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Préface


L’épidémie de SIDA remet en question tous les aspects du programme de développement. Elle rend en effet caducs nombre de postulats sur lesquels reposent les activités menées dans ce domaine. La maladie a décimé la main-d’œuvre agricole de l’Afrique subsaharienne et va poursuivre ses ravages pendant des décennies, réduisant peu à peu tous les producteurs alimentaires et les agriculteurs de la région.

L’épidémie a non seulement pour effet d’annuler tous les acquis en matière de développement, elle condamne également à l’échec toutes les activités “classiques” menées dans ce domaine. La maladie frappe et tue régulièrement au sein de communautés qui voient leurs ressources et leurs moyens d’existence s’amenuiser sans cesse. La pénurie croissante de travail - ce dernier étant à la fois une valeur humaine essentielle et le fondement des activités de développement - a pour effet de rendre inopérants les systèmes traditionnels d’adaptation et d’accroître la vulnérabilité. Les institutions rurales et les prestataires de services qui s’efforcent de venir en aide aux communautés payent également leur tribut à l’épidémie, avec des capacités d’intervention de plus en plus réduites par la morbidité et la mortalité. Le SIDA enferme les communautés rurales dans une spirale de la pauvreté qui ne cesse de s’accélérer.

Tout le monde admet aujourd’hui que les questions relatives au VIH/SIDA doivent être abordées dans le cadre d’une approche multisectorielle. Il est devenu évident que le secteur de la santé n’est pas à lui seul en mesure de proposer toutes les solutions nécessaires, surtout lorsque la prévalence du HIV dépasse un pour cent. En considérant le bilan d’un certain nombre de pays, on constate cependant que les stratégies multisectorielles sont efficaces dans le domaine dans le santé, mais le sont moins dans d’autres secteurs. Par ailleurs, les mesures d’intervention sont principalement axées sur les zones urbaines, alors que l’épidémie est en train de gagner rapidement les campagnes. On connaît ses effets dévastateurs sur la production agricole et sur les moyens d’existence des populations rurales; on sait également que l’agriculture fait vivre jusqu’à 80 pour cent de la population dans les pays les plus touchés; malgré cela, le secteur agricole n’a pas su réagir à temps et trouver des mesures correctives à la hauteur de la situation. Pour que les solutions applicables aux zones rurales soient efficaces, elles doivent tenir compte du secteur agricole et de sa capacité à réduire le risque d’infection et à vivre avec la maladie.

La rapide extension de l’épidémie nécessite un nouveau type d’intervention. Il faut prendre des mesures systémiques, coordonnées et insister plus que jamais sur l’importance de la collaboration. En 2001, l’Assemblée générale des Nations Unies a organisé une session spéciale sur le VIH/SIDA; la déclaration adoptée à l’issue de cette réunion reconnaît que des mesures de lutte contre l’épidémie doivent être prises de toute urgence, et recommande notamment la mise en place d’une action concertée au niveau mondial pour venir à bout d’un fléau qui menace l’ensemble de la planète. Suite à la tenue de cette session spéciale, la FAO, le FIDA, le PAM et l’ONUSIDA ont organisé en décembre 2001 un séminaire qui a réuni des participants provenant de différents secteurs. Leur but: mettre au point des stratégies efficaces permettant d’atténuer l’impact de l’épidémie de SIDA sur la pauvreté dans les zones rurales, les moyens d’existence des populations rurales et la sécurité alimentaire. Ce rapport présente une synthèse des contributions des participants ainsi que des discussions et des conclusions auxquelles elles ont donné lieu. Il rend également compte des activités entreprises par la FAO depuis la tenue de la réunion. Nous espérons qu’il favorisera la conception de nouveaux types d’intervention - le besoin s’en fait en effet grandement ressentir - capables d’atténuer les conséquences de l’épidémie et d’enrayer sa propagation.

Marcela Villarreal
Point focal sur le VIH/SIDA
Chef du Service de la population et du développement
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
Rome, novembre 2002


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