RÉSEAU SUR LE NEEM: GUIDE TECHNIQUE
DES ESSAIS DE PROVENANCES
1. Production en pépinière
par le Groupe de travail sur les dispositifs expérimentaux1
(Mars 1995)
1. INTRODUCTION
Des directives concernant les opérations en pépinière
et en champ liées à la mise en place d’essais de provenances
de neem ont été préparées à l’origine
par un groupe de travail lors de la première Consultation internationale
sur l’amélioration génétique du neem tenue à
Bangkok du 18 au 22 janvier 1993. Les directives ont été
publiées comme suit:
- Guidelines for managing international Neem provenance trials. Report
of Working Group One. In: Genetic Improvement of Neem: Strategies for
the future; Proceedings of the International Consultation on Neem Improvement:
Kasetsart University, Bangkok, Thaïlande: Publ.: Winrock, F/FRED,
1993.
- Guidelines for establishing and managing international Neem provenance
trials. Report of Working Group of the International Consultation on
Neem Improvement: Regional Community Forestry Training Center, Faculty
of Forestry, Kasetsart University, Bangkok, Thaïlande, 1993 (brochure
verte).
Depuis l’élaboration des premières directives, un certain
nombre de facteurs et d’hypothèses importants pour ces opérations
ont changé. Un nouveau groupe de travail a donc été
constitué pour réviser les directives. Les procédures
définitives sont présentées ci-dessous.
Le Réseau sur le neem a décidé d’utiliser des stumps
(voir plus loin section 5). Cette brochure sur les techniques de pépinière
décrit à l’intention des participants la méthode
pour la production de stumps. La présente brochure, ainsi que celle
sur les principes et méthodes de mise en place d’essais, et celle
sur les procédures et méthodes d‘évaluation publié
en juillet 1997, remplaceront les directives précédentes.
Les techniques de pépinière présentées ci-dessous
sont fondées sur l’expérience acquise avec des stumps de
neem du Nigéria et de l’Inde. Lorsqu’une méthode de production
de stumps bien adaptée et sûre a été appliquée
localement, il faut l’utiliser.
2. RÉCEPTION DES SEMENCES
Dans le cadre du Réseau sur le neem, des semences seront échangées
à l’échelon international pendant cinq mois (mars-septembre
1995), pour être semées immédiatement après
la réception. Il faut signaler toute information manquante et tout
défaut lors de la notification à la FAO et à l’expéditeur
de la réception des semences. Chaque participant – pour chaque
essai à mettre en place – recevra environ 0,5 kilogramme de noyaux
à surface dure par source de semences, correspondant à environ
1 000 noyaux par source de semences avec les plus grosses graines. Les
mesures à prendre concernant la réception des semences sont
décrites dans: "Réseau sur le neem – Techniques de récolte
et d’échange de semences", FAO/DFSC, 1995.
A la réception des semences, chaque pays organisant un essai peut
fournir les lots avec leur propre numéro d’identité lorsqu’ils
enregistrent les semences dans leurs systèmes. Toutefois, on souligne
que dans le programme international actuel, l’identité du lot de
semences doit être maintenue durant toutes les étapes des
opérations en pépinière et en champ en utilisant
les noms fournis et indiqués en caractères gras à
l’appendice A de la brochure « Réseau sur le neem – Techniques
de récolte et d’échange de semences ». Cela facilitera par
la suite l’évaluation coordonnée des données obtenues
par le biais de l’évaluation des essais individuels, et garantira
qu’il n’y aura pas de confiusion.
Outre les lots de semences reçus par le biais du Réseau
sur le neem, les pays qui organisent les essais pourraient souhaiter inclure
des semences provenant de leurs propres peuplements de neem.
3. ESSAIS DE SEMENCES
Aucune semence fournie pour l’essai de terrain ne sera utilisée
pour des essais spécifiques de germination ou de teneur en eau.
Toutes les semences reçues doivent être semées immédiatement
dans la pépinière pour la production de matériel
végétal. Les essais de semences seront faits au titre d’un
volet de recherche spécifique du programme.
Néanmoins, il est demandé à ceux qui organisent
les essais d’estimer le nombre total de graines semées, ainsi que
le nombre de plants utilisables provenant de chaque source de semences
(voir section 7).
4. PÉRIODE DES OPÉRATIONS EN PÉPINIÈRE
Comme il a été dit précédemment, toutes
les graines doivent être semées aussitôt que possible
après leur arrivée. A des fins de planification, le tableau
de l’appendice A de la brochure « Réseau sur le neem – Techniques
de récolte et d’échange de semences » indique la période
prévue pour la récolte (et l’expédition) de chaque
source de semences. Les premiers lots de semences sont attendus en mars
1995, les derniers en septembre 1995. La production de stumps prendra
au minimum 10 mois, et étant donné que les derniers lots
de semences devraient arriver environ 5 mois après les premiers,
l’âge des stumps variera entre 10-15 mois ou plus au moment du repiquage
en champ (qui aura lieu en 1996).
5. TYPE DE MATÉRIEL VÉGÉTAL
Comme mentionné plus haut, il a été décidé
d’utiliser des stumps comme matériel végétal.
Il y a à cela deux raisons:
- A cause du laps de temps qui s’écoule entre le moment où
le premier lot de semences est planté et le moment où
les derniers lots de semences sont plantés – au moment du repiquage
en champ – il y aura des différences dans la dimension des plants
entre les différentes sources de semences. Les stumps seraient
le type de matériel végétal le mieux adapté
dans ces conditions (dans des récipients, les racines pivotantes
des plants seraient endommagées si elles y restaient pendant
longtemps, ou les récipients eux-mêmes pourraient se détériorer
ou être endommagés. Les gros plants survivraient difficilement
s’ils étaient repiqués).
- Les stumps offrent aussi quelques avantages concernant l’évaluation
des essais, car la croissance initiale des plants en champ sera assez
indépendante de la dimension des stumps. Par contre, la taille
des jeunes plants cultivés en récipients aurait un effet
plus marqué sur la croissance initiale après repiquage
en champ.
6. PLANCHES DE PÉPINIÈRE, SEMIS ET ENTRETIEN
Nous visons surtout à obtenir un nombre suffisant de plants. Les
méthodes de semis à la volée ou de semis en ligne,
communément utilisées dans plusieurs pays, ne peuvent être
appliquées ici en raison de la quantité limitée de
semences viables qui pourraient être disponibles.
Récapitulation des opérations pour la préparation
des planches:
- Préparer les planches si possible 3 ou 4 semaines avant le
semis ou le repiquage.
- Choisir un sol limoneux ou limoneux-sableux.
- Travailler le sol en creusant ou en labourant jusqu’à une profondeur
de 30-40 cm.
- Former des planches de 1 à 1,2 m de largeur (pour faciliter
l’entretien) et surélevées de 10-20 cm, de préférence
en formant un bourrelet sur les côtés.
- Fournir des installations de drainage adéquates. Lorsque l’irrigation
se fait par inondation temporaire, des canaux d’irrigation sont installés.
- Appliquer du fumier (seulement s’il est bien séché),
ou un engrais composé, selon le cas (cela n’est pas indispensable
pour les lits ou les récipients de germination).
- Après préparation, maintenir les planches irriguées
pour permettre aux graines de mauvaises herbes de germer; désherber
fréquemment et ratisser légèrement la surface pour
permettre au plus grand nombre possible de graines de germer.
Généralités concernant le semis:
- Les graines doivent être semées, comme on l’a déjà
précisé, dès leur arrivée.
- Il faut semer les «noyaux» intacts, c’est-à-dire qu’il ne faut
pas enlever l’enveloppe dure (endocarpe).
- Placer les graines horizontalement, c’est-à-dire ne pas orienter
l’une ou l’autre des extrémités vers le haut ou vers le
bas, à moins d’être sûr de ce qui est préférable.
Généralités concernant l’ombre et l’irrigation:
- Les publications concernant le neem ne mentionnent pas si les planches
de semis doivent recevoir de l’ombre.Toutefois, étant donné
que la régénération naturelle du neem se produit
très abondamment là où il y a un couvert arboré,
un peu d’ombre – environ 40-50 % de couverture .-pourrait être
bénéfique s’il fait très chaud.
- L’ombre sur les planches de repiquage peut être bénéfique
lorsque le temps est chaud, et de toute manière immédiatement
après le repiquage. Réduire l’ombre progressivement car
le plant ombragé souffrirait s’il était exposé
soudainement à la lumière directe du soleil. Durant la
saison des pluies, on fera de l’ombre avec prudence en raison du danger
de fonte des semis.
- Il faudra irriguer si les semis ont lieu avant ou après les
pluies. Durant les pluies, on pourra irriguer selon les besoins. Utiliser
l’eau avec modération.
- Il est indispensable d’irriguer les planches de repiquage si celui-ci
a lieu durant la saison sèche ou durant les périodes de
sécheresse pendant la saison des pluies. Pour des raisons de
sécurité, il est conseillé d’irriguer les plants
repiqués pendant au moins trois mois après le repiquage.
Pendant les pluies, on irriguera selon les besoins. Durant la saison
sèche, on continuera d’irriguer en fonction de l’intensité
de la sécheresse et de la longueur de la saison dans chaque localité;
on en jugera le besoin en fonction de l’expérience acquise sur
place. Toutefois, l’irrigation devra être maintenue à un
minimum.
Option 1 – Semer directement sur les planches de pépinière:
- Semer directement sur les planches en lignes espacées de 15-20
cm, et en laissant 5 cm entre les graines.
- Semer la graine à une profondeur égale à son
diamètre le plus petit. Sinon, semer de manière à
ce qu’on puisse tout juste voir la graine, puis recouvrir d’une couche
de sable grossier, de 1 ou 2 cm d’épaisseur.
- Chaque source de semence nécessite 8-10 mètres carrés
de planches, ou plus, c’est-à-dire un total de 200-300 mètres
carrés si les 27 sources de semences arrivent toutes.
- Faire de l’ombre et garder la planche humide, mais pas trempée.
Réduire l’ombre peu à peu et dès que possible une
fois les plants bien établis.
- Eclaircir selon les besoins en fonction de la germination et du développement
des plants. Un espacement final idéal pour la production de stumps
correspondrait à une moyenne de quelque 250-400 centimètres
carrés par plant.
- On aura fréquemment recours au paillage et au désherbage.
Si l’on cesse d’irriguer durant la saison sèche, il faut protéger
les planches de repiquage du dessèchement (les couvrir avec de
l’herbe, de la paille ou similaire).
Option 2 – Semer dans les lits de germination et repiquer:
- Semer les graines avec un espacement de 1-3 cm sur un lit de germination
fait de sable à grains moyens ou de sable fin. Semer les graines
de manière à ce que l’on voit juste la surface. Ne pas
les recouvrir. La surface totale du lit de germination pour 27 sources
de semences sera au maximum de 30 mètres carrés.
- Protéger le mieux possible les lits des oiseaux et des rongeurs.
- Faire de l’ombre sur les lits et les garder humides, mais pas trempés.
- Dès qu’une graine commence à germer, c’est-à-dire
dès que la racine apparaît ou que la graine se soulève,
il faut la transplanter sur la planche de pépinière en
prenant soin de ne pas endommager la racine durant l'opération.
- L’espacement initial peut être par exemple 10 x 10 cm si la
germination est forte, et on pratiquera des éclaircies successives
pour laisser un espacement final moyen d’environ 15 x 15 à 25
x 25 cm selon le développement des plants durant la saison de
croissance. Toutefois, si la germination semble sporadique, il faut
planter à l’espacement final. La surface totale de la planche
de repiquage nécessaire dépendra de la germination obtenue,
et il faut compter environ 150 mètres carrés pour une
germination de 50 %.
- Il faut faire de l’ombre après le repiquage. On la réduira
progressivement à mesure que les plants s’établissent
et selon les conditions météorologiques.
- Entretenir les lits comme décrit plus haut.
Option 3 – Semer dans des récipients et repiquer les petits plants:
- Semer dans des pots de polyéthylène ayant les dimensions
suivantes: 10 cm de hauteur, 3-5 cm de diamètre (~ 5-8 cm de
largeur à plat) dans un mélange de terre normale. Au lieu
de pots, on peut aussi utiliser des tubes de la même dimension.
- Dans la mesure du possible, préparer les pots 3 à 4
semaines avant le semis et laisser les graines de mauvaises herbes germer
comme pour les planches de pépinière.
- Mettre deux graines par pot. Eclaircir selon la germination; repiquer
dans n’importe quel pot vide si nécessaire. Si l’on utilise toutes
les sources de semences, il faudra au maximum 13 500 pots.
- Protéger le mieux possible les pots des oiseaux et des rongeurs.
- Placer les pots à l’ombre et les garder humides, mais pas trempés.
- Lorsque les plants atteignent 5-10 cm de hauteur (la racine pivotante
ne doit pas avoir atteint le fond du pot) – en gardant intacte la motte
de terre – repiquer dans les planches de pépinière avec
un espacement de 15 x 15 cm à 20 x 20 cm (Sinon, se fonder sur
l’expérience locale pour la hauteur des plants et l’espacement).
La surface totale des planches de repiquage sera comme pour l’option
2.
7. CONCEPTION ET AGENCEMENT DES PLANCHES
Le Réseau ne prévoit pas de collecter des données
sur la performance de croissance.
Il faudra protéger le mieux possible la pépinière
contre les dommages causés par les inondations, le feu et les animaux.
Si l’on ne peut assurer cette protection, il sera bon de faire deux ou
trois répétitions (blocs), chacune contenant toutes les
sources. Faire en sorte que chaque source de semences ne soit pas toujours
placée à la même extrémité ou du même
côté d’une planche. Pour ce faire, il suffira de changer
systématiquement la position des sources de semences.
De plus, on laissera un espace supplémentaire entre les sources
de semences pour qu’il n’y ait pas de confusion concernant leur identité.
Il faut compter et consigner le nombre total de graines semées
et le nombre total de plants utilisables produits. Cette information permettra
de vérifier que la variation génétique de chaque
source de semences repiquée en champ est restée à
un niveau acceptable.
8. ÉTIQUETAGE
lacer sur chaque source de semence une étiquette l’identifiant
correctement. Utiliser le nom de la source de semence prescrit (voir section
2 ci-dessus). Ecrire sur les étiquettes avec de l’encre à
l’épreuve des intempéries ou un produit similaire et s’assurer
que les étiquettes ne peuvent être détachées
facilement.
9. PRÉPARATION DES PLANTS AVANT LE REPIQUAGE EN
CHAMP
Lorsque le sol du site d’essai est humide jusqu’à une profondeur
de 25-30 cm, ou selon l’expérience locale, le repiquage peut commencer.
Dès que les plants ont été arrachés, ils
sont placés dans un endroit ombragé et si nécessaire
protégés d’une dessiccation ultérieure. Les stumps
sont préparés dès que possible comme suit:
- Pour pouvoir devenir des stumps, les plants doivent avoir les dimensions
suivantes: minimum 10 mm - mieux 20 mm – au collet; longueur minimale
de la tige 40-50 cm, mieux 100 cm (en Inde, des stumps de deux ans ont
mieux survécu que des stumps d’un an plus petits).
- On soulève les plants à l’aide d’une bêche bien
affilée, la racine pivotante est taillée durant le processus
mais on laisse une racine d’au moins 30-40 cm.
- Tailler encore la racine pivotante pour garder (25-) 30 cm au minimum
en dessous du collet.
- Les racines latérales sont taillées selon les besoins
pour faciliter la plantation, selon la méthode employée,
c'est-à-dire en fonction de la largeur des trous.
- La tige est élaguée de manière à laisser
20-30 cm de tige au-dessus du collet et on coupe toute branche et toute
feuille latérales le plus près possible de la tige, sans
endommager la tige. Cela laisse un nombre suffisant de bourgeons pour
le rejet. Si la tige est trop longue, le vent peut faire plier les plants.
En Inde, on ne laisse que 2,5 cm de tige avec apparemment de très
bons résultats.
- La partie radiculaire du stump doit être immédiatement
recouverte de boue et enveloppée dans des feuilles humides avant
d’être emballée dans des paniers ou des caisses contenant
chacun 50 à 100 stumps. L’exposition des racines à la
dessiccation peut réduire sensiblement la capacité des
plants de survivre après le repiquage.
Les stumps préparés de cette manière peuvent être
entreposés pendant quelques jours à l’ombre sur le site
de plantation ou à côté.
(Au Soudan, avec 400-600 mm de pluie, on arrache les plants avec une
motte de terre et on coupe les tiges pour laisser 30-60 cm, mais on ne
fait pas d’émondage par la racine).
- Mars 1995 -
Note:
1 Mr. Vichien Sumantakul, Senior Researcher,
Silvicultural Research Division, Forest Research Office, Royal Forest
Department, Bangkok 10900, Thaïlande.
Mr. Rajendra B. Joshi, Executive Director, Forest Research and Survey
Centre, P.O. Box 3339, Kathmandu, Népal.
Prof. Dr. Le Dinh Kha, Director, Research Centre for Forest Improvement,
Forest Science Institute of Vietnam, Chem Tu-Liem, Hanoï, Viet Nam.
Mr. E.B. Lauridsen, Senior Researcher, Danida Forest Seed Centre, Krogerupvej
3A, 3050 Humlebaek, Danemark.