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Chapitre 9. Production de viande


Dans ce chapitre seront décrites les différentes phases de l'élevage des oies productrices de viande, mais il est possible de les extrapoler à toutes les autres productions d'oies.

DÉMARRAGE

La période de démarrage débute immédiatement après l'éclosion des jeunes volailles (figure 29). Son aspect le plus important repose sur le chauffage des jeunes, qui doit être tel qu'il n'y ait pas de choc thermique entre l'ambiance de l'éclosoir et le bâtiment où ils sont démarrés. Pour ce faire, il faut allumer le chauffage au moins 24 heures avant l'arrivée des oisons. La réussite d'une bande d'oies dépend en grande partie des soins qui sont prodigués et de l'attention que l'on porte aux jeunes oisons en période de démarrage. Des visites fréquentes, pour s'assurer que les jeunes sont bien installés et ne manquent ni d'eau ni de nourriture, sont le meilleur moyen d'avoir des oisons en bonne forme.

Pratiquement, tous les bâtiments peuvent être utilisés pour démarrer des oisons à condition qu'ils soient propres, secs et exempts de vermines et de courants d'air. Il faut bien avoir présent à l'esprit que plus la température du local de démarrage est basse, plus les éleveuses devront être puissantes pour maintenir une température appropriée. A peu près toutes les éleveuses conçues pour démarrer des poussins peuvent convenir, dès lors que leur puissance de chauffe est réglée pour assurer une ambiance correcte (figure 30). La charge doit par contre être inférieure, et on aura soin de ne disposer qu'un nombre d'oisons correspondant à la moitié ou au tiers des poussins que le système permet d'élever. Les sources d'énergies possibles sont multiples: électricité, pétrole, charbon, gaz naturel, propane, fuel domestique, etc. Les deux ou trois premiers jours, il est utile de cantonner les oisons sous l'éleveuse pour leur éviter de s'éloigner de la source de chaleur et éviter les courants d'air. Une garde circulaire disposée autour de l'éleveuse est préférable, car elle évite aux oisons de s'entasser ce qui pourrait entraîner des étouffements.

FIGURE 29. Des oisons nouveau-nés. (Corée du Nord.)

Source: Buckland (1995).

Dans les secteurs où les coupures électriques sont fréquentes, il faut prévoir une source d'énergie de remplacement, bien que des recherches récentes conduites au Canada aient montré que les oisons résistent bien aux chutes de température en période de croissance, à condition de prévenir les entassements et les étouffements. A l'arrivée des oisons, les températures sous éleveuses doivent être de 36 à 37°C, ces températures sont réduites à 32 ou 33°C à la fin de la première semaine puis progressivement à 23 ou 25°C en fin de deuxième semaine. Après la troisième semaine d'élevage, aucun chauffage d'appoint n'est nécessaire sauf si la température du bâtiment est inférieure à 20°C. Un bon moyen de s'assurer que la température convient aux oisons est d'observer leur comportement. Lorsqu'il fait trop froid, les oisons se blottissent les uns contre les autres sous l'éleveuse et s'ils ont trop chaud, ils s'éloignent de la source de chaleur (figure 31).

FIGURE 30. Une loge prête à recevoir des oisons. Elle comporte des nourrisseurs automatiques, des abreuvoirs et des éleveuses. (Landes, France.)

Source: Buckland (1995).

FIGURE 31. Représentation schématique du comportement des oisons sous éleveuse.

Source: Shanawany (1994).

L'oie est l'animal qui présente la croissance initiale la plus rapide parmi toutes les espèces aviaires utilisées pour la production de viande. Le tableau 6 représente un exemple de l'évolution du poids vif des oies (la souche utilisée est: Hungavi Combi, qui résulte d'un croisement à trois voies) en période de démarrage. Cette croissance ultra rapide combinée à une tendance des oies à s'entasser justifie le large espace dont les oisons doivent disposer en période de démarrage. En moyenne, la densité maximale par mètre carré ne doit pas excéder 14 à 20 oisons la première semaine, 7 à 14 la deuxième semaine et 4 à 5 la troisième semaine.

TABLEAU 6 Croissance des oisons de la souche Hungavi Combi de la naissance jusqu'à l'âge de 3 semaines.


Mâle

Femelle

Poids œuf (g)

170,1

170,1

Poids 1 jour (g)

104,9

104,3

Poids 1 semaine (g)

307,9

295,9

Poids 2 semaines (g)

800

755,8

Poids 3 semaines (g)

1 513

1 365,5

Source: Willin (1995).

Même en phase de démarrage, lorsque les oisons sont âgés de 2 semaines, on peut les sortir pour pâturer si le temps est clément (température suffisante et absence de pluie). Cela permet de réduire les besoins en espace à l'intérieur du bâtiment. Il ne faut pas autoriser la sortie des oisons sous forte pluie avant l'âge de 5 semaines, car leur emplumement n'est pas encore suffisant pour les protéger.

Un grand nombre de matériaux peuvent être utilisés pour constituer la litière des oisons: la paille, les copeaux de bois et les coques de riz sont les plus employés. Ce qui importe avant tout c'est de disposer d'une litière sèche, absorbante et qui n'ait pas tendance à croûter. Ces contraintes sont importantes pour les oisons car leurs fientes sont très liquides et ces oiseaux gaspillent de l'eau qui est projetée sur la litière. Dans cette optique, il vaut mieux placer les abreuvoirs audessus d'un cadre grillagé ou d'un caillebotis pour éviter que l'eau ne trempe la litière (voir figures 18 a, 20 et 33).

Les abreuvoirs doivent être en nombre suffisant pour offrir un espace minimum de 2 cm par oison en période de démarrage, les modèles linéaires ou circulaires peuvent convenir. Pour l'accès à la mangeoire, les normes ne sont que de 1,5 cm par oison, les mangeoires circulaires ou linéaires à double face sont adaptées. Pendant les 24 premières heures de leur vie, il est recommandé de fournir aux oisons de l'aliment facilement accessible pour être sûr qu'il sera mangé aussitôt. Un moyen très simple mais très efficace consiste à placer de l'aliment dans des alvéoles à œufs que l'on dispose directement sur la litière située près de l'éleveuse.

En période de démarrage, il faut fournir en alimentation ad libitum un aliment sous forme de miettes ou de petits granulés (2,5 mm). Les rations de démarrage titrent habituellement de 16 à 18 pour cent de protéines brutes et 2600 à 2900 kcal/kg d'énergie métabolisable (tableau 7). Si l'on ne dispose pas de ration démarrage spécifique pour les oisons, une ration poussin ayant des caractéristiques voisines en énergie et en protéines peut convenir. En dernier ressort, un mélange de grains peut être utilisé, mais la croissance sera ralentie. De même, si l'on ne dispose ni de miettes ni de granulés, la forme de présentation en farine peut convenir. Dans de nombreux pays où les technologies modernes sont déficientes, il n'existe pas d'usine de fabrication d'aliments, et les fermiers doivent utiliser les ressources alimentaires locales. Par exemple, on peut utiliser un mélange de céréales broyées et d'herbe récoltée qui fournira aux oisons les besoins essentiels en vitamines et minéraux. De tels programmes alimentaires sont en général carencés en protéines et conduisent à des croissances très lentes. On peut équilibrer le régime en introduisant des matières premières riches en azote telles que le soja, les graines de coton, le tourteau d'arachide, etc. La consommation totale des oisons pour leurs trois premières semaines de vie dépend des souches, mais représente environ 2,5 à 2,7 kg de régime démarrage. Les oisons boivent de 7 à 8 litres d'eau pendant cette période. Une réduction de l'aliment ingéré de l'ordre de 20 pour cent est possible lorsque les oisons ont accès à un fourrage de qualité (raygrass, trèfle blanc, choux ou même orties) dans cette période.

A l'âge de 3 semaines, il est possible d'alimenter les oisons à la hauteur de 75 pour cent de la consommation ad libitum. Toutefois, si on doit les rationner plus sévèrement à cause d'un manque d'aliment ou de grains, il faut tout mettre en œuvre pour offrir aux oisons une herbe jeune et tendre, que ce soit par pâturage direct ou en leur apportant de l'herbe coupée. Des déchets frais de cuisine ou de jardin peuvent aussi être proposés dans cette période. Lorsque les oisons sont destinés au pâturage, il est préférable de leur fournir le grain ou l'aliment la nuit, de sorte qu'ils soient à jeun dans la journée et que la faim augmente leur consommation de verdure. Dès que l'on pratique un rationnement chez les jeunes, il est important de regarder attentivement le développement des oisons et de s'assurer qu'ils sont en bonne santé.

TABLEAU 7 Recommandations alimentaires en energie, proteines, acides amines et mineraux pour une periode de demarrage de trois semaines des oisons.


Ration 1

Ration 2

Energie (kcal EM/kg)

2 600

2 800

Protéines brutes (%)

15,8

17

Acides aminés (%):




Lysine

0,89

0,95


Méthionine

0,40

0,42


Acides aminés soufrés

0,79

0,85


Tryptophane

0,17

0,18


Thréonine

0,58

0,62

Minéraux % ():




Calcium

0,75

0,8 0


Phosphore total

0,67

0,70


Phosphore disponible

0,42

0,45


Sodium

0,14

0,15


Chlorures

0,13

0,14

Source: Leclercq et al. (1987).

CROISSANCE

Les oies peuvent être amenées à leur poids d'abattage dans des systèmes intensifs confinés, des systèmes très extensifs ou bien une combinaison des deux systèmes. L'unité d'élevage n'a pas besoin d'être sophistiquée car les oies ne sont pas des animaux très exigeants, un simple abri est souvent adapté. Le plus important est de leur assurer une température suffisante en début de croissance et de les protéger du soleil, des pluies battantes et des prédateurs qui rôdent surtout la nuit. Dans les pays chauds, une cabane en bois est suffisante à cet effet. Garder les oies dans un bâtiment confiné présente bien des avantages, notamment celui de pouvoir les surveiller facilement, mais par contre, cela ne permet pas de tirer partie de leur aptitude naturelle à consommer de grandes quantités d'herbe. Lorsqu'elles sont au pâturage, les oies ne mangent pas seulement de l'herbe, mais aussi des insectes, des escargots, des vers, etc. On a estimé qu'en moyenne, cet apport représente 10 pour cent de leur ingéré protéique quotidien. De plus, leurs pattes solides, associées à un comportement aquatique naturel, les autorisent à parcourir de grandes distances sur la terre ou sur l'eau pour trouver de la verdure. La production des oies dans des systèmes extensifs avec pâturage n'entraîne pas de grosses dépenses pour l'habitat et l'équipement, il faut juste leur fournir des abreuvoirs, des nourrisseurs, une clôture et un abri ombragé. A cause du prix élevé des bâtiments et des équipements nécessaires à l'élevage des oies en confinement, il faut les commercialiser aussi vite que possible. Les oies à rôtir sont parfois abattues dès l'âge de 8 ou 9 semaines pour un poids de 4 kg, alors que les types lourds sont commercialisés à 12 ou 14 semaines et 6 kg, ce qui signifie que les oies produites dans ces conditions ne sont pas exploitées pour la plume pendant leur croissance (voir le chapitre Production de plumes et de duvets).

FIGURE 32. Des oies engraissées pour le marché sur des parquets surélevés. (Pologne.)

Source: Buckland (1995).

FIGURE 33. Parquets d'engraissement des oies sur grillage. (Pologne.)

Source: Buckland (1995).

FIGURE 34. Des oies engraissées extensivement pour le marché. (Hongrie.)

Source: Buckland (1995).

Les oies en confinement sont généralement élevées sur ce que l'on peut considérer comme le support le plus classique chez les volailles: la litière profonde. On peut cependant également les élever sur des caillebotis à lattes de bois (figure 18 a), en plastique (figure 20), sur maille grillagée solide (figure 33) ou d'autres supports métalliques, sans pour autant être assujetti aux problèmes tels que les bréchets tordus que l'on peut rencontrer chez les poulets élevés dans ces conditions. Les avantages de ce type de plancher sont les suivants:

Dans les systèmes sur litière profonde, les abreuvoirs sont positionnés sur un grillage ou un caillebotis pour ne pas tremper la litière. Un dispositif courant consiste à réserver un tiers du bâtiment en caillebotis surélevés sur lesquels sont placés les abreuvoirs.

A l'âge de 6 semaines, la densité des oies élevées sur litière ne doit pas être supérieure à quatre par m2, et seulement trois après la treizième semaine. Pour un élevage sur caillebotis, les valeurs correspondantes sont de sept et cinq animaux par m2. Il faut noter que des oies de très fort gabarit, ou des températures très élevées peuvent justifier des densités d'élevage moins élevées.

L'espace nécessaire pour l'abreuvement est de 5 cm par oie. Les abreuvoirs doivent être solides et pas trop grands. Certains producteurs recommandent des abreuvoirs carrés de 20 cm avec 10 cm de profondeur, mais seulement 3 cm d'eau pour en limiter le gaspillage. Des modèles d'abreuvoirs normalement conçus pour les veaux ou pour les porcelets conviennent parfaitement. Lorsqu'on ne dispose pas d'abreuvoir, on peut utiliser un récipient ordinaire, mais il faut le remplir très souvent de manière à ce que les oies aient toujours à leur disposition de l'eau fraîche en quantité suffisante. Pour garder la propreté de l'eau de boisson, il faut prévoir un dispositif qui empêche les animaux de se baigner dans les abreuvoirs.

Sous des conditions d'élevage intensif, il faut prévoir un accès à la mangeoire de 15 cm par oie. En cas de restriction alimentaire, quel que soit le système d'élevage, il est primordial que les oies aient toutes accès à la mangeoire en même temps. Dans le cas contraire, les animaux les plus faibles seraient repoussés de la mangeoire et leur temps d'accès serait insuffisant pour qu'ils puissent consommer la quantité qui leur est nécessaire.

L'aliment habituellement utilisé en période de croissance est un granulé palmipèdes qui contient de 10 à 13 pour cent de protéines brutes et un niveau énergétique de 2700 à 2900 kcal EM/kg (tableau 8). Lorsque ce type de régime n'est pas disponible, une ration poulet ou coq peut être utilisée. Il est vivement recommandé de présenter l'aliment sous forme de granulés ou de miettes, mais lorsqu'on ne peut pas faire autrement, la farine peut également convenir.

TABLEAU 8

Recommandations alimentaires en énergie, protéines brutes, acides aminés et minéraux pour les oisons en croissance.


Age (semaines)


4-6

7-12


Ration 3

Ration 4

Ration 5

Ration 6

Energie (kcal EM/kg)

2 700

2 900

2 700

2 900

Protéines brutes (%)

11,6

12,5

10,2

11

Acides aminés (%):






Lysine

0,56

0,60

0,47

0,50


Méthionine

0, 29

0,31

0,25

0,27


Acides aminés soufrés

0,56

0,60

0,48

0,52


Tryptophane

0,13

0,14

0,12

0,13


Thréonine

0,46

0,49

0,43

0,46

Minéraux (%):






Calcium

0,75

0,80

0,65

0,70


Phosphore total

0,62

0,65

0,57

0,60


Phosphore disponible

0,37

0,40

0,32

0,35


Sodium

0,14

0,15

0,14

0,15


Chlorures

0,13

0,14

0,13

0,14

Source: Leclercq et al. (1987).

Note. Il faut proposer du grit en libre service pendant toute la durée de l'élevage. La quantité nécessaire est de 1 kg pour 100 oies par semaine.

La croissance des oies de chair élevées dans des conditions extensives présente un gros avantage, car les oies sont capables d'utiliser des aliments très riches en fibre et consommer une grande variété de fourrages. Cet avantage, qui est propre à cette espèce, demeure vrai aussi bien pour les oies élevées sur des prairies artificielles spécialement mises en place pour elles, que dans des systèmes plus extensifs où elles doivent sélectionner leur fourrage.

Dans des conditions d'élevage extensif, les oies atteignent le poids d'abattage plus tardivement que dans le cas d'un élevage confiné. Dans bien des cas, l'âge d'abattage ne dépend pas de leur statut physique, mais plutôt du fait qu'on peut les plumer ou non (voir le chapitre Production de plumes et de duvets). Il faut parfois attendre une période où le marché est demandeur pour abattre les animaux. L'élevage extensif est dans ce cas très souple car il permet de conserver les oies pour les abattre au moment opportun sans trop de frais récurrents.

TABLEAU 9

Croissance et consommation alimentaire d'oies provenant d'un croisement oie blanche de Chine x oie d'Embden (sexes mélangés).


Elevage intensif confiné

Elevage extensif

Age
(semaines)

Poids vif

Consommation d'aliment cumulée

Indice de consommation

Poids vif

Consommation d'aliment cumulée

Indice de consommation

 

(kg)

(kg)

 

(kg)

(kg)

 

3

1,68

2,65

1,55

1,59

2,64

1,66

6

4,20

8,40

2

3,80

6,08

1,60

9

5,74

17,16

2,99

4,98

9,61

1,93

12

6,71

23,89

3,56

5,80

16,23

2,75

14

7,10

28,61

4,03

5,95

18,68

3,14

Source: Leeson et Summers (1991).

Même si on ne lui associe pas de rationnement alimentaire, la mise au pâturage des oies en période de croissance entraîne une économie substantielle sur la consommation de grains. Le tableau 9 le démontre; les oies ayant accès à la pâture ont réduit leur consommation de grains de 34 pour cent et leur poids vif n'était que de 17 pour cent inférieur aux animaux témoins élevés en confinement. Pendant la quinzaine où les oies étaient âgées de 12 à 14 semaines, les oies élevées sur la pâture ont même réalisé une économie de grains de 48 pour cent par rapport aux oies élevées en système intensif. Ces résultats confirment leur aptitude à consommer de grandes quantités de fourrage de bonne qualité.

La restriction alimentaire de toutes les formes de grains proposés aux oies élevées dans les champs, est très courante et doit être encouragée. Pratiqué au niveau de rationnement adéquat, ce système d'alimentation permet une utilisation maximum du fourrage disponible ou de tout autre composant alimentaire. La plupart des céréales rencontrées en Europe peuvent convenir; l'orge, l'avoine, le blé et le maïs sont couramment utilisés. Dans les pays à faible capacité de production agricole, on peut utiliser les ressources locales mais il est conseillé de les tester au préalable car nombre d'entre elles contiennent des facteurs antinutritionnels.

Plus le niveau de restriction sera fort, plus les oies consommeront de fourrage, et moins elles se montreront exigeantes sur la qualité de celuici. Lorsque c'est nécessaire, les oies peuvent parcourir des distances énormes pour trouver leur fourrage. Le niveau de rationnement qui est pratiqué dépend de nombreux facteurs. Par exemple, si aucune source d'énergie et de protéines n'est disponible, la restriction alimentaire est sévère et la dépendance de l'animal aux fourrages ou à toutes sortes de résidus est forte. Dans de telles conditions, les oies doivent être observées attentivement, surtout si un tel programme alimentaire débute tôt (dès l'âge de 4 semaines). Si la valeur alimentaire du fourrage est mauvaise et si aucun autre complément alimentaire n'est disponible, il faut alors trouver un fourrage de meilleure qualité, le couper et l'apporter aux oies. Même si l'on ne dispose que d'une petite quantité de grains à fournir aux oies lorsqu'elles pâturent une herbe jeune et abondante, on peut produire des animaux de très bonne qualité. La seule différence est que les oies seront prêtes plus tardivement et que les carcasses produites seront moins grasses qu'avec un apport conséquent de céréales. Même lorsque le manque de grain n'est pas avéré, il est important de le rationner pour encourager l'utilisation de tout fourrage disponible. Ainsi il est recommandé de fournir seulement aux oies entre 0,5 et 1 kg de grains par oie et par semaine. Toutefois, pour atteindre le poids désiré et obtenir un rendement en viande satisfaisant, il est recommandé de relâcher les oies et de les nourrir avec une ration complète lors des deux ou trois semaines qui précèdent l'abattage. Selon l'état dans lequel se trouvent les oies au début de cette période (poids vif, conformation) et selon le marché auquel elles sont destinées, les oies peuvent être alimentées à volonté avec un régime dont les caractéristiques se rapprochent de celles indiquées au tableau 8, ou bien avec seulement des céréales.

En Hongrie et en Pologne, une pratique très populaire consiste à nourrir les oies en leur procurant seulement de l'avoine (voir figures 32, 33 et 34). Si les oies sont trop légères, il faut leur fournir un mélange d'avoine et d'aliment complet dont les caractéristiques sont voisines du régime présenté au tableau 8 pendant les trois dernières semaines. Si l'on sème une prairie artificielle spécifique pour élever des oies, il faut se souvenir que si les oies mangent à peu près toutes sortes d'herbes et de trèfles, elles n'apprécient guère la luzerne qu'il convient d'éviter. Un mélange reconnu pour avoir donné de bons résultats en Grande-Bretagne était composé de raygrass (Lolium perenne L.), de fléole des prés (Phleum pratense L.) et de trèfle blanc (Trifolium repens L.). Les densités habituelles sont de l'ordre de 150 oies par hectare en tenant compte de la qualité du fourrage et de sa vitesse de repousse. Les oies apprécient surtout l'herbe jeune et tendre, c'est pourquoi un schéma d'alimentation sur pâture doit prendre en compte les rotations et les coupes régulières.

La conduite des oies en élevage extensif, qu'elle soit pratiquée sur prairie artificielle ou dans des situations où l'oie doit rechercher sa pitance, présente de nombreuses similitudes. Le comportement naturel des oies les rendent particulièrement adaptées à un élevage extensif parce qu'elles se regroupent en troupeau le soir et qu'elles reviennent chez elles de leur plein gré. Il est toutefois important de bien respecter certaines règles. En premier lieu, un abri naturel, ou spécialement érigé à leur intention, est nécessaire aux oies pour les protéger du soleil. Deuxièmement, les oies doivent disposer d'eau potable en toutes circonstances, et les mangeoires doivent rester sèches en cas de pluie. Troisièmement, si des prédateurs potentiels sont présents, il faut fournir aux oies une clôture et un abri solide pour les protéger.


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