SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL


RAPPORT SPÉCIAL


MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES AU GHANA SEPTENTRIONAL


13 Mars 2002

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FAITS SAILLANTS

    • La production céréalière (à l'exception du riz) du Ghana septentrional a été dans l'ensemble inférieure à la moyenne, du fait d'une arrivée tardive et d'un arrêt prématuré des pluies. Toutefois, certaines zones ont enregistré une production supérieure à la moyenne, dépassant celle de 2000.
    • Au niveau national, la situation des approvisionnements alimentaires au Ghana est proche de la normale. La disponibilité d'autres cultures vivrières en quantités suffisantes, l'anticipation des importations commerciales et l'aide alimentaire annoncée devraient permettre de compenser la baisse de la production céréalière dans les régions septentrionales.
    • Néanmoins, les régions les plus touchées et les groupes les plus vulnérables auront besoin d'une aide alimentaire de l'ordre de 5 000 tonnes pour combler leur déficit de récolte.
    • Il faut suivre de près l'évolution des prix des céréales dans les trois régions septentrionales afin d'apprécier l'éventuelle nécessité d'une intervention sur les marchés.
    • L'état des pâturages et du bétail est un peu moins bon qu'habituellement en cette période de l'année.

1. VUE D'ENSEMBLE

La production agricole des régions septentrionales du Ghana ayant souffert d'une période sèche inhabituelle à partir du mois de septembre 2001, le Gouvernement ghanéen a demandé à la FAO et au PAM de procéder conjointement à une évaluation de la situation alimentaire de cette région. C'est ainsi qu'une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s'est rendue au Ghana du 5 au 19 février 2002. Cette visite s'étant déroulée pratiquement deux mois après l'achèvement de la période de récolte habituelle (octobre à décembre), ses principaux objectifs ont été d'apprécier l'impact de la sécheresse sur la production agricole, sur le bétail et sur les approvisionnements alimentaires dans le nord du pays, et d'évaluer l'éventuelle nécessité d'une aide alimentaire. La mission était également chargée d'examiner les données relatives à la production vivrière des autres régions du Ghana, données disponibles au Ministère de l'alimentation et de l'agriculture et d'en dégager le bilan des disponibilités alimentaires à l'échelle nationale pour la campagne de commercialisation 2002 (janvier/décembre).

À Accra, la mission a eu des réunions avec différents départements du Ministère de l'alimentation et de l'agriculture, le Ministère de la Santé, le PNUD, la FAO, le PAM, l'UNICEF ainsi que d'autres organismes et ONG d'aide internationale. Elle s'est ensuite rendue, accompagnée de fonctionnaires du Ministère de l'alimentation et de l'agriculture et de membres du bureau régional et du bureau de la FAO à Accra, dans les régions du Nord, du Nord-Est et du Nord-Ouest. Dans ces régions, la mission a été mise au courant de la situation par des fonctionnaires du Ministère de l'alimentation et de l'agriculture opérant aux niveaux régional et local et elle a effectué des visites sur le terrain et s'est entretenue avec des agriculteurs, des négociants, des ONG notamment. Pour pouvoir assurer la meilleure couverture géographique possible lors des visites sur le terrain, la mission a décidé de se scinder en deux équipes. À son retour à Accra, elle s'est entretenue avec le Gouvernement et avec les organismes donateurs et leur a fait part de ses conclusions.

La récolte étant déjà rentrée au moment de sa visite, la mission a obtenu la majorité de ses informations concernant la production agricole sur la base, d'une part des estimations du Ministère de l'alimentation et de l'agriculture - superficies ensemencées, rendements et production - et, de l'autre, des indications relatives à la campagne fournies par le Ministère de l'alimentation et de l'agriculture, par les communautés agricoles et autres organismes du secteur agricole. Des zones représentatives ont été sélectionnées en accord avec le Ministère de l'alimentation et de l'agriculture pour les visites sur le terrain. Les entretiens avec les agriculteurs de ces zones visaient à recueillir leur évaluation de la campagne agricole 2001 par rapport à la campagne précédente et par rapport à une campagne moyenne; les réserves de céréales des ménages ont été inspectées et l'état du bétail et des pâturages a été évalué. Des informations, fournies par des sources officielles gouvernementales, par les ONG, par les agriculteurs et par les négociants, ont permis de déterminer les prix à la production et au détail des céréales et du bétail. Dans les centres urbains, on a rassemblé les données relatives aux quantités de céréales détenues par le Gouvernement et par les négociants. L'examen des données pluviométriques disponibles et le recours aux images satellites des nuages à sommet froid et de la végétation ont permis de se faire une idée du régime pluviométrique en 2001 pour les trois régions septentrionales du Ghana.

Dans les trois régions, la mission a observé suffisamment de concordances entre les descriptions fournies par le Ministère de l'alimentation et de l'agriculture et les descriptions détaillées de la campagne agricole fournies par les agriculteurs, par les communautés rurales et par les négociants. Après concertation avec le Ministère de l'alimentation et de l'agriculture, la mission a considéré que la méthodologie adoptée pour l'estimation des superficies cultivées et des rendements était correcte. Elle a donc accepté les données, sous réserve d'ajustements le cas échéant.

La mission a conclu que la campagne 2001 a été moins bonne que celle de l'année 2000 dans les trois régions septentrionales, qu'en février 2002 on pouvait déjà observer des pénuries alimentaires localisées, et que la situation pourrait se détériorer au cours des prochains mois. Cependant, on considère qu'il ne s'agit pas d'une situation d'urgence mais plutôt d'une mauvaise campagne succédant à une bonne campagne. Si les pluies arrivent à temps en 2002, les effets de la mauvaise campagne de 2001 pourraient disparaître rapidement. En outre, les déficits céréaliers enregistrés dans le nord seront très probablement compensés par les flux commerciaux habituels de denrées alimentaires, céréalières et autres, en provenance des autres régions ou des pays voisins, ainsi que par une aide alimentaire de 89 000 tonnes déjà annoncée. Toutefois, il faudrait envisager une aide en faveur de certains foyers ayant perdu leur récolte et se trouvant en situation de vulnérabilité.

2. CONTEXTE SOCIO-ÉCONOMIQUE 1/

Le Ghana se situe sur la côte ouest de l'Afrique, à environ 750 km au nord de l'équateur. D'une superficie totale de 238 300 km2, il est entouré par le Burkina Faso au nord, la Côte d'Ivoire à l'ouest et le Togo à l'est. C'est un pays dont le relief est généralement modéré et dont l'altitude varie entre 200 m et 500 m au-dessus du niveau de la mer. Son hydrographie est dominée par le bassin du fleuve Volta et du Lac Volta qui occupe une superficie de 8 480 km2. Le sud du pays est caractérisé par de vastes forêts tropicales contrairement au nord qui se distingue par la savane. Dans le sud, le climat de type tropical comprend deux saisons des pluies, de mars à juillet et de septembre à octobre, en alternance avec deux saisons sèches, une courte au mois d'août et une relativement longue de la mi-octobre jusqu'en mars. La région de savane au nord est caractérisée par une seule saison des pluies. La pluviométrie annuelle est en moyenne de 2 030 mm dans le sud, contre moins de 1 000 mm dans le nord.

On estime que la population est de l'ordre de 19,4 millions d'habitants en 2002, dont plus de 45 pour cent ont moins de 15 ans. Le taux de croissance démographique estimatif est de 2,6 pour cent par an. La densité moyenne de la population est d'environ 52 habitants par km2. La majorité de la population est concentrée dans le sud du pays, avec des pics de densité dans les zones urbaines et dans les régions productrices de cacao. Le Ghana arrive au 119ème rang du Classement des pays selon l'indicateur de développement humain du PNUD (2001). C'est un pays à faible revenu et à déficit vivrier où le revenu par habitant est inférieur à 340 dollars É.-U. par an. D'après une estimation de la Banque Mondiale, 31 pour cent de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. Les régions du Nord, du Nord Est et du Nord Ouest sont les plus pauvres du pays, avec des niveaux de malnutrition plus de deux fois supérieurs à la moyenne nationale.

En 2000, le PIB global du Ghana était de l'ordre de 5,2 milliards de dollars É.-U. C'est un pays relativement bien doté en ressources naturelles, à savoir les terres arables, les forêts et les réserves minérales de diamants, d'or, de manganèse et de bauxite. Son économie est principalement fondée sur l'agriculture, qui représente 36 pour cent du PIB et emploie environ 60 pour cent de la population. L'industrie représente environ 25 pour cent du PIB, l'exploitation minière 6 pour cent et les services 30 pour cent. En 2000, le taux de croissance réel du PIB a été de 3,7 pour cent, contre 2,1 pour cent seulement en ce qui concerne l'agriculture.

Les principales cultures vivrières du Ghana sont le maïs, le riz, le mil, le sorgho, le manioc, l'igname, le taro et le plantain. La production céréalière n'a guère progressé au cours des cinq dernières années, mais la production d'aliments de base féculents s'est accrue à un rythme supérieur à 4 pour cent par an. Approximativement 40 pour cent de la production céréalière est concentrée dans les régions du Nord, Nord-Est et Nord-Ouest, le mil et le sorgho étant les cultures prédominantes de ces régions. Cependant, environ 60 pour cent de la production de maïs est regroupée dans les régions de Brong-Ahafo, d'Ashanti et dans les régions orientales. La production de taro et d'ignames, les autres principaux aliments de base du pays, est également concentrée dans les régions méridionales.

Au cours des deux dernières années, l'économie du Ghana a été caractérisée par un déficit budgétaire croissant, par une augmentation de la dette publique, par une détérioration des termes de l'échange et de la balance des paiements, par une inflation particulièrement élevée et par une forte dépréciation de la monnaie nationale.

Les principales exportations du Ghana sont l'or, le cacao, les diamants, le bois de construction, la bauxite, le café, le thon et les produits textiles. Il importe principalement du pétrole, des biens de consommation durables, des denrées alimentaires et des biens d'équipement. En 2000, le total de ses exportations était de 1 861 millions de dollars É.-U. alors que les importations s'élevaient 2 833 millions de dollars É.-U., ce qui a engendré un déficit commercial d'environ 1,0 milliard de dollars É.-U. En 2000, le cacao, la plus importante des exportations agricoles, représentait environ 30 à 40 pour cent du total des exportations, contre plus de 50 pour cent dans les années 80. La production de cacao est assurée pour l'essentiel par de petits exploitants agricoles - plus d'1,6 million - sur des parcelles non supérieures à 3 ha dans les régions d'Ashanti, de Brong-Ahafo du Centre, de l'Est, de l'Ouest et de la Volta. En 1999/2000, la production de cacao était estimée à plus de 400 000 tonnes.

Les prix du cacao, représentant environ 25 pour cent des recettes d'exportation, son tombés en 1999 à leur niveau le plus bas depuis 30 ans, tandis que les cours du pétrole importé se sont envolés. Le Ghana a donc connu une détérioration d'environ 30 pour cent des termes de l'échange en 2000 et, depuis lors, la situation n'a guère évolué. C'est pour cette raison que le pays a de graves problèmes de balance des paiements. À l'issue de l'année 2000, le déficit du compte courant avait atteint 457 millions de dollars É.-U., soit 8,8 pour cent du PIB. Cette situation a sérieusement entamé les réserves internationales du pays, de l'ordre de 174 millions de dollars É.-U. à la fin du premier semestre 2001, à savoir l'équivalent de moins d'un mois d'importations de biens et services. La baisse régulière des investissements étrangers directs et des flux de capitaux privés rend le Ghana fortement tributaire des sources internationales officielles de crédit pour couvrir ses besoins financiers. L'aide officielle au développement a été fortement réduite, de 700,9 millions de dollars É.-U. en 1998 à 607,5 millions de dollars en 1999. La dette extérieure du Ghana a plus que quadruplé, passant de 1,4 milliard de dollars É.-U. en 1980 à 6,9 milliards de dollars É.-U. en 1999. La dette totale représente désormais plus de 130 pour cent du PIB, et le service de la dette absorbe plus de 20 pour cent des recettes d'exportation.

Les politiques budgétaires adoptées en 1999 et 2000 ont engendré un déficit supérieur à 8,8 pour cent du PIB en 2000, malgré tous les efforts d'assainissement du gouvernement. Par exemple, le déficit budgétaire nominal a été ramené de 1 030 millions de dollars É.-U. au cours du dernier trimestre 2000, à 216 millions de dollars É.-U. au cours du deuxième trimestre de 2001. Cette amélioration a contribué à freiner l'inflation et à stabiliser la monnaie. Néanmoins, le niveau élevé d'endettement de l'État favorise le maintien des taux d'intérêts à des niveaux proches de 40 pour cent.

En 2000, l'inflation annuelle moyenne est passée d'environ 15 pour cent à environ 40 pour cent. Elle s'est maintenue autour de 35 à 40 pour cent au cours du premier semestre de 2001 et a progressivement diminué pour arriver à un taux proche de 20 pour cent au début de 2002.
La monnaie nationale, le cedi (¢), s'est dépréciée de plus de 50 pour cent au cours de l'année 2000 pour ensuite se maintenir à un niveau relativement stable au cours de l'année 2001, ce qui a rendu les exportations vivrières (céréales et ignames) ghanéennes plus compétitives sur les marchés des pays voisins.

 

3. PRODUCTION VIVRIÈRE EN 2001

Le nord du Ghana, région agricole importante, est caractérisé par un climat de type sub-humide. Les précipitations sont distribuées sur une seule saison, plus des trois quarts du total annuel étant reçus entre mai et septembre. Les précipitations annuelles varient généralement entre 1 000 et 1 200 mm, et diminuent légèrement en quantité et en durée au fur et à mesure que l'on progresse vers le nord. C'est une zone pauvre par rapport aux autres régions du Ghana, dont 75 pour cent de la population est tributaire de petites exploitations agricoles et de l'élevage. D'après les statistiques du Ministère de l'alimentation et de l'agriculture, la superficie moyenne des exploitations agricoles, d'environ 2 ha par foyer, est supérieure à la moyenne nationale. Néanmoins, une unique campagne agricole, des précipitations incertaines et une majorité de terres superficielles et peu fertiles en font une zone marginale au point de vue de l'autosuffisance. Même si le manioc et l'igname sont cultivés sur de grandes étendues dans le sud des régions du Nord et du Nord-Ouest, ils deviennent de moins en moins importants au fur et à mesure que l'on progresse vers le Nord, caractérisé par des cultures essentiellement céréalières et légumineuses. Partout, l'élevage joue un rôle important d'amortisseur en cas de déficit des productions agricoles, mais on n'y a généralement recours qu'en dernier ressort.

À partir du mois de septembre 2001, le niveau des précipitations sur l'ensemble de la zone a été faible, voire nul, ce qui laisse prévoir une baisse significative de la production céréalière et de légumineuses par rapport à la campagne précédente. Cependant, la quantité et la distribution très satisfaisantes des précipitations au cours de l'année 2000 font ressortir exagérément la médiocrité de l'année 2001. Bien que la production de mil, sorgho et maïs ait été inférieure à la moyenne des quatre années précédentes, l'ampleur de la baisse s'inscrit dans les limites de la variation de ces années. D'autre part, les valeurs de la production de riz, d'arachides et d'ignames ont dépassé la moyenne et la production de manioc a été élevée.

3.1 Principaux facteurs ayant eu une incidence sur la production en 2001

Les précipitations ont été de loin le facteur naturel qui a conditionné le plus la production agricole des trois régions septentrionales au cours de l'année 2001, puisque responsable de la baisse des rendements de la plupart des cultures céréalières. On a noté la présence localisée de chenilles légionnaires dans la zone dans la région du Nord Est mais, même si la zone a été sérieusement touchée, son impact sur la production a été minime par rapport à celui du climat. L'année 2001 a connu une baisse des superficies récoltées de maïs, mais une expansion des superficies récoltées de sorgho, de mil et de riz par rapport à la moyenne des quatre campagnes précédentes. On a également observé une augmentation des superficies récoltées d'ignames, de manioc et d'arachides. Les rendements de toutes les céréales ont été inférieurs à la moyenne, à l'exception du riz dont le rendement a été légèrement supérieur à la moyenne des quatre années.

Crédit agricole

Au Ghana, la plupart des petits exploitants agricoles n'ont pas accès aux financements bancaires ni au crédit agricole et les taux d'intérêts bancaires, proches des 40 pour cent par an, demeurent trop élevés. Toutefois, dans les zones rurales, un crédit non institutionnalisé est pratiqué et consiste en prêts accordés sous forme d'intrants par des négociants locaux et remboursables en céréales après la récolte. On note également d'autres formes de crédit non institutionnalisé au sein de la communauté des petits exploitants agricoles. Par exemple, il arrive qu'une famille dépourvue de denrées alimentaires fasse appel à d'autres familles de la communauté pour leur emprunter des céréales qui seront remboursées après la récolte à des taux d'intérêts dépassant parfois 50 pour cent. Certaines ONG ont également adopté des systèmes de crédit destinés à des groupes de petits exploitants agricoles pour l'achat d'intrants, l'irrigation ou la diversification des cultures. Cela dit, ces plans n'atteignent encore qu'un tout petit nombre d'agriculteurs. Au point de vue du crédit et des financements agricoles, 2001 a été une année normale.

Précipitations

La pluviométrie de l'année 2000 a été particulièrement favorable dans le nord du Ghana (quantité et répartition). Au cours de l'année 2001, le niveau total des précipitations sur l'ensemble des trois régions septentrionales a été proche de la moyenne. Cependant, si les quantités ont été généralement, mais pas toujours, inférieures à celles de l'année 2000, le problème principal pour l'année 2001 a été leur distribution. La plupart des zones ont connu une arrivée tardive et irrégulière des précipitations, mais surtout, celles-ci ont pris fin beaucoup trop tôt dans toutes les zones. Durant la saison des pluies, les périodes de sécheresse ont été courtes et dévastatrices dans de nombreuses zones, en particulier dans le nord-est, pendant la deuxième quinzaine de juin et la première quinzaine de juillet. En août et au début de septembre, de nombreuses zones, en particulier dans le nord ont reçu des pluies torrentielles. Enfin, vers la fin de septembre les précipitations ont cessé presque partout.

L'effet principal du régime des précipitations en 2001 sur les principales cultures céréalières a été une baisse des rendements, essentiellement due à la fin prématurée de la saison en septembre, au moment du remplissage des grains. Il en a été de même pour les cultures secondaires, telles que le mil hâtif, en général récolté à la fin de juillet ou au début d'août et particulièrement important puisque première source vivrière de la campagne dans la région du Nord Est, qui a traversé des périodes de sécheresse de juin et juillet. Pour la plupart des agriculteurs, les effets du régime des précipitations sur les rendements céréaliers ont été aggravés par un ensemencement tardif, peu d'entre eux disposant de forces de traction pour la préparation des terres. L'arrivée irrégulière des pluies a également compromis, après la levée, les céréales semées plus tôt au point que de vastes superficies de la région du Nord, en particulier, ont du être à nouveau ensemencées, en général en arachides. Les pluies violentes du mois d'août ont provoqué une croissance végétative excessive des céréales, en particulier du sorgho, dont la formation des grains et la maturation ont été retardées.

Dans la région du Nord, la baisse des rendements des ignames est imputable aux faibles précipitations et à une humidité insuffisante des sols à la fin de la campagne. La baisse de rendement s'est manifestée par la petite taille des tubercules. Les rendements dans les zones de production des ignames du sud de la région du Nord-Ouest s'en sont moins ressentis et sont même légèrement supérieurs à ceux de l'année 2000. Le manioc, plus résistant que l'igname à l'irrégularité des pluies, n'a pas accusé de baisse significative de rendement.

Superficies ensemencées

Les superficies ensemencées en maïs dans les trois régions septentrionales sont inférieures à la moyenne des années 1997-2000, mais supérieures à celles de l'année 2000. La diminution des superficies par rapport à la moyenne est en partie due aux pertes après la levée causées par les faibles précipitations du début de la campagne (bien souvent ces zones ont été à nouveau ensemencées en arachides), bien que ce recul puisse être en partie attribué aux agriculteurs qui tendent de plus en plus à considérer le maïs comme une culture peu rentable en l'absence d'engrais subventionnés. Le mil a également subi des pertes après la levée même si les superficies récoltées ont été légèrement supérieures à la moyenne. Les superficies des cultures de sorgho ont également dépassé la moyenne, ce qui peut être en partie imputé au fait qu'elles ont remplacé le maïs en l'absence d'engrais subventionnés. Les superficies rizicoles ont connu une expansion en 2001 (supérieures à la moyenne et supérieures à celle de l'année 2000) grâce à une augmentation de la production des petits cultivateurs hors périmètres d'irrigation, dans les vallées et dans les zones de basse altitude. Les superficies des cultures d'arachides, niébé, ignames et manioc ont toutes augmenté entre 2000 et 2001. La superficie des cultures d'ignames a sensiblement progressé dans la région du Nord (35 pour cent) en 2001 par rapport à 2000, ce qui a amené la production globale d'ignames pour l'année 2001 à augmenter de 16 pour cent par rapport à l'année précédente, sur l'ensemble des trois régions. De la même façon, on a noté une expansion de 58 pour cent de la superficie des cultures de manioc; cela a été en grande partie attribué aux activités du Projet à l'amélioration des racines et tubercules, même si les résultats des récoltes des variétés à cycle long mises en place en 1999, peuvent avoir influencé les données. Sous l'effet conjugué de l'expansion des superficies et de la légère augmentation des rendements, la production a augmenté dans les trois régions septentrionales de plus de 80 pour cent par rapport à l'année 2000.

Intrants agricoles

On compte très peu de tracteurs en état de marche et de b_ufs de trait disponibles dans la majeure partie des régions septentrionales, raison pour laquelle de nombreux agriculteurs sont contraints à semer tardivement. Ce problème a été particulièrement évident en 2001 lorsque toutes les cultures semées tard ne sont pas parvenues à maturité avant la fin des pluies. En raison des récentes augmentations des prix du carburant, on craint une aggravation de la situation des tracteurs pour la prochaine campagne.

Au Ghana, l'utilisation d'engrais pour les cultures vivrières est faible et elle a beaucoup baissé après la suppression des subventions au début des années 1990. En effet, les importations d'engrais, qui s'élevaient à 45 000 tonnes en 1990 (pour les cultures de rente comme pour les cultures vivrières) sont tombées à moins de 12 000 tonnes en 1994. Même en 1990, lorsque les engrais étaient subventionnés, les estimations du Ministère de l'alimentation et de l'agriculture indiquaient que la dose d'application était de 4,2 kg/ha seulement dans le pays pour les cultures annuelles et les cultures pérennes. Actuellement, le prix du sac de 50 kg d'engrais composé varie entre 130 000 et 150 000 ¢ (cedis), prix peu abordable pour certains ou peu rentable pour d'autres. Ce qui est sûr, c'est que les agriculteurs ne sont pas prêts à l'utiliser aux doses conseillées dans le cas du maïs, à savoir cinq sacs d'engrais composé et deux sacs et demi de sulfate d'ammoniac par hectare. Toutefois, dans le Ghana septentrional on note deux exceptions locales importantes à la règle générale de l'utilisation négligeable d'engrais pour les cultures vivrières. Dans les zones de culture du coton de la région du Nord Ouest, de nombreux agriculteurs consacrent une partie de leur allocation, destinée à l'origine aux engrais subventionnés pour le coton (100 000 ¢ (cedis) par sac), au maïs dont l'amélioration des rendements témoigne de l'efficacité de cette pratique. Dans les zones bénéficiant de l'irrigation et des engrais subventionnés, comme celles du périmètre de Tono, la plupart des agriculteurs appliquent l'engrais au riz et on observe une fois encore une amélioration des rendements. Cependant, il est intéressant de noter que, même à la lumière de ces expériences, il y a encore un nombre significatif d'agriculteurs qui ne fait pas usage d'engrais.

Lors de sa visite, la mission a remarqué que tous les agriculteurs possédaient encore des semences pour la campagne à venir et qu'aucun d'entre eux ne prévoyait de devoir les utiliser pour faire face à des pénuries alimentaires.

Adventices, ravageurs et maladies

Les adventices ont eu un impact normal pendant la campagne agricole 2001 dans le Ghana septentrional. Certaines zones sont régulièrement touchées par le striga, mais sa fréquence en 2001 n'a pas excédé la moyenne. Les agriculteurs pouvant se le permettre ont généralement eu recours au désherbage.

L'incidence des ravageurs et des maladies sur les cultures pour la campagne 2001 dans le nord du Ghana a été en général faible. Cependant, dans les zones de Bawku Est et de Bawku Ouest, situées dans la région du Nord-Est, la présence de chenilles légionnaires en mai et en juin a gravement touché environ 1 500 ha de mil et de maïs. Dans la région du Nord-Ouest, on a fait état d'arachides engrangées rongées par un organisme nuisible non encore identifié. Les ravageurs qui s'attaquent au niébé après récolte sont fréquents dans le nord du Ghana et ont provoqué cette année - comme la plupart des années - des pertes considérables.

3.2 Estimation de la production vivrière

La production céréalière en 2001 dans les trois régions du nord du Ghana - Nord-Ouest, Nord- Est et Nord - s'établit, d'après les estimations, à quelque 690 000 tonnes. Ce chiffre est comparables à la moyenne d'environ 750 000 tonnes des quatre dernières années (1997-2000) et à la production de 743 000 tonnes en 2000. La production sur la période 1997-2000 a été à son maximum (873 000 tonnes) en 1998 et à son minimum en 1997 (663 000 tonnes), soit un chiffre bien inférieur à celui de 2001. On trouvera au tableau 1 les données relatives à la production céréalière de la zone septentrionale pour l'année 2001, avec pour comparaison, les valeurs moyennes de la période 1997-2000, et l'écart par rapport à la moyenne en 2001, pour chaque céréale.

Tableau 1: Ghana septentrional - Production céréalière en 2001 par rapport à la moyenne 1997-2000

 

 

Superficies
(milliers d'hectares)
Rendements (tonnes/ha) Production
(milliers de tonnes)
2001 Moyenne
1997-2000
Variation
en %
2001 Moyenne
1997-2000
2001 Moyenne
1997-2000
Variation en %
Maïs 150 153,8 -2,5 0,90 0,97 136 149,2 -8,8
Sorgho 324 308,1 5,2 0,85 0,99 274 305,3 -10,2
Mil 193 185,1 4,3 0,70 0,86 135 158,7 -14,9
Riz 78 70,3 10,9 2,05 1,94 145 136,4 +6,3
Total 745 717,3 3,9     690,0 749,6 -7,9

Les données fournies à la mission par le Ministère de l'alimentation et de l'agriculture, relatives à la production vivrière des années 2000 et 2001 pour chacune des dix régions du pays, sont présentées aux tableaux 2 et 3. La figure 1 montre une légère baisse de la production nationale, de maïs, mil et sorgho pour 2001 par rapport à l'année précédente, ainsi qu'une augmentation de la production de riz et d'arachides. Au niveau national, l'année 2001 présente clairement des écarts auxquels on peut s'attendre pendant une campagne agricole normale.

Tableau 2: Ghana - Production agricole par région, 2000 (Superficie: milliers d'hectares. Rendements: tonnes/ha. Production: milliers de tonnes)*

Région   Maïs Riz Mil Sorgho Manioc Igname Taro Plantain Arachide Dolique
Ouest Superficie 52 15     70 13 37 54    
  Rendements 1,43 1,26     9,55 6,44 5,89 7,49    
  Production 74 19     667 83 219 405    
Centre Superficie 89       79 4 18 10    
  Rendements 1,32       17,57 4,97 4,62 5,65    
  Production 117 0     1 380 22 85 59    
Est Superficie 148 12     150 34 55 70    
  Rendements 1,63 2,00     11,53 17,08 6,82 7,95    
  Production 242 25     1 729 582 375 557    
Grand Superficie 7 2     11 0 0 0    
Accra Rendements 0,89 4,50     5,90          
  Production 6 9     64          
Volta Superficie 45 11   5 67 22 8 5    
  Rendements 1,40 3,28   1,00 16,90 10,90 4,39 6,00    
  Production 63 35   5 1 135 236 34 33    
Ashanti Superficie 115 5     125 18 91 64    
  Rendements 1,67 2,27     9,76 12,74 7,01 9,17    
  Production 192 11     1 218 226 637 584    
Brong- Superficie 95 5     126 96 38 41    
Ahafo Rendements 1,75 0,61     13,46 14,96 7,19 7,24    
  Production 166 3     1 702 1 432 275 295    
Nord Superficie 99 30 62 96 33 52     60 50
  Rendements 0,80 2,40 0,80 0,75 6,50 10,00     0,67 0,79
  Production 79 73 50 72 211 518     40 40
Nord-Ouest Superficie 35 4 61 104   23     48 41
  Rendements 1,62 2,26 0,80 1,02   11,63     1,42 0,58
  Production 57 9 49 105   263     69 24
Nord-Est Superficie 10 31 85 85         109  
  Rendements 1,56 2,08 0,83 1,16         0,91  
  Production 16 65 70 98         100  
Ghana Superficie 695 115 208 289 660 261 247 244 218 91
  Rendements 1,46 2,16 0,81 0,97 12,28 12,88 6,57 7,91 0,96 0,70
  Production 1 013 249 169 280 8 107 3 363 1 625 1 932 209 63

Source: Département de la statistique, de la recherche et de l'information (SRID), Ministère de l'alimentation et de l'agriculture, février 2001.

* Les cases vierges indiquent que la culture en question n'est pas importante dans la région considérée.

Tableau 3: Ghana - Production agricole par région, 2001 (Superficie: milliers d'hectares. Rendements: tonnes/ha. Production: milliers de tonnes)

Région   Maïs Riz Mil Sorgho Manioc Igname Taro Plantain Arachide Dolique
Ouest Superficie 54 16     72 13 38 56    
  Rendements 1,39 1,30     9,83 6,53 5,93 7,69    
  Production 75 20     707 85 223 429    
Centre Superficie 91 3     80 5 19 10    
  Rendements 1,30 2,15     18,27 5,05 4,70 5,77    
  Production 118 7     1 464 23 87 60    
Est Superficie 148 13     180 37 58 84    
  Rendements 1,36 2,00     11,60 16,59 6,80 7,06    
  Production 201 25     2 088 609 393 593    
Grand Superficie 8 3     11 0 0 0    
Accra Rendements 0,81 9,80     6,18          
  Production 7 28     70 0 0 0    
Volta Superficie 43 13   5 70 22 8 6    
  Rendements 1,47 3,40   1,00 15,51 9,93 4,38 5,88    
  Production 64 45   5 1 078 223 35 34    
Ashanti Superficie 119 6     129 18 102 66    
  Rendements 1,42 2,06     10,15 12,84 6,59 8,58    
  Production 170 11     1 304 228 672 569    
Brong- Superficie 99 5     133 99 39 43    
Ahafo Rendements 1,69 0,61     14,10 14,96 7,19 7,24    
  Production 168 3     1 873 1 475 278 310    
Nord Superficie 104 34 64 99 52 70     67 48
  Rendements 0,67 1,85 0,62 0,53 7,35 8,87     0,64 0,75
  Production 70 63 40 53 382 621     43 36
Nord Ouest Superficie 36 4 65 113   24     52 53
  Rendements 1,40 2,50 0,64 0,82   11,87     1,51 0,50
  Production 51 10 42 92   283     79 27
Nord Est Superficie 10 40 63 112         136  
  Rendements 1,50 1,8 0,83 1,15         1,00  
  Production 15 72 53 129         136  
Ghana Superficie 713 150 193 329 726 287 262 265 254 102
  Rendements 1,31 2,03 0,77 0,81 12,34 12,34 6,43 7,52 1,01 0,62
  Production 938 310 135 279 8 966 3547 1 688 1 995 258 63

Source: Département statistique, recherche et information (SRID), Ministère de l'alimentation et de l'agriculture, janvier 2002.

* Les cases vierges indiquent que la culture en question n'est pas importante dans la région considérée.

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3.3 Élevage et pâturages

Élevage

À la mi-février, le bétail - bovins, ovins, caprins et volailles - était en bon état mais ne le restera que si l'on continue à disposer de quantités suffisantes d'eau et de fourrages pendant les prochaines semaines, avant le démarrage de la prochaine campagne agricole. Des foyers isolés de péripneumonie contagieuse des bovins ont été signalés dans les régions du Nord et du Nord-Ouest, cependant ils ont été endigués avec succès. Dans la région du Nord-Est, les éleveurs ont déploré un taux élevé de mortalité de leurs petits ruminants, imputable à de fortes diarrhées après la première pousse d'herbe qui a suivi l'arrivée des pluies en mai. La maladie de Newcastle est toujours la cause de la perte de volailles dans de nombreuses localités, malgré la disponibilité de vaccins. Des pertes anormalement élevées de pintades ont été signalées dans certaines zones de la région du Nord. On a noté une augmentation des vols de bovins, en particulier dans les zones limitrophes de la région du Nord-Ouest. Tout cela a évidemment eu un impact sur la subsistance de certaines communautés déjà exposées à l'insécurité alimentaire.

Pâturages

En février 2002, les pâturages commençaient à se raréfier rapidement dans la plupart des zones septentrionales, mais pas au point d'inquiéter les éleveurs. En revanche, les disponibilités en eau étaient plus préoccupantes car de nombreuses zones présentaient, aux points d'eau, des niveaux inférieurs à la normale pour la période de l'année. L'arrivée de pluies au mois d'avril permettrait d'améliorer une situation qui pourrait devenir grave s'il ne pleut pas en avril.

 

4. SITUATION DE L'AGRICULTURE PAR RÉGION

4.1 Nord-Ouest

Les pluies ont été, dans l'ensemble, plus abondantes en 2001 que l'année précédente dans la partie orientale de la région du Nord-Ouest (district de Sissala) avec un total de précipitations supérieur à 800 mm, alors que moins de 600 mm avaient été enregistrés à Tumu en 2000. Malgré une arrivée très tardive et un arrêt légèrement précoce des pluies dans l'est de la région, les précipitations ont été bien réparties et ont persisté au moins jusqu'à la mi-octobre. Les estimations de la production agricole de la zone témoignent de l'amélioration des conditions de végétation. Dans la mesure où il s'agit d'une zone cotonnière, de nombreux agriculteurs ont, en outre, pu reporter sur le maïs une partie des engrais destinés au coton et les rendements obtenus par un grand nombre d'entre eux, notamment par ceux qui ont pu semer en début de campagne, ont dépassé 2 tonnes/ha.

En revanche, la production obtenue en 2001 dans le district de Lawra, à l'extrémité nord-occidentale de la région, a été très médiocre puisque les rendements de mil, de maïs et de sorgho n'ont été que de 0,4, 0,5 et 0,7 tonnes/ha. Cette zone à assez forte densité de population, caractérisée par des sols très dégradés, peu fertiles et dotés d'une faible capacité au champ, est normalement déficitaire et toute crise peut y avoir des répercussions plus rapides qu'ailleurs. Les importantes pertes causées par les vols de bétail, auxquels le district est particulièrement exposé en raison de la proximité de la frontière, aggravent grandement la situation. La qualité relativement satisfaisante des pâturages encore disponibles à une époque où ils sont à peu près épuisés dans les autres régions est une preuve de la pénurie de bétail. Par ailleurs, la zone enregistre d'importants départs de main-d'_uvre saisonnière. S'il est vrai que cette migration génère normalement des envois de fonds à destination du district, elle occasionne aussi souvent une pénurie de main-d'_uvre pour les cultures.

Le rendement moyen de riz obtenu dans la région a été largement supérieur à la moyenne des quatre années précédentes (tableau 4). On estime que la production d'ignames a souffert de l'arrêt légèrement prématuré des pluies (qui se poursuivent en général pendant la deuxième quinzaine d'octobre dans les zones de culture d'ignames) ; les rendements des zones plantées ont toutefois dépassé la moyenne. Les rendements du niébé, qui joue un rôle important dans la région avec une superficie ensemencée de 53 000 ha en 2001, ont baissé à la suite d'attaques de divers insectes ; la grande majorité des producteurs ne peuvent accéder aux traitements chimiques de protection. Les superficies semées en arachides et les rendements obtenus par cette culture ont largement dépassé la moyenne en 2001, et la production de 79 000 tonnes a été supérieure de presque 15 pour cent à celle de 2000.

Tableau 4. Région du Nord-Ouest : Production agricole 2001 comparée à la moyenne 1997-2000

 

 

Superficie
(milliers d'ha)
Rendements (tonnes/ha) Production
(milliers de tonnes)
2001 Moyenne
1997-2000
Variation (%) 2001 Moyenne
1997-2000
2001 Moyenne
1997-2000
Variation (%)
Maïs 36 36 0,0 1,40 1,01 51 37 37,8
Sorgho 113 97 16,5 0,82 1,35 92 130 -29,2
Mil 65 60 8,3 0,64 1,01 42 60 -30,0
Riz 4 4 0,0 2,50 1,26 10 5 100,0
Arachides 52 40 30,0 1,51 1,35 79 54 46,3
Niébé 53 n.d. n.d. 0,50 n.d. 27 n.d. n.d.
Ignames 24 20 20,0 11,87 10,48 283 211 34,1

Au mois de février les disponibilités en eau pour les troupeaux étaient inférieures au niveau normal à cette époque de l'année dans presque toute la région. Toutefois, l'état du bétail était généralement satisfaisant.

4.2 Nord-Est

Dans le domaine agricole, la saison 2001 a été généralement plus favorable dans la région du Nord-Est que dans les deux autres régions. Cette zone a en outre tiré parti des différents barrages et périmètres d'irrigation existant sur son territoire, notamment celui de Tono, le barrage d'irrigation le plus important du pays, qui permet d'irriguer environ 1 500 ha de riz, deux fois par an. Les rendements de riz obtenus à Tono sont assez constants et oscillent entre 4 et 4,5 tonnes/ha. De nombreux barrages ont été remis en état ces dernières années et d'autres sont en cours de restauration. Les périmètres d'irrigation présentent l'avantage supplémentaire de constituer, pour les petits agriculteurs, une source d'engrais que certains utilisent, de façon limitée, sur les cultures irriguées aussi bien que sur les cultures pluviales.

L'éradication récente de l'onchocercose sur les rives de la Volta rouge a ouvert de nouvelles zones de culture.

Les petits agriculteurs de cette région, en particulier ceux qui n'ont pas accès à l'irrigation, dépendent étroitement du mil hâtif pour satisfaire leurs besoins alimentaires avant la récolte principale. Les semis ont normalement lieu fin avril ou début mai et la récolte fin juillet. (Le sorgho en culture intercalaire est ensuite récolté en octobre.) L'importante superficie de sorgho semée en 2001 est en partie imputable à la vague de sécheresse qui a fait obstacle aux semis tardifs de mil en culture principale. Le sorgho a alors été semé sur ces terres en juillet puisqu'il était trop tard, à ce moment, pour les semis de mil. Les rendements de sorgho, supérieurs à 1,1 tonne/ha en moyenne dans la région, ont été très satisfaisants, de nombreux agriculteurs ayant enregistré des résultats de plus de 2 tonnes/ha.

Dans l'est de la région, principalement dans l'Est-Bawku, une zone de mil et de maïs d'environ 1 500 à 4 000 hectares, selon les estimations, a fait l'objet, à la fin du mois de mai et en juin, d'une attaque de chenilles légionnaires qui a entraîné une baisse considérable de la productivité. L'Est-Bawku, qui se caractérise en outre par des sols épuisés, une forte densité de population et des migrations saisonnières habituelles, est certainement le district le plus vulnérable de la région en matière de sécurité alimentaire. Il peut donc servir utilement de point de référence pour évaluer la gravité de la situation en cours de saison; il est intéressant de remarquer à ce sujet que la saison 2001 n'a pas été considérée comme spécialement défavorable dans ce secteur.

La production de maïs est relativement récente dans la région. En 2001, la superficie était proche de 10 000 ha (hors zone d'infestation de chenilles légionnaires) et le rendement moyen de 1,5 tonnes/ha a été acceptable.

L'arrêt précoce des précipitations a eu des conséquences défavorables sur les cultures principales qui avaient été semées tardivement : les céréales en ont souffert au stade du remplissage des grains et la germination totale des arachides a été freinée par un sol dur et sec.

Les données concernant la production agricole de la région pour 2001 et la moyenne pour la période 1997-2000 figurent au tableau 5. La campagne 2001 semble avoir été généralement bonne, puisque la production d'arachides, de maïs, de mil et de sorgho a été supérieure à la moyenne des quatre dernières années. L'ensemble de la production agricole a dépassé cette moyenne, à l'exception du riz.

Tableau 5: Région du Nord-Est - Production agricole 2001 comparée à la moyenne 1997-2000

 

 

Superficie
(milliers d'hectares)
Rendements (tonnes/ha) Production
(milliers de tonnes)
2001 Moyenne 1997-2000 Variation (%) 2001 Moyenne 1997-00 2001 Moyenne
1997-2000
Variation (%)
Maïs 10 7 42,8 1,50 1,15 15 8 87,5
Sorgho 112 106 5,7 1,15 0,87 129 92 40,2
Mil 63 60 5,0 0,83 0,78 53 47 12,7
Riz 40 38 5,3 1,8 2,13 72 81 -11,1
Arachides 136 87 56,3 1,00 0,9 136 79 72,1

La situation du bétail paraissait normale en février dans la région, mais les disponibilités en eau pour les mois à venir suscitaient quelque inquiétude. Le district le plus vulnérable à cet égard semblait être l'Est-Bawku où la densité du bétail est assez élevée.

4.3 Région du Nord

La hauteur et la répartition des pluies ont été défavorables au début de la campagne agricole. La période de sécheresse qui a suivi a gêné la germination des cultures déjà en place et entravé les semis des cultures tardives. À la fin du mois de juillet, les précipitations saisonnières ont repris un rythme normal, mais elles se sont arrêtées dans de nombreux secteurs au début du mois de septembre pour faire place à une sécheresse qui s'est prolongée jusqu'à la fin de l'année. Vers la fin octobre on prévoyait une baisse de la production de céréales et de légumineuses suite à la médiocre qualité de la formation des gousses et des grains. Par contre, des rendements normaux ou supérieurs à la normale étaient prévus pour le manioc et les ignames dont les tubercules étaient déjà formés lors de l'arrêt des pluies. La hauteur totale des précipitations pour chaque district en 2000 et 2001 est représentée sur la figure 2. À l'exception des districts du Gonja-Est et de Zabzugu, les précipitations ont diminué en 2001.

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La production agricole de la région pour 2001 et la moyenne pour la période 1997-2000 figurent au tableau 6. Trois districts ont signalé une production globale spécialement maigre en 2001 - le Mamprusi-Est, le Mamprusi-Ouest et le Gushiegu/Karaga. Dans certaines parties des districts de Tolon et Bole, la production a également été très inférieure à la moyenne. Dans certaines zones qui ont été victimes du retard des précipitations, de nombreux agriculteurs ont dû semer plusieurs fois pour n'obtenir finalement que des rendements négligeables.

Tableau 6 : Nord: Production agricole 2001 comparée à la moyenne 1997-2000

 

 

Superficie
(milliers d'ha)
Rendements (tonnes/ha) Production
(milliers de tonnes)
2001 Moyenne
1997-2000
Variation (%) 2001 Moyenne
1997-2000
2001 Moyenne
1997-2000
Variation
(%)
Maïs 104 110 -5,4 0,67 0,94 70 104 -32,7
Sorgho 99 106 -6,6 0,40 0,78 40 83 -51,8
Mil 64 66 -3,0 0,83 0,79 53 52 1,9
Riz 34 29 17,2 1,85 1,78 63 51 23,5
Arachides 67 51 31,4 0,64 0,80 43 41 4,9
Niébé 48 n.d. - 0,75 n.d. 36 n.d. -
Ignames 70 43 62,8 8,87 10,28 621 445 39,5
Manioc 52 n.d. - 7,35 n.d. 382 n.d. -

 

L'état du bétail semblait satisfaisant dans l'ensemble de la région en février, mais les disponibilités en fourrage et en eau avant l'arrivée des pluies en 2002 faisaient cependant l'objet de quelque inquiétude. Aucun départ de maladie animale n'a été signalé, hormis quelques cas localisés de mortalité élevée de pintades.

 

5. SITUATION DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES

5.1 Prix

Les cours des céréales se caractérisent par de très importantes fluctuations saisonnières au Ghana, en particulier dans les trois régions septentrionales. Après une baisse prononcée pendant la période de récolte (août-octobre), ils remontent à partir de novembre jusqu'à la fin de la saison creuse (juin-août).

Il faut ajouter que l'inflation et la dépréciation du cedi ont eu une incidence directe sur les prix des produits alimentaires dans les régions du Nord, du Nord-Est et du Nord-Ouest en 2000 et 2001. Au cours de la campagne de commercialisation 2000/01, les cours des céréales ont reflété dans une large mesure les effets conjugués de la dévaluation et de l'inflation. La figure 3, ci-dessous, illustre la façon dont le cours du riz a réagi à la dévaluation du cedi pendant la campagne de commercialisation 2000/01. Le fait que les importations couvrent presque 60 pour cent de la consommation de riz rend le prix de cette céréale hautement tributaire des variations du taux de change. On observe les mêmes tendances dans l'évolution du cours du maïs (de même que pour le sorgho et le mil) mais avec un certain décalage (figure 4).

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Toutefois, depuis le début de cette année, l'augmentation en termes réels (c'est-à-dire après déduction des effets de l'inflation2) des prix du maïs, du mil et du sorgho dans les régions du Nord, du Nord-Est et du Nord-Ouest est plus accentuée que les années précédentes en raison principalement de la baisse de production enregistrée en 2001.

En février 2002, le prix de gros du maïs était de 129 000 cedis par sac de 100 kilos dans la région du Nord. En valeur constante (après ajustement en fonction de l'indice des prix à la consommation), ce prix était inférieur de 2 pour cent au niveau de 2001 à la même date. En février 2002, le prix de gros du maïs était de 149 000 cedis par sac de 100 kilos dans la région du Nord-Est, ce qui représentait, en valeur constante, une augmentation de 8 pour cent par rapport à la même date de l'année précédente. La plus forte hausse du cours du maïs en valeur réelle a été enregistrée dans la région du Nord-Ouest où, en février 2002, il dépassait de 20 pour cent celui de l'année précédente. Dans le Nord et le Nord-Ouest, le cours du maïs s'est stabilisé progressivement à environ 130 000 cedis par sac, ce qui est très proche du prix de gros qui avait été relevé par la Mission à Techiman (région du Brong Ahafo), principal centre d'échanges céréaliers du Ghana. Le dynamisme des échanges commerciaux à l'intérieur de la région septentrionale du Ghana et les apports en provenance du sud du pays ont permis de tempérer les effets de la baisse de production de maïs dans les régions du Nord et du Nord-Ouest. Les écarts de prix du maïs restent généralement passagers dans la mesure où les négociants effectuent constamment des arbitrages entre les divers marchés géographiques et contribuent ainsi à la convergence des cours. En revanche, dans le cas du mil et du sorgho, l'activité commerciale est moins intense, les prix réagissent de façon plus marquée aux conditions de l'offre locale et les variations entre les différentes régions tendent à s'accentuer.
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Le mil, aliment de base favori des populations du nord du Ghana, a enregistré une hausse importante des prix réels au début de 2002 par rapport à l'année précédente. Dans la région Nord, le prix de gros du mil était de 154 000 cedis par sac de 93 kg en février 2002 soit, en prix réel, 16 pour cent de plus qu'en février 2001. Dans la région du Nord-Est, le prix était de 169 000 cedis en février 2002, supérieur d'environ 17 pour cent à celui qui avait été relevé pendant le même mois de l'année 2001. La plus importante hausse a été enregistrée dans la région Nord-Ouest où le prix de gros du mil était de 179 000 cedis par sac en février 2002, soit 40 pour cent de plus qu'au même mois de l'année 2001. Il est à noter qu'en janvier et février 2002, il existait une différence importante entre les prix enregistrés dans la région du Nord et ceux des deux autres régions. Il est possible que ce phénomène soit dû à une préférence plus marquée des consommateurs vis-à-vis du mil dans les régions du Nord-Est et du Nord-Ouest que dans la région du Nord où le remplacement de ce produit par le maïs, vendu à un prix relativement inférieur, est mieux accepté.

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En février 2002, les prix du sorgho dans les régions du Nord et du Nord-Est étaient respectivement de 139 000 et 159 000 cedis par sac de 109 kg, soit 6 et 9 pour cent de plus qu'en 2001 à la même époque. Une fois encore, la région du Nord-Ouest a enregistré une hausse considérable du prix réel puisque le produit se vendait à 179 000 cedis en février 2002, soit une augmentation de 30 pour cent par rapport au mois de février 2001. On observait également des différences de prix très marquées entre les trois régions, témoignant d'une situation plus tendue de l'offre et de la demande dans le Nord-Ouest et le Nord-Est où le sorgho sert à la fois d'aliment de base et de matière première pour la fabrication de la bière locale.

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En revanche, le prix de gros du riz (usiné en sacs de 100 kg) en janvier et février 2002 était inférieur de 20 pour cent, en valeur réelle à celui de 2001 à la même époque dans les trois régions. Trois facteurs principaux expliquent cette baisse:

· l'augmentation de la production en 2001 dans les régions du Nord-Est et du Nord-Ouest,
· la présence de disponibilités importées,
· l'augmentation en flèche du cours du riz au cours des deux campagnes de commercialisation précédentes, suite à une prompte réaction à la dévaluation de la monnaie.

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Les autres aliments de base, tels que les ignames, les arachides et le niébé ont enregistré une hausse très modérée ou même une baisse des cours en prix réel en janvier et février 2002 par rapport à la même période de l'année 2001, car ils sont disponibles en plus grandes quantités pendant la campagne de commercialisation en cours.

Termes de l'échange entre les récoltes et le bétail

L'obtention d'informations cohérentes concernant les prix du bétail s'est révélée difficile en raison des variations importantes du poids et de l'état des animaux négociés. Il semble cependant que la hausse des cours des céréales, plus rapide que celle du prix du bétail pendant la période d'octobre 2001 à février 2002, ait entraîné une détérioration des termes de l'échange pour le bétail dans la presque totalité des trois régions. Toutefois, ce phénomène paraît normal à cette époque de l'année.

5.2 Situation de l'offre et de la demande alimentaires en 2002

Malgré la production inférieure à la moyenne de certaines récoltes dans les trois régions septentrionales du pays en 2001, la situation de l'offre et de la demande alimentaires devrait rester assez proche de la normale au Ghana, grâce aux bonnes disponibilités en céréales dans les autres régions, à une production suffisante des autres cultures vivrières, aux importations commerciales prévues et aux promesses d'aide alimentaire déjà reçues.

La mission a réalisé une estimation du bilan de l'offre et de la demande alimentaires pour l'ensemble du pays, en se fondant sur les hypothèses et les paramètres suivants:

Après la récolte, les agriculteurs des trois régions septentrionales essaient habituellement de conserver un niveau minimum de stocks de report jusqu'à la récolte suivante. La plupart d'entre eux n'y parviennent cependant pas et se voient contraints de vendre leurs cérérales pour régler les dépenses urgentes, telles que les frais de scolarité et d'habillement, rembourser des dettes ou faire face à des engagements personnels. En février 2002, la mission a observé que le niveau des stocks de nombreux agriculteurs était déjà très bas et qu'il ne serait suffisant pour subvenir à leurs besoins alimentaires que jusqu'à mars ou avril.
En général, les négociants essaient d'acheter au début de la campagne de commercialisation (peu après la récolte, en octobre-novembre), alors que les cours sont à leur niveau le plus bas, et de vendre ultérieurement au cours de la campagne (principalement pendant la période creuse (approximativement de mars à août)) lorsque les cours atteignent leur niveau maximum. Toutefois, dans la plupart des cas, le manque de fonds de roulement ne leur permet pas de maintenir leurs stocks et les contraint à acheter et à vendre tout au long de la campagne. En raison des importantes fluctuations saisonnières des prix, les négociants vendent en général la totalité des stocks en fin de campagne, peu avant le début de la récolte suivante. Il s'ensuit que les stocks qui restent entre leurs mains sont négligeables au début de la campagne.

Les stocks de céréales en possession du gouvernement ghanéen étaient inexistants avant la fin de l'année 2001, date à laquelle des accords concernant l'achat et le stockage d'environ 10 000 tonnes de maïs de la récolte 2001 ont été passés entre l'Organisation nationale de secours en cas de catastrophe et des négociants privés. Les pouvoirs publics se proposent de poursuivre la constitution de ce stock tampon utilisable en cas d'urgence ou de hausse inhabituelle des prix. Aucun détail sur la gestion de ces stocks et les critères qui seront appliqués pour leur utilisation n'a encore été communiqué. On suppose que le gouvernement a l'intention d'en utiliser la moitié pour stabiliser les prix dans le nord si cela s'avère nécessaire.

La mission a recueilli des témoignages selon lesquels des quantités non négligeables de produits alimentaires, essentiellement du maïs et des ignames, sont exportés vers les pays voisins, en particulier le Burkina Faso. Il n'existe aucun enregistrement officiel de ces exportations. Toutefois, à la suite de consultations avec des négociants et des fonctionnaires locaux, la mission estime que les exportations de maïs pourraient atteindre 25 000 tonnes pendant la campagne de commercialisation en cours.

Tableau 7 : Ghana - Bilan de l'offre et de la demande céréalières pour 2002 (en milliers de tonnes)
Population 2002: 19,4 millions d'habitants

  Blé Riz Maïs Sorgho Mil Total des céréales Autres cultures1/
OFFRE TOTALE 2002 20,0 171,0 938,0 266,1 147,9 1 543,0 5 273,4
Stocks d'ouverture 20,0 0,0 0,0 0,0 0,0 20,0 0,0
Production 2001 (riz: usiné) 0,0 171,0 938,0 279,1 134,9 1 523,0 5 273,4
UTILISATION TOTALE 2002 223,9 346,1 991,6 283,5 159,1 2 004,2 4 755,1
Alimentation humaine 210,9 312,4 804,4 258,9 145,4 1 732,0 3 341,7
Alimentation des animaux 0,0 0,0 56,3 8,0 4,4 68,7 113,5
Semences 0,0 7,7 7,1 3,3 1,9 20,0 0,0
Pertes 3,0 26,0 93,8 13,3 7,4 143,5 1 270,3
Exportations 0,0 0,0 25,0 0,0 0,0 25,0 29,5
Stocks de clôture 10,0 0,0 5,0 0,0 0,0 15,0 0,0
BESOINS D'IMPORTATIONS 2002 (excédents) 203,9 175,1 53,6 17,4 11,2 461,2 (518,3)
Aide alimentaire annoncée 65,5 8,5 8,6 6,5   89,1  
Importations commerciales prévues 138,4 166,6 45,0 10,9 11,2 372,1  
Consommation estimative par habitant (kg/an) 10,9 16,1 41,5 13,4 7,5 89,4 172,4

 

1/ Les autres cultures, qui comprennent le niébé, les arachides, le manioc, les ignames, le taro et les plantains, sont toutes exprimées en équivalent céréalier selon les taux de conversion suivants: manioc: 0,3166; ignames: 0,2808; taro: 0,2808; plantains: 0,2524; arachides: 1,5552; niébé: 0,9688.

Le total des besoins d'importations céréalières est estimé à 461 200 tonnes, dont 203 900 tonnes de blé, 175 100 tonnes de riz et 82 200 tonnes de céréales secondaires. Les importations de blé et de riz ne devraient pas dépasser les niveaux des dernières années. Les besoins d'importations de céréales secondaires ont crû d'environ 30 000 tonnes par rapport au niveau des importations des deux dernières années. La plus grande partie de cette augmentation correspond à la diminution des récoltes de maïs, de sorgho et de mil enregistrée dans les régions du nord. La hausse des besoins d'importations de céréales secondaires n'est pas considérée comme exceptionnelle au niveau national. D'une manière générale et du point de vue du bilan entre l'offre et la demande au plan national, on estime que la baisse des approvisionnements en céréales secondaires dans les régions du nord sera couverte par:

Le bilan projeté de l'offre et de la demande alimentaires du tableau 7 fait ressortir un excédent considérable de l'offre des autres cultures, qui permettra de compenser au moins partiellement le déficit créé par la baisse des approvisionnements en céréales.

Les promesses d'aide alimentaire atteignant déjà 89 000 tonnes, la mission estime que le solde de 372 000 tonnes des besoins d'importations (138 000 tonnes de blé, 167 000 tonnes de riz et 67 000 tonnes de céréales secondaires) sera couvert par des importations commerciales. La situation de l'offre alimentaire est cependant tendue dans les trois régions septentrionales, en particulier pour les foyers qui ont perdu une grande partie de leur récolte, et il sera essentiel de suivre étroitement l'évolution du prix des produits alimentaires afin de détecter toute nouvelle hausse et de définir la nécessité d'une intervention.

 

6. BESOINS ALIMENTAIRES D'URGENCE

6.1 État nutritionnel des populations

Malgré la variabilité des résultats de chacune des cultures, la situation alimentaire globale est satisfaisante pour 2002 dans les trois régions du nord du Ghana. Des variations localisées de la production alimentaire ont été signalées, entraînant une hausse de 10 à 20 pour cent des cours actuels par rapport à la même période de l'an dernier. La production agricole a subi les conséquences de l'irrégularité du régime pluvial (début tardif, stress hydrique et arrêt précoce des pluies). Toutefois, les diminutions enregistrées ne sont pas suffisamment importantes pour entraîner une pénurie à grande échelle touchant la consommation intérieure. Les trois régions septentrionales dépendent en effet non seulement de la production céréalière, mais aussi de la production de racines et tubercules, de fruits, de la cueillette d'aliments forestiers, ainsi que de la pêche et de l'élevage qui complètent leur apport nutritionnel. Les communautés vivant dans les zones irriguées, en particulier dans la région du Nord-Est, enrichissent leur régime alimentaire par des légumes.

Selon les données des contrôles de croissance menés par les services de santé locaux, l'état nutritionnel actuel des enfants a été plutôt satisfaisant pendant les périodes suivant immédiatement les mois de récolte. Dans le district de Lawra, le taux de malnutrition modérée (60 à 80 pour cent de la médiane) était supérieur à 28 pour cent en août (avant la récolte) et en décembre 2001 (après la récolte); les cas de malnutrition grave (< à 60 pour cent de la médiane) étaient de 2 pour cent en décembre 2001. Dans le district de Bole, on a enregistré 25 pour cent de cas de malnutrition modérée et 3 pour cent de cas de malnutrition grave. La mission a constaté en outre l'existence d'un problème nutritionnel sous-jacent, à savoir que dans le district de Sissala, 52,8 pour cent des enfants présentaient un retard de croissance.

Si la tendance haussière actuelle des cours des céréales se confirme, l'apport nutritionnel de la partie la plus vulnérable de la population risque de se détériorer davantage dans la mesure où la diminution du pouvoir d'achat lui fermera tout accès au marché.

6.2 Besoins d'aide alimentaire

L'évaluation des besoins d'aide alimentaire réalisée par la mission doit être interprétée dans le contexte suivant. En premier lieu, la date choisie pour la mission était inhabituelle. En effet, l'évaluation a eu lieu trois mois après la récolte et la reconstitution des résultats de la période de croissance 2001 représentait un défi redoutable. En deuxième lieu, les efforts de la mission pour reconstruire les conditions saisonnières en demandant aux agriculteurs de faire appel à leurs souvenirs ont été gênés par la "période creuse" au cours de laquelle s'est déroulée l'évaluation. Cette évaluation coïncidait de fait avec le début de la période creuse dans ces régions (habituellement de mars à août) et les familles interrogées se sont généralement étendues sur les dures difficultés rencontrées au cours de cette période. Les familles et les communautés auprès desquelles l'enquête a été effectuée ont donc systématiquement qualifié leur situation pendant la "période de soudure" comme étant inférieure à la moyenne des autres années.

La mission reconnaît donc les estimations du Ministère de l'alimentation et de l'agriculture concernant la production de la campagne 2001, qui font état d'une baisse de 12,6 pour cent pour le mil, 10 pour cent pour le maïs, 5 pour cent pour le sorgho et 2 pour cent pour le riz par rapport à la production de l'année 2000. La mission a observé que les agriculteurs ont invariablement rapporté que la production de 2001 était inférieure à la celle de la saison 2000. Les données du marché ont également été analysées; les importantes hausses du prix des céréales qui ont été observées témoignent d'une baisse générale de la production. Comme indiqué précédemment, les indicateurs nutritionnels permettent de corroborer tout écart dans les habitudes de consommation de la population par rapport à la normale. Il a été tenu compte de l'ensemble de ces faits pour établir les preuves du déficit de la production par rapport à la consommation dans la région.

À l'évidence, il n'existait aucune situation d'urgence au plan national ou régional; des pertes de production localisées ont cependant été signalées dans les districts de Bole, Gushiegu/Karaga, Mamprusi-Ouest et Lawra. Les districts de Bole et du Mamprusi-Ouest ont enregistré un déficit de la production totale correspondant à deux mois de consommation. Le déficit affectant la consommation est estimé à trois mois pour les districts de Gushiegu/Karaga et Lawra. Les autres districts du nord du Ghana bénéficient d'une situation excédentaire par rapport aux besoins de consommation.

6.3 Ciblage de l'aide alimentaire

On constate actuellement dans quatre districts une baisse de la production et une augmentation du niveau de malnutrition modérée chez les enfants de moins de 24 mois. Les preuves conjuguées d'une pénurie affectant la consommation et d'une augmentation de la malnutrition modérée conduisent à recommander une aide alimentaire de deux mois pour les quatre districts, soit sous forme d'aide d'urgence, soit par une intensification des programmes d'aide alimentaire existants mettant spécifiquement l'accent sur les districts sélectionnés. Le taux de malnutrition modérée permet d'estimer que 30 à 35 pour cent de la population des districts doivent être considérés comme vulnérables. Un total de 4 840 tonnes d'aide alimentaire devra être distribué sur une période de 60 jours. La distribution devra prendre place en mai et juin afin de réduire au maximum les risques d'une détérioration nutritionnelle supplémentaire et d'une éventuelle liquidation des actifs productifs.

Tableau 8 : Districts devant bénéficier d'une assistance alimentaire

Région
District
Population totale Nombre de personnes visées Durée
(jours)
Céréales (tonnes)
Nord Bole 138 603 40 000 60 1 250
  Gushiegu/Karaga 135 003 47 000 60 1 420
  Mamprusi-Ouest 124 754 38 000 60 1 120
Nord-Ouest Lawra 87 617 35 000 60 1 050
Total   485 977 160 000   4 840

 

Les ONG présentes dans la région, comme Action Aid, CRS, ADRA, TechnoServe, OICI et WVI, voudront peut-être envisager d'intensifier leurs activités, notamment les programmes de sécurité alimentaire, de santé et d'alimentation.

L'aide alimentaire recommandée devra être directement affectée aux populations les plus vulnérables des quatre districts. Dans la mise en _uvre de cette assistance alimentaire aux districts sinistrés, le ciblage devra être particulièrement rigoureux et exécuté en coordination avec les communautés. Les pouvoirs publics et les autres parties intéressées devront mettre en place l'enregistrement des bénéficiaires et des catégories sociales et économiques spécifiques au sein des zones touchées. L'aide sélective devra donner la priorité aux enfants, aux foyers dirigés par des femmes, aux familles dont les enfants présentent une insuffisance pondérale, aux femmes enceintes et aux personnes âgées non couvertes par les systèmes de protection sociale existants.

Mesures de suivi

Afin d'établir un ciblage sûr et fiable des familles touchées, les communautés devront participer à l'identification et la désignation des foyers présentant les plus grands besoins d'aide alimentaire pendant la durée du programme. Dans ce cadre, un important travail de consultation et d'enregistrement des bénéficiaires sera requis.

Les conditions générales et saisonnières devront être surveillées à l'aide d'indicateurs tels que les cours du bétail et des récoltes, les termes de l'échange entre les petits ruminants et une sélection de céréales, les précipitations et l'état des parcours destinés à l'alimentation des animaux.

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'informations le cas échéant.
Bureau du Chef
SMIAR, FAO, Rome
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Mél: [email protected]
Mr. Holdbrook Arthur
Directeur régional, ODY, PAM
Télécopie: 00237-223-5907
Mél: [email protected]
Les alertes spéciales et les rapports spéciaux peuvent aussi être reçus automatiquement par courrier électronique dès leur publication, en souscrivant à la liste de distribution du SMIAR. A cette fin, veuillez envoyer un courrier électronique à la liste électronique de la FAO à l'adresse suivante: [email protected] sans remplir la rubrique sujet, avec le message ci-après:
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1 / Les sources de cette section sont des rapports de la Banque Mondiale; de l'Unité de renseignements de l'Economist; du Ministère des finances du Ghana et de la Bank of Ghana.

2 Sauf indication contraire, l'analyse qui suit est fondée sur des prix indexés sur l'inflation à l'aide de l'indice des prix à la consommation, et exprimés au niveau des prix en vigueur en janvier 2002.

3 / La récolte céréalière a atteint un niveau record dans ce pays en 2001.