Jean-Pierre Ilboudo
Spécialiste de la Communication
Service de la vulgarisation, léducation et la communication
(SDRE), FAO
Introduction
La nourriture est un droit de base de tout être humain. La sécurité alimentaire est le terme utilisé pour décrire le besoin de garantir le droit à la nourriture dont ont besoin toutes les populations.
Laccès aux technologies de linformation et de la communication devient de plus en plus important face aux problèmes de la pauvreté et de linsécurité alimentaire. On estimait en 1990 en Afrique, que pour 1000 habitants, il y avait 12 journaux, 52 télévisions, 14 lignes téléphoniques, 5 téléphones mobiles, 7,5 dordinateurs personnels et 200 postes récepteurs radios.
Face à la rareté des médias ainsi quà leur accès difficile (journaux et télévision), la radio est en ce moment le seul média de masse capable déveiller la conscience, dinformer et de mobiliser les populations rurales.
La radio rurale existe en Afrique depuis une quarantaine dannées et elle a connu une formidable évolution qui la rapprochée pendant la dernière décennie de ses auditrices et auditeurs.
Le concept de radio locale, de radio communautaire, et plus récemment de radio de proximité militent dans le souci dexprimer ce rapprochement.
Mais la radio rurale a ses facteurs de légitimité parmi lesquels lutilisation des langues locales, des informations basées sur les besoins des communautés ainsi que sur leurs valeurs culturelles et enfin une thématique diversifiée intégrant tous les domaines et secteurs du développement économique, social et culturel.
La radio rurale est ainsi une technologie appropriée pour poser les problèmes de sécurité alimentaire, de réduction de la pauvreté, de protection de lenvironnement et dautres préoccupations en milieu rural africain.
Les programmes et genres radiophoniques utilisés pour traiter les problèmes relatifs à la sécurité alimentaire feront lobjet de la présente communication.
Cette communication voudrait faire suite aux réflexions menées en février 2001 lors de latelier sur la radio rurale mais aussi sur le rôle et les perspectives en général des radiodiffuseurs ruraux ainsi que leur contribution importante à amener les décideurs à orienter, à décider et à corriger les plans de développement, les politiques de sécurité alimentaire, les investissements en fonction des besoins fondamentaux des populations.
Enfin, la présente communication voudrait partir dune observation: on constate que peu de place est accordée aux informations relatives à la production végétale, à la consommation et à la nutrition, à la commercialisation des produits agricoles, à la gestion de laide alimentaire, aux zones et groupes à risque alimentaire, à la promotion et à la transformation des céréales locales, à la production et à la commercialisation du bétail, des produits animaux et des produits halieutiques.
Il est vrai que la notion de sécurité alimentaire est complexe; et dans une approche graduelle, non exhaustive et à compléter au fur et à mesure, nous avons retenu 10 modules de base que vous aviez hiérarchisés en partant des besoins de vos auditrices et auditeurs.
Quant aux genres radiophoniques, ils sont nombreux si lon considère lémission publique, les pièces et sketches radiophoniques, les magazines, lenquête, la causerie-débat, le flash dinformation, le microprogramme, les interviews, le documentaire, etc.
Mais quels sont les genres radiophoniques les plus indiqués, les plus appropriés pour traiter des questions relatives à la sécurité alimentaire?
I - La sécurité alimentaire: une approche modulaire
Bien que la sécurité alimentaire soit un concept intégré autour de quatre domaines qui sont la disponibilité en aliments, la stabilité des approvisionnements, laccès à ces approvisionnements et lutilisation biologique correcte des aliments - toutes choses que vous discuterez en détail avec Geneviève Coullet du Service de la sécurité alimentaire et de lanalyse des projets (ESAF) - nous avons voulu pour des raisons didactiques et pédagogiques, découpez le domaine de la sécurité alimentaire en 11 secteurs pratiques:
1- la sécurité alimentaire
2- lagrométéorologie
3- la biodiversité et les ressources génétiques
4- la nutrition
5- les opérations après-récolte
6- lalerte rapide
7- la commercialisation des produits agricoles
8- les forêts
9- les pêches
10- le programme spécial pour la sécurité alimentaire
11- le Centre mondial dinformation agricole (WAICENT).
Il est important de donner à ces 11 modules de formation, une autre fonction, celle de sources dinformation.
II - Les genres radiophoniques majeurs
1- Les notions de collecte et de traitement de linformation
La fonction sociale de la presse quelle soit écrite ou audiovisuelle consiste, avec dautres institutions sociales mais dune manière originale, à assurer la communication à lintérieur dune société, cette fonction sociale se résume dun point de vue étymologique à «mettre en forme»; cest à dire informer; et si lon divise lactivité journalistique en deux temps, à savoir se renseigner et informer, dès lors deux concepts se dégagent:
et le traitement de linformation.
Ces deux aspects de lactivité journalistique supposent la connaissance des:
sources dinformation.
2 - Les techniques de collecte de linformation
Collecter linformation revient à se renseigner et à recueillir les éléments de connaissance qui seront nécessaires à confectionner lémission.
Les techniques généralement utilisées sont aussi des genres journalistiques qui servent à forger linformation; elles sont au nombre de quatre:
- linterview
- le reportage
- le compte-rendu
- lenquête.
En ce qui concerne linterview qui est la technique de collecte la plus utilisée, plusieurs situations de terrain induisent le type dinterview; nous y reviendrons.
III. Les différents genres majeurs en radio rurale
1. Lémission publique ou jeu radiophonique
Les jeux radiophoniques sont un élément de lanimation radiophonique, mais, ils ont aussi précédé lanimation; ce qui veut dire quils sont aussi anciens que la radio elle-même.
Les composantes du jeu dans les médias audiovisuels ont bien évolué, que ce soit à la télévision où cest leffet visuel spectaculaire qui domine, ou à la radio où ce sont la rapidité de réplique, la drôlerie verbale et le suspens qui ont le dessus.
1.1. Pourquoi les jeux radiophoniques?
La première raison est sans conteste, le maintien du taux daudience qui vise à promouvoir la station en utilisant la distraction, la concurrence et la publicité.
La deuxième raison consiste à satisfaire certains besoins des auditeurs. Ces besoins sont en général des besoins de divertissement. La satisfaction de ces besoins se fait sur deux ressorts psychologiques: lémulation et lidentification.
Par rapport aux réponses et aux questions, lauditeur joue lui-même et gagnera ou perdra selon laptitude du candidat interrogé. Il sera joyeux ou mécontent et fera en même temps le bilan de ses connaissances sur tel ou tel sujet. En dautres termes, nous avons affaire à un auditeur non passif.
Il sagit doffrir un appoint aux activités éducatives, de sensibiliser les esprits à des actions nouvelles et de jouer un rôle de rappel. Pour tout dire, le jeu radiophonique peut aider à évaluer limpact des émissions précédentes (évaluation indicative et non scientifique). Lanimateur doit arriver à combiner les capacités ludiques dun meneur de jeu et celles didactiques de léducateur.
Toutefois, lobjectif n01 du jeu radiophonique est de se divertir.
1.2. Les différents types de jeux radiophoniques
Les jeux radiophoniques les plus courants sont:
les jeux rubriques qui restent les composantes dune animation quotidienne ou hebdomadaire. Un exemple de jeu rubrique consisterait à prendre un extrait de musique, à le faire écouter et à demander aux auditeurs de trouver le nom du compositeur ou du chanteur;
les jeux de connaissances consistent à donner une réponse exacte à une ou plusieurs questions portant sur des questions vérifiées et établies. Lintérêt de ce type de jeu est fonction des sujets abordés et de la manière dont les questions sont posées. Ce quil faut éviter, cest dadopter un ton scolaire comme lon entend dans les campagnes radiophoniques;
les jeux de perspicacité font appel aux facultés de raisonnement des auditeurs, à leur imagination et à leur culture (par exemple, découvrir un mot coupé dans un discours ou dans une musique);
les jeux sonores. Leur point de départ est un enregistrement; lauditeur en identifie la nature. Cest lexemple du bruitage quil faudrait découvrir et identifier.
1.3. Mais comment réalise-t-on un jeu radiophonique?
a) Les questions
Il faut tout dabord avoir un sujet à vulgariser, un thème de sensibilisation, un sujet sur lequel on voudrait évaluer le niveau de connaissances des populations. Ensuite, il faudrait énoncer une énigme comme première question, avoir une deuxième question qui permet de confirmer la perspicacité des candidats par rapport au sujet technique de lémission.
Et enfin, il faudrait demander aux candidats dinciter, par une poésie, un chant, une brillante présentation orale, dautres personnes à suivre lexemple.
b) Les candidats
La communauté villageoise constitue donc les candidats pour ce genre démissions publiques. Tout le monde participe, chacun tente sa chance. Après lénigme, six candidats sont retenus; après la deuxième question, quatre sont retenus; et pour la troisième question, deux sont retenus.
c) Le jury
Le jury est composé par les membres représentatifs de la communauté villageoise (linstituteur, le chef de village, lagent de développement communautaire).
d) Les musiciens
Un ou plusieurs musiciens pour animer lémission.
e) Les prix
Des prix pour récompenser les meilleurs.
f) Les spectateurs
Des spectateurs pour participer et soutenir les meilleurs candidats.
g) Lanimateur
Un très bon animateur et un bon dispositif de sonorisation.
2. Les magazines
Tout comme le magazine dans un périodique imprimé, le magazine radio comprend toujours différents sujets; il est constitué de différents éléments qui peuvent être en rapport entre eux par le thème ou qui peuvent être disparates.
Nous considérons ici le but du magazine et les éléments constitutifs entrant dans léquilibre radiophonique. Ces éléments sont:
la musique.
Nous devons avoir présent à lesprit, et ce, en considérant cette question déquilibre que, contrairement au documentaire, le magazine vise toujours la variété des sujets et non la profondeur.
Un magazine radio ne pénètre pas toujours dans la profondeur des sujets parce que les différents éléments doivent être courts. Il éveille lintérêt des auditeurs et fournit à la fois le divertissement et linformation.
2.1. Les éléments du magazine
Les deux éléments principaux du magazine sont la musique (populaire) et la parole. Commençons par voir le 2e élément quest la parole. La partie parlée dun magazine est aussi de deux sortes suivant sa fonction:
a. le narrateur ou le modérateur
b. les sujets dinformation ou le divertissement.
Examinons dun peu plus près ces deux sortes de parole en nous souvenant que pour le moment nous pensons à la forme, à la fonction du magazine, pas tellement à son contenu.
a) Le narrateur
Tous les sujets dinformation ou de divertissement du magazine sont reliés entre eux par le narrateur. Pour cette raison, il est souvent appelé le «narrateur lien». Dans sa narration, il essayera de créer un lien entre un sujet et le sujet suivant. Il est le guide tout au long du programme. Pour varier, vous avez parfois deux narrateurs alternant en tenant une conversation ayant pour but de relier les sujets.
b) Les sujets dinformation
Ces derniers contiennent la chair du magazine. Le contenu peut être présenté de différentes façons en utilisant les différentes formes radio que nous avons déjà vues ou que nous aurons à voir, exemples: interviews, actualités, faits-divers, reportages, extraits dexposés ou discours.
2.2. Le contenu du magazine
Presque tout peut convenir pour un programme de magazine: la politique, les sujets économiques ou agricoles, linformation sur la santé et léducation, éléments culturels, des événements sociaux, les services. Sans entrer beaucoup dans les détails et dans linformation de fond, on peut offrir à lauditeur un service dinformation sur différents sujets: prévision du temps, situation routière, départ des trains, pharmacies de garde, bals populaires du week-end, etc., tandis quun programme documentaire essaye de donner un solide et agréable plan dinformation sur le sujet quil traite. Le magazine radio donne une information générale sur ce qui se passe en ce moment ou sur certains aspects dun domaine dintérêt.
2.3. La musique
Un magazine radio utilise toujours de la musique. Des airs populaires sont utilisés pour capter lattention de lauditeur et lempêchent déteindre la radio ou de passer à un programme purement divertissant. Pour parvenir à faire tenir lauditeur, les parties parlées doivent être courtes (3 à 5 minutes). La musique, elle, rompt la monotonie, avive et éveille lintérêt. La musique et les paroles doivent être également équilibrées.
2.4. Les types de magazines radio
Il y a différents types de magazine radio qui se regroupent dans une certaine mesure en:
a) magazine dinformation
b) magazine à sujet
c) magazine pour une page auditoire spécial
d) magazine de variété.
Ces programmes pourraient être nommés différemment. Il sagit de créer une terminologie afin que nous sachions de quoi nous parlons.
Le magazine dinformation traite dinformation courante et décide de lhistoire générale.
Le magazine à sujet traite dun sujet spécifique: science, sécurité alimentaire, santé, musique, etc. Il est généralement assigné à un auditoire général et aussi spécifique. Dans ce dernier cas, il en est de même que le magazine du type 3.
Exemple: un programme intitulé «Progrès de lagriculture aujourdhui» peut être destiné à une large cible. Mais le programme «Coopérative des maraîchers» sadresse aux agriculteurs.
Autre exemple: «Votre santé» est destinée à nous tous, mais le «Spécial du docteur» ne peut être destiné quà des travailleurs de la santé, ce qui ne signifie pas quil ne pourrait pas être intéressant pour nous tous.
Le magazine pour auditoire spécial est tout simplement ce que son nom indique. «Le quart dheure du consommateur», «Le chauffeur et la loi», «Lhebdo des jardiniers», «Identification du bétail», «Magazine des enfants», «Lheure des femmes». Leur titre même relève que ces magazines sont destinés à un auditoire spécial.
Le magazine de variétés est généralement destiné à procurer des fragments de nouvelles, de divertissements, de nouvelles disparates, excentriques sur des gens ou sur des lieux hors du commun. Son contenu pédagogique est faible, bien quil puisse avoir un effet à long terme en élevant le niveau dinformation ou dintérêt général.
Voyons alors ces différents types de magazines dun peu plus près.
a) Le magazine dinformation
Il ny a pas de limite aux sujets qui peuvent être inclus dans un magazine pour autant quils soient des nouvelles. Le mot nouvelle sexplique de lui-même, car une nouvelle est tout ce qui se passe récemment ou qui se produit au moment même, ou qui se produira dans un futur proche. Cela doit être nouveau ou relativement nouveau pour lauditeur. Une nouvelle pourrait être un reportage du dernier discours du président sur la session permanente du parlement. Elle pourrait être lextrait dune rencontre ou dune manifestation qui a eu lieu le jour précédent, une interview dun politicien étranger en visite dans le pays, le commentaire dun député ou dun ministre, un projet de loi passé récemment... Elle pourrait être aussi une information sur un nouveau médicament, sur des nouveaux produits, un reportage dévénements sociaux ou sportifs, la prévision dune rencontre qui aurait lieu ce jour-là ou une information globale des prix du jour.
Sa durée variera de 15 à 45 minutes.
b) Le magazine à sujet
Le magazine à sujet peut aussi être un magazine dinformation en ce sens quil nous donne des reportages de nouvelles sur le sujet spécial quil traite. Un magazine intitulé «la science» nous parlera de nouvelles tendances et découvertes, nouvelles techniques, conférences... Mais la nouvelle ne doit pas nécessairement être très courante comme cest le cas dans le magazine général dinformation quotidien ou hebdomadaire. La nouvelle sera plutôt dactualité que de dernière minute bien quelle puisse lêtre aussi. Dans «Santé moderne», les docteurs peuvent parler de leurs travaux, donner des conseils mais ils peuvent aussi parler du passé. «La spéciale Afrique» peut traiter de lhistoire de lAfrique aussi bien que du présent. Dans ce sens, un magazine ainsi intitulé traitera du sujet (lAfrique), mais il présentera toutes sortes daspects de ce sujet (économique, géographique, culturel, pop., commerce, alimentation, sport). Parce que cest un magazine à sujet, peu importe quelle variété de sujet il couvre, le critère pour leur solution sera évidemment leur relation avec le sujet. Nous pouvons aussi examiner cette sorte de magazine dune autre manière. Le sujet peut être très général, politique ou culturel. Dans ce cas, la particularité du programme se trouvera dans le fait quil traite de la politique ou de la culture dun point de vue particulier, quil ne peut traiter dévénements politiques mondiaux que dans la mesure où ils se rapportent aux affaires africaines ou bien encore il peut être en rapport avec les événements extérieurs. Un magazine qui traite de culture est culturel. Mais il peut se limiter à un simple but, relier la culture au développement ou encore traiter de la culture en fonction de ses subdivisions: théâtre - chant - coutume.
Sa durée variera de 15 à 45 minutes.
c) Le magazine pour auditoire spécial
Le magazine pour auditoire spécial peut aussi contenir des nouvelles qui ne seront pas générales mais sélectionnées pour leur intérêt pour un auditoire spécifique. Par exemple, une annonce gouvernementale au sujet dun nouveau cours de formation pour fermiers est bien entendu dintérêt général mais il est manifestement dintérêt spécifique pour les fermiers et leurs enfants. Si le programme est pour les femmes, les jeunes gens, les fermiers, les travailleurs urbains, il se concentrera manifestement sur les sujets, nouvelles ou non, qui sont intéressants pour le groupe particulier visé. Si le programme se compose uniquement de nouvelles, il est alors simplement un magazine à auditoire particulier. Sil contient des causeries sur, par exemple, les jardins denfants, les potagers, les nouvelles manières de cuisiner, les carrières féminines, il sagit du magazine particulier.
Le magazine particulier pour les femmes à pour but une éducation générale et une invitation à la modification dattitude. La série dauditoire que vise le programme est limitée uniquement par le temps démission dont on peut disposer pour un auditoire restreint. On peut avoir des programmes pour les travailleurs urbains, les femmes, les jeunes cultivateurs mais pour des auditoires encore plus spécifiques. Votre programme pourra encore se spécialiser.
Puériculture |
Le régime de votre bébé |
La femme rurale |
Cuisine pour la femme rurale |
La femme en ville |
Budget familial |
La femme et le sport |
Les femmes et lalphabétisme |
Femmes et carrières |
La carrière et la famille |
Sa durée variera de 15 à 45 minutes.
d) Le magazine de variété
Deux sortes de bruits sont possibles pour capter lattention des gens: la musique ou leffet sonore. Il ne doit pas être fracassant mais il doit intriguer lauditeur, linciter à écouter ce qui se passe. Les deux méthodes peuvent être efficaces.
La musique: nimporte quel vieux thème musical ne suffit pas. Il faut quil ait soit une valeur psychologique, soit un rapport étroit avec le sujet. Le bruit seul nest pas un critère de choix. Cest pour cela quil faut porter son attention à la signification thématique et psychologique.
Le bruitage: les mêmes règles sappliquent ici. La suite du programme doit mentionner la nature du bruit comme un élément de caractérisation. Les bruitages peuvent introduire une interview. Bruit de la vie quotidienne, des gens au marché...
Laccent dans le magazine de variété est mis sur le divertissement. Bien que des informations utiles et des sujets pédagogiques puissent être inclus, la partie parlée dun magazine de variétés est principalement destinée à divertir. Elle est très informelle, très personnelle désinvolte et souvent superficielle. Son but principal est de distraire lauditeur. Pour cette raison, elle a probablement moins dapplicabilité pour les éducateurs qui, eux, ont en vue un but spécifiquement pédagogique, spécialement dans les pays en voie du développement où le temps démission est précieux.
Sa durée variera de 15 à 45 minutes.
3. Lenquête radiophonique
Beaucoup de similitudes avec le magazine.
La principale différence entre eux réside dans le fait que le magazine tend à traiter deux ou plusieurs sujets dans un seul programme, alors que lenquête se limite généralement à un seul thème auquel le programme est entièrement consacré.
Lenquête vise à communiquer des idées ou des informations par le truchement dun certain nombre de voix recueillies en studio ou à lextérieur et présentées directement sous forme dinterview ou de débat. Ces éléments peuvent être émaillés denregistrements dactualité (voix humaines, bruits des machines, musique) et lensemble est combiné à une séquence logique soutenue par la narration dun ou deux animateurs ou davantage, assurant les «raccords» en studio.
Se limitant à un thème unique, lenquête radiophonique peut aborder le sujet (et lauditeur) sur un front plus large sous un plus grand nombre dangles et de ce fait avec une profondeur dinvestigation plus importante que celle du magazine.
Cependant lenquête, associée au magazine, repose sur de fréquentes variations ayant pour but de capter lattention de lauditeur. Encore une fois, la différence est dans la présentation qui va de pair avec un changement de sujet. Les parties successives (exposés, interviews, débats) portent chaque fois sur un sujet différent, tandis que lenquête peut utiliser le même genre de canevas (exposé/interview, interview/exposé) pour apporter sans cesse de nouveau développement à un thème constant.
3.1. Travail délaboration dune enquête
Il faudra avoir une solide culture générale, une volonté constante de se documenter et de se tenir au courant.
Où se documenter?
- Dans les livres, à travers les monographies, chez les hommes parce quils ont une mémoire, sur lInternet (la toile).
3.2. Rédaction
Il faut savoir éliminer le superflu pour être clair. La rédaction ne consiste pas seulement à éliminer ce qui est mauvais. Il faut parfois éliminer le bon et ramener deux bons morceaux à nen faire quun dans le but de la concision. Rédiger signifie aussi décider où lon doit placer les différents éléments et dans quel ordre. En fait, lobjectif poursuivi par votre enquête décidera à votre place de sa rédaction.
3.3. Les composantes de lenquête
Les interviews: elles doivent être courtes et parfois scindées. Les questions doivent être brèves et simples. Il faut poser une question à la fois.
Les éléments dactualité: on ne force pas la note.
Les effets: il faut en user modérément car leur rôle est de donner à la radio une dimension supplémentaire et de créer du relief.
La musique: même remarque que pour les documents dactualité. La musique sert seulement à créer une atmosphère.
La narration ou raccord permet la continuité du récit et une transition facile entre les différentes parties: deux à trois minutes pour un quart dheure, quatre à cinq minutes pour une demi-heure.
3.4. Linterview ou lentretien
Tout homme qui vit en société a besoin dun minimum dinformations sur autrui, ses actes, ses prévisions et intentions. Cest aussi bien son voisin, son collègue, son ennemi. Cest aussi bien sa famille, les habitants de son quartier, son village pourquoi pas la région ou la nation à laquelle il appartient. En un mot lhomme qui vit en société fait une enquête perpétuelle plus ou moins maladroite, plus ou moins systématique, plus ou moins importante. En effet comment pourrait-il réagir, parler et faire le moindre geste sans une connaissance minimum du milieu où il vit, de la société qui lentoure? Il suffit de regarder un enfant et de lécouter avec attention pour sen convaincre. Son discours est tissé de questions par dinterminables pourquoi et comment. Il passe son temps à questionner les adultes et ses petits camarades quand ils en savent plus que lui.
Linterview ne consiste pas à faire comme le petit enfant. Linterview a des objectifs précis; cest une technique dont la maîtrise demande beaucoup de travail.
Nous utiliserons indifféremment les deux termes «interview» ou «entretien», car le mot anglais «interview» veut dire «entretien» avec cette différence que lhabitude a été prise de lemployer dans le vocabulaire professionnel dune part, et que dautre part, on utilise souvent le terme «interview» pour désigner un entretien guidé ou dirigé que nous étudierons plus loin.
a) Les objectifs de lentretien
Les objectifs de lentretien sont divers.
On peut se contenter de recueillir des faits ou des opinions. Linterlocuteur a été témoin direct dun événement et on lui demande de les décrire en même temps que ses opinions personnelles à ce sujet et les réactions quil a manifestées en actes ou en paroles devant ces faits. Exemple: incendie (causes-secours).
Lentretien peut avoir également pour objectif dinformer et de motiver. Informer ici consiste à donner des renseignements que linterlocuteur ne possède pas et dont la possession lui permettra ensuite de mieux élaborer ses opinions ou ne pas être en retard sur les autres: cest le mettre au courant. Motiver par lentretien consiste à mieux faire comprendre à linterlocuteur le sens ou limportance des faits dont il est question de manière à ce quil se situe correctement par rapport à ces faits. Combien de fois les événements nous semblent lointains alors quune meilleure compréhension les rapproche dune façon inattendue. Exemple: une nouvelle loi vient de sortir sur le taux des loyers. Elle est publiée dans le journal officiel mais le texte est difficile et certains citoyens renoncent à le lire dès les premières lignes. Lentretien serait utile pour motiver le public à lire ce texte.
Lentretien peut avoir pour objectif lévaluation, les tests et les examens sous des formes concises pour évaluer lhabileté dun ouvrier, les difficultés des enfants à lécole, etc.
Lentretien peut avoir comme objectif de résoudre un problème entre deux interlocuteurs et de préparer une décision à prendre en commun.
b) Les différents types dentretiens
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Non directif |
Semi-directif |
Directif |
Contrôle |
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X |
Vérification |
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X |
X |
Approfondissement |
X |
X |
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Exploration |
X |
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b.1) Entretien dirigé ou directif
On dit quun entretien est dirigé lorsque le sujet, les thèmes successifs, les questions à poser sont déterminées à lavance par celui qui mène lentretien. Il consiste pour linterviewer à recueillir le maximum dinformations en évitant lerreur de trop engager sa propre personne dans la conversation. Lentretien dirigé peut être effectué à laide dun questionnaire préétabli (de préférence guide dentretien ou canevas). Cette manière de faire à lavantage de présenter la même formulation des questions auprès des interlocuteurs.
Quelle doit être la qualité des questions dans le cadre dun entretien dirigé?
- Clairement formulées dans des termes immédiatement compréhensibles. De nombreux journalistes et enquêteurs simaginent que ce qui est clair pour eux lest pour les autres. Il y a là une illusion quil est souvent nécessaire de combattre. La sagesse est de dire que lon nest jamais assez clair.
Ces questions doivent appeler des réponses précises selon lobjectif de lentretien. Il y a deux types de question.
Questions fermées: linterlocuteur choisit entre le «oui» ou le «non» sans quil ne lui soit possible de dire «oui, mais» ou «non, mais»; il faut noter que les questions fermées sont autoritaires, du moins elles apparaissent ainsi au public non-habitué aux enquêtes, aux entretiens (toutes les questions didentification dans un sondage).
Questions ouvertes: plus souples et permettant dabord de mieux sexprimer et selon sa propre manière de parler.
b.2) Lentretien non directif
Comme son nom lindique, cest un entretien qui nimplique pas de direction à prendre. Linterviewer laisse son interlocuteur créer lui-même le cadre dans lequel il veut sexprimer. Il nest jamais hors sujet; il peut développer comme il lentend ses informations et ses opinions selon la forme et lordre quil veut. Linterviewer pose peu de questions. Lentretien ne doit pas sécarter de son objectif.
Exemple: il ne convient pas de laisser parler une assistante sociale de la famille et du travail lorsquon est venu sinformer sur laugmentation du prix de la bière. Lart de linterviewer consiste à remonter le fil de lentretien et à débloquer linterviewé quand il tourne en rond; linterviewer reformule les aspirations, les jugements et les sentiments de linterlocuteur en des termes qui ouvrent de nouvelles affirmations, de nouveaux jugements, de nouveaux sentiments sur de nouveaux faits. Il met son interlocuteur en situation de préciser sa pensée.
b.3) Lentretien centré ou semi-directif
Il est ni dirigé ni discuté. Lenquêteur dispose dun guide dentretien contenant quelques questions sur des thèmes à explorer.
Il a comme originalité sa méthode dalternance entre les moments où linterviewer intervient pour guider le sujet, le questionner, lui faire préciser certains points; les moments non-directifs dans lesquels linterviewer se préoccupe de soutenir le sujet, de faciliter chez lui sa propre interrogation sur les thèmes à aborder.
Directif: dix questions
Semi-directif: quatre ou cinq questions
Directif: Canevas (dix questions) sur les inondations.
Semi-directif: Questions-Réponses
Le paysan qui vient de perdre sa récolte de mil à cause de la sécheresse.
4 - Le microprogramme
Cest le message radiophonique utilisé dans les campagnes éducatives composé de plusieurs éléments dont lensemble concourt à présenter de manière persuasive une idée ou une indication à laction. Ce message est caractérisé par sa durée très courte destinée à une programmation répétitive; il fait généralement partie dune série de messages du même type, consacré au même sujet et comportant des éléments communs sonores ou verbaux. La conception de sa programmation sinspire très directement des méthodes utilisées par les spots de publicité commerciale. La première utilisation du microprogramme date de 1966 quand Pierre Billard a été chargé de lancer une campagne sur les notions du développement: Bénin et Mali en 1967; Tchad en 1968; Burkina en 1970; Gabon en 1971-72; Burundi en 1979.
Composition du microprogramme
Ce sont des programmes qui durent entre 2 et 3 minutes et qui ont comme caractéristique leur brièveté. Une minute et dix secondes serait la durée idéale.
Le microprogramme a pour but de sensibiliser les auditrices et les auditeurs par une série de thèmes considérés comme prioritaires par les organisateurs des campagnes éducatives. Cette sensibilisation est basée sur une action répétitive démissions brèves et diffusées selon un programme dispersé. Il sintercale dans les autres émissions de la journée; il doit être attrayant dans sa forme, doù son rôle attractif.
Son langage doit frapper limagination de lauditeur de manière à retenir son attention (langage vif et alerte). Il sera diffusé plusieurs fois à des heures différentes et cette répétition a pour but de toucher lensemble de lauditoire pour que les thèmes diffusés ou abordés soient retenus. Le microprogramme est réalisé sous forme de:
musique («jingle»).
5 - La causerie-débat
Elle permet davoir plusieurs opinions sur un sujet.
Elle réunit autour du micro (en plein air ou en studio), plusieurs protagonistes invités à défendre des points de vue sur un sujet dactualité ou un sujet de fond.
Le rôle de lanimateur radio est de bien expliquer aux participants la règle du genre qui veut un respect mutuel entre les participants et beaucoup de civilité.
Lanimateur radio doit veiller à ce que le partage du temps soit équitable et à ce quune ou deux personnes ne monopolisent pas la parole.
Lintroduction et la conclusion de la causerie-débat doivent être soigneusement préparées autant que lanimation du débat.
Conclusion
A ces cinq genres majeurs, je voudrais indiquer dautres genres que lon pourrait considérer mineur non pas par leur taux daudience mais parce quils coûtent chers à la production; il sagit des feuilletons radiophoniques/sketchs et des chroniques.
Tous les cinq genres ci-dessus cités sont adaptés au traitement de linformation sur la sécurité alimentaire.
Nous pouvons toutefois spécifier au regard de chaque module des contenus sur la sécurité alimentaire, les genres radiophoniques ci-après:
· Sécurité alimentaire
Magazine dinfo
Magazine à sujet
Magazine pour auditoire spécial
Microprogramme
Flash dinfo
Emission publique
· Agrométéorologie
Bulletin(chronique)
Interview semi-directive
Flash dinfo
Magazine à sujet
· Prix des marchés
Flash dinfo.
Causerie-débat
Magazine à sujet
Magazine dinfo
Microprogramme
Enquête radiophonique
· Alerte rapide
Flash dinfo
Interview directive
Reportage
· Nutrition
Microprogramme
Magazine à sujet
Magazine dinfo
Magazine pour auditoire spécial
Interview semi-directive
Emission publique
Enquête radio
· Opérations après-récolte
Microprogramme
Magazine dinfo
Magazine à sujet
Emission publique
Enquête radio
· Biodiversité et ressources génétiques
Emission publique
Magazine à sujet
Magazine dinfo
Interview non-directive
· Programme spécial pour la sécurité alimentaire
Emission publique
Interview directive ou semi-directive
Magazine à sujet
Magazine dinfo.
Microprogramme
Causerie-débat
· Pêches
Magazine pour auditoire spécial
Magazine dinfo
Magazine à sujet
Microprogramme
Emission publique
Causerie-débat
Enquête radio
· Forêts
Magazine pour auditoire spécial
Magazine dinfo
Magazine à sujet
Microprogramme
Emission publique
Causerie-débat
Enquête radio
BIBLIOGRAPHIE
Ansah Paul, Fall Chérif,Chin Dji Kouleu Bernard,Mwaura Peter, Le journalisme rural en Afrique. Etudes et documents dinformation.-Paris, 1981, n. 88
Escarpit Robert, Lécrit et la communication.-Paris, Puf. Que sais-je
Hoffmann Volker, Welche Media konnen die ausbildung und beratung in landlichen entwiclunks-projekten unterstuzen? En Entwicklung und Landliches Raum 4, 1987
Manuel du producteur en radio éducative, Deutsche Welle, Ausbildungzentrum, Cologne 1994
J.P Ilboudo, Mamadou Koumé et Ngoné Sow Cissé, Recherche et traitement de linformation (guide didactique à lintention des correspondants de la cellule agro-sylvo-pastorale pour la sécurité alimentaire et lalerte rapide, 1998)
J-P Ilboudo, Les genres majeurs en radio rurale, cours polycopié et dispensé au CIERRO (1984-1990)
Lexpression orale, PUF
Lexpression écrite, PUF