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PREMIERE PARTIE - ANALYSE DE SITUATION


Chapitre 1: Contexte général du pays

1.1. Caractéristiques

1.1.1. Situation géographique

Le Cameroun est un pays d'Afrique centrale, couvrant 475.000 Km2. Il est limité à l'Est par le Tchad et la République Centrafricaine, au Sud par le Congo, le Gabon et la Guinée Equatoriale, au Sud-Ouest par l'Océan Atlantique, à l'Ouest par le Nigeria et enfin au sommet supérieur du triangle au Nord par le Lac Tchad.

1.1.2. Organisation politico-administrative

Le Cameroun est un pays bilingue. L'anglais et le français sont les deux langues officielles. Il compte plus de 200 langues nationales. Le pays compte 10 provinces, 58 départements, 268 arrondissements. Plusieurs partis politiques y exercent leurs activités.

1.1.3. Quelques données socio-économiques

Les activités économiques du Cameroun sont essentiellement tournées vers le secteur primaire. En 1997-1998, le PIB par tête était estimé à 376 000 francs CFA (soit environ 684 dollars des E.U.).

Au recensement de 1987, 66 pour cent de la population âgée de 15-64 ans était active. Le taux de scolarisation pour la tranche d'âge de 6 -14 ans était évalué à plus de 73 pour cent, mais le taux d'analphabétisation reste encore élevé (41 pour cent), particulièrement chez les femmes (50 pour cent environ).

1.1.4. Environnement médiatique

Le Cameroun dispose d'une grande diversité ethnique, ce qui offre une gamme variée de canaux de communication appréciés par la population tels que le théâtre populaire, les chansons traditionnelles à thèmes, les chansonniers traditionnels, les conteurs, les leaders d'opinion, les groupes initiatiques, les classes d'âge, les tontines et les associations culturelles.

Les médias modernes couvrent de façon insuffisante l'étendue du pays.

Une étude de «Human Development Report» sur l'audience des médias modernes réalisée en 1997 (page 185) indique qu'il y avait 8 téléviseurs pour 100 camerounais en 1994 et 148 radios pour 1000 camerounais.

En ce qui concerne la presse écrite, en plus de 'Cameroon Tribune' le quotidien national; il y a plusieurs titres appartenant à des acteurs privés. Elle couvre les domaines riches et variés de la santé, de l'éducation, de la scolarité féminine, du sport et des loisirs. Mais le taux élevé d'analphabétisme limite considérablement l'accès à la presse tout comme son coût relativement élevé.

La libéralisation de la radio et de la télévision est effective depuis début 2000. Plusieurs chaînes de radios émettent au Cameroun depuis cette période.

1.2. Situation Démographique

1.2.1. Politique de population

La déclaration de la politique nationale de population (DPNP) adoptée par les pouvoirs publics, avec une large participation de toutes les couches de la société camerounaise, a pour but d'améliorer le niveau et la qualité de vie de la population dans la limite des ressources disponibles, en conformité avec la dignité humaine et les droits fondamentaux de l'homme, notamment en œuvrant pour assurer la satisfaction des besoins élémentaires de la population (santé, alimentation, emploi, logement, éducation).

Cette politique vise à atteindre les objectifs généraux suivants

1.2.2. Situation actuelle de la population

La population du Cameroun est jeune. Au recensement de 1987, les personnes âgées de 0-14 ans représentaient 46,4 pour cent de la population totale. La densité moyenne de peuplement était de 23 habitants au Km2. Cette population est inégalement répartie sur le territoire national. Par ailleurs, elle est urbanisée à près de 38 pour cent.

Cette population augmente à un rythme important estimé à 1,9 pour cent en 1950 et à un taux d'accroissement annuel moyen évalué à 2,9 pour cent en 1987. Cette évolution rapide de la population est surtout imputable à une baisse de la mortalité et à une fécondité relativement constante mais qui reste à un niveau élevé. Si ce rythme de croissance est maintenu, la population doublera en moins de 24 ans c'est à dire que d'ici à 2014, le Cameroun comptera environ 23 millions d'habitants.

En 1996, la population camerounaise était estimée à 13 358 000 d'habitants. Aujourd'hui elle est à plus de 15 millions d'habitants et atteindra 23 millions en l'an 2014.

Cette forte croissance de la population du Cameroun serait due à un taux de fécondité encore élevé malgré la tendance à la baisse, combinée à une chute appréciable du niveau de la mortalité. En effet, l'indice synthétique de fécondité est passé de 6,3 enfants par femme en 1978 (enquête nationale sur la fécondité) à 5,8 en 1991 (EDSC), de 6 à 12 pour cent en 1998 (EDSC).

L'espérance de vie à la naissance serait passée de 53,4 ans en 1987 à 56, 7 ans en 1996-1998 pour les deux sexes. Chez les femmes, l'espérance de vie à la naissance serait passée de 56,2 ans en 1987 à 59 ans en 1996.

Le nombre des personnes du troisième âge devient de plus en plus important entraînant des problèmes spécifiques de prise en charge.

1.2.3. Répartition spatiale de la population

La population du Cameroun est inégalement répartie sur le territoire national. En effet, 71 pour cent de la population sont concentrés sur moins de 34 pour cent de la superficie totale du pays avec une densité moyenne de 28,7 habitants/km2 variant selon les régions de de 5 à 100 habitants/km2. Par ailleurs, la population urbaine ne cesse d'augmenter avec l'exode rural. Elle est estimée aujourd'hui à 38 pour cent dont une forte population de jeunes, 107 hommes pour 100 femmes vivent en ville, estime-t-on.

1.2.4. Etat actuel des politiques nationales et programmes de santé de la reproduction

1.2.4.1. Politiques

La santé est le seul secteur social aujourd'hui doté d'une politique nationale explicite consignée dans une déclaration officielle (Loi N° 96/030 du 04 Janvier 1996 portant la loi-cadre dans le domaine de la santé), des politiques sous-sectorielles (Politiques et Standards des services de la santé maternelle et infantile et de planification familiale, Déclaration de la politique Nationale de mise en œuvre de la réorientation des soins de santé primaire) et plusieurs programmes spécifiques.

Depuis 1980, de nombreuses mesures ont été prises par le Gouvernement du Cameroun dans le domaine de la planification familiale, qui concrétisent l'option d'une maîtrise de la croissance de la population jugée incompatible avec le rythme de mise en valeur des ressources disponibles. Parmi ces mesures, figurent:

1) la création en 1985 d'une Commission nationale de la population (CNP);

2) l'adoption en 1992 de la Déclaration de politique nationale de population (DPNP);

3) la formulation et la mise en œuvre d'une stratégie d'éducation des populations à la parenté responsable;

4) la libéralisation de la promotion et de la publicité des produits contraceptifs;

5) l'ouverture des «Maisons de la femme» dans la plupart des chefs-lieux de département dans le but, entre autres, d'éduquer les femmes en matière de planification familiale

6) le renforcement et l'intégration des services de SMI/PF dans les soins de santé primaires (à tous les niveaux d'intégration central, intermédiaire et périphérique) avec l'assistance du FNUAP, poursuivis avec le troisième Programme-Pays 1998-2002.

7) L'adoption du Premier programme national de population (PNP) en 1997 dont la santé de reproduction constitue l'un des domaines prioritaires.

1.2.4.2 Santé de la population

La santé de la mère et de l'enfant reste encore une préoccupation des pouvoirs publics malgré la priorité dont elle bénéficie dans les programmes nationaux de santé. Le taux de mortalité reste élevé avec une forte prévalence des maladies infectieuses et parasitaires.

Le Sida, fléau du siècle, est en expansion au Cameroun où les taux des tendances évolutives de la prévalence sont estimés à 5,5 pour cent en 1996 à 7,2 pour cent en 1998.

L'augmentation des grossesses non désirées et le recours à l'avortement provoqué témoignent de l'existence d'une demande importante à satisfaire en services de planification familiale. Plus de 66 pour cent des femmes connaissent au moins une méthode contraceptive alors que moins de 20 pour cent en utilisent, d'où la nécessité de mettre sur pied des méthodes incitatives pour les encourager à utiliser ces méthodes de planification familiale.

La faiblesse des activités d'IEC/sensibilisation en planification familiale au niveau des formations sanitaires et l'accueil peu motivant de certains personnels sanitaires contribuent au faible taux de prévalence contraceptive (4 pour cent en zone rurale et 12 pour cent en zone urbaine).

1.2.5. Femme et développement

En général, la répartition des tâches et la distribution des droits et devoirs dans la société camerounaise respectent toujours, en dépit de quelques exceptions en milieu urbain, les canaux traditionnels et se font en fonction du genre.

Cela influence la socialisation et pérennise certaines discriminations établies sur la base du genre en matière de scolarisation, de droits politiques, de production et de gestion économique.

1.2.6. Promotion des jeunes

Les objectifs généraux de la PNP, en ce qui concerne les jeunes, sont la promotion de l'éducation de base pour tous, le renforcement de l'éducation des filles afin de décourager les abandons scolaires précoces, le relèvement de l'âge au premier mariage. Pour atteindre ces objectifs, plusieurs programmes et stratégies ont été mis en œuvre particulièrement pour la protection et la promotion de la petite fille.

1.2.7. Personnes du troisième âge

La promotion et le développement de la lutte contre la marginalisation des personnes du troisième âge est un objectif de la PNP.

Chapitre 2: Santé de la reproduction

Définition

le concept de santé de la reproduction, tel que défini par la Conférence internationale pour la population et le développement (CIPD-1994), a été adopté par le Cameroun au cours d'un Symposium national sur la santé de la reproduction (1999).

Ce concept est défini comme suit:

«Par santé en matière de reproduction, ou santé de la reproduction, on entend le bien-être général, tant physique que mental et social, de la personne humaine, en ce qui concerne l'appareil génital, ses fonctions et son fonctionnement et non pas seulement l'absence de maladie ou d'infirmité».

Les services de santé de la reproduction comprennent l'ensemble des méthodes, techniques et services qui contribuent à la santé et au bien-être en matière de procréation, à la prévention et à la résolution des problèmes pouvant se poser dans ce domaine. Ceci inclut aussi les soins liés à la santé sexuelle, qui ne doivent pas se limiter aux conseils et soins relatifs à la procréation et aux MST, mais aussi à l'amélioration de la qualité de vie et des relations interpersonnelles.

Au Cameroun, la santé de l'enfant est considérée comme un volet prioritaire de la politique sectorielle de santé. La Santé maternelle et infantile/planification familiale (SMI/PF) qui prenait en compte toutes les activités préventives, curatives et promotionnelles de la santé infantile a évolué vers la santé de la reproduction. De ce fait la santé infantile reste toujours une composante essentielle de la santé de la reproduction.

ETAT DES LIEUX DE LA SANTÉ DE LA REPRODUCTION

2.1. Les composantes de la santé de la reproduction

2.1.1. Santé maternelle et infantile

Maternité à moindre risque

Analyse de situation

Les Femmes

Les risques liés à la maternité sont généralement dus aux facteurs ci-après:

Selon l'EDSC II de 1998:

parmi les grossesses:

Pour les accouchements, on estime que deux sur cinq accouchements se font à la maison et les mères qui accouchent dans les formations sanitaires sont généralement celles qui ont suivi les consultations prénatales. Par ailleurs, il est constaté que plus est élevé le nombre d'enfants (6 et plus), moins les mères se sentent préoccupées par leur grossesse et leur accouchement en comparaison avec les jeunes femmes qui commencent leur vie féconde. Elles se font donc assister par les parents, par les amies ou par les accoucheuses traditionnelles.

Le phénomène de l'avortement au Cameroun est grave. Parce que l'avortement est illégal, il est difficile de disposer de chiffres reflétant l'ampleur du phénomène. C'est pourquoi il faut s'en tenir au nombre d'avortements provoqués indiqué dans l'EDSC II de 1998.

Les enfants

Analyse de situation

La couverture vaccinale n'est pas satisfaisante. On constate ainsi une très importante déperdition de la couverture vaccinale du DTCoq. Le taux de déperdition entre la première et la troisième dose de ce vaccin est de 31 pour cent. Ce taux de déperdition est approximativement le même que celui du vaccin contre la polio, car généralement les deux vaccins se font au même moment.

En ce qui concerne la rougeole, la couverture (54 pour cent) est assez proche de celle de la polio 3 et du DTCoq 3.

La proportion d'enfants vaccinés contre la fièvre jaune est très faible. Elle varie entre 2 pour cent d'après le carnet de vaccination et 6 pour cent (d'après les déclarations de la mère).

Si une forte proportion d'enfants sont allaités au sein (95 à 99 pour cent) suivant les régions, on constate cependant que seulement 38 pour cent des nouveau-nés sont mis au sein dès la première heure, seulement 59 pour cent sont mis au sein pour la première fois dans les 24 heures suivant la naissance. Ainsi, 62 pour cent des enfants camerounais ne reçoivent pas le lait maternel dès leur naissance, et 41 pour cent n'en reçoivent même pas au cours du premier jour de leur existence. Cette pratique prive les enfants du colostrum et des anticorps qui lui sont indispensables pour éviter de nombreuses maladies. Ces enfants sont ainsi exposés à des risques accrus de maladies. Le niveau d'instruction de la mère influence la mise précoce de l'enfant au sein. Plus le niveau d'instruction de la mère est élevé, plus l'enfant est précocement mis au sein.

Par ailleurs 16 pour cent des enfants sont allaités de 0 à 1 mois et 25 pour cent de 2 à 3 mois et prennent ensuite le biberon. La conduite de l'allaitement au biberon n'étant pas maîtrisée par les mères, il est souvent à l'origine de diarrhées. Il en est de même des techniques de sevrage.

La situation nutritionnelle est préoccupante au Cameroun puisque 29 pour cent des enfants de moins de trois ans souffrent de malnutrition chronique sévère.

Les infections respiratoires aiguës (IRA) et la fièvre

Il a été constaté que c'est chez les enfants de 6 à 11 mois (28 pour cent) que les IRA sont les plus fréquentes. Ces IRA parmi lesquelles la pneumonie, constituent l'une des principales causes de décès d'enfants. Les soins des établissements sanitaires sont plus sollicités pour les enfants habitant les villes (57 pour cent pour les grandes villes et 42 pour cent pour les autres villes) que pour les enfants des zones rurales (27 pour cent).

Les enfants dont la mère a au moins un niveau d'instruction secondaire sont plus fréquemment conduits dans un établissement sanitaire (51 pour cent) que ceux dont la mère a un niveau d'instruction primaire (40 pour cent) ou que ceux dont la mère n'a aucun niveau d'instruction (11 pour cent).

La diarrhée

De par leurs conséquences, notamment la déshydratation et la sous-nutrition, les maladies diarrhéiques constituent, directement ou indirectement une des principales causes de décès des jeunes enfants. Il est à noter que la diarrhée est particulièrement importante chez les enfants de 6 à 11 mois (21 pour cent) et de 12 à 23 mois (26 pour cent).

1. Les soins prénatals ont pour but de prévenir toute complication éventuelle, autant que faire se peut, et d'assurer la prompte détection de toute complication et son traitement adéquat de toute complication pendant la grossesse.

2. Pour un accouchement sans risque et dans de bonnes conditions d'hygiène, il faut s'assurer que tout le personnel assistant à l'accouchement dispose de connaissances, de compétences et du matériel nécessaire lui permettant d'assurer un accouchement dans de bonnes conditions, et de dispenser les soins post-partum à la mère et au nouveau-né.

3. Les soins obstétricaux essentiels doivent assurer que toute femme ayant besoin de soins essentiels lors d'une grossesse à hauts risques ou lors de complications y ait accès.

Ces trois mesures stratégiques doivent être assurées par le biais des soins de santé primaire et reposer sur l'assise d'une plus grande équité à l'égard des femmes.

Assurer une maternité sans risque exige la mise en place d'une chaîne de soins reliant les services de santé, les femmes, les familles, la communauté et d'autres secteurs d'activités.

Cet ensemble de mesures devra viser les objectifs ci-après:

Le système sanitaire de district est l'unité de base de choix pour la planification et la mise en œuvre des mesures nécessaires pour atteindre les objectifs ci-dessus.

L'ensemble des interventions en faveur de la santé des femmes devra s'inscrire dans une pyramide.

2.1.2. Infécondité

a) Analyse de situation

L'infécondité au Cameroun est un problème de portée nationale. Mais il est souvent occulté par la démographie galopante. Avec un taux d'accroissement de 2,8 pour cent chaque année et les multiples migrations internes surtout des campagnes vers la ville, le phénomène de dilution de l'infécondité s'accentue dans la société. L'infécondité déstabilise de nombreux ménages et une telle situation a une influence très négative sur d'autres problèmes de société, par exemple la prostitution et son corollaire de MST/Sida. Le Cameroun donne le parfait exemple d'un pays qui se divise entre des zones de haute et de basse fécondité. Les zones de haut niveau d'infécondité au Cameroun sont les provinces du Grand Nord, du Centre, du Sud et de l'Est. Une étude réalisée en 1990, au Cameroun par l'IFORD montre que les femmes qui se marient très tôt ou tardivement augmentent leur risque d'infécondité, ce qui explique le haut niveau d'infécondité rencontré dans les provinces citées ci-avant.

b) Nécessité d'une stratégie

L'infécondité est un état pathologique réversible dans de nombreux cas, l'important est de bien mener le suivi médical qui est généralement long et trop onéreux pour les camerounais dont les revenus ont diminué à cause de la crise économique. Cet état pathologique peut être évité pour peu que les individus en particulier, et la société tout entière en général, soient bien sensibilisés et bien éduqués sur les multiples conséquences et les différents modes de prévention de l'infécondité. Développer une stratégie d'IEC pour lutter contre l'infécondité assurerait certains équilibres sociaux et augmenterait la participation des populations aux grands programmes de population et de développement tels que la planification familiale, la parenté responsable, l'éducation à la vie sexuelle et l'éducation à la vie familiale.

2.1.3. Planification familiale

a) Analyse de situation

Les conditions favorables au déploiement des activités de planification familiale au Cameroun ont été créées par l'existence de la Déclaration de politique nationale de populations adoptée en 1992, et par la Politique sectorielle de santé qui visent au renforcement et à l'intégration des services de SMI/PF dans les soins de santé primaires à tous les niveaux d'intervention (central, intermédiaire et périphérique).

Les activités en matière de planification familiale se sont donc généralisées en direction de différents publics cibles à travers:

b) Nécessité d'une stratégie IEC

L'un des résultats obtenus par les projets de planification familiale est la progression continue du niveau de connaissances des méthodes contraceptives, qui est passé de 36 pour cent (ENF 73) à 70 pour cent (EDS 91) et à 80 pour cent (EDS 98). Cependant, l'écart entre niveau de connaissance élevé et niveau de pratique faible reste un problème préoccupant et une stratégie IEC novatrice devrait amener les clients à utiliser effectivement les méthodes contraceptives.

2.1.4. Les cancers génitaux

a) Analyse situationnelle

Les cancers génitaux (du sein et du col de l'utérus) représentent une cause réelle de mortalité maternelle au Cameroun. Les données y relatives et non rassemblées sont celles des différents praticiens des services de gynécologie des structures sanitaires publiques et privées.

La réalité de la situation se justifie par de nombreuses campagnes de dépistage du cancer de sein et du col utérin organisées annuellement depuis environ 10 ans.

b) Nécessité d'une stratégie d'IEC

Une éducation en faveur de la prévention du cancer doit être engagée de façon intense au sein des populations camerounaises par les services de santé, les ONG, les médias. Une telle stratégie permettrait de susciter une prise de conscience des populations sur la fréquence et la gravité des cancers, sur les moyens de les prévenir, sur la nécessité de se soumettre régulièrement à un contrôle de santé.

2.1.5. Les pratiques néfastes affectant la santé des femmes (PN)

a) Analyse situationnelle

Parmi ces PN, on rencontre:

b) Nécessité d'une stratégie IEC

Il n'y a pas de données exactes pour le Cameroun. Mais, cela ne doit pas occulter la réalité des pratiques néfastes affectant la santé des femmes puisque le Cameroun en a fait une des composantes de la SR et que le Ministère de la condition féminine vient d'adopter un programme national de lutte contre les pratiques néfastes.

Certaines ONG sont engagées dans la sensibilisation des communautés sur les pratiques néfastes affectant la santé. Leurs activités IEC devraient être élargies à travers la formation des leaders villageois sur l'excision, les violences faites aux femmes, le relèvement de l'âge au mariage, les mariages précoces et/ou forcés, les risques de maternité précoce.

2.1.6. Prise en charge de la santé de la reproduction des personnes âgées

a) Analyse de situation

La prise en charge des besoins des personnes âgées en santé de la reproduction est une préoccupation récente retenue comme composante prioritaire de la SR au Cameroun, et une des recommandations de la CIPD.

b) Nécessité d'une stratégie

Dans le cadre de la PNP, le Ministère des affaires sociales exécute un programme spécifique en faveur des personnes du troisième âge comportant deux objectifs: la promotion des actions éducatives, la mobilisation et la réinsertion socio-économique de ce groupe de population. La stratégie IEC/SR devra mettre un accent sur la sexualité des personnes âgées.

2.1.7. Santé de la reproduction des adolescents

a) Analyse de situation

Plus de la moitié de la population du Cameroun 56,3 pour cent est constituée de jeunes de moins de 20 ans. Ces jeunes forment une ressource considérable pour l'avenir. Mais ils sont de plus en plus vulnérables en raison d'une combinaison de facteurs d'ordre biologique, socio-économique et culturel qui influent sur leur santé de reproduction en particulier la précocité de la puberté, le relâchement de l'encadrement familial, la persistance des pratiques nuisibles à la santé de reproduction, l'insuffisance dès aux informations et aux services de santé sexuelle et de reproduction.

Bien que l'activité sexuelle des jeunes hommes soit moins précoce que celle des filles, ils sont tout autant concernés par les problèmes liés à la santé de la reproduction. Selon d'EDS 98, 11pour cent des hommes de 25-59 ans ont eu leurs premiers rapports sexuels à 15 ans, 45 pour cent à 18 ans. Les adolescents des deux sexes sont exposés au risque de transmission des MST/VIH/SIDA. Le taux de séroprévalence dans ce groupe est le plus élevé. 70 pour cent des nouveaux cas d'infection du VIH sont observés chez les adolescents et les jeunes (CNLS 99). Le taux de séroprévalence élevé est en relation avec la multiplicité des partenaires sexuels, la non-utilisation du condom et la présence des MST qui facilitent la pénétration du virus du SIDA lors des rapports sexuels non protégés.

En cas de MST, bien des jeunes pratiquent tant en milieu urbain que rural l'automédication, en achetant eux-mêmes des médicaments dans la rue ou en pharmacie pour se soigner ou consultent des guérisseurs traditionnels. L'accueil culpabilisant du personnel de santé freine la fréquentation des formations sanitaires. Lorsqu'ils se rendent dans une formation sanitaire, il arrive que le traitement soit suspendu ou interrompu en raison des contraintes financières. Autant de pratiques qui accroissent la prévalence des MST/VIH/SIDA. L'utilisation correcte et systématique du préservatif pose toujours des problèmes dans ce groupe.

b) Nécessité d'une stratégie IEC

Les adolescents et les jeunes sont un groupe cible important au cœur de la relation entre la population et le développement. Leurs besoins en matière de santé sexuelle et de la reproduction ont été reconnus par la CIPD et la QCMF qui ont lancé un appel en faveur de la promotion de la maturation sexuelle saine à partir de la pré-adolescence, de la sexualité responsable et de l'accès des adolescents et des jeunes aux prestations de services, ce qui aurait des effets bénéfiques sur la qualité de la vie de ce groupe particulier et contribuerait à réduire:

Une stratégie d'IEC plus efficace en faveur de la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes doit s'intégrer dans le cadre d'une véritable politique cohérente des jeunes, fondée sur une approche multisectorielle et multidisciplinaire. Cette volonté avait justifié en 1996 l'élaboration d'un document de Politique nationale de santé des adolescents. Ce document est malheureusement resté sous forme de projet non encore adopté. L'amélioration de la santé de la reproduction des adolescents passe par:

2.1.8. MST/VIH/SIDA

a) Analyse de situation

L'épidémie du VIH a mis en évidence l'importance des maladies sexuellement transmissibles qui sont devenues un problème majeur de santé publique au Cameroun. Les premiers cas de Sida enregistrés étaient de 21 en 1985/1986. Jusqu'à 1987, la séroprévalence était estimée à 0,5 pour cent, un taux qui n'a cessé de progresser au fil des années pour atteindre 1,5 pour cent en 1991, 5,5 pour cent en 1997 et 6,5 pour cent en 1998 soit 12 fois le chiffre initial. La lutte contre le VIH/Sida s'est pourtant organisée à partir de 1985 avec la création d'un Comité national de lutte contre le Sida (CNLS) et la formulation de plans d'actions à court et moyen terme dont les objectifs sont de:

b) Nécessité d'une stratégie IEC

Les stratégies IEC en matière de lutte contre les MST et particulièrement la propagation du VIH/SIDA sont un défi énorme à relever, en particulier amener les individus à changer de comportement. Certes, l'EDS 98 montre que les programmes d'IEC réalisés ont eu un certain impact sur le niveau de connaissances puisque 78 pour cent de femmes et 93 pour cent d'hommes ont entendu parler de MST et du Sida à travers différentes sources.Mais l'augmentation constante de la séroprévalence amène à penser que la stratégie qui a prévalu jusqu'à maintenant, fondée sur l'information et l'accès aux préservatifs, n'est pas suffisante. Après plus de 15 années d'information, éducation et communication, on ne peut plus concevoir la prévention en matière de MST/VIH/SIDA comme le seul transfert de connaissances des «spécialistes» vers des populations ignorantes. Certaines stratégies de prévention, bien que prévues dans le Programme national de lutte contre le Sida, sont insuffisamment mises en œuvre telles que le développement du dépistage volontaire associé au conseil, la participation des personnes vivant avec le VIH aux actions de prévention, et l'implication des communautés à la mise en œuvre des activités arrêtées de manière concertée.

L'information sur les aspects biologiques des MST/VIH/Sida est toujours nécessaire, mais le problème essentiel se situe ailleurs, dans les capacités de chacun à mettre en pratique ses connaissances. Ce qui nécessite le renforcement des activités de formation en communication interpersonnelle et le 'counselling' des agents de promotion de la santé communautaire, des prestataires, des leaders villageois, des jeunes, des femmes, des pairs éducateurs. En outre, des actions de proximité, prenant en compte la santé de la reproduction dans son ensemble et les particularités de chaque groupe cible sont à développer. Car la nature des relations entre les individus, permettant ou non la communication et la négociation, fondées sur la confiance ou la défiance, le type de pouvoir en jeu entre partenaires, sont des éléments essentiels de prévention pour lesquels des recherches doivent être menées.

Certains de ces éléments orientent les activités IEC du nouveau Programme national de lutte contre les MST/VIH/SIDA (2000-2002). Il préconise une plus grande participation des communautés aux activités de prévention au niveau des districts de santé et un programme d'activités IEC intenses et soutenues focalisées sur des cibles spécifiques, jeunes, femmes, hommes, étudiants militaires. D'autres activités telles que le dépistage volontaire, la promotion des préservatifs, le contrôle de la transfusion sanguine, le dépistage et le traitement des MST sont également renforcées.

La réussite de ce programme nécessite des stratégies de communication plus efficace intégrant:

2.2. Inventaire des structures chargées de la mise en œuvre des programmes d'IEC/SR.

1. Intervenants du secteur public

MINSANTE, MINPAT, MINAGRI, MINAS, MINCOF, MINJES, MINEDUC, MINDEF, DGSN, Ministère de la ville, MINAT

2. Organismes du Système des Nations Unies

FAO, OMS, Banque mondiale, UNICEF, UNESCO, BIT, FNUAP, ONUSIDA

3. Organismes de coopération bi et multilatérale

Union européenne, GTZ, Caisse française de développement, ACDI, SFPS

4. ONG impliquées dans la santé de la reproduction

1.

PMSC

2.

Care International

3.

Cameroon Health Program

4.

Scouts du Cameroun

5.

SWAAC

6.

CAMNAFAW

7.

FESADE

8.

Service catholique de la Santé

9.

OFSAD

10.

Centre chrétien de développement

11.

ACAFEM

12.

BESAFCA

13.

NOL FO WOP

14.

EDUC-ACTION

15.

APROMOSA

16.

FICOM/Jeunesse du monde

17.

Plan international

18.

ACSA

19.

FISS MST/SIDA

20.

Amis de la prudence

21.

Alternative santé

22.

Youth Development Foundation

23.

ALVF

5. Organismes de recherche

WHO/HRP/FMSSBM, CRESAR, IRESCO, FOCAP, IFORD, PRIMA CONSEIL

6. Etablissements de formation

1.

Faculté de médecine et de sciences biomédicales (FMSBM)

2.

IFORD

3.

ESSTIC

4.

Faculté de sociologie de l'Université de Yaoundé I

5.

Université catholique de l'Afrique centrale

7. Les imprimeries de production de matériels IEC

Saint-Paul, AMA, MEGA, AMM, MMC, CRTV

2.3. Programmes de coopération en santé de la reproduction

1. Le FNUAP

Le Fonds des Nations Unies pour la Population apportent une assistance continue au Gouvernement du Cameroun dans le cadre de l'exécution des activités de population. Différents projets ont déjà été exécutés dans cette optique.

2. L'UNICEF

L'UNICEF appuie des activités d'IEC beaucoup plus dans les établissements scolaires en collaboration avec le Ministère de l'éducation nationale. Ces activités ont pour but l'amélioration de la santé des jeunes, l'éducation sexuelle et la lutte contre les MST/SIDA.

3. L'UNESCO

Dans le cadre des activités d'IEC et de plaidoyer en matière de population en général et comprises dans le Programme-pays 1992-1996, l'UNESCO, agent d'exécution du «projet de promotion et de coordination des activités IEC» mis en œuvre par le MINCOM, a contribué à la promotion en matière de création, de diffusion et de feed-back de l'information

4. Le BIT

Le BIT a contribué à la mise en œuvre des activités d'IEC/SR à travers l'appui au réseau des Maisons de la femme.

5. La GTZ

La coopération a mis en place depuis avril 2000 un projet pour jeunes et adolescents en SR.

6. L'Union européenne

Son appui à la santé se fait à travers le programme d'ajustement structurel.

7. La Banque mondiale

Elle intervient dans le cadre du projet Santé-Fécondité-Nutrition

8. L'OMS

Cette organisation apporte son concours au Ministère de la santé publique dans le domaine du développement institutionnel.

9. La FAO

La FAO est l'agent d'exécution du FNUAP dans la composante projet IEC/SR.

10. Autres

De nombreux autres pays et ONG interviennent à des manières diverses dans l'opérationnalisation de la politique de santé du Gouvernement.

2.4. Matériel socio-éducatif produit et diffusé au Cameroun

Le matériel produit ou diffusé comporte affiches, dépliants, bandes dessinées, brochures, manuels, boîtes à images, films sur cassettes vidéo, photos, diapositives, T-shirts, casquettes, sacs, programmes radio, programmes télévision etc.

2.5. Analyse du matériel IEC disponible

De l'analyse du matériel socio-éducatif existant au Cameroun, il ressort que:

Les structures spécialisées et les ONG organisées à divers degrés dans la santé de la reproduction ont des idées et développent un matériel socio-éducatif abondant, varié, quant aux supports et aux thèmes multiples relatifs à la SR.

Toutefois, pour correspondre mieux aux caractéristiques des populations cibles, un effort d'adaptation du matériel didactique doit être fourni: message, langue, dimensions des supports, attrait, illustrations.

Néanmoins, on peut cependant déplorer certaines lacunes. Les personnes impliquées dans la conception du matériel n'ont pas toujours bénéficié antérieurement d'une formation ou d'une expérience qui les rendent aptes à bien mener leur tâche.

La conception souvent faite sans recherche préalable auprès de la communauté ciblée se fonde sur des présupposés qui ne correspondent pas à la réalité.

Le matériel produit n'est souvent pas pré-testé. Il arrive même que certains messages soient peu clairs, ambigus ou peu véridiques.

Ceux qui initient le développement d'un matériel éducatif pour une action particulière, ne s'inspirent pas autant qu'il le faudrait du matériel préexistant, ce qui aboutit parfois à une duplication de l'effort pour parvenir à un résultat parfois moins performant. C'est le cas par exemple pour les brochures ou les dépliants et les affiches.

Les recours à des non professionnels pour les illustrations aboutissent à des résultats décevants.

Il faut signaler que le prix élevé de la production des affiches est une contrainte qui en réduit le nombre et le tirage.

Les documents ne sont pas toujours aisément reproductibles, quand la nécessité s'en fait sentir à l'épuisement des stocks, à cause de l'absence de financement et de l'absence d'information sur les auteurs et les structures qui les ont produits.

Il est appréciable que les utilisateurs soient formés à l'exploitation des supports éducatifs qu'ils détiennent.

Il a été constaté que le matériel socio-éducatif produit au Cameroun est encore insuffisamment utilisé. La première explication serait que ce matériel est peu connu des autres intervenants dans le secteur de l'IEC/SR à l'exception de ceux qui l'ont produit. Mis à part les structures de production qui disposent de leur propre production ou qui disposent d'un hall d'exposition, les autres intervenants semblent peu soucieux de faire connaître leur production.

Le matériel est abandonné dans les magasins de diverses structures, il est même parfois refusé aux utilisateurs potentiels que sont les diverses associations qui en font la demande pour une sensibilisation à l'intérieur de leur groupe ou de leur communauté.

Les ministères et les structures qui ont développé ce matériel éducatif privilégient les lieux de prestation des affiches produites. Ainsi circonscrites géographiquement, celles-ci sont mises en contact de façon limitée avec le public cible.

La faible utilisation du matériel audiovisuel est lié pour une grande part à l'absence d'appareils vidéo ou à diapositives au niveau de la plupart des ONG et associations.

Le renouvellement du matériel éducatif épuisé reste dépendant de financements hypothétiques, de même que les nécessaires post-tests.


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