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IV. LES CONTENUS SUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE


L’atelier sur Radio rurale et sécurité alimentaire est un exercice de renforcement des capacités, un lieu de rencontre où les participants peuvent échanger leurs expériences sur le thème de la sécurité alimentaire et de la radio rurale.

Le concept de sécurité alimentaire est un phénomène complexe, composé d’une grande diversité de variables, qui, au sein de la FAO, correspondent à des divisions techniques. Conformément au mandat de la FAO, chacune de ces divisons joue un rôle actif dans la lutte coordonnée contre la faim et le sous-développement, afin de parvenir à la sécurité alimentaire au niveau mondial.

Cette approche complexe de la sécurité alimentaire est illustrée dans le diagramme en page 35 du rapport, qui accompagne la communication de Mme Geneviève Coullet du service de la sécurité alimentaire. Pour des raisons pédagogiques, nous préférons présenter ici l’approche modulaire ci dessus.

Afin d’approfondir les informations sur ces variables qui constituent la sécurité alimentaire, les radiodiffuseurs ont rencontré, les mardi 6, mercredi 7 et jeudi 8 novembre 2001, les experts techniques de la FAO sur les questions suivantes:

Onze sessions techniques d’une heure et demie chacune ont ainsi été organisées.

Le lecteur trouvera dans ce chapitre les compte-rendus de ces sessions et, en annexe, la fiche technique relative à chaque thème.

1. AGROMETEOROLOGIE

Répondaient aux questions des participants à l’atelier René Gommes et Michele Bernardi, du Service de l’environnement et des ressources naturelles (SDRN) de la FAO.

En début de séance, René Gommes et Michele Bernardi exposent la mission du service d’agro-météorologie:

Le rôle du suivi et de la prévision des récoltes dans la sécurité alimentaire est souligné.

Autre élément important, la science nous permet, pour la première fois, de prévoir le temps six mois à l’avance. Ces informations sont directement exploitables sur le terrain puisqu’elles permettent de conseiller les agriculteurs sur des questions très précises et pratiques comme quand planter? quel type de culture planter? Exemple: si l’agriculteur sait que la saison sera pluvieuse, il cultivera du maïs ou du riz. A l’inverse, s’il s’attend à une saison sèche, il optera plutôt pour le manioc.

Puis démarre une série de questions-réponses.

La première question des radiodiffuseurs concerne les phénomènes d’El Niño et La Niña. Les agrométéorologues expliquent de façon très claire ce dont il s’agit.

Seconde question, «Pourquoi au Sahel, et en particulier dans mon pays
au Sénégal, le rythme des saisons a tant changé, avec un hiver devenu
presque inexistant, de plus en plus court et qui arrive de plus en plus tard». Les experts techniques expliquent que les changements climatiques ne sont pas un phénomène nouveau, mais qui existent depuis des millénaires. Déjà, dans la littérature romaine, on trouve des écrits sur les changements climatiques intervenus il y a 2000 ans.

Toujours pour le Sénégal, la question est posée de l’éventuelle influence des volcans sur les changements climatiques. En réponse, René Gommes et Michele Bernardi expliquent comment effectivement une éruption volcanique influe sur le climat à plus ou moins long-terme mais indiquent également d’autres facteurs à l’origine de cette variabilité.

La question suivante a trait au réchauffement de la planète et à la position de la FAO sur les accords de Kyoto.

Outre ces questions guidées par la curiosité intellectuelle pour comprendre des phénomènes scientifiques, les radiodiffuseurs orientent les débats sur la disponibilité des informations pratiques et des conseils aux agriculteurs. Ils confirment: «l’information est fondamentale, elle existe au sein de la FAO, la FAO dit la transmettre aux gouvernements à l’échelle des nations», mais, selon eux, «cette information n’est pas rediffusée, divulguée par ces mêmes gouvernements ou autorités nationales à l’échelle des communautés locales et des agriculteurs».

Il s’ensuit un débat sur la mission de la FAO: «Ce n’est pas la mission de la FAO, ou plus généralement d’une agence internationale, de diffuser des informations à l’échelle locale, rappellent ses représentants. Parfois même, la législation le lui est interdit: les services nationaux de météorologie ont un monopole de l’information qui ne nous permet pas de nous substituer à eux».

«Certes, répond une femme de radio, mais la mission de la FAO est de garantir la sécurité alimentaire. Or l’information disponible auprès de la FAO est fondamentale pour l’agriculteur de base et peut contribuer à la sécurité alimentaire.»

Les experts de la FAO répondent qu’ils en ont bien conscience et tentent de contribuer à la circulation de l’information dans le domaine de l’agrométéorologie. Mention est notamment faite des programmes de la FAO sur le terrain:

Les agrométéorologues évoquent également des initiatives régionales menées sur le continent africain comme:

Conclusion/Recommandation

En conclusion, radiodiffuseurs et agrométéorologues s’accordent sur l’importance de la radio rurale. La radio peut jouer un rôle-clé pour informer les populations locales de facteurs agrométéorologiques et aider les agriculteurs dans la prise de décisions.

Nancy Bennett, du Réseau des radios rurales des pays en développement (DCFRN), a écrit des scripts radios pour expliquer aux populations philippines le phénomène d’El Niño. Cette initiative a été couronnée de succès car le thème répond aux interrogations et préoccupations des populations, El Niño est très développé dans ces régions et la radio y est très populaire.

L’information est disponible ici au sein de la FAO. Il s’agit souvent d’informations directement exploitables par les agriculteurs, de conseils sur les cultures et récoltes. «A vous, radiodiffuseurs, de la propager».

2. SYSTÈME MONDIAL D’INFORMATION ET D’ALERTE RAPIDE (SMIAR)

Stéphane Jost introduit la session en indiquant que le but du Système mondial d’information et d’alerte rapide de la FAO (SMIAR) est de fournir aux décideurs politiques et aux analystes une information précise sur tous les aspects de l’offre et de la demande alimentaires. Cela suppose une collaboration avec d’autres structures mondiales impliquées dans la recherche et l’information sur le climat. Le Département ne se contente pas de fournir des informations sur la production et les marchés des produits vivriers, mais il diffuse aussi des alarmes lorsque des crises alimentaires sont imminentes. Ceci implique en amont une planification et une action coordonnées. Le présentateur explique ensuite comment les effets d’El Niño et de la Niña modifient les modèles climatiques mondiaux, ce qui a des répercussions sur les activités agricoles et conduit à des pénuries alimentaires. Au niveau mondial, les modèles climatiques sont liés; lorsque les précipitations sont nombreuses dans une partie du globe, elles seront rares de l’autre côté de la planète. Cela est dû au fait que la pluie dépend de l’énergie solaire qui est toujours constante. Grâce à notre connaissance actuelle des phénomènes El Niño et la Niña, nous sommes désormais capables de prévoir si la saison sera sèche ou humide.

Le SMIAR est en relation avec beaucoup d’autres unités de la FAO - comme l’agro-météorologie, le Centre d’intervention anto-acrédien d’urgence (ECLO) - et avec d’autres agences des Nations unies comme le Programme Alimentaire Mondial. Le SMIAR a classé plusieurs pays (environ 80) comme «à faibles revenus et à déficit alimentaire» (PFRDA). La situation alimentaire de ces pays est suivie de près car ils sont souvent vulnérables aux fluctuations des approvisionnements.

Le besoin d’une structure nationale d’alerte rapide, intermédiaire entre le SMIAR et les paysans au niveau local a été évoqué. Michele Ntab, de l’AMARC, souligne que ces structures - lorsqu’elles existent - se trouvent habituellement dans les capitales et sont donc très éloignées des paysans. L’accord qui sera bientôt signé entre l’AMARC et la FAO devrait apporter une solution à ce problème de communication. En effet, les savoirs et les contenus techniques, qui seront en partie fournis par la FAO, seront relayés par le réseau de l’AMARC et par les radiodiffuseurs locaux, présents sur le terrain et communiquant en langues locales avec les populations rurales.

Il est important de former les producteurs radio afin de les préparer à mieux transmettre les données techniques. Les programmes radio sont un élément important pour partager et diffuser l’information. Un exemple pratique est fourni par le Tchad, où en 1991-92 des microprogrammes radiophoniques réalisés en collaboration avec la FAO ont été particulièrement efficaces. Les paysans défrichaient traditionnellement leurs champs pour les labours en allumant des feux. Pour arrêter l’avancée du désert, le Ministère du tourisme et de l’environnement du Tchad a décidé de lancer une campagne contre les feux de brousse. Une approche participative a été mise en œuvre avec l’aide du programme de coopération technique de la FAO. Grâce à l’utilisation de diapositives et de cassettes sonores, appuyées par des microprogrammes radiophoniques, les communautés villageoises ont été incitées à exprimer leurs opinions et à proposer des solutions aux problèmes qui se posaient. Résultat, les feux de forêt ont été réduits de 90 pour cent, dès la première année!

3. GESTION DE L’APRÈS-RÉCOLTE

La session est conduite par Francois Mazaud du service de gestion après récolte (AGSI).

M. Mazaud distribue aux participants des brochures d’information en français ainsi que le CD-ROM d’information «Réseau des opérations après récolte 2/2000».

Il souligne les trois niveaux d’intervention de son service:

1. les activités normatives comme la collecte d’information et le développement de méthodologies et d’outils d’aide à la décision;

2. les activités de terrain telles l’amélioration des technologies traditionnelles et le transfert de technologies. Ceci implique des contacts personnels avec les paysans dans leurs champs, pour fabriquer, par exemple, des silos métalliques à usage agricole, comme cela se fait au Sénégal, au Mali, au Burkina Faso, au Mozambique et en Mauritanie;

3. les activités de recherche pour améliorer les technologies et lancer de nouveaux produits. La recherche s’applique également aux conséquences possibles de nouveaux pesticides sur les plantes et les récoltes. La FAO est la seule agence des Nations unies qui maîtrise la technologie de filtration pour la conservation du lait de coco, ce qui résout les problèmes de pérennité des mises en bouteille.

F. Mazaud décrit le secteur après-récolte comme étant «de la fourche à la fourchette», ou encore «du champ à l’assiette». Cela commence au niveau des champs et se poursuit par le transport, le stockage propre, la transformation, la livraison, la distribution et finalement la consommation. Le service travaille en coordination avec la GTZ (une agence de coopération allemande) et le CIRAD. Le service a créé une base de données sur les dispositifs traditionnels de stockage des denrées alimentaires, en commençant par l’Afrique mais avec le projet de l’étendre éventuellement sur d’autres continents.

F. Mazaud souligne qu’en après-récolte, plutôt que parler des pertes (qui souvent ne prennent en compte que les pertes physiques, en ignorant les pertes qualitatives), il vaut mieux se concentrer sur l’amélioration de l’ensemble du processus de la chaîne alimentaire.

Il affirme que certaines méthodes traditionnelles de stockage des aliments peuvent être conservées en les modernisant. Il donne, à ce sujet, l’exemple du Zimbabwe. Mais il ajoute que certaines méthodes traditionnelles de stockage des denrées alimentaires utilisent des produits qui sont actuellement rares ou qui peuvent avoir un effet nocif sur l’écosystème environnemental, comme la coupe des arbres pour construire des greniers.

F. Mazaud utilise largement des aides audiovisuelles pour illustrer les différents aspects de sa présentation.

4. BIODIVERSITE ET RESSOURCES GENETIQUES

Répondait aux questions des radiodiffuseurs M. José Esquinas-Alcázar, Secrétaire de la Commission sur les ressources génétiques pour l’agriculture et l’alimentation (AGD) de la FAO.

En introduction, José Esquinas-Alcázar rappelle combien il important de préserver la biodiversité, c’est-à-dire la large variété d’espèces qui procure à l’humanité son alimentation.

Or cette biodiversité est menacée. Si, durant des milliers d’années, l’homme a cultivé et fondé son alimentation sur près de dix mille espèces différentes, il n’en cultive plus aujourd’hui que 150 environ. Là dessus, quatre végétaux - le maïs, le blé, la pomme de terre et le riz - assurent à eux-seuls 60 pour cent des besoins calorifiques de l’homme.

Pour des raisons culturelles, le blé est devenu un symbole universel depuis l’incantation «donnez-nous notre pain quotidien» jusqu’au logo de la FAO «Fiat Panis». Toutefois, les cultures qui se développent si bien en Europe ou aux Etats-Unis ne sont pas forcément adaptées aux conditions agricoles et climatiques d’Afrique ou d’Amérique latine.

En outre, la réduction de la biodiversité est facteur de risque. Citons l’exemple de la pomme de terre. La pomme de terre, culture importée d’Amérique, fut introduite en Europe et devint la base de l’alimentation en Irlande, où elle ne fut cultivée que sous une seule forme. Lorsque cette forme de culture fut attaquée par la maladie au XIXe siècle, tous les champs furent dévastés et la famine secoua l’Europe et singulièrement l’Irlande où elle provoqua deux millions de morts. Plus tard, la recherche en Amérique latine a permis d’identifier des espèces cultivées traditionnellement par les paysans des Andes, résistantes au champignon qui sévissait en Europe, permettant une agriculture renaissante.

L’exemple est intéressant de par les leçons qu’il enseigne.

· Interdépendance géographique

Le problème de la famine en Europe a été résolu grâce à la biodiversité sauvegardée en Amérique latine. Aucun pays n’est autosuffisant en matière de ressources génétiques pour l’agriculture et l’alimentation. Dans ce domaine, la coopération internationale n’est pas un luxe, mais une nécessité. Et ce sont les pays pauvres, les pays du Sud, et en particulier les zones subtropicales, qui sont les plus riches en matière de ressources génétiques et de biodiversité.

· Interdépendance entre générations

La résorption de la famine du XIXe siècle a été possible parce que des générations d’agriculteurs avaient veillé pendant des siècles à entretenir une grande diversité de cultures. Nous avons le devoir, l’obligation morale, aujourd’hui, de conserver cette diversité pour la transmettre aux générations futures.

· Interdépendance entre biodiversité et biotechnologie

Ressources génétiques et biotechnologies sont complémentaires. Les gènes constituent la matière première, tandis que les biotechnologies représentent les outils capables de combiner des gènes différents.

En résumé, biodiversité et ressources génétiques sont cruciales pour la survie de l’humanité. Les pertes ont été graves, aujourd’hui la coopération s’impose.

Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’agriculture et l’alimentation

La signature du traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’agriculture et l’alimentation constitue l’événement le plus marquant et le plus grand succès de la Conférence de la FAO. Sa signature, à la quasi-unanimité, couronne 23 années d’efforts et de négociations. Il s’agit d’un traité de paix et de justice qui entend combattre pauvreté et famine.

Les trois objectifs principaux de ce traité sont:

· Conserver les ressources génétiques pour les générations futures

La biodiversité ne nous appartient pas, elle appartient à nos enfants, nous n’avons pas le droit de la détruire. Nous avons maintenant, non plus la seule obligation morale, mais également l’obligation légale de la préserver.

· Utiliser durablement et largement la biodiversité

Ne nous limitons pas à quatre cultures, alors que jusqu’à 80 000 espèces sont comestibles dans les régions tropicales.

· Partager les bénéfices de la biodiversité

Il s’agit d’un objectif social. Rappelons-nous que les problèmes agricoles, et parfois les famines, survenus en Europe et aux Etats-Unis ont été résolus grâce à la contribution de l’Afrique ou de l’Amérique latine. Or, si nous utilisons la biodiversité, nous devons savoir la rémunérer. L’obligation de rémunérer incombe également aux multinationales. Le droit des agriculteurs doit être réaffirmé. Les agriculteurs ont su pendant 10 000 ans entretenir la biodiversité, il est temps de les y inciter aussi par des moyens financiers. Enfin, le traité international qui vient d’être signé entend protéger le savoir traditionnel du paysan, favoriser l’échange d’informations et donner au paysan le droit de participer à des décisions politiques ayant trait aux ressources génétiques.

Série de questions - réponses

Un homme de radio malien s’interroge sur les prochaines étapes et sur le rôle de la FAO quant à la ratification du traité. José Esquinas-Alcázar répond que la FAO a fait son travail en tant qu’organisation intergouvernementale en facilitant la coopération internationale, la négociation entre les pays et la signature du traité. Il incombe maintenant aux Etats de le faire ratifier. Le Département juridique de la FAO pourra apporter son assistance technique. La FAO a par ailleurs déjà développé un plan d’action consensuel pour aider les pays à définir les priorités et à obtenir les financements nécessaires, et ce, en associant les personnes du terrain.

Seconde question. Un homme de radio demande quel est le lien entre la biodiversité et la sécurité alimentaire. La réponse est double.

Question suivante cette fois d’une femme de radio: «Préserver et accroître la biodiversité, est-ce synonyme d’organismes génétiquement modifiés (OGM), sujet beaucoup plus controversé?»

Non, répond le Secrétaire de la Commission sur les ressources génétiques, nous parlons ici seulement de préserver et de développer les cultures traditionnelles. Toutefois, et en toute objectivité, pour créer un organisme transgénique, il est nécessaire des gènes, ces mêmes ressources génétiques dont il a été question jusqu’ici. Question suivante de la Directrice du Réseau des radios rurales des pays en développement (DCFRN): «Est-il réaliste que le droit des agriculteurs soit préservé et protégé dans un monde qui s’internationalise, de plus en plus guidé par les intérêts financiers?»

José Esquinas-Alcázar explique que le traité international qui vient d’être signé vise justement à protéger ce droit des agriculteurs. Il appartient aux Etats souverains de ratifier ce traité et de le faire appliquer dans leur pays. Un contrôle international est prévu, en vertu duquel les pays qui ne protégeront pas ce droit des agriculteurs devront s’en expliquer devant les instances internationales.

En conclusion et en fin de séance, est distribué le traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’agriculture et l’alimentation.

5. CENTRE MONDIAL D’INFORMATION AGRICOLE (WAICENT)

Cette session était conduite par Stéphane Rudgard et Bokary Guindo du Centre mondial d’information agricole (WAICENT).

S. Rudgard présente tout d’abord le WAICENT aux participants. WAICENT est une initiative de la FAO pour lutter contre la faim par la gestion et la diffusion de l’information. Il s’agit d’un programme stratégique pour améliorer l’accès aux documents essentiels, aux statistiques, aux cartes et aux ressources multimédia au bénéfice de millions d’usagers partout dans le monde.

WAICENT se propose d’organiser et de rassembler l’information essentielle à l’agriculture afin d’en faciliter l’accès. Avec le localisateur d’information, le moteur de recherche en ligne de WAICENT, l’utilisateur peut naviguer à l’intérieur du programme en fonction de différents critères. Ce moteur de recherche est un outil essentiel pour la gestion et la diffusion de l’information relative à la FAO. Rudgard souligne que WAICENT n’est pas un centre de collecte d’information ou un département de la FAO qui centralise toute l’information. En fait, chaque division de la FAO nourrit elle-même le site de WAICENT avec l’information qui la concerne. Le centre WAICENT est encore nouveau: il a été inauguré à l’occasion de la journée de l’alimentation, le 16 octobre 2001.

Puis, B. Guindo explique le fonctionnement du portail de WAICENT et montre aux participants comment naviguer à partir de la page d’accueil de la FAO. Le portail Internet de WAICENT fait de la FAO une des sources d’information les plus complètes du monde. Il ouvre l’accès au savoir et à l’expertise cumulés de la FAO, permettant d’améliorer les capacités des décideurs, des professionnels et du grand public. Il permet aussi d’accéder à l’information essentielle pour la mise en œuvre du développement agricole durable et d’utiliser cette information.

WAICENT a mis en place, en son sein, un programme d’ouverture, qui travaille étroitement avec des états-membres de la FAO et la communauté internationale associée au développement agricole et à la sécurité alimentaire. A travers ce programme, WAICENT fournit des conseils techniques et des appuis, pour renforcer les capacités de gestion de l’information grâce à une utilisation efficace des technologies de l’information et de la communication.

Par ailleurs, WAICENT assure la coordination d’une consultation sur la gestion de l’information agricole au bénéfice des pays membres de la FAO, COAIM. Il s’agit d’un processus intergouvernemental qui permet aux pays membres de débattre et de mettre en œuvre des politiques de gestion de l’information agricole et d’accès à cette information.

Pour tenir compte du fait qu’Internet peut ne pas être disponible - ou facilement accessible - dans plusieurs pays membres, l’information spécialisée de WAICENT est également transférée sur CD-ROM à l’instar de FAOSTAT, AGRIS, CARIS, Genre et sécurité alimentaire, etc. Les radio diffuseurs qui n’ont pas accès au site Web de la FAO ou à l’Internet en général sont invités à prendre contact avec la représentation de la FAO dans leurs pays respectifs afin de bénéficier de leurs services et de disposer de documents imprimés qui pourraient leur être envoyés par la poste ou par tout autre moyen.

Pour conclure la session, M. Bokary fournit aux participants une liste des sites, au sein de WAICENT, susceptibles d’être utiles aux radiodiffuseurs.

Présentation de WAICENT

Présentation de la FAO

Pour toute question, veuillez contacter M. Bokary Guindo, WAICENT

Tél. + 39 06 57052952; courrier électronique: [email protected]

6. COMMERCIALISATION AGRICOLE

Cette session est dirigée par Andrew Shepherd, du service de la commercialisation et de financements ruraux (AGSA).

Andrew Shepherd souligne que le département soutient les actions de vulgarisation de la commercialisation des productions agricoles et s’y engage concrètement. Le service élabore des guides de formation à l’usage des vulgarisateurs. Une fois adaptés, ces guides peuvent être utilisés par les producteurs de radio rurale.

A. Shepherd fournit les coordonnées de personnes travaillant dans le domaine de la commercialisation agricole. Ces contacts situés dans les pays des participants sont susceptibles de leur apporter des informations utiles sur ce thème.

Mali:

Niame Nango Dembele
Programme MSU APCAM

Tanzanie:

Jonathan Mdadlia
Bureau du développement
de la commercialisation
Ministère des coopératives
et de la commercialisation

Afrique du sud:

Mme Lulu Ntshephe
Département national de l’agriculture

Niger:

aucun contact.

Andrew Shepherd suggère aux producteurs de radio de:

A. Shepherd semble sceptique quant à la pertinence des coopératives d’agriculteurs en Afrique. Toutefois, deux participants d’Afrique de l’est font valoir que dans des économies stables, les mouvements coopératifs sont sans doute la meilleure option possible pour les producteurs, y compris en termes de prix. Le Kenya en est un exemple typique.

7. NUTRITION

La session était dirigée par William Clay, Chef du service des programmes de nutrition (ESNP).

En introduction, W. Clay rappelle l’importance du thème de la nutrition au sein de la FAO, l’Organisation ayant été créée dans le but principal d’élever le niveau de l’alimentation et de la nutrition.

La nutrition comporte de multiples facettes, par exemple la qualité de la nourriture, sa disponibilité, son transport (les mouvements de nourriture vers les zones de besoins), l’assainissement environnemental.

Les actions possibles en matière de nutrition dépendent de la nature du problème nutritionnel. La nutrition est un produit du processus de développement. Nous devons investir dans la population, son bien-être, et ses besoins nutritionnels. La nourriture que nous mangeons est importante. Les populations mal nourries sont improductives. Elles ne peuvent ni apprendre, ni travailler, ni penser correctement. De nombreux problèmes nutritionnels sont fondamentalement liés à une carence en fer qui affecte la formation des globules rouges. La malnutrition ne résulte généralement pas d’un manque de nourriture, mais d’un manque d’équilibre dans le régime alimentaire.

Un problème nutritionnel majeur dans les pays en développement est la carence en iode. Elle conduit au goitre (une grosseur dans le cou) et au retard mental. Lorsque le cerveau ne dispose pas de suffisamment d’iode durant les étapes de formation du bébé, cela ne peut pas être rectifié ultérieurement. Si nous utilisons du sel iodé, le problème peut être éliminé.

Un autre problème nutritionnel commun est celui des «yeux de poulet» qui sont dus à une carence en vitamine A. Elle est à l’origine d’une cécité infantile progressive. D’autres problèmes nutritionnels répandus sont le scorbut, la déficience en zinc, le sélénium, le béribéri, la pellagre, le rachitisme, etc. Il est triste de constater que dans de nombreux pays en développement, près de 50 pour cent de la population est affectée par ces carences.

Des participants font observer que certaines croyances culturelles sont responsables de la malnutrition en Afrique. Dans de nombreuses cultures africaines, dans les foyers, les membres de la famille mangent dans un plat commun. Cela pénalise les enfants dont les mains sont encore petites et lentes. A la fin, les membres de la famille les plus âgés qui quittent la ‘table’ ont mangé davantage que les plus jeunes.

Les responsables des radios doivent informer leur auditoire de l’existence du Codex alimentaire. Il est dommage que de nombreuses personnes ne connaissent pas cet important document.

Les professionnels de la radio eux-mêmes devraient prendre part aux travaux du groupe chargé, au niveau national de la mise en oeuvre du plan d’action nutritionnel, que la FAO a aidé à formuler.

Les producteurs de radio rurale pourraient aussi développer des programmes sur la composition de la nourriture et les besoins nutritionnels. Ceci permettrait de souligner la nécessité d’un régime alimentaire équilibré basé sur des aliments locaux. Ces programmes pourraient aussi traiter de la qualité de l’alimentation et de la sécurité alimentaire. Dans plusieurs régions d’Afrique, la consommation de certains types d’aliments (comme les oeufs ou les gésiers de poulet) est considérée comme un tabou pour les femmes enceintes et allaitantes. On dit souvent que si elles mangent ces aliments, les bébés auront un retard de langage ou souffriront d’un autre problème.

W. Clay souligne que l’allaitement est tout à fait essentiel à l’enfant et que la période de sevrage est cruciale. Quand l’enfant commence à manger des aliments solides, un régime équilibré doit immédiatement être établi. Il indique que son programme développe, dans certains pays un projet d’analyse et d’évaluation de la valeur nutritionnelle de la nourriture locale.

Si le degré actuel de satisfaction des besoins d’alimentation et de nutrition se maintient, plus de 600 millions de personnes continueront à souffrir de sous-alimentation et d’insécurité nutritionnelle.

8. PÊCHE

La session technique sur le thème de la pêche est animée par Richard Coutts de la Division des politiques et de la planification des pêches (FIPL) de la FAO.

En introduction, Richard Coutts présente le programme de la FAO dont il est le coordinateur. Ce programme vise à assurer aux communautés des moyens d’existence durables dans la pêche. Le programme est mené dans 25 pays d’Afrique de l’Ouest où plus de 5 millions d’hommes et de femmes vivent de la pêche et des ressources aquatiques.

Richard Coutts note que les communautés de pêcheurs sont souvent confrontées à la pauvreté et à la vulnérabilité.

Il rappelle également que les ressources aquatiques ont été surexploitées. La «production» à court-terme qui répond aux besoins immédiats de s’alimenter ne favorise pas la durabilité des ressources et par là-même des moyens d’existence durables pour les communautés. Un parallèle est ainsi fait entre la pêche et la sylviculture:

Conséquence de la pauvreté des communautés de pêcheurs et de la surexploitation des ressources, les conflits se multiplient:

Face à toutes ces menaces, la FAO a lancé le programme pour des moyens durables dans la pêche. L’objectif est de favoriser tant la communication entre les communautés et les gouvernements locaux que le respect du Code de conduite pour une pêche responsable.

Puis, Richard Coutts décrit la structure du programme fondé sur:

Depuis sa création en octobre 1999, le programme a soutenu 20 projets participatifs entrepris par les communautés de pêcheurs.

Le programme est centré non sur la technologie, mais bien sur les communautés elles-mêmes, les hommes et les femmes, leurs besoins et leurs ressources. La structure permet à chaque pays, à chaque communauté de s’approprier des projets, de décider des initiatives dont ils/elles ont besoin, de formuler leurs demandes.

C’est ainsi que:

Autre caractéristique du programme pour des moyens d’existence durable dans la pêche, l’organisation d’échanges entre les communautés et les pays. C’est ainsi que sont organisés des foires et des marchés où chacun expose et présente ses produits locaux élaborés à partir de poisson et de ressources aquatiques. Ce sont généralement les femmes qui participent à ces foires et marchés.

Autre action menée dans le cadre du programme, la formation des communautés avec notamment l’organisation de formations sur la résolution des conflits.

En fin de séance, sont distribués aux participants le Code de conduite pour une pêche responsable ainsi que la liste des contacts au Niger, en Tanzanie, au Mali et en Afrique du Sud, pays dont sont originaires les hommes et femmes de radio présents à la session.

En conclusion, Richard Coutts propose aux radiodiffuseurs de participer à l’une des rencontres, foires ou événements organisés par le programme pour des moyens d’existence durable dans la pêche, afin qu’ils se rendent compte par eux-mêmes, et contribuent à diffuser l’information localement.

9. PROGRAMME SPECIAL POUR LA SECURITE ALIMENTAIRE (PSSA)

Après une présentation formelle de tous les participants, Mme Belli décrit son travail au sein du département: concevoir les pages Web sur le Programme spécial de sécurité alimentaire (PSSA) et gérer les bases de données.

En introduction, M. Yeb Hiemstra rappelle que l’insécurité alimentaire se trouve dans la pauvreté quand un cinquième de la population totale du monde survit avec moins d’un dollar par jour. En 1996, le Sommet mondial de l’alimentation s’est fixé l’objectif de réduire de moitié le nombre de personnes sous alimentées à l’horizon 2015. Le Sommet a également souligné que la sécurité alimentaire existe lorsque la population dispose d’un accès permanent à une nourriture suffisante et nutritive qui lui permet d’avoir une vie saine et active.

Pour faire face à cette situation, la FAO a mis en place, dès 1994, le Programme spécial de sécurité alimentaire. Son principal objectif est d’améliorer la production alimentaire et sa distribution. Le PSSA concerne les pays classés à faible revenus et à déficit vivrier (PFRDV), qui sont aujourd’hui au nombre de 78 (l’Iran ayant refusé d’être classé dans cette catégorie). Les critères ont été établis par la FAO en lien avec la Banque mondiale en prenant en compte une série de facteurs. La plupart de ces pays se situent dans le monde en développement, dont une majorité en Afrique.

La mise en oeuvre du programme s’effectue en deux phases. La phase I comprend quatre composantes: maîtrise de l’eau, intensification des systèmes de production végétale, diversification des systèmes de production et analyse des contraintes à la sécurité alimentaire.

Jusqu’ici, aucun pays classé à faible revenu et à déficit alimentaire n’est parvenu à la phase II du programme.

En tant que programme, le PSSA implique des partenariats bilatéraux et multilatéraux, notamment avec les gouvernements nationaux et les ONG. Le Japon, par exemple, assure un financement à travers son Ministère de l’agriculture, pour aider les programmes du Niger, du Bangladesh, de l’Indonésie, du Laos et du Sri Lanka. Outre le financement, il met aussi à disposition ses experts agricoles sur le terrain. Normalement, lorsqu’un pays sollicite l’appui du PSSA, la FAO envoie des experts, puis un plan d’opérations est établi. Alors, la contribution initiale du donateur permet de démarrer les activités.

Coopération Sud/Sud

Les pays participant au programme PSSA qui sont en meilleure position envoient des experts dans les pays moins favorisés afin de dynamiser leurs projets de sécurité alimentaire.

Des experts de la FAO iront bientôt en Afrique du sud à l’invitation du gouvernement qui jouera le rôle de gestionnaire de fonds.

Il est demandé aux participants s’ils exploiteront les acquis de l’atelier à leur retour dans leur pays, et de quelle façon. Un participant d’Afrique du sud répond que cela lui sera très utile dans son pays, en prévision notamment de la venue d’experts du Programme spécial de sécurité alimentaire, pour assurer l’information et la sensibilisation sur le sujet.

Pour l’AMARC, les stations de radio partenaires vont insister sur la sécurité alimentaire dans leurs programmes. L’AMARC assurera la formation des personnels à cet effet.

M. Yeb Kiemstra mentionne le plan de la FAO visant à établir des groupes de travail basés sur les compétences des services (par exemple la communication). Ces groupes de travail se réuniront régulièrement pour confronter leurs expériences et leurs idées avec d’autres groupes à l’intérieur de la FAO et à l’extérieur. Il s’agira d’une forme de dialogue interdépartemental (SDRE est actuellement en train de faire la même chose avec l’AMARC et d’autres institutions similaires).

Les responsables de stations de radio sont invités à maintenir un contact avec les représentations de la FAO dans leurs pays. Ils pourraient ainsi aider à assurer le suivi et l’évaluation de la sécurité alimentaire dans leurs pays respectifs et en assurer la diffusion sur leurs antennes. Ces radios devraient s’associer aux campagnes de sécurité alimentaire.

10. FORESTERIE

Participaient à cette session El Hadji Sene, Directeur de la Dvision des ressources forestières, Francesca Romano, Christine Holding (Vulgarisation forestière), Laura Romeo et Patricia Baeza (Montagnes), ainsi que les participants à l’atelier.

En introduction, M. Sene indique la mission du département des forêts: favoriser une gestion durable de la forêt et préserver les écosystèmes fragiles (montagnes, terres arides, terres humides, etc.), ce qui se traduit par deux objectifs:

1. encourager la prise de conscience des relations entre la forêt et la sécurité alimentaire;

2. promouvoir un usage durable de la nourriture provenant des forêts et leur contribution à la sécurité alimentaire.

Pour ce faire, le département des forêts mène les activités suivantes: recueil et partage d’informations, échange de technologies, formation des hommes.

Le département coopère avec des institutions déjà présentes sur le terrain et avec des centres de recherche. Les principaux champs de travail sont l’évaluation des forêts (comment elles s’accroissent et comment elles diminuent), la lutte contre la désertification, la création de forêts artificielles, l’appui aux plantations d’arbres hors forêts, l’agroforesterie, la maîtrise de l’érosion des sols, l’aménagement des bassins versants, les parcs naturels et la conservation des espèces.

Par exemple, il est important d’assurer la présence d’arbres également hors des forêts, d’intégrer l’arbre dans l’écosystème, car l’arbre permet de protéger les cultures contre le vent ou l’érosion des sols. De même, il permet de relativiser la pluviométrie, ou de fertiliser les sols. Enfin, le paysan qui aura planté un arbre dans son champ, pourra bénéficier de ses ressources pour se nourrir, se chauffer, se soigner avec des plantes médicinales, tout en évitant les conflits avec les autres hommes des forêts pour savoir à qui appartient telle ressource. Thème important, la gestion des arbres hors forêts donnera lieu à l’organisation d’un atelier par la FAO très prochainement.

Après cette introduction, démarre une série de questions-réponses et des échanges entre les radiodiffuseurs préoccupés par le sort de leur région, le Sahel, et les experts de la FAO. Un participant s’interroge sur l’action de la FAO pour stopper l’avancée du désert dans le Sahara et la déforestation en général. En réponse, M. Sene indique que de nombreuses actions sont menées au niveau local grâce à l’implication de nombreuses ONG et des agriculteurs eux-mêmes. Toutefois, il déplore que peu de choses soient entreprises au niveau international. Mais la solution ne consiste pas à attendre une aide extérieure. Il faut commencer à agir au niveau local. Par exemple, les paysans sahéliens ne doivent pas attendre la saison humide pour semer, il convient plutôt de planter des variétés résistantes comme le manioc, qui se cultive aussi pendant la saison sèche.

Nous perdons chaque année 9,4 millions d’hectares de forêts, essentiellement répartis en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. Car si la déforestation a cessé dans le monde développé, la tendance se poursuit dans les pays en développement en raison de l’instabilité politique, du manque de vision et d’actions politiques, de la croissance de la population, de facteurs économiques et urbains responsables des feux de brousse et de l’abattement de arbres.

Un dilemne semble exister: pour combattre la faim au quotidien, il faut bien défricher les terres pour ensuite les cultiver. Or, dans de trop nombreuses circonstances, défricher un terrain se traduit par la suppression de tous les arbres et de la végétation.

En réponse à cet apparent dilemne, M. Sene évoque l’agroforesterie, qui permet aux populations de cultiver et de récolter les aliments de la forêt, sans piller ni menacer la forêt, par exemple en s’appuyant sur la diversification des cultures.

Puis, un radiodiffuseur malien reprend les propos de M. Sene évoquant le lien entre forêts et sécurité alimentaire - la forêt possédant des ressources alimentaires - et se montre d’autant plus préoccupé pour l’avenir d’une région comme le Sahel.

M. Sene répond que nous ne devons pas nous décourager. Des ouvrages nous décrivent des forêts détruites au Moyen-Age dans des régions où elles prospèrent aujourd’hui, comme en Suisse, en France ou en Allemagne. L’important est de ne pas se résigner, mais bien plutôt de sensibiliser, mobiliser, former et informer, pour favoriser la vision des politiques, la planification, stratégie, politique et replanification pour le développement.

C’est ainsi que la FAO est engagée aux côtés de divers partenaires dans de nombreux programmes forestiers. Tous les gouvernements peuvent avoir l’appui du Département des forêts, il leur suffit de le demander.

Autres partenaires privilégiés, les organisations non-gouvernementales qui impliquent fortement les communautés, en matière de droit des forêts, afin que ces communautés ne laissent pas les autres, fussent-ils des notables, menacer leurs forêts.

Enfin, arrêter déforestation et désertification, c’est aussi multiplier les petites actions, savoir faire preuve de patience et de persévérance, non pas attendre un miracle de l’extérieur, mais agir soi-même au quotidien et localement. N’oublions pas que pendant des siècles, les hommes se sont promenés dans les bois, tout en semant. Et les forêts et les arbres d’aujourd’hui sont aussi le fruit de ces promenades.

Avant la conclusion de la session, Laura Romeo et Patricia Baeza se sont brièvement entretenu avec les radiodiffuseurs de l’année internationale des montagnes (AIM), un événement organisé par les Nations unies pour l’année 2002. Les montagnes sont des écosystèmes fragiles, jouant un rôle important à l’échelle de la planète, véritables «châteaux d’eau» et dépositaires d’une riche biodiversité. Lors de cette année 2002, il sera notamment rappelé que les ressources de la montagne, et l’eau en premier lieu, ne doivent pas seulement profiter aux populations des plaines, mais également aux communautés des montagnes.

Tout au long de la session, les radiodiffuseurs, en particulier celles et ceux issus du Sahel (Niger et Mali), se sont montrés très sensibles aux thèmes de la déforestation et de l’avancée du désert. Ils et elles savent combien il est important d’informer, de sensibiliser et de mobiliser les populations locales, et combien leur mission en tant que radiodiffuseurs est fondamentale. Il leur appartient désormais de relayer cette session technique en langues locales pour sensibiliser et mobiliser leurs communautés.

11. SECURITÉ ALIMENTAIRE

La session était dirigée par Geneviève Coullet, du Service de la sécurité alimentaire et de l’analyse des projets agricoles de la FAO.

Lorsque nous évoquons la sécurité alimentaire, nous nous référons à la définition suivante: «la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains disposent de façon permanente d’un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive, nécessaire à la satisfaction de leurs besoins et de leurs préférences alimentaires, afin de mener une existence saine et active.»

Quatre concepts de base du Sommet mondial de l’alimentation de 1996 sont en jeu, à savoir: disponibilité de la nourriture, stabilité de l’approvisionnement, accessibilité, et suffisance nutritionnelle. Cela signifie qu’il faut disposer, au niveau national, d’une quantité suffisante de denrées alimentaires de base, produites localement ou importées. En second lieu, ces denrées doivent être fournies de façon stable en termes de temps et d’espace, et, non pas seulement dans quelques zones ou périodes données. Troisièmement, la totalité de la population doit disposer d’un accès à la fois physique et financier à ces denrées. Enfin, ces denrées doivent permettre un régime alimentaire équilibré. Ces quatre concepts sont complémentaires et interactifs. Le fait que la planète dispose de suffisamment de nourriture, mais que les personnes sous-alimentées n’y aient qu’un accès faible voire nul, en raison de leur pauvreté, consistue une question morale grave.

Assurer la sécurité alimentaire n’implique pas seulement l’action des gouvernements. Cela demande aussi la coopération des ONG, des instituts de recherche, des donateurs et même de la communauté internationale. Les institutions financières, les donateurs et les gouvernements doivent également investir dans les zones rurales, en termes d’infrastructures, de communication, de production agricole et d’industrie agroalimentaire rurale.

Les gouvernements doivent placer la lutte pour la sécurité alimentaire comme une priorité nationale dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. Car quelqu’un de pauvre ne peut acheter la nourriture dont il a besoin. Les racines de la sous-alimentation et de la malnutrition se situent dans la pauvreté.

G. Coullet entreprend alors d’expliquer le lien entre la sécurité alimentaire et les systèmes d’information d’alerte rapide. Dans les pays classés à faible déficit alimentaire, indique-t-elle, il devrait y avoir un Comité national de sécurité alimentaire (CNSA) composé notamment d’agronomes, d’économistes et de nutritionnistes, choisis parmi les décideurs politiques dans les domaines de la sécurité alimentaire. Sous le comité national, on trouverait les Comités provinciaux de sécurité alimentaire (CPSA) chargés de zones géographiques délimitées. Les représentants au sein de ces comités provinciaux devraient couvrir quatre champs: la vulgarisation, les statistiques, l’éducation et la santé. Mme Coullet mentionne l’exemple du Tchad, pays où de telles structures sont déjà en place.

Quel pourrait être le rôle de la radio rurale dans le domaine de la sécurité alimentaire?

La radio rurale pourrait être mobilisée pour assurer le suivi de l’information sur les marchés, cette information étant cruciale pour les commerçants et les producteurs. Les messages radio doivent être clairs, courts et diffusés à des horaires compatibles avec les habitudes de l’auditoire cible.

PROGRAMMES DE LA FAO


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