SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

RAPPORT SPÉCIAL

MISSION FAO/PAM D’ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES
APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES EN AFGHANISTAN

16 août 2002

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Faits saillants

  • Malgré les actions militaires et les bouleversements politiques qui ont coïncidé avec la période des semis, et malgré une infestation acridienne dans certaines régions, la production céréalière totale pour 2002 a marqué un net retour à la normale, grâce essentiellement à une meilleure pluviométrie.
  • Les cultures de blé non irrigué, notamment, sont en forte reprise dans les grandes régions agricoles des provinces du Nord et de l’Ouest par rapport aux trois années précédentes, marquées par la sécheresse.
  • La production céréalière globale pour 2002 devrait s’établir, selon les prévisions, à 3,59 millions de tonnes, dépassant de 82 pour cent celle de l’année dernière, mais inférieure de 4 pour cent à la récolte de 1998.
  • Les besoins en importations céréalières, principalement du blé, pour 2002/03 (juillet/juin) sont estimés à 1,38 million de tonnes, dont environ 911 000 tonnes initialement projetées sous forme d’importations commerciales.
  • De très nombreuses personnes vivent encore dans une grande insécurité alimentaire et, conséquence de plusieurs années de conflit et de sécheresse, continuent de dépendre de l’aide alimentaire d’urgence. Environ six millions de personnes, dont 3,3 millions victimes de catastrophe naturelle ou de conflit, 1,2 million de rapatriés, 400 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays et près de 350 000 habitants pauvres des villes, auront besoin d’une aide alimentaire en 2002/03.
  • L’amélioration des pâturages a favorisé une certaine reconstitution des effectifs, mais la sécheresse des trois années précédentes a décimé le bétail, laissant de très nombreux éleveurs sans ressources. L’accroissement des importations commerciales sans quarantaine de bétail en provenance de pays voisins présente des risques sanitaires pour le cheptel restant et appelle de toute urgence des mesures vétérinaires et de réglementation appropriées.
  • Compte tenu du volume de 219 000 tonnes d’aide alimentaire annoncée, on estime à 249 000 tonnes les besoins non couverts nécessitant de toute urgence des annonces d’aide alimentaire supplémentaires.
  • Une aide substantielle est également requise pour la remise en état des infrastructures d’irrigation et la réactivation des services de vulgarisation aux fins du relèvement du secteur agricole.
  • La réapparition, cette année, des cultures du pavot est un signe qu’il est temps d’adopter une approche stratégique visant à proposer d’autres sources de revenus aux planteurs de pavot et aux ouvriers de ce secteur et/ou à appuyer les mesures prises par les autorités.

1. VUE D’ENSEMBLE

Ces trois dernières années, l’Afghanistan a subi de grandes sécheresses qui ont aggravé les conséquences de plus de vingt années de conflit, infligeant les pires épreuves à des millions de gens. En outre, les actions militaires et les bouleversements politiques qui ont suivi les événements du 11 septembre 2001, le tremblement de terre dévastateur survenu en mars dernier dans les parties septentrionales du pays, les inondations et les invasions de criquets marocains pendant la campagne agricole 2002, ont suscité de graves préoccupations humanitaires.

Dans ce contexte, une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires s’est rendue en Afghanistan du 15 juin au 13 juillet 2002 pour évaluer la production céréalière de 2002 et les besoins en importations de céréales, y compris en aide alimentaire, pour la campagne commerciale 2002-03 (juillet/juin). La mission a fondé ses conclusions sur les discussions menées avec de hautes personnalités de l’Autorité intérimaire afghane, des institutions des Nations Unies, des donateurs multilatéraux et bilatéraux, des ONG locales et internationales, et sur les visites qu’elle a effectuées dans 21 des 32 provinces du pays. Pour faciliter les travaux de la mission, la FAO et le PAM ont réalisé conjointement des enquêtes préliminaires dans toutes les provinces, afin de recueillir des informations détaillées sur la production, la situation concernant le bétail, et la consommation alimentaire. La mission a également bénéficié des compétences de l’USAID et du Service géologique des États-Unis en matière de sécurité alimentaire et d’agrométéorologie, respectivement. Les rapports et documents pertinents disponibles ont été examinés, les indices différentiels normalisés de végétation (NDVI) et les courbes de raréfaction de la neige, fondés sur des données-satellite, ont été analysés et, le cas échéant, ajustés sur la base des inspections effectuées par la mission sur le terrain, de coupes échantillons, d’évaluations par transect et d’enquêtes sur les ménages.

La mission a constaté que l’amélioration du niveau pluviométrique pendant l’actuelle campagne agricole dans les grandes zones de culture s’était traduite par une forte reprise de la production céréalière par rapport aux trois années précédentes, dans les secteurs irrigué et non irrigué1, à l’exception des provinces du sud et du sud-ouest où ont persisté des conditions de sécheresse. Les effets des opérations militaires en Afghanistan, consécutives aux événements du 11 septembre 2001, sur la production agricole ont été plutôt limités. La lutte efficace menée contre l’invasion de criquets marocains qui s’était déclarée dans les parties septentrionales du pays, a également permis d’en limiter les conséquences sur le rendement des cultures.

Globalement, selon les prévisions de la mission, la production céréalière totale de l’Afghanistan devrait atteindre environ 3,59 millions de tonnes en 2002, dont 2,69 millions de tonnes de blé, 345 000 tonnes d’orge, 298 000 tonnes de maïs et 260 000 tonnes de riz (ces deux dernières céréales devant être récoltées à partir de septembre). À ce niveau, la production de céréales avoisinerait 82 pour cent de celle de l’année dernière, qui avait souffert de la sécheresse, mais serait inférieure d’environ 4 pour cent à la bonne récolte de 1998. De ce fait, les besoins en importations de céréales pour la campagne commerciale 2002/03 (juillet/juin) sont estimés à 1,38 million de tonnes, soit 38 pour cent de moins que le volume des deux années précédentes. Les importations commerciales sont estimées à 911 000 tonnes, un niveau similaire à la moyenne triennale. L’aide alimentaire d’urgence, en attente ou annoncée, représente 219 000 tonnes, de sorte que le volume des besoins non couverts avoisine 249 000 tonnes.

Du fait de l’amélioration de la production céréalière nationale, de la meilleure circulation des biens dans l’ensemble du pays et de la forte hausse de la monnaie afghane, on observe un effondrement des prix des céréales sur plusieurs grands marchés. Ainsi, dans la majeure partie du pays, les prix au détail du blé se situaient en moyenne à environ 35 000 afg le seer (7 kg) en juin/juillet 2002, alors que, à la même époque de l’an dernier, ils s’élevaient en moyenne à 75 000 afg le seer2. On pense que cette baisse des prix a permis à de grandes proportions de population d’accéder à l’alimentation.

Les trois années de sécheresse qui ont précédé ont eu un effet dévastateur sur toute une série de végétaux ainsi que sur les disponibilités de fourrages à base de céréales et de résidus de récoltes, notamment dans les zones d’agriculture pluviale. En conséquence de la baisse spectaculaire des disponibilités fourragères, le bétail a été largement décimé. Selon de récentes estimations, l’ensemble du cheptel afghan pourrait s’être réduit d’environ 60 pour cent depuis 1998, notamment après qu’un très grand nombre d’animaux aient péri ou aient été bradés pendant l’été et l’automne de l’année passée. Cependant, grâce à une pluviométrie plus favorable cette année, la situation commence à s’améliorer. Grâce aux pâturages reconstitués et à de plus grandes disponibilités de fourrage, la santé animale (population nettement réduite) s’est améliorée. On estime que les ventes nationales de bétail ont chuté de quelques 50 pour cent, alors que les prix des bêtes ont augmenté d’au moins 30 pour cent dans toutes les régions du pays. Cette situation a entraîné une raréfaction des disponibilités de viande, des animaux de trait et de l’effectif de reproduction, d’où un accroissement des importations de grands ruminants et de volaille en provenance de pays voisins, en particulier du Pakistan. Ces importations, réalisées sans que soient effectués les contrôles appropriés aux frontières et sans que soient dûment observées les procédures de quarantaine, peuvent comporter de graves risques vétérinaires, compte tenu notamment du faible développement des services vétérinaires et de l’absence de programmes de vaccination. Il conviendrait d’envisager des formules novatrices de subvention à la reconstitution des troupeaux d'ovins, encourageant les éleveurs et les exploitants agricoles sédentaires à conserver des femelles reproductrices, de manière à faciliter la reconstitution rapide du cheptel de petits ruminants.

La mise en place de la nouvelle administration, la levée des sanctions des Nations Unies et l’engagement renouvelé de la communauté internationale pour le développement et la reconstruction de l’Afghanistan sont autant de facteurs qui ont suscité une nouvelle espérance et généré une relative stabilité dans la majeure partie du pays. De ce fait, on a estimé, en juillet 2002, à plus de 1,4 million le nombre de réfugiés afghans qui étaient revenus chez eux, la plupart provenant du Pakistan et de l’Iran. Plus de 200 000 personnes déplacées à l’intérieur du territoire sont également rentrées chez elles avec l’aide d’institutions humanitaires internationales, et 400 000 autres par leurs propres moyens. Un nombre considérable de ces rapatriés sont retournés dans les zones rurales et agricoles.

Malgré la reprise, cette année, de la production agricole et le regain d’espoir, des millions d’Afghans, notamment des éleveurs kutchis, n’ont pas accès, ou très peu, à l’alimentation du fait de la grave érosion de leur pouvoir d’achat et/ou de la perte de leurs moyens de production. Les effets de plusieurs années de sécheresse consécutives, de détérioration des infrastructures d’irrigation et autres, d’incapacité des exploitants à accéder aux intrants agricoles requis, de manque de travail dans l’agriculture et hors de ce secteur, et d’endettement rural particulièrement lourd, entre autres, rendent d’autant plus nécessaire une intervention opportune et efficace. Un investissement soutenu dans le secteur agricole, notamment dans la remise en état, la modernisation et la maintenance des infrastructures d’irrigation, est également indispensable à une relance rapide de l’économie afghane.

Cette année, la culture du pavot a recommencé, signalant qu’il est temps d’adopter une approche stratégique visant à proposer d’autres sources de revenus aux planteurs de pavot et aux ouvriers de ce secteur et/ou à appuyer les mesures prises par les autorités. On estime que les cultures du pavot de cette année ont réduit de 10 pour cent l’emblavure de blé irrigué.

2. CONTEXTE SOCIO-ÉCONOMIQUE

2.1 Généralités

Plus de vingt ans de guerre, de troubles civils et une grande sécheresse pendant les trois dernières années ont dévasté l’Afghanistan. Les infrastructures physiques du pays sont gravement endommagées ou détruites par suite de négligences et de destructions continues. Les institutions publiques et privées sont pour la plupart désorganisées et ne disposent que de ressources très limitées. Le capital humain est considérablement appauvri du fait de l’exode massif de personnes ayant des qualifications techniques et professionnelles. La désorganisation permanente des institutions éducatives et techniques a eu pour effet que la jeune génération était mal préparée à assumer pleinement des responsabilités nationales. L’Afghanistan, où les taux de mortalité maternelle et infantile sont parmi les plus élevés, le taux d’alphabétisme et l’espérance de vie parmi les plus faibles et la proportion de personnes handicapées l’une des plus forte du monde, est aussi l’un des pays les plus pauvres de la planète.

2.2 Examen des données macro-économiques

La Banque asiatique de développement (BAsD) estime que le PIB actuel par habitant de l’Afghanistan est de l’ordre de 200 dollars E.-U. seulement, ce qui fait un PIB global de 4,6 milliards de dollars E.-U. Selon les dernières estimations disponibles, la production nationale se compose de produits agricoles et forestiers (53 pour cent), suivis de ceux de l’industrie minière et de la petite industrie (28 pour cent), du commerce (8 pour cent) et de la construction (6 pour cent). Les transports, les communications et les services représentent les 5 pour cent restants.

Selon la BAsD, le volume total des exportations en 1999 était estimé à 235 millions de dollars E.-U. et celui des importations à 900 millions de dollars E.-U., ce qui fait apparaître un déficit commercial de 665 millions de dollars E.-U., soit près de 10 pour cent du PIB de cette année. La dette nationale au milieu des années 90 était estimée à 5 milliards de dollars E.-U. À l’heure actuelle, des fruits et des noix, des tapis, de la laine, des peaux de mouton et du coton sont exportés au Pakistan, en Inde, en Belgique, en Allemagne, en Russie et aux Émirats arabes unis. Des biens d’investissement, des produits de base (notamment céréales, sucre et huile végétale), des textiles, des produits pétroliers et des pneus sont importés du Pakistan, du Japon, du Kenya, de la Corée du Sud, du Turkménistan et de l’Inde3.

Au début des années 90, les dépenses publiques représentaient près de 13 pour cent du PIB et les revenus enregistrés avoisinaient 3 pour cent, les taxes sur l’opium et autres stupéfiants n’étant pas comprises. Le déficit fiscal de 10 pour cent était largement couvert par l’assistance extérieure en provenance du Pakistan et de l’Arabie saoudite. Depuis la fin des années 90, le système budgétaire s’est effondré, les finances publiques étant gérées hors budget. Désormais, le FMI apporte une assistance technique pour restaurer le système budgétaire et mettre en place un cadre macro-économique crédible susceptible de rétablir le régime fiscal et permettre ainsi au pays de remplir les conditions pour bénéficier d’une assistance extérieure substantielle.

La monnaie afghane s’est appréciée de plus de 100 pour cent depuis l’année dernière par rapport à la roupie pakistanaise et au dollar E.-U. En juin 2002, l’afghani s’échangeait sur la base de 35 000 afs pour un dollar E.-U. et de 600 afs pour une roupie pakistanaise, contre 80 000 afs pour un dollar E.-U. et 1 200 afs pour une roupie pakistanaise en juin 2001. On a observé que l’afghani s’était fortement apprécié avec le départ des Talibans, et il était manifeste que la communauté internationale s’engageait à allouer des ressources financières, humaines et techniques à la reconstruction et au développement à moyen et à long termes de l’Afghanistan.

La communauté internationale a annoncé une contribution de 4,5 milliards de dollars E.-U. pour répondre aux besoins urgents de reconstruction et de développement du pays. Selon l’évaluation préliminaire des besoins effectuée par la BAsD, le Programme des Nations Unies pour le développement et la Banque mondiale, les besoins de reconstruction sont estimés à 1,7 milliard de dollars E.-U. pour la première année (2002) et à environ 5 milliards de dollars E.-U. pour les deux premières années et demie, dont 1,8 milliard destinés à couvrir les dépenses récurrentes de l’Autorité intérimaire. Le chiffre pour 10 années de reconstruction est estimé à 15 milliards de dollars E.-U. Il est probable que l’Afghanistan connaîtra une forte croissance économique au cours des quelques années à venir, à condition que soit mis en place un système transparent de gouvernance et de finance, ayant la capacité de déployer efficacement l’assistance étrangère; que soient instaurées des conditions de sécurité et de stabilité; et que soient rétablies des relations économiques extérieures, stimulant la capacité productive du pays.

2.3 Estimations démographiques

Les estimations de la population variaient beaucoup et étaient comprises entre 20 et 28 millions d’habitants. Cependant, le Bureau central des statistiques de l’Autorité intérimaire afghane a réexaminé la situation en 2002 et estimé la population actuelle à 21,8 millions d’habitants, dont 20,3 millions de sédentaires et 1,5 million de nomades. Le retour de 800 000 réfugiés, venant s’ajouter à ces chiffres, est attendu avant décembre 2002. Sur cette population, 85 pour cent pour cent avaient, par tradition, une activité directement liée au secteur agricole.

2.4 Le secteur agricole

Le territoire national comprend environ 12 pour cent de terres arables, 3 pour cent de forêts, 46 pour cent de pâturages permanents, les 39 pour cent restants étant constitués de zones montagneuses. L’agriculture a été le pilier de l’économie afghane, même si des dizaines d’années de guerre et 3 années de sécheresse ont déprimé les activités agricoles et contribué à la dégradation de la base de ressources naturelles.

Des pluies tombées irrégulièrement ont varié la production du secteur non irrigué, le secteur irrigué fournissant habituellement 85 pour cent de toutes les cultures. Cependant, depuis 1978, la superficie irrigable a été réduite de 50 à 60 pour cent, ce qui a eu pour conséquence de rendre un pays proche de l’autosuffisance agricole grand importateur de céréales vivrières, de fruits et de légumes.

La taille et le type des propriétés foncières varient d’une province à l’autre ainsi qu’à l’intérieur des provinces, la taille moyenne d’une exploitation se situant entre 1 et 2 hectares. Les propriétaires fonciers absentéistes sont fréquents du fait de l’émigration des familles ou de membres de celles-ci vers des pays voisins, et le métayage semble se répandre dans la plupart des provinces, le propriétaire foncier et l’exploitant s’arrangeant sur une base variant entre 75:25 et 50:50, selon les contributions aux dotations agricoles.

Le blé est la culture de base et représente environ 70 pour cent de la consommation totale de céréales de l’Afghanistan. Parmi les autres céréales figurent le riz, le maïs, l’orge et les légumineuses. Les pommes de terre, les oignons et plusieurs cultures fruitières, dont les melons, les pastèques, les abricots, les grenades et le raisin, sont également produits pour la consommation nationale et pour l’exportation. Les exportations de fruits séchés et de noix, essentiellement des abricots et des amandes, restent une importante source de devises, mais nulle part leur production ne se rapproche des niveaux de 1980, lorsque les fruits séchés d’Afghanistan représentaient près de 60 pour cent de la part du marché mondial.

2.5 Résurgence de la production de pavot

La culture du pavot, qui avait pratiquement cessé l’année dernière, a repris une fois de plus dans la plupart des zones de production de pavot de l’Afghanistan. On estime que la superficie ensemencée en pavot cette année est très proche du niveau record de 90 000 hectares, établi en 1999. Une enquête de pré-évaluation menée par l’Office des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime (OCDPC) en février 2002 indique, selon des estimations prudentes, que la superficie ensemencée en pavot dans les régions du Sud-ouest (Helmand, Uruzgan, Kandahar) et du Sud-est (Nangarhar, Kunar) pourrait se situer entre 41 000 et 60 000 hectares. Ces estimations sont fondées sur des enquêtes couvrant seulement 6 pour cent des villages qui cultivaient le pavot en 2000, et ne tiennent pas compte d’autres provinces telles que Badakhshan, Balkh, Farah, Juzjan et Talkh, également connues pour produire du pavot en quantités relativement importantes.

L’Autorité intérimaire afghane a interdit la production d’opium en janvier 2002, mais à cette époque, la plupart des champs destinés à la production d’opium étaient déjà ensemencés. Le Programme d’éradication de la culture du pavot (PECP), adopté après les semis, n’a pas réussi, dans l’ensemble, à atteindre ses objectifs. De source informelle, les taux de réussite du programme seraient minimes. Compte tenu d’un rendement moyen national de 41 kg/ha et en considérant que le PECP a réussi à détruire environ 20 pour cent des 90 000 hectares qui, selon les estimations, ont été ensemencées cette année, on pense que la production d’opium devrait atteindre 2 952 tonnes. Le prix sortie exploitation varie entre 350 et 400 dollars E.-U./kg. On prévoit que la superficie mise en culture l’année prochaine sera plus importante du fait de la rentabilité élevée et des bonnes perspectives d’emploi, les risques étant considérés faibles vu le grand nombre de cultivateurs concernés donnant l’impression que des poursuites sont improbables.

3. LA PRODUCTION VIVRIÈRE EN 2001/02

Les événements exceptionnels qui se sont produits en Afghanistan au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre, conduisant à la chute du Gouvernement taliban, ont été de courte durée et territorialement limités.

Les vastes campagnes de bombardement et les échanges d’artillerie qui se sont poursuivis ce printemps ont eu lieu dans des régions reculées, loin des zones de production agricole, de sorte que les principales communautés d’agriculteurs, réduites par l’exode de réfugiés pour des raisons économiques et politiques et habituées à travailler dans des conditions extrêmes, ont pu, semble-t-il, continuer à exploiter «comme d’habitude», malgré les troubles présents.

3.1 Les chutes de pluie et l’irrigation

L’Afghanistan est un pays aride/semi-aride dont la production agricole est tributaire des disponibilités en eau sous forme de précipitations directes ou d’irrigation. Les régimes pluviométriques des trois dernières années s’écartent considérablement de la moyenne sur une longue période (MLP). La dernière fois que les pluies étaient bien réparties, avec un niveau de précipitations conforme aux quantités normalement attendues, c’était en 1998, où les chutes de neige ont été plus abondantes que d’habitude. Depuis lors, les précipitations ont été nettement inférieures à la normale. Cette année, après un début tardif des pluies dans certaines régions, une pluviométrie supérieure à celle de l’année dernière a été enregistrée sur tout le territoire de la plupart des provinces. Cependant, du fait de la désorganisation administrative causée par la guerre et le changement de régime, il a été très difficile de se procurer des données pluviométriques. L’Institut de météorologie de Kaboul ne fonctionne pas, les stations météorologiques ont été pillées, et apparemment, il n’a pas procédé à une collecte de données pluviométriques auprès des stations météorologiques militaires. De ce fait, la mission n’a reçu que deux séries de données; l’une de l’office agricole de la province de Herat et l’autre du bureau régional de la FAO dans la province de Nangarhar. Ces données sont indiquées à la figure 1, qui compare les résultats de cette année avec la MLP et avec les données biennales, faisant ainsi apparaître des niveaux de précipitation supérieurs à la MLP sur les deux sites mentionnés. L’évaluation qualitative des pluies tombées dans les autres régions est fournie par des informateurs clés.

Figure 1: Les précipitations tombées dans deux régions d’Afghanistan
pendant la campagne agricole 2001/02

Les résultats des comparaisons font apparaître des pluies plus abondantes et mieux réparties en 2002 qu’en 2001; il s’agit de données fournies uniquement par deux groupes d’informateurs clés qui, se référant aux systèmes d’irrigation de crue dans la province de Kunar (Est), ont signalé pour cette année un début de crue tardif des cours d’eau et des fleuves. «Des pluies plus abondantes que la normale» n’ont été signalées que dans la région septentrionale, où l’on a observé la meilleure pluviométrie des cinq à vingt-cinq dernières années, selon l’endroit.

Les chutes de neige, dont dépend l’essentiel du secteur irrigué du pays, ont été variables en 2001/02 et, dans l’ensemble, supérieures à celles de l’année dernière. Une étude portant sur 13 bassins fluviaux dans les régions du Nord (7), de l’Ouest (2), du Centre (2), de l’Est (1) et du Sud (1) montre que la couche de neige diminue plus rapidement et qu’elle est donc moins persistante par rapport à la MLP. Les températures plus chaudes d’avril ont précipité la fonte, augmentant ainsi les eaux d’irrigation pour six des cultures bénéficiant, au stade de remplissage des grains, des eaux de captage dans les périmètres d’irrigation concernés.

Les courbes profils des indices différentiels normalisés de végétation (NDVI), qui reflètent les niveaux de biomasse sur une base normale de 10 jours à partir de la période de croissance, de mars à fin mai, montrent une meilleure végétation que l’année dernière dans les provinces du nord, du nord-est et de l’ouest, qui sont les provinces contribuant le plus à la production nationale de céréales non irriguées. Dans les autres provinces, où prédominent les cultures irriguées, des conditions similaires à celles de l’année dernière ont perduré jusqu’à la fin du printemps/début de l’été, empêchant toute production de céréales en sec. Cependant, les pluies du printemps dernier semblent avoir dynamisé la production pastorale dans les zones de pacage des provinces concernées.

3.2 Facteurs ayant une incidence sur les estimations concernant la superficie ensemencée

Blé

Principal produit de base, le blé irrigué et non irrigué est semé chaque année, sa contribution à la production en sec variant en fonction des conditions climatiques. Néanmoins, de vastes zones non irriguées sont ensemencées en blé chaque année, car les agriculteurs, selon une stratégie optimiste, sèment en hiver et au début du printemps. Cependant, même dans les meilleures années, le secteur irrigué fournit 60 pour cent des approvisionnements, ce pourcentage passant à 95 pour cent lorsque les pluies font défaut.

Au cours des vingt dernières années environ, il n’y a pas eu de collecte ni d’analyse systématiques des statistiques agricoles. Il semble que toutes les données recueillies à l’époque soviétique, post-soviétique et pré-taliban aient été détruites dans le cadre du «processus de purification» engagé par la dernière administration. Ces éléments, conjugués au fait que le Ministère de l’agriculture, depuis le siège jusqu’aux unités de district, pénurie totale de ressources, créent un vide d’information qui oblige les analystes à s’appuyer sur toutes les archives qui restent: l’Atlas du couvert végétal, réalisé conjointement par la FAO et le PNUD en 1993; les rapports de mission de la FAO/PAM; les rapports de mission de consultants sous contrat de courte durée et les données d’expérience d’agronomes locaux et expatriés connaissant bien le pays et ses pratiques. Á cet égard, la mémoire collective des équipes de spécialistes provinciaux en agriculture, qui continuent de fonctionner malgré tous les obstacles, est une source précieuse d’informations. Pour évaluer la superficie ensemencée cette année, la mission a consulté les sources habituelles et obtenu, de la part des évaluateurs du Ministère de l’Irrigation et du Ministère de l’agriculture, des estimations informelles concernant la superficie mise en culture l’année dernière. Les bureaux provinciaux de l’agriculture ont été désignés principaux points d’entrée dans les provinces chaque fois que l’occasion se présentait de mener des discussions approfondies avec les spécialistes locaux sur la superficie mise en culture. On a également utilisé les résultats de l’Enquête FAO/PAM sur l’état des cultures, réalisée juste avant l’arrivée de la mission et dont les données ont permis de procéder à des extrapolations à l’échelle provinciale concernant les superficies cultivées en orge, riz, maïs et légumineuses.

S’agissant du secteur irrigué, après la faillite des systèmes publics, ce sont désormais les systèmes traditionnels qui prédominent. Sur les 2,5 millions d’hectares estimés qui ont été régulièrement irrigués en 1978, on pense que 44 pour cent seulement seraient encore productifs. Dans ce chiffre est incluse la zone située au cœur des systèmes vallées-oasis arrosés par des fleuves, des cours d’eau et des sources; les systèmes karez, desservis par des eaux de retenue qui leur ont permis de tenir pendant trois années successives de pluies insuffisantes; et les zones supérieures et moyennes des périmètres d’irrigation traditionnels par canaux qui desservent les vastes plaines agricoles. Ne sont pas prises en compte les zones situées en bordure des systèmes vallées-oasis et les prolongements en aval; les zones moyennes et inférieures des périmètres d’irrigation par canaux; les systèmes publics susmentionnés et les zones desservies par des systèmes karez, dont on sait qu’ils n’ont pas rempli leur fonction l’année dernière et qu’ils en sont toujours au même point. Compte tenu du fait que les disponibilités en eau sont le facteur déterminant, la mission estime que la superficie irriguée en première campagne est similaire à celle de l’année passée. On estime que l’emblavure de blé d’hiver a diminué de 8 pour cent, du fait de la résurgence du pavot en tant que culture importante dans les régions de Nangarhar, Badakhshan, Kandahar et Helmand.

En raison des pluies peu abondante tombées cette année dans les principales provinces à culture pluviale de céréales, l’intérêt a été de nouveau suscité pour des semis de fin d’hiver/début de printemps. Ces activités se sont ajoutées au niveau normal des semis de blé d’hiver dont sont coutumières les communautés d’agriculture pluviale. Les observations faites par la mission dans les zones de cultures non irriguées de céréales, dans l’ouest et le nord, donnent à penser que certains agriculteurs se sont détournés de la pratique traditionnelle consistant à ensemencer 50 pour cent seulement de leurs terres et à laisser le reste en jachère, et qu’ils ont porté leur surface cultivée à 60-70 pour cent. Des rapports concernant d’autres régions du Nord et de l’Ouest, inaccessibles pour la mission, confirment qu’une tendance similaire est suivie ailleurs par les communautés d’agriculture pluviale. Ces attitudes expliquent l’extension de l’emblavure de blé irrigué de l’ordre de 11 pour cent par rapport aux estimations pour l’année passée. Cependant, l’emblavure estimée demeure nettement en deçà des estimations de la mission pour 1998 (73 pour cent), 1999 (83 pour cent) et 2000 (83 pour cent), ce qui s’explique par la réduction des zones de culture non irriguées dans les provinces du sud-ouest et du centre.

La ténacité des autres schémas traditionnels est également mise en évidence par le fait que, malgré les bouleversements, la pratique des cultures successives prévaut toujours. Les systèmes de culture observés comportent les cultures d’été de la pastèque, du maïs et des légumineuses, précédées par le blé dans les provinces de l’ouest et du centre. Outre les systèmes de culture susmentionnés, la mission a également relevé d’importantes superficies où l’on cultive du riz, précédé par le blé dans l’est, dans le nord et dans les provinces à faible altitude du nord-est, ainsi que des légumes d’été, précédés par les légumes d’hiver dans les localités périurbaines.

Autres céréales

Parmi les autres cultures d’importance nationale figurent l’orge, le maïs, le riz et les légumineuses; on cultive du millet des oiseaux sur de petites superficies dans les provinces du nord-est et de l’est. On cultive l’orge à semis d’hiver/printemps dans les secteurs irrigué et non irrigué. Le maïs, culture irriguée, est semé à la fin du printemps après un hiver de jachère, et l’on cultive le maïs et le riz pour la campagne secondaire dans les champs où ils ont été précédés par le blé et où l’on dispose de l’eau d’irrigation. Ä l’exception de l’orge, pour lequel on a observé une emblavure importante, les superficies estimées pour les autres céréales sont similaires à celles de l’année dernière, mais inférieures à celles qui avaient été signalées en 1998 et 1999.

S’agissant de l’orge, les estimations régionales ont été établies par extrapolation à partir des résultats de l’Enquête FAO/PAM sur l’état des cultures en 2002, qui ont fait apparaître des niveaux élevés de production d’orge dans les provinces du nord, le nord-est et de l’ouest, similaires aux estimations informelles du ministère de l’Agriculture concernant les emblavures sous orge en 2001. L’extension de la superficie ensemencée en orge est également liée à l’évaluation par la mission des besoins supplémentaires en fourrage pour le bétail, habituellement couverts par la production nationale, et cette superficie accrue est de 236 000 hectares, soit 15 pour cent de plus que l’emblavure sous orge estimée pour 1998.

Nonobstant l’importance des céréales d’hiver et d’été, les légumineuses jouent un rôle important en tant qu’aliment de base dans les zones situées en altitude et comme supplément alimentaire dans les zones basses. En l’absence de données historiques ou de séries chronologiques récentes de données, la mission a également estimé les superficies cultivées en légumineuses par extrapolation à partir des résultats de la récente enquête. Parmi ces légumineuses figurent les haricots mungo (urds), cultivés pendant la campagne secondaire dans tout le pays; les pois des champs, cultivés en tant que produit de substitution des céréales dans les zones irriguées de haute altitude; les pois carrés et les pois chiches, cultivés soit en sec soit sous faible irrigation; et une grande variété de haricots, cultivés dans la plupart des jardins irrigués. La mission estime que 118 000 hectares ont été ensemencés en légumineuses cette année. Si l’on ajoute une partie de cette superficie aux 135 000 hectares de riz et aux 100 000 hectares de maïs, il apparaît que sur 30 pour cent de la superficie irriguée on pratiquait la double récolte avec des cultures de plein champ. L’analyse du couvert végétal de 1993 donnerait à penser qu’il s’agit là probablement d’une sous-estimation, mais le chiffre obtenu par la mission n’inclut pas les légumes, les plantes vivaces comme la luzerne, ni les vergers et les zones de culture du coton et de la pomme de terre, dont la récolte ne se fait pas avant l’automne.

3.3 Facteurs ayant une incidence sur les estimations concernant les rendements

Approvisionnements en semences

Il a été établi sur la base de sources secondaires et des conclusions de missions successives que plus de 90 pour cent des agriculteurs utilisent d’une année sur l’autre les semences provenant de leurs propres récoltes, cette méthode de sécurité des semences étant la plus simple, la plus sûre et la moins coûteuse. En cas d’échec de cette pratique, on recourt de préférence à l’emprunt de collections de semences disponibles au niveau local ou à l’achat sur le marché local. Dans la plupart des cas, les agriculteurs identifient les semences qu’ils préfèrent, et même s’ils ne font pas la distinction entre semences, d’une part, et céréales destinées à la consommation, d’autre part, ils choisissent les échantillons adaptés à leur situation et qui leur sont familiers. Dans le secteur de culture irriguée de blé, la mission a noté qu’il s’agissait dans la plupart des cas de semences provenant de variétés mises en circulation au cours des dix dernières années ou de cet ordre. Les agriculteurs en connaissent le nom et l’origine. Ce sont notamment le kauz, le pamir 94 et le roshan 96. Ce sont désormais des semences établies, dont l’utilisation a été observée dans toutes les provinces visitées. On leur reconnaît la faculté de bien réagir aux applications d’engrais, à condition qu’il y ait de l’eau. Les rendements du blé, déterminés par la mission ou communiqués à celle-ci, à savoir entre 2,5 et 6 tonnes/ha, sont nettement supérieurs à ceux qui avaient été précédemment signalés pour les «semences locales». Ces rendements sembleraient confirmer la tendance à utiliser principalement les semences mises en circulation, ainsi que leur efficacité dans la durée.

Étant donné la provenance des semences indiquées ci-dessus, le manque de sélection, de nettoyage et d’enrobage est évident. Ceci explique que la densité des semis soit nettement supérieure à celle recommandée, les agriculteurs ayant tendance à compenser le risque de défaillance germinative, à combattre les espèces toujours croissantes de mauvaises herbes et à suivre des pratiques traditionnelles selon lesquelles, dans des conditions favorables, plus les semis seront denses et plus grand sera le rendement. La densité des semis pour le blé, telle qu’elle a été notée par la mission dans le secteur irrigué, est comprise entre 125 kg/ha (recommandée) et 280 kg/ha dans les zones où les disponibilités en eau sont importantes et où l’on utilise du fumier de ferme et des engrais chimiques.

Dans le secteur non irrigué, on observe des situations différentes. On remarque, identifiables à leur couleur, des variétés locales résistantes à l’éclatement, comme le sont les nouvelles semences mises en circulation pour les zones non irriguées, telles que les variétés de Lalmi. La mission a également noté que les semences mises en circulation pour le secteur irrigué sont parfois utilisées dans le secteur non irrigué. Les anciennes variétés de semence sont propres aux communautés villageoises des zones de cultures non irriguées, ayant des traditions et des pratiques établies depuis longtemps. Une approche moins sélective des semences a été observée chez des groupes d’agriculteurs exploitant des concessions non irriguées octroyées par les autorités locales, une approche qui, plutôt que de traduire une préférence, s’explique sans doute par les disponibilités de semences.

La densité des semis pour le blé non irrigué correspondait aux niveaux recommandés et précédemment signalés de 70 à 120 kg/ha, avec une application moyenne de 73 kg/ha. Les rendements mesurés par la mission ou communiqués à celle-ci étaient similaires et se situaient entre 0,5 et 1,4 tonne/hectare sur l’ensemble des zones non irriguées où elle s’est rendue, dans les provinces du nord, du nord-est et de l’ouest.

D’autres semences fournies dans des situations d’urgence par des institutions ont été distribuées dans les secteurs irrigué et non irrigué. La mission a constaté que la réaction des agriculteurs et des agronomes locaux à ces initiatives était mitigée. Il reste encore à évaluer l’impact de ces interventions.

Les estimations de la mission concernant les semences qui seront utilisées l’année prochaine (2002/03) pour les principales cultures céréalières sont indiquées au tableau 1. On constate des écarts par rapport aux estimations pour l’année dernière, notamment une plus forte densité globale des semis pour le blé et l’orge, mais aussi une plus faible densité de semis pour le riz car, ainsi que la mission a pu le constater au cours de ses visites sur le terrain, le riz est en majeure partie repiqué. Par conséquent, les besoins en semences pour le blé et l’orge sont plus importants que l’année dernière et, même s’il est probable que des semences appropriées seront disponibles, il se pourrait bien que l’accès à ces dernières soit limité, notamment pour les personnes déplacées sur le territoire national, les agriculteurs sédentaires endettés et les petits exploitants n’ayant pas d’actifs à vendre ni suffisamment de grains pour conserver des collections de semences. Pour ces agriculteurs, le métayage semble être la solution applicable sur le plan local et la voie de survie suivie par une importante proportion des agriculteurs rencontrés par des équipes de la mission.

Tableau 1. Prévisions concernant l’utilisation des semences (2002/03)

Culture kg/ha Hectares
(en milliers)
Total
(en milliers de tonnes)
Blé irrigué 175 1 300 227,5
Blé non irrigué 73 750 54,8
Orge 110 250 27,5
Maïs 35 150 5,3
Riz 30 160 4,8

Utilisation d’engrais

La quantité d’engrais chimiques utilisée en Afghanistan est estimée à 170 000-180 000 tonnes (IFDC, 2002), dont 52 000 tonnes d’urée provenant de l’usine d’engrais de Mazar-e-Sharif. Le reste, constitué de phosphate diammonique (DPA) et d’urée, est importé du Turkménistan et du Pakistan, ceux de Mazar-e-Sharif ayant la réputation d’être de qualité douteuse et d’une faible valeur nutritive. Comme aucun engrais n’est utilisé dans le secteur non irrigué, la quantité d’engrais utilisée de manière combinée avoisine, selon les estimations actuelles concernant la superficie, une moyenne de 130 kg/ha, soit nettement en dessous des quantités d’éléments nutritifs requises pour les cultures irriguées de blé, de riz, de maïs et de pommes de terre, mais proche de la moyenne de l’Asie. Cependant, cette moyenne masque un schéma d’utilisation très courant observé par la mission, et qui se situe entre le niveau zéro dans les zones inférieures des périmètres d’irrigation par canaux, où les disponibilités en eau sont incertaines, et 500 kg/ha d’urée et de DPA dans les zones où les disponibilités en eau sont garanties. Selon la règle empirique, dans les zones où les disponibilités en eau sont assurées, l’utilisation d’engrais pour le blé est dictée, ainsi que la mission l’a constaté, par la densité des semis, des quantités de DPA équivalant aux doses de semences étant appliquées pendant les semis comme la fumure de fond, et des quantités d’urée équivalant aux doses de semences étant utilisées comme fumure de surface lors d’une ou de deux applications effectuées plus tard dans la saison.

Dans la plupart des cas, l’engrais est vendu par sac de 50 kg. Les prix notés par la mission se situent dans une large fourchette comprise entre 18 et 8,5 dollars E.-U./le sac de DPA et entre 15,7 et 7,9 dollars E.-U./le sac d’urée. Les prix variaient selon la région, les plus bas ayant été constatés dans le nord. Le moment de l’achat, ainsi que la provenance, avec ce que cela implique sur le plan de la qualité, avait aussi une incidence sur le prix. Il existe vraiment un réseau bien organisé de commerçants qui fournissent des engrais en temps voulu dans toutes les zones agricoles. Cependant, comme il n’y a pas de systèmes institutionnalisés de crédit et que les mécanismes de crédit informels peuvent entraîner un surcoût de l’ordre de 50 pour cent, l’accès à l’engrais n’est pas généralisé et il est probable qu’il aura été plus limité cette année, les exploitants marginaux ayant vu leur pouvoir d’achat diminuer après qu’ils eurent vendu la plupart des actifs dont ils disposaient en 2000/01.

L’énergie agricole

Les trois années écoulées ont été caractérisées par une réduction progressive de la superficie cultivée dans les secteurs non irrigué et irrigué. Si cette évolution est déterminée au niveau national par l’accès à l’eau, sous forme d’eau d’irrigation ou de précipitations directes, il est probable, au niveau du ménage individuel, que la question de l’accès à l’énergie agricole ait réduit la capacité des familles pauvres à exploiter leurs propres terres de manière indépendante. Les exploitants pauvres ont vendu l’année dernière leurs animaux de trait pour acheter de la nourriture, et les prix de location de tracteur, généralement autour de 5-6 dollars E.-U./heure (au taux de change actuel), sont considérés comme élevés pour ceux qui n’ont pas d’argent liquide. Sur les exploitations où il y de l’eau, on observe des accords de métayage, des formules de crédit-bail et même des cas de vente pure et simple de terres. On peut en déduire que la superficie cultivée reste inchangée, mais que la production est redistribuée au détriment des ménages pauvres.

Cette année, les méthodes culturales ont été dans l’ensemble conformes aux traditions locales en ce qui concerne les sources d’énergie. De nombreux champs situés au cœur des systèmes vallées-oasis sont toujours labourés à la main; la traction animale par des couples de bœufs et, dans certains cas, par des ânes, est courante dans toutes les provinces, dans les secteurs non irrigué et irrigué. Le couplage de bœufs par des exploitants qui n’en possèdent qu’un est une solution courante pour surmonter la pénurie de ces animaux, comme il est courant de prêter ou d’emprunter à ses voisins en contrepartie de services de main-d’œuvre à rendre plus tard dans l’année. L’utilisation de tracteurs se remarque aussi beaucoup dans les deux secteurs, irrigué et non irrigué. Cette année, le carburant était rapidement fourni en cas de besoin, les prix oscillant entre 0,22 et 0,31 dollar E.-U./litre, selon le lieu. Toutefois, en observant plus attentivement, la mission a constaté que pour des raisons économiques (dans les zones irriguées où les disponibilités en eau sont incertaines) et pour des raisons liées au calendrier des semis, les pratiques culturales se sont souvent limitées, dans les cas les plus extrêmes, à un simple passage, ne permettant ni de bien préparer le lit de semences ni d’enfouir les mauvaises herbes.

À l’inverse, dans les parties des périmètres d’irrigation où les disponibilités en eau sont assurées et dans les champs non irrigués situés au fond des vallées, on a observé une préparation méticuleuse de la terre, avec labourage, nivelage et hersage après semis.

Ravageurs et les maladies

À l’exception des exploitants de neuf provinces du nord, les mauvaises herbes constituaient le gros des ravageurs observés cette année dans le secteur irrigué. Avec des taux salariaux compris entre 2 et 3,50 dollars E.-U./jour, les grands exploitants, dont les terres dépassent par leur superficie la capacité de désherbage de la famille, achètent des herbicides sur les marchés locaux et emploient des personnes pour la pulvérisation à dos. Cependant, cela reste l’exception plutôt que la règle. Généralement, on enlève régulièrement les mauvaises herbes, afin de réduire suffisamment leur capacité à causer des dommages aux cultures, ou si on estime qu’elles ont leur utilité en tant que fourrage pour animaux ou carburant, elles sont récoltées en tant que telles par les exploitants eux-mêmes ou par les propriétaires de bétail de la communauté qui n’ont pas de terres. Les plantes nuisibles pour le blé sont l’ivraie et la folle avoine. On considère que les plantes parasites, comme l’orobanche (cuscute) affectant notamment la pomme de terre et la luzerne, constituent aussi un sérieux problème, et la solution consiste en une alternance judicieuse des cultures.

Les invasions de criquets marocains ont été le principal sujet de préoccupation au printemps et au début de l’été dans les régions de Saripol, Juzjan, Faryab, Badakhshan, Takhar, Buglan, Samangan, Balkh et Kunduz. L’action communautaire et les ressources combinées de la FAO, des ONG GOAL, de FOCUS et du CICR, qui coopéraient avec le Ministère de l’agriculture, ont réussi à endiguer les invasions acridiennes en recourant à la lutte mécanisée contre les criquets et à la pulvérisation massive d’ailés.

Cette année, la rouille, principale maladie fongique du blé, bien que manifeste, n’était pas considérée comme un danger grave pour la production, car le niveau pluviométrique, dans l’ensemble meilleur que l’année dernière, n’était pas suffisamment élevé pour favoriser des infestations à grande échelle. De même, la présence de nielles des céréales dans les cultures non irriguées et irriguées, signalée à la mission, était, dit-on, de faible densité. Néanmoins, l’absence quasi totale d’enrobage des semences laisse penser que les cultures de blé sont vulnérables en cas d’attaque sérieuse par ces nielles, alors que l’on dispose des moyens techniques pour empêcher de telles infestations.

Le seul autre ravageur important cette année était le foreur de gousse de pois chiche. De graves pertes de pois chiches sur les exploitations ont été notées dans les régions de Herat et de Badakhshan. Cependant, il est difficile d’évaluer l’ampleur de ces nuisances. Dans les cas constatés, aucune mesure n’a été prise pour y remédier.

3.4 Production céréalière de 2002

Les précédentes sections ont mis en exergue les facteurs ayant une incidence sur les estimations de la mission concernant la superficie et le rendement des cultures de blé et d’orge. Cette année, l’emblavure estimée du blé irrigué est inférieure de 10 pour cent à la faible estimation de 2001, et cela tient à la résurgence de la production de pavot. L’emblavure estimée du blé non irrigué a augmenté, selon les estimations, de 12 pour cent, les fermiers ayant profité de conditions de croissance nettement plus favorables dans les provinces de l’ouest et du nord.

Les estimations plus élevées concernant le rendement de blé irrigué pour cette année s’appuient sur les chiffres des rendements, généralement bons, signalés dans l’Enquête FAO/PAM sur l’état des cultures en 2002, sur les coupes-échantillons effectuées par la mission, sur l’évaluation approximative du rendement des champs réalisée par la mission et sur les rapports de la FAO et des spécialistes provinciaux en agriculture vivant dans les régions visitées. Cependant, de telles hausses ne donnent guère qu’une production moyenne de 2 tonnes/ha, estimation prudente compte tenu de la variété de semences utilisées et de l’application d’engrais observée.

En ce qui concerne le blé irrigué, les estimations plus élevées pour cette année, établies par la mission ou communiquées à celle-ci, soit 0,5 à 1,4 tonne/ha, sont directement liées à la nette amélioration du niveau pluviométrique dans les provinces de l’est, du nord et du nord-est. Cependant, on a observé que les rendements des cultures pluviales dans les provinces du centre, du sud et du sud-ouest étaient inférieurs, ramenant la moyenne globale à 0,75 tonnes/ha. Les estimations de la mission pour l’ensemble du pays, concernant la superficie cultivée et la production des cinq dernières années, pour toutes les grandes cultures céréalières, sont indiquées au tableau 2, aux fins de comparaison.

Tableau 2. Afghanistan: Superficie cultivée en céréales (en milliers d’hectares) et production
(en milliers de tonnes) pour les années 1998-2002

Culture 2002 2001 2000 1999 1998
Superf. Product. Superf. Product. Superf. Product. Superf Product. Superf. Product.
Blé 1 742 2 686 1 779 1 597 2 029 1 469 2 027 2 500 2 186 2 834
Irrigué 1 045 2 110 1 156 1 514 1 189 1 329 1 196 1 988 1 234 2 020
Non irrigué 697 576 623 83 840 140 831 512 952 814
Orge* 236 345 87 87 124 74 180 216 200 240
Maïs** 100 298 80 160 96 115 160 240 200 330
Riz (usiné) ** 135 260 121 122 130 105 140 188 180 301
Total des Céréales 2 213 3 589 2 067 1 966 2 379 1 763 2 507 3 144 2 766 3 705
*Secteurs irrigué et non irrigué confondus.
**Cultures irriguées de campagne d’été.

Comme le riz et le maïs ne seront pas récoltés avant septembre 2002, les chiffres de production sont hautement spéculatifs puisqu’ils ont été calculés sur la base de rendements théoriques pour des systèmes similaires, mutipliés par les emblavures estimées à partir des prévisions informelles fournies par les évaluateurs du Ministère de l’agriculture, ajustées en fonction des résultats de l’Enquête FAO/PAM sur l’état des cultures. Les chiffres concernant l’emblavure de maïs se rapportent au maïs cultivé uniquement pour le grain.

La production globale de blé est estimée à 2,69 millions de tonnes, soit 67 pour cent de plus que celle de l’année dernière, grâce à de meilleurs rendements obtenus dans les secteurs non irrigué et irrigué. Les données relatives au blé, ventilées par province, sont indiquées au tableau 3. Ce tableau, réalisé pour la première fois par la mission, exige un examen attentif. À mesure que des compléments d’information seront fournis au cours de l’année à venir, le tableau sera mis à jour de manière à constituer une base réaliste pour les estimations concernant l’année prochaine.

Tableau 3. Production estimée de blé irrigué et non irrigué pour 2002, par province*

Province/ Région Blé irrigué 2002 Blé non irrigué 2002 Blé Total 2002
Superf. Rend. Prod. Superf. Rend. Prod. Superf. Rend. Prod.
(ha) (t/ha) (tonnes) (ha) (t/ha) (tonnes) (ha) (t/ha) (tonnes)
NORD 260 1,7 449 269 0,7 180 529 1,2 629
Faryab 87 1,6 139 80 0,7 56 167 1,2 195
Juzjan 37 1,4 52 10 0,3 3 47 1,2 55
Sar-i-Pul 30 1,7 51 10 0,3 3 40 1,4 54
Balkh 80 2,0 160 40 0,7 28 120 1,6 188
Samangan 26 1,8 47 129 0,7 90 155 0,9 137
NORD-EST 204 2,2 452 180 1,0 171 384 1,6 623
Bughlan 35 2,0 70 60 0,9 54 95 1,3 124
Kunduz 75 2,4 180 30 0,9 27 105 2,0 207
Takhar 70 2,2 154 60 1,0 60 130 1,6 214
Badakhshan 24 2,0 48 30 1,0 30 54 1,4 78
OUEST 170 2,1 358 180 0,9 170 350 1,5 528
Heart 95 2,1 200 60 0,9 54 155 1,6 254
Farah 25 1,9 48 40 0,9 36 65 1,3 84
Badghis 50 2,2 110 80 1,0 80 130 1,5 190
OUEST-CENTRE 50 1,7 87 35 0,9 31 85 1,4 118
Ghor 26 1,7 44 5 0,8 4 31 1,5 48
Bamyan 24 1,8 43 30 0,9 27 54 1,3 70
CENTRE 74 2,4 178 3 0,0 0 77 2,3 178
Kaboul 20 2,4 48 1 0,0 0 21 2,3 48
Parwan 20 2,4 48 0 0,0 0 20 2,4 48
Kapisa 5 1,8 9 0 0,0 0 5 1,8 9
Logar 14 2,4 34 0 0,0 0 14 2,4 34
Wardak 15 2,6 39 2 0,0 0 17 2,3 39
SUD 44 2,0 87 0 0,0 0 44 2,0 87
Paktya 6 1,3 8 0 0,0 0 6 1,3 8
Paktika 2 1,5 3 0 0,0 0 2 1,5 3
Khost 16 1,9 30 0 0,0 0 16 1,9 30
Ghazni 20 2,3 46 0 0,0 0 20 2,3 46
EST 57 2,2 125 0 0,0 0 57 2,2 125
Nangarhar 33 2,1 69 0 0,0 0 33 2,1 69
Laghman 14 2,6 36 0 0,0 0 14 2,6 36
Kunarha 10 2,0 20 0 0,0 0 10 2,0 20
Nooristan**                  
SUD-OUEST 186 2,0 374 30 0,8 24 216 1,8 398
Kandahar 58 2,0 116 0 0,0 0 58 2,0 116
Helmand 63 2,6 164 0 0,0 0 63 2,6 164
Zabul 30 1,6 48 0 0,0 0 30 1,6 48
Nimroz 20 1,4 28 10 0,8 8 30 1,2 36
Uruzgan 15 1,2 18 20 0,8 16 35 1,0 34
TOTAL 1 045 2,0 2 110 697 0,8 576 1 742 1,5 2 686
* Les noms de provinces s’écrivent de manière variable dans différentes publications. L’orthographe suivie ici est tirée d’une publication   récente du Bureau statistique central de l’Autorité intérimaire afghane.
** On ne connaît pas les superficies mises en culture dans la région de Nooristan.

Il n’a pas été possible de procéder à un exercice similaire de ventilation par province pour l’orge, le maïs et le riz, mais on disposait de statistiques régionales, qui sont présentées au tableau 4, aux fins de comparaison.

Tableau 4. Estimations concernant la superficie (en milliers d’hectares), la production
(en milliers de tonnes) et le rendement pour les autres céréales, par région

Région Orge Riz paddy Maïs
Superf. Rend. Prod. Superf. Rend. Prod.* Superf. Rend. Prod.
(ha) (t/ha) (tonnes) (ha) (t/ha) (tonnes) (ha) (t/ha) (tonnes)
Nord 69 1,4 97 2 3,0 6 8 2,9 23
Nord-Est 83 1,5 125 74 2,8 207 24 3,0 72
Ouest 35 1,4 49 9 2,8 25 12 3,0 36
Est-Centre 19 1,4 27 0 0,0 0 2 2,5 5
Centre 17 1,6 28 3 3,0 9 23 3,0 69
Sud 4 1,4 6 0 0,0 0 0 0,0 0
Est 3 1,8 5 25 3,0 75 21 3,0 63
Sud-Ouest 6 1,6 10 22 3,0 66 10 3,0 30
Total 236 1,5 345 135 2,9 388 100 3,0 298
* Un volume de riz paddy de 388 000 tonnes équivaut à 266 000 tonnes de riz usiné.

3.5 Autres cultures

Légumes

Cultivés par la plupart des exploitations familiales pour leur propre consommation, on estime, pour l’année dernière, que 6 pour cent de toute la superficie irriguée était ensemencée en légumes. Selon les observations faites par la mission cette année, cette superficie est plus importante dans les zones périurbaines. Elle a noté que la pastèque, le melon et le gombo faisaient partie des légumes d’été les plus courants. Des zones spécialisées dans la culture d’oignons et de pommes de terre ont été observées dans les provinces du centre et dans celles de l’est et du nord-est, respectivement. Des rendements de pommes de terre compris entre 17 et 35 tonnes/ha ont été signalés dans des régions aussi différentes que celles de Badakhshan et de Wardak. Dans cette dernière, les exploitations obtiennent de hauts rendements en augmentant l’eau d’irrigation provenant des systèmes traditionnels par prélèvement dans des puits à nappe constante aménagés à proximité.

Fruits

Les zones de culture au cœur des structures vallées-oasis traditionnelles contiennent une grande variété d’arbres fruitiers donnant des pommes, des grenades, des abricots, des mûres, du raisin et des amandes, qui représentent 87 pour cent des plantations. Ces arbres fruitiers sont régulièrement intercalés avec des cultures de céréales/légumineuses et de luzerne. Dans les régions de Kandahar et de Wardak (district de Nirk), la mission a constaté que des vergers avaient péri par suite du manque d’eau pendant les trois dernières années. Dans ces mêmes endroits, on a signalé pour cette année une baisse des rendements de petits fruits et des revenus des jardiniers maraîchers. En revanche, les amandiers et les mûriers observés ailleurs, dans les provinces du centre et du nord, semblaient donner de bons résultats.

Coton

Avec l’effondrement de l’industrie du coton au cours des 20 dernières années, les cotonneries se sont réduites au niveau d’exploitations de subsistance dans trois provinces du Nord et dans la région de Nangarhar.

Pavot

La culture commerciale du pavot a repris cette année dans les principales provinces où elle était pratiquée: Nangarhar, Kandahar, Helmand et Badakhshan. On a noté que la production avait retrouvé ses niveaux de la fin des années 90, à savoir 90 000 hectares ou plus. En tant que culture d’hiver irriguée très rentable, le pavot fait directement concurrence au blé, expliquant pour l’essentiel la diminution de l’emblavure estimée de blé irrigué pour cette année. Au cours de ses visites, la mission a noté qu’environ 1 à 3 pour cent des terres de plusieurs villages de la province de Wardak dans la région du centre étaient cultivées en pavot, apparemment pour la première fois.

4. SITUATION AGRICOLE PAR RÉGION

Comme dans les précédents rapports de mission, les conditions agricoles sont décrites ci-après pour les huit groupes régionaux de provinces; Nord (Faryab, Juzgan, Sar-i-pol, Balkh, Samangan); Nord-Est (Bughlan, Kunduz, Takhar, Badakhshan); Ouest (Herat, Farah, Badghis); Ouest-Centre (Ghor, Bamyan); Centre (Kaboul, Parwan, Kapisa, Logar, Ghazni, Wardak; Sud-Est (Paktya, Paktika, Khost); Est (Nangarhar, Kunar, Laghman (plus le Nooristan); Sud-Ouest (Kandahar, Helmand, Zaboul, Nimroz et Uruzgan).

La mission s’est rendue dans 21 des 32 provinces. Les informations concernant les provinces non visitées proviennent d’autres sources, dont l’Enquête FAO/PAM sur l’état des cultures en 2002 et les études agricoles de reconnaissance réalisées par des spécialistes de la FAO, résidents ou en visite.

Le Nord

D’un point de vue agro-écologique, les provinces de la région du Nord présentent un profil comparativement homogène couvrant de vastes parcelles de terres arables accidentées, exploitables pour la production en sec de céréales, ainsi que des plaines planes se prêtant à la culture irriguée de plein champ sur de grandes exploitations. Le régime pluviométrique nettement amélioré de novembre et décembre de cette année a encouragé les agriculteurs à maintenir, voire étendre leurs superficies de culture non irriguées, en dépit de la récolte désastreuse de l’année dernière. Heureusement, les chutes de pluie ont été régulières pendant tout le printemps, de sorte que l’on estime la production à 180 000 tonnes, chiffre qui, même s’il est nettement supérieur à la production de 2001 et de 2000, reste toutefois inférieur de 20 pour cent à la bonne récolte de 1998. On estime que la production de blé du secteur irrigué a retrouvé des niveaux similaires à ceux de 1998, soit 449 000 tonnes, grâce à des rendements améliorés dans les zones supérieures et moyennes des périmètres d’irrigation par canaux. On a constaté des différences d’attitude assez nettes entre les agriculteurs des zones desservies par des systèmes d’irrigation, où les disponibilités en eau sont assurées, et ceux des zones où les disponibilités en eau sont intermittentes et pas assurées. Dans le premier cas, on note des niveaux élevés d’intrants agricoles, dans le second, des tactiques de production peu coûteuses comprenant une pratique culturale minimale (un seul passage avec des bœufs ou un tracteur), sans application d’engrais et sans désherbage, le but étant d’économiser de l’argent en s’accommodant d’un rendement moindre. Dans certaines de ces régions, il y a eu des plaintes contre des chefs locaux qui détourneraient, semble-t-il, des ressources en eau pour leurs propres terres, même après qu’une action de nettoyage du canal, parrainée par des ONG, ait été menée par la communauté.

Parmi les problèmes auxquels la région a été confrontée cette année, il convient de citer les infestations acridiennes, dont une action communautaire et des programmes FAO/ONG de pulvérisation ont réuni à les maîtriser. Autres sujets de préoccupation: l’absence de crédit et l’augmentation des coûts du travail.

Les prix des cultures notés à Balkh, Juzgan et Samangan accusent une forte baisse par rapport à l’année précédente. Le prix de la paille est tombé en une année de 14 dollars E.-U. à moins de 2 dollars E.-U./la charge de chameau, dû en particulier à une fluctuation spectaculaire. En même temps, les prix des bêtes ont doublé, reflétant un nouveau contexte de vente, caractérisé par une situation d’abondance des pâturages et par la nécessité de reconstituer les effectifs.

Le Nord-Est

Située dans le prolongement des plaines du Nord vers la province montagneuse de Badakhshan, la région du Nord-est comprend des zones irriguées à taux d’exploitation élevé, supportant deux cultures par an, ainsi que de vastes zones d’agriculture pluviale. Les pluies plus abondantes de cette année ont favorisé la production de blé non irrigué, qui a atteint 170 000 tonnes, niveau semblable à celui de 1998. La production de blé du sous-secteur irrigué, qui a atteint 452 000 tonnes, a également augmenté par rapport à 1998, grâce à l’utilisation généralisée de variétés améliorées implantées dans la région et mises en circulation au cours des dix dernières années, à la lutte efficace contre les invasions acridiennes, à l’absence de problèmes majeurs liés aux ravageurs et aux maladies, et aux disponibilités d’engrais. Même si l’on a noté des prix plus élevés pour les engrais dans le nord, on a constaté une utilisation importante d’engrais chimiques, notamment l’urée, combinée à de bonnes pratiques culturales, constatées par la mission. Ces constatations d’ordre général masquent la situation très différente qui prévaut dans les contrées reculées de Badakhshan, où l’on observe des difficultés d’approvisionnement en semences améliorées et en engrais. Malgré cela, les prix des cultures baissaient, même dans cette région, les communautés étant dans l’attente d’une récolte meilleure.

Bien que le programme visant à éradiquer les cultures de pavot ait eu un résultat désastreux, celles-ci ont retrouvé leurs niveaux de 1999 aux dépens de la production de blé dans le secteur irrigué, engendrant du même coup une forte augmentation des recettes agricoles.

L’Ouest

La région de l’Ouest comprend une grande variété de zones agro-écologiques comprenant des aires de culture intensive avec et sans irrigation, ainsi que des complexes déserts-oasis et oasis-pâturages. Comme d’habitude, le blé est la principale culture d’hiver dans les secteurs irrigué et non irrigué. Cette année, la mission estime que la production de blé irrigué et non irrigué avoisine celle de 1999, avec 170 000 et 358 000 tonnes, respectivement. On a constaté que, dans le secteur irrigué, les collections de semences prélevées sur les stocks de report des agriculteurs ou achetées sur le marché local provenaient toutes de variétés améliorées mises en circulation au cours des dix dernières années. Les semis d’une densité comprise entre 120 kg/ha et 240 kg/ha sont renforcés par des applications d’engrais (PDA et urée) à une dose de 100 kg/ha pour chaque variété. Ainsi qu’on l’a noté ailleurs, les engrais ne sont pas utilisés dans le secteur non irrigué.

À part les mauvaises herbes, le seul ravageur d'envergure constaté par la mission est le foreur de gousse de pois chiche dans la région d’Herat. Les autres problèmes rencontrés sont le manque de fonds pour l’acquisition d’intrants agricoles, l’absence de crédits, la hausse des taux salariaux pour les travaux agricoles, et certains retards pour accéder aux tracteurs au printemps, obligeant les agriculteurs à se contenter d’un passage au lieu de deux dans le secteur non irrigué, et de trois passages au lieu de quatre dans le secteur irrigué.

Lors de leurs visites sur le terrain, les équipes de la mission ont déterminé l’importance de deux cultures de remplacement: le cumin blanc est cultivé en sec en tant que culture de rapport, et l’«ing» est une plante indigène dont on exploite les racines pour en tirer un exsudat qui est exporté vers l’Inde. Les deux tiennent une place importante sur le plan local dans la mesure où elles sont une source de revenus pour les communautés d’exploitants du secteur non irrigué. Les prix des céréales présentent les mêmes baisses que celles observées dans l’ensemble du pays, et les prix des animaux augmentent chaque mois pour atteindre des niveaux supérieurs de 100 pour cent à ceux de l’année dernière.

Le Centre-Ouest

Situées en altitude dans le Hindu Kush, les provinces de Ghor et de Bamyan sont constituées de réseaux de hautes vallées et de hauts plateaux. On pratique l’agriculture irriguée dans les fonds de vallée et l’agriculture pluviale sur les plateaux. Les semis y sont généralement plus tardifs que dans les autres régions, en raison de l’arrivée plus tardive du printemps, due à l’altitude. On pense que la production de blé de cette année sera similaire à celle de 1998 dans les secteurs irrigué et non irrigué, atteignant 87 000 et 31 000 tonnes, respectivement. On pense qu’il en sera ainsi malgré la perturbation des semis de début de campagne, provoquée par les mouvements de population consécutifs aux événements du 11 septembre, grâce à la prolongation de la période normale des semis de blé (avril) pour la récolte de septembre. On a noté qu’aucune des principales cultures n’avait souffert de problèmes graves liés aux ravageurs et aux maladies. Quant à la pomme de terre, importante culture dans la région de Bamyan, on s’attend cette année à un rendement avoisinant 24 tonnes/ha-1. Comme dans d’autres régions, on a constaté que les prix des cultures diminuaient et que les prix des animaux augmentaient, les éleveurs et les agriculteurs étant encouragés par le meilleur état des pâturages à conserver leurs effectifs.

Le Centre

Cette région comprend six provinces situées autour de la ville de Kaboul. Aussi l’influence du marché de Kaboul est-elle perceptible à travers la production spécialisée de pommes de terre (Wardak), d’oignons (Kaboul) et de légumes divers (Kaboul). Malgré cela, comme ailleurs, le blé reste la principale culture d’hiver, Les cultures d’été de maïs sont également importantes, aussi bien comme fourrage que comme grains à semer en avril sur les terres laissées en jachère pendant l’hiver. Cette année, la mission estime la production du blé irrigué à 178 000 tonnes, un chiffre nettement supérieur aux estimations précédentes qui s’explique par une méthode révisée d’évaluation des rendements de blé dans une zone bien approvisionnée en engrais et en variétés améliorées de semences mises en circulation au cours des dix dernières années.

La culture de blé irrigué dans la région est une entreprise largement déterminée par les circonstances. On estime qu’en 1998, on avait produit quelque 18 000 tonnes de blé non irrigué, mais il n’y a pas eu de vraie récolte depuis lors. D’après ses observations sur le terrain, la mission estime que même si des semis ont été effectués cette année dans les provinces de Wardak et de Kaboul, la production céréalière ne devrait pas être importante.

Cette année, aucun problème majeur lié aux ravageurs et aux maladies n’a nui aux cultures céréalières irriguées. Toutefois, les cultures maraîchères et les arbres fruitiers des vergers et jardins se trouvant dans les périmètres d’irrigation des vallées-oasis font régulièrement l’objet de pulvérisations visant toute une série d’insectes nuisibles. La diversité naturelle de la région, selon les différentes installations de captage d’eau, est illustrée par la différence entre Jelriz et Nirk, deux villages situés dans la province de Wardak, à moins de 20 km l’un de l’autre. Jelriz peut se prévaloir, cette année, d’une économie agricole très dynamique, ayant une double récolte sur la totalité de ses terres de culture, alors que Nirk souffre encore de la sécheresse et que les unités productives qui marchent bien sont, pour la plupart, celles qui sont alimentées en eau provenant de puits profonds et de puits tubulaires aménagés à grand frais par leurs propriétaires.

Le Sud

Les provinces de la région du Sud comprennent, en proportions à peu près égales, des zones de forêts-pâturages, des zones d’agriculture pluviale-pâturages et des zones d’irrigation à faible taux d’exploitation, plus une zone limitée d’irrigation à taux d’exploitation élevé, dans l’Est de la région de Khost. Cette année, les pluies tombées depuis le début de la campagne ont été insuffisantes dans la région. Même si les précipitations sont devenues plus abondantes à la fin du printemps, améliorant nettement l’état des pâturages sur les parcours, il est probable qu’elles auront été trop tardives pour influer sur la production en sec, qui, selon les estimations, devrait être inexistante. Les visites de la mission dans la région ont été limitées et, selon des sources d’information secondaires, les résultats de l’agriculture seraient mauvais cette année. En conséquence, on a établi des estimations prudentes de la superficie ensemencée en blé irrigué, en raison du degré d’incertitude concernant les systèmes d’irrigation à faible taux d’exploitation et de l’inefficacité signalée de nombreux systèmes d’approvisionnement en eau (karez). Aucun problème majeur lié à des ravageurs ou des maladies n’a été signalé à la mission dans cette région. Par conséquent, comme les superficies cultivées dans les zones limitées à taux d’exploitation élevé ont été ensemencées avec des semences améliorées disponibles au niveau local, avec application d’engrais, on s’attend à des rendements supérieurs aux estimations établies pour l’année dernière, et la production de blé pourrait atteindre 87 000 tonnes, chiffre proche des estimations concernant la récolte de 2000. Les drupes à noyau et les noix destinées à la vente ainsi que la production de bois provenant des forêts de conifères et de chênes constituent également un moyen de subsistance dans la région.

L'Est

La région de l’Est compte la plus forte proportion de terres irriguées à taux d’exploitation élevé du pays. Les exploitations ripicoles, situées le long de fonds de vallée de largeurs variables, produisent toute une série de cultures pendant toute l’année. La double récolte est la règle plutôt que l’exception, et la triple récolte est pratiquée dans les zones de basses terres, qui offrent 365 jours de culture par an. Le blé est la principale culture d’automne, encore que l’on estime à 23 000 hectares la superficie cultivée cette année en pavot dans la seule région de Nangarhar, donc inversement de la tendance à la baisse notée l’année dernière. La culture pluviale de céréales n’est pas pratiquée dans la région.

On considère que les pluies tombées dans les régions de Laghman et de Nangarhar n’étaient pas seulement plus abondantes que l’année dernière; elles étaient aussi d’un niveau supérieur à la moyenne décennale. La région de Kunar a eu moins de chance puisque l’irrigation de crue a commencé tardivement dans les districts où s’est rendue la mission, ce qui s’est traduit, d’après les agriculteurs, par une baisse de la production de blé dans les zones desservies par ces systèmes.

En ce qui concerne les cultures de blé ripicole dans toute la région, les pratiques d’ensemencement et d’utilisation des engrais sont conformes aux normes constatées ailleurs. Une semence implantée localement appartenant à une variété mise en circulation il y a quelque temps est utilisée à des doses comprises entre 120 kg/h-1 et 250 kg/ha-1, avec des applications d’engrais en conséquence. Aucun problème majeur lié à des ravageurs et à des maladies n’a été constaté. Les ravageurs tels que les pucerons, vers gris et chenilles sont la hantise des maraîchers, et divers produits à pulvériser sont proposés sur les marchés locaux et à Djalalabad. L’utilisation d’herbicides pour l’élimination des mauvaises herbes est une pratique désormais établie comme moyen d’abaisser les coûts de production en réduisant la main-d’œuvre requise sur toutes les cultures. Les rendements de blé dans les systèmes riverains étaient compris entre 2 et 5 tonnes/ha, et l’on s’attend à une récolte de 125 000 tonnes, inférieure à celle de l’année dernière due à l’effet de la culture du pavot.

La mission a constaté que le repiquage du riz était bien avancé et que les semis des maïs de seconde campagne étaient en cours. En ce qui concerne la production de maïs, on observe une densité de semis anormalement élevée de 35 kg/hectare, les parcelles étant délibérément ensemencées en forte densité, puis progressivement éclaircies pendant toute la campagne de manière à atteindre des populations de 50 -60 000 plants/ha. L’éclaircissage est une importante source de fourrage pour les animaux de trait.

Dans les zones visitées des trois provinces, Laghman, Kunar et Nangarhar, la mission a constaté que les opérations culturales étaient menées avec sérieux, comme d’ailleurs la gestion de l’eau sur le terrain et la maintenance des canaux.

Le Sud-Ouest

Englobant des déserts, des steppes et des périmètres d’irrigation fluviale à taux d’exploitation élevé, le sud-ouest est la région la plus étendue et la plus aride du pays. Le blé semé en automne est le principal produit de base. Une double récolte de maïs, de légumineuses ou de légumes succédant à celle du blé est possible quand l'eau ne manque pas. Les grands systèmes d’irrigation, aménagés il y trente ans, se sont gravement endommagés, et l’agriculture se concentre autour des systèmes riverains traditionnels, associés à une grande variété de cultures fruitières et à la production de pavot.

Trois années de sécheresse ont détérioré les vignobles et les vergers. Le foreur de tige des arbres fruitiers, principal ravageur, a aggravé le problème. Les cultures irriguées de plein champ ont été réduites à un noyau stable, concentré dans les zones supérieures et moyennes des systèmes d’irrigation par canaux. Des puits privés et des puits tubulaires ont été creusés pour favoriser la croissance des cultures vivaces et la production de légumes de valeur plus élevée.

Compte tenu de la concentration des cultures dans les zones où les disponibilités en eau sont assurées, de l’utilisation de variétés établies de semences de blé et des disponibilités d’engrais, on s’attend à des rendements supérieurs aux estimations de l’année dernière pour les régions de Helmand et de Kandahar, On s'attend à des résultats plus variables dans les autres provinces. En conséquence, la production de blé est estimée à 374 000 tonnes pour le secteur irrigué, soit 9 pour cent de moins que l’année dernière, sur une superficie estimée très réduite. Une plus grande stabilité prévue pour l’année à venir permet des estimations de superficie plus précises qui, comme ailleurs, ont fait trop longtemps défaut.

Étant donné que les zones septentrionales de la région, où l’agriculture pluviale est possible, n’ont pas bénéficié de pluies aussi abondantes que les provinces du Nord et de l’Ouest du pays, la production de blé non irrigué des régions d’Uruzgan et de Nimroz est estimée à 24 000 tonnes, soit 60 pour cent de la production de 1999 et 29 pour cent de la production de 1998, mais supérieure à la production des deux dernières années, pour lesquelles pratiquement aucune récolte n’a été signalée.

5. ÉLEVAGE ET PÂTURAGE

La mission d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires de mai 2001 avait estimé que le cheptel total de l’Afghanistan avait diminué d’environ 40 pour cent depuis 1998. Une récente enquête de la FAO (mars 2002) semble indiquer que ce chiffre pourrait maintenant être de l’ordre de 60 pour cent du fait des ventes en catastrophe de l’été et de l’automne derniers. Cependant, avec l’amélioration des précipitations depuis le printemps, la situation évolue, ce qui a des effets concomitants sur l’état des animaux et le profil des ventes de bétail.

Tableau 5. Comparaison du cheptel total dans certains villages avant et après la sécheresse

Province/District Village et Mosquée Avant la sécheresse (97/98) Après la sécheresse (2002) Pourcentage 2002/1997-98
Famille Bétail Ovins et caprins Famille Bétail Ovins et caprins Famille Bétail Ovins et caprins
Balkh                    
Dolatabad 145 18 418 34 394 248 599 15 371 2 584 44 499 83,46 8,02 17,96
Charbolak 167 21 699 41 892 403 861 18 103 7 097 61 577 83,42 16,9 15,25
Juzjan                    
Aqcha 45 9 178 13 569 93 921 12 412 1 811 26 972 135,24 13,35 28,72
Sheberghan 94 28 868 34 996 240 889 28 925 4 642 80 290 100,2 13,29 33,33
Andkhoi 57 5 788 6 882 122 934 5 513 1 320 17 255 95,25 19,18 14,04
Saripol                    
Saidabad 49 6 345 18 480 149 200 3 544 2 736 31 048 55,86 14,81 20,81
Saripol 69 16 575 23 135 143 820 11 789 9 826 48 170 71,13 42,47 33,49
Faryab                    
Khawaja Musa 59 10 758 23 198 164 070 11 653 1 579 14 959 108,32 6,81 9,12
Maimana 124 11 582 9 610 27 597 12 272 2 542 5 064 105,96 26,45 18,35
Almar 75 8 567 18 140 126 130 8 704 2 334 30 119 101,96 12,87 23,88
Total 884 137 778 224 298 172 121 128 286 37 471 359 953 93,11 16,26 20,91
Source: Enquête sur la répartition des aliments pour animaux dans les régions du nord, 25 mars-12 avril 2002.

Les indices d’activité végétale en Afghanistan montrent qu’en 2002 la couverture végétale a presque retrouvé son niveau d’avant la sécheresse de 1998. Les chiffres et les images satellite indiquent que la sécheresse a considérablement reculé sauf dans quelques provinces de la partie sud du pays. Les données par satellite sont confirmées par les observations sur le terrain de la mission et ses discutions avec les éleveurs, paysans, marchands de bétail et bouchers. Ceux-ci disent que cette année les parcours sont meilleurs que l’an dernier, sauf dans le Kandahar et les zones voisines où ils n’ont pas encore repris, mais où ils ne sont certainement pas pires qu’au cours des deux dernières années.

La mission a donc constaté que le bétail, tant dans les pâturages que sur les marchés, était en bien meilleur état que l’an dernier. Un exercice de notation mené par la mission, où les animaux en plus mauvais état sont classés 1 et ceux en meilleur état 5, a montré que l’état du cheptel variait entre 2 et 4, alors que l’an dernier, la note la plus fréquente était un 1. Les conclusions de cet exercice sont confirmées par le Directeur du Comité hollandais international et les ONG chargées des divers services vétérinaires des quatre provinces de l’Afghanistan occidental. Le nombre d’animaux en vente sur les marchés de bétail a baissé de plus de 50 pour cent par rapport à l’an dernier. Les marchands de bétail et les bouchers attribuent cette baisse à la plus grande disponibilité des pâturages cette année. L’an dernier, les bêtes sur le marché étaient maigres et on y trouvait des animaux jeunes et vieux, des mâles et des femelles. Cette année, le marché est redevenu normal et on y trouve en majorité des animaux bons pour la réforme ou des mâles excédentaires. Les éleveurs conservent la majorité des jeunes femelles pour la reproduction. Il s’ensuit que le prix du bétail a augmenté de plus de 30 pour cent par rapport à l’an dernier. L’an dernier, une chèvre coûtait 28 kg de blé, cette année elle en coûte 140 kg. En outre, l’amélioration de l’état des pâturages a fait baisser le coût du fourrage: dans la province de Balkh, l’an dernier, un chargement de chameau de paille de blé coûtait 1 million d’Afs, cette année, il en coûte 60 000. Sur les autres marchés, les prix de l’orge, de la luzerne et des autres cultures fourragères ont baissé de 10 à 30 pour cent par rapport à ceux de l’an dernier.

La pénurie de viande et de bétail de boucherie cause un afflux de bovins, de buffles et de volaille en provenance du Pakistan. L’an dernier, au moment de la mission, les ovins et les caprins traversaient la ville frontière de Pin Boldak – principal point de passage entre le sud de l’Afghanistan et le Pakistan – à destination du Pakistan, alors que d’importantes quantités de fourrage étaient importées en Afghanistan. Cette année, la situation a complètement changé: les bovins et les buffles passent la frontière en direction de l’Afghanistan au rythme moyen de 150 têtes par jour, et l’on ne voit pas de transport de fourrage.

Cette importation continue de gros ruminants comme animaux d’abattage, de trait ou de reproduction en provenance du Pakistan, où la peste bovine est endémique, pourrait poser de gros problèmes à l’avenir. Les avantages à court terme de l’importation de bétail à des fins de consommation et de reconstitution du cheptel doivent être soigneusement contrôlés face aux conséquences à long terme d’une épidémie de peste bovine possible en Afghanistan à un moment où les services vétérinaires ne sont pas en bon état. La ré-institution de procédures efficaces de quarantaine aux postes frontières pourrait contribuer à résoudre le problème.

5.1 Maladies animales et services vétérinaires

Les conséquences de la compression des services vétérinaires et des programmes de vaccination venant s’ajouter aux répercussions de la sécheresse et des troubles civils, on signale de nombreux foyers de maladies animales. Parmi les maladies les plus répandues en Afghanistan, on note:

Outre les maladies animales, la mission signale aussi la présence des zoonoses suivantes qui sont la cause de graves préoccupations:

La création de cliniques vétérinaires est la première priorité pour la population Kuchi (nomade) et une des grandes priorités pour les paysans sédentaires. La FAO et le PNUD avaient établi 255 unités vétérinaires de terrain au milieu des années 90, mais le manque de financement, la sécheresse et les guerres ont considérablement réduit leurs capacités opérationnelles. Certaines sont exploitées par le ministère de l’agriculture, d’autres par des ONG – Comité hollandais, MCI, ADA, VARA, et PRB entre autres. Elles sont malheureusement en majorité dysfonctionnelles et devront être rénovées et recevoir un soutien financier pour pouvoir fournir les services nécessaires et contribuer ainsi à maîtriser les maladies animales.

5.2 La production animale en 2002

Une bonne saison des pluies ne peut pas effacer les conséquences de trois années de sécheresse sur la production animale. Cette année, les taux de vêlage et d’agnelage oscillent entre 25-75 et 30-80 pour cent respectivement, symptomatiques des effets de la sécheresse de l’an dernier sur la condition physique des animaux et les taux de conception. Bien que les animaux, pris individuellement, soient en bien meilleur état, produisent plus de lait et prennent plus de poids vif que l’an dernier, la production reste faible, les troupeaux comptant moins de bêtes per se et moins d’animaux producteurs par groupe.

On s’attend à ce que les taux de conception pendant les prochaines campagnes de reproduction pour le bétail, les ovins et les caprins soient plus élevés que ceux de l’an dernier, compte tenu de l’amélioration de l’état de santé du cheptel et de la disponibilité accrue des pâturages. Les résultats dépendront cependant de la disponibilité d’un nombre suffisant de mâles reproducteurs – ce qui risque de ne pas être le cas dans toutes les collectivités sédentaires. Un service amélioré d’insémination artificielle pourrait être nécessaire dans ces régions pour tirer tout le parti possible des améliorations enregistrées. De même, on pourrait envisager d’accorder des incitations aux exploitants pour les encourager à conserver autant de femelles reproductrices que possible pour accélérer la reconstitution des troupeaux de moutons et de chèvres.

Les estimations d’une production accrue d’orge indiquent qu’une quantité relativement plus importante de graines sera disponible comme alimentation d’appoint pour les vaches, les chevaux et les ânes. Le tableau 6 montre les prévisions des quantités d’aliments utilisés pour chaque classe d’animal, y compris les volailles. On prévoit que la production locale permettra de satisfaire ces besoins et que les rations varieront en fonction des disponibilités locales d’orge, de maïs, de son de blé, de blé, de paille de riz, de luzerne et de trèfle.

Tableau 6. Besoins en aliments pour animaux 2002/03

Animal Milliers de
têtes
Ration
journalière (kg)
Nombre de
jours
Céréale Total
(tonnes)*
Vaches 720 0,50 150 Orge 54 000
Chevaux 360 0,40 365 Orge 53 000
Ânes 1 200 0,22 365 Orge 96 000
Porcs coureurs 10 000 0,01 365 Orge 38 000
Volaille   0,04 365 Maïs 157 000
Total céréales diverses 397 000
* Chiffres arrondis.

5.3 Animaux de trait

Le boeuf, principal animal de trait, est utilisé à la fois comme principale source d’énergie pour les labours. le remorquage et le battage et comme source auxiliaire du tracteur pour les travaux mieux adaptés à la traction animale du fait des conditions de terrain, de la taille des champs ou du système de culture. Le nombre des animaux de trait a baissé au cours des trois dernières années et aujourd’hui un bœuf coûte au moins 12 millions d’Afs (340 dollars E.-U.). La pratique du partage des bœufs, dans le cadre de laquelle le propriétaire d’un animal s’associe avec d’autres pour labourer leurs champs, est fréquente. Il existe aussi d’autres méthodes de partage: l’emprunt des bœufs, la location pour quelque 10 dollars par jour, ou le troc – échange de bœufs contre un travail rémunéré. Ces méthodes, qui font que souvent les paysans doivent attendre leur tour pour labourer leur champ, causent des retards dans les semis et font tomber la qualité de la préparation du sol, les paysans devant réduire le labourage par manque de temps et d’argent.

Compte tenu des risques liés à l’importation de bétail des pays voisins et la pénurie actuelle de bœufs dans le pays, d’autres méthodes de labourage devraient être envisagées. Ce pourrait être le moment d’introduire les motoculteurs à deux roues. Ils peuvent être importés des pays voisins à un prix probablement inférieur à celui d’une paire de bœufs. Leur service et leur entretien ne devaient pas poser de problème dans un environnement déjà mécanisé, où l’essence est disponible à un coût raisonnable. Du fait de leur taille et de leur maniabilité, ces engins sont également adaptés, dans la majorité des cas, à la taille des exploitations.

5.4 Situation actuelle des éleveurs

C’est dans les provinces de Ghazni, Zabul, Kaboul et Kandahar que l’on trouve les plus fortes concentrations de Kuchi et de populations semi-nomades. Certains ménages de nomades Beluch vivent dans les déserts de sable des provinces du sud de Helmand, Kandahar et Nimroz.

Près de 60 pour cent des ménages Kuchi ont perdu tout leur cheptel; les autres ont subi des pertes considérables pouvant représenter 90-95 pour cent de leurs moutons et chèvres et 85 pour cent de leurs chameaux. Peu de ménages sont en mesure de faire face à leurs dépenses ordinaires sans les revenus supplémentaires que leur procurent les emplois temporaires. Lorsque les opportunités d’emploi sont limitées, ils couvrent leurs dépenses par des emprunts, ce qui alourdit le fardeau de leur dette, alors que leurs avoirs sont déjà à peine suffisants pour soutenir ce fardeau. Pour beaucoup d’entre eux, la reconstitution de leurs troupeaux dépendra de l’aide extérieure.

6. SITUATION DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE DE CÉRÉALES, 2002/03

6.1 Marchés et prix des céréales

Les prix des céréales sur le marché ont baissé en moyenne de 100 à 500 pour cent depuis l’an dernier. Même après ajustement pour appréciation de l’afghani, les prix des céréales dans certaines provinces ont baissé de 250 pour cent par rapport à l’an dernier.

Le prix du marché pour le blé et l’orge, en juin/juillet, était en moyenne d’environ 35 000 Afs le seer (7 kg) (0,14 dollar E.-U., le kg) dans la plus grande partie du pays: il était d’environ 20 pour cent plus élevé dans la province de Badakhshan. À l’heure actuelle, le prix du riz varie entre 50 000 et 120 000 Afs/seer (de 0,20 à 0,49 dollar E.-U. le kg), en fonction de sa qualité et du site.

Les facteurs responsables de ces baisses de prix incluent:

Les prix à l’exploitation des céréales sont déprimés dans certaines provinces excédentaires telles que Kunduz, Takhar, Bughlan, Balkh, et Helmand. Dans certaines de ces zones excédentaires, des achats locaux en quantités limitées destinés à répondre aux besoins de l’aide alimentaire locale peuvent être envisagés. Cependant, il importe d’étudier soigneusement le calendrier et le volume de ces achats, de manière à ne pas faire augmenter le prix des céréales pour le reste des consommateurs.

6.2 Disponibilité et accessibilité des produits alimentaires

Traditionnellement, les négociants afghans ne gardent pas de gros stocks de produits alimentaires: ils tablent sur des stocks renouvelables dont ils déterminent les quantités en fonction de la demande attendue et du pouvoir d’achat de leurs clients. La mission n’a noté aucune pénurie de produits alimentaires ou autres dans les marchés de gros et de détail des provinces, districts et villages.

Les revenus du travail rémunéré, du petit commerce, du travail dans les briqueteries locales ou dans les mines, du commerce du pavot-opium, et les envois de fonds de l’étranger (Pakistan, Iran et Émirats arabes unis), qui viennent s’ajouter aux revenus des cultures ou de l’élevage, constituent une partie importante des ressources des ménages. Le barème des salaires varie entre 40 000 Afs (1,15 dollar E.-U.) et 120 000 Afs (3,40 dollars E.-U.) par jour en fonction du site et du genre de travail Dans les zones rurales, la demande de main-d’œuvre est avant tout saisonnière, alors que dans les villes et dans les zones proches des centres de district, la demande est plus régulière et les salaires plus élevés.

Le fardeau de la dette dans les zones rurales est inquiétant: la dette des exploitants oscille entre 50 et 500 dollars E.-U.. Ces dettes se sont constituées au cours des dernières années avec l’achat d’intrants agricoles et de produits alimentaires lors des campagnes de mauvaises récoltes. D’une manière générale, les achats à crédit peuvent coûter jusqu’à 40 pour cent de plus que les achats au comptant. Les paysans achètent des intrants agricoles ou des produits alimentaires à crédit doivent apurer leurs comptes au moment de la récolte, qui correspond généralement au moment où les prix des produits agricoles sont les plus bas. Plus tard dans l’année, ils doivent racheter à des prix plus élevés ce qui les oblige à vendre des avoirs, y compris en réduisant leur cheptel. Le cycle peut se poursuivre jusqu’à ce que les familles deviennent des métayers ou louent/vendent leurs terres à d’autres.

6.3 Consommation de produits alimentaires et nutrition

Une rapide enquête sur la consommation alimentaire des ménages pendant les visites sur le terrain de la mission a permis d’identifier de légères variations dans le régime alimentaire, en fonction des régions et des zones agro-écologiques. Les céréales, en particulier le blé et le maïs, sont l’aliment de base, avec une consommation moyenne par habitant de 474 g /jour: elles représentent en moyenne 80 pour cent de l’apport énergétique quotidien. Le contenu énergétique du panier alimentaire de quelque 56 pour cent des ménages est inférieur aux prescriptions concernant les populations en situation d’urgence. Le contenu en protéines varie considérablement, mais s’établit en moyenne à 53 g/jour/personne. L’apport journalier de calcium et de fer est très inférieur aux niveaux recommandés, mais la consommation de vitamine C’est adéquat du fait de la disponibilité accrue de fruits et de légumes potagers.

Selon des enquêtes nutritionnelles réalisées par la FAO et le PAM en 2001/02, le taux de retard de la croissance (taille insuffisante par rapport à l’âge) ou de malnutrition chronique est supérieur à 50 pour cent. L’émaciation (poids insuffisant par rapport à la taille) ou la malnutrition aiguë ne semble pas être un problème majeur dans la majorité des régions, mais les carences en micronutriments sont fréquentes par manque de minéraux et de la plupart des vitamines dans l’alimentation. Selon l’UNICEF, plus de 50 pour cent des femmes adultes et des enfants moins de deux ans souffrent d’anémie et jusqu’à 50 pour cent des adultes et des enfants ont le goitre. Selon certains rapports, le crétinisme et les flambées de scorbut seraient fréquents dans les régions de l’ouest et du nord.

6.4 Bilan de l’offre et de la demande de céréales

Le bilan céréalier pour 2002/03 (récapitulé au Tableau 7) se fonde sur les hypothèses suivantes:

Tableau 7. Afghanistan: Bilan céréalier 2002/03 (en milliers de tonnes)

  Blé Riz (usiné) Maïs Orge Total
Disponibilités nationales 2 685 260 298 345 3 588
Déstockage 0 0 0 0 0
Production nationale 2 685 260 298 345 3 588
Utilisation totale 4 018 306 298 345 4 967
Consommation alimentaire 3 467 274 91 46 3 878
Alimentation animale - - 157 240 397
Semences (fourniture) 282 5 5 28 320
Pertes 269 27 45 31 372
Besoins d'importation 1 333 46 - - 1 379
Capacité d'importations commerciales 865 46 - - 911
Aide alimentaire en stock et prévue par le PAM 219 - - - 219
Déficit non couvert 249 - - - 249
Note: Le taux de conversion du paddy en riz utilisé est de 67 pour cent.

Les besoins d’importations céréalières en 2002/03 sont estimés à 1,38 million de tonnes, soit un volume de 37 pour cent inférieur à celui estimé pour la campagne précédente. La baisse de besoins d’importation s’explique avant tout par l’augmentation sensible de la production céréalière nationale qui est passée de 1,97 million de tonnes l’an dernier à 3,59 millions de tonnes.

On estime la capacité d’importations commerciales à 911 000 tonnes, dont 865 000 tonnes de blé et 46 000 tonnes de riz. Compte tenu des rebondissements favorables de la situation en Afghanistan, dont la suspension des sanctions de l’ONU contre le pays, l’appréciation de plus de 100 pour cent de l’afghani par rapport à la roupie pakistanaise et au dollar américain, et l’amélioration relative du pouvoir d’achat de la population afghane, il est probable qu’en l’absence de tout incident politique ou économique majeur les négociants afghans seront en mesure de satisfaire ces besoins. En outre, le PAM dispose de 75 000 tonnes d’aide alimentaire promise et de 144 000 tonnes supplémentaires de livraisons en instance pour la campagne de commercialisation de 2002/03. Cela laisse donc un déficit de 249 000 tonnes de blé qui devra être comblé par une aide extérieure complémentaire.

7. BESOINS D’AIDE ALIMENTAIRE POUR 2002/03

Malgré l’augmentation annoncée de la production agricole de 2002 et l’accès accru aux produits alimentaires résultant des revenus non agricoles et de la baisse des prix, un grand nombre de personnes resteront en situation d’insécurité alimentaire. Les années de guerre et de sécheresse ont causé des pertes d’avoirs et d’accumulation de dettes, des déplacements internes et des migrations, d’énormes pertes de cheptel, la destruction et/ou la dégradation des infrastructures d’irrigation et autres, la perte de membres de la famille et de multiples handicaps.

Le redressement rapide, compte tenu de ces pertes considérables et de l’appauvrissement général, est rendu encore plus difficile par la faiblesse structurelle de la conjoncture socio-économique afghane qui se caractérise par: la médiocrité de la productivité de la majorité des terres agricoles, la petite taille des exploitations et un système archaïque de propriété foncière où dominent les métayers et les ouvriers sans terre. Pour la plus grande majorité de la population rurale afghane, la sécurité alimentaire – en dehors de la production ménagère – implique un accès approprié à des opportunités de revenus complémentaires en dehors du secteur agricole.

L’extrême précarité de la sécurité alimentaire est du au que la majorité de la population afghane consacre près de 90 pour cent de ses revenus agricoles et non agricoles à l’achat de sa maigre nourriture quotidienne – souvent composée uniquement de pain et de thé. Elle ne peut pas couvrir ses autres besoins fondamentaux, encore moins de reconstituer ses avoirs perdus pendant la crise. Le développement est quasi impossible lorsque la lutte quotidienne pour la nourriture épuise toutes les ressources économiques et humaines de la population.

Pendant la période de redressement, l’aide alimentaire – outre qu’elle permettra d’améliorer le régime alimentaire – aura pour principale fonction d’aider les plus pauvres des ruraux à reconstituer leur base d’actifs: consacrant une partie moins importante de leurs liquidités à satisfaire leurs besoins alimentaires fondamentaux, ils pourront réparer les dommages causés par la guerre, reconstituer leurs troupeaux et rembourser leurs dettes.

7.1 Définition des cibles de l’aide alimentaire

Dans le cadre de l’opération d’urgence en cours, la répartition des ressources alimentaires a suivi exactement la méthodologie et les priorités rurales établies par l’exercice de cartographie et d’analyse de la vulnérabilité (VAM) mené par le PAM en juillet-août 2001. Un Service conjoint de sécurité alimentaire a maintenant été créé par le PAM et la FAO et un Secrétariat de l’aide alimentaire, sous tutelle du PAM, est à l’étude: il aidera le Gouvernement intérimaire à planifier et coordonner les programmes d’aide alimentaire.

Une évaluation rapide des besoins alimentaires d’urgence (REFNA), réalisée en avril-mai 2002, a permis de mesurer l’impact des distributions d’aide alimentaire d’urgence passées et les déficits toujours non couverts de produits alimentaires des ménages. Un nouveau cycle d’évaluations VAM a maintenant été lancé pour la campagne 2002/03. Outre qu’il permettra de déterminer la disponibilité et les déficits de produits alimentaires, il évaluera aussi plus précisément les autres sources de revenu – indispensables à leur sécurité alimentaire – des ménages pauvres. Le ciblage pendant la campagne 2002/03 suivra la même méthodologie: ciblage géographique conforme aux résultats du VAM suivi par un ciblage en fonction de la vulnérabilité réalisé par les dirigeants communautaires suivant les directives du PAM. La fierté inhérente de la société afghane la poussant faire front sur elle-même pour supplémenter les ressources extérieures et les distributions gratuites courant toujours le risque d’être mal utilisées, les projets vivres-contre-travail (VCT) et d’auto-assistance communautaire seront les principaux modes de distribution de l’aide. Les groupes particulièrement vulnérables tels les personnes déplacées revenant au pays et les populations nomades indigentes, auront accès prioritaire à ces programmes.

Au cours de la crise de l’an dernier, les organes d’aide alimentaire se sont heurtés aux énormes défis non seulement d’avoir à satisfaire de gros besoins d’aide alimentaire dans des délais extrêmement courts et dans des conditions de sécurité et logistiques particulièrement difficiles, mais aussi d’avoir à reconstruire intégralement les structures de ciblage et de mise en application. Le principal objectif étant de sauver des vies, la rentabilité et la précision du ciblage sont venus en seconde position.

Maintenant que les structures de ciblage sont en place et qu’une grande partie des populations déplacée est de retour, l’aide alimentaire portera moins sur la survie que sur le redressement. En 2002/03, le principal objectif des programmes d’aide alimentaire sera d’affiner les mécanismes de ciblage de manière non seulement à couvrir les déficits régionaux établis, mais aussi à transférer un revenu suffisant, sous forme d’allocation alimentaire, aux ménages nécessiteux d’une manière qui leur permettra d’améliorer sur le long terme leurs possibilités de revenu.

Les principaux éléments de l’aide alimentaire seront, comme dans les programmes précédents: l’aide aux populations rurales victimes de la sécheresse et de la guerre et un soutien spécial aux groupes particulièrement vulnérables. Le système actuel d’aide aux réfugiés et personnes déplacées de retour au pays s’inscrit dans le cadre d’un mécanisme convenu avec le Haut Secrétariat aux réfugiés qui joue le rôle de chef de file en tant que Secrétariat du programme pour les réfugiés et les personnes déplacées revenant au pays. L’aide consiste en une enveloppe non renouvelable comprenant une assistance financière, alimentaire et autre et la mise en œuvre de projets VCT dans les zones de retour afin de faciliter la réintégration des réfugiés et de réduire la pression sur les ressources locales. La mission a pu constater que la distribution gratuite de produits alimentaires dans l’enveloppe destinée aux rapatriés des zones frontalières ou leur distribution dans les camps de personnes déplacées ne ciblait pas suffisamment les groupes les plus vulnérables et dans certains cas avait abouti à une mauvaise utilisation de l’aide alimentaire. Une plus grande partie des ressources du programme sera donc consacrée à l’aide à plus long terme après le retour des réfugiés au pays.

Un des grands défis du ciblage réside dans la distinction entre les zones ou les groupes chroniquement vulnérables et ceux qui souffrent d’insécurité alimentaire aiguë, mais temporaire puisque, logiquement, les répercussions des sécheresses et des guerres passées se font le plus sentir dans les régions traditionnellement les plus pauvres et souffrant le plus de déficits vivriers. Une analyse VAM permettra d’identifier les régions où la sécurité alimentaire est revenue à son niveau d’avant la crise, celles où des interventions alimentaires continuent d’être nécessaires pour aider au redressement et celles où d’autres formes d’assistance seraient plus appropriées pour résoudre les problèmes des déficits structurels. Les régions souffrant de déficits vivriers chroniques, comme par exemple de nombreuses parties de province du Badakhshan, dépendent dans une large mesure des migrations de travailleurs pour assurer leur sécurité alimentaire. L’évolution des marchés du travail, tant en Afghanistan qu’à l’étranger, doit être suivie, car elle affecte la sécurité alimentaire des ménages.

Le problème de ciblage le plus complexe sera celui de l’aide envisagée pour les populations Kuchi nomades, puisque l’aide alimentaire en soi ne sera pas suffisante pour compenser les énormes pertes qu’elles ont subies. L’aide alimentaire peut seulement les aider à adopter d’autres formes de gagne-pain ou au mieux à leur éviter toute nouvelle ponction de leurs avoirs dans les cas où ils auraient été obligés de vendre leurs animaux reproducteurs pour couvrir leurs besoins alimentaires d’urgence.

Les régions ci-après feront l’objet d’un ciblage géographique prioritaire:

Les groupes sociaux particulièrement vulnérables qui devraient recevoir une aide alimentaire prioritaire sont:

Le ciblage des groupes sociaux et personnes démunies devra être confié avant tout aux collectivités. Pour éviter les conflits sociaux et garantir aux plus nécessiteux de recevoir un minimum, une «marge d’erreur» a été incluse dans tous les programmes à ciblage communautaire.

7.2 Mécanismes de parade

Les mécanismes de parade au niveau global aussi bien qu’au niveau individuel se sont sensiblement améliorés en 2002 par rapport aux années précédentes dans certaines régions de l’Afghanistan, mais pas dans toutes. L’aide financière internationale, les retombées d’une importante présence internationale sur l’économie locale, et des investissements importants pour la reconstruction par les Afghans résidant à l’étranger ont contribué à la reprise de l’économie dans certaines zones urbaines, notamment à Kaboul et dans les provinces frontalières du Pakistan.

Cela se reflète dans l’augmentation des salaires (1,15 dollar E.-U. en moyenne dans les zones rurales où les opportunités d’emploi sont relativement rares, mais supérieurs à 2 dollars E.-U. dans les zones urbaines/péri-urbaines et dans certaines provinces du sud) ainsi que dans l’augmentation réelle du pouvoir d’achat. En outre, l’amélioration des précipitations dans le nord et le nord-ouest du pays a stimulé les activités agricoles et créé des emplois pour les nombreux paysans sans terre ou marginaux qui dépendent des revenus supplémentaires qu’ils peuvent obtenir en travaillant dans les zones plus riches de production irriguée. L’amélioration de la production alimentaire et de la sécurité sur les routes et l’effet stabilisant de l’aide alimentaire sur les prix dans les régions éloignées ont contribué à garder les prix relativement bas ou à atténuer les différences entre les prix locaux et ainsi à améliorer l’accès à la nourriture de nombreux pauvres.

Il n’en reste que les mécanismes de parade sont toujours médiocres pour les populations rurales vivant en dehors des grands axes commerciaux et des districts agricoles riches. Pour elles, la solution consiste souvent à devenir travailleurs migrants en Afghanistan ou à chercher du travail temporaire au Pakistan ou en Iran. L’accès continu au commerce et à l’emploi dans ces pays est indispensable à l’Afghanistan, non seulement parce qu’ils constituent un marché de l’emploi pour la main d’œuvre afghane excédentaire mais aussi parce qu’ils sont une des sources relativement peu coûteuses d’importation de la majorité des produits alimentaires et autres marchandises indispensables entrant dans le pays.

7.3 Distribution de vivres

Au cours de la période de neuf mois courant d’octobre 2001 à juin 2002, quelque 550 000 tonnes d’aide alimentaire ont été distribuées, dont environ 90 pour cent par le PAM. Après les événements du 11 septembre 2001, les expéditions d’aide alimentaire ont sensiblement augmenté. Pendant l’hiver et le printemps 2001/2002, une moyenne de quelque 60 000 tonnes d’aide a été distribuée par mois. Cette aide alimentaire, ajoutée aux efforts herculéens des équipes spéciales pour atteindre les zones les plus reculées, a permis d’éviter la famine et peut-être la mort des milliers de personnes qui risquaient de se trouver sans nourriture.

Une fois la crise de l’hiver surmontée, le programme a rapidement recentré la distribution de l’aide alimentaire sur les projets vivres-contre-travai. Comme cela est fréquent lors des opérations humanitaires, un type moins rigoureux de: VCT, «vivres pour la constitution d’avoirs», a été lancé pour toucher autant de bénéficiaires que possible avec des normes de travail moins exigeantes que celles des projets VCT originels (qui se sont poursuivis dans les régions moins affectées par la sécheresse et la guerre).

La distribution des vivres du PAM a été réalisée avec l’aide de plus de 60 ONG – dont environ 50 pour cent d’ONG nationales – œuvrant en partenariat avec lui. Toutes avaient passé des accords de coopération avec le PAM précisant leurs activités et les normes de sélection des bénéficiaires. Les allocations entre les diverses régions avaient été faites conformément aux recommandations des VAM. Des évaluations rapides des besoins (REFNA) avaient suivi les analyses VAM et permis d’ajuster les allocations en fonction de l’évolution des besoins ou des vivres en route.

Si les projets VCT ont mieux atteint leurs objectifs dans les régions où les partenaires du PAM étaient établis de longue date, notamment dans le nord-est, la nécessité d’établir de nouvelles structures dans les zones affectées par la sécheresse et les conflits a posé des problèmes, Ils tenaient avant tout:

L’absence quasi totale de ressources du gouvernement a conduit, a la demande du bureau ONU-Afghanistan et de certains bailleurs de fonds, à établir des programmes d’aide alimentaire à l’intention des fonctionnaires bien que ce type de programme n’entre généralement pas dans le cadre de l’aide humanitaire. Ces distributions de vivres doivent cependant se terminer en septembre 2002.

Au cours des derniers mois, le PAM a commencé, dans le cadre de l’Opération d’urgence 10 155,0, à élargir la portée de son programme vivres pour l’éducation avec un projet pilote biennal de repas scolaires dans la province de Badakhshan. Ce projet comprend aussi des volets visant à augmenter l’inscription des filles, à améliorer la formation des enseignants et l’enseignement professionnel/non formel et un programme de VCT de construction/rénovation des salles de classe et des infrastructures scolaires.

Un programme de boulangerie du PAM visant à aider les pauvres urbains fait l’objet d’études visant à l’adapter à la nouvelle conjoncture économique. Le PAM a également mis en place un programme de vivres contre semences qui a connu un grand succès au plan de l’achat de semences et de leur transfert aux paysans pauvres mais, étant donné que les meilleures conditions de reproduction des semences existent en général dans les zones les plus productives, il a échangé de la nourriture contre les semences des exploitants relativement aisés.

7.4 Estimation des besoins d’aide alimentaire pour 2002/03 et mise en œuvre du programme

Des contrôles ponctuels et des interviews dans un nombre limité de foyers ont permis à la mission d’établir que:

Les conclusions de la mission étant conformes à celles des évaluations rapides menées par l’unité VAM du PAM en avril-mai 2002. la base de données du VAM a été utilisée pour déterminer les besoins dans les régions où la mission ne s’était pas rendue. Dans la mesure où l’inadéquation de l’apport alimentaire doit être attribuée au manque de pouvoir d’achat et dans la mesure aussi où les autres besoins pressants entrent en concurrence avec l’achat de nourriture, le transfert de revenu sous forme d’aide alimentaire remplit un double rôle: il permet d’améliorer l’apport calorique et libère des ressources pour les autres dépenses nécessaires.

Le rôle prédominant de l’aide alimentaire en Afghanistan sera donc de permettre un transfert de revenu suffisant pour que les bénéficiaires puissent recouvrer leurs pertes (ou rembourser leurs dettes) et épargner de l’argent à des fins d’investissement dans leurs exploitations agricoles. Les programmes d’aide alimentaire doivent donc se fixer comme objectif une «valeur de transfert» minimum par ménage sous forme d’allocation alimentaire. Il importe de ne pas suivre de politique qui consisterait à donner un peu à tout le monde. Étant donné que le ciblage de la pauvreté dans toute communauté est notoirement difficile, seul un ciblage géographique des interventions permettra dans un premier temps de transférer suffisamment de vivres aux plus nécessiteux.

Dans ses estimations des besoins d’aide alimentaire de la population rurale sédentaire touchée par la sécheresse et les conflits pendant la campagne 2002/03, la mission a utilisé la base de données VAM, ses propres entretiens avec les ménages et les dernières conclusions de la FAO concernant la production et la reprise agricole pour déterminer le pourcentage des ménages vulnérables par district. Elle a fixé comme objectif un transfert alimentaire moyen de 600 kg par famille de 8 personnes: il correspond à environ 44 pour cent des besoins céréaliers moyens et est considéré comme un minimum permettant aux ménages de réaliser le transfert de revenu nécessaire mentionné plus haut.

Des problèmes ont commencé à se manifester en juin 2002 dans les livraisons promises et le PAM n’a pu livrer que la moitié ou le tiers des quantités nécessaires estimées. Jusqu’à présent cette réduction n’a pas eu de répercussions graves – à quelques exceptions près – du fait de la qualité des récoltes et de l’augmentation des opportunités de travail saisonnier. Les programmes de distribution de vivres les plus touchés par cette interruption sont ceux à l’intention des rapatriés et des personnes déplacées à l’intérieur du territoire.

Avec l’arrivée rapide de l’hiver et la nécessité de livrer les produits alimentaires dans les régions les plus isolées avant qu’elles ne deviennent inaccessibles, les donateurs doivent maintenant accélérer les livraisons promises afin de permettre le pré-positionnement en temps utile des stocks nécessaires. Bien qu’à l’heure actuelle la situation semble relativement stable dans l’ensemble du pays, toute dégradation des conditions de sécurité à l’intérieur ou à l’extérieur des frontières pourrait facilement amener une interruption de l’approvisionnement des marchés, des hausses brutales des prix et – par conséquent – une augmentation des besoins d’aide alimentaire. Cela aurait des conséquences catastrophiques pendant les mois d’hiver et exigerait la mise en place d’opérations spéciales extrêmement coûteuses. Étant donné que les activités normales exigent des livraisons anticipées qui ne peuvent pas être utilisées comme stock tampon en cas de besoins supplémentaires, il faut constituer des stocks de réserve pour imprévus dans les zones de déficit alimentaire critique où l’accès est difficile en hiver (par exemple dans le Badakhshan).

Au début de la campagne de commercialisation 2002/03 (juillet/juin), le PAM disposait de 75 000 tonnes de vivres dans des entrepôts nationaux/régionaux et de 195 000 tonnes de livraisons promises au titre de l’Opération d’urgence 10 155 jusqu’en décembre 2002.

Le programme d’urgence 2002/03 du PAM devrait comprendre:

Le tableau 8 donne les estimations des allocations régionales et des bénéficiaires du volet aide aux régions souffrant d’insécurité alimentaire.

Tableau 8. Afghanistan: Estimation des besoins d’aide alimentaire aux populations rurales vulnérables en 2002/03

Province Population
bénéficiaire
Pourcentage de la
population totale
Allocation en céréales
(tonnes)
Badakhshan 200 000 24 15 000
Badghis 75 000 19 5 625
Baghlan 110 000 13 8 250
Balkh 140 000 13 10 500
Bamyan 160 000 34 12 000
Farah 80 000 14 6 000
Faryab 200 000 21 15 000
Ghazni 260 000 24 19 500
Ghor 180 000 31 13 500
Helmand 65 000 7 4 875
Herat 80 000 7 6 000
Jawzan 140 000 27 10 500
Kabul 120 000 4 9 000
Kandahar 170 000 15 12 750
Kapisa 110 000 19 8 250
Khost - - -
Kunar 4 000 1 300
Kunduz 40 000 4 3 000
Laghman 27 000 5 2 025
Logar - - -
Nangarhar 81 000 6 6 075
Nimroz 25 000 14 1 875
Paktika 58 000 12 4 350
Paktiya 55 000 11 4 125
Parwan 80 000 12 6 000
Samangan 60 000 13 4 500
Saripul 100 000 18 7 500
Takhar 30 000 3 2 250
Uruzgan 343 000 46 25 725
Wardak 80 000 16 6 000
Zabul 70 000 23 5 250
Total 3 143 000 13 235 725

Aide alimentaire aux réfugiés revenant au pays

On peut dire d’une manière générale que sur les millions de personnes qui ont été déplacées par la guerre et la sécheresse ces dernières années, nombre de celles qui ont trouve refuge dans les pays voisins ont en général un sort meilleur et de meilleurs moyens de réintégrer leur collectivité que celles qui se sont trouvés déplacées à l’intérieur du pays.

On pense cependant qu’un nombre important de rapatriés auront besoin d’une aide plus importante et à plus long terme que celle qui leur est actuellement accordée (une enveloppe unique de 150 kg de blé par famille – qui sera ramenée à 100 kg/famille à compter du 1er juillet 2002). Pour eux, il conviendra de prévoir une aide sur une plus longue période de temps après leur retour au pays.

Le HCR pose comme hypothèse qu’au 1er juillet 2002 il restait encore 800 000 réfugiés au Pakistan et environ 400 000 en Iran qui pourraient revenir dans les 12 mois qui viennent, dont beaucoup dans les zones urbaines. Il a été suggéré d’accorder une enveloppe d’aide plus importante à environ un tiers des réfugiés les plus nécessiteux – environ 50 000 familles, soit 400 000 personnes. L’enveloppe totale d’aide, y compris l’enveloppe améliorée pour les plus nécessiteux, se montera à 32 000 tonnes de blé pour 2002/03.

Aide alimentaire aux personnes déplacées à l’intérieur du pays

Par rapport aux réfugiés, les personnes déplacées à l’intérieur du pays ont reçu une attention et une aide moindres de la collectivité internationale. Le HCR a reçu la mission de l’occuper de la question des personnes déplacées, qui s’inscrit dans une stratégie visant à éviter les disparités et les conflits possibles dans les zones d’intégration. La plupart des personnes déplacées ont dû quitter leurs foyers pour les mêmes raisons que les réfugiés mais beaucoup d’entre eux n’avaient pas les moyens d’aller cherche refuge dans les pays voisins: on pourrait donc en conclure que leurs besoins sont relativement plus importants.

Pour la campagne 2002/03, l’aide aux personnes déplacées – dont on estime le nombre à près de un million – devrait être une des priorités du PAM. Or, près de 60 pour cent d’entre eux sont des nomades Kuchi qui ont perdu la plus grande partie de leur cheptel et qui se concentrent dans les camps de personnes déplacées près des centres urbains ou dans les endroits où ils peuvent trouver un revenu. Vu la spécificité et la complexité de l’aide aux Kuchi, la mission recommande la création d’un programme spécial pour ce groupe. Du fait des tensions ethniques dans le nord de l’Afghanistan, le nombre des personnes déplacées continue à grossir et on ne peut pas exclure une nouvelle dégradation de la situation.

On estime à 400 000 (50 000 familles) le nombre des personnes déplacées devant recevoir d’urgence une aide alimentaire importante et continue. Cette aide devait être distribuée sur les lieux de retour/réinstallation par le biais d’une inclusion préférentielle dans les programmes de travail. Les rations devraient couvrir 50 pour cent des besoins pour une période de 6 mois.

Aide alimentaire aux nomades Kuchi

On estime que près de la moitié des Kuchi ont perdu leur cheptel et dépendent maintenant d’autres sources de gagne-pain. L’aide alimentaire ou toute autre forme d’assistance qui leur sera accordée doit d’un côté éviter de créer une dépendance de leur part et de l’autre les aider soit à adopter une vie non nomade soit à reconstituer leur cheptel reproducteur. Beaucoup de Kuchi ont déjà trouvé des emplois dans le secteur du bâtiment ou des transports.

Nombre de Kuchi souhaitent cependant conserver leur mode de vie traditionnel mais, à cause de la sécheresse ou parce qu’ils ont été expulsés de leurs zones de parcours traditionnelles, ils ont perdu un grand nombre de leurs animaux. Pour qu’ils ne soient pas obligés de vendre le reste de leurs animaux reproducteurs pour acheter de la nourriture, il faut préparer un programme d’aide alimentaire leur permettant de préserver leur mode de vie traditionnel et leur offrant des opportunités de travail temporaire. Étant donné que l’accès à l’eau est la priorité des priorités pour les Kuchi, on pourrait envisager de lancer des projets VCT créant des bassins de rétention de l’eau pour les animaux ou des puits pour les humains, près de leurs zones de parcours.

Des points spéciaux de distribution de vivres attireraient les Kuchi s’attendant à recevoir une aide, ce qui, compte tenu du nombre important de leurs animaux, serait une catastrophe. Il faut donc envisager des mécanismes plus décentralisés de distribution des produits alimentaires. Environ 200 000 Kuchi (25 000 familles) pourraient bénéficier d’un programme d’aide alimentaire temporaire qui les aiderait à sortir de la misère permanente. Il porterait sur 16 000 tonnes de nourriture.

Aide aux pauvres urbains/ projet de boulangerie

Il s’agit d’un projet VCT de longue date qui doit maintenant être modifié en fonction de la nouvelle conjoncture économique de l’Afghanistan. Son examen en 2002 permettra d’en réviser le nombre des bénéficiaires (estimés aujourd’hui à 350 000) et les besoins annuels (42 000 tonnes de blé).

Repas scolaires

Un programme pilote du PAM à l’intention des enfants scolarisés et des enseignants et comprenant un volet incitatif visant à encourager l’inscription des filles à l’école fonctionne depuis deux ans dans la province du Badakhshan. Il va être étendu à d’autres régions. Ses besoins sont estimés à quelque 50 000 tonnes de céréales par an.

Aide alimentaire-salaire pour les fonctionnaires

Ce projet ne comporte pas de volet céréalier et n’entre donc pas dans le cadre de la présente évaluation. Ce volet spécial dans le cadre de l’opération d’urgence du PAM doit se terminer en septembre 2002.

Réserve pour imprévus des opérations d’hiver et en cas de nouveau conflit

La majorité des régions de l’Afghanistan souffrant dans une grande mesure de l’insécurité alimentaire, elles dépendent d’un approvisionnement ininterrompu des régions ou pays avoisinants pour leurs besoins alimentaires indispensables.

L’extrême volatilité de la situation au plan de la sécurité dans le pays et la possibilité d’une interruption de l’approvisionnement en provenance du Pakistan doivent être prises en compte dans l’élaboration d’un plan pour imprévus. Les mois d’hiver sont les plus critiques car outre que les conditions météorologiques peuvent couper les routes d’approvisionnement à n’importe quel moment, toute nouvelle tension peut causer une crise mettant en danger la vie des populations.

Il faut que les approvisionnements des programmes en cours soient pré-positionnés avant les mois d’hiver. Étant donné qu’il ne sera pas possible de lancer d’emprunt important pour couvrir les besoins supplémentaires, il faut constituer une réserve de sécurité. Si elle n’est pas complètement utilisée au cours de la présente compagne, le reliquat pourra servir lors du cycle suivant. Elle devra couvrir les besoins de quelque deux millions de personnes pendant deux mois: quelque 60 000 tonnes de blé seront donc nécessaires. Le pré-positionnement sera effectué dans les sites d’accès difficile en hiver, dans les régions susceptibles d’être affectées par la guerre ou bien où des besoins peuvent se faire sentir en cas de catastrophe naturelle.

Tableau 9. Afghanistan: Estimations des besoins d’aide alimentaire en 2002/03

Programme Bénéficiaires Allocation de céréales
(tonnes)
Aide à la population rurale vulnérable 3 143 000 235 725
Réserve pour imprévus   60 000
Aide aux rapatriés 1 200 000 32 000
Aide aux personnes déplacées 400 000 32 000
Aide aux nomades 200 000 16 000
Aide à la population urbaine vulnérable 350 000 42 000
Repas scolaires 590 000 50 000
Total 5 883 000 467 725

8. MESURES À MOYEN ET À LONG TERMES

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d’informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s’adresser aux soussignés pour un complément d’informations le cas échéant.
Bureau du Chef
SMIAR, FAO, Rome
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Mél:
[email protected]
Khaled Adly
Directeur régional, ODC, PAM, Le Caire
Télécopie: 0020-2-7547614
Mél: Khaled. [email protected]
Veuillez noter que le présent rapport spécial peut être obtenu sur l’Internet dans le site Web de la FAO à l’adresse URL ci-après: http://www.fao.org/giews
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1. Selon les estimations, la zone irriguée représente actuellement environ 40 à 50 pour cent de sa superficie de 1978.

2. Taux de change (juillet 2002): 1 dollar E.-U. = 40.000 afg.

3. Il est à noter que ces statistiques ne prennent pas en compte les cultures de pavot ou la production de produits stupéfiants, connus pour être une importante source de revenus.