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Introduction: information, communication et développement


«Quels sont nos buts, comment contribuent-ils à créer un monde meilleur et de quelle façon les technologies que nous utilisons nous aident-elles à atteindre ces buts?»[1]

Les relations entre les flux d’information et le développement - au niveau national ou local - sont mieux connues depuis quelques années, de même que le rôle des processus de communication pour accompagner les changements sociaux et individuels. Toutefois, dans de nombreux pays africains, ces relations ne sont pas suffisamment débattues ou facilement acceptées, notamment par les planificateurs du développement.

Fondamentalement, la communication est un processus social qui provoque des changements dans les connaissances, les attitudes et les comportements des individus ou des groupes, en mettant à leur disposition des informations factuelles et techniques, en facilitant le processus d’apprentissage et «l’environnement» social. Ces éléments pourraient alors conduire à une meilleure maîtrise de compétences essentielles pour les individus et à une meilleure réalisation de divers buts déterminants. Parmi les autres effets possibles de la communication, on peut observer l’augmentation de l’estime de soi et du bien-être, par une participation à la vie sociale et communautaire, l’amélioration de la qualité des relations inter-individuelles, le renforcement du respect mutuel et de la confiance en soi dans les groupes sociaux et l’instauration de la confiance au sein des communautés. Tous ces ingrédients contribuent à ces changements positifs au niveau des individus, des communautés ou de la société, que l’on qualifie souvent de «développement». La communication peut donc avoir une influence positive sur le développement.

Toutefois, la «communication pour le développement» peut avoir des sens différents selon les individus. Ce concept a même été considéré, à d’autres époques, comme de «l’ingénierie sociale» ou comme le fait de «donner une voix aux sans-voix». Qu’il s’agisse de l’idée ou de la pratique, les relations entre communication et développement ont été problématiques et ont soulevé de nombreuses questions. Pouvons-nous mettre en évidence la place de la communication dans le processus de développement? Quel type de communication a quels effets sur quels aspects du développement? Ces questions sont fascinantes et insolubles. Quelquefois les effets de la communication sont mis en évidence seulement quand quelque chose ne va pas dans la société.

Bien que ces relations ne soient pas clairement établies, l’Indice du Développement Humain (IDH) montre une différence sensible dans les profils de communication des pays selon que leur indice de développement est élevé, moyen ou faible. Les indicateurs généralement utilisés pour l’IDH concernent le plus souvent les infrastructures et la technologie, par exemple l’accès à la radio, à la télévision ou le nombre de titres de livres publiés, de bureaux de poste, de lignes de téléphone, de télécopieurs, d’abonnés au téléphone mobile, d’utilisateurs d’Internet, d’ordinateurs personnels. On peut penser que les opportunités que ces outils offrent pour véhiculer l’information et les messages et pour permettre des interactions sociales multiples - qui déterminent le progrès social - constituent une contribution essentielle pour le niveau de développement socioéconomique des sociétés. Même si la communication est seulement un élément nécessaire mais non suffisant pour le développement, sa contribution potentielle constitue un motif pour continuer à chercher des moyens plus efficaces pour mettre les processus de communication au service du développement et pour justifier les investissements dans les idées et les pratiques d’information et de communication. C’est pourquoi une approche politique est nécessaire pour soutenir l’intégration théorique et pratique de l’information dans les plans nationaux de développement et de gouvernance.

Il y a actuellement en Afrique peu d’exemples de politiques conçues pour «pousser» à l’utilisation systématique de l’information et de la communication comme un élément des stratégies nationales de développement[2]. De nombreuses campagnes sociales de courte durée s’appuient sur des activités d’information et de communication, mais ces interventions épisodiques n’apparaissent pas en mesure de créer une masse critique susceptible de provoquer des changements sociaux importants et durables. Face à des ressources en baisse, les pays africains devront éviter de faire des investissements non planifiés, extravagants ou improductifs dans les secteurs de l’information et de la communication. Ils devront également s’attaquer au sous-développement ou au développement déséquilibré des institutions de communication et être plus ouverts à certaines idées et pratiques (comme la liberté d’expression ou l’autonomie financière) qui accompagnent une approche plus ouverte et participative au développement national. La perspective d’un «développement durable» est pertinente pour justifier les investissements dans les programmes d’information et de communication. Elle représente donc aujourd’hui un sujet de réflexion important pour les pays africains.


[1] Technologie pour le développement ou développement pour la technologie?’; chap. II dans Technologies d’information et de communication pour le développement: point de vue de l’UNESCO, 1996, p.3
[2] Une exception notable est l’effort que quelques pays d’Afrique de l’ouest ont entrepris pour élaborer des politiques nationales de communication pour le développement, en collaboration avec la FAO. Voir, par exemple: Document de la politique nationale de la communication pour le développement au Burkina Faso, Tome 1, Tome 2; Burkina Faso, Ministère de la Communication, et FAO, Rome, 2001.

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