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RAPPORT DES SESSIONS TECHNIQUES (Continued)

SESSION SPECIALE I
Les problèmes des industries aquicoles verticalement intégrées

Président:H.H. Webber
Rapporteur:P. Riordan

Membres du Groupe 
H.H. Webber:Les problèmes des grandes industries aquicoles
T.J. Cracknell:Les problèmes des industries aquicoles verticalement intégrées en Europe Occidentale
P. Briggs/Les problèmes des industries aquicoles verticalement intégrées
J.W. Avault:aux Etats-Unis
I.S. MacFarlane:Le rôle de l'assurance dans l'aquaculture à grande échelle
  
Documents pertinents:
FIR:AQ/Conf/76/R.1, R.4, R.21, R.25, R.39,
/E.8, E.19

Les problèmes de l'aquaculture industrielle verticalement intégrée

On a défini les systèmes d'aquaculture verticalement intégrés comme étant des systèmes complets, faisant l'objet d'une gestion centrale: tous les éléments du système depuis l'apport d'énergie solaire jusqu'à la vente du dernier produit y sont coordonnés et tenus en “équilibre”. De nouveaux problèmes émergent et de nombreux anciens problèmes deviennent de plus en plus critiques à mesure que l'aquaculture cesse d'être pratiquée par de petites stations piscicoles pour prendre la forme de gros complexes agro-industriels, généralement motivés par la notion de profit. Toutes les entreprises verticalement intégrées ne sont pas nécessairement de grandes dimensions et l'on connaît de nombreux exemples d'opérations peu étendues et cependant bien intégrées. Il arrive fréquemment aussi que, compte tenu de la nécessité d'équilibrer les opérations d'une usine de transformation ou de maintenir la qualité, il devient indispensable de réaliser des économies d'échelle, ce qui donne naissance à de grandes entreprises. Cellesci sont généralement dans le secteur privé et sont la propriété d'une entreprise. Cela n'est toutefois pas essentiel et le contrôle pourrait être assuré par contrat; à défaut, une coopérative ou encore un collectif pourraient en être propriétaires.

On a émis l'hypothèse que la croissance future de l'aquaculture mondiale pourrait, à long terme, être liée à l'intégration verticale qui doit toutefois faire face à un certain nombre de problèmes. Parmi ceux liés aux débouchés, on a cité l'exiguïté des entreprises, le caractère statique de la demande, les obstacles à l'acceptabilité, la grande élasticité des prix, la conservation, la transformation et la distribution, la concurrence d'autres produits aquatiques et aliments protéiques, etc. Les entreprises verticalement intégrées trouvent leur principale justification dans la demande du consommateur. En fait, l'intégration verticale est un processus qui depuis le marché rétrograde jusqu'à la production en passant par la transformation. Outre les problèmes de débouchés, un certain nombre de problèmes biologiques se posent et sont liées à une technologie de masse, concentrée et avancée.

La plupart des entreprises verticalement intégrées font appel à d'importants capitaux plutôt qu'à une nombreuse main-d'oeuvre; néanmoins, le succès de leurs opérations est largement fonction de la présence d'une main-d'oeuvre qualifiée. Une pénurie d'effectifs en quantité suffisante, convenablement formés et expérimentés, entraîne de graves problèmes. Le directeur d'une affaire d'élevage et d'aquaculture devrait être doté d'un sens développé des affaires ainsi que des connaissances pertinentes, mais aussi avoir une idée des processus biologiques sur lesquels se fonde la production et enfin être en mesure de faire face aux modifications imprévisibles et d'y remédier. Rares sont les individus ayant toutes ces qualités et l'équipe de spécialistes dont il aurait besoin pour gérer son affaire n'est pas souvent disponible.

Comme on l'a signalé dans d'autres sessions, les contraintes juridiques et institutionnelles affectent tout particulièrement les grosses entreprises aquicoles. La surveillance et la sécurité posent des problèmes plus graves dans les grosses affaires que dans les entreprises de subsistance ou familiales.

Nombre de firmes n'ont pas été en mesure de se procurer les investissements nécessaires, parfois à la suite de certains des problèmes précités. Les bailleurs de fonds sont extrêmement peu disposés à engager des capitaux importants dans de nouvelles entreprises aquicoles. L'attitude prudente des banques de développement et des analystes qu'elles employent, qui demandent de telles garanties qu'il devient difficile de négocier un emprunt, est encore plus décourageante. Les données d'expérience économiques sont incontestablement insuffisantes et ont été la principale cause de cette attitude. C'est pour cela qu'il a été proposé que des opérations aquicoles de type industriel soient réalisées à l'échelle pilote dans différents environnements, suivant des méthodes d'élevage et avec des espèces choisies, afin de produire des données économiques suffisantes pour établir la solvabilité de ces entreprises.

Les problèmes des industries verticalement intégrées en Europe Occidentale

L'un des principaux facteurs déterminant le niveau d'intégration en Europe, comme ailleurs, est l'état des techniques applicables à la méthode d'élevage ou à l'espèce. Les entreprises investissant dans la recherche et le développement de nouvelles espèces d'élevage seront intéressées à tous les stades du processus d'élevage. Par contre, lorsqu'il s'agit de techniques bien établies, comme c'est le cas pour les truites, le pisciculteur utilise des aliments d'une marque connue et, souvent, des fournisseurs d'oeufs et d'alevins spécialisés.

L'élevage des poulets en Europe Occidentale donne une bonne idée de la forme que pourra revêtir l'intégration verticale en aquaculture. L'augmentation vertigineuse des besoins en capitaux, due à l'industrialisation, interdit aux entreprises aquicoles de rester tributaires des caprices du marché, et une intégration verticale très poussée en est résultée. La structure des réseaux de distribution, qui varie sensiblement d'un pays d'Europe Occidentale à l'autre influe également sur le développement des entreprises verticalement intégrées. En République Fédérale d'Allemagne et au Royaume-Uni par exemple, où les groupes à succursales multiples dominent, les services de conditionnement centralisés demandent des produits transformés préemballés. Il n'est possible de fournir régulièrement des poissons élevés selon des spécifications convenues que si l'on a recours à des opérations intégrées d'élevage et de transformation. Les entreprises intégrées peuvent assurer le contrôle de la qualité et établir la réputation commerciale d'un produit.

Parmi les principaux obstacles à l'intégration verticale en Europe Occidentale on citera le choix des sites et les aspects de la propriété y afférente. Les propriétaires de sites favorables (ayant accès à des déchets thermiques ou à des eaux de salinité intermédiaire ou de température constante) sont de plus en plus intéressés à une participation à l'exploitation du potentiel aquicole. Cela entraîne la création d'entreprises mixtes, entre partenaires se proposant des objectifs différents; l'intégration verticale pose alors des problèmes.

Les considérations politiques et les choix politiques nationaux jouent un rôle de tout premier plan en matière d'intégration, voire sur le développement de la production aquicole à l'échelle industrielle. Il est indispensable que les gouvernements prennent très rapidement les mesures qui s'imposent pour faciliter l'acquisition de sites convenables, à des conditions raisonnables, et qu'ils donnent l'assurance aux grandes entreprises aquicoles économiquement viables et assez bien intégrées verticalement, qu'elles peuvent compter sur le soutien politique nécessaire.

Industries aquicoles verticalement intégrées aux Etats-Unis

On a considéré que le climat social, économique et administratif des Etats-Unis est favorable au développement d'une aquaculture verticalement intégrée. L'intégration la plus complète a été réalisée par les industries d'élevage du saumon du Pacifique et des crevettes, qui tendent à être propriété d'un nombre assez réduit de compagnies, qui en assurent l'exploitation. La production de truites, d'huîtres et de poissons exotiques n'est en générale pas très intégrée verticalement. La session a abordé certains problèmes auxquels est confrontée l'industrie d'élevage des silures: absence de possibilités commerciales organisées, une grande part de la production étant affectée à la pêche sportive; insuffisance de statistiques; médiocrité des communications entre l'industrie et les groupes scientifiques, et chevauchements de compétences entre plusieurs organismes; les avantages inhérents à l'unification au niveau fédéral ont été examinés.

Même si les petites entreprises se maintiennent, il semble que les affaires plus importantes joueront ultérieurement un rôle de premier plan dans l'industrie aquicole des Etats-Unis. On s'attend à ce que ces dernières investissent des capitaux énormes dans des activités de recherche et de développement. Les règlements de l'Agence pour la Protection de l'Environnement pourraient favoriser plutôt qu'inhiber le développement des entreprises verticalement intégrées.

Le rôle de l'assurance dans l'aquaculture à grande échelle

On a dit de l'aquaculture à grande échelle verticalement intégrée qu'elle présente de gros risques. Il n'est pas établi si elle est plus ou moins hasardeuse que les autres entreprises de production alimentaire du même ordre. Il faut envisager les dangers biologiques et ceux qui peuvent être assurés, mais on doit également citer les aléas commerciaux.

Les risques biologiques (risques de mortalité), peuvent être réduits au minimum par l'amélioration des pratiques d'élevage et de gestion et par une assurance couvrant les pertes imprévisibles et catastrophiques. Les mortalités provoquées par des événements externes à la station piscicole et échappant à son contrôle devraient dans l'ensemble pouvoir être assurées. Ces assurances sont actuellement limitées à certaines espèces (truites, saumon et huîtres) mais on devrait pouvoir en conclure également pour d'autres espèces. L'extension de l'assurance à d'autres espèces et méthodes d'élevage deviendra possible lorsque les compagnies d'assurance disposeront des données indispensables pour évaluer le risque en cause. Ces informations ne sont guère accessibles et il est par conséquent indispensable de recueillir d'urgence les renseignements appropriés, pour permettre l'évaluation rationnelle du risque de mortalité inhérent aux entreprises aquicoles.

La station elle-même peut provoquer un risque de mortalité de type différent, engendré par les erreurs de méthodes et de gestion. On n'a que peu de chances de pouvoir s'assurer contre de tels risques car les frais administratifs liés à la liquidation des nombreuses demandes d'indemnisation d'un faible montant, relatives aux multiples petits sinistres entraîneront une augmentation des primes. Il semble que la façon la plus efficace de réduire les risques de cette nature réside dans la formation intensive des opérateurs piscicoles, ainsi que des individus responsables du choix des sites, de la conception des stations et de la direction des opérations d'élevage.

Au cours des débats relatifs à la gestion du risque, l'importance des études pilotes sur place a une fois de plus été rappelée. On a signalé que l'aquaculture moderne est, dans une large mesure, en plein devenir et qu'il serait déraisonnable de s'assurer pour les erreurs de gestion. On a suggéré que la FAO envisage la possibilité d'élaborer une formule d'assurance.

On a aussi examiné les risques en liaison avec les besoins d'investissements. On a suggéré que les études pilotes soient normalement financées par les gouvernements, lorsqu'elles sont destinées à déterminer l'ordre de grandeur des investissements nécessaires et les avantages que l'on peut en attendre. Les investisseurs privés sont alors à même de décider de l'ampleur des opérations en fonction de leur viabilité, ce qui leur permettra de déterminer la solvabilité des entreprises.

SESSION SPECIALE II
La culture des algues et des plantes marines

Président:Y. Saito
Rapporteur:M.S. Doty

Membres du Groupe 
I. Neish:Etat et perspectives de la culture des plantes marines
Y. Saito:Méthodes de culture des algues
  
Documents pertinents:
FIR:AQ/Conf/76/R.1, R.14,
/E.56

La production de plantes marines représente actuellement plus de 16 pour cent (en poids) de la production aquicole totale et l'on prévoit une augmentation annuelle de 10 pour cent jusqu'à ce que la production totale ait triplé, atteignant le point de saturation à l'égard de la demande actuelle. Pour comprendre le rôle de l'agronomie aquatique en tant que partie intégrante du développement aquicole, il faut également tenir compte des algues aquatiques et autres producteurs primaires consommés par les poissons, les crustacés et les mollusques. On estime que plus de 600 millions de tonnes d'algues aquatiques sont consommées par les poissons, les crustacés et les mollusques d'élevage. Les plantes aquatiques sont aussi à l'origine de substrats indispensables, d'abris, de ravageurs et sont des agents du fouling. Si l'on veut produire des récoltes et réduire la prolifération des plantes indésirables, leur aménagement suppose l'utilisation d'informations écologiques, biologiques et physiologiques. Dans ce contexte d'aménagement, il faut envisager la fourniture des substrats et engrais appropriés. La création d'un équilibre favorable entre ces éléments agronomiques et les animaux est l'objectif que se propose l'aménagement.

Au Japon, les plantes marines sont surtout utilisées en tant que friandises. Les trois principaux groupes sont Porphyra, Undaria et Laminaria; beaucoup d'autres sont utilisés à des degrés divers en quantités moindres. On est passé de la récolte des plantes poussant en liberté à des méthodes de culture très poussées et l'on a amélioré leur mise en valeur. A l'heure actuelle, Porphyra et Undaria sont surabondantes, tandis que la demande de Monostroma et Laminaria est en progression. On prévoit que l'utilisation d'Eucheuma augmentera d'au moins 10 pour cent par an dans les régions tropicales.

Dans l'ensemble, les débats de la session ont mis en évidence la nécessité de développer des variétés plus productives; en effet, les aires propices à leur culture sont assez limitées. La lutte contre les maladies, la fertilisation pour améliorer la croissance, ainsi que les autres pratiques culturales intensives sont adoptées de plus en plus largement. Des progrès sensibles ont été réalisées dans la production de Laminaria, Gelidium, Chondrus, Macrocystis et Undaria. L'amélioration de l'environnement semble être la pratique la plus en vogue actuellement aux fins de l'aménagement: on citera la transmission de boutures de Caulerpa et de Gracilaria sur des fonds favorables; la fixation de boutures de Gracilaria et d'Eucheuma sur des lignes ou des filets; l'ensemencement de filets ou de lignes avec des spores ou des zygotes de Porphyra, d'Undaria, de Monostroma et de Laminaria; et enfin la création de substrat artificiel en gros galets ou en blocs de béton, pour Gelidium et Gloiopeltis.

L'aménagement de l'environnement est dirigé en partie vers la création d'un équilibre productif entre les brouteurs désirables et les algues marines désirables. On citera deux exemples exceptionnels d'équilibre entre animaux et algues: l'ormeau et le goémon d'une part, et de l'autre, Macrocystis et son principal herbivore, l'oursin de mer, Strongylocentrotus. Les méthodes les plus fréquemment utilisées maintenant incluent des cages pour protéger les jeunes algues, des moyens de contrôle chimique contre les animaux et une intensité contrôlée de l'ensemencement.

L'examen de la demande faible et en voie de diminution de certaines plantes marines et de l'avenir de l'agronomie aquatique a conduit à étudier la valeur alimentaire des algues et autres plantes marines. Si la plupart de ces plantes, actuellement utilisées dans l'alimentation humaine n'ont actuellement qu'un caractère d'appoint et fournissent des oligo-éléments et des facteurs de croissance, plutôt que des calories, on rapporte que certaines de ces algues, comme Spirulina, contiennent jusqu'à 70 pour cent de protéines sur la base du poids sec. La plupart des plantes marines consommées par l'homme sont ingérées en quantités trop faibles pour avoir une valeur calorique. Cependant, compte tenu de l'importance fondamentale des protéines végétales dans l'aquaculture animale, ainsi que des possibilités de consommation humaine accrue d'algues plus nutritives, il sera utile et nécessaire d'étudier la valeur alimentaire des macro et des micro-algues.

La sélection des clones et leur reproduction ont entraîné des améliorations sensibles de la qualité et de la quantité de plantes marines cultivées. Les variétés à haut rendement de Porphyra au Japon et d'Eucheuma aux Philippines sont des exemples d'une bonne sélection des clones. La production de variétés supérieures de Laminaria japonica (par ex. variété Hai Ching) par sélection, a peut-être été très importante aux fins de l'extension de ce genre vers le sud, jusqu'à Hainan (Chine) et de la réalisation d'une production estimée à 300–500 tonnes par an (poids sec).

Les maladies des algues provoquées par des micro-organismes ou des conditions physiologiques doivent faire l'objet de recherches toutes particulières. Les deux types de maladies apparaissent à mesure que l'intensité de la culture augmente; on ne connaît bien ni l'une ni l'autre.

Un obstacle de taille à la culture des plantes marines est la déterioration de la qualité de l'eau. Des études sur l'accumulation des métaux lourds, des radionuclides et des matières organiques toxiques dans les algues, devraient être encouragées pour permettre d'élaborer des systèmes appropriés. L'extension de l'agronomie aquatique dans certaines aires géographiques où elle n'est pas pratiquée actuellement pourrait être extrêmement bénéfique. Il faudra à cette fin identifier des nouveaux sites convenant aux algues choisies; il faudra aussi déterminer leurs besoins, physiologiques et autres, ainsi que les problèmes inhérents à leur transplantation.

SESSION SPECIALE III
Les mortalités d'huîtres et leur contrôle

Président:C.J. Sindermann
Rapporteur:W.N. Shaw

Membres du Groupe 
C.J. Sindermann:Mortalités massives d'huîtres
P. Korringa:Mortalités d'huîtres en Europe
A. Koganazewa:Mortalités d'huîtres au Japon
D.J. Andrews:Mortalités d'huîtres sur la côte atlantique des Etats-Unis d'Amérique
K. Chew et J.B. Glude:Mortalités d'huîtres sur la côte pacifique des Etats-Unis d'Amérique
  
Documents pertinents:FIR:AQ/Conf/76/R.2, R.16, R.34

Mortalités massives d'huîtres

On a assisté à des mortalités massives d'huîtres tout au long de ce siècle; elles continuent à se produire dans certaines régions. Au cours des deux dernières décennies, des mortalités catastrophiques ont été enregistrées au Japon, en Europe et en Amérique du Nord. Le United States-Japan Cooperative Natural Resources (U.J.C.N.R.) Panel on Aquaculture (Groupe d'études en commun des ressources naturelles - aquaculture) a examiné ce problème lors de ses réunions de 1974 et 1975 et il ressort de ses conclusions que, compte tenu de l'importance universelle du phénomène, il serait extrêmement utile de faire le point de l'expérience mondiale pour déterminer les causes de ces mortalités et des mesures adoptées pour les combattre. La présente réunion spéciale a été organisée à cet effet, en réponse à une suggestion du Groupe de l'U.J.C.N.R. sur l'aquaculture.

On peut généralement considérer les mortalités massives comme des formes exagérées de mortalités naturelles; on les en distingue normalement par leur caractère foudroyant, le fait qu'elles affectent un proportion importante de la population sur une grande extension géographique et qu'elles sont de brève durée. De nombreuses mortalités massives d'huîtres sont indubitablement produites par l'interaction de facteurs environnementaux et biologiques; quelques-unes seulement ont été associées sans conteste possible à un seul facteur causatif primordial; une maladie a en général été la cause identifiée dans ces cas.

On peut considérer les mortalités naturelles d'huîtres comme entrant dans trois catégories:

  1. “mortalités de fond”: réduction continue, passant souvent inaperçue, mais cependant très sensible du nombre d'individus à un stade donné de leur cycle biologique,
  2. Mortalités massives localisées, qui affectent des aires géographiques limitées et tuent jusqu'à 100 pour cent de la population de cette région, et
  3. mortalités massives largement répandues et extensives, affectant des aires géographiques importantes et réduisant sensiblement la production ostréicole.

La session s'est concentrée sur le troisième type de mortalité.

Il est difficile de distinguer de façon absolue entre mortalités de fond et massives; on peut cependant affirmer que les mortalités de fond affectant de nombreuses populations d'huîtres atteignent au maximum 10 à 15 pour cent des individus au cours d'une année donnée (à l'exclusion des mortalités affectant les larves et le naissain); toute mortalité dépassant cet ordre de grandeur doit sans doute être définie comme une mortalité massive. Il est évident que ces estimations peuvent varier selon la région; certains ostréiculteurs s'alarment lorsque les mortalités annuelles dépassent 5 pour cent, tandis que d'autres tolèrent des mortalités voisines de 50 pour cent par an.

On peut dire en termes généraux que certaines mortalités massives sont liées à l'évidence à des niveaux épizootiques dus à un agent infectieux. Certaines semblent devoir être attribuées à des facteurs environnementaux et peut-être au stress physiologique; dans certains autres cas il faut sans doute imputer l'interaction de processus infectieux et non infectieux. En définitive, prés de 75 pour cent des mortalités massives les plus répandues doivent être décrites comme étant d'origine inconnue.

Mortalités d'huîtres en Europe

Un étude des mortalités d'huîtres a montré que plusieurs cas de pertes catastrophiques de stocks se sont produits depuis l'introduction de méthodes modernes d'ostréiculture en Europe, il y a plus d'un siècle. Les causes connues sont d'ordre hydrographique et biologique. Des hivers rudes ont provoqué des mortalités importantes d'huîtres élevées dans des bassins subcotidaux; la température de l'eau est alors restée inférieure au point de congélation pendant des périodes prolongées. Le cas le plus grave s'est produit aux Pays-Bas en 1962–63, la température a été d'environ -1.6°C pendant 71 jours. Les huîtres affaiblies n'ont pu maintenir leurs valves bien fermées et des sédiments et du sable ont pénétré à l'intérieur des valves par mauvais temps. L'effet du grand froid sur les huîtres élevées dans les bassins intercotidaux est différent. En Bretagne (France), le naissain déposé sur les tuiles s'est desséché sur la face exposée au vent des tuiles constituant le substrat, après plusieurs jours de vent glacial. A Arcachon (France), on a observé que la mortalité des huîtres portugaises (Crassostrea angulata) exposées à marée basse a été provoquée par congélation de l'eau contenue dans des dépots de “craie” poreuse sur les coquilles. On a observé un cas particulier de mortalité élevée dans les claires de la Charente Maritime au cours de la longue sécheresse de l'été de 1947, par suite de l'évaporation intense combinée à la faiblesse des marées de printemps, qui a porté la salinité à des niveaux dangereux.

Parmi les pertes attribuées à des causes biologiques, on citera la mortalité dévastatrice des huîtres plates (Ostrea edulis) qui a fait le tour des côtes européennes entre 1919 et 1923, depuis Tarente (Italie), en passant par la France et l'Angleterre, jusqu'en Alemagne et au Danemark. Elle a entièrement détruit plusieurs parcs d'huîtres florissants et il a fallu plusieurs années pour rétablir des stocks résistant aux attaques. Sur la base des informations recueillies alors, on peut affirmer maintenant que cette mortalité a sans doute été provoquée par une maladie microbienne.

Aux Pays-Bas, après 1930, la maladie dite des coquillages a tué de nombreuses huîtres plates (O. edulis); d'autres sont restées gravement déformées et maigres. Après une décennie de recherches, on a découvert que la maladie avait été provoquée par le champignon Ostracoblabe implexa, qui vit normalement dans les vieux coquillages, en symbiose avec des algues perforantes. On pourrait employer un fongicide pour contrôler le champignon au stade du mycelium. On a éliminé les vieilles coquilles de coques par dragage en 1948 et 1949, ce qui a mis pratiquement fin à l'infection.

Une autre importante mortalité due à des causes biologiques s'est produite en 1967 parmi les huîtres portuguaises sur la côte atlantique de la France, au sud de la Loire. On a cru qu'il s'agissait d'une maladie des branchies, qui a été provisoirement attribuée à Labyrinthomixa, mais aucune preuve formelle n'en a été apportée. Depuis lors, des mortalités catastrophiques se sont produites au sud de la côte atlantique de la France, surtout en 1971 et 1972. On a montré qu'elles avaient été provoquées par un virus. Il n'est pas évident que la maladie des branchies ait également été provoquée par un virus. On a importé de grosses quantités d'huîtres du Pacifique (Crassostrea gigas) pour remplacer les stocks détruits par cette maladie.

Un autre cas récent en France est celui de la mortalité des huîtres plates (O. edulis) en Bretagne (1971), qui s'est rapidement répandu de l'Aber Wrach et de l'Aber Benoit vers l'est et vers le sud. On a diagnostiqué que la maladie aurait été provoquée par un parasite haplosporidé, sans doute transmis par un vecteur.

Mortalités d'huîtres en Amérique du Nord

La côte orientale de l'Amérique du Nord a connu pendant plusieurs décennies des épizooties d'huîtres causées par des agents pathogènes. La première s'est produite dans l'île du Prince Edouard (Canada); elle a commencé en 1915 et s'est répandue jusque vers les années cinquante dans la majeure partie du Canada oriental. On avait supposé qu'elle avait été introduite en 1914 avec des huîtres en provenance de Nouvelle Angleterre mais en cinquante ans on n'a isolé aucun agent pathogène certain. Les stocks survivants ont peu à peu acquis une résistance à la maladie.

La maladie de la saison chaude, qui s'est produite dans le golfe du Mexique autour de 1950 est provoquée par l'agent pathogène Dermocystidium marinum, auquel un nouveau nom vient d'être attribué. On peut lutter contre cette maladie en effectuant des récoltes annuelles, en isolant les parcs et en nettoyant tous les parcs à huîtres où les vieux spécimens servent de réservoirs de maladie.

En 1957, un nouvel agent pathogène a décimé les huîtres de la baie du Delaware et atteint la baie de Chesapeake en 1959. Il a persisté pendant près de 20 ans sans perdre de sa virulence. Des huîtres résistant à la maladie ont été développées dans le Delaware, par sélection de populations sauvages et dans la baie de Chesapeake par élevage en écloserie des survivants des épizooties, suivi de sélections. On peut lutter contre l'agent pathogène, un haplosporidé du genre Minchinia, en utilisant des souches génétiques sélectionnées. Cette méthode permet de prévenir les épizooties provoquées par d'autres agents pathogènes très voisins comme des sporozoaires que l'on trouve maintenant parmi les huîtres de Corée, d'Australie et d'Europe Occidentale. On a isolé une seconde espèce de Minchinia dans les eaux très salines de la Virginie; elle tue entre 25 et 50 pour cent d'huîtres en un mois environ, de la mi-mai à la mi-juin. On considère maintenant que le meilleur moyen de lutter contre cette espèce consiste à récolter rapidement les huîtres de deux ans.

De graves mortalités ont affecté l'huître du Pacifique (C. gigas) au cours des années soixante et en 1970, sur la côte Pacifique des Etats-Unis. Ces mortalités se sont produites pendant l'été (juin à septembre) et l'on a suspecté que l'augmentation de la température de l'eau est l'un des éléments environnementaux de ces mortalités. Des études expérimentales ont montré que le fait d'enrichir l'eau de mer avec des nutriments organiques accélère la production bactérienne et provoque un accroissement du taux de mortalité lorsque la température de l'eau dépasse 18°C. On a isolé des nombres constamment élevés de bactéries dans le sang et le liquide péricardial des huîtres moribondes.

La plupart des vibrions isolés en été semblent être du type Vibrio anguillarum. Cette espèce est une cause majeure d'infection des poissons et on lui a également attribué des mortalités d'huîtres. L'utilisation d'antibiotiques (par ex. TM-50) fait apparaître, dans la plupart des cas, une diminution des mortalités par vaccination passive.

Des études préliminaires ont montré un taux de survie sensiblement amélioré pour la progéniture des huîtres ayant survécu à une mortalité massive. Des essais aux iso-enzymes sont en cours pour déterminer les différences génétiques existant entre des stocks d'huîtres ayant survécu à des catastrophes et les stocks naturels. Les travaux de l'Université de Washington ont permis d'identifier l'enzyme AAT (Amino-transferase d'aspartate) chez les premiers spécimens ayant survécu à des maladies provoquées en laboratoire.

Mortalités d'huîtres au Japon

Il ressort de l'étude historique de l'ostréiculture au Japon et des améliorations et innovations successives orientées vers l'intensification de la production que les mortalités massives sont devenues fréquentes avec l'adoption des méthodes d'élevage intensives à partir de 1945. Elles sont plus répandues dans la partie méridionale du Japon et particulièrement sur la côte est. Les baies de Matsushima, Hamanako et Hiroshima ont été les plus affectées en 1961 et en 1969. Les mortalités ont atteint 40 et 50 pour cent dans la baie de Matsushima.

Les observations mettent en évidence un certain nombre de caractéristiques communes à ces mortalités; aucun facteur isolé n'a cependant pu être identifié comme l'agent qui les a provoqué. Selon les observations les plus récentes:

  1. la maturation sexuelle accélérée et la reproduction massive à température élevée dans des conditions eutrophiques peuvent provoquer une fatique physiologique intense, ainsi que des troubles métaboliques entraînant la mort, et
  2. l'invasion bactérienne se produit sur différentes parties du corps des huîtres qui en sont affectées, et notamment les interstices entre les cellules porteuses de glycogène; il apparaît cependant que les bactéries ne sont par mortelles.

Les ostréiculteurs japonais adoptent deux méthodes pour éviter la maturation massive des gonades et la reproduction: ils emploient du naissain durci et placent les huîtres dans des aires pauvres en nutriments pendant la période de maturation; ils les transfèrent dans des lieux riches en nutriment à la fin de l'été. De la sorte, ils ralentissent la maturation des gonades et les déséquilibres métaboliques.

Au cours des débats, on a suggéré qu'il conviendrait de ne pas abandonner l'idée qu'un agent pathogène est l'agent causatif des mortalités tant que des études prolongées sur d'autres maladies des huîtres n'auront pas déterminé le rôle de ces agents.

A l'occasion de l'étude de la distribution géographique des mortalités massives on a cité quelques autres exemples. Ainsi, la mortalité massive des huîtres perlières (Pinctada martensii) sur la côte du Soudan baignée par la Mer Rouge, en 1969 a affecté les moyens de vie d'un grand nombre d'individus, autour de la baie de Dongonab. On n'a jamais déterminé la cause de cette mortalité et une aide a été demandée pour réaliser les études nécessaires. On a également évoqué les mortalités hivernales massives en Australie.

Plus de dix années de recherches réalisées au Canada sur la maladie de Malepaque n'ont pas encore permis d'en déterminer l'agent causatif; selon certaines indications, il s'agirait d'un Labyrinthucide.

En conclusion, on a constaté lors de la session qu'en 75 ans on n'a pas été en mesure d'isoler la cause de 75 pour cent des cas de mortalités. Il s'ensuit que des efforts concertés et la coopération internationale sont indispensables pour résoudre le problème. On a suggéré de réunir un Groupe international d'experts chargés de procéder à l'examen critique de toutes les données disponibles, en vue de faciliter à l'avenir le diagnostic des maladies. Un organisme international comme la FAO devrait envisager de patronner une équipe disponible rapidement pour effectuer des recherches approfondies en cas de mortalités. De telles activités devront être coordonnées par un Groupe de travail compétent.

SESSION SPECIALE IV
Aspects internationaux de la lutte contre les maladies en aquaculture

Président:P. Ghittino
Rapporteur:G.I. Pritchard

Membres du Groupe 
P. Ghittino:Aspects internationaux de la lutte contre les maladies
C.J. Sindermann:La lutte contre les maladies en mariculture
S. Sarig:La lutte contre les maladies en dulcaquaculture
K.E. Wolf:L'état des recherches sur les maladies des poissons d'élevage
  
Documents pertinents:
FIR:AQ/Conf/76/R.2, R.16, R.32,
/E.1, E.11, E.19, E.23, E.39, E.53, E.59, E.63, E.67

La lutte contre les maladies en aquaculture

Alors que les agents pathogènes et leurs hôtes peuvent généralement être équilibrés dans la nature, cet équilibre est fréquemment détruit en faveur des agents pathogènes en conditions d'élevage. Le déséquilibre est d'autant plus grand que les méthodes d'élevage sont plus intensives. Des infections et des mortalités ont entraîné des pertes considérables en aquaculture dans plusieurs pays aussi bien en eau douce qu'en eau saumâtre. Les mortalités massives subies par les stocks ostréicoles ont été examinées séparément (Session spéciale III). L'expansion de l'aquaculture provoque l'augmentation rapide des échanges d'animaux aquatiques d'élevage, à différents stades de leur cycle biologique, d'où le risque de répandre fortuitement une maladie.

Il est indispensable de connaître les maladies infectieuses pour être en mesure de les combattre sur le plan national ou international. Aussi la session s'est-elle attachée à faire le point de la situation actuelle des maladies et des moyens de lutter contre elles dont on dispose en dulcaquaculture et en mariculture; les recherches en cours dans ce domaine ont également été signalées.

Au cours de la dernière décennie des progrès considérables ont été réalisés sur le diagnostic de nombreuses maladies affectant les stocks aquicoles et les moyens de lutter contre elles. Dans l'ensemble, les aquaculteurs sont maintenant mieux à même d'identifier les organismes nuisibles et de prendre des mesures efficaces pour lutter contre les infections et les mortalités. En appliquant des méthodes avancées en histologie, dans l'identification des organismes pathogènes et dans l'emploi d'aliments contenant des médications, il a été possible de combattre de nombreuses maladies d'origine bactérienne. Bien qu'un certain nombre de maladies virales ait été identifié en dulcaquaculture, les progrès réalisés dans la lutte contre ces maladies ont été médiocres. Etant donné que la plupart des maladies sont provoquées ou favorisées par des conditions environnementales défavorables et des erreurs de gestion on a davantage conscience maintenant de la nécessité de contrôler efficacement l'environnement pour prévenir les maladies.

Au cours des dernières années, on a eu tendance à se préoccuper de l'état de santé général des organismes aquicoles et à mettre l'accent sur la prophylaxie, en se préoccupant de plus en plus du stress environnemental qui conduit la maladie à se déclencher. L'immunologie devient un moyen de plus en plus important de combattre les maladies, notamment en Amérique du Nord; cependant le coût de la chémothérapie ainsi que les lois antidrogue constituent de graves obstacles aux progrès dans ce domaine. Néanmoins, on a grandement développé la chémothérapie au nitrofurane au Japon. On a constaté qu'une grande masse d'informations précieuses a été recueillie sur ce sujet et qu'une grande partie de ces renseignements n'a pas été diffusée. La session a reconnu que la compilation et la publication de ces informations se révèlerait très utile sous forme d'un manuel du diagnostic des maladies affectant l'aquaculture et des moyens de les combattre. Ce besoin se fait particulièrement sentir en mariculture.

Aspects internationaux de la lutte contre les maladies

Comme on l'a déjà noté, l'introduction et la transplantation d'organismes aquatiques engendrent des risques de plus en plus graves de répandre les maladies contagieuses à mesure de l'expansion de l'aquaculture. Bien que tous les pays importateurs se préoccupent de prévenir la transmission des maladies, on se trouve confronté à des difficultés considérables quant à la mise au point de dossiers sanitaires ou dès lors qu'il s'agit de garantir qu'un stock est indemne de maladies. La session a étudié les mesures prises par l'Office international des épizooties (OIE), par la Commission européenne consultative pour les pêches intérieures (CECPI) et par la FAO en vue d'élaborer une convention internationale de lutte contre certaines maladies contagieuses, sur la base d'une inspection à la source assortie de certificats. Une version révisée du premier projet de convention sera examinée lors d'une Consultation gouvernementale, qui sera organisée par la FAO/OIE à Paris, en janvier 1977. La session a mis l'accent sur le fait qu'il est indispensable de mettre définitivement au point la Convention dans les meilleurs délais.

Afin que les mesures de lutte puissent être étendues à d'autres maladies il importe d'élaborer les méthodes voulues pour les diagnostiquer et de créer un nombre suffisant de laboratoires de référence. Cela s'applique aux maladies des espèces d'eau douce et marines; cependant le besoin se fait sentir avec plus d'acuité en mariculture. La session a suggéré que la distribution des agents pathogènes virulents à des fins scientifiques fasse l'objet de restrictions volontaires en raison du danger qu'il y a de les voir s'échapper.

SESSION SPECIALE V
Génétique et améliorations génétiques en aquaculture

Président:R. Moav
Rapporteur:S.R. Malecha

Membres du Groupe 
G. Gall:L'ichtyogénétique et les améliorations génétiques
T. Gjedrem:Programme de reproduction
T. Brody:Nouvelles méthodes de reproduction des poissons
  
Documents pertinents:
FIR:AQ/Conf/76/R.9,
/E.48, E.51, E.61, E.63, E.74, E.78

L'ichtyogénétique et les améliorations génétiques

La branche de la génétique qui intéresse plus particulièrement l'aquaculture est la “génétique des populations et de l'élevage”, fondée sur les éléments quantitatifs de la transmission de la plupart des caractères significatifs et sur les rapports subtils qui existent entre l'identité génétique d'un individu et son milieu. La théorie fondamentale, en ce qui concerne l'élevage des poissons, découle des disciplines connexes, comme l'élevage; ce qu'il faut déterminer, en matière de pisciculture est le programme de reproduction le plus adapté à un objectif précis et à une espèce particulière.

Les aquaculteurs doivent fréquemment faire face au problème qui consiste à déterminer ou à choisir un environnement convenant à l'élevage d'une espèce particulière. Une solution génétique du problème se fonderait sur un concept suivant lequel l'identité génétique de l'espèce répond à un environnement particulier; lorsque nous réussissons à l'élever dans des conditions environnementales différentes, on peut considérer que l'espèce a été domestiquée. Si l'on obtient un taux de survie élevé, les modifications du milieu ont été compensées par des modifications de l'identité génétique de l'espèce. Le défi auquel le pisciculteur doit faire face consiste à diriger les modifications génétiques de manière à multiplier au maximum les chances de voir l'organisme “domestiqué” devenir économiquement rentable en conditions d'élevage.

Il faut également considérer les facteurs suivants:

  1. le maintien d'une population suffisante dans la mesure où, du point de vue génétique l'importance numérique d'une population est uniquement fonction du nombre d'individus qui donnent une progéniture, et
  2. l'aspect économique.

Ces déterminations ne sont pas toujours aisées.

Etablir la nature des variations génétiques et évaluer l'influence de l'environnement sur les résultats est assez délicat, d'autant plus que nous ne pouvons ni voir ni dénombrer les génes et qu'il nous faut nous contenter d'observer le phénotype. Celui-ci représente les effets combinés de tous les gènes qui influencent le caractère. En conséquence, la nature des différences génétiques entre individus, représentée par des différences entre leurs phénotypes, est fonction de la nature des effets des gènes individuels. Si tous ces effets s'additionnent, on considère que le trait est transmis de façon additive et l'on peut s'attendre à ce que la reproduction sélective constitue un moyen efficace d'améliorer ces caractères. Cependant, si les gènes individuels agissent les uns sur les autres, notamment par dominance, le caractère est transmis de façon non additive et il faut choisir un programme de croisements ou d'hybridations pour porter au maximum l'hétérozygotie. Certaines des communications présentées à la Conférence donnent des exemples de ces stratégies.

Un autre problème associé à la comparaison de phénotypes réside dans la nature des effets environnementaux, dont la qualité sera soit au-dessus soit en-dessous de la moyenne. Il en résulte que lorsque deux animaux de phénotypes différents sont observés (par exemple des poids vifs différents), il est difficile de déterminer de combien la différence est d'origine génétique et de combien elle est d'origine environnementale. Ceci pourrait être résolu en estimant l'hérédité qui est la moyenne ou la proportion espérée des différences entre individus, due aux différences génétiques.

Il est hors de doute que des programmes de reproduction élaborés avec soin peuvent se révéler très utiles en aquaculture. Les croisements ou les hybridations sont susceptibles de produire des modifications rapides; cependant, lorsqu'ils sont mal conçus, les programmes peuvent conduire au désastre, dans la mesure où ils portent à gaspiller des efforts et à perdre foi en la génétique.

Programmes de reproduction

Une fois qu'une espèce a été choisie aux fins d'élevage, il faut en premier lieu déterminer la race ou souche la plus productive à l'intérieur de l'espèce. On a constaté entre différentes lignées des différences tout à fait appréciables en termes de taux de croissance, qui peut dans certains cas, varier du simple au triple. Le programme de sélection adopté sera fonction du type de variance génétique qui domine. Comme on l'a mentionné précédemment, si les variances génétiques non additives sont relativement nombreuses, l'hybridation peut être appliquée avec succès. Il n'y a aucune difficulté à produire des croisements et cette méthode est donc plus facile à appliquer. Si, par contre, les variances additives sont importantes, la sélection devient le principal instrument et la sélection massale en constitue l'expression la plus simple La sélection familiale a une place de choix en pisciculture et notamment en ce qui concerne les caractères à faibles variance génétique, ainsi que les caractères comme la résistance aux maladies, l'âge de la maturité sexuelle et la survie. Ces caractères, de même que ceux relatifs à la qualité de la viande et à la résistance à l'acidité de l'eau font l'objet de variances génétiques susceptibles d'être détectées. Pour réaliser une sélection familiale intensive, il faut expérimenter chaque année sur un grand nombre de familles, d'où la nécessité de disposer de nombreuses écloseries et unités d'élevage pour suivre les alevins jusqu'à ce qu'ils puissent être marqués; à défaut, on peut adopter des techniques de marquage génétique. Selon toute probabilité, la sélection devra souvent être associée aux croisements. Il convient de signaler que les essais pratiqués dans le cadre d'un programme de sélection devraient être réalisés dans des conditions analogues à celles de l'environnement productif envisagé. On a soulevé le problème de la détérioration des hybrides F1 dans les programmes de sélection des populations sauvages et l'on a suggéré qu'il conviendrait d'accroître chez les lignées domestiquées la facilité de capture afin de permettre l'élimination d'une grosse part des hybrides F1 par la pêche. L'introgression des gènes provenant de populations domestiquées dans les populations sauvages ne constitue sans doute pas un problème; elle permettra peut-être au contraire d'améliorer les populations sauvages du point de vue économique.

Il existe maintenant un certain nombre de nouvelles méthodes en pisciculture; l'emploi de marqueurs génétiques promet d'avoir les applications les plus immédiates. On a décrit pour la plupart des espèces piscicoles comestibles, des marqueurs polymorphes; ils ne sont cependant pas encore communément employés en pisciculture. Ils peuvent être efficaces dans les cas suivants:

  1. maintien de la pureté raciale,
  2. identification des lignées dans les croisements complexes,
  3. aménagement de l'espace des étangs,
  4. surveillance continue des croisements réalisés à l'état sauvage, en polyculture ou dans des étangs non vidangeables, et
  5. étude de l'aspect génétique des polygènes responsables des caractères quantitatifs.

La session a examiné ces différentes utilisations à la lumière des travaux déjà réalisés. Au cours des débats, on a signalé que l'étude d'un grand nombre de marqueurs électrophorétiques polymorphes chez les huîtres n'a révélé aucune corrélation avec des caractéristiques économiques. On en a conclu que les marqueurs ne peuvent être utiles que lorsqu'on pratique des essais sur des échantillons de plusieurs milliers d'individus; en l'état actuel des techniques, cela est impossible. On peut continuer à utiliser des marqueurs dans les programmes de sélection, aux fins de la détermination des lignées.

Conclusions

L'étude des activités récentes en matière d'ichtyogénétique permet de conclure que des progrès considérables ont été réalisés quant à la compréhension du contrôle des caractères économiques des poissons par des moyens génétiques et quant à la formulation de programmes de sélection. Les connaissances acquises ne trouvent malheureusement que peu d'applications dans les programmes d'élevage commercial. On a cité l'exemple de la prévention de la dépression par consanguïnité, ainsi que l'augmentation du taux de croissance et de la facilité de prise des lignées hybrides de carpes. On sait depuis 1960 que l'accouplement de poissons proches parents a des conséquences tout à fait néfastes et depuis lors on a établi à maintes reprises l'existence d'une dépression grave due à la consanguïnité, ainsi que d'une hétérosis également forte chez le poisson. Cependant, à quelques très rares exceptions près, la plupart des pisciculteurs emploient des stocks fortement consanguins, alors qu'il serait très facile d'éviter cela par des croisements continus de stocks sans lien de parenté. De même, la race des carpes chinoise “à gros ventre”, élevées sur plus d'un million d'hectares, a un taux de croissance et d'exploitation extrêmement faible. On a montré qu'il est possible d'obtenir des améliorations atteignant 100 pour cent par croisements avec la carpe miroir européenne domestiquée. On peut affirmer en général, qu'à de très rares exceptions près, les aquaculteurs emploient des organismes sauvages, absolument non domestiqués; on peut rapprocher cette situation de celle d'un aviculteur qui emploierait des oiseaux venus tout droit de la jungle pour peupler un poulailler moderne. Il est par conséquent impérieux d'utiliser d'urgence les connaissances génétiques pour adapter ces organismes.

On a prétendu qu'il est plus aisé de transférer les résultats des travaux de génétique que toute autre forme de technique. Ce type de transfert peut sans dout être réalisé par l'élevage de stocks convenant à des situations particulières, dans des centres disposant des compétences et facilités nécessaires, suivi de la transplantation dans des régions où ils seront élevés aux fins d'expérimentation finale et d'élevage massif. On a évoqué une application extrêmement intéressante: l'amélioration génétique et le maintien de l'hétérosis partielle dans les stations piscicoles traditionnelles, même là où les étangs ne peuvent être vidangés; il suffit de se procurer auprès de stations centrales de reproduction des stocks unisexués, morphologiquement distincts. Les mêmes méthodes peuvent avoir leur utilité pour éliminer les dommages génétiques provoqués sur des organismes sauvages par une surpêche prolongée dans le temps.

L'un des principaux obstacles à l'utilisation des techniques génétiques réside dans l'impossibilité qu'il y a à réaliser actuellement la reproduction de nombreuses espèces élevées en captivité. Il est indispensable de commencer par accélérer les recherches dans ce domaine. La pénurie d'ichtyogénéticiens qualifiés est un autre obstacle. Bien que la théorie de base soit la même, il existe des différences distinctes entre ichtyogénétique et les autres formes de sélection animale. Les variations génétiques sont infiniment plus importantes chez les candidats à l'aquaculture que chez les autres animaux domesticables et l'ichtyogénéticien ne devrait se contenter de copier la méthodologie standard des autres zoogénéticiens.

On a proposé que soit élaboré un manuel d'ichtyogénétique, contenant des programmes de sélection et des méthodes d'ichtyogénétique proposés à l'intention des aquaculteurs. Les gouvernements ont été instamment invités à créer des groupes de recherches génétiques dans les centres particulièrement réputés. On a également envisagé l'utilité d'une réunion internationale consacrée aux aspects génétiques de l'aquaculture.

Compte tenu de la nécessité de préserver à long terme les variations génétiques naturelles des organismes d'élevage, la session a recommandé que l'on s'efforce d'établir des banques de gènes; des méthodes appropriées devront être élaborées à cette fin.

SESSION VII
Principales conclusions et recommandations

Président:Y. Uchimura
Secrétaire:T.V.R. Pillay
Représentant de Groupe:Président du Comité de Rédaction - C.P. Idyll
Document pertinent:Projet de résumé du rapport - FIR:AQ/Conf/76/Rep

Les débats de la session ont pris pour point de départ un projet sommaire de rapport, préparé par le Comité de Rédaction. La Conférence a notamment conclu que le rythme du développement ultérieur sera fonction de l'urgence que les gouvernements et l'industrie, les banques et organismes de financement reconnaîtront à l'aquaculture. L'avancement des travaux réalisés en la matière au cours des dix dernières années étaye pleinement cette conclusion. En conséquence, la session a adopté la Déclaration ci-après, qui sera à la base du choix des grandes orientations en matière de développement aquicole.

Déclaration de Kyoto sur l'aquaculture

La Conférence technique de la FAO sur l'aquaculture, réunie à Kyoto (Japon) le 2 juin 1976 après une semaine de débats sur la situation actuelle, les problèmes, les possibilités et le potentiel d'élevage des poissons, crustacés, mollusques et plantes marines, déclare ce qui suit:

  1. Que l'aquaculture a progressé de façon encourageante au cours de la derniere décennie, produisant des quantités significatives de nourriture, de revenus et d'emplois; que des estimations réalistes placent les futures récoltes de nourriture à deux fois le niveau présent dans dix ans, et à dix fois le niveau présent dans 30 ans si le support adéquat est fourni.

  2. Que l'aquaculture, planifiée avec imagination et intelligemment appliquée, procure le moyen de revitaliser la vie rurale et de procurer des produits de grande valeur nutritionnelle et que cette aquaculture, dans ses formes variées, peut être pratiquée dans la plupart des pays, côtiers et continentaux, développés et en voie de développement.

  3. Que l'aquaculture apporte une contribution potentielle unique au renforcement et à l'entretien des stocks aquatiques naturels et par là à l'amélioration des pêches de capture à la fois commerciales et récréationnelles.

  4. Que l'aquaculture constitue un moyen efficace pour recycler et réévaluer des produits alimentaires de faible qualité et des déchets en aliments riches en protéines de haute valeur et bien acceptés.

  5. Que l'aquaculture peut, dans beaucoup de circonstances, être combinée à l'agriculture et l'élevage avec avantages réciproques et contribuer d'une manière importante au développement rural intégré.

  6. Que l'aquaculture procure un défi intellectuel aux professionnels qualifiés de nombreuses disciplines et une activité rémunératrice aux fermiers et autres travailleurs, à de nombreux niveaux de compétence et d'éducation.

  7. Que l'aquaculture procure maintenant, et continuera à procurer, des options pour le sain investissement d'argent, de matériaux, de travail et de compétences.

  8. Que l'aquaculture mérite le support le plus complet possible et l'attention des autorités nationales en vue d'intégrer en une ressource de grande portée et renouvelable, les politiques d'utilisation de l'énergie de l'eau et des terres ainsi que les programmes, et pour assurer que les ressources naturelles sur laquelle elle est basée soient mises en valeur et non détériorées.

  9. Que l'aquaculture pourrait bénéficier grandement du support et de l'assistance des organismes internationaux, qui devraient inclure le transfert de technologie activement planifiée et exécutée, la recherche étant exécutée dans des centres représentant les diverses régions concernées.

Recommandations

Les différentes sessions et groupes de travail officieux de la Conférence sont arrivés à diverses conclusions concernant des aspects spécifiques, tout en indiquant des lignes d'action futures. Bien qu'acceptant celles-ci et approuvant les rapports résumés des sessions, la Conférence a adopté les principales recommandations suivantes en application de la politique implicite de la Déclaration ci-dessus et en vue de leur mise en oeuvre par les gouvernements et les organisations concernées.

1. Projets pilotes

La Conférence,

Ayant passé en revue les progrès des recherches en aquaculture menées dans différents pays, durant la dernière décennie,

Notant que des informations de base considérables sur des espèces et des systèmes d'élevage sont disponibles et que la mise en application de telles informations, en production commerciale, est entravée par manque de projets pilotes,

Considérant aussi que de tels projets pilotes sont essentiels à l'amélioration ou au perfectionnement des technologies en cours de développement,

Recommande que les gouvernements et les organismes de financement supportent l'etablissement de projets pilotes ou de projets modèles en vue de tester la viabilité technique et économique des techniques, pour l'application commerciale.

2. Expansion de la production en aquaculture

La Conférence,

Tenant compte de l'état actuel de l'aquaculture et de la contribution qu'elle apporte déjà à la production mondiale, en particulier dans les pays en voie de développement,

Notant qu'il existe un nombre de systèmes culturaux éprouvés qui peuvent être utilisés pour l'expansion de la production par transfert horizontal ou vertical de la technologie,

Exhorte les gouvernements à donner une priorité élevée au développement de l'aquaculture dans la planification nationale, et les gouvernements et les organismes du secteur privé à promouvoir des programmes de production aquicole en vue de quintupler au moins la production des fermes aquicoles au cours des trois prochaines décennies,

Reconnaissant en outre que le manque de financement adéquat continue à être une contrainte majeure pour l'expansion de l'aquaculture, et que l'aquaculture peut être un moyen très important d'améliorer la qualité de vie des populations rurales dans les pays en voie de développement,

Recommande que le Groupe de la Banque Mondiale, des Banques Régionales, des Banques Nationales de Développement, le Groupe des Banquiers FAO, le Fond International pour le Développement de l'Agriculture et d'autres organismes de financement reconnaissent l'aquaculture comme un secteur prioritaire d'investissement et fournissent un support financier adéquat pour l'aquaculture dans les pays en voie de développement, tenant pleinement compte des valeurs sociales de l'aquaculture rurale.

3. Inclusion de l'aquaculture dans des projets de développement rural intégré

La Conférence,

Notant le rôle que l'aquaculture, en particulier la pisciculture, a joué dans le passé dans les économies rurales de beaucoup de pays,

Reconnaissant que des programmes d'aquaculture bien planifiés et organisés pourraient former une partie importante du développement rural moderne et intégré,

Recommande que les gouvernements donnent une attention appropriée à l'aquaculture au cours de la formulation et de l'exécution des plans de développement rural intégré.

Elle recommande en outre que les organismes bailleurs de fonds et de financement encouragent et accordent le support nécessaire à l'inclusion de l'aquaculture dans les projets de développement rural qu'ils subventionnent.

4. Production et distribution des inputs aquicoles

La Conférence,

Notant que la production d'inputs aquicoles, en particulier de “semences” d'aliments et d'engrais est d'une importance critique pour le développement de l'aquaculture,

Reconnaissant que, pour une expansion soutenue de l'industrie sur une base économiquement et scientifiquement valable, il est nécessaire de produire localement ces inputs principaux,

Exhorte les gouvernements à organiser sur une base hautement prioritaire la production de “semences”, d'aliments et d'engrais afin de satisfaire les besoins de l'industrie.

Reconnaissant en outre que dans beaucoup de pays en voie de développement il est difficile d'obtenir le matériel pituitaire nécessaire pour la reproduction de certaines espèces de poissons cultivés,

Recommande que la FAO ou un organisme similaire établisse une banque pituitaire facilitant l'obtention de quantités adéquates pour les programmes expérimentaux et de production de “semences” dans les pays en voie de développement,

Considérant le besoin d'informations détaillées sur la nature, la composition et la valeur nutritive des aliments disponibles pour la formulation et la fabrication d'aliments dans les pays en voie de développement,

Elle recommande en outre que de telles données soient placées sur ordinateur avec l'assistance des Banques de Données sur les Ingrédients d'Aliments existantes, au bénéfice de tous les pays.

5. Recherches aquicoles

La Conférence,

Notant qu'il est prévu que la future expansion de la production aquicole se fera par le transfert de technologies existantes, l'amélioration de la technologie existante et le développement de nouvelles technologies,

Reconnaissant que tous ces moyens d'augmentation de la production nécessitent de la recherche multidisciplinaire orientée vers les divers systèmes et d'un niveau approprié,

Reconnaissant en outre que les efforts de recherche en cours actuellement dans beaucoup de pays pourraient être plus productives par une coordination et une intégration appropriées,

Recommande que soit établie une recherche coordonnée multidisciplinaire concernant les systèmes sélectionnées pour des programmes de production majeure.

Elle recommande en outre que les réseaux régionaux, proposés par le Sous-Comité du Comité Consultatif Technique (CCT) du Groupe Consultatif de la Recherche Agricole Internationale et les Séminaires Régionaux FAO-PNUD sur la planification de l'aquaculture en Afrique, en Asie et en Amérique Latine (1975) soient établis.

Elle demande que les organismes donateurs, intéressés et impliqués dans le soutien de l'aquaculture, donnent le niveau requis d'assistance pour la recherche aquicole multidisciplinaire par des programmes coordonnés.

6. Création de services de vulgarisation

La Conférence,

Notant que le manque de services de vulgarisation convenables est un des handicaps majeurs aux programmes de production aquicole, spécialement dans les pays en voie de développement,

Considérant que la réussite de l'aquaculture, en tant que composante d'un développement rural intégré, dépendra dans une large mesure de l'apport d'une assistance prompte et appropriée de services de vulgarisation,

Exhorte les gouvernements à donner haute priorité à la création de services de vulgarisation convenablement étoffés avec le support indispensable technique et de laboratoire pour satisfaire les besoins des producteurs,

Recommande que les gouvernements créent des centres adéquats de formation de vulgarisateurs à l'échelon national ou régional, en vue de satisfaire les besoins en personnel de vulgarisation.

7. Formation du personnel d'encadrement pour le développement de l'aquaculture

La Conférence,

Ayant reconnu que la rareté d'aquaculteurs ou de praticiens aquicoles adéquatement formés constitue un problème majeur pour le développement de l'aquaculture dans beaucoup de pays du monde,

Notant que le besoin en personnel formé est particulièrement urgent et important dans les pays en voie de développement s'efforçant d'augmenter la production de nourriture et l'emploi,

Considérant que les deux types de personnel d'encadrement qui nécessitent une formation en institution sont les aquaculteurs practiciens et les vulgarisateurs, et qu'il est préférable (et dans la plupart des cas essentiel) de fournir des installations pour la formation dans le pays ou la région où il est prévu que le personnel travaillera après la période de formation,

Sachant que le nombre d'aquaculteurs requis dans un pays sur une base continue peut ne pas justifier l'établissement de programmes nationaux permanente pour la formation d'un tel personnel,

Recommande que le réseau de centres aquicoles proposé soit utilisé à des fins de formation, au moins initialement, profitant de l'expertise et du personnel disponibles dans de tels centres. Elle appuie aussi la proposition que les centres régionaux devraient être utilisés pour la formation d'aquaculteurs tandis que les centres nationaux du réseau le seraient pour la formation de vulgarisateurs.

8. Législation aquicole

La Conférence,

Reconnaissant que l'absence d'une base légale pour l'établissement et/ou l'expansion de l'aquaculture est une contrainte majeure au développement de l'aquaculture dans beaucoup de pays,

Exhorte les gouvernements à établir une législation aquicole adéquate facilitant l'établissement d'industries d'aquaculture et permettant la détermination de zones appropriées d'eaux côtières et continentales pour l'aquaculture.

Elle recommande en outre que les gouvernements rendent disponibles des stimulants financiers et autres, accordés généralement aux industries naissantes, y compris les dispositions couvrant les risques.

9. Groupe consultatif sur l'aquaculture

La Conférence,

Réalisant le besoin d'une assistance internationale et bilatérale accrue pour la recherche et le développement en aquaculture,

Considérant que les meilleures expertises et expériences internationales existantes devraient être utilisées pour la formulation et la mise en oeuvre de projets de recherche et de développement, ainsi que pour la coordination d'activités à l'échelle mondiale, incluant celles particulièrement mises en relief dans les discussions de groupe de la Conférence,

Recommande que la FAO établisse, en collaboration avec d'autres organismes intéressés, un Groupe Consultatif sur l'Aquaculture afin de faciliter la mise en oeuvre des recommandations de cette Conférence et afin de donner des conseils d'une manière continue sur les activités aquicoles futures.


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