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7. TRANSPORT DES PRODUITS DE LA PROPAGATION ARTIFICIELLE DES POISSONS

7.1 Transport des oeufs

Les oeufs ne peuvent pas tous subir un transport trop long. Les oeufs mous, dotés d'un large espace périvitellin, supportent bien une heure à une heure et demi de voyage au moment où ils gonflent et où leur consommation d'oxygène est très basse. Les oeufs à membrane épaisse et à espace périvitellin étroit, de même que les oeufs à membrane double, peuvent être transportés sans risque plus longtemps (fut-ce toute une journée) et sur de plus grandes distances, en les emballant dans des couches de coton ou de mousse humidifiées. Les stades morula et blastula sont les moins propices aux déplacements. On peut également transporter les oeufs en petit nombre dans des sacs de plastique conditionnés à l'oxygène sous pression.

7.2 Transport des larves et du jeune frai

Ce genre de transport s'effectue habituellement entre l'écloserie et une exploitation piscicole qui dispose de moyens d'élevage. Les larves et le jeune frai qui commence à se nourrir se transportent en sacs de plastique conditionnés à l'oxygène sous pression, à raison de 5 000 à 8 000 larves ou juvéniles par sac de 5 à 7 litres d'eau et 15 à 20 litres d'oxygène sous pression. Il convient d'empêcher l'eau d'éclabousser à l'intérieur du sac, ce qui pourrait être fatal pour le frai vésiculé, tandis que les juvéniles et les alevins n'en sont guère affectés.

La Fig. 68 montre comment confectionner des sacs de plastique, les Fig. 69 et 70 illustrent le conditionnement des alevins dans l'oxygène sous pression, ainsi que les différents modes de transport.

Des millions de juvéniles qui commencent à se nourrir peuvent aussi voyager en conteneurs de 1 à 2 m3, fermés d'un couvercle et alimentés en oxygène (Fig. 67). Ces conteneurs sont remplis à moitié d'eau pure, à la même température que celle où les juvéniles ont été élevés. Après en avoir calculé le nombre adéquat, on introduit alors les juvéniles avec le plus grand soin dans le conteneur, que l'on finit ensuite de remplir complètement et dont on referme le couvercle. Une garniture de mousse de caoutchouc est fixée sur le pourtour de la fenêtre du couvercle, qui en assure l'étanchéité. Le dessus du couvercle est percé d'un trou par où l'on fait passer à force un tuyau de plastique de 10 ou 15 cm de long et de 1 à 2 cm de diamètre, qui sert à évacuer l'excès d'oxygène comprimé.

On peut transporter jusqu'à 100 000 juvéniles commençant à se nourrir dans 100 litres d'eau: autrement dit, un récipient de 2 m3 peut en contenir 2 millions. Sous les tropiques, il est recommandé de recouvrir le récipient d'une couverture humide ou d'un tapis d'herbes également humides, ou mieux d'utiliser un conteneur isothermique pour empêcher l'eau de s'échauffer.

7.3 Tranport des alevins

Les alevins de trois ou quatre semaines peuvent voyager en sacs de plastique, à raison de 500 à 2 000 par sac - ce nombre dépendant de la taille des alevins et de la durée du transport.

Avec les conteneurs mentionnés précédemment, 10 000 alevins environ peuvent voyager dans un récipient de 100 litres (Fig. 71a). Les alevins sont “emballés” comme les juvéniles, dans un récipient plein d'eau que l'on alimente en permanence en oxygène. Le fond peut être muni d'un tuyau de vidange, comme le montre la Fig. 71 b.

Le même système de transport n'est pas applicable indifféremment à toutes les espèces. Aussi est-il recommandé de faire plusieurs essais avant de déterminer le nombre optimal d'alevins à livrer, en fonction de la durée du transport, de la température et de l'espèce.

7.4 Transport des reproducteurs

Ce transport est délicat. Il faut auparavant tranquilliser les poissons, pour éviter qu'ils ne se jettent contre les parois du récipient et ne se blessent. La méthode la moins coûteuse à cet effet consiste à se servir d'eau froide (à 5 ou 10°C), comme milieu pendant leur transport. Malheureusement, ce n'est pas possible pour tous les poissons et, en ce qui concerne les régions tropicales ou semi-tropicales, la méthode reste discutable.

Si l'eau froide est impraticable, on utilisera des tranquillisants. La plupart des poissons ne les supportent pas plus d'une heure à forte concentration, mais ils peuvent être maintenus plus longtemps en solution diluée. Voici comment on procède:

le géniteur est d'abord plongé dans une solution concentrée de MS 222 au 1/20 000 (c'est-à-dire 5 g du produit dans 100 l d'eau), qui, très rapidement, l'endort. Au bout de 15 à 20 minutes, quand le poisson est tout à fait paisible, la solution est diluée. La quantité d'eau ajoutée est fonction de la résistance du poisson: au 1/40 000 (soit 2 fois) pour les espèces résistantes comme la carpe commune ou la grosse tête; au 1/50 000 (2 fois ½) pour les espèces moyennement sensibles comme la carpe herbivore; et au 1/100 000 (5 fois) pour les très sensibles comme la carpe argentée (Fig. 72a).

Pour les longs voyages, le bac doit être oxygéné et la température de l'eau ne doit pas dépasser 28°C, la moyenne optimale sous les tropiques étant comprise entre 20 et 24°C.

Un sac de plastique alimenté en oxygène sous pression convient pour le transport de un ou deux reproducteurs de petite taille en condition tranquillisée. Toutefois, lorsqu'il s'agit d'espèces épineuses, il faut prendre la précaution de couper les épines qui risqueraient de percer le sac de plastique.

Les dispositifs simples comme les hamacs ou les cabas sont commodes pour transporter les reproducteurs sur de courtes distances (Fig. 72b).


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