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PRINCIPAUX RESULTATS ET OPPORTUNITES IDENTIFIEES POUR LES PAYS EN DEVELOPMENT

Les volumes et les valeurs des ventes biologiques augmentent...

Les plus fortes valeurs de ventes alimentaires biologiques totales se trouvent aux Etats-Unis (8 000 millions de dollars), suivis par l'Allemagne (2 100 millions de dollars), le Royaume-Uni (1 000 millions de dollars) et l'Italie (1 000 millions de dollars). D'autres valeurs de ventes élevées se trouvent en France (850 millions de dollars) et en Suisse (450 millions de dollars). Les marchés américain et européen ont approximativement la même taille. Les ventes de produits certifiés biologiques au Japon étaient estimées à seulement 350 millions de dollars en 2000, mais les ventes totales de produits «verts» (produits avec moins de produits chimiques, mais pas nécessairement sans) sont estimées à 2,5 milliards de dollars. Le tableau 1 donne les estimations des valeurs de ventes de tous les marchés analysés pour cette étude.

...mais ne représentent encore qu'une petite part du marché alimentaire total

Néanmoins, la filière biologique reste un marché de niche par rapport au marché alimentaire global. Les parts de marché des aliments biologiques se situent dans la plupart des pays autour de 1 pour cent des ventes alimentaires totales. Des chiffres quelque peu plus élevés ont été trouvés en Autriche et en Suisse, avec une estimation des parts biologiques de respectivement 1,8 pour cent et 2 pour cent. La part de marché biologique au Danemark est estimée à presque 3 pour cent des ventes alimentaires totales, probablement le plus haut pourcentage au monde (tableau 1).

Tableau 1: Valeur et parts des marchés biologiques (2000) (chiffres arrondis)

Les marchés biologiques en 2000


Valeur des ventes biologiques totales (en millions de dollars) (*) (estimations)

Estimation de la part biologique dans les ventes alimentaires totales (en %)

Valeur des ventes de fruits et légumes biologiques (en millions de dollars) (*) (estimations)

Estimation de la part biologique dans les ventes totales de fruits (F) & légumes (L) (en %)

Royaume-Uni

986

1

300

5 - 10

Allemagne

2 128

1,25-1,5 (**)

378

2,6

Italie

978

1(**)

264

2

France

846

1

169

-

Pays-Bas

210

1,2

-

-

Belgique

138

1

34

-

Autriche

195

1,8

29

3 F et 5 L

Suisse

457

2

-

5 F et 10 L

Danemark

372

2,5 - 3

-

-

Suède

175

0,9

31

1,7

Etats-Unis

8 000

1,5 (**)

1 450

-

Japon

350(***)


-

-

(*) Basé sur le taux de change moyen de 2000.

(**) Source: CCI (2001)

(***) 2,5 milliards de dollars pour les produits au label «vert».

Des taux de croissance élevés des ventes de fruits et légumes biologiques au cours des dernières années...

Les études de marché effectuées pour cette étude indiquent une croissance rapide des ventes de fruits et légumes biologiques dans la plupart des pays développés. Les valeurs des ventes augmentent sur la plupart des marchés à des taux annuels se situant en général entre 20 et 30 pour cent au cours de la fin des années 90. Des taux de croissance particulièrement élevés ont été observés récemment au Royaume-Uni et en Italie. Par exemple, les ventes au détail de fruits et légumes biologiques ont augmenté en Italie à un taux annuel d'environ 85 pour cent pendant la période 1998-2000, alors que dans les premiers mois de 2001, après la Principaux Résultats et Opportunités pour les Pays en Développement Les Marchés Mondiaux des Fruits et Légumes Biologiques détection du premier cas d'ESB en Italie, les taux de croissance sont même allés plus haut, les préoccupations sur l'innocuité des aliments conventionnels (principalement les produits carnés) ayant déclenché une forte demande supplémentaire en fruits et légumes en général et en produits biologiques en particulier. Des taux de croissance aussi élevés ne devraient pas persister; cependant, l'étude de marché de l'Italie montre une prise de conscience et une demande croissante de la part du public en produits frais biologiques. Les ventes de fruits et légumes biologiques augmentent à la fois aux Etats-Unis et au Japon, mais les taux de croissance précis n'ont pas pu être obtenus. La croissance annuelle des ventes de fruits biologiques en Allemagne est estimée à 8 pour cent et celles des légumes biologiques à 15 pour cent.

...bien que la croissance semble s'être interrompue sur certains marchés

D'autre part, en Autriche et au Danemark, deux pays possédant un marché biologique bien développé et une part de marché biologique relativement élevée, les ventes alimentaires biologiques connaissent un taux de croissance faible ou nul.

La part du biologique dans les ventes de fruits et légumes est supérieure à la part du biologique dans les ventes alimentaires totales

La part des ventes biologiques du secteur des fruits et légumes est quelque peu supérieure à celle des ventes biologiques par rapport aux ventes alimentaires totales. Dans la plupart des pays, la part biologique des ventes de fruits frais est estimée à environ 3-5 pour cent, alors que pour les ventes de légumes la part biologique est estimée à plus de 10 pour cent au Royaume-Uni et en Suisse par exemple, en partie en raison des forts volumes de ventes de légumes biologiques produits localement par le biais des ventes directes et des systèmes d'abonnement.

L'importance des supermarchés comme débouché des ventes biologiques varie selon les pays

Cette publication montre également la différence de l'importance des divers réseaux de distribution par lesquels sont vendus les fruits et légumes frais certifiés biologiques. Le rôle du supermarché, le débouché de ventes biologiques connaissant le développement le plus rapide dans quasiment tous les pays étudiés, varie de manière significative entre les différents pays. Au Royaume-Uni, on estime que 70 pour cent de tous les fruits et légumes biologiques sont vendus en supermarchés. Des pourcentages similaires se retrouvent en Suisse et au Danemark. En Allemagne et aux Pays-Bas, cependant, les supermarchés représentent respectivement 24 pour cent et 30 pour cent des ventes de produits frais biologiques (pour l'année 2000). En Autriche, moins d'un quart est vendu par les supermarchés et en France, seulement 20 pour cent.

Pas de marché européen uniforme des fruits et légumes biologiques

A partir des différences observées entre les divers pays, on peut conclure que malgré l'intégration du marché en cours dans la Communauté européenne (CE) et l'existence de la réglementation commune CE No. 2092/91 sur l'agriculture biologique, il ne semble pas exister de marché CE uniforme pour les produits horticoles frais biologiques. Bien que les fruits et légumes certifiés biologiques puissent circuler librement à travers les pays de la CE, les exportateurs potentiels vers ces marchés devraient être toujours conscients des différences et étudier précisément les caractéristiques spécifiques du marché dans le pays ciblé, les tendances, le profil du consommateur, les réseaux de distribution, etc.

Importance du commerce intra-CE de fruits et légumes biologiques

Des études de marché ont montré un important commerce intra-CE de fruits et légumes frais biologiques. Par exemple les Pays-Bas, la France et l'Italie exportent de grandes quantités de produits frais vers les pays de la CE importateurs biologiques nets, y compris le Royaume-Uni, le Danemark et la Belgique.

La production biologique augmente dans les pays développés

Les principaux producteurs certifiés biologiques dans les pays développés couverts par cette étude sont l'Italie, avec une superficie estimée à environ 1 million d'hectares pour l'année 2000, suivie de loin par les Etats-Unis (544 000 hectares en 1997), l'Allemagne (452 000 hectares) et le Royaume-Uni (425 000 hectares). Cependant, comme les études de cas de cet ouvrage le montrent, parmi les pays étudiés pour cette publication, l'Argentine a la plus grande superficie en production biologique, estimée à environ 3 millions d'hectares (y compris les pâturages dans le sud qui sont certifiés biologiques mais ne sont pas en production, voir tableau 2).

Tableau 2: La superficie biologique en production en 2000

Production biologique en 2000


Superficie (ha)

% de la superficie totale en production

Superficie de fruits et légumes biologiques

Royaume-Uni

425 000

2,3

3 000

Allemagne

452 279

2,6

7 118

Italie

960 000

-

-

France

371 000

1,3

27 945

Pays-Bas

27 820

1,4

2 100

Belgique

20 663

0,9

612

Autriche

300 000

10,0

-

Suisse

87 000

8,1

1 238

Danemark

165 258

6,2

1 912

Suède

139 000

5,1

2 300

Etats-Unis (1997)

544 000

0,2

41 266

Japon

1 000

0,02

-


La politique et les appuis gouvernementaux

La plupart des pays d'Europe occidentale ont mis en œuvre une politique gouvernementale et un appui financier pour encourager les agriculteurs à se convertir aux méthodes de production biologique. Dans certains pays, des objectifs spécifiques à l'agriculture biologique ont été fixés, à savoir d'arriver à 10 pour cent de la surface agricole en production biologique d'ici à 2010. La plupart des sources commerciales affirment que ces objectifs ont peu de chance d'être atteints dans les délais indiqués. Néanmoins, il est clair que la production de fruits et légumes frais certifiés biologiques dans les pays développés devrait continuer d'augmenter.

La demande continue de dépasser l'offre nationale

Comme la demande en produits frais biologiques devrait continuer de dépasser la production dans les pays développés, les importations seront nécessaires pour satisfaire la demande des consommateurs. La mesure dans laquelle les pays en développement seront capables de combler ce vide dépendra largement des facteurs décrits ci-dessous (voir: “Stratégies à suivre”).

Les consommateurs préfèrent les produits biologiques de leur pays ou région

Les études ont montré que sur quasiment tous les marchés, les consommateurs biologiques sont clairement méfiants quant à l'authenticité des produits biologiques importés. Le cas de la Suisse est le plus frappant, où le principal label biologique national (Bio Suisse) interdit que les produits biologiques soient transportés par avion (la Suisse est un pays sans accès marin). Les consommateurs d'Autriche préfèrent apparemment nettement les produits biologiques locaux (de préférence achetés directement à la ferme) et n'apprécient les importations que pendant les périodes de contre-saison ou pour les produits qui ne peuvent pas se cultiver localement. L'étude du marché danois mentionne que la confiance des consommateurs dans les produits étrangers décline avec la distance géographique. De même, les consommateurs au Japon et aux Etats-Unis ont une nette préférence pour les produits biologiques cultivés localement. Afin d'introduire avec succès des produits biologiques importés sur ces marchés, des efforts de commercialisation spécifiques pourraient s'avérer nécessaires pour gagner la confiance des acheteurs. Ces efforts seraient clairement liés à l'importateur, au grossiste et au détaillant biologiques. L'utilisation du label biologique national du pays de consommation aiderait à familiariser les consommateurs avec les produits biologiques importés, car ces derniers sont plus susceptibles de reconnaître l'équivalence du produit sur la base des normes nationales.

Quelques exceptions

Le Royaume-Uni et la Belgique sont deux exemples pour lesquels la différence de la confiance entre les produits biologiques cultivés sur le sol national et les produits importés se trouve être relativement mineure. Ceci s'explique probablement par le fait que la production biologique nationale dans ces pays n'est pas en mesure de satisfaire une demande croissante, et les importations sont donc une pratique courante.

Les prix varient fortement selon le lieu, le moment et le groupe de produit

En dépit du manque global de données officielles disponibles sur les prix (aux niveaux du prix au producteur, prix FOB, prix CIF et prix de vente au détail), quelques unes des études de marché donnent un certain aperçu sur cette question. Pour la plupart des pays, un échantillon de prix est donné (principalement au niveau de la vente au détail), mais aucune série ou liste complète de prix n'a pu être obtenue. La filière biologique étant encore dominée par quelques négociants dans de nombreux pays, la volonté de fournir des données a souvent été limitée, et la transparence du marché est loin d'être optimale. Avec la croissance continue des volumes de vente biologique sur les marchés développés et la progression vers des marchés plus transparents et compétitifs, la plupart des études indiquent que cette tendance aura probablement pour résultat une diminution de la différence de prix entre les produit biologiques et les produits conventionnels. Cependant, on ne sait pas dans quelle mesure les différences de prix diminueront, et cela dépendra beaucoup des taux de croissance respectifs de la demande et de l'offre.

Cependant, les primes de prix observées se situent en général entre 20 et 40 pour cent

Comme on l'attendait, les prix varient énormément au cours du temps, en raison des tendances saisonnières de la production (et de la consommation), mais aussi d'un marché à l'autre dans un même pays. Quelques échantillons de prix au détail non représentatifs obtenus par différents auteurs de cette publication suggèrent que les primes de prix se situent généralement entre 20 et 40 pour cent au-dessus des prix conventionnels, avec des différences de prix dépassant régulièrement cette marge. Une partie des primes de prix est le résultat des différences de coûts de production et de distribution.

La prudence doit être de mise quant aux conclusions pouvant être tirées de ces chiffres

Il faut être extrêmement prudent lorsque l'on tire des conclusions à partir de ces données. L'absence de séries complètes de prix rend difficile toute conclusion fiable. Les producteurs/exportateurs potentiels doivent garder un œil sur les prix au producteur probables pour l'avenir, car ils sont la clé de la décision de conversion à l'agriculture biologique, en particulier en gardant à l'esprit la période de conversion pouvant aller jusqu'à trois ans. Cependant, l'évolution des prix est très difficile à projeter à partir d'un ensemble incohérent de données.

Il est conseillé aux exportateurs ciblant un marché spécifique de prendre contact avec plusieurs importateurs et négociants afin d'avoir une idée des prix qui peuvent être obtenus, en gardant à l'esprit que ces prix fluctuent.

Les primes de prix biologiques et le comportement du consommateur

Il semble que des groupes de consommateurs soient prêts à payer un certain prix pour les aliments biologiques. Dans de nombreux pays, la plupart des consommateurs sont disposés à payer 20 pour cent de plus que pour les produits conventionnels, mais aucun chiffre précis n'a pu être obtenu. Les ventes biologiques par le biais des supermarchés constituent le réseau de distribution connaissant la croissance la plus rapide dans la plupart des marchés. Certaines sources commerciales ont affirmé que les consommateurs achetant des produits biologiques dans les réseaux de vente au détail conventionnels (par exemple les supermarchés) diffèrent quelque peu d'autres consommateurs biologiques, dans la mesure où les considérations écologiques sont moins importantes lors de l'achat de produits biologiques. Ces achats par des consommateurs moins préoccupés par des considérations écologiques renforce l'idée d'une baisse des primes de prix ces prochaines années.

Quelques tendances de commercialisation biologique

Au cours des études de marché, diverses tendances du marché ont été observées, y compris:

Les opportunités pour les pays en développement

La production nationale de produits biologiques dans les pays développés devrait augmenter dans les prochaines années (Il y a habituellement un laps de temps de trois ans entre la conversion et la production de produits certifiés biologiques), mais il est peu probable qu'elle couvre la demande pour la plupart des produits. La préférence des consommateurs pour les fruits et légumes biologiques produits localement ou régionalement indique que les meilleures opportunités sont celles des produits frais biologiques de régions tempérées en contre-saison et les produits des régions non tempérées. Pour les produits qui ne peuvent pas être produits sous les climats plus froids des pays développés du nord (par exemple les oranges, les kiwis, etc.) la plupart des livraisons biologiques proviennent de pays producteurs proches de ces marchés, comme les pays de la région méditerranéenne pour la CE (par exemple l'Italie, l'Espagne, Israël, le Maroc et l'Egypte). Il est important de noter que les pays membres de la CE ou les pays tiers sur la liste d'équivalence de l'article 11 (pour une définition, voir le chapitre 1) ont un net avantage. Pour les autres pays, le meilleur potentiel existe lorsque l'offre nationale de ces pays est inexistante ou insuffisante.

Il peut également exister des opportunités pour les produits saisonniers dont l'offre est moindre, ainsi que pour les fruits et légumes transformés.

Les bases du succès

Les conditions fondamentales du succès incluent une plus grande compétitivité du producteur et des prix FOB, ainsi que le respect au minimum des normes biologiques et phytosanitaires et l'offre d'une qualité identique à celle des produits conventionnels. De plus, d'importants efforts de commercialisation peuvent être nécessaires pour apprendre au consommateur biologique à atténuer sa défiance actuelle à l'égard des produits biologiques importés. Certains pays ont déjà une image d'exportateurs de «produits frais» ou «verts» (par exemple le Costa Rica, le Chili) qui les aidera à bénéficier d'avantages commerciaux pour les produits biologiques.

La planification est nécessaire

Lors de la décision sur la conversion à la production biologique, il faut garder à l'esprit les différentes (et souvent difficiles) méthodes de production et de gestion nécessaires pour réussir. La période de conversion de trois ans géneralement nécessaire rend indispensable une planification à long terme. Pour une telle planification, une analyse coûts/profits soigneuse devrait être effectuée. L'ampleur de la baisse prévue des primes de prix biologiques, le cas échéant, n'est pas bien connue; il en est de même pour l'amplitude de la chute possible des rendements pendant la conversion et peut-être après. Il est donc conseillé aux producteurs et aux exportateurs d'évaluer avec attention le potentiel de leur produit sur le marché ciblé, ainsi que d'identifier les fournisseurs concurrents de ce marché. Avec l'introduction récente de réglementations biologiques sur deux marchés majeurs, les Etats-Unis et le Japon, le cadre législatif est en place pour fournir une meilleure information et une meilleure orientation concernant les règles d'importation et, par conséquent, en théorie, pour minimiser les mauvaises surprises pour les exportateurs biologiques vers ces marchés.

Les stratégies possibles à suivre

De nombreuses étapes doivent être franchies avant que des fruits et légumes frais certifiés biologiques puissent être exportés avec succès vers les pays développés. La liste ci-dessous - bien que non exhaustive - présente certaines des principales conlusions et leçons des études de pays effectuées pour ce rapport.


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