de contrôle, fourniront toute l'aide requise pour effectuer la nouvelle sélection des personnes qui ont le plus besoin d'aide.

Les autres programmes d'aide alimentaire vont également être peu à peu interrompus. Les récents programmes alimentaires mis en place par CARE et subventionnés par le HCR et ECHO vont être progressivement supprimés. Lorsque la mission était sur place, le financement d'une prolongation de l'aide alimentaire avec des denrées fraîches n'a pas été confirmé. Le programme de soupe populaire du CICR sera confié à la Croix-Rouge serbe en juillet 2001 et sera poursuivi, si son financement peut continuer d'être assuré.

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des Secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser, pour tout complément d'information, à:
Abdur Rashid
Chef, SMIAR, FAO
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Mél: [email protected]
Saeed Malik
Directeur régional, ODR, PAM
Télécopie: 0039-06-6513-2851
Mél: [email protected]
Il est également possible de recevoir automatiquement, par messagerie électronique, les Alertes spéciales et les Rapports spéciaux, dès leur publication, en souscrivant à la liste de distribution du SMIAR. À cette fin, veuillez envoyer un message électronique à l'adresse suivante: [email protected] , sans rien écrire dans la ligne "sujet" et en indiquant le message suivant:
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1 / Les sources d'information comprennent les documents établis par la RFY et la Banque mondiale en juin 2001. « Breaking with the past : the path to stability and growth (including Economic Recovery and Transition Programme), vol. 1 et 2 ; Country Profile 2000 : Yougoslavie (Serbie et Monténégro), Economic Intelligence Unit.

2 / Les moissonneuses-batteuses ayant une largeur de coupe de 4 mètres sont petites et manoeuvrables. Leur utilisation entrainera principalement une prolongation de la durée des moissons sur ces champs, sans autre changement supplémentaire. Les tarifs des moissonneuses-batteuses varient de 130 à 170 DM selon l'endroit et la concurrence et selon la prise en compte dans le prix de la mise en balles du foin.

3 / Sur le marché noir, le carburant était souvent acheté quotidiennement, en bouteilles d'un litre.

4 / Après l'aluminium, les framboises de la Serbie centrale ont été le principal produit d'exportation ces dernières années (G17).