FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.2 - mai 2002 - P.13

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Lait et produits laitiers

Augmentation de la production laitière en 2002

Demande d’importation

Évolution des prix

Depuis le milieu de 2001, les cours internationaux ont fortement chuté, les prix de la plupart des produits laitiers tombant à des niveaux rarement observés au cours de la dernière décennie. En avril 2002, l’indice FAO des prix laitiers était de 85, contre 121 en avril 2001. Ce recul des prix a concerné tous les produits, mais c’est le lait en poudre qui a été le plus touché: les prix d’avril 2002 pour le lait entier et écrémé en poudre ont été inférieurs d’environ 30 pour cent à ceux de 2001. Pendant la même période, le beurre a chuté de 22 pour cent, la caséine acide de 19 pour cent et le cheddar de 7 pour cent. Ce recul très net des prix a été attribué à la réduction de la demande d’importation sur certains grands marchés d’Asie du Sud-Est et d’Amérique latine et à la constitution de stocks non engagés dans les principaux pays exportateurs de produits laitiers, notamment la Nouvelle-Zélande, l’Australie, l’Argentine, les États-Unis et la CE. Il semblerait que ce soit le deuxième de ces deux facteurs qui ait eu le plus d’influence sur la chute des prix, car les exportateurs ont cherché à défendre leurs marchés face aux prix réduits de leurs concurrents. Afin d’être réellement compétitifs sur le marché mondial, un certain nombre de pays de l’hémisphère Nord, qui ont le droit d’avoir recours aux primes à l’exportation au titre de l’Accord du cycle de l’Uruguay de l’Organisation mondiale du commerce, ont relevé le montant de ces primes. C’est ainsi que les primes mensuelles à l’exportation payées en moyenne par les États-Unis pour le lait écrémé en poudre ont été portées de 386 dollars E.-U. la tonne en décembre à 864 dollars en mars. Pendant la même période, les primes à l’exportation de la CE relatives au lait écrémé en poudre sont passées de 200 euros la tonne (environ 181 dollars E.-U. la tonne) à 500 euros la tonne (environ 441 dollars E.-U. la tonne); par la suite, le 11 avril, la CE a porté sa prime à 650 euros la tonne.

Il est apparu en avril 2002 que les cours internationaux des produits laitiers s’étaient stabilisés, à des niveaux extrêmement bas cependant. Cette évolution est due à un meilleur équilibre de l’offre et de la demande, avec en particulier la diminution du volume des produits laitiers non vendus en Océanie. Par ailleurs, aucun nouvel accroissement des primes à l’exportation des États-Unis et de la CE n’est prévu, au moins jusqu’au début de leur prochaine année d’engagement au titre de l’OMC (juillet-juin), ce qui enlève aux importateurs tout espoir de baisse ultérieure des prix.

Prix indicatifs d’exportation des produits laitiers

2001 2002
avril 1/ février mars avril
  ( . . dollars E.-U./tonne, f.o.b. . . )
Lait écrémé
en poudre
2 038 1 574 1 473 1 371
Lait entier en
poudre
2 000 1 549 1 488 1 416
Caséine acide 5 300 4 600 4 449 4 280
Fromage
(Cheddar)
2 025 1 987 1 924 1 880
Beurre 1 275 1 094 1 036 1 001
Source  : Point médian de la fourchette de prix publiée par le Farmnet (Nouvelle-Zélande).
1/ Point médian de la fourchette de prix publiée par le New Zealand Dairy Board.

Augmentation de la production laitière en 2002

En 2002, la production mondiale de lait devrait augmenter de 1,5 pour cent. En Océanie, il est prévu que la production de la Nouvelle-Zélande pour la campagne laitière 2001/02 dépasse de 3 à 4 pour cent celle de l’an dernier – qui a été un record. En Australie, dans le principal État producteur, Victoria, les précipitations ont été supérieures à la moyenne pendant la campagne de production 2001/02, permettant aux herbages de se développer de manière satisfaisante, ce qui a eu des répercussions sur la production. En conséquence, la production laitière de la campagne en cours en Australie devrait dépasser de 5 pour cent celle de l’an dernier, qui avait souffert de la sécheresse dans certaines régions du pays. Au vu de ce qui précède, on prévoit pour la campagne laitière en cours, une production de lait de 13,7 millions de tonnes en Nouvelle-Zélande et de 11,4 millions de tonnes en Australie. Dans les deux pays, le cheptel laitier est en augmentation. Dans le cas de la Nouvelle-Zélande, cet accroissement se produit surtout dans l’Île du Sud, plus sèche, et est largement tributaire des pâturages irrigués. En conséquence, la part actuelle de l’Île du Sud dans la production nationale de lait (20 pour cent) devrait nettement augmenter dans les dix prochaines années. Pendant les quatre premiers mois de 2002, les monnaies nationales de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie ont gagné respectivement 8 pour cent et 6 pour cent par rapport au dollar E.-U. Les prix internationaux des produits laitiers étant établis en dollars E.-U., l’appréciation de la monnaie aura pour effet d’amplifier la chute des cours mondiaux, exprimés en monnaie locale. Il s’ensuivra une importante baisse des revenus des agriculteurs, atteignant peut-être 30 pour cent, qui touchera plus fortement la Nouvelle-Zélande où 96 pour cent du lait produit est exporté sous forme de produits laitiers. Ce fléchissement des revenus risque de ralentir la croissance de la production en Océanie pendant la prochaine campagne laitière 2002/03.

Production de lait

2000 2001
estim.
2002
prévis.
  (. . . . millions de tonnes . . . .)
TOTAL MONDIAL 579,5 584,0 592,5
CE 125,9 125,2 125,0
Inde 79,3 81,0 83,0
États-Unis 76,0 75,2 76,8
Féd. de Russie 32,2 32,9 33,5
Pakistan 26,3 27,0 27,7
Brésil 22,3 22,7 23,4
Nouvelle-Zélande 12,8 13,7 14,1
Ukraine 12,7 13,5 14,0
Pologne 11,9 12,0 12,2
Australie 11,2 10,9 11,4
Mexique 9,4 9,5 9,7
Argentine 9,8 9,5 9,0
Source: FAO

Aux États-Unis, la production de lait devrait se redresser en 2002 après le recul enregistré en 2001. La croissance a été soutenue par le faible niveau des prix des aliments pour animaux, avantageux pour les agriculteurs. Dans plusieurs autres pays développés (CE, Canada, Japon et Suisse), la production est assujettie à des politiques restrictives et, par conséquent, varie peu d’une année sur l’autre.

En Europe de l’Est, la production laitière de 2002 devrait être plus abondante qu’en 2001. Dans la plupart des pays de la région, on enregistre une croissance de la demande de lait et de produits laitiers, associée à la croissance économique. La demande de produits laitiers ayant fortement chuté dans les années 90 dans cette région du monde, le potentiel de croissance de la consommation devrait être important. Dans certains pays, la perspective de l’adhésion à l’Union européenne incite les agriculteurs à augmenter la production de lait, dans le but d’obtenir davantage de quotas de production après l’entrée officielle dans l’Union. Par ailleurs, en Europe de l’Est, par exemple en Pologne et en Hongrie, l’élan donné par l’adhésion imminente à la CE a entraîné un renforcement des normes de qualité pour le lait et les produits laitiers - ce qui a eu pour résultat de réduire le nombre des petits producteurs, dont certains ne pourront satisfaire aux nouvelles prescriptions. La croissance de la production dans la région est essentiellement liée au relèvement du rendement unitaire découlant de l’amélioration de la génétique et de l’alimentation. Il s’ensuit que, si la production a augmenté, la taille du cheptel laitier a diminué dans de nombreux pays.

Après dix ans de baisse, la production laitière de la Fédération de Russie semble s’être stabilisée et pourrait augmenter légèrement en 2002; même si la taille du cheptel laitier continue de diminuer, les disponibilités d’aliments pour animaux se sont améliorées, ce qui a permis de relever le rendement unitaire. La production russe se détourne des grandes exploitations dirigées auparavant par l’État pour s’orienter de plus en plus vers la production dans de petites exploitations privées. De même, en Ukraine, où elle a nettement chuté tout au long des années 90, la production de lait aurait augmenté en 2002 d’après les estimations du Ministère de l’agriculture.

Dans les pays en développement, la croissance de la production laitière devrait se poursuivre. En Asie, la production de l’Inde pendant la campagne de commercialisation 2002/03 (avril/mars) pourrait atteindre 83 millions de tonnes. Cet accroissement est dû à l’amélioration du rendement par animal plutôt qu’à une augmentation du cheptel. La meilleure commercialisation des produits laitiers, liée en partie à la progression de la demande urbaine et à la plus grande participation du secteur privé à l’industrie laitière, a donné un coup de fouet à la production. En Chine, il est également prévu que la production laitière augmente du fait de la forte demande des consommateurs et de la rentabilité des activités laitières par rapport à d’autres productions agricoles, telles que les céréales. En Indonésie, les bonnes pluies du début de l’année ont été très bénéfiques au développement des herbages. Ce facteur, conjugué à la progression de la demande intérieure, pourrait se traduire par une hausse de la production de lait de 5 pour cent en 2002. En Thaïlande, une légère augmentation de la production laitière, liée à l’accroissement du cheptel plutôt qu’au relèvement du rendement unitaire, est attendue. Parmi les nombreux pays d’Asie du Sud-Est, la demande de produits laitiers continue de progresser en Thaïlande, à mesure que le régime alimentaire de la population se diversifie.

En Amérique latine, l’évolution de la production laitière sera probablement variable en 2002. En Argentine, elle devrait reculer de nouveau en 2002, après la production réduite de 2001. Le principal facteur responsable de cette baisse est l’abandon de ce secteur d’activité par les agriculteurs en raison de l’insuffisance des bénéfices. En outre, les cultures fourragères ont souffert des inondations dans certaines régions du pays à la fin de 2001, ce qui a réduit les disponibilités d’aliments pour animaux au cours du premier semestre de 2002. En revanche, l’augmentation du cheptel devrait se traduire par une progression de la production de lait au Chili, où les stocks de fourrage et d’aliments pour animaux seraient abondants; cependant, cette croissance pourrait pâtir de la réduction des prix du lait au producteur, en oeuvre depuis novembre 2001. L’Uruguay a également connu des conditions favorables aux cultures d’ensilage et les prévisions indiquent une production de lait en augmentation en 2002. Au Brésil, la production pourrait également progresser en 2002; cependant, les faibles prix au producteur risquent de ralentir la croissance. Ailleurs en Amérique latine, la sécheresse de l’été au Venezuela pourrait entraîner un fléchissement de la production laitière en 2002, tandis qu’au Mexique, les améliorations génétiques et technologiques dans le secteur des grandes exploitations devraient être les principaux facteurs responsables de l’accroissement de 2 pour cent prévu cette année.

Au Kenya, les producteurs laitiers ont eu accès à un plus grand nombre d’acheteurs après l’effondrement de la principale laiterie du pays, la coopérative laitière du Kenya, car les marchands de lait traditionnels et les laiteries commerciales récemment créées se font concurrence pour les approvisionnements. Les prix favorables, atteignant dans la région de 0,20 à 0,25 dollar E.-U. le kg, devraient encourager le développement de la production de lait.

Demande d’importation

La faiblesse des cours internationaux pourrait avoir pour conséquence un accroissement des achats de lait en poudre par certains pays d’Asie du Sud-Est et par la Chine. Ailleurs, les importations des pays d’Amérique centrale, ainsi que les importants marchés du Mexique et de l’Algérie, pourraient se développer. En revanche, les importations de produits laitiers du Brésil devraient se maintenir à un faible niveau, car les produits nationaux sont très compétitifs après la dévaluation du real. Ainsi, la situation de 2001, année pendant laquelle les importations brésiliennes de lait en poudre n’ont représenté que 40 pour cent de celles de l’année précédente, se prolonge. La demande d’importation de beurre et de fromage de la Fédération de Russie pourrait augmenter du fait de la croissance économique. Pour les pays de l’Europe de l’Est et les pays baltes qui sont traditionnellement des exportateurs de produits laitiers – Pologne, Lettonie et République tchèque – la croissance de la demande intérieure pourrait se traduire par une réduction des disponibilités exportables en 2002. L’Océanie devrait disposer de plus grandes quantités de fromage et de lait entier en poudre pour l’exportation. En Amérique du Sud, la réduction des importations du Brésil conduira l’Argentine et l’Uruguay, ses partenaires du Mercosur, à chercher des marchés ailleurs en Amérique latine ou plus loin. En réalité, dans les circonstances actuelles, le Brésil pourrait lui- même exporter du lait en poudre au moment le plus fort de sa campagne de production.

Évolution des prix

L’évolution des prix jusqu'à la fin de 2002 reste incertaine. Les cours internationaux ont, semble-t-il, chuté à des niveaux rarement atteints.

Les prix pourraient se redresser au cours du second semestre, en fonction du volume des disponibilités et du maintien de la demande d’importation. Si cette hausse des prix a effectivement lieu, elle concernera avant tout les laits en poudre - de manière notamment à compenser la forte baisse du cours de ces produits depuis le second semestre 2001. Les prix du fromage pourraient eux aussi augmenter. Compte tenu de la faible intensité de la demande internationale, le prix du beurre pourrait rester assez bas jusqu'à la fin de 2002.


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