FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.2 - mai 2002 - P.12

Previous PageTable Of ContentsNext Page


Viande et produits carnés

Les disponibilités de viande augmentent à mesure que les répercussions des maladies animales s’estompent

Les perspectives concernant le commerce de la viande sont favorables dans la mesure où la consommation repart et où les cours restent atones

En 2001, les marchés internationaux de la viande ont connu une hausse des prix pour les viandes autres que la viande bovine, en particulier la volaille, à la suite des épidémies de maladies animales qui ont provoqué la fermeture de certains marchés du secteur de la viande et exacerbé, dans le cas de l’ESB, les inquiétudes en matière de santé à l’échelle planétaire. En 2002, le retour aux anciennes structures de consommation de viande devrait, cependant, soutenir les cours internationaux de la viande bovine, de même que la baisse de la production aux États-Unis, le plus grand marché mondial d’importation de la viande bovine, et la reprise des expéditions de viande bovine de qualité supérieure de l’Amérique latine vers l’Europe. L’accroissement des disponibilités exportables pour l’ensemble des viandes risque toutefois de freiner une éventuelle tendance à la hausse significative des prix. Les perspectives générales des prix seront également influencées par l’interdiction des importations de poulet des États-Unis imposée début 2002 par la Fédération de Russie, mesure qui a provoqué la chute des cours du quart arrière de poulet des États-Unis. Le fléchissement des prix du poulet au cours de l’année risque de limiter la tendance à la hausse des prix des autres viandes.

Il est prévu qu’en 2002, la consommation mondiale de viande par habitant regagne 1 pour cent, passant à 38,8 kg, après avoir reculé en 2001 pour la première fois depuis près de 30 ans. Dans les pays développés, on prévoit une légère augmentation de la consommation de viande par habitant, qui atteindrait 78,3 kg après avoir fléchi pendant les deux dernières années. La consommation dans les pays en développement, qui ne devrait pas atteindre le taux de croissance moyen de 4,1 pour cent obtenu pendant la dernière décennie, devrait néanmoins progresser d’environ 2 pour cent, ce qui la porterait à 28,2 kg par habitant.

Les disponibilités de viande augmentent à mesure que les répercussions des maladies animales s’estompent

Après avoir subi le contrecoup des épidémies de maladies animales en 2001, les marchés du secteur de la viande se préparent à connaître une forte augmentation des disponibilités de viande en 2002 en prévision d’un retour aux structures précédentes de consommation et d’échange. Les pays exportateurs mettant fin à la sélection systématique des animaux et à la vaccination contre la fièvre aphteuse qui ont caractérisé les marchés du secteur de la viande en 2001, on prévoit que la production mondiale de viande progressera en 2002, passant à 241 millions de tonnes, soit 2,4 pour cent de plus que l’année précédente qui a connu le plus faible taux de croissance des deux dernières décennies. Il est probable qu’en 2002, l’accroissement de la production sera plus important pour toutes les viandes, les viandes autres que la viande bovine étant soutenues par la hausse des prix de l’année dernière et par la stabilité du coût des aliments pour animaux.

Production mondiale de viande

2000 2001 2002
estim.
  (.....millions de tonnes.....)
TOTAL MONDIAL 232,5 235,2 240,9
Viande de volaille 67,7 69,6 71,6
Viande porcine 89,6 90,9 93,2
Viande bovine 59,6 58,9 60,0
Viande ovine
et caprine
11,4 11,4 11,7
Autres viandes 4,3 4,3 4,4
PAYS EN DÉVELOPPEMENT 128,0 131,5 136,0
Viande de volaille 35,4 36,9 38,2
Viande porcine 52,3 53,6 55,4
Viande bovine 29,5 30,0 31,1
Viande ovine
et caprine
8,1 8,2 8,5
Autres viandes 2,7 2,7 2,8
PAYS DÉVELOPPÉS 104,6 103,8 104,9
Viande de volaille 32,3 32,7 33,4
Viande porcine 37,3 37,4 37,8
Viande bovine 30,0 28,9 28,9
Viande ovine
et caprine
3,3 3,2 3,2
Autres viandes 1,6 1,6 1,6
Source: FAO
Note:   Totaux calculés à partir de chiffres non arrondis.

Après avoir reculé de 1 pour cent en 2001, la production de viande bovine devrait se redresser, atteignant cette année le niveau record de 60 millions de tonnes, soit un accroissement de 2 pour cent. La part des pays en développement dans la production mondiale devrait continuer d’augmenter en 2002, en raison de la progression de 4 pour cent de leur production. Ce gain sera facilité par la baisse de la production des États-Unis, producteur d’un cinquième des disponibilités mondiales de viande bovine, et par la forte croissance persistante des plus gros pays producteurs en développement, le Brésil et la Chine. Dans la CE, le retour aux structures normales d’abattage devrait provoquer un bond de 4 pour cent de la production de viande bovine, tandis que le recul de la production accusé pendant toute la décennie par les pays en transition devrait se prolonger en 2002.

Malgré le tassement des disponibilités des pays développés, la production ovine et caprine devrait progresser de 2,3 pour cent, essentiellement sous l’effet de la forte croissance enregistrée en Chine, principal producteur asiatique, à laquelle s’ajoutent les progrès accomplis par le Pakistan et l’Inde. Les troupeaux devraient se reconstituer en Afghanistan, en République islamique d’Iran et au Soudan, ce dernier pays ayant été stimulé par l’amélioration de son accès aux marchés de bétail du Proche-Orient. On s’attend à une réduction des disponibilités en Océanie à la suite de la reconstitution des troupeaux en Nouvelle-Zélande.

Les prix modérés des aliments pour animaux et la forte demande devraient concourir à assurer dans les secteurs de la volaille et de la viande porcine des gains de production atteignant respectivement 2,9 et 2,4 pour cent, les progrès les plus importants étant attendus en Amérique latine et en Asie. La majeure partie des gains de la production avicole seront réalisés dans les pays en développement, cependant, la part de la volaille dans la production mondiale devrait fléchir légèrement en 2002, tombant à 29,7 pour cent, tandis que pour les autres viandes, une reprise de la croissance serait enregistrée.

Les perspectives concernant le commerce de la viande sont favorables dans la mesure où la consommation repart et où les cours restent atones

L’augmentation des disponibilités exportables des pays où les exportations ont été limitées en 2001 en raison des problèmes liés aux maladies animales, en l’espèce l’Uruguay, l’Argentine, certains pays de la CE et la République de Corée, devrait avoir pour effet de gonfler le volume des expéditions de viande en 2002.

Cours internationaux de la viande

Indices FAO des
cours internationaux
de la viande
Cours internationaux moyens de la viande
Poulet 1/ Porc 2/ Vache 3/ Agneau 4/
  (....1990-92=100....) (.............................dollars E.-U./tonne...............................)
1994 102 921 2 659 2 384 2 975
1995 99 922 2 470 1 947 2 621
1996 96 978 2 733 1 741 3 295
1997 96 843 2 724 1 880 3 393
1998 83 760 2 121 1 754 2 750
1999 84 602 2 073 1 894 2 610
2000 85 592 2 083 1 957 2 619
2001 84 645 2 077 2 138 2 912
2002 84 5/ 614 5/ 2 128 5/ 2 336 6/ 3 111   7/
Source: FAO
1/ Poulet en morceaux, valeur unitaire exportation E.-U. 2/ Viande de porc congelée, valeur unitaire exportation E.-U. 3/ Viande de vache transformée, Australie, prix caf E.-U. 4/ Agneau congelé, carcasse entière, Nouvelle-Zélande, prix de gros Londres. 5/ Janvier-
février 2002. 6/ Janvier-avril 2002. 7/ Janvier-mars 2002.

On prévoit que les échanges mondiaux de viande atteindraient 18,4 millions de tonnes en 2002, soit 4 pour cent de plus que le résultat médiocre de 2001. Des gains importants sont attendus pour toutes les viandes à l’exception de la viande ovine, qui risque de pâtir de la réduction des disponibilités exportables de l’Océanie.

Exportations mondiales de viande 1/

2000 2001 2002 estim.
  (.....milliers de tonnes.....)
MONDE 17 327 17 663 18 382
  Viande de volaille 7 328 7 648 7 968
  Viande porcine 3 271 3 442 3 602
  Viande bovine 5 715 5 520 5 763
  Viande ovine
et caprine
768 809 803
Autres viandes 245 245 246
Source: FAO
Note: Totaux calculés à partir de chiffres non arrondis.
1/ Y compris la viande (fraîche, réfrigérée, congelée préparée et en boîte); en équivalent de poids carcasse; non compris les expéditions d’animaux sur pied, les abats comestibles et les échanges intracommunautaires de la CE.

Il est prévu qu’après avoir reculé de 3 pour cent (chiffre estimatif) en 2001, les expéditions de viande bovine atteignent en 2002 le chiffre record de 5,8 millions de tonnes, soit 4,4 pour cent de plus que l’an dernier. De nombreux marchés, dont l’accès avait été interdit aux produits carnés venant des pays d’Amérique latine et d’Europe touchés par la fièvre aphteuse, lèvent à présent leurs mesures restrictives, ce qui implique le réalignement des parts de marché en 2002. Dans la mesure où l’Argentine et l’Uruguay sont maintenant officiellement reconnus comme étant « exempts de fièvre aphteuse avec vaccination », un bond de 20 pour cent est attendu pour les exportations de viande bovine sud-américaine vers les marchés régionaux d’Amérique latine et vers certains pays de la CE. Cette évolution devrait porter la part de la région dans les marchés mondiaux de viande bovine à un cinquième du chiffre total mondial. Les exportations de la CE réaliseront probablement d’importants progrès, mais les expéditions prévues (600 000 tonnes) resteront nettement inférieures aux limites prévues par l’OMC pour les primes à l’exportation (822 000 tonnes). En Amérique du Nord, la reconstitution des troupeaux, les prix élevés et la fermeté du dollar E.-U. exerceront une pression à la baisse (estimée à 5 pour cent) sur les exportations des États-Unis. S’agissant des importations, certains marchés (Égypte, République de Corée, Fédération de Russie, Canada et États-Unis) devraient enregistrer une forte progression. Au Japon en revanche, l’impact des préoccupations liées à la sécurité sanitaire des produits alimentaires, après la découverte de cas d’ESB fin 2001, se fait encore sentir en 2002 : il est prévu que les consommateurs japonais réduisent leur consommation de viande bovine importée pour la deuxième année consécutive.

Au premier trimestre 2002, le marché mondial de la viande de volaille a été de nouveau très instable. Les problèmes liés aux maladies des volailles et les préoccupations croissantes suscitées par l’utilisation d’antibiotiques non autorisés dans les aliments pour animaux ont eu pour conséquences de nombreuses interdictions des importations et un renforcement des analyses et des contrôles aux frontières. Plusieurs problèmes se sont posés: antibiotiques illégaux trouvés dans les poulets thaïlandais et chinois, interdiction des importations de poulets des États-Unis par la Fédération de Russie et par plusieurs autres pays de la CEI, et interdictions liées aux épidémies de grippe aviaire faiblement pathogène dans l’est des États-Unis et de grippe aviaire également en Chine (continentale) et à Hong Kong RAS. Malgré ce contexte lourd d’incertitudes, il est prévu que le commerce mondial de la volaille progresse de 4 pour cent, pour atteindre près de 8 millions de tonnes en 2002. Un grand nombre de ces perturbations affectant les marchés devrait être de courte durée et on prévoit que la demande d’importation, ébranlée pendant les premiers mois de 2002, se redresse rapidement. Après avoir grimpé de 11 pour cent en 2001, les importations de la Fédération de Russie devraient augmenter de moins de 1 pour cent. La chute de près de 30 pour cent du prix du quart arrière de poulet des États-Unis, résultant de l’interdiction des importations par la Fédération de Russie pendant un mois, devrait inciter fortement les autres marchés à acheter, notamment en Asie et en Amérique centrale. Dans l’intervalle, il est probable que l’inquiétude suscitée par l’ESB au Japon soit favorable à un accroissement des importations de volaille.

La forte demande de viande porcine de l’Asie, destinataire de près de la moitié des importations mondiales, devrait concourir à une hausse de près de 5 pour cent des échanges de viande porcine qui atteindraient 3,6 millions de tonnes. On s’attendait à ce que l’imposition par le Japon, en août 2001, d’une mesure de sauvegarde concernant les importations de viande porcine (relèvement des droits de douane pour faire face au brusque gonflement des importations) limite les importations pendant la fin de 2001 et le début de 2002. Cependant, les inquiétudes suscitées par l’ESB et l’évolution des préférences des consommateurs japonais au profit des viandes autres que la viande bovine ont provoqué une hausse de près de 30 pour cent des livraisons de viande porcine fin 2001, ce qui a fait grimper de 25 pour cent les prix japonais à l’importation. Il est prévu que les importations de ce pays, qui représente le plus grand marché de viande porcine, restent élevées en 2002, même s’il est probable que la mesure de sauvegarde entre de nouveau automatiquement en vigueur en 2002. Une forte demande d’importation est également attendue de la part de Hong Kong RAS, de la République de Corée, du Mexique et de la Fédération de Russie. La vive concurrence exercée par l’industrie canadienne de la viande porcine et la valeur élevée de la devise américaine devraient entraîner une réduction des exportations des États-Unis en 2002, tandis que les prix modérés enregistrés dans la CE et au Brésil, dans le contexte d’une hausse de la production, favoriseront probablement les expéditions de produits. Dans l’intervalle, le parfait état de santé du secteur de l’élevage porcin en République de Corée pourrait se traduire par une reprise des exportations vers le Japon après une interruption de deux ans pour cause de fièvre aphteuse.


Previous PageTop Of PageTable Of ContentsNext Page