par Messieurs Modou Thiam, Souleyney Nabi Bangoura et Chérif Ould Toueilib
Résumé
Lobjet de ce document est de contribuer à la réflexion sur le lien entre la gestion des capacités de pêche et les accords de pêche, notamment ceux conclus avec les Etats situés en dehors de lespace sous-régional. Le présent document présente, brièvement, le processus engagé par la CSRP dans la construction dune vision et dune stratégie sous-régionales des accords, notamment avec lUnion européenne. Des éléments dun plan daction à moyen et long terme basé sur une approche graduelle étaient proposés lors dun atelier de dialogue sur la négociation conjointe des accords de pêche à Praia en novembre 1999. Les recommandations de cet atelier ont permis à la CSRP de démarrer un processus délaboration de conditions minimales daccès aux zones de pêche des Etats membres.
1. INTRODUCTION
La Commission sous-régionale des pêches (CSRP) est une organisation intergouvernementale de coopération halieutique créée en mars 1985. Elle a pour objectifs (1) lharmonisation à long terme des politiques des Etats membres en matière de préservation, de conservation et dexploitation des ressources halieutiques et (2) le renforcement de la coopération pour le bien-être de leur population respective.
La création de cette institution tient à la grande place quoccupe la pêche dans léconomie des pays membres de la CSRP. Ce rôle serait encore plus important, si les politiques nationales en matière des pêches parvenaient à ajuster les capacités de capture à la productivité des stocks halieutiques. Les fortes surcapacités qui affectent la majorité des pêcheries de la région sont, en effet, la cause de manques à gagner élevés. Elles réduisent la productivité des stocks et amplifient leur variabilité. Elles sont également à lorigine de conflits incessants entre les flottilles. Dans leur forme actuelle, les accords de pêche avec des pays tiers participent à ces surcapacités et à la surpêche, tout comme le retard pris par les pays côtiers eux-mêmes à sentendre sur le partage de la production des stocks quils possèdent en commun.
Pour réduire ces déséquilibres, les institutions qui régissent laccès à la pêche doivent sajuster aux nouvelles conditions de rareté des ressources. Tant que lexistence de stocks vierges permettait lexpansion, les besoins de régulation de la pêche se seraient limités à la conservation de la productivité des stocks par lapplication de mesures techniques (protection des juvéniles, conservation dune biomasse reproductrice suffisante pour maintenir la productivité des stocks à un niveau élevé). Nayant que des effets secondaires sur la distribution des richesses, les mesures précitées auraient été appliquées par la voie réglementaire (décisions et normes administratives).
Aujourdhui, avec lépuisement des possibilités dexpansion, un nouveau besoin de régulation est apparu. La production naturellement limitée des stocks halieutiques doit maintenant être partagée entre les flottilles, comme entre les pêcheurs. Pour cela, les armements doivent être sélectionnés et leurs parts respectives limitées. En effet, sans une régulation effective de laccès, les capacités de capture dépasseraient inéluctablement et fortement le niveau nécessaire et suffisant pour exploiter durablement les stocks, prévenir le déclin de leur productivité et réduire les risques de conflit. Une telle régulation est, cependant, pratiquement irréalisable par la voie réglementaire. Pour ajuster les capacités de pêche au potentiel de production des stocks, les mécanismes économiques (imposition dune redevance sur les captures ou sur les moyens de capture ou, mieux, allocation et échange marchands des droits de pêche) savèrent plus efficaces.
La mise en uvre de ces mécanismes passe par une réforme des systèmes de régulation. Le régime de propriété des ressources et des droits de pêche doit être clarifié. De nouvelles structures sont nécessaires pour élaborer des plans daménagement, mettre en uvre des mécanismes adaptés de régulation de laccès, appliquer les droits et les obligations des pêcheurs, et organiser des concertations sur les politiques dexploitation avec les organisations professionnelles. Les conditions de réalisation de telles réformes dépendent de la nature politique - nationale ou étrangère - et socio-économique - artisanale ou industrielle - des flottilles de pêche, ainsi que du statut juridique des ressources halieutiques - stocks nationaux, partagés ou chevauchants.
En ce qui concerne la flotte étrangère, les Etats membres de la CSRP ont conclu différents types daccords qui, hormis ceux signés entre Etats membres, concernent des pays situés en dehors de leurs juridictions nationales: Union européenne, Japon, Chine, etc. Les protocoles dapplication de ces accords déterminent, entre autres, les ressources halieutiques concernées ainsi que les conditions dexercice de la pêche applicables aux navires concernés.
Jusquici, la conclusion de tels accords sest faite sur la base de négociations séparées, sans concertation préalable entre les Etats membres. Les conditions daccès ainsi que les capacités de pêche sinscrivent rarement dans le cadre de plans daménagement nationaux. Par ailleurs, en ce qui concerne les stocks partagés concernés par ces arrangements, aucun plan daménagement nest disponible à léchelle sous-régionale.
De tels accords se traduisent également par dimportants transferts de capacités de pêche étrangère qui viennent sajouter aux flottes industrielles et artisanales nationales, alors que le contexte sous-régional reste marqué par la surexploitation des principaux stocks dintérêt socio-économique avec, comme conséquence, la dégradation des pêcheries.
Ces problèmes de surpêche et de dégradation des ressources halieutiques sont largement liés à la surcapacité de pêche dont lélimination, ou la prévention, nécessite un système approprié de gestion. La gestion de la capacité de pêche sinscrit dans lobjectif général dassurer la viabilité des pêches, tel quédicté dans le Code de conduite pour une pêche responsable.
Les problèmes de surpêche apparus dans les pêches mondiales, dont près de 16 pour cent des stocks sont reconnus dangereusement surexploités, ont provoqué une réelle prise de conscience internationale qui sest traduite, depuis le Sommet de RIO, par la mise en place de divers instruments et de conventions. Ils ont permis de sinterroger sur la réalité des accords de pêche signés entre les pays du nord et ceux du sud, deux groupes de pays où les problèmes de surcapacités et de stocks se sont posés jusquà une période récente dans des termes différents.
Cette prise de conscience a conduit à une forte mobilisation, à léchelle internationale, dOrganisations Non Gouvernementales (ONG), dorganisations professionnelles de pêcheurs, dorganismes oeuvrant pour la protection de lenvironnement, pour lavènement daccords de pêche équitables et compatibles avec une exploitation durable: WWF, UICN, NOVIB, SCOMBER, CAPE, etc.
Le débat sest élargi aux institutions européennes où des interrogations se sont faites quant au coût de plus en plus élevé des accords de pêche sur le budget européen, et quant aux incohérences entre la Politique Commune des Pêches (PCP) et la politique dassistance au développement des pays signataires du sud. Une analyse des coûts et des avantages des accords de pêche avec la Communauté a été réalisée (IFREMER/CEMARE/CEP, 1999) à la demande de la Commission européenne. Les résultats de cette étude effectuée sur la période 1993-1997 concernent, entre autres, tous les Etats membres de la CSRP.
Dans ce contexte, le Secrétariat de la CSRP, à linstar de lexpérience de lAgence du Forum des Pêches du Pacifique Sud (South Pacific Forum Fisheries Agency - FFA), une organisation de 16 pays, qui a obtenu des résultats encourageants en matière daccords de pêche devant de grandes puissances de pêche comme les USA, le Japon, la Corée ou Taiwan, a initié un processus à long terme sur la question des accords de pêche. Lacte 1 de ce processus devant conduire à des accords sous-régionaux a été présenté à la treizième session ordinaire de la Conférence des ministres des États membres de la CSRP (1998). Cela traduit, sans aucun doute, la première manifestation dune prise de conscience politique sous-régionale sur les accords de pêche.
La prise en compte de cet intérêt a conduit la CSRP à élaborer un document de travail devant permettre dinitier une réflexion sur lavenir à long terme des accords de pêche dans la sous-région. Lobjectif de la CSRP sur cette question est dasseoir une position politique sous-régionale concertée et de sengager dans un processus de coopération sur les accords daccès à la pêche étrangère.
2. CONTEXTE JURIDIQUE INTERNATIONAL
La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, adoptée en 1982, fournit un cadre juridique pour une gestion responsable des ressources halieutiques. Cette convention exige des Etats côtiers quils octroient laccès aux stocks excédentaires au sein de leur zone économique exclusive (ZEE) à dautres Etats. Toutefois, larticle 62 exige également que ces autres Etats respectent les mesures de conservation et les autres modalités et conditions daccès établies par lEtat côtier. La Convention octroie une large marge de manuvre aux Etats côtiers pour définir ces modalités et conditions daccès, qui peuvent couvrir, entre autres, les conditions de délivrance de permis, les limites de captures et les quotas, la réglementation des saisons et des zones de pêche, le type et la taille des engins de pêche, le placement dobservateurs à bord des navires de pêche étrangers et les demandes de réalisation de programmes de recherche sur la pêche.
Au sein de la ZEE, lEtat côtier dispose de droits souverains pour explorer, exploiter, conserver et gérer les ressources naturelles, vivantes ou non vivantes. Parallèlement, lEtat côtier est obligé, en vertu de larticle 16, de déterminer le total autorisé de captures (TAC) de ressources vivantes au sein de sa ZEE et de garantir, par des mesures de conservation et de gestion appropriées, que le maintien de ces ressources nest pas menacé par une surexploitation. Les mesures adoptées par lEtat côtier doivent également viser à maintenir ou à rétablir les espèces non exploitées à des niveaux permettant dassurer un rendement maximum durable, eu égard aux facteurs économiques et écologiques pertinents.
Si les réserves de poissons sont partagées entre les zones économiques exclusives dun ou de plusieurs Etats côtiers ou si les réserves en question sont classées parmi les stocks chevauchants ou grands migrateurs, la Convention de 1982, de concert avec lAccord des Nations Unies de 1995, imposent des obligations supplémentaires à lEtat côtier.
De plus, le Code de conduite de la FAO pour une pêche responsable, article 7.1.3, stipule que:
«Dans le cas des stocks transfrontières, des stocks chevauchants, des stocks de poissons grands migrateurs et des stocks de la haute mer, lorsque ceux-ci sont exploités par deux Etats ou plus, les Etats concernés y compris les Etats côtiers intéressés dans le cas des stocks chevauchants et de stocks de grands migrateurs, devraient coopérer en vue d'assurer la conservation et l'aménagement efficaces des ressources. Cela devrait se faire, lorsqu'il y a lieu, par la mise en place d'une organisation ou d'un arrangement bilatéral, sous-régional ou régional compétent en matière de pêches».
3. LES RÉGIMES DACCÈS EXISTANTS DANS LA SOUS-RÉGION
Actuellement, les Etats membres de la CSRP négocient individuellement les accords de pêche en dehors de tout cadre harmonisé au niveau sous-régional. Selon une étude menée en 2000 à la demande du Secrétariat Permanent, sur environ 1400 navires opérant dans la zone couverte par la CSRP, 50 pour cent étaient étrangers à la sous-région. Lautre moitié était constituée de navires arborant le pavillon des Etats membres.
Laccès des navires de pêche étrangers à la sous-région obéit à trois régimes:
Les accords de réciprocité, qui concernent deux pays, se traduisent par un échange de droits daccès pour des capacités de pêche équivalentes, généralement exprimées en nombre de navires et en tonnage de jauge brute totale pour chaque type de pêche.
Les accords daccès avec licences, à linstar de celui entre le Sénégal et la Mauritanie, sont des arrangements où un Etat concède des droits de pêche à un autre Etat avec comme contrepartie le paiement des licences.
Ces deux types daccords concernent aussi bien des flottilles artisanales quindustrielles.
Les accords daccès avec contrepartie financière (type Union européenne) ont pour conséquence une augmentation directe de la capacité de pêche. Les navires opérant dans ce cadre se caractérisent par:
- leur grande mobilité à travers les différentes ZEE, en fonction des variations de labondance des ressources, des fluctuations de la demande ou des opportunités des marchés;
- leur forte capacité de capture en raison de leurs équipements de pêche et de navigation plus sophistiqués;
- les changements de types de pêche selon les pays en raison dune typologie différente des catégories de licences au niveau sous-régional.
La gestion de la capacité de pêche des flottes étrangères pose ainsi dénormes contraintes aux Etats à léchelle de leur ZEE respective.
Ces accords de vente de droits daccès (type commercial) augmentent substantiellement les recettes publiques en devises des Etats signataires. Les difficultés socio-économiques et budgétaires des Etats membres, ainsi que les liens historiques avec les pays demandeurs, expliquent généralement le maintien des accords dans leur forme actuelle.
En labsence dun régime commun daccès, les Etats membres de la CSRP entrent de facto dans une compétition pour attirer des navires étrangers qui peuvent ainsi exploiter les incohérences entre les régimes daccès nationaux (catégorisation des licences, maillages, zones de pêche, redevances, repos biologique, durée de validité des licences, etc).
Cinq groupes despèces sont en général ciblés dans les accords daccès:
- les poissons démersaux
- les crustacés
- les céphalopodes
- les petits pélagiques côtiers
- les thons et autres espèces hautement migratrices.
Les accords de pêche sont négociés en labsence de tout plan daménagement des pêcheries pluriannuel. Pour pallier à cette situation, il est prévu des clauses de révision des possibilités de pêche offertes basées sur leffondrement ou lévolution des stocks. Les navires arborant le pavillon des Etats membres de la CSRP sont pour la plupart propriété darmements étrangers ou constituent, en partie, le capital social dentreprises conjointes entre armateurs nationaux et partenaires non-régionaux.
Les accords daccès avec contrepartie financière consacrent le transfert de capacités de pêche excédentaire des Pays du nord vers ceux du Sud, qui sont fragilisés par une conjoncture économique difficile. Il en résulte une compétition entre pays pour attirer les navires de pêche étrangers qui peuvent ainsi exploiter à leur guise et à leur avantage les incohérences et les différences entre les régimes daccès nationaux.
Cette politique de négociation des Etats du sud à lendroit des armements étrangers associée à labsence dun régime commun daccès (qui se traduit par un surinvestissement dans certains segments de flotte, une capacité de capture accentuée grâce à la sophistication des équipements de pêche et des moyens de captures des armements étrangers, une grande mobilité de ces derniers à travers les différentes ZEE en fonction de la variation de labondance des ressources, des fluctuations de la demande ou des opportunités du marché, des changements de types de pêche auxquels les armements étrangers se livrent selon les pays en raison de la typologie différente des catégories de licences au niveau sous-régional) constituent des facteurs daggravation de la capacité de pêche dans la sous-région.
Face à cette situation, la CSRP sest engagée dans un processus visant à établir un régime commun daccès et dexploitation des ressources halieutiques.
4. VERS DES NÉGOCIATIONS CONJOINTES DES ACCORDS DE PÊCHE
L'Atelier de dialogue sur la négociation conjointe des accords de pêche constitue la première étape de réflexion et de négociation conjointe sur les accords de pêche. Cet Atelier s'est tenu à Praia du 30 octobre au 3 novembre 2000. Il a été organisé par le Secrétaire permanent avec lappui de ses partenaires (FAO, UICN et ACDI[6]) dans le cadre du suivi des décisions issues de la 13e session ordinaire de la Conférence des Ministres de la CSRP. Les cinq points principaux suivants ont été abordés au cours de cet Atelier:
- le problème posé par la pêche étrangère dans la sous-région;
- la nature et limportance de la pêche étrangère dans la sous-région;
- pourquoi faut-il prendre en compte une approche concertée de la pêche étrangère;
- larchitecture dun régime commun daccès à la pêche étrangère, et
- des éléments pour un plan daction.
Etant donné que les pays membres de la CSRP partagent des objectifs communs concernant la pêche dans leur pays, et que plus de 50 pour cent des navires de pêche industrielle battent pavillon étranger, il est envisageable en toute logique de créer un régime commun daccès à la pêche étrangère en vue daméliorer le contrôle et la gestion de cette pêche et daugmenter les bénéfices générés en faveur des pays membres. Ce régime pourrait nécessiter une révision de lactuelle de la Convention de la CSRP sur les conditions daccès, ainsi que dautres conventions de coopération internes sous-régionales, et pourrait également aboutir à une harmonisation des accords de pêche. Toutefois, ce régime ne devrait pas constituer une entrave à la souveraineté nationale des Etats membres.
Parmi les raisons évoquées pour la création dun régime commun daccès, on peut signaler le pouvoir de négociation, la possibilité daugmenter les bénéfices, et de réduire les coûts dexploitation des navires de pêche, mais aussi la création dune vision commune du rôle futur de la pêche étrangère dans la ZEE des Etats membres de la CSRP.
Les profits tirés de la pêche par les Etats membres de la CSRP seraient accrus si les capacités de pêche étaient ajustées à la productivité des stocks. Les fortes surcapacités qui affectent toutes les pêcheries de la région sont la cause de manques à gagner élevés. Les compensations versées par les partenaires étrangers ne peuvent contribuer à réguler l'accès que si leur coût est supporté par les armements. Au cours des dernières décennies, la pêche artisanale a pris une place prépondérante dans la sous-région. Comme celle-ci n'est pas destinée à faiblir, la régulation de l'accès est probablement plus critique pour l'avenir de la pêche dans les pêcheries artisanales que dans les pêcheries industrielles. Une mauvaise régulation dans la petite pêche risque fort de ruiner les efforts qui seraient entrepris pour rationaliser la pêche industrielle.
Compte tenu de lexpérience de la South Pacific Forum Fisheries Agency (FFA) en matière d'accords de pêche conjoints, la CSRP avait invité les experts de cet organisme à partager leur expérience avec la CSRP. Cest ainsi que M. Victorio Uherbelau, Directeur de la FFA et M. Andrews Hick Richards, Responsable du Suivi, Contrôle et Surveillance des Pêches ont représenté la FFA à lAtelier de Praia.
Lexpérience du Pacifique Sud
Le Pacifique Sud est une très grande région qui sétend sur quelque 24,8 millions km2, dont environ 81 pour cent composent la ZEE. Cest lune des premières régions à avoir adopté des modalités et des conditions minimum daccès à une échelle régionale. La région gère lune des plus grandes ressources de thons migrateurs du monde. Lessentiel de la pêche est réalisé par les pays pratiquant la pêche hauturière (PPPH), notamment le Japon, la Corée, Taiwan et les Etats-Unis. Manquant cruellement de ressources terrestres, ces îles sont très dépendantes de la pêche étrangère, qui représente une source de revenus substantielle.
La mission de la FFA est d'assurer à ses Etats membres l'obtention du maximum de bénéfice durable à partir de la conservation et de l'utilisation durable de leurs ressources halieutiques.
Le programme de l'Agence est financé d'une part par les contributions des Etats membres et d'autre part par les subventions de plusieurs partenaires, mais aussi par des taxes à raison de cinq cents (500) dollars USA par navire et par an. A noter que le volume des captures de thon réalisé dans les ZEE des seize pays membres représente annuellement 50 à 60 pour cent des captures mondiales.
Ainsi, la coopération régionale en matière de pêche a commencé à la fin des années 1970, avec linstauration de lorganisation régionale, lAgence des Pêches du Forum du Pacifique du Sud (FFA), visant à coordonner les politiques entre les Etats membres. Quelques temps après, un groupe sous-régional composé de membres de la FFA, le groupe de Nauru, reconnaissant que les PPPH pouvaient affaiblir leur pouvoir de tractation en négociant avec les pays sur une base individuelle, a adopté lAccord de Nauru sur la coopération en matière de gestion des pêcheries dintérêt commun.
Lobjectif premier de lAccord de Nauru vise, sans aucune dérogation aux droits souverains des pays membres, à «coordonner et harmoniser la gestion des pêcheries en ce qui concerne les stocks dintérêt commun» au sein des ZEE des parties contractantes. Laccord encourage ainsi les parties contractantes à instituer une approche coordonnée en matière de pêche pour les stocks dintérêt commun auprès des navires de pêche étrangers et, en particulier, à établir des modalités et des conditions uniformes en vertu desquelles les Parties peuvent autoriser des navires étrangers à pêcher à lintérieur de leurs zones de pêche. Les parties conviennent également: détablir des normes relatives à leurs procédures respectives de délivrance de permis; détudier la possibilité dinstaurer un système de délivrance de permis centralisé pour les navires de pêche étrangers; et de coopérer en matière de suivi et de surveillance des activités des navires étrangers. Un accord est conclu, entre autres, sur les rapides échanges dinformations collectées par lintermédiaire des activités de surveillance nationales, et sur la faisabilité dune surveillance conjointe. De plus, les Parties conviennent de sefforcer dinstaurer des procédures de coopération et de coordination afin de faciliter lapplication des lois sur la pêche et, en particulier, dexaminer les moyens permettant détablir un régime dapplication réciproque.
En vertu de lAccord de Nauru, les Parties ont conclu en 1983 un premier arrangement instituant des modalités et des conditions minimum sur, entre autres, les procédures de délivrance des permis, le personnel autorisé, les rapports quotidiens de captures et la tenue des livres de bord, les rapports annuels de captures, lentrée dans une zone et la sortie, lidentification des navires disposant dun permis au moyen de signaux radio ou de numéros dimmatriculation. En vertu de cet arrangement, les Parties doivent établir des modalités et conditions minimum et utiliser des formats communs pour tous les accords de pêche ultérieurs, ainsi que pour les conditions de délivrance de permis aux navires étrangers pêchant les stocks dintérêt commun à lintérieur des zones de pêche.
En 1990, une deuxième convention dapplication a été adoptée établissant des modalités et conditions révisées, en vertu desquelles il est également demandé aux navires de pêche étrangers de respecter linterdiction de transbordement en mer, de fournir les données sur les captures en haute mer et de payer lintégralité des coûts des observateurs, ceci constituant une condition à la délivrance du permis.
Ainsi, à lexemple des Etats du pacifique sud, regroupés au sein de la FFA, la CSRP a entamé une réflexion sur un processus qui pourrait aboutir à des négociations conjointes des accords de pêche entre les Etats membres. Ce processus de mise en uvre se fera par étape et vise à consolider certaines conditions liées à lallocation des droits daccès. Sur le plan technique, il sagira de développer une position commune de négociation. Sur le plan économique, des principes communs relatifs aux contreparties daccès seront établis.
La stratégie de gestion prendra en compte lensemble des facteurs pouvant influencer les capacités. La CSRP, appliquant les recommandations de lAtelier de Praia, tiendra compte de la convention sur les conditions daccès et des dispositions pertinentes des instruments internationaux récents (Code de conduite pour une pêche responsable).
5. LES CONDITIONS MINIMALES DACCÈS SOUS-RÉGIONALES
La nécessité de définir des conditions régionales minimales d'accès aux zones de pêche n'est pas spécifique à l'Afrique de l'Ouest. Elle relève d'une problématique mondiale relative à la gestion des pêches.
Ainsi, dans un contexte régional, lapplication des modalités et conditions minimum daccès et dexploitation savèrent être un moyen efficace pour:
- Accroître le pouvoir de négociation des Etats côtiers afin daugmenter les droits daccès.
- Améliorer le suivi, le contrôle et la surveillance.
- Assurer la durabilité des stocks de poisson par une meilleure gestion.
- Limiter laugmentation de la surcapacité en empêchant les flottes de se déplacer vers dautres zones dune région où il est possible dobtenir des conditions daccès plus favorables.
En 1987, lors de sa septième session ordinaire, la Conférence des Ministres, prenant conscience de la baisse des indices dabondance des stocks dintérêt commun (comme les stocks à haute valeur marchande), a demandé au Secrétaire Permanent dinitier une réflexion sur lharmonisation des conditions daccès et dexploitation des ressources halieutiques de la sous-région.
Un groupe de travail chargé détudier la question fut mis en place. Ce groupe proposa au Comité de coordination une convention sur la détermination des conditions daccès et dexploitation des ressources halieutiques au large des côtes des Etats membres (ci-après dénommé «convention sur les conditions daccès»). Celle-ci a été signée à Conakry le 1er septembre 1993 et soumise à la ratification des Etats membres.
La convention sur les conditions daccès porte sur toutes les ressources. Elle prévoit que tout Etat doit autoriser laccès des navires dun autre Etat en fonction de la ressource disponible par le biais daccords ou dautres arrangements.
La durée de lautorisation daccès ne doit pas dépasser deux années sauf «cas exceptionnels et après avis de lInstitution de recherche de lEtat membre concerné».
Un formulaire denregistrement des navires de pêche a été également adopté et annexé à la convention dont il est partie intégrante. Les activités des navires - usines, navires collecteurs ou de ramassage - devraient être strictement réglementées. La définition à donner à ces positions qui devraient être prises dun commun accord, na pas encore été présentée.
La convention sur les conditions daccès a le mérite (1) duniformiser certaines conditions minimales daccès ou dexploitation des ressources et (2), du fait de sa ratification, dintroduire ses dispositions dans les législations nationales. Loctroi des droits daccès se fait plus sur la base du TJB (tonnage jauge brut) et sur le reliquat disponible exprimé en termes de quotas de capture. Les dimensions des mailles de filets et de chaluts prévues ne sont pas observées. A lexception de la Guinée et de la Gambie, tous les accords de pêche actuellement en vigueur dans la sous-région ont une durée excédant deux ans.
Pour revoir, et au besoin compléter, ces conditions minimales daccès à la ressource dans les Etats membres de la CSRP, la CSRP a organisé du 18 au 20 juin 2001 à Saly Portudal (Sénégal) un Atelier regroupant les experts des Etats membres.
Cet Atelier a dabord permis dévaluer létat dapplication par les Etats membres de la «Convention relative à la détermination des conditions daccès et dexploitation des ressources halieutiques au large des côtes des Etats membres de la CSRP» signée en 1993 et entrée en vigueur en 1997.
6. LÉTABLISSEMENT DUN RÉGIME COMMUN DACCÈS ET DEXPLOITATION DES RESSOURCES HALIEUTIQUES DE LA SOUS-RÉGION
LAtelier de dialogue sur les accords de pêche organisé à Praia en octobre 2000 a recommandé au Secrétariat Permanent de la CSRP dexplorer les voies pouvant mener à ladoption dun régime commun daccès et dexploitation des ressources halieutiques des navires de pêche étrangers à la sous-région en tenant compte des interactions et des impacts sur la pêche artisanale. Cela suppose la mise en conformité de la convention sur les conditions daccès avec certaines normes internationales en matière de pêche, dune part, et linstitution dun plan daménagement global intégrant les questions daccord de pêche, dautre part, notamment pour les stocks dintérêt commun et les stocks partagés pour lesquels les mesures de gestion, pour être efficaces, devraient être prises à léchelle sous-régionale (pélagiques côtiers, merlus, thonidés, etc.)
6.1 La mise en conformité de la convention sur les conditions daccès avec les normes internationales adoptées
Lantériorité de cette convention par rapport au Code de conduite pour une pêche responsable et aux Plans daction internationaux qui en dérivent, la non-ratification de certains instruments juridiques internationaux en matière de pêche, par lensemble, par des Etats membres de la CSRP ont amené le Secrétariat Permanent à initier des travaux, à travers des colloques et ateliers, sur lactualisation de la Convention. Cette dernière sera également révisée en intégrant des conditions minimales daccès et dexploitation des ressources halieutiques redéfinies lors des rencontres dexperts organisées par le Secrétariat Permanent et approuvées de manière consensuelle par les Etats membres de la CSRP. Il sagira également dinclure des dispositions nouvelles en sappuyant sur la convention des Nations Unies sur le Droit de la mer, laccord sur les stocks chevauchants, laccord de conformité, les principes définis par la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de lAtlantique (CICTA) et par le Code de conduite pour une pêche responsable ainsi que par les Plans daction internationaux adoptés en application dudit code.
La participation au Code de conduite et aux Plans daction est facultative. Cependant, au niveau de la sous-région, un consensus sest dégagé autour de la nécessité de doter de force exécutoire les principes pertinents pour la sous-région. Une fois la convention sur les conditions daccès amendée, les Etats membres pourraient négocier des accords daccès et dexploitation séparés concernant les espèces sédentaires (comme les demersaux) avec les Etats non-membres de la CSRP dans le cadre et sur la base des options définies par ladite convention amendée. Lobservation de ces dispositions lors des négociations des termes de nouveaux accords devrait être la règle.
Concernant les accords spécifiques daccès aux stocks partagés, les Etats membres de la CSRP, à plus long terme, devraient aller vers des négociations conjointes portant sur ces stocks. Préalablement aux négociations, la CSRP devrait proposer linstitution et une définition des mécanismes de gestion dune licence unique sous-régionale ainsi quune clef de répartition des bénéfices financiers et sociaux, que les Etats membres pourraient tirer de lexploitation des stocks partagés.
6.2 Létablissement dun plan daménagement global
Il apparaît aujourdhui important détablir un plan daménagement global intégrant la question des accords de pêche, notamment pour les stocks partagés dont les mesures de gestion prises à léchelle nationale ne peuvent être efficaces. Il est important de préciser que les plans nationaux et régionaux doivent prendre en compte toutes les composantes de la capacité de pêche: flottes artisanales et industrielles tant nationales quétrangères.
A cet effet, dautres actions apparaissent importantes, comme:
Procéder à la compilation et à la synthèse des informations économiques et techniques afférentes à lensemble des activités des flottes étrangères dans la sous-région incluant létude de limpact des accords de pêche avec la Communauté Européenne.
Formuler des stratégies et plan daction à moyen terme prenant en compte lanalyse des conséquences associées aux différentes formes possibles de négociation adaptées à la sous-région (négociations coordonnées, négociations en bloc, négociations selon un agenda synchronisé, etc.).
Une synthèse déchange dinformations entre Etats membres sur les accords de pêche apparaît une composante essentielle de ce plan daménagement. Il sagit dun cadre déchange dinformations sur:
le niveau de pêche et deffort autorisé;
la nature et le niveau des compensations à verser selon les différents accords;
autres informations (débarquements, équipages, approvisionnement des navires, etc.)
6.3 La définition des conditions minimales daccès et dexploitation des ressources halieutiques de la sous-région
Le Secrétariat Permanent, en juin 2001, a organisé la première dune série dateliers sur les conditions minimales daccès aux ressources halieutiques. Cet Atelier sest déroulé sur la base de termes de référence définis lors de lAtelier de dialogue organisé par le Secrétariat Permanent à Praia en octobre novembre 2000.
Les participants à lAtelier se sont mis daccord sur la distinction à opérer entre deux groupes de stocks:
les stocks partagés constitués despèces comme les petits pélagiques et;
les stocks dintérêt économique ou stratégique constitués de crevettes, de céphalopodes, de sélaciens, de démersaux (dorades, merlus, courbines, etc.).
Des conditions minimales pour toutes les pêcheries y ont été définies et celles concernant les pêcheries dintérêt économique le seront très prochainement.
Le but ultime de ces ateliers est daboutir à des négociations conjointes des accords ou à létablissement dun accord-cadre devant servir de base harmonisée aux négociations séparées.
En ce qui concerne les accords daccès séparés avec les pays non membres de la CSRP, deux principes apparaissent fondamentaux:
a. Aucun navire ne serait autorisé à opérer dans les eaux sous-régionales sans se conformer aux dispositions du régime commun daccès.
b. Les normes et conditions minimales du régime commun daccès seront une base non négociable de tous les accords conclus avec des pays étrangers.
6.4 Lharmonisation des législations des pêches ou dintérêt pour la pêche
Avec lappui de la FAO, la CSRP a procédé à la réalisation du recueil des législations sur la pêche et dintérêt pour la pêche dans les Etats membres et en Sierra Leone.
Un synopsis de ces mêmes législations est en cours de préparation. Il fera ressortir un tableau comparatif des dispositions pertinentes desdites législations en vue de leur harmonisation.
6.5 Etablissement dun registre sous-régional des navires des pêches
La CSRP procédera avant la fin de lannée 2002, à la mise en place dun registre sous-régional des navires de pêche pour assurer un suivi régulier de la capacité de pêche.
Le registre constituera un outil de gestion et de surveillance, avec la constitution dune banque de données sur les navires de pêche opérant dans la sous-région (leur nombre, origine, caractéristiques techniques et économiques, les engins de pêche utilisés, les espèces ciblées, les zones de pêche où opèrent ces navires, en somme une bonne connaissance de l'effort de pêche). Le registre devrait servir comme moyen de contrôle, source d'informations et source de revenus pour lUCOS et pour la CSRP.
Un avant-projet daccord portant établissement dun registre sous-régional des navires de pêche industrielle opérant dans les eaux sous juridiction des Etats membres de la Commission sous-régionale des pêches sera présenté au Comité de coordination et à la Conférence des ministres.
6.6 Engagement politique des États membres
Une session extraordinaire de la Conférence Ministérielle pourrait ensuite statuer sur la démarche proposée. Lun des risques pouvant menacer cet ambitieux chantier de la CSRP est sans nul doute lengagement politique au plus haut niveau des Etats membres de la CSRP. Laccord cadre et le régime commun daccès requièrent, en effet, un engagement politique clair de la part des Etats membres, étant donné quil sagit dinstruments exigeant des compromis. Une déclaration politique conjointe claire, approuvée en temps utile au niveau des Chefs détats, pourrait appuyer les engagements pris par les Ministres des pêches. A défaut, la procédure de ratification pourrait également faire de ces engagements des instruments opposables aux accords bilatéraux en matière de pêche.
7. PRINCIPES-CLÉS DE LACCÈS DES NAVIRES ÉTRANGERS OPERANT SOUS ACCORDS
Les principaux principes de base de laccès des navires étrangers peuvent être présentés en quatre points.
Les activités de pêche étrangère sont menées dans un cadre de pêche responsable et durable garantissant la viabilité des pêcheries à caractère national ou sous-régional, ainsi que la préservation de lintégrité des écosystèmes:
les possibilités de pêche négociées dans les accords sont compatibles avec les principes dutilisation durable du patrimoine halieutique;
les accords de pêche sont conclus en conformité avec les normes et principes des conventions ou instruments internationaux pertinents en matière de conservation et de gestion durable des ressources halieutiques;
les accords de pêche sont conclus en conformité avec les dispositions pertinentes des législations nationales ou harmonisées à léchelle sous-régionale;
les accords de pêche sont conclus en conformité avec les objectifs et les capacités de pêche retenus dans les plans daménagement nationaux et sous-régionaux.
Les avantages financiers et économiques tirés des accords doivent être compatibles avec la viabilité des activités de pêche nationales, artisanales et industrielles:
les paiements financiers versés en contrepartie de laccès des navires étrangers reflètent au moins lensemble des coûts sociaux et environnementaux des opérations de pêche;
les intérêts des pêcheurs nationaux des Etats membres sont sauvegardés (ressources, marchés);
les principes économiques contenus dans les protocoles doivent être cohérents avec les objectifs socio-économiques assignés aux politiques de développement de léconomie halieutique nationale.
Les activités de pêche étrangère sont menées sur la base de normes et conditions minimales daccès harmonisées à léchelle sous-régionale:
les normes et conditions minimales daccès harmonisées sont acceptées par les Etats membres et revêtent un caractère exécutoire;
les normes et conditions minimales daccès harmonisées sont appliquées à tous les navires étrangers destinés aux opérations de pêche ou aux activités connexes (transbordement, assistance). Les normes et conditions minimales daccès harmonisées concernent: les navires, lEtat côtier, lEtat du pavillon et la CSRP.
Les activités de pêche étrangère sont contrôlées et font lobjet déchange dinformations dans le cadre dinstruments sous-régionaux (Registre sous-régional des navires et des infractions de pêche, Système dinformation sur les activités de pêche étrangère)
le Registre sous-régional servira: dinstrument de contrôle des activités de pêche, de base de données sur les navires et les infractions;
le Système dinformation sur les activités de pêche (navires, engins, captures, effort de pêche, données biologiques et économiques, etc.).
8. OBLIGATIONS
Les principes susmentionnés sont traduits, pour létat du pavillon, en obligations:
obligation faite aux pays demandeurs de droits de pêche de prendre toutes les mesures nécessaires pour sassurer que les navires qui arborent leur pavillon se conforment aux lois et règlements édictés par le pays côtier, et de coopérer pleinement avec le(s) pays membre(s) pour assurer un suivi, un contrôle et une surveillance efficaces des activités de pêche;
obligation faite aux capitaines/armateurs des navires de pêche étrangers de se conformer aux lois établies par les pays membres et à toute mesure sous-régionale harmonisée;
obligation préalable dinscription des navires étrangers dans le Registre Sous-régional des navires de pêche avant toute délivrance de licences de pêche;
obligation faite aux capitaines/armateurs à se conformer à toute exigence relative à la fourniture dinformations sur leurs activités de pêche.
ANNEXE 1 - LISTE DES ÉTUDES ET CONSULTATIONS
IFREMER/CEMARE/CEP. 1999. Evaluation des accords de pêche conclus par la Communauté Européenne. Document IFREMER/CEMARE/CEP. Réf. APC01
Catanzano, J. Novembre 2000. Accords de pêche communautaire et pays africains: Réflexions sur leur raison dêtre et lidée de leur régionalisation. Atelier CSRP/FAO. Praia, Cap-Vert.
Catanzano, J. Failer, P. & Rey, H. Novembre 2000. Accords de pêche communautaire et pays africains: Effets quantifiables. Atelier CSRP/FAO. Praia, Cap-Vert.
Catanzano, J. Failer, P. & Rey, H. Novembre 2000. Accords de pêche communautaire et pays africains: Quelques rappels pour comprendre. Atelier CSRP/FAO. Praia, Cap-Vert.
Kelleher, K. Novembre 2000. Elaboration dun régime daccès sous-régional à la pêche étrangère en Afrique de lOuest. Atelier CSRP/FAO. Praia, Cap-Vert.
ANNEXE 2 - ESQUISSE DE CONDITIONS MINIMALES DACCÈS
Les travaux de Saly Portudal ont permis de discuter du contenu à donner aux pêcheries prioritaires et de distinguer deux groupes:
le groupe des stocks partagés (migrateurs) constitué par les espèces comme les petits pélagiques, les thonidés, etc.;
le groupe des stocks d'intérêt économique ou stratégique constitué par les crevettes, les céphalopodes (poulpes, seiches et calmar), les requins et raies, les démersaux (merlus, dorades, rougets, courbines, soles et mérous).
Les quatre types de conditions minimales d'ordre général suivantes ont été distingués:
Conditions minimales pour le navire de pêche
obligation de l'inspection et de la visite de conformité;
inscription au registre sous-régional des navires de pêche (respect des normes de marquage suivant les spécifications de la FAO);
embarquement des marins et des observateurs;
engagement à déclarer les captures;
engagement à respecter la législation (nationale et sous-régionale);
obligation d'avoir un représentant dûment mandaté dans le pays qui octroient la licence.
Conditions minimales pour l'état côtier
Mise en place d'un registre.
Adoption de plans d'aménagement des pêcheries (respect des instruments internationaux en matière de gestion et de conservation des ressources).
Définir un système transparent d'allocation de la ressource conformément aux plans d'aménagement.
Mettre à la disposition des navires autorisés à pêcher les formulaires nécessaires à la tenue du journal de pêche.
Fournir à l'UCOS les informations sur les décisions sanctionnant les infractions prononcées à l'encontre des navires aussitôt que ces décisions sont prononcées.
Conditions minimales pour l'Etat du Pavillon
Collaborer à la diffusion des textes en vigueur, régissant les activités de pêche dans la sous-région.
Engagement à faire appliquer aux navires arborant leur pavillon les sanctions prononcées à leur encontre.
Engagement à communiquer les données sur l'effort de pêche et les captures et s'assurer de leur fiabilité.
S'assurer de la fiabilité des informations sur les caractéristiques techniques fournies par les navires sous pavillon.
S'assurer que les navires aient souscrit à toutes les assurances requises qui ont une durée de validité au moins égale à la durée de la licence de pêche.
Conditions minimales pour la CSRP
Mettre en place un registre sous-régional des navires avant la mise en place des registres nationaux.
Tout navire trouvé en cumul d'infractions dans au moins deux Etats membres durant la période de validité des licences délivrées par les Etats doit être interdit d'accès dans l'ensemble des eaux sous juridiction des Etats membres. Cette interdiction doit être notifiée aux Etats membres par le Président en exercice de la Conférence des Ministres, sur proposition dûment justifiée du Secrétaire permanent de la Commission sous-régionale des Pêches. La notification à l'armateur devrait être faite par les autorités des Etats où le cumul des infractions a été constaté.
Fournir régulièrement aux Etats côtiers la liste des navires ayant commis des infractions.
ANNEXE 3 - CONCLUSIONS, RECOMMANDATIONS ET ÉLÉMENTS DUN PROGRAMME DACTION
Conclusions
LAtelier de dialogue sur les accords de pêche a noté la diversité qui caractérise le contexte sous-régional, notamment lexistence de régimes daménagement et de capacités institutionnelles très différente.
LAtelier prend acte de lexistence davantages à engager dans un processus de négociation des accords de pêche au niveau sous-régional. Parmi les avantages identifiés:
Þ à long terme, les retombées, en termes de bénéfices, de lapplication des normes internationales récentes en matière dexploitation durable des pêcheries sous-régionales;
Þ à court terme, un renforcement des positions individuelles et collectives dans la négociation des accords de pêche.
LAtelier préconise que les Etats membres sengagent dans un processus à long terme visant à consolider certaines conditions liées à lallocation des droits daccès. Il saccorde sur la nécessité de procéder par étapes.
Deux grands axes ont été distingués:
Þ sur le plan technique, développer une position commune de négociation;
Þ sur le plan économique, établir des principes communs relatifs aux contreparties daccès.
LAtelier a voulu faciliter la convergence des positions de chacun des Etats afin de rendre possible une coordination des dynamiques de négociation. Ainsi, il ny a pas de modalités particulières (accords coordonnés, accords communs, accords en bloc). Ces notions seront précisées ultérieurement sur la base des résultats des activités envisagées, de même que sur la base de lidentification des stocks concernés.
LAtelier reconnaît que la mise en uvre du processus nécessite le renforcement des moyens de la Commission ainsi que des structures nationales de contrepartie.
LAtelier reconnaît que le préalable à la mise en uvre effective de ce processus est lengagement politique explicite de chacun des Etats membres de la CSRP.
Recommandations
LAtelier recommande aux Etats membres de sengager dans un processus devant aboutir à ladoption dun régime commun daccès pour les navires industriels étrangers, en tenant compte des interactions et de limpact sur la pêche artisanale.
Compte tenu des dispositions pertinentes des instruments internationaux récents, notamment le Code de conduite pour une pêche responsable de la FAO, laccord des Nations Unies de 1995 sur les stocks chevauchants et les espèces hautement migratoires, laccord de conformité de la FAO de 1993 et les autres instruments, lAtelier recommande lactualisation de la convention de la CSRP relative aux conditions daccès et dexploitation des ressources halieutiques. Cette actualisation a pour objet de définir les conditions minimales daccès des navires étrangers.
Le processus en cours dharmonisation des législations nationales devra prendre en compte, en priorité, les termes et conditions minimales actualisées.
En vue de disposer des informations sur leffort et la capacité des navires de pêche industrielle opérant dans la sous-région et de renforcer le contrôle de leurs activités, lAtelier recommande daccélérer la mise en place dun registre sous-régional des navires de pêche.
Renforcer, par le biais de la CSRP, la coopération et les échanges dinformations entre les Etats membres sur les termes et conditions des accords de pêche.
Procéder à lévaluation du niveau et des conditions dapplication des accords, identifier et évaluer les effets et évaluer les avantages procurés par rapport aux coûts engagés; à cette fin, adresser à lintention du Conseil Européen une requête en vue de disposer de linformation sur les bases de données ayant été utilisées pour létude sur lévaluation des accords de pêche conclus par la communauté européenne de 1993 à 1997.
Mettre en uvre les étapes de suivi de lAtelier sous la forme dun programme daction de la CSRP dont certaines activités indicatives sont énoncées ci-dessous et sur la base desquelles une proposition devra être présentée par le Secrétariat permanent.
Demander aux organisations internationales représentées à lAtelier de soutenir et daccompagner la CSRP dans le processus en cours.
Activités indicatives pour un programme daction
Définir les principes sur la base desquels se définissent les droits daccès concédés aux flottes étrangères.
Définir le statut du navire étranger adapté au régime commun à mettre en place (pavillon, affrètement, constitution du capital ...).
Définir les conditions minimales techniques (déclaration de captures, immatriculation et marquage des unités de pêche, transbordement, observateurs,...) considérant les exemples déjà existants (FFA, WWF...).
Définir le format, le statut juridique et les conditions de fonctionnement (y compris en termes de coûts) dun registre sous-régional adapté aux flottes étrangères pour servir comme instrument de contrôle, base dinformation et suivi de leffort et de capacité de pêche.
Actualiser la convention de la CSRP sur les conditions daccès, notamment pour adapter les dispositions récentes des instruments internationaux postérieurs à la convention et aux conditions minimales daccès redéfinies.
Procéder à la compilation et synthèse des informations économiques et techniques afférentes à lensemble des activités des flottes étrangères dans la sous-région incluant létude de limpact des accords avec lUnion européenne.
Formuler des stratégies et plan daction à moyen terme prenant en compte lanalyse des conséquences associées aux différentes formes possibles de négociation adaptées à la sous-région (négociation coordonnées, négociation en bloc, agenda synchronisé...) avec lassistance dun groupe ad hoc de suivi des recommandations de lAtelier.
Mettre en place un mécanisme de consultation afin de faciliter lémergence dune position commune dans les instances internationales.
Compte tenu des dispositions du plan daction international sur les pêches illicites (adopté au COFI, 2001), le Secrétaire Permanent explore les possibilités de réduire le commerce de produits résultant de pêches illicites.
Favoriser la poursuite de la collaboration engagée avec le Royaume du Maroc.
ANNEXE 4 (*)
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Accord Sénégal-CE |
Accord Mauritanie-CE |
Accord Guinée-Bissau-CE |
Accord Guinée-CE |
5.4 Possibilités de pêche |
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|
Ö Démersaux côtiers (poissons) |
2 131 tjb - 10 chalutiers |
3 300 tjb + 4 000 tjb |
2 800 tjb |
2 500 tjb |
Ö Démersaux côtiers (céphalo-podes) |
16 500 tjb - 55 navires |
|||
Ö Démersaux profonds (merlus) |
3 750 tjb - 11 navires |
8 500 tjb |
||
Ö Démersaux côtiers (crevettes) |
Néant |
6 000 tjb |
9 600 tjb |
1 500 tjb |
Ö Démersaux profonds (crevettes) |
4 119 tjb - 29 navires |
|||
Ö Pélagiques côtiers |
22 navires (dont 6 au maximum dans la ZEE) 25 000 tonnes/an |
15 navires 52 500 tonnes/an |
Néant |
Néant |
Ö Langoustes |
Néant |
200 tjb (casiers) |
Néant |
Néant |
Ö Thonidés majeurs |
12 canneurs 41 senneurs |
31 canneurs et palangriers 36 senneurs |
36 canneurs et palangriers de surface 40 senneurs |
14 canneurs 38 senneurs |
Ö Autres thonidés et sp. voisines |
23 palangriers de surface |
|
|
16 palangriers de surface |
|
|
|
|
|
Ö Durée et terme des protocoles |
4 ans + prorogation 8 mois (décembre 2001) |
5 ans (juillet 2006) |
5 ans (juin 2006) |
2 ans (décembre 2001) |
Ö Clauses de révision des possibilités de pêche |
Liée à lévolution des stocks (Accord-cadre) |
Liée à létat des stocks (protocole en vigueur) |
Non prévue au protocole |
Nouvelles catégories possibles selon état des stocks |
5.5 Conditions daccès |
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Ö Zones de pêche |
× |
× |
× |
× (> 10 Nm, TOUT NAVIRE) |
Ö Repos biologique |
× |
Tous stocks, sauf thons et pélagiques côtiers (02 mois) |
Néant |
Néant |
Ö Aires Marines Protégées |
Néant |
Néant |
Néant |
Néant |
Ö Maillages |
× |
× |
× (40/70 mm étirés) |
×(40/60/70 mm étirés) |
Ö Tailles minimales |
Néant |
Néant |
Néant |
Néant |
Ö Taux de prises accessoires |
× |
× |
× (%) |
× (%) |
Ö Rejets |
Néant |
Etude RIM-CE sur leur valorisation |
Néant |
Néant |
Ö Gréement des chaluts/filets |
× |
× |
Néant |
Néant |
Ö Durées des licences |
3, 4, 6, 12 mois |
3, 6, 12 mois |
3, 6, 12 mois |
3, 6, 12 mois |
Ö Observateurs |
× |
× |
× |
× (chalutiers) |
Ö Etat des ressources |
|
|
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(*) Les protocoles concernant la Gambie et le Cap-Vert nétaient pas disponibles au moment de la préparation de cette annexe.
[5] Communication
préparée par Modou Thiam, Biologiste des pêches,
Ministère de la pêche, Dakar, Sénégal; Souleymane
Nabi Bangoura, Secrétaire permanent de la CSRP, Dakar,
Sénégal; et Germain Dasylva, Conseiller technique régional
FAO-CSRP. [6] UICN, Union mondiale pour la nature et ACDI, Agence canadienne de développement international. |