7. LA PECHE DANS LES NOUVEAUX RESERVOIRS AFRICAINS

Les eaux intérieures de l'Afrique fournissent 1,4 million de tonnes de poisson. Le dixième environ de cette production provient des réservoirs (41 000 km² à peu près au début de 1982). Les rendements des grands réservoirs africains où la pêche est développée vont de 27 à 65 kg/ha/an; le rendement médian est de 55 kg.

L'accroissement prévu de la superficie des réservoirs devrait permettre d'augmenter sensiblement la production de la pêche continentale en Afrique. A supposer que le rendement soit de 3,5 t/km²/an (35 kg/ha/an), ce qui est un chiffre prudent, les 24 000 km² de réservoirs supplémentaires dont on prévoit la création d'ici 1990 pourraient produire 84 000 t et les 32 000 km² de la décennie suivante 112 000 t. Toutefois, le gain net sera plus modeste en raison des pertes que subiront les pêcheries situées en aval (plaines d'inondation, cours d'eau).

Les nouveaux réservoirs pourraient produire encore plus sous certaines conditions: planification des pêches avant même la mise en eau, développement des pêches au fur et à mesure que la superficie du réservoir s'accroît et aménagement rationnel au fur et à mesure que l'exploitation des ressources s'intensifie.

Planification

On a déjà tiré beaucoup d'informations utiles de l'étude des pêches dans les réservoirs africains: recherches appliquées avant et après captage des eaux, résultats des activités d'aménagement et de développement, etc. (Kapetsky et Petr, 1984). Sur le plan tant écologique qu'économique, il est clair que chaque réservoir est unique en son genre mais il est sûr aussi qu'il existe des règles générales qui permettent de concevoir et d'exploiter les barrages de telle manière que cela profite aux pêches sans inconvénient ou presque pour la production d'électricité ou pour les autres utilisateurs.

On dispose maintenant de lignes d'orientation (par exemple, Bernaczek, 1984) pour l'intégration des pêches en réservoir et des pêches en aval dans la conception d'ensemble des barrages. Encore faut-il que les responsables des pêches interviennent dès le début de la planification, au moment où l'on arrête les caractéristiques fondamentales des ouvrages.

A un stade ultérieur de la planification, une fois déterminées les principales caractéristiques du futur réservoir (superficie, profondeur, etc.) et une fois connues les caractéristiques géochimiques du bassin versant et la faune ichtyologique, on peut prévoir le rendement potentiel des pêches et l'écologie générale des réservoirs (par exemple, Marshall, sous presse). Ces prévisions ont une précision suffisante pour que l'on puisse évaluer, par exemple, le nombre de pêcheurs que les ressources pourront faire vivre, les quantités et les types d'engins nécessaires, les services qui devront être fournis par l'Etat (santé, transport, éducation), etc.

On peut également évaluer les pertes des pêcheries situées en aval. Dans ce cas aussi, il appartient aux responsables des pêches de faire en sorte que ces prévisions soient établies le plus tôt possible. Elles peuvent l'être bien avant la construction du barrage (voir Marshall, sous presse, par exemple) et devraient, dans l'idéal, accompagner les études de systèmes (voir Section 5).

Les organismes des pêches doivent veiller à ce que l'on dispose du personnel qualifié nécessaire pour exploiter pleinement le potentiel halieutique des nouveaux réservoirs. De même qu'il faut du temps pour passer de la planification à la mise en service d'un barrage, de même il faut du temps pour réunir du personnel suffisamment formé et expérimenté pour aménager et développer les pêches dans les réservoirs (administrateurs, biologistes, vulgarisateurs, etc.). L'un des meilleurs moyens de ne pas être pris au dépourvu est d'inclure la formation de ce personnel dans le projet hydroélectrique. Ce genre d'investissement se justifie pleinement, ce que prouvent les avantages économiques de la pêche dans les réservoirs africains existants, source d'emplois et de revenus dans différents domaines: pêche, transformation, transport, et commercialisation des captures, construction de bateaux, entretien des moteurs, vente d'engins de pêche, etc.

Tableau 1
Barrages et réservoirs devant être construits durant la période 1980–90

^a Avec Rwanda et Zaïre
m = millions

Tableau 2
Potentiel hydraulique et puissance installée 1980–2000

Tableau 3
Rapports entre puissance installée et superficie des réservoirs

Tableau 4
Projets hydroélectriques les plus probables d'ici l'an 2000

Figure 1. Superficie des réservoirs en Afrique jusqu'a l'an 2000.