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Rubrique technologique du jardinage 3: Assurer chaque jour à la famille une bonne nutrition


Un régime alimentaire équilibré contient tous les nutriments essentiels et l’énergie dont une personne a besoin pour grandir, se développer et rester en bonne santé. Avoir un régime alimentaire équilibré signifie avoir des repas également équilibrés, c’est-à-dire qui contiennent chacun une partie des nutriments nécessaires quotidiennement à une personne. Ainsi, chaque repas devrait fournir entre un tiers et la moitié des nutriments dont une personne a besoin chaque jour. Il existe de nombreuses manières de combiner les aliments pour préparer un repas nutritif.

INGRÉDIENTS NÉCESSAIRES POUR DES REPAS FAMILIAUX NUTRITIFS[9]

Consultez le tableau 1 et les figures 2 et 3 pour vous aider à préparer des repas nutritifs qui apportent une combinaison de nutriments essentiels.

Aliments de base. Ces aliments sont importants pour la préparation des repas familiaux parce qu’ils constituent la principale source d’énergie et de protéines dont les individus ont besoin pour travailler, jouer, réfléchir, apprendre et mener toutes leurs autres activités. Les aliments de base comprennent les céréales cuites (par exemple, maïs, sorgho, mil, riz, teff ou blé), les racines féculentes (par exemple, manioc, patate douce, igname, pomme de terre) et les fruits féculents (comme la plantain). Les noms locaux des aliments de base cuits sont ngera, sadza, mealie pap, nshima, tuwo et injera, selon les différents pays d’Afrique.

Légumineuses, viande, poulet et poisson. Ils apportent un supplément d’énergie et de protéines, ainsi que des sels minéraux et des vitamines. La viande, le poulet et le poisson fournissent beaucoup de fer et augmentent ainsi fortement la valeur en fer d’un repas. Les légumineuses comprennent les haricots, les pois, les pois bambara et les arachides. Elles peuvent être consommées seules ou avec des graines oléagineuses (par exemple, graines de sésame ou de tournesol), de la viande, du poulet, du poisson ou des produits laitiers comme le yogourt, le lait caillé ou le fromage, ou encore avec des œufs.

Légumes et fruits. Ils apportent des vitamines et des sels minéraux (micronutriments), en particulier du folate et des vitamines A et C. La vitamine A est également fournie par l’huile de palme rouge, le maïs jaune, les patates douces de couleur orangée, le jaune d’œuf et le foie.

Aliments riches en lipides. Les jeunes enfants ont besoin de plus de lipides que les adultes. Les aliments riches en lipides comprennent les huiles végétales, l’huile de coco et l’huile de palme, le beurre, la margarine, le saindoux et le beurre de karité. De bonnes quantités de lipides sont également fournies par la crème de coco, l’avocat, les graines oléagineuses (arachides, graines de tournesol et de sésame), la viande et les poissons gras, le lait, le lait caillé et le fromage.

COMPOSITION DE REPAS FAMILIAUX NUTRITIFS ET SAVOUREUX

Préparez un plat avec un aliment de base féculent - igname pilée, ngera, sadza, mealie pap, nshima, tuwo, injera - ou tout autre aliment de base. Préparez un plat d’accompagnement avec des légumineuses ou des légumes feuillus, ou bien de la viande, du poulet ou du poisson. Pour donner du goût au plat de légumes feuillus, ajoutez d’autres ingrédients, par exemple des arachides pilées, des graines de melon ou des noix récoltées dans le jardin potager ou achetées sur le marché. Cela permet de varier le goût et d’améliorer la valeur nutritive du plat d’accompagnement. Des légumes frais peuvent être associés à de la viande, du poisson ou des légumineuses pour améliorer la saveur du plat et son équilibre nutritionnel. Tous les membres de la famille, en particulier les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes, doivent manger des fruits à la fin de chaque repas.

Le tableau 1 et la figure 1 indiquent les types d’ingrédients qu’il faut ajouter au plat d’accompagnement pour avoir des repas familiaux bien équilibrés.

TABLEAU 1 Aliments du jardin potager pour la préparation de repas familiaux nutritifs

Aliment de base

Aliments pour la préparation des plats d’accompagnement

Collations


Légumes et
légumineuses

Huiles et
graisses

Aliments d’origine
animale/laitages

Condiments


Igname
Maïs
Manioc
Mil/sorgho
Patate douce
Plantain
Riz
Taro
Teff

Amarante
Chou vert
Citrouille, feuilles
Haricot
Manioc, feuilles
Niébé, feuilles
Niébé, graines
Pois bambara
Autres légumes à feuilles vertes ou fruits/légumes orangés (citrouille, carotte, piment doux, etc.)

Beurre
Huile/crème de coco
Huile de palme rouge
Huile ou graines de sésame
Lard gras
Graines de lin
Graines de melon et de citrouille
Pâte d’arachide

Lait, lait caillé, fromage, yogourt
Œufs
Poisson
Poulet
Viande

Oignon
Piment fort
Poivre noir
Sel
Tomate

Aliments frits ou bouillis
Boissons fermentées
Canne à sucre
Fruits (avocat, banane, mangue, orange)
Noix fraîches ou grillées

La figure 1 fait des suggestions pour des repas comprenant deux plats, un plat de résistance et un plat d’accompagnement. Par exemple, tuwo et egusi (légumes feuillus et graines de melon pilées) ou nshima (porridge de maïs épais) et feuilles de manioc avec arachides pilées.

FIGURE 1 Guide n° 1 pour des repas familiaux variés

La figure 2 fait des suggestions pour un repas familial ne comprenant qu’un seul plat dont tous les ingrédients sont cuits dans la même marmite (par exemple, matoke, riz jolof, mutakura, riz et haricots).

FIGURE 2 Guide n° 2 pour des repas familiaux variés

COLLATIONS

Le terme collation désigne les aliments consommés entre les principaux repas. Les collations sont particulièrement importantes pour les jeunes enfants, qui ont besoin de manger quatre ou cinq fois par jour. Voici quelques exemples de bons aliments pour collations:

FIGURE 3 Les enfants ont des besoins alimentaires particuliers

RÉPONDRE AUX BESOINS ALIMENTAIRES DES DIFFÉRENTS MEMBRES DE LA FAMILLE

A l’exception des jeunes enfants qui ont besoin de manger quatre ou cinq fois par jour, chaque membre de la famille devrait faire deux ou trois repas par jour, de préférence le matin, à midi et le soir. Pour aider chaque membre de la famille à recevoir une juste ration du repas familial, il convient de suivre les conseils ci-après.

Enfants de zéro à six mois

Les enfants de zéro à six mois ne doivent boire que du lait maternel. C’est le meilleur aliment pour les bébés et il apporte tous les nutriments dont la plupart des nourrissons ont besoin pendant les six premiers mois de leur vie. Il est sain, gratuit et a en outre l’avantage de renforcer la résistance du bébé aux maladies. A partir du sixième mois, d’autres aliments doivent être introduits pour compléter l’énergie, les protéines, les vitamines et les sels minéraux qui sont fournis par le lait maternel. Le jeune enfant s’habituera ainsi au goût et à la texture de différents aliments.

Enfants de six à douze mois

Les aliments donnés à un bébé en plus du lait maternel sont appelés aliments de complément ou aliments de sevrage. Il faut parfois beaucoup de temps et d’efforts pour préparer des aliments de complément sains et nutritifs. Bon nombre de mères et de pères de famille, surtout s’ils sont jeunes et inexpérimentés, ont besoin de conseils pratiques qui les aident à nourrir leur enfant avec les aliments qui conviennent.

Les aliments pour bébés demandent une préparation spéciale car ils doivent être tendres, propres et faciles à mâcher et à digérer. A cet âge-là, l’enfant doit être nourri deux fois par jour d’une bouillie de céréale, par exemple de maïs, ou préparée avec un autre aliment de base local. Quand l’enfant atteint l’âge de un an, il faut lui donner des aliments de sevrage quatre ou cinq fois par jour, en plus du lait maternel (voir la figure 3). Une fois que le bébé est habitué aux aliments liquides et tendres, et à mesure que ses dents apparaissent, des aliments semi-solides puis solides peuvent être graduellement introduits dans son alimentation.

Les aliments de base bouillis sont volumineux (ils contiennent peu d’énergie et de nutriments par rapport à leur volume). Ils doivent donc être consommés avec des aliments riches en nutriments, par exemple des haricots écrasés ou des arachides pilées, des légumes à feuilles vertes ou de couleur orangée écrasés (qui sont riches en vitamine A) et des fruits et légumes comme la papaye et la citrouille (qui apportent beaucoup de vitamine A). La papaye est également une bonne source de vitamine C. Une excellente façon d’enrichir la bouillie est de la consommer avec une petite quantité d’un produit d’origine animale, comme le poisson, la viande, le poulet ou les œufs, qui peuvent être cuits et écrasés, ou bien d’un produit laitier comme le lait ou le caillé. Pour accroître la valeur énergétique de la bouillie, il faut la préparer avec de la farine de céréales fermentées ou germées et y ajouter un peu d’huile végétale, par exemple d’huile de palme. Un agent de santé peut expliquer plus en détail comment obtenir de la farine de céréales fermentées ou germées et donner des conseils pratiques sur la façon de préparer des aliments de sevrage nutritifs. Les fiches d’information 3, 4, et 5 fournissent également aux agents de terrain des informations sur l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants, ainsi que sur le traitement et la préparation des aliments de sevrage.

Enfants de un à cinq ans

Les jeunes enfants de un à deux ans représentent souvent le groupe le plus vulnérable à la malnutrition. Par rapport à leur taille, ils ont des besoins en énergie et nutriments beaucoup plus importants que ceux des adultes. Des soins appropriés et une bonne alimentation sont essentiels pour leur permettre de grandir normalement, de bien se développer et d’être vigoureux. Les enfants doivent être allaités au sein chaque jour de façon régulière jusqu’à ce qu’ils atteignent au moins l’âge de deux ans. A l’heure des repas, ils peuvent manger la plupart des aliments que la famille consomme, et il faut les habituer à manger des aliments variés riches en énergie ou protéines, des fruits et des légumes.

Les enfants ne peuvent pas prendre en un seul repas la même quantité de nourriture que des adultes. En plus du lait maternel, ils doivent manger quatre ou cinq fois par jour. Pour s’assurer que les enfants reçoivent assez de nourriture, le plus simple est de leur donner des collations nourrissantes entre les principaux repas de la famille. (Pour des suggestions, voir la fiche d’information 4 et la section sur les collations dans la présente rubrique technologique du jardinage).

Il faut encourager les enfants malades à manger et à boire, même s’ils ont peu d’appétit. Il est particulièrement important qu’un enfant boive beaucoup de liquides - jus de fruit, potage, eau potable - quand il a la diarrhée. Il faut également donner beaucoup d’aliments riches en énergie et nutriments aux enfants qui viennent d’avoir de la fièvre ou une maladie.

Les habitudes alimentaires se prennent tôt; il est donc important de montrer aux enfants dès leur jeune âge comment tirer le meilleur profit nutritionnel des aliments locaux.

Enfants d’âge scolaire

Comme les enfants et les adolescents grandissent vite, ils ont besoin de beaucoup d’énergie et de nutriments. Ils doivent recevoir de bonnes quantités d’énergie et de protéines, ainsi que de vitamines et de sels minéraux, surtout du fer, du calcium et des vitamines A, C et D. Les enfants d’âge scolaire et au-delà ont besoin de deux ou trois repas par jour, en plus de collations entre les repas. Quand ils ne prennent pas le repas de midi à la maison, ils doivent emporter leur déjeuner à l’école ou recevoir une collation. Des bananes mûres avec des arachides, de la viande grillée, ou bien des patates douces, des ignames ou du manioc bouillis ou grillés peuvent constituer de bonnes collations.

Il faut accorder une attention spéciale aux adolescentes, qui doivent être bien nourries pour assurer leur propre développement et couvrir leurs futurs besoins de mère. Les adolescentes enceintes sont particulièrement vulnérables et doivent recevoir des nutriments supplémentaires pour la croissance du fœtus. Elles doivent consommer à chaque repas une bonne quantité de l’aliment de base, de même que du plat d’accompagnement qui contient des légumes frais, des légumineuses, de la viande, du poisson ou des œufs. Les aliments riches en calcium (par exemple le lait) devront être privilégiés.

Femmes enceintes et mères qui allaitent

Avant et pendant la grossesse, une femme a besoin de manger suffisamment pour répondre aux besoins supplémentaires d’énergie, de protéines, de vitamines et de sels minéraux nécessaires à la croissance du fœtus. Les besoins en fer sont particulièrement élevés, et des suppléments sont souvent nécessaires. Les femmes enceintes doivent aussi être encouragées à se soumettre régulièrement à un contrôle médical.

Les besoins nutritionnels de la femme sont encore plus élevés pendant l’allaitement que pendant la grossesse, car elle doit aussi couvrir les besoins nutritionnels de son bébé qui grossit. Si une mère n’arrive pas à répondre aux besoins nutritionnels de son enfant, ce dernier va puiser sur les réserves en nutriments de sa mère, et ces réserves vont diminuer. Ainsi, la mère a plus de risques de tomber malade, et le développement de l’enfant peut être compromis.

Quand une mère allaite son enfant, elle doit avoir un régime alimentaire nutritif et varié, avec des aliments de base adéquats, des plats d’accompagnement composés de légumes, légumineuses, viande ou poisson, et consommer beaucoup de fruits. Une femme qui allaite doit aussi boire beaucoup d’eau et de liquides (potage, lait, etc.).

Personnes âgées

Les personnes âgées ont souvent une vie remplie d’activités, mais la maladie ou la perte du sens du goût réduisent parfois leur appétit; la mastication peut aussi être difficile à cause de la perte de dents. Lorsque les personnes âgées ne peuvent pas consommer en une seule fois assez de nourriture, elles doivent prendre des repas légers mais fréquents, avec des aliments faciles à mâcher. Les aliments pour personnes âgées doivent inclure des céréales, des fruits, des légumes variés et, si possible, également des produits laitiers. La consommation d’aliments riches en énergie peut être particulièrement importante chez les personnes âgées qui manquent d’appétit ou quand l’apport alimentaire global est faible. Il est également essentiel qu’elles boivent suffisamment de liquides. Les personnes âgées ont aussi besoin d’aide de la part des membres de la famille ou des voisins pour cultiver leur potager, ou transformer et préparer les aliments.

Produire des aliments aussi variés que possible permet de satisfaire plus facilement les différents besoins nutritionnels de tous les membres de la famille. Selon sa dimension et la disponibilité en eau, le jardin potager peut produire (en plus des racines, tubercules, légumes et fruits) des quantités supplémentaires d’aliments de base (par exemple, maïs, manioc, patate douce). La réserve des aliments de base est ainsi plus importante, ce qui évite à la famille de réduire le nombre quotidien de repas ou la qualité des repas (c’est-à-dire la variété des aliments) au cours de l’année.


[9] Burgess, A. et al., 1998.

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