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VI. Les pays développés à économie de marché

VUE D'ENSEMBLE

Situation économique générale

Le PIB moyen des pays développés à économie de marché a augmenté de 3,8 pour cent en 2000107. Cependant, l'activité économique avait déjà commencé à accuser un ralentissement suite à l'augmentation des cours des produits énergétiques, de la réévaluation de la rentabilité des entreprises et du resserrement de la politique monétaire, fin 1999 et courant 2000, aux Etats-Unis comme dans l'UE. L'évolution du secteur de la technologie de l'information en particulier, marquée par un déclin des investissements et de la production, avec une réduction des échanges portant sur la technologie de l'information - a beaucoup contribué à ce ralentissement. Les répercussions des événements du 11 septembre ont aggravé ce déclin, si bien que pour 2001, les projections de croissance du PIB des pays développés à économie de marché s'établissaient à 1,1 pour cent.

La croissance des pays développés à économie de marché a subi un ralentissement en 2001.

L'activité économique est demeurée vigoureuse aux Etats-Unis, où le PIB, en termes réels, a augmenté de 4,1 pour cent en 2000 - dépassant 4 pour cent pour la troisième année consécutive. Cependant, la croissance économique devait donner des signes d'essoufflement au milieu de l'année 2000; après les attentats terroristes du 11 septembre 2001, l'activité économique devait fléchir encore, la croissance du PIB réel tombant alors à 1,3 pour cent environ en 2001.

Au Japon, la croissance réelle du PIB a été de 1,5 pour cent, alors qu'elle n'avait augmenté que de 0,8 pour cent en 1999, après avoir reculé de 1 pour cent en 1998. La croissance relativement vigoureuse des investissements et des exportations a contribué aux résultats positifs enregistrés en 2000; en revanche, le recul de la demande extérieure et le déclin marqué des investissements privés et publics sont à l'origine de la contraction de 0,5 pour cent de la croissance économique prévue pour 2001.

Au cours de l'année 2000, l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont vu progresser leur PIB de 3,3 et 3,8 pour cent respectivement. Quant à la croissance de la production, en dépit du ralentissement projeté en 2001, elle devait dépasser 2 pour cent dans les deux pays.

Les 3,4 pour cent d'augmentation du PIB réel enregistrés dans l'UE en 2000 représentent une amélioration par rapport aux 2,7 pour cent obtenus en 1999. L'affaiblissement de la demande intérieure, le déclin des marchés boursiers et l'affaiblissement de la demande économique extérieure ont pesé sur la croissance au cours du deuxième semestre de 2000, l'Allemagne subissant le déclin le plus prononcé. Pour 2001, la croissance de la production est estimée à 1,8 pour cent.

L'année 2000 a été une année de croissance relativement lente de la production agricole.

Situation de l'agriculture

La croissance de la production agricole a été, en 2000, relativement lente dans les économies de marché développé, la production n'augmentant que de 0,9 pour cent, après avoir atteint 2,1 pour cent l'année précédente. Le ralentissement a été particulièrement prononcé pour la production animale, qui n'a augmenté que de 0,4 pour cent, alors que la production agricole progressait de 1,4 pour cent.

S'agissant des sous-régions d'économie de marché développées, seule l'Amérique du Nord a connu une croissance significative de la production en 2000, avec une augmentation totale de la production estimée à 2 pour cent, soit un progrès marginal par rapport au 1,8 pour cent de croissance atteint en 1999. Ce résultat reflète une expansion de 2,2 pour cent aux Etats-Unis, et de 0,5 pour cent seulement au Canada - après une croissance de la production supérieure à 6 pour cent au cours des deux années précédentes.

Dans les pays de l'UE, la production agricole est demeurée pratiquement stagnante en 2000, avec même une contraction de 0,2 pour cent. Cette contre-performance est le résultat direct du recul de 1,3 pour cent de la production animale et de l'augmentation de 1,4 pour cent de la production agricole. La plupart des grands pays de l'Union ont enregistré des taux de croissance négatifs, découlant dans la plupart des cas d'une performance médiocre de la production tant dans le secteur agricole que dans celui du bétail. En Allemagne, en France, en Italie et au Royaume-Uni, le recul de la production agricole a varié de 0,5 à 3 pour cent. L'Espagne, la Finlande et la Grèce ont, quant à elles, enregistré une croissance relativement vigoureuse de la production, dans une fourchette allant de 3 à 9 pour cent.

Le Japon, pour sa part, a connu un déclin modéré de la production agricole, soit environ 0,5 pour cent en 2000, tandis que les pays développés à économie de marché de l'Océanie ont enregistré une augmentation de la production agricole atteignant à peine 0,6 pour cent en 2000, après avoir progressé de 3,4 pour cent en 1999. Ce ralentissement était intégralement attribuable au fléchissement de la production en Australie. En Nouvelle-Zélande, la production a augmenté de 5,8 pour cent, se redressant après un déclin de 5,2 pour cent en 1999.

Selon les estimations préliminaires, la production agricole aurait décliné en 2001.

Les estimations préliminaires concernant 2001 font prévoir une contraction de près de 2 pour cent de la production agricole globale dans les pays développés à économie de marché. Cette contraction découle en grande partie d'une réduction de la production d'environ 2,5 pour cent dans l'UE, s'accompagnant d'un déclin substantiel de la production céréalière. La production de blé de l'UE a reculé de plus de 12 pour cent par suite d'une réduction des emblavures et de mauvaises conditions météorologiques. La chute de la production ne devrait pas avoir épargné ni l'orge, ni l'avoine. Les mauvaises conditions météorologiques ont nui à la production céréalière, notamment à la récolte de blé en Espagne, en France, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. La sécheresse aiguë qui a sévi en Espagne a eu des conséquences négatives sur les récoltes de blé non irrigué.

Tableau 35

TAUX NET DE CROISSANCE DE LA PRODUCTION DANS LES ÉCONOMIES DE MARCHÉ DÉVELOPPÉES

Année

Agriculture

Cultures

Céréales

Produits
alimentaires

Elevage

 

(Pourcentage)

Economies de marché développées

         

1992-1996

1,5

2,6

4,0

1,6

0,9

1997

1,6

2,1

-2,1

1,5

0,9

1998

0,7

-0,1

2,9

1,2

1,9

1999

2,1

2,0

-2,7

2,0

1,7

2000

0,9

1,4

3,9

1,0

0,4

20011

-1,9

-3,8

-8,0

-2,2

-0,4

CE

 
 
 
 
 

1992-1996

0,3

1,3

1,6

0,3

0,0

1997

0,3

1,2

-0,7

0,2

-0,1

1998

0,2

-0,8

3,4

0,2

1,7

1999

2,4

3,5

-4,6

2,3

0,6

2000

-0,2

1,4

6,9

-0,1

-1,3

20011

-2,6

-4,1

-7,2

-2,6

-1,1

Amérique du Nord

 
 
 
 
 

1992-1996

3,0

3,8

5,8

3,1

2,4

1997

3,1

3,6

-1,8

3,2

1,3

1998

1,3

0,6

3,9

2,3

2,5

1999

1,8

0,2

-2,8

1,4

3,3

2000

2,0

1,5

1,4

2,2

2,0

20011

-1,7

-3,2

-7,1

-2,3

-0,2

Océanie2

 
 
 
 
 

1992-1996

2,9

11,0

20,5

4,9

0,6

1997

2,1

-2,9

-10,7

1,2

4,6

1998

3,3

7,6

5,2

4,3

1,8

1999

3,4

9,5

8,7

4,2

0,5

2000

0,6

0,5

4,9

0,1

1,8

20011

1,3

-6,7

-16,3

1,0

2,6

Japon

 
 
 
 
 

1992-1996

-0,4

-0,2

3,9

-0,3

-0,7

1997

0,2

1,4

-2,6

0,1

-0,7

1998

-4,4

-8,1

-10,4

-4,3

-0,7

1999

1,4

2,7

2,8

1,4

-0,1

2000

-0,5

-0,6

4,0

-0,5

-0,6

20011

-1,2

-1,2

-4,3

-1,2

-0,9

1 Chiffres provisoires.

2 Australie et Nouvelle-Zélande.

Source: FAO.

Les observations recueillies indiquent que la production agricole nord-américaine a décliné de façon marquée en 2001. On s'attend, en particulier, à une réduction de la production céréalière attribuable en partie à la sécheresse qui a prévalu dans les plaines productrices de blé, mais aussi au fait que 2000 a été une année exceptionnelle pour les récoltes de céréales secondaires. Le Canada a également subi une réduction de la production de blé; cette dernière, voisine de 23 pour cent, est liée à la sécheresse qui a sévi dans une partie du pays, tandis que d'autres régions connaissaient un excès d'humidité. La production de céréales secondaires aurait, selon les estimations, reculé de 8 pour cent en 2000.

Au Japon, la production devrait décliner d'encore 1 pour cent en 2001. En dépit des rendements très élevés des rizières au cours de l'année, les emblavures ont été réduites d'environ 70 000 ha et la production de riz aurait enregistré un recul de près de 5 pour cent.

S'agissant des pays développés à économie de marché des diverses sous-régions, seuls les pays de l'Océanie auraient, selon les estimations, bénéficié d'une augmentation modeste de la production agricole, soit entre 1 et 2 pour cent en 2001. Cette augmentation est due en grande partie à la croissance de la production animale.

Pas de mise en œuvre de grandes réformes des politiques agricoles en 2001.

Les réorientations de la politique agricole108

Au cours de l'année 2001, aucun programme de réforme couvrant l'ensemble du secteur agricole n'a été ni mis en œuvre ni annoncé. Dans certains pays, des progrès relatifs ont été réalisés dans l'application de réformes déjà annoncées; pour 2002, on s'attend, en revanche, à des développements importants, tels que l'application du Farm Bill aux Etats-Unis et l'examen de mi-parcours du programme d'action de l'Agend 2000 de l'UE. Dans de nombreux pays, les discussions de fond ont porté principalement sur des secteurs tels que le développement durable, la salubrité des aliments, l'environnement, le développement rural, le rôle polyvalent de l'agriculture, la concentration des marchés et la politique en matière de concurrence. Toutefois, les politiques n'ont que très peu évolué dans ces domaines, même si l'on enregistre, dans quelques pays, des remaniements institutionnels reflétant la priorité accrue donnée aujourd'hui à l'innocuité des produits alimentaires et au développement rural.

Tableau 36

INDICATEURS OCDE: ÉQUIVALENT SUBVENTION À LA PRODUCTION (ESP) ET ESTIMATION DU SOUTIEN TOTAL (EST) À L'AGRICULTURE1

Indicateur

1986-1988

1999-2001

1999

2000

20012

ESP

         

Milliards de $ EU

239

248

273

242

231

Pourcentage ESP

38

33

35

32

31

EST

 
 
 
 
 

Milliards de $ EU

302

330

357

321

311

Pourcentage EST

2.3

1.3

1.4

1.3

1.3

1 Tous les pays de l'OCDE.

2 Estimations.

Source: OCDE. 2002. Les politiques agricoles dans les pays de l'OCDE: suivi et évaluation. Paris

Les niveaux de soutien, ainsi que l'étendue de la protection des marchés ont régressé pour certaines denrées; toutefois, aucune nouvelle initiative visant à réduire ou à éliminer graduellement les prix de soutien aux producteurs agricole n'a été annoncée. Certains pays ont même augmenté les prix de soutien de certaines denrées, et d'autres ont introduit ou élargi les mesures de soutien visant à réduire les coûts pour certains produits, tandis que l'Australie, le Canada et les Etats-Unis mettaient en œuvre ou étendaient des mesures de soutien aux agriculteurs confrontés à une réduction de leurs revenus agricoles.

Dans les pays développés à économie de marché, le niveau de soutien à l'agriculture, ainsi que le degré de protection du secteur fournis à travers différents instruments de politique, sont demeurés élevés, bien que variant largement selon les pays et les denrées.

Encadré 9

INDICATEURS OCDE DU SOUTIEN

L'OCDE utilise un certain nombre d'indicateurs pour mesurer le soutien à l'agriculture, dont les deux suivants: l'estimation du soutien à la production (ESP) et l'estimation du soutien total de l'OCDE (EST) définis ci-dessous:

Equivalent subvention à la production

Il s'agit d'un indicateur de la valeur monétaire annuelle des transferts bruts prélevés sur les consommateurs (application de politiques de maintien des prix intérieurs au-dessus des cours du marché mondial) et les contribuables (politique à financement budgétaire) au bénéfice des producteurs agricoles. Le pourcentage de l'ESP exprime le soutien aux producteurs sous forme de pourcentage des recettes agricoles brutes.

Estimation du soutien total

Il s'agit d'un indicateur de valeur monétaire annuelle de tous les transferts bruts prélevés sur les contribuables et consommateurs pour l'application des politiques de soutien au secteur agricole. Ce montant comprend les transferts aux producteurs, ainsi que les services d'ordre général fournis à l'agriculture. Le pourcentage de l'estimation du soutien total exprime le soutien global sous forme de pourcentage du PIB.

Les mesures de soutien à l'agriculture ont quelque peu décliné en 2000 et 2001; elles restent toutefois élevées, avec des variations marquées selon les pays et les denrées.

En 2000, le soutien global à l'agriculture enregistré pour l'ensemble des pays de l'OCDE, tel que mesuré par l'estimation du soutien total de cette organisation (voir encadré 9), s'est élevé à 321 milliards de dollars EU, soit environ 1,3 pour cent du PIB. Ce chiffre traduit un déclin relativement à l'année précédente; en outre, exprimé en pourcentage représenté par l'estimation du soutien total, il est très largement inférieur à la moyenne de 2,3 pour cent du PIB enregistrée en 1986-1988. En 2001, l'estimation du soutien total calculée pour la zone OCDE a décliné, s'établissant à 311 milliards de dollars EU.

Culture du blé dans une réserve naturelle de la vallée du Tibre, en Italie
Le blé est cultivé sans engrais chimiques ni nutriments artificiels. Un certain nombre de pays introduisent des mesures incitatives favorisant la culture biologique et les méthodes de production plus respectueuses de l'environnement

- FAO/13383/A. LOMBARDI

Le soutien direct fourni au producteurs agricoles dans tous les pays de l'OCDE, tel que mesuré par l'estimation du soutien à la production (ESP) de cette organisation (voir encadré 9), est passé de 271 milliards de dollars EU en 1999 à 242 milliards de dollars EU en 2000. En 2001, l'ESP aurait poursuivi son déclin, tombant à 231 milliards de dollars EU. Cet affaissement du volume de soutien au cours des deux dernières années a été principalement lié au rétrécissement de l'écart entre les prix perçus par les agriculteurs et les cours mondiaux. L'ESP, exprimée en tant que pourcentage des revenus bruts agricoles, a reculé, passant de 38 pour cent en 1986-1988 à 32 pour cent en 2000, et l'on estime qu'elle a encore diminué de 1 pour cent en 2001 - avec, toutefois, des variations substantielles selon les pays et les denrées.

De nombreux pays encouragent une production agricole plus respectueuse de l'environnement.

Plusieurs pays ont introduit de nouvelles politiques assorties d'objectifs en matière d'environnement, de réduction de la pollution ou d'encouragement à une production agricole plus durable. Ainsi, l'Australie et l'UE ont fixé des objectifs en matière de conservation de la biodiversité, et certains pays, au nombre desquels la Belgique, le Danemark et la France, ont mis en œuvre des mesures visant à réduire la pollution liée à la production animale, tandis que le Danemark, la France et les Pays-Bas appliquaient des mesures visant à réduire les niveaux de pesticides. Par ailleurs, l'Autriche, la France, la Norvège et la Suisse ont, en 2001, introduit ou renforcé des mesures incita-tives destinées à promouvoir l'agriculture biologique, tout en augmentant les versements destinés à encourager les agriculteurs à adopter des méthodes de production plus respectueuses de l'environnement. L'Australie et les Etats-Unis ont, pour leur part, introduit ou étendu des programmes importants de conservation des ressources naturelles.

En 2001, comme pour l'année précédente, différentes politiques ont eu pour objet de remédier à des catastrophes naturelles ou de répondre à des préoccupations liées à la santé animale, végétale ou humaine. Par suite de la crise engendrée par l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), l'UE a continué de fournir un soutien aux producteurs bovins affectés par la faiblesse de la demande, et plusieurs Etats Membres ont annoncé des mesures supplémentaires pour venir en aide aux agriculteurs affectés par la crise de l'ESB, ainsi que par l'épidémie de fièvre aphteuse.

L'innocuité des produits alimentaires constitue une priorité supplémentaire pour de nombreux pays.

De nombreux pays ont continué de renforcer leurs structures institutionnelles et leur cadre réglementaire afin d'améliorer la sécurité sanitaire des aliments. A ce propos, la création de l'Autorité alimentaire européenne dans l'UE a représenté un important pas en avant. Dans plusieurs autres pays, de nouveaux organismes et régimes sont également en cours de création. La biotechnologie et ses rapports avec l'innocuité des produits alimentaires et l'environnement restent au centre des préoccupations d'un grand nombre de consommateurs et de leurs gouvernements. Les colloques internationaux, qui se sont tenus en 2001 dans plusieurs pays, ont donné lieu à la proposition ou à l'introduction de normes obligatoires en matière d'étiquetage des aliments génétiquement modifiés.

L'année 2001 a été marquée par un développement important dans le domaine des politiques commerciales, à savoir l'élimination, par l'UE et par la Nouvelle-Zélande, des barrières tarifaires imposées aux importations des 48 pays les moins développés; il faut préciser que, s'agissant de l'UE, cette suppression sera retardée de quelques années pour le riz, le sucre et les bananes. La Norvège et la Pologne ont annoncé, pour 2002, des mesures de suppression analogues.


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