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ANNEX 6. INTÉGRATION IRRIGATION-AQUACULTURE AU MALI

par

A. BAMBA
Chef Division
DNAER
Bamako

M. KIENTA
Conseiller Technique
Assemblée Permanente des Chambres d'Agriculture
Bamako

Résumé

En dépit de tout le potentiel sol/eau existant (plus de 1,1 millions ha irrigables), le plus important du Sahel, seulement 200 000 ha sont irrigués au Mali et cela principalement pour le riz. Plus de la moitié des superficies reste irriguée en maîtrise partielle, souffrant des aléas climatiques. Cette situation est principalement due au manque de moyens financiers. La nouvelle stratégie d'irrigation nationale formulée récemment exige une participation financière des populations bénéficiaires à l'exécution de projets d'irrigation. C'est grâce à l'existence des fleuves Sénégal et Niger que la pêche continentale traditionnelle est également importante. Cependant, le développement de l'aquaculture reste toujours limité à cause d'un manque de sensibilisation à tous les niveaux.

De nombreuses possibilités d'intégration de l'irrigation et de l'aquaculture existent. Au délà des tests déjà faits, le PSSA tentera de démontrer cette intégration en sites rizicoles. Tant au niveau national que régional, il est nécessaire de mettre en place un réseau IIA dont l'objectif majeur serait d'assurer la formation et l'information des acteurs impliqués dans ce domaine en Afrique de l'Ouest.

Summary

In spite of the availability of land and water resources (irrigation potential of over 1.1 million ha), the largest in the Sahel, only 200 000 ha are irrigated in Mali, rice being the main crop. Due to lack of financial ressources at national level, more than 50 percent of this total area remain under partial water control which is subject to climatic hazards. The new National Irrigation Strategy recently formulated, requires that beneficiaries contribute financially to the implementation of irrigation projects. It is also thanks to the existence of the large Niger and Senegal Rivers that traditional inland fishing is an important practice in Mali; but, still, aquaculture remains an underdeveloped activity because of lack of sensitization at all levels.

There are many opportunities for the integration of irrigation and aquaculture. Beyond some tests that have been done, the SPFS will attempt to demonstrate this integration at rice production sites. At both national and regional levels, there is a need for the establishment of an IIA Network, the major objectives of which should be the training and information of stakeholders in West Africa.

1 ETAT DE L'IRRIGATION AU MALI

1.1 Développement de l'Irrigation

Les cultures irriguées jouent un rôle important dans la sécurisation de la production agricole au Mali.

Des trois grands types d'irrigation (irrigation de surface, aspersion et goutte à goutte), seule l'irrigation de surface est réellement pratiquée sous deux formes: la maîtrise totale (périmètre irrigué) et la maîtrise partielle ou contrôle de crue qui se subdivise en submersion contrôlée et en culture de décrue.

La maîtrise totale occupe environ 80 000 ha, dont 60 000 ha sont exploités à l'Office du Niger où il existe un potentiel d'environ 960 000 ha aménageables. Les rendements moyens obtenus pour le riz en maîtrise totale sont de l'ordre de 4,5 tonnes/ha.

La maîtrise partielle est pratiquée à grande échelle dans les régions de Ségou, Mopti et Tombouctou. La submersion contrôlée est pratiquée principalement à l'Office Riz Ségou (35 415 ha) et à l'Office Riz Mopti (49 190 ha). Les rendements moyens obtenus sont de l'ordre de 1 tonne/ha. La culture de décrue est pratiquée dans les lacs et mares (lacs Tagadji, Horo, Faguibine, Tanda, mare de Danga, etc.) dans la région de Tombouctou. La submersion et la culture de décrue totalisent 65 pour cent des superficies aménagées.

On estime aujourd'hui la superficie totale irriguée à plus de 200 000 ha dont 80 pour cent sont exploités en riz, le reste se répartissant entre la canne à sucre (5 800 ha), le thé (100 ha) et le sorgho de décrue (12 000 ha).

Le rythme d'aménagement des terres irriguées tenu ces dernières années a été en moyenne de 6 pour cent par an. Environ 60 000 ha de superficies aménagées ne sont pas exploitées à présent.

Face à cette situation, le Gouvernement avec l'appui de la Banque Mondiale vient d'élaborer une Stratégie Nationale de Développement de l'Irrigation (SNDI) qui se fixe comme objectif final l'accélération du rythme d'aménagement des superficies irriguées qui passerait de 1 000 à 9 000 ha/an. Cette stratégie est basée fondamentalement sur le principe d'une participation plus responsable des bénéficiaires à la définition et à la réalisation des projets d'irrigation. Tous les projets d'irrigation futurs et en cours devront désormais s'inspirer des principes de cette nouvelle stratégie.

Au nombre des principaux projets d'irrigation, on peut citer:

1.2 Recherche sur l'Irrigation

Au Mali la recherche sur l'irrigation est très limitée, cela étant certainement dû au manque de compétence dans le domaine. A part le projet sol/eau/plante conduit par l'Institut d'Economie Rurale (IER) et les projets Besoins en Eau (BEAU) et Gestion de l'Eau (GEAU) de l'Office du Niger du début des années 80 qui ont déjà pris fin, aucune autre recherche en irrigation n'a été entreprise. La SNDI prévoit la création par le Gouvernement d'un centre d'expérimentation et de démonstration des équipements d'irrigation. Il s'agit en fait de la mise en oeuvre d'une des recommandations du Séminaire Régional sur la Petite Irrigation tenu en décembre 1998 à Ouagadougou, Burkina Faso.

2 ÉTAT DE L'AQUACULTURE AU MALI

2.1 Développement de l'Aquaculture

Le déficit de production piscicole enregistré ces derniers années a suscité l'introduction de la pisciculture semi-intensive en étangs et celle de la pisciculture extensive par l'empoissonnement de mares et de barrages. L'aquaculture en étangs n'a démarré qu'à partir de 1979 par la création de la station piscicole de San. A partir de cette date, plusieurs projets ont été mis en oeuvre, au nombre desquels on peut citer:

Les résultats atteints par le projet incluent:

- la consolidation des infrastructures piscicoles de base à travers le pays;

- l'augmentation de la production d'alevins;

- l'augmentation de la production piscicole dans les zones d'actions prioritaires de Ségou, Niono et Sélingué d'au moins 30 tonnes par an lors des années favorables;

- la contribution au développement de la pisciculture à l'échelle nationale;

- la construction du Centre National de Formation Piscicole à Molodo pour assurer la formation des techniciens chargés de l'encadrement des pisciculteurs, la formation des cadres techniques des structures assurant la promotion de la pisciculture et la formation des pisciculteurs;

- la création de trois stations d'alevinage (Molodo, Kourouma et Sélingué) pour l'approvisionnement des pisciculteurs en alevins.

2.2 Recherche Aquacole

La recherche en aquaculture, réalisée de façon timide par l'Institut d'Economie Rurale (IER), a porté jusqu'ici sur la biologie des espèces halieutiques, la formulation d'aliments piscicoles à partir de sous-produits locaux et la fertilisation des étangs.

Certaines expérimentations ont été faites sur la reproduction artificielle du Clarias en laboratoire et la pisciculture associée (poisson-poulet, poisson-canard).

3 INTÉGRATION IRRIGATION-AQUACULTURE

3.1 Etat Actuel de IIA

Il existe de plus en plus la volonté politique des autorités de promouvoir l'intégration de l'irrigation, notamment de la riziculture, à l'aquaculture.

Cette intégration devrait être facilitée par:

- la motivation des paysans dans la pratique de l'aquaculture;

- l'existence dans la même zone géographique de rizières et de zones traditionnelles de pêche;

- une prise en compte de l'aspect aquaculture de plus en plus importante dans les projets d'irrigation.

3.2 Intégration au Niveau du Paysan

Des opérateurs privés se sont intéressés à la promotion de l'intégration irrigation-aquaculture:

- à Ségou, l'opérateur économique Fafa Dembélé a érigé une ferme aquacole très importante, dont une partie des étangs a été aménagée pour la production rizicole;

- à Niono, des paysans riziculteurs récoltent des tilapias, silures, et Heterotis, en étangs et en emprunts de terre de remblai.

3.3 Intégration au Niveau Institutionnel

Le fait que l'aquaculture et l'irrigation sont pris en charge par un même Service, la Direction Nationale de l'Aménagement et de l'Equipement Rural (DNAER) du Ministère du Développement Rural et de l'Eau, est un avantage institutionnel pour l'intégration de l'irrigation et de l'aquaculture.

Le Programme Spécial de Sécurité Alimentaire (PSSA) initié et mis en œuvre sur sept sites par la FAO, est encore dans la phase pilote. Sur chacun des sites, le PSSA mène diverses activités de développement rural dont l'irrigation et l'aquaculture. Sur trois des sept sites, les conditions naturelles, socio-économiques et techniques sont réunies pour assurer une intégration parfaite des deux activités.

Dans le village de Dagawomina, l'un des trois sites, la population qui exploite le périmètre rizicole est constituée de Bozos, ethnie dont l'activité principale est la pêche traditionnelle. Ceci est un atout important pour l'intégration de l'irrigation et de l'aquaculture. Ainsi, au niveau de la conception des infrastructures d'irrigation et de pisciculture, des dispositions ont été prises par l'équipe technique du PSSA, en collaboration avec les populations bénéficiaires, pour parfaitement intégrer les réseaux d'alimentation en eau des deux activités. L'étang piscicole situé à l'intérieur du casier de submersion contrôlée est approvisionné en eau soit à partir des eaux du casier de submersion contrôlée pendant les hautes eaux, soit par pompage à partir du réseau d'irrigation du PIV, soit à partir des eaux de vidange du même PIV.

Un système d'infrastructures intégrées presque similaire est prévu dans le village de Gnimitongo. Dans le troisième village, l'intégration de l'aquaculture sera effectuée dans les bas-fonds dont les zones hautes seront aménagées et les zones profondes seront élargies et endiguées pour la pisciculture.

Partant de ces actions qui vont être opérationelles dès l'hivernage 2000, le PSSA est considéré comme le véritable tremplin pour l'intégration de l'irrigation, particulièrement de la riziculture, et de l'aquaculture au Mali.

3.4 Contraintes pour IIA

Les contraintes majeures sont liées au développement de l'aquaculture.

Sur le plan institutionnel, les principaux problèmes sont:

- la faible disponibilité et le nombre réduit de cadres formés en aquaculture;

- l'insuffisance d'information des populations rurales sur la promotion de l'activité aquacole;

- les difficultés de mobilisation de financement et l'accès limité au crédit;

- la faible implication du réseau des Chambres d'Agriculture.

Sur le plan technique, en dehors des périmètres irrigués avec maîtrise totale où ne se pose pas de problème d'eau, le développement de l'aquaculture est généralement tributaire des eaux des fleuves (disponibles par pompage uniquement) et des eaux de ruissellement, dont la durée de rétention n'excède pas quatre mois. Un autre problème est celui de l'effet des pesticides sur les poissons.

3.5 Thèmes de Recherche sur lIA

Il n'y a pas eu à proprement parler de recherche sur IIA. Cependant certaines expérimentations ont été faites dans le domaine de la rizipisciculture. Les résultats, bien qu'éprouvés, n'ont pas reçu l'adhésion des pisciculteurs locaux pour leur application dans les casiers rizicoles.

3.6 Potentiel de IIA

Les zones potentielles de développement de IIA sont les zones Office Riz Mopti, Office Riz Ségou, Office du Niger et Office de Développement Rural de Sélingué.

Les zones propices au développement de IIA sont assez limitées car cette activité exige que l'eau soit disponible pendant toute l'année et à moindre frais.

4 RÉSEAU IIA

Au Mali, il n'existe pas de réseau concernant l'intégration irrigation-aquaculture dans la mesure où cette activité est encore au stade embryonnaire. Cependant le Mali a besoin d'organiser le secteur IIA. L'organisation de ce secteur passe par la création d'une organisation socio-professionnelle nationale de spécialistes en irrigation et en aquaculture dont le rôle serait d'assurer la formation et l'information des acteurs impliqués dans le domaine.

Au niveau de l'Afrique de l'Ouest, il est nécessaire de créer également une organisation sous-régionale qui regrouperait les organisations nationales. Cette organisation devrait publier un bulletin d'information sur IIA dans la sous-région.


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