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Chapitre 6. Conduite des troupeaux de reproducteurs


Un des aspects les plus importants dans la production des oies est la conduite et l'alimentation des reproducteurs. Ce secteur revêt une importance considérable dans la capacité de reproduction en conditionnant à la fois le nombre d'œufs pondus, la fertilité, l'éclosabilité et, par conséquent, le nombre d'oisons produits. Par rapport aux autres espèces aviaires, le nombre d'œufs pondus annuellement est très faible. Les oies de type Anser cygnoides sont de meilleures pondeuses que celles de type Anser anser. Mais chez la plupart des races, le nombre d'œufs produits n'excède pas 30 à 50, parfois moins, même si ces femelles sont placées dans des conditions optimales. De plus, à l'inverse des autres espèces aviaires, cette ponte est naturellement très saisonnée; c'est pourquoi chaque fois que c'est possible, les producteurs utilisent des programmes lumineux pour modifier ou pour prolonger la période de ponte.

Le choix des mâles et des femelles qui vont constituer un troupeau de reproducteurs est très important; cela se fait en principe dans les deux ou trois mois qui précèdent l'entrée en ponte. Par exemple, dans l'hémisphère Nord, pour des oisons nés naturellement au printemps, le choix et la mise en place s'effectueront en novembre ou en décembre. La production d'œufs du troupeau démarrera début février. Lors de la constitution d'un troupeau de reproducteurs, il faut prendre en compte les éléments suivants:

Il est parfois nécessaire de prendre en compte le poids vif, ou la production d'œufs pour la constitution du parquet. Si on désire prendre en compte le poids vif, il ne faut pas retenir des femelles dont le poids est inférieur à la moyenne des femelles du troupeau, il faut choisir des mâles d'un poids supérieur de 10 à 20 pour cent à la moyenne de la population. Si on souhaite privilégier la production d'œufs, il faut retenir des femelles identifiées dont les mères se sont révélées d'excellentes pondeuses. Cela signifie que ces animaux ne peuvent provenir que de troupeaux qui sont au moins dans leur deuxième année de ponte, les résultats de prolificité des mères sont alors disponibles.

ELEVAGE DES FUTURS REPRODUCTEURS

Après que les reproducteurs aient été choisis, on peut les garder momentanément avec d'autres oies. Il faut par contre les trier et constituer le nouveau troupeau environ deux mois avant le début de la ponte.

FIGURE 18. Des oies conservées dans quatre systèmes de logements différents (a, b, c et d) pendant la période d'élevage.

Source: Buckland (1995).

FIGURE 18 (a). Sur des caillebotis bois. (Landes, France.)

FIGURE 18 (b). Sur litière à l'intérieur du bâtiment, avec une aire bétonnée à l'extérieur. (Hongrie.)

FIGURE 18 (c). Sur pâture avec une litière à l'intérieur du bâtiment. (Pologne.)

FIGURE 18 (d). Sur un parcours en terre battue et sans abri. (Vendée, France.)

La constitution du troupeau de reproducteurs avant le début de la ponte est importante pour garantir un bon niveau de fertilisation des œufs. Il existe toutefois des exemples où un troupeau de reproducteurs constitué à la hâte, juste avant le démarrage de la ponte a réussi à produire un nombre important d'oisons. Il semble que les problèmes surviennent plutôt lors des croisements, surtout en cas de phénotypes très différents (par exemple un mélange d'animaux à plumage blanc et gris). Ces circonstances favorisent les bagarres, diminuent les performances de reproduction et augmentent les cas de mortalité. C'est pour cela qu'il est plus prudent de constituer le troupeau deux ou trois mois avant la ponte, ce qui laisse le temps de contrôler attentivement le comportement des animaux. Il faut se souvenir que les oies sont par nature monogames. Toutefois, lorsqu'elles sont domestiquées, l'objectif est de limiter le nombre de jars qui ne sont pas productifs. En pratique, un ratio de un jars pour quatre femelles est suffisant pour assurer un bon niveau de fertilité. C'est afin d'établir une cohésion sociale qui est garante d'une monte régulière de toutes les oies que les troupeaux de reproducteurs sont mis en place avant la période de production. Lorsqu'un troupeau de reproducteurs a été constitué, il faut lui conserver la même structure pendant toute la durée d'exploitation.

Si le nombre d'oies le permet, il est recommandé de diviser le troupeau en quatre sous unités, avec des oies respectivement dans leur première, deuxième, troisième ou quatrième année de production (si on les conserve quatre ans) de manière à remplacer un quart du cheptel chaque année. C'est un bon moyen d'équilibrer le nombre d'oisons produits chaque année, car les oies pondent davantage d'œufs en deuxième et en troisième année de production.

Dans des petites unités, les troupeaux ne sont parfois constitués que de 1 ou 2 jars pour 8 à 10 femelles. Si l'on souhaite introduire de nouveaux reproducteurs, il est préférable de renouveler totalement le troupeau. Ce n'est pas toujours possible et on se contente parfois de remplacer les femelles qui sont mortes ou celles qui sont éliminées pour un manque de production. Dans ce cas, il est primordial d'identifier les œufs qui proviennent de cette nouvelle venue et de contrôler leur fertilité. C'est le meilleur moyen de s'assurer que le(s) jars coche(nt) les nouvelles arrivantes. Lorsque ce sont les mâles qu'il faut remplacer dans un troupeau, on doit les changer tous en même temps et le faire deux mois au moins avant le démarrage de la saison de reproduction. Si cela s'avère nécessaire, un troupeau d'oies peut aussi être séparé en deux, avec une moitié qui conserve le(s) vieux jars, et l'autre moitié où l'on introduit un(des) nouveau(x) jars.

La conduite alimentaire des oisons destinés à la reproduction lors du démarrage et en période de croissance est identique à celle des oisons élevés pour la viande, que ce soit dans un système intensif ou extensif. Cependant, on pratique parfois un rationnement plus sévère pour prévenir un engraissement excessif des futurs reproducteurs.

Des recherches récentes d'origines diverses (Engler, Communication personnelle, Sellier et al., 1994) ont montré que l'alimentation du troupeau de reproducteurs, pendant les deux ou trois mois qui précèdent la ponte, est déterminante du nombre d'oisons qui seront produits ultérieurement dans la saison. Ces résultats sont valables à la fois pour les troupeaux qui entrent dans leur première année de production et pour ceux qui se sont déjà reproduits auparavant.

Le principe de base de l'alimentation des troupeaux de reproducteurs pendant la période qui précède la ponte, est de contrôler le poids des oies. Les recommandations générales sont de cibler un poids corporel égal à 80 ou 85 pour cent du poids adulte deux mois avant l'entrée en ponte. Cette réduction du poids vif est obtenue par rationnement alimentaire pendant la période de repos sexuel. Deux mois avant l'entrée en ponte, on relâche les animaux pour obtenir un poids voisin de 90 pour cent et de 100 pour cent du poids adulte, respectivement à un mois et à 15 jours avant l'entrée en ponte. Le poids souhaité peut être obtenu en augmentant la ration quotidienne ou en modifiant la composition du régime pour une formule plus riche.

Pour obtenir des oies à 80 ou 85 pour cent de leur poids adulte deux mois avant la ponte, il faut leur fournir un programme spécifique pendant la période d'entretien. Les oies qui doivent entrer dans leur première saison de ponte sont normalement alimentées avec une ration d'entretien à l'âge de 9 ou 12 semaines. Les oies qui se sont déjà reproduites passent de la ration adaptée aux reproducteurs à la ration d'entretien immédiatement après l'arrêt de la ponte.

Il existe plusieurs approches qui permettent de fournir le niveau convenable de nutriments qui est nécessaire aux oies pendant la période d'entretien. En premier lieu, on peut les alimenter avec un régime d'entretien sous forme d'aliment complet. Les caractéristiques de ce régime doivent satisfaire à un niveau de protéines brutes compris entre 12 et 14 pour cent et une valeur énergétique de 2300 à 2600 kcal/EM/kg. On peut fournir cet aliment en complément d'une herbe pâturée, ou bien en alimentation unique dans un sytème de confinement. Dans les deux cas, il faut limiter la consommation des oies par rationnement. Le niveau normal de la ration se situe entre 100 et 200 g par jour et par animal (en fonction de l'herbe disponible). L'objectif est de prévenir les changements brutaux de poids vif et d'amener progressivement les animaux au poids recherché (80 à 85 pour cent du poids adulte) deux mois avant l'entrée en ponte.

La deuxième possibilité qui existe est de remplacer la ration d'entretien par un mélange de grains ou même seulement par une céréale s'il n'y a rien d'autre de disponible. Dans ce cas, il est fortement recommandé de laisser un accès à la pâture aux oies, car les céréales sont carencées en acides aminés essentiels, en vitamines et en minéraux. L'herbe consommée doit en principe apporter ces nutriments aux oies. La quantité de grain à fournir est basée sur les mêmes principes que ceux qui ont été discutés dans le cadre d'une ration de granulé complet. Lorsque la croissance de l'herbe est ralentie ou arrêtée, en automne ou en hiver, ou bien en période de sécheresse, on peut la remplacer par des aliments grossiers que l'on a stockés au préalable, tels que le foin, let toutes sortes de racines.

La troisième possibilité est de considérer qu'un fourrage de haute qualité peut à lui seul satisfaire les besoins d'entretien de l'animal lorsqu'il est pâturé. Dans ce cas, il est primordial de suivre l'évolution du poids vif avec attention. Lorsque la perte de poids est trop importante, de sorte que l'objectif n'est pas assuré, il faut fournir un complément d'alimentation qui peut être sous forme de grains, déchets de cuisine ou tout autre source d'énergie disponible.

Remarque: c'est en général l'énergie qui est le facteur limitant dans ces conditions d'alimentation.

Dans le tableau 1, nous présentons le résultat de différents niveaux de rationnement pour la période: deux mois avant l'entrée en ponte jusqu'à l'intensité de 20 pour cent. Le niveau de restriction pendant cette période qui précède la ponte est modéré; léré quotidien est de 700 kcal d'énergie métabolisable par jour et par animal (soit 320 g d'un régime qui titre 2200 kcal/kg). Ce programme alimentaire a conduit à une légère chute (non significative) de la ponte et à une augmentation significative de la fertilité, ce qui se traduit par un nombre d'oisons produits par femelle supérieur (+quatre oisons pour une saison de ponte). Les auteurs concluent également qu'un gain de poids de 1 ou 1,2 kg pendant cette période de deux mois correspond à un optimum. Ces résultats sont applicables aux oies en première ponte, mais aussi à celles qui se sont déjà reproduites.

Une autre expérimentation sur le rationnement alimentaire pendant la ponte à un niveau de 750 kcal/kg/jour/animal conduit à une légère diminution de la production d'œufs, mais accroît également le pourcentage d'œufs fertiles. Le bilan indique à nouveau un nombre d'oisons produits légèrement supérieur avec le programme restrictif. Ce résultat suggère que les besoins alimentaires sont probablement différents pour les mâles et les femelles en reproduction, comme c'est le cas chez la plupart des autres espèces aviaires. Il est difficile d'envisager des programmes alimentaires spécifiques à chaque sexe en période de reproduction d'un troupeau, à cause du faible dimorphisme sexuel entre mâles et femelles. Il est par ailleurs évident que les sexes ne peuvent être séparés en reproduction par accouplement naturel. Concrètement, cela nous amène à penser que les prochaines recherches à entreprendre à propos de la nutrition spécifique à chaque sexe concernent la période qui précède la ponte.

TABLEAU 1

Effets d'une restriction alimentaire avant la période de ponte sur les performances de reproduction des oies.


Niveau de rationnement

Traitement

Nul

Léger

Moyen

Sévère

Nbre d'œufs/oie

43,6

43,7

42,5

30,5

Fertilité (%)

63,1

65,1

75,2

64,1

Oisons/oie

22,6

23,3

26,7

16,4

Mortalité (%)

2,9

0,5

3,2

3,8

Podis des oies k (g)

7,2

6,6

6,6

6,2

Poids des jars k (g)

6,7

6,4

6,2

6

Source: Sellier et al. (1994).

Contenu du régime «reproduction»: EM (kcal/kg) = 2216, protéines brutes = 17 pour cent, Lysine = 0,73 pour cent, acides aminés soufrés = 0,71 pour cent, calcium = 3,36 pour cent, phosphore disponible = 0,68 pour cent. La ration était distribuée ad libitum (rationnement nul), à un niveau de 1 000 puis 750 kcal EM/jour/tête (rationnement léger); les animaux du groupe rationnement moyen ont reçu 700 kcal EM/jour/tête, et ceux du groupe rationnement sévère 520 puis 600 kcal EM/jour/tête. Le tableau représente la compilation de deux essais pour chacun des traitements.

PÉRIODE DE PONTE

1) Alimentation

La période de ponte représente probablement la phase alimentaire la plus importante de tout le cycle de production des oies. Une alimentation insuffisante pendant cette période affecte la production d'œufs dont le nombre déjà relativement faible constitue le principal handicap de cette espèce. Le niveau d'alimentation doit prendre en compte à la fois le maintien du poids corporel et les besoins inhérents à la production des œufs.

Ces dernières années, des recherches émanant de sources diverses (Engler, Communication personnelle, Sellier et al., 1994) indiquent que les besoins énergétiques quotidiens sont compris entre 800 et 850 kcal EM/jour/tête pour les oies en ponte. Il faut noter que contrairement aux autres espèces aviaires domestiquées, l'oie est incapable de réguler son ingéré énergétique au niveau qui lui convient. C'est pourquoi, en tenant compte du niveau énergétique de la ration, du poids vif des animaux, et de la température ambiante, il faut s'assurer que:

TABLEAU 2

Recommandations alimentaires (énergie, protéines, acides aminés, minéraux) nécessaires à l'oie reproductrice en période de ponte.


Ration 7

Ration 8

Energie (kcal EM/kg)

2 200

2 500

Protéines brutes

13

14,8

Acides aminés (%):




Lysine

0,58

0,66


Méthionine

0,23

0,26


Soufrés

0,42

0,47


Tryptophane

0,13

0,14


Thréonine

0,40

0,45

Minéraux (%):




Calcium

2,60

3


Phosphore total

0,56

0,60


Phosphore disponible

0,32

0,36


Sodium

0,12

0,14


Chlorures

0,12

0,14

Source: Leclercq et al. (1987).

Des régimes spécifiques pour l'oie en ponte ont été établis, ils contiennent 2200 à 2500 kcal EM/kg, 13 à 15 pour cent de protéines brutes et 2,6 à 3 pour cent de calcium, les caractéristiques sont indiquées dans le tableau 2. Il y a toutefois une autre façon d'aborder le problème et certains recommandent en période de ponte des rations plus riches qui contiennent 2700 à 2800 kcal EM/kg, 18 à 19 pour cent de protéines brutes et 3,6 à 3,8 pour cent de calcium. Selon le type de régime, la température ambiante et l'intensité de ponte, les reproducteurs (mâles compris) d'un poids de 6,5 à 7 kg doivent normalement consommer quotidiennement 800 à 850 kcal EM par individu.

Dans la plupart des cas, on peut réaliser une économie d'aliment en offrant aux reproductrices un accès à une pâture de qualité. Cette pâture apportera aux oies un niveau convenable de protéines et de vitamines, mais il faut s'assurer que l'apport énergétique quotidien ne soit pas inférieur à 800 ou 850 kcal EM par individu. La fourniture de calcaire ou de coquilles d'huîtres en libre service est obligatoire pour couvrir les besoins en calcium des oies au pâturage.

Dans le cas où une ration spécifique pour les oies reproductrices n'est pas disponible, on peut se satisfaire d'un régime normalement destiné aux poules ou aux dindes, dans la mesure où son contenu en vitamines et minéraux est suffisant pour permettre le développement des embryons et leur éclosion. Si ce type de ration n'est pas non plus disponible, on peut alors envisager un régime destiné aux poules pondeuses. Un tel régime contient habituellement 2800 à 2900 kcal d'énergie métabolisable par kilo, 15 à 17 pour cent de protéines brutes et 3 à 3,5 pour cent de calcium.

Si on ne dispose d'aucun régime complet, on peut proposer aux oies un mélange de grains, de déchets de cuisine et de fourrage dans des proportions visant à s'approcher d'une ration qui couvre les besoins de l'oie en ponte. Dans ces conditions, il est important de veiller à ce que les apports en calcium soient suffisants. Le nombre d'œufs que l'on peut espérer avec de tels schémas d'alimentation est bien entendu fonction de la quantité et de la qualité de la nourriture disponible. Il est important de noter que, pour une production d'œufs qui ne représente pas le maximum de ses capacités de production, l'oie est très tolérante et peut s'accommoder de solutions peu élaborées. Les conséquences sont que l'animal va ajuster sa croissance et sa production (nombre d'œufs) en fonction de l'alimentation qui lui sera fournie. Selon les cas, on peut espérer des pontes représentant 25 à 75 pour cent d'un niveau optimal.

TABLEAU 3

Effets du taux de protéines sur la consommation et les performances de reproduction de l'oie blanche d'Italie.


Protéines brutes (%)


16

15

14

13

12

Consommation (g/animal)

313

315

314

321

324

Energie ingérée (k cal EM/tête)

860

870

870

900

910

Protéines ingérées(g/tête)

51

47

44

42

39

Œufs/oie

58,3

58,8

58

57,5

54,2

Œufs incubés/oie

56,4

56,7

55,2

55,8

52,9

Poids œuf (g)

176

178

175

173

185

Fertilité (%)

85,4

91,1

88,5

88,8

89,9

Eclosabilité/œufs fertiles(%)

74,6

72,4

74,2

76,9

77,5

Nombre d'oisons/mère

36

37,4

36,2

38,2

36,8

Source: Bielinski et al. (1985).

Le tableau 3 présente l'effet du niveau protéique sur les performances de reproduction. Cette expérience montre que les oies reproductrices ne sont pas très exigeantes en matière de besoins protéiques. Avec 12 pour cent de protéines, le nombre d'œufs est légèrement plus bas, mais le poids moyen des œufs est plus élevé. En moyenne, le nombre d'oisons produits avec des régimes titrant de 12 à 16 pour cent de protéines n'est pas significativement différent.

2) Habitat

Comme c'est le cas pour toutes les oies, un troupeau de reproducteurs peut être conservé dans des systèmes qui vont de l'intensif à l'extensif. Les bassins de copulation ne sont pas absolument nécessaires à l'obtention d'une bonne fertilisation des œufs, cependant, les oies apprécient leur présence et les utilisent fréquemment pour se baigner. La première chose qu'il faut avoir à l'esprit lorsqu'on choisit l'habitat des oies, c'est que sa conception doit permettre une production maximale d'oisons. Il est donc capital d'avoir des nids propres et bien entretenus pour collecter des œufs propres. Les recommandations pour la taille des nids sont: 50 cm de largeur, 70 cm de profondeur et 70 cm de hauteur. Les nids doivent être installés à la hauteur du sol pour faciliter l'accès, une planchette de retenue d'une hauteur de 3 à 6 cm permet de retenir à l'intérieur du nid le sable, la paille, etc. Il faut compter au moins un nid pour cinq à six oies. Les œufs doivent être ramassés au moins toutes les 2 heures afin de prévenir la casse et les souillures que pourraient occasionner d'autres oies entrant dans le nid.

Il est possible d'identifier individuellement chaque œuf pondu en contrôlant les femelles par nids-trappes (trap-nestage). Cela est couramment réalisé dans le cas d'un programme de sélection génétique, mais peut aussi servir à identifier les meilleures pondeuses et les retenir comme futures reproductrices ou à éliminer les femelles non productives. On peut réaliser le trap-nestage de deux façons. En premier lieu, on peut utiliser des nids-trappes standards dont la porte se referme automatiquement après l'entrée de l'oie, celleci est alors piégée et attend un opérateur qui va relever son numéro, l'inscrire sur l'œuf puis la relâcher. Des nids-trappes de ce genre sont présentés en figure 19. Certaines oies y entrent de leur plein gré, alors que d'autres préfèrent pondre n'importe où dans le parquet des œufs dont l'identification n'est pas possible. Ce problème est plus important chez les animaux maintenus sur litière profonde que chez les oies élevées sur caillebotis. La deuxième méthode consiste à attraper toutes les oies dans la soirée, les palper pour détecter la présence d'un œuf dans l'oviducte et, dans ce cas, les mettre dans un nid sans porte. Après qu'elles aient pondu, les oies sont relâchées par un opérateur. On peut pratiquer l'une ou l'autre de ces méthodes quatre à sept jours par semaine, mais cinq fois par semaine permet d'avoir une bonne estimation de la ponte effective de chaque oie.

FIGURE 19. Nids-trappes. (Landes, France.)

Source: Million (1996).

La méthode la plus intensive en matière d'habitat est celle qui consiste à conserver les oies sur caillebotis. Il en existe plusieurs types: avec des lattes de bois (30 x 30 mm) espacées de 30 mm (figure 18 a), ou bien des caillebotis à maille plastique ou métallique (figure 20). Dans de telles conditions, il faut compter environ 0,5 m2 par oie. L'avantage de ce type de sol est qu'il autorise de fortes densités, qu'il n'y a pas de litière, et qu'à la fois les fientes et l'eau gaspillée sont évacuées en passant à travers le caillebotis.

Le système le plus traditionnel reste cependant la litière profonde. Dans ce cas, les recommandations sont de 1 m2 d'espace par animal. Il est important de concevoir et de positionner les abreuvoirs de manière à ce qu'ils ne mouillent pas la litière. Une litière trempée contribue à augmenter le nombre d'œufs sales.

FIGURE 20. Caillebotis plastique convenant aux oies (jeunes et adultes). (Landes, France.)

Source: Buckland (1995).

Le système le plus employé est probablement la combinaison d'un bâtiment sur litière et d'un parcours extérieur: cour ou pâture (figure 18 c). Dans de telles conditions, un espace minimum de 0,5 m2 par oie à l'intérieur et de 1 m2 à l'extérieur est requis. Des cours recouvertes de sable et/ou de graviers (figure 21), ou une aire bétonnée (figure 18 b), permettent une réduction substantielle de l'espace couvert. Lorsque c'est possible, il est préférable de disposer les mangeoires et les abreuvoirs à l'extérieur afin de prévenir la dégradation de la litière et garantir la production d'œufs propres. Un tel système combiné à un accès au pâturage permet de conserver 150 oies par hectare de verdure si la qualité du fourrage est convenable.

Dans les zones chaudes, un abri sommaire composé d'un simple toit au milieu d'un enclos peut suffire. Il doit fournir de l'ombre et une protection contre la pluie. Il faut aussi prévoir un coin tranquille dans la pénombre pour y disposer les nids. Le principal inconvénient de ce système est de favoriser l'encrassement des nids. Par ailleurs, aucun programme lumineux destiné à améliorer la ponte n'est possible. Ce choix reste cependant à privilégier dans le cas de systèmes très extensifs où l'oie grappille ce qu'elle peut trouver.

FIGURE 21. Une cour en gravier bien drainée avec accès à la pâture. (Dordogne, France.)

Source: Buckland (1995).

3) Programmes lumineux

Le régime lumineux sous lequel un troupeau d'oies reproductrices est maintenu est très important. Les oies ont une reproduction saisonnée, les mâles et les femelles devenant sexuellement actifs lorsque la durée du jour augmente. La saison de ponte dure environ quatre mois au cours de laquelle la production d'œufs est relativement faible. Dans l'hémisphère Nord, sous un éclairement naturel, les oies commencent à pondre mi-février et la ponte se poursuit jusqu'au début ou la mi-juin, alors que dans l'hémisphère Sud, le début de la production a lieu en juillet ou en août. Dans les régions tropicales ou subtropicales, il y a peu de différence entre les jours les plus courts et les plus longs, ce qui peut influencer la période de ponte qui est, de ce fait, plus incertaine. Dans les zones équatoriales, il n'y a pratiquement pas de différence dans la durée du jour au long de l'année. Des exemples montrent que dans de telles conditions, des oies soumises à des éclairements naturels sont capables de se reproduire deux fois par an.

Dans les pays où les productions avicoles sont bien maîtrisées, la plupart des producteurs utilisent des programmes lumineux pour augmenter la productivité de toutes les espèces aviaires, y compris les oies (voir le chapitre suivant). Les bâtiments d'élevage à cet usage ne sont pas toujours disponibles, soit à cause d'un coût prohibitif, soit par manque de disponibilité en énergie. Cela ne signifie pas pour autant que rien ne peut être fait pour améliorer la production d'œufs et d'oisons. Dans les parties tempérées de l'hémisphère Nord, après un démarrage naturel de la saison de ponte, il est possible d'accroître le nombre d'œufs pondus en prolongeant la période de ponte. Pour ce faire, il suffit de limiter la durée quotidienne d'éclairement à 9 heures pendant une période qui peut aller jusqu'à 25 semaines. On peut le faire très facilement en enfermant les oies chaque soir dans un abri obscur et en les relâchant le lendemain matin; les oies doivent ainsi rester enfermées pendant 15 heures par jour. Cette pratique n'a pas cours dans les pays tropicaux où la durée moyenne d'éclairement est voisine de 12 heures. Bien que n'ayant jamais été essayée dans cette zone, à notre connaissance, on peut se demander si une telle pratique ne serait pas également amélioratrice de la production.

FIGURE 22. Production d'œufs chez des oies soumises à un programme 11 heures de lumière: 13 heures d'obscurité (traits pleins) et 14 heures de lumière: 10 heures d'obscurité (ligne brisée).

Source: Rousselot-Pailley et Sellier (1990).

La figure 22 montre les effets de deux programmes lumineux: 11 heures de lumière et 13 heures d'obscurité (1) ou 14 heures de lumière et 10 heures d'obscurité (2) sur les performances des oies reproductrices. Les oies soumises au premier traitement ont produit 40,6 œufs en moyenne, alors que le second traitement a conduit à une production de 17,3 œufs. D'autres études (Rosinski et al., 1995) ont montré que 10 heures d'éclairement sont plus favorables que 11 heures, et qu'une durée de 8 à 9 heures est suffisante pour une production d'œufs optimale.

En période de repos sexuel, les recommandations en terme de programme lumineux sont d'exposer les oies à des jours courts de 7 heures, 12 semaines avant la mise en place souhaitée de la ponte. Après huit semaines, la durée de l'éclairement est augmentée de 30 min par jour jusqu'à atteindre 10 heures d'éclairement. Il faut alors environ quatre semaines aux oies pour démarrer leur ponte. Dans un bâtiment obscur, ce type de programme lumineux doit être géré par une horloge électrique. Dans les bâtiments offrant un accès extérieur, on peut pratiquer la semi-claustration, les heures d'éclairement sont dispensées en laissant sortir les animaux pendant une durée appropriée, le reste du temps ils sont enfermés à l'obscurité.

Il est possible d'augmenter la production annuelle d'œufs par oie et de disposer continuellement d'œufs incubables en utilisant des programmes lumineux spécifiques qui permettent d'obtenir plus d'une ponte par an chez un même troupeau d'oies. Un exemple de programme lumineux qui permet d'obtenir ce résultat est proposé en figure 23 pour des oies qui sont nées au printemps, et dont la première période de ponte naturelle s'est échelonnée du 15 février au 15 juin de l'année suivante. Leur second cycle de ponte commence aux environs du 1er octobre après huit semaines à 7 heures d'éclairement, suivi par six jours où l'accroissement de la durée d'éclairement permet d'atteindre 10 heures par jour et enfin quatre semaines à 10 heures par jour. On enregistre alors une période de ponte d'une durée moyenne de 16 à 18 semaines, l'intervalle entre deux cycles de ponte est alors ramené à 28 ou 30 semaines.

FIGURE 23. Programme lumineux destiné à la mise en place de six périodes de ponte en quatre ans chez des oies reproductrices.

Source: Buckland (1995).

Certains producteurs laissent parfois leurs oies se reposer pendant deux ou quatre semaines avant d'entreprendre un nouveau cycle de ponte. La pratique vise cependant à réaliser six cycles complets de ponte en 4 ans, ce qui se traduit par une production supplémentaire de 30 à 40 pour cent d'œufs par rapport aux quatre cycles naturellement obtenus pendant cette même durée de 4 ans.

Pour conclure ce chapitre sur la conduite des troupeaux de reproducteurs, le tableau 4 présente des performances de reproduction observées dans deux troupeaux sur une période de 12 ans. Bien que la plupart des troupeaux utilisés à des fins commerciales ne soient en production que pendant 4 ou 5 ans à raison d'un cycle annuel, les oies peuvent maintenir un niveau de production convenable beaucoup plus longtemps, même si la mortalité s'accroît et leurs performances diminuent. Dans la pratique, on peut trouver deux façons d'aborder le problème. La première solution consiste à ne conserver les reproducteurs que pendant quatre saisons de ponte afin d'assurer des performances de reproduction au plus haut niveau. Une autre possibilité réside à garder les reproducteurs plus longtemps pendant 6 ans ou plus, bien que le nombre d'oisons produits soit en diminution après le quatrième cycle de reproduction. Les oisons qui sont produits lors des cycles ultérieurs permettent d'amortir le prix d'achat des reproducteurs qui est assez élevé. Cette dernière solution est particulièrement appropriée en élevage extensif où le coût d'entretien des animaux est réduit.

TABLEAU 4

Performances de reproduction observées lors de 12 saisons de pontes successives chez des oies blanches d'Italie (souche WD-1). 1 et 2: premier et second troupeaux.

Critères

Bandes

Saisons de ponte successives



1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

Nombre de femelles

1

60

56

54

52

49

45

41

37

32

26

21

14


2

59

57

55

51

48

42

38

34

29

21

14

8

Femelles par jars

1

4

4,3

4,2

4,3

4,3

4,8

5,1

4,1

6

7,2

6,9

11,2


2

3,9

3,8

3,7

3,5

3,4

3

2,7

2,8

2,4

2

1,5

0,8

Œufs par femelle pondeuse

1

47

45

46

45

46

39

34

34

30

25

20

17


2

49

48

47

43

49

46

36

38

37

25

13

10

Poids des œufs (g)

1+2

153

166

167

177

174

181

178

188

191

193

186

187

Fertilité(%)

1

81

91

84

89

79

74

75

61

48

57

44

7


2

79

94

92

90

88

86

88

86

85

83

69

63

Eclosabilité sur œufs incubés (%)

1

71

70

73

63

70

64

68

41

29

54

29

5


2

70

67

70

64

71

67

70

50

49

61

37

12

Source: Rosinski (1995).


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