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Considérations générales


La pandémie de VIH/SIDA fait peser sur le développement économique et le progrès social une menace d’une gravité exceptionnelle. Vingt ans après sa première manifestation, le SIDA (syndrome dímmunodéficience acquise) est devenu la maladie la plus meurtrière que l’humanité ait jamais connue. Le VIH/SIDA est désormais le premier facteur de mortalité en Afrique subsaharienne, et le quatrième, à l’échelle mondiale.

Le VIH/SIDA a des effets désastreux sur la production agricole et les moyens d’existence des sociétés rurales. Toutes les composantes de la sécurité alimentaire - disponibilité, stabilité, accessibilité et utilisation des denrées alimentaires - sont touchées, surtout dans les régions où la prévalence du VIH/SIDA est forte. Les situations d’urgence, notamment les crises alimentaires, aggravent le risque de transmission du VIH. Les populations mobiles sont exposées au risque de contamination et à l’insécurité alimentaire. Les femmes constituent à cet égard un groupe particulièrement vulnérable; les violences sexuelles ou la prostitution à laquelle la misère les conduit sont autant de facteurs d’aggravation du risque de contamination par le virus.

Bien que toutes les données à notre disposition prouvent que le VIH/SIDA a un impact sur l’agriculture, le développement des zones rurales, la nutrition, la sécurité alimentaire, la pauvreté des communautés rurales, l’interaction entre ces différents secteurs n’a pas encore été clairement mise à jour. En matière de prévention et de soins du VIH, c’est l’approche biomédicale qui a prévalu et prévaut encore, tant sur le plan théorique que sur le plan pratique. C’est seulement aujourd’hui, au moment où la prévalence du VIH a atteint des niveaux sans précédent, que l’on commence à élargir la perspective et à prendre à compte les moyens d’existence des populations rurales. Lorsqu’on sait que la majorité des 42 millions de personnes touchées par le VIH (tel est le chiffre estimatif fourni par l’ONUSIDA pour 2002) sont dans une situation des plus précaires en termes de sécurité alimentaire, on ne peut que se réjouir de ce changement.

Dans les pays les plus gravement touchés par l’épidémie, l’agriculture assure la subsistance et la sécurité alimentaire d’une grande partie de la population. C’est donc au secteur agricole qu’incombe le rôle décisif de veiller à ce que les vivres ne manquent pas et à ce que la population puisse y avoir accès; c’est lui aussi qui doit contribuer à réduire la vulnérabilité des familles, face aux effets à long terme de l’épidémie. Pour être efficace, une stratégie visant à atténuer les effets de l’épidémie doit tenir compte de l’ensemble des répercussions de cette dernière (maladie, insécurité alimentaire, etc.). Il importe donc de prendre en considération et d’intégrer dans les conceptions et les pratiques généralement adoptées dans la lutte contre le SIDA le savoir-faire et les connaissances en matière de sécurité alimentaire et d’agriculture. Ce faisant, on parviendra non seulement à mieux gérer les effets du VIH/SIDA sur les populations mais également à enrayer le développement de l’épidémie et des maux qui l’accompagnent.


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