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Nouvelle publication FAO/IPGRI/DFSC: “La conservation et la gestion des ressources génétiques forestières: dans les forêts naturelles aménagées et les aires protégées (in situ)”[44] (Alvin Yanchuk[45])

Récemment, la FAO, l’Institut international des ressources phytogénétiques (IPGRI) et le Centre DANIDA de semences forestières (DFSC) ont préparé ensemble une série de guides sur la conservation des ressources génétiques forestières. Cette série de trois guides tente a) de donner une vue complète des principes et approches de la gestion de la conservation des ressources génétiques forestières, en se concentrant sur la conservation in et ex situ, et b) d’examiner et de donner des exemples de conservation des ressources génétiques aux niveaux national, régional et international, fournis par des institutions partenaires du monde entier. Nous espérons que ces guides, qui sont fondés sur une combinaison de connaissances et d’expériences théoriques et pratiques, nous aideront à mieux comprendre les options disponibles pour la gestion des ressources génétiques forestières et à mener à bien la mise en oeuvre des activités de conservation au niveau opérationnel et à celui des politiques.

Le deuxième volume de ces guides, dans une série de trois, traite de la conservation in situ des ressources génétiques forestières (arbres et arbustes). Au moment de la rédaction de cet article (juillet 2001), la version anglaise de ce volume était sous presse et sera publiée avant la fin de l’année.

Résumé du Guide de conservation in situ

Ces dernières années, un certain nombre d’activités ont été lancées partout dans le monde, faisant progresser la gestion des ressources génétiques forestières en termes de conservation et d’utilisation durable. Toutefois, les expériences pratiques ne sont pas encore bien documentées. On a jugé important que les expériences et les observations tirées de ces activités soient diffusées sur une plus grande échelle sous la forme de directives pratiques. On trouvera ci-après un bref résumé du guide de conservation in situ., comprenant les quatre grands thèmes traités dans le guide.

1. CONSERVATION DES RESSOURCES GÉNÉTIQUES DANS LEUR MILIEU NATUREL

Le premier chapitre du guide de conservation in situ est axé sur la présentation des deux principales méthodes de conservation des ressources génétiques dans leur milieu naturel, à savoir: dans les forêts naturelles aménagées de production et dans les aires protégées.

La majorité des espèces d’arbres ne sera pas conservée ex situ, par exemple dans des plantations, des banques de gènes, etc. en raison des limites considérables sur le plan biologique, technique et des ressources. Cela montre combien il est important d’élaborer des méthodes de conservation in situ rationnelles et applicables. D’autre part, il est clair que la conservation des ressources génétiques ne pourra s’appuyer uniquement sur la conservation des forêts naturelles de production ou des aires forestières protégées. Il s’agit essentiellement dans tous les programmes de conservation de trouver le juste équilibre entre des stratégies de conservation in situ et ex situ, en incluant les deux méthodes de conservation in situ mentionnées plus haut. La conservation in situ constitue en général une option moins coûteuse et a des chances d’être plus facilement applicable sur le long terme. L’on sait bien par ailleurs que la conservation in situ présente en général au moins l’avantage théorique de conserver le potentiel pour que les processus évolutifs se maintiennent et continuent au sein d’un écosystème défini, au lieu de centrer les actions sur une seule espèce dans son état actuel. Les combinaisons spécifiques des activités et méthodes de conservation in situ et ex situ dépendront naturellement aussi de nombreux facteurs biologiques (par exemple, répartition des espèces, variation et modes de variation, biologie de la reproduction et écologie) ainsi que des utilisations des forêts actuelles et prévues pour l’avenir. Les études de cas présentées démontrent clairement que la conservation à long terme des ressources génétiques in situ est complexe et que le succès dépend de conditions sociales, économiques et politiques appropriées, de la disponibilité d’informations biologiques pertinentes, de ressources suffisantes, d’un engagement au niveau politique et du personnel et du concours des communautés locales qui devraient profiter concrètement de la participation.

Les trois volumes des guides de conservation ont été écrits comme documents autonomes, mais considérés ensemble, ils donnent une vue plus générale du thème. C’est ainsi que des exemples donnés dans le volume 2 sur la conservation in situ, en complétent d’autres figurant dans les Volumes 1 (Synthèse) et 3 (Conservation ex situ).

Les principaux facteurs qui favorisent l’insertion d’un peuplement ou d’une aire particuliers dans un réseau de conservation in situ des ressources génétiques ou d’un système de réserve comprennent: 1) une abondance de l’espèce visée pour la conservation; 2) la sécurité de tenure; 3) des organismes de gestion disposant de suffisamment de ressources; 4) l’appui de la population locale, des propriétaires et des utilisateurs de l’aire; 5) la présence d’une zone tampon boisée, et 5) des possibilités de conserver d’autres espèces prioritaires. Il importe également de spécifier des objectifs et des activités de programme, des calendriers et des budgets pour la surveillance et la gestion des populations visées, d’identifier les risques et dangers potentiels (par exemple, venant des feux de friches) et d’élaborer des plans d’urgence pour faire face à ces menaces, y compris des mesures de conservation ex situ complémentaires le cas échéant.

Les chapitres 2 et 3 du volume sur la conservation in situ se penchent sur des questions générales concernant la gestion et sur des options pour la conservation dans les forêts de production et les aires protégées.

2. SÉLECTION ET GESTION DES AIRES DE CONSERVATION IN SITU POUR LES ESPÈCES CIBLES

Ce chapitre du guide de conservation in situ présente les principales étapes de la préparation d’un programme visant à conserver les ressources génétiques forestières à la fois dans les forêts aménagées et dans les aires protégées. Les étapes proposées sont les suivantes:

1. Fixer des priorités parmi les espèces,

2. Déterminer ou déduire la structure génétique des espèces cibles,

3. Evaluer l’état de conservation des espèces cibles et de leurs populations,

4. Définir les besoins ou les priorités particuliers en matière de conservation au niveau du peuplement,

5. Identifier les populations spécifiques à inclure dans le réseau des peuplements conservatoires,

6. Choisir les stratégies de conservation et déterminer les mesures de conservation,

7. Organiser et préparer des activités spécifiques, élaborer des directives en matière de gestion

Ce chapitre décrit également les critères importants pour choisir les aires de conservation sur la base du nombre, de la dimension, de la composition et de l’état de protection. Ces critères sont résumés ci-après:

Combien d’aires de conservation sont nécessaires? Dans de nombreux cas, un nombre relativement limité de populations suffira pour la conservation des ressources génétiques de chaque espèce, bien qu’un nombre plus important d’aires et de populations fournisse sans aucun doute un degré de sécurité plus élevé sur le long terme. En Thaïlande, par exemple, au total 15 peuplements conservatoires répartis dans six zones génécologiques ont été considérés souhaitables pour le teck (Tectona grandis) (Graudal et al. 1999).

Quelle devrait être la superficie de chaque aire de conservation? La diversité génétique pouvant être continuellement érodée dans les petites populations, les peuplements conservatoires doivent avoir une superficie minimale pour conserver un nombre suffisant de génotypes. Toutefois, du fait que les espèces peuvent varier considérablement en ce qui concerne le nombre d’individus par hectare, il faut examiner la dimension de chaque aire de conservation en particulier.

Comment sélectionner des populations individuelles dans chaque zone génécologique? La mise en place et la démarcation des aires de conservation in situ ne peuvent être examinées de façon réaliste que si les propriétaires ou les autorités chargés de leur gestion sont responsables et engagés, s’il y a un nombre suffisant d’individus des espèces visées pour la conservation, si le niveau des risques/menaces est considéré bas et si les populations sélectionnées comblent les lacunes importantes dans le réseau existant ou prévu des aires de conservation.

Enfin, chaque peuplement devra avoir son propre plan de gestion, qui fera partie du plan général pour gérer et conserver les ressources génétiques des espèces. Il sera préférable d’élaborer ces plans de gestion des peuplements en recourant à des processus consultatifs auxquels participeront toutes les parties intéressées, notamment les propriétaires, les gestionnaires et les utilisateurs de l’aire en question, y compris les voisins, et de préférence un forestier généticien qui contribuera à la planification générale et à l’exécution du programme.

3. GESTION DES FORÊTS NATURELLES POUR LA CONSERVATION DES RESSOURCES GÉNÉTIQUES FORESTIÈRES

Dans ce chapitre du volume sur la conservation in situ, les méthodes de gestion durable des forêts sont examinées en rapport avec la conservation des ressources génétiques forestières, incluant un examen de la manière dont des objectifs multiples pourraient être atteints grâce à une amélioration des programmes de gestion des forêts. Les questions abordées dans ce chapitre peuvent se résumer comme suit:

1. Qu’entend-on par gestion durable des forêts et comment est-elle liée à la conservation des ressources génétiques forestières? Les méthodes adoptées doivent tenir compte des conditions physiques ainsi que du contexte socio-économique et institutionnel dans lequel elles seront mises en oeuvre. Celles-ci pourraient différer considérablement tant au sein des pays qu’entre les pays (FAO, 1998). Un objectif clé de la conservation des ressources génétiques dans le cadre de la gestion durable des forêts sera de conserver les dimensions viables des populations des principales espèces de bois d’oeuvre commerciales, ainsi que des espèces qui fournissent du bois et des produits forestiers non ligneux (PFNL) pour les communautés locales.

2. Quelles pratiques sylvicoles des ressources génétiques des arbres sont appropriées dans les différents types de forêt? Il y a de nombreux critères de gestion à examiner tant pour les espèces tropicales que pour les espèces boréales. Des questions telles que le potentiel de régénération naturelle, les exigences sylvicoles, la dépendance vis-à-vis des animaux ou des insectes pour la pollinisation et la diffusion, et de nombreux facteurs sociaux et économiques, doivent être examinés et intégrés dans le plan général.

3. La création de capacités peut-elle contribuer efficacement à la conservation des ressources génétiques forestières dans les forêts aménagées de production? Les ministères des forêts, les communautés et tous ceux qui participent à la mise en oeuvre de cadres politique et juridique dynamisants (par exemple, les codes d’usages pour l’exploitation forestière et la récolte, les prescriptions sylvicoles et des directives pour l’exploitation forestière à impact réduit) doivent travailler et élaborer ensemble des plans et des stratégies.

4. Comment les aspects relatifs aux ressources génétiques pourraient-ils être mieux pris en compte dans la gestion des forêts? Par exemple, quels sont les besoins en matière d’information (informations sur les inventaires, y compris la condition, la composition par âge et dimension du peuplement, etc.) et comment l’exploitation forestière ou la récolte et la conservation des ressources génétiques peuvent-elles être rendues plus compatibles? Cela peut et devrait inclure l’examen de paramètres tels que l’intensité, la fréquence et le calendrier des opérations d’exploitation ou la récolte, le choix des espèces et des arbres individuels à couper, maintenir ou récolter pour les produits forestiers non ligneux, le système de régénération après l’exploitation forestière, la protection et la gestion de la régénération.

5. Comment les opérations sylvicoles peuvent-elles augmenter les valeurs du bois commercial (ou des PFNL) d’une forêt et contribuer à la conservation de ses ressources génétiques? Les techniques examinées dans le guide de conservation in situ, peuvent être, par exemple, l’identification des arbres de la récolte finale, la réduction de la concurrence pour une meilleure régénération, la lutte contre les feux et la gestion des feux.

6. Comment peut-on surveiller et évaluer l’impact de la gestion forestière sur les ressources génétiques d’une manière relativement simple? Il faut entreprendre une surveillance minutieuse des opérations forestières pour faire en sorte que les pratiques de gestion prescrites soient suivies et atteignent les objectifs souhaités. Les questions à aborder comprennent notamment: Quelle est la composition par espèce et la structure par classe d’âge, au fil du temps? La variation génétique au sein des espèces d’arbres et entre ces espèces est-elle maintenue aux niveaux préétablis?

7. La gestion des produits forestiers non ligneux (PFNL) est-elle importante? Les PFNL comprennent une vaste gamme de produits et autres biens de première nécessité. La récolte des produits forestiers non ligneux (par exemple, plantes ou parties de plantes à des fins alimentaires et médicales, champignons, fibres, teintures, gommes, résines et caoutchouc, bambous et rotin, fourrage) peut apporter une valeur ajoutée à la gestion durable des forêts et soutenir la conservation des ressources génétiques des arbres forestiers en procurant des avantages directs et indirects aux populations vivant dans la forêt ou à proximité (FAO 1993).

La restauration et la remise en état des forêts sont également examinées dans le guide de conservation in situ, où l’on note que les efforts se sont multipliés pour remettre en état des aires de plus en plus vastes de terres dégradées dans différentes régions du monde.

4. LES AIRES PROTÉGÉES ET LEUR RÔLE DANS LA CONSERVATION DES RESSOURCES GÉNÉTIQUES FORESTIÈRES

Les aires protégées sont une composante importante de la conservation in situ de la diversité biologique et des ressources génétiques. Le contenu du Chapitre 4 du guide de conservation in situ démontre que le succès de la conservation des ressources génétiques dans les aires protégées dépend des facteurs suivants:

1. La répartition spatiale des aires protégées dans l’aire naturelle de l’espèce visée pour la conservation est représentative et appropriée pour les activités de conservation;

2. La surface des aires protégées est adéquate et a été bien conçue en ce qui concerne la forme, l’infrastructure, le zonage, les caractéristiques des limites, les effets de bordure et les zones tampons;

3. Des niveaux adéquats de protection existent et les règles et directives concernant la gestion seront probablement respectées par les populations locales.

Les aires protégées existantes, dans de nombreux pays, pourraient ne pas protéger suffisamment les ressources génétiques forestières, parce qu’elles ne représentent pas un échantillon adéquat des espèces cibles ou des populations nécessaires au sein de l’espèce. Les systèmes de gestion des aires protégées existantes sont aussi fréquemment conçus pour la conservation des écosystèmes, avec moins d’attention pour les autres niveaux de variation, comme il est démontré dans bon nombre des exemples figurant dans le guide. Toutefois, la gestion de nombreuses aires protégées peut être rendue compatible avec la conservation in situ des ressources génétiques forestières. On énumère ci-dessous quelques-unes des mesures à prendre à cette fin et que le Chapitre 4 du guide de conservation in situ examine plus en détail:
1. Harmoniser la gestion des aires protégées et les besoins humains. Il est de plus en plus souvent demandé aux gestionnaires des aires protégées d’étudier des moyens qui permettraient aux communautés locales de continuer à utiliser les ressources présentes dans ces aires, sans nuire à leur conservation.

2. Elargir la gamme des catégories des aires protégées. Pour ce faire, on ne se contentera plus de la traditionnelle protection stricte (par exemple, des parcs nationaux), mais on incluera dans le réseau des aires protégées les aires où les populations vivent et utilisent les ressources naturelles de manière durable.

3. Augmenter le nombre des partenaires participant à l’établissement et à la gestion des aires protégées, de façon à ce que le rôle des gouvernements nationaux soit complété par la participation des gouvernements régionaux et locaux, des populations autochtones, des groupes communautaires, des ONG et du secteur privé.

4. Donner plus d’importance à la conservation des ressources génétiques forestières dans la planification, l’établissement et l’aménagement des nouvelles aires protégées.

5. Améliorer les liens et la coordination entre les divers ministères prenant part aux décisions liées à la conservation et à la gestion des aires protégées et des ressources génétiques forestières.

6. Entreprendre des inventaires des espèces d’arbres forestiers dans les aires protégées. Des inventaires complets doivent être entrepris des espèces d’arbres forestiers présentes dans chaque aire protégée et de leur état au fil du temps.

7. Instituer des mesures de conservation efficaces. Elaborer et appliquer des mesures juridiques et autres de protection et de gestion pour que l’utilisation des ressources génétiques forestières dans les aires protégées soit entreprise d’une manière légale, gérée et contrôlée.

8. Gérer efficacement les ressources génétiques forestières. Là où cela est souhaitable ou nécessaire de faire en sorte que les ressources génétiques forestières prioritaires ne soient pas perdues ou dégradées, mettre en place des systèmes de gestion appropriés tant dans les aires protégées que dans les zones tampons.

9. Restaurer les terres dégradées dans les aires protégées et les zones tampons. Il faudra, dans le cadre du programme de gestion active d’une aire protégée, maintenir l’intégrité des populations si elles sont endommagées ou dégradées.

10. Elaborer et mettre en oeuvre un plan de conservation bio-régional complet qui comprend l’établissement de couloirs forestiers pour relier les aires protégées aux autres parties boisées du paysage, où cela est dans l’intérêt de l’espèce visée pour la conservation. Cela peut être souhaitable dans le cas de petites aires protégées qui risquent de perdre leur intégrité biologique lorsqu’elles se présentent comme des “îles” de végétation naturelle.

11. Etablir des aires protégées supplémentaires dans des catégories gérées. Une fois encore, cela laisse à penser que nous devrions passer des aires strictement protégées à des aires protégées à objectifs multiples plus vastes, telles que des réserves d’espèces gérées et d’autres aires contenant des ressources gérées.

12. Faire en sorte que les ressources génétiques forestières dans les aires protégées restent disponibles pour une investigation scientifique et pour la collecte gérée de matériel de reproduction.

13. Identifier les priorités nationales et internationales en matière de conservation. Conduire des examens nationaux des réseaux d’aires protégées; proposer des actions immédiates et à long terme afin de renforcer le réseau d’aires protégées. Entreprendre des évaluations internationales des besoins actuels et futurs des aires protégées, fournir des incitations pour établir des aires protégées privées, et encourager la coopération internationale en matière de gestion des aires protégées.

14. Assurer la durabilité des aires protégées. Il faudrait pour cela:

EXPÉRIENCES ET PERSPECTIVES D’AVENIR

Le chapitre 5 résume plusieurs des concepts importants dont il est question dans les chapitres précédents. Premièrement, on réexamine la valeur d’une approche systématique de la conservation des ressources génétiques, du fait qu’il y a de nombreux enjeux organisationnels et techniques qui doivent être pris en compte et développés d’une manière coordonnée. Ce n’est que très rarement que la conservation des ressources génétiques des arbres et des arbustes devrait ou peut être confiée à une seule organisation ou à un seul ministère.

Deuxièmement, on résume le rôle important de la gestion durable des forêts pour fournir un cadre pour les activités de conservation, en tenant compte des menaces biotiques et abiotiques pesant sur les forêts au cours des nombreuses décennies durant la vie de la plupart des espèces d’arbres. Parmi les aspects importants, il faut citer un éventuel changement climatique rapide et le réchauffement de la planète. Les forêts aménagées peuvent et devraient également aider à conserver des ressources génétiques qui ne sont pas toujours représentées dans le réseau des aires protégées. On souligne qu’aucune de celles-ci ne peut assurer à elle seule la conservation de toutes les ressources génétiques forestières, car il y a des espèces et des populations qui exigent une attention spéciale et immédiate. Seront aussi incluses de nombreuses espèces n’ayant aucune ou que très peu de valeur utilitaire dont le gestionnaire des forêts ne pourra s’occuper dans le patrimoine des forêts de production.

Troisièmement, bien que les connaissances sur la biologie des espèces, par exemple l’écologie, la biologie de la reproduction et la génétique des populations, restent inconnues ou mal comprises pour la majorité des espèces d’arbres, il est impossible d’attendre que ces connaissances deviennent disponibles pour prendre des mesures de conservation. Toutefois, il y a un besoin précis de mieux comprendre les espèces et leur écologie, car les données biologiques essentielles peuvent nous aider à élaborer de meilleurs plans de conservation. Cela aidera également à comprendre comment mieux utiliser les espèces d’une manière plus durable.

Quatrièmement, l’utilisation et la conservation intégrées réussies dans presque tous les cas nécessiteront que la population locale s’intéresse aux forêts visées par des mesures de protection et de conservation. Il faudrait examiner leurs droits et leurs besoins ainsi que l’utilisation historique des ressources. Planifier la conservation signifie donc bien comprendre “Qui sont les utilisateurs de l’aire”, et “Dans quels buts les utilisateurs actuels en ont-ils besoin?” La conservation sans la participation de la population locale ne représente pas le plus souvent une option viable sur le long terme.

Enfin, alors que le volume 2 des guides de conservation est axé principalement sur la conservation des ressources génétiques dans leurs habitats naturels, il faut rappeler que la conservation in situ est généralement une composante d’un plan de conservation plus vaste. Dans certains cas, conserver les arbres forestiers in situ peut être la seule méthode applicable tant sur le plan social que sur le plan économique. Dans de nombreux autres cas, la conservation in situ dans des aires protégées et des réserves forestières aménagées peut être avantageusement associée à la conservation ex situ, dans des plantations consacrées à la recherche et des expériences de terrain, ou dans le cadre de programmes de sélection, par exemple dans des banques de clones. Des options techniques concernant des programmes de conservation ex situ sont décrites en détail dans le Volume 3 des guides de conservation.

Autres initiatives et publications ayant trait à la conservation in situ

Le Volume 2 de cette série de guides de conservation reflète l’intérêt de plus en plus grand porté partout dans le monde à la gestion des ressources génétiques forestières. Comme il est mentionné dans le présent numéro de Ressources génétiques forestières, des institutions comme le Centre DANIDA de semences forestières (DFSC) et l’Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT) ont publié récemment des informations sur ce thème et d’autres s’y rattachant.

En outre, le Centre pour la recherche forestière internationale (CIFOR) a organisé un atelier pour le Programme sur les ressources génétiques à l’échelle du système, à Bogor (Indonésie) du 27 au 29 juin 2000, sur la gestion des ressources génétiques dans les écosystèmes, dans le but de définir les questions clés liées aux ressources génétiques et leur importance relative dans la gestion des ressources naturelles sous la houlette de l’Institut international des ressources phytogénétiques (IPGRI).

Le rapport de l’atelier est maintenant disponible et est accessible sur le site web du CIFOR: http://www.cifor.cgiar.org/publications/pdf_files/grme.pdf

Ces documents se complètent les uns les autres. Le but principal commun est de faire prendre conscience aux niveaux politique, technique et public de l’importance de la conservation des ressources génétiques et de donner des conseils pour la mise en oeuvre des mesures de conservation.

RÉFÉRENCES

FAO; 1975. Méthodologie de la conservation des ressources génétiques forestières. Rapport sur une Etude pilote. FO:MISC/75/8. FAO, Rome. (E, F, S) 127 pp.

FAO; 1989. Ressources phytogénétiques: leur conservation in situ au service des besoins humains. FORGEN/MISC/87, Division des ressources forestières, Département des forêts. Brochure préparée en collaboration avec l’Unesco, le PNUE et l’IUCN. FAO, Rome (E, F, S)

FAO; 1993. Conservation des ressources génétiques dans l’aménagement des forêts tropicales: principes et concepts. Etude fondée sur les travaux de R.H. Kemp, supervision scientifique de G. Namkoong et F. Wadsworth. Etude FAO Forêts 107.FAO, Rome. (E, F, S). 105 pp.

FAO (1998). Guidelines for the management of tropical forests. 1. The production of wood. FAO forestry paper No. 135, FAO of the United Nations, Rome. 293 pp.

FAO/IPGRI/DFSC (2001). La conservation et la gestion des ressources génétiques forestières: dans les forêts naturelles aménagées et les aires protégées (in situ). Volume 2. IPGRI, Rome. Sous presse.

FAO/IPGRI/DFSC (en préparation) Forest genetic resources conservation and management: Overview, concepts and some systematic approaches. Volume 1.

FAO/IPGRI/DFSC (en préparation) Forest genetic resources conservation and management: In plantations and genebanks (ex situ). Volume 3.


[44] Manuscrit reçu en juillet 2001.
[45] Dr. Alvin Yanchuk, British Columbia Ministry of Forests Research, P.O.Box 9519 Stn.Prov. Govt. Victoria, British Columbia, Canada. Dr. Yanchuk a travaillé à la FAO en 1999 et 2001 et a contribué à la mise au point et à la coordination du présent document, en préparation depuis la treizième session du COFO, 1997, qui a appuyé l’élaboration du guide de conservation in situ.

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