SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL


RAPPORT SPÉCIAL

MISSION FAO/PAM D’ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES
AU MALAWI

29 mai 2002

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Faits saillants

  • La production de maïs de 2002 est estimée à 1 539 000 tonnes, c’est-à-dire qu’elle est de 10 pour cent inférieure à celle de la mauvaise récolte de l’année dernière. L’irrégularité des pluies et les longues périodes de sécheresse en sont la principale cause.

  • Pour la campagne de commercialisation 2002/2003 (avril-mars), l’approvisionnement en céréales est estimé à 1,721 million de tonnes alors que les besoins nationaux sont estimés à 2,206 millions de tonnes: les besoins d’importation s’élèvent donc à 485 000 tonnes.

  • On prévoit que les importations commerciales de céréales s’élèveront à 225 000 tonnes et que les besoins d’aide alimentaire qui devront être couverts par le gouvernement et l’aide extérieure seront de 208 000 tonnes.

  • Quelque 3,2 millions de personnes gravement affectées par la réduction des disponibilités alimentaires et la baisse de leur pouvoir d’achat ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence que l’on estime à environ 207 689 tonnes de céréales – avant tout de maïs.

  • La production intérieure de racines et de tubercules a augmenté et elle contribuera à pallier les pénuries de maïs dans de nombreuses régions.

  • La fourniture d’urgence d’intrants agricoles – semences de maïs et de haricots, engrais et houes à main – est recommandée pour aider les ménages agricoles affectés à mener à bien les cultures d’hiver dans les zones humides et irriguées en mai-juin et celles de la principale campagne de semailles d’octobre-novembre. La multiplication rapide des boutures de manioc et la fourniture de pompes à pédales sont recommandées dans le cadre des mesures destinées à améliorer la sécurité alimentaire des ménages.

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1. VUE D’ENSEMBLE

Divers facteurs, dont la mauvaise récolte de 2000/2001, le très faible niveau des stocks de maïs, la hausse rapide du prix des produits alimentaires, l’arrivée tardive des pluies de semis de la campagne 2001/2002, des inondations dans plusieurs districts et une période de sécheresse au début de 2002, annonçaient l’apparition d’une crise alimentaire au Malawi. C’est pourquoi, à la fin de février, le gouvernement a déclaré un état de catastrophe nationale et a demandé à la FAO et au PAM de réaliser une évaluation de la situation alimentaire du pays. Une mission FAO/PAM d’évaluation des cultures et des disponibilités alimentaires s’est donc rendue au Malawi du 21 avril au 11 mai 2002. Elle avait pour mission d’évaluer la production agricole de la campagne 2001/2002, d’estimer le niveau des stocks alimentaires existants, d’examiner la situation d’ensemble des disponibilités alimentaires, et de préparer un bilan alimentaire au niveau du pays indiquant l’ampleur du déficit vivrier. Un représentant du Service régional d’alerte rapide de la SADC participait à la mission en tant qu’observateur.

A Lilongwe, la mission s’est entretenue avec le personnel de divers départements du Ministère de l’agriculture et de l’irrigation (MAI), de l’Agence nationale des réserves alimentaires (NFRA), de la Société de développement de la commercialisation des produits agricoles (ADMARC), de la Banque du Malawi, d’organismes de l’ONU, d’autres organisations internationales et bilatérales et d’ONG. En outre, la mission a reçu une importante documentation préparée par le gouvernement et d’autres agences non-gouvernementales sur les conditions météorologiques, les dernières évaluations et prévisions de récolte et les pénuries alimentaires déclarées. Surtout, elle a eu accès à la deuxième série d’estimations de la production agricole préparée en mars 2002 par le MAI.

Après cette première mise au courant, la mission s’est scindée en deux équipes pour visiter la partie sud du pays, et en trois équipes pour la partie nord. Entre elles, ces équipes se sont rendues dans les huit Divisions de développement agricole (DDA) et les 26 districts du pays. Dans chaque siège de DDA et de district, elles se sont entretenues avec les fonctionnaires du MAI et d’autres organes du gouvernement afin de déterminer si la deuxième série d’estimations était toujours valide ou non. Elles ont passé beaucoup de temps sur le terrain pour observer et évaluer les cultures sur pied et discuter avec les exploitants de l’expérience de la campagne d’été, des perspectives de la campagne d’hiver et la manière dont ils envisageaient leur sécurité alimentaire actuelle et au cours des 12 mois à venir. Elles se sont rendues sur les marchés pour observer la disponibilité et le prix des produits de base et elles ont discuté de la campagne actuelle avec les petits négociants et les propriétaires des petites minoteries de maïs. Elles se sont aussi entretenues avec des fonctionnaires de services de santé afin d’avoir une idée des conséquences des récentes pénuries vivrières sur la santé de la population.

A son retour à Lilongwe, la mission a présenté ses conclusions préliminaires au gouvernement et aux organismes donateurs.

Le maïs est l’aliment de base préféré de la vaste majorité des Malawiens et toute pénurie de maïs est considérée comme une pénurie alimentaire. La mauvaise récolte de maïs de la campagne 2000/2001 a créé de graves pénuries vers la fin de 2001 et pendant les trois premiers mois de 2002. Les espoirs d’une récolte meilleure en 2001/2002 ont été réduits à néant par des inondations dans plusieurs régions, suivies par une longue période de sécheresse sur pratiquement l’ensemble du pays pendant les mois critiques de février et mars. De plus, on prévoit que la récolte réelle sera inférieure aux estimations de la deuxième série du fait de l’ampleur de la consommation avant récolte de riz sur pied, conséquence des pénuries causées par la mauvaise récolte de l’an dernier. Sans pratiquement aucun stock de report et une récolte prévue de seulement 1,54 million de tonnes de maïs, la production intérieure ne pourra satisfaire la demande de maïs, de 1,72 million de tonnes pour la seule consommation humaine (chiffre fondé sur le taux de consommation de 151 kg/personne/an). Si l’on tient compte de tous les besoins en céréales (semences, nourriture animale, pertes, etc.), les besoins d’importation du pays se montent à quelque 485 000 tonnes. La production de racines et de tubercules a sensiblement augmenté ces dernières années et ces cultures sont acceptées comme contribuant à la sécurité alimentaire des ménages. Elles contribueront à réduire le déficit céréalier. On estime que les importations commerciales de céréales se monteront à 277 000 tonnes et l’aide alimentaire à 207 687 tonnes pour satisfaire les besoins de quelque 3,2 millions d’individus affectés par la baisse combinée de la disponibilité des produits alimentaires et de leur pouvoir d’achat.

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2. CONTEXTE SOCIO-ÉCONOMIQUE

2.1 La situation macro-économique

Au cours des vingt dernières années, le Malawi a dû faire face à deux grands défis économiques : réduire le niveau de la pauvreté absolue et résorber le déficit budgétaire. Les stratégies de lutte contre la pauvreté ont inclus la libéralisation des marchés intérieurs, l’assouplissement des dispositions de commercialisation des produits agricoles, la privatisation des entreprises parapubliques et la mise en route de programmes de développement rural précis. Dans l’ensemble, la base de production ne s’est pas sensiblement diversifiée, l’agriculture restant de loin le secteur le plus important. Entre 1981 et 2001, la croissance réelle du PIB a été en moyenne de 3 pour cent par an.

En décembre 2000, le FMI a approuvé une facilité triennale pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance qui officialisait l’objectif de réduction de la pauvreté et mettait l’accent sur les réformes de la politique fiscale et la promotion du développement du secteur privé et de l’investissement.

L’instabilité macro-économique a été un problème majeur ces dernières années. Le gouvernement a tenté de maîtriser les dépenses publiques en introduisant un cadre à moyen terme des dépenses mais on pense qu’il ne sera pas en mesure d’atteindre son objectif, de ramener le déficit budgétaire à 1,9 pour cent du PIB en 2001/2002. De 60 à 70 pour cent des dépenses du gouvernement sont financées par des sources extérieures, sous forme de dons et de prêts. On a vu une croissance rapide des disponibilités monétaires et de l’inflation et la Banque du Malawi a couvert le déficit de budget du gouvernement par des crédits internes. Les autorités ont eu recours à des opérations sur le marché ouvert, avant tout des émissions de bons du trésor, pour essayer de minimiser l’effet inflationniste des emprunts du secteur public et pour étayer la monnaie nationale, le kwacha malawien. Elles se sont traduites par une hausse des taux d’intérêt réel et nominal.

Dans le passé, l’inflation élevée a rendu le kwacha vulnérable aux dépréciations mais en 2001, une rare appréciation de la monnaie a causé des inquiétudes aux négociants qui avaient signé des contrats à terme en dollars E.-U. On s’attend à ce que les recettes d’exportation du tabac augmentent cette année après le passage à la production de tabac séché en carneau, à plus forte valeur, et l’amélioration de la qualité de la récolte de tabac Burley. Cependant, la baisse des cours internationaux du café et du thé va réduire les recettes d’exportations de ces cultures.

La dette publique et garantie par l’État à long terme se montait à 2 596 millions de dollars E.-U. à la fin de 1999 et le service de la dette était de 44 millions de dollars E.-U. A la fin de 2000, le montant total des réserves en devises était de 248 millions de dollars, soit moins de six mois d’importations de marchandises et services.

2.2 Performance du secteur agricole

La production agricole, avant tout de tabac, génère plus de 90 pour cent des recettes d’exportation et 30-40 pour cent du PIB. Le secteur agricole est dualiste, avec d’un côté les petits exploitants et de l’autre les grands domaines. Traditionnellement, ces deux secteurs se distinguent sur la base des règles juridiques et institutionnelles qui régissent leur régime foncier, leurs cultures et leurs arrangements de commercialisation. Le sous-secteur des petits exploitants repose sur le système foncier traditionnel et se caractérise par une production de subsistance, générant la plus grande partie de la production alimentaire. La principale culture alimentaire est le maïs, suivi par le riz, le sorgho, les légumineuses, le manioc et les patates douces. Depuis le milieu des années 90, les petits exploitants ont le droit de produire des cultures industrielles/d’exportation, ce qui a amené une forte augmentation de la production, notamment de tabac. Les autres cultures de rapport sont le coton, les arachides et les légumineuses. Le sous-secteur des grands domaines comprend environ 14 700 propriétés couvrant quelque 850 000 ha de terres louées. Les principales cultures sont le tabac, le thé et la canne à sucre. Le sous-secteur des petites exploitations emploie environ 80 pour cent de la main d’œuvre, les grandes propriétés 11 pour cent.

Entre 1980 et 1993, la production agricole a augmenté au rythme annuel de 2,1 pour cent, soit une baisse par rapport au niveau record de 4,4 pour cent par an enregistré entre 1970 et 1980. Cela s’explique par la réduction brutale des achats de l’ADMARC en 1986/87: les achats de maïs sont tombés de 271 000 tonnes en 1985 à 59 500 tonnes en 1987, du fait des stocks excédentaires et des contraintes budgétaires de l’État. En outre, les prix garantis à la production ont été tenus pour réduire les dépenses du gouvernement et le prix du maïs est resté constant pendant trois ans de suite, jusqu’en 1997. Il en est résulté une baisse sensible des quantités commercialisées de maïs et un retour des pénuries alimentaires après de nombreuses années d’excédents.

Pendant les années 90, la production agricole a connu d’importantes fluctuations, causées avant tout par les sécheresses. La production de maïs qui avait chuté en 1996/97 a sensiblement rebondi en 1998/1999 et 1999/2000, fait que l’on attribue à l’utilisation accrue des intrants modernes (semences améliorées et engrais) dans le cadre du programme Starter Pack et à l’augmentation des superficies emblavées. Pendant la campagne 2000/2001, la distribution des intrants a été drastiquement réduite du fait de la faible participation des bailleurs de fonds au financement du programme et de la baisse de la disponibilité de crédits, suite aux importants défauts de paiement des agriculteurs en 1999/2000, causés par la faiblesse des prix du maïs.

2.3 Population

La taille de la population du Malawi est un sujet de dispute et elle a des répercussions importantes sur l’évaluation de la sécurité alimentaire du pays. Le chiffre utilisé par le MAI, de 11,44 millions d’habitants, se fonde sur un taux de croissance annuelle de 2,7 pour cent depuis le recensement de 1998, qui est plus élevé que le taux de croissance inter-recensement de 1,9 pour cent enregistré pendant la période 1989-1998. D’un autre côté, la US Center Intelligence Agency (CIA) qui prend explicitement en compte les effets de la forte mortalité attribuable au sida, prend comme base un taux de croissance annuelle de 1,5 pour cent seulement. Elle arrive donc à un chiffre de 10,6 millions d’habitants en 2001.

Aux fins du calcul des besoins vivriers du pays, la mission a retenu le chiffre de population donné par le gouvernement, de 11,44 millions d’habitants.

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3. PRODUCTION ALIMENTAIRE EN 2001/2002

3.1 Principaux facteurs affectant la production en 2001/2002

Crédit agricole

Les crédits à la disposition des petits exploitants ont été moins importants cette année à cause des mauvais remboursements des prêts en 2000/2001. Cette pénurie de crédit s’est traduite par une moindre capacité d’achat de semences et autres intrants.

Précipitations

Pour étudier les précipitations de la campagne agricole 2001/2002, la mission a examiné les récentes statistiques de l’ensemble du pays ainsi que les images satellite des trois campagnes d’été 1999/2000, 2000/2001 et 2001/2002. Ses membres se sont également entretenus avec les exploitants et les agents de vulgarisation des effets des pluies de la campagne sur la production agricole.

Sur la plus grande partie du territoire, la pluviosité a été le déterminant le plus important de la production agricole de la campagne 2001/2002. Les pluies de la mi-novembre ont encouragé de nombreux exploitants à faire des semis précoces, surtout dans les régions du centre et du sud où elles semblaient annoncer le début de la campagne. Dans de nombreux cas, cela s’est révélé faux et lorsque la levée s’est trouvée arrêtée par la sécheresse de la fin novembre et du début décembre, surtout dans les régions du centre et du nord, les exploitants se sont trouvés obligés de replanter plus tard. Des conditions plus sèches que la norme ont prévalu dans les régions du centre et du nord jusqu’à la mi-décembre – et les semis avaient déjà été sensiblement retardés dans une bonne partie du pays. A la fin de décembre et au début de janvier, des précipitations anormalement abondantes ont causé des inondations et des pertes de récolte dans certaines parties des trois régions du pays. Les pluies ont retrouvé leur rythme normal en janvier, laissant espérer qu’en dépit de tout, la récolte de maïs serait satisfaisante. Puis, vers la fin de février, alors que le maïs tardif entamait sa floraison, les précipitations ont brutalement diminué sur presque l’ensemble du pays. Les régions du centre et du sud ont été les plus touchées mais toutes les régions ont connu des précipitations inférieures à la norme jusqu’à la fin mars, lorsqu’elles sont redevenues normales ou supérieures à la norme. Les exploitants ont connu un nouveau revers pendant la deuxième semaine d’avril lorsque les précipitations se sont arrêtées brusquement dans presque tout le pays et surtout dans les régions du sud et du centre. Le maïs tardif a encore souffert.

Le démarrage tardif de la campagne, les inondations, les sécheresses de février-mars, et la fin précoce des précipitations en avril ont contribué à réduire la production de maïs cette année, alors même que la quantité totale de pluie mesurée jusqu’à la fin de mars n’était pas sensiblement différente de la normale. Les racines et les tubercules ont été relativement peu touchées et les précipitations supérieures à la normale du début avril dans de nombreuses régions ont facilité les semis de ces cultures. Cela devrait contribuer à réduire l’impact de la faible production de maïs sur la sécurité alimentaire du pays et des ménages. La figure 1 montre trois profils typiques de précipitation d’octobre 2001 à mars 2002 (dernier mois pour lequel la mission a pu recueillir des statistiques de précipitation).

Superficies emblavées

La superficie plantée en maïs en 2001/2002 – estimée à 1,49 million d’ha – est légèrement inférieure à celle de 1999/2000 ou de 2000/2001 – environ 1,51 million d’ha. Cette perte peut avoir été en partie compensée par une légère expansion des superficies en tabac, qui sont passées de 114 000 ha en 2000/2001 à 122 000 ha en 2001/2002, les exploitants espérant (à tort) une rentabilité financière accrue. De même, les superficies en arachides, qui sont considérées en partie comme une culture de rapport, ont augmenté ces dernières années. Les superficies en riz ont aussi progressé, passant de 44 000 ha en 1999/2000 à 57 000 ha en 2001/2002. Enfin, les superficies cultivées en racines et tubercules ont connu une expansion régulière ces dernières années, passant d’un total de 351 000 ha en 1999/2000 à 394 000 ha en 2000/2001 et à 431 000 ha en 2001/2002. (Ces chiffres ne sont cependant peut-être pas entièrement fiables, dans la mesure où ils peuvent inclure des superficies en cultures intercalaires mais ils n’en montrent pas moins une expansion régulière. Voir plus bas, la section Racines et tubercules pour plus de détails). Le Tableau 1 et la Figure 2 montrent l’évolution récente des superficies des principales cultures.

Tableau 1. Malawi: superficies des principales cultures (en milliers d’hectares), 1999/2000-2001/2002

  Maïs Riz Racines et
tubercules
1/
Arachides Tabac
2001/2002 1 488 57 431 209 122
2000/2001 1 507 50 394 189 114
1999/2000 1 507 44 351 176 119

1/ Les chiffres pour les racines et tubercules peuvent ne pas être fiables (voir texte).

Intrants agricoles

Dans de nombreuses régions, la faiblesse de la production de maïs est attribuée à la pénurie de semences, les semences de report ayant souvent été mangées du fait de la mauvaise récolte de la campagne précédente. Dans les régions où la saison des pluies avait connu un faux départ suivi par une période de relative sécheresse pendant laquelle les plants qui commençaient à sortir avaient séché sur pied, la nécessité de replanter a constitué un autre problème: les exploitants ne sont souvent trouvés sans semences après leurs premier semis. En 2001, le programme ciblé d’intrants de la DIFD avait été sensiblement réduit et de nombreux exploitants qui dépendaient de ce programme pour leurs semis d’été se sont trouvés déçus. D’un autre côté, la distribution tardive de semences d’hiver dans le cadre de ce programme a encouragé certains exploitants à les conserver pour les semis d’été de la campagne 2001/2002.

Une importante partie des superficies en maïs est plantée en hybrides – bien que le MAI encourage maintenant l’utilisation à plus grande échelle de variétés composites et à pollinisation libre – et il semblerait que dans de nombreux cas, les exploitants, dans l’incapacité d’acheter de nouvelles semences, aient planté les semences conservées de leur récolte d’hybrides, avec une baisse prévisible des rendements.

Dans de nombreuses régions, les exploitants ont eu des difficultés à obtenir des boutures de manioc et des lianes de patate douce. Cependant, les superficies en culture ont augmenté pour ces deux produits et le MAI encourage – avec succès – la création de pépinières capables de produire des plants.

Les petits exploitants malawiens achètent relativement peu d’engrais pour leurs cultures vivrières parce que leur prix, qui n’est plus subventionné, est souvent trop élevé pour eux. (Les prix actuels d’un sac de 25 kg d’urée, de 23.21.0 et de CAN sont environ de 1 060, 1 260 et 960 kwacha respectivement). Un grand nombre d’exploitants dépendent toujours des engrais distribués soit gratuitement soit dans le cadre du programme ciblé d’intrants ou du programme d’investissement dans la productivité agricole de la CE. La réduction de ces programmes en 2001 a eu un effet préjudiciable sur l’emploi des engrais et sur la production totale de maïs. Le MAI encourage activement le compostage.

Plantes adventices, ravageurs et maladies

Cette année, les plantes adventices ont sensiblement contribué à la baisse des rendements, étant donné que de nombreux exploitants, plus occupés que d’habitude à trouver de la nourriture en dehors de leurs fermes, ont passé moins de temps à désherber. Des infestations très localisées de striga ont été signalées, mais elles n’ont pas été très graves.

Des foyers de chenilles en troupe ont également été signalés dans un certain nombre d’endroits mais ils ont été maîtrisés. Les rendements du sorgho et du millet ont souffert des attaques de quélea, notamment dans la Shire Valley, mais la gravité de ces attaques n’a pas été exceptionnelle.

Pendant la campagne d’été, les maladies les plus graves du maïs ont été celles des taches et des striures noires qui ont causé des baisses sensibles de rendement dans certaines régions. Le sorgho a été victime du charbon et des cas de mildiou duveteux ont été enregistrés sur le millet d’Afrique mais, dans les deux cas, les niveaux d’incidence étaient proches de la norme.

3.2 Estimations de la production vivrière

Céréales

Après examen des observations de la mission, la deuxième série d’estimations de la production agricole a fait l’objet de quatre ajustements différents pour ce qui concerne le maïs.

  1. Etant donné que l’ampleur de la consommation de maïs avant la récolte pendant le mois de mars n’avait pas été prise en compte dans la deuxième série d’estimations, on a jugé nécessaire d’ajuster le chiffre de la production. On a considéré raisonnable de penser que 40 pour cent des 143 000 tonnes de maïs requis chaque mois pour la consommation avaient été consommés directement dans les champs en mars. On a donc appliqué un facteur de 4 pour cent au chiffre de la récolte d’été de chaque DDA, tel qu’il était donné dans la deuxième série d’estimations, ce qui a amené une réduction de 59 380 tonnes de la production nationale. (La consommation avant la récolte pendant le mois d’avril est considérée comme faisant partie de la production pour la campagne de commercialisation 2002/2003).

  2. Etant donné que la deuxième série d’estimations avait été réalisée avant la fin précoce des pluies d’avril, on a jugé nécessaire de faire un deuxième ajustement pour prendre en compte ce facteur. D’abord, on a évalué la proportion de la récolte affectée par la fin précoce des précipitations: elle varie d’un DDA à l’autre en fonction des différences de date de maturation des récoltes et de la fin des pluies. On a ensuite évalué dans quelle mesure le rendement de la partie affectée des cultures a été déprimé par la fin précoce des pluies. On a enfin appliqué ces deux facteurs aux récoltes toujours sur pied dans les champs au début de mars, c’est à dire après l’ajustement pour la consommation avant la récolte de mars. Les estimations totales ont donc été réduites de 42 133 tonnes supplémentaires.

  3. Du fait de la fin précoce des pluies en avril, le sol s’est trouvé plus sec que d’habitude au début de la campagne d’hiver. La deuxième série d’estimations se fondant sur l’hypothèse que les conditions d’humidité du sol au début de la campagne seraient normales, la mission a jugé nécessaire de réduire les chiffres de production du MAI pour le maïs d’hiver de 10 pour cent, soit de 14 148 tonnes.

  4. La deuxième série d’estimations avait été réalisée avant la fin du programme ciblé d’intrants pour le maïs d’hiver et ne prenait donc pas en compte la production supplémentaire attendue du fait de ce programme. Le rendement moyen du maïs d’hiver, fondé sur les estimations du MAI de la superficie et sur les chiffres de production corrigés pour tenir compte du faible niveau d’humidité dans le sol au début de la campagne, est de 1,53 tonne/ha. Le programme ciblé d’intrants porte sur 30 000 ha et le rendement moyen dans les parcelles du programme est de 2,5 tonnes/ha. On attend donc une augmentation de la production de 0,97 tonne/ha sur 30 000 ha, soit un total de 29 060 tonnes. (Les organisateurs du Programme ciblé prévoient une augmentation de 75 000 tonnes, se fondant sur l’hypothèse que toutes les parcelles couvertes par le programme sont des terrains qui soit ne seraient pas cultivés soit seraient plantés en une culture autre que le maïs. Or, la mission a conclu de ses entretiens avec les exploitants que la vaste majorité des parcelles couvertes par le programme étaient déjà destinées à recevoir du maïs d’hiver). Les chiffres incorporant ces ajustements sont donnés au Tableau 2.

La production de riz pour la campagne 2001/2002 est estimée à 94 400 tonnes; elle provient avant tout des DDA de Machinga et Salima et, sur l’ensemble du pays, le rendement moyen est de 1,67 tonne/ha. On prévoit que la récolte de sorgho et de millet sera de 37 800 et 20 500 tonnes, respectivement; au plan national, les rendements moyens sont de 0,69 et 0,60 tonne/ha.

Le blé pousse dans quelques parcelles des hautes terres, avant tout dans le DDA de Blantyre. En 2001/2002, on prévoit que sa contribution au solde vivrier sera de 2 400 tonnes.

On estime donc la production céréalière totale du Malawi à 1,69 millions de tonnes pour la campagne 2001/2002, comme le montre le Tableau 3. La Figure 3 illustre les tendances de la production des principales cultures vivrières pour les trois dernières années.

Racines et tubercules

Il est particulièrement difficile d’évaluer la production de manioc sur de grandes superficies. Les deux variétés de manioc, doux et amer, sont cultivées au Malawi et leurs périodes de maturation vont de huit mois à deux ans. Par conséquent, à tout moment donné, la superficie en culture ne peut donner qu’une idée très approximative de la quantité de manioc qui sera disponible dans les douze mois suivants. Dans le nord du pays et près du lac Malawi, notamment à Nkhata Bay, la population cultive surtout le manioc amer qu’elle considère comme son aliment de base. Mais dans la majorité des autres régions où le riz est considéré comme l’aliment de base, on cultive le manioc doux qui est consommé sous forme de «snack». Les chiffres officiels de la production de manioc de ces dernières années sont extrêmement élevés. Par exemple, les estimations de 2002 (deuxième série d’estimations de la production agricole) mettent la production totale du pays à plus de 3,5 millions de tonnes de poids frais, avec des rendements par DDA allant de 12 tonnes/ha (Shire Valley et Machinga) à 23 tonnes/ha (Mzuzu). Bien que le Malawi soit un bon producteur de manioc, ses conditions de culture notamment pour les variétés à cycle court plantées à la fin de la campagne d’été (réduction de la durée de l’ensoleillement au moment des semis, nuits fraîches et sécheresse au moment de son grossissement) ne sont pas idéales. Une grande partie du manioc est aussi cultivée en culture intercalaire. Compte tenu de ces facteurs, et aussi du fait que 3,5 millions de tonnes de manioc représentent plus de 300 kg de manioc par personne et par an, la mission considère, avec de nombreux agronomes malawiens, que les projections de la production pour la campagne 2001/2002 sont considérablement surestimées. Ce qui semble irréfutable, c’est que les superficies cultivées en manioc augmentent régulièrement et que les populations qui sont traditionnellement consommatrices de mais mangent de plus en plus de manioc. Cela est particulièrement évident cette année, après les pénuries de 2000/2001.

Les chiffres officiels du MAI pour la production de patates douces (plus de trois millions de tonnes de poids frais, avec un rendement moyen de 14 tonnes/ha) sont, comme ceux du manioc, considérés comme considérablement surestimés. (3,5 millions de tonnes de manioc et 3 millions de tonnes de patates douces donneraient plus d’une demi-tonne de plantes racines par habitant et par an, dans un pays où plus de 30 pour cent de la population a moins de 10 ans). La mission soupçonne que les superficies en culture et les rendements ont été surestimés, notamment du fait de l’inclusion dans les calculs des parcelles en cultures intercalaires. Cependant, comme dans le cas du manioc, les superficies cultivées en patates douces ont considérablement augmenté ces dernières années, de même que l’acceptabilité du produit comme aliment intéressant dans une population qui consomme avant tout du maïs.

Pour essayer d’estimer les quantités de manioc et de patates douces qui seront disponibles pendant la campagne de commercialisation en cours, la mission a déterminé qu’il serait réaliste de diviser les chiffres de production du MAI pour le manioc par 3,5 (en prenant en compte la surestimation possible des superficies en culture, la surestimation probable des rendements et la non-disponibilité pour l’année en cours des chiffres de production des variétés à cycle long). Pour les patates douces, elle a décidé de diviser les chiffres par 1,5 (pour prendre en compte la surestimation possible des superficies en culture et la surestimation probable des rendements). On arrive ainsi à une production de un million de tonnes de manioc et de deux millions de tonnes de patates douces.

Les pommes de terre sont cultivées en haute altitude dans certaines régions, notamment dans les Dedza Hills du DDA de Lilogwe mais aussi dans le DDA de Blantyre. Le MAI estime la production nationale à quelque 337 000 tonnes pour la campagne 2001/2002, soit une augmentation de plus de 50 000 tonnes par rapport à l’année précédente.

Les chiffres du MAI portant sur la production de racines et de tubercules pour les campagnes 2000/2001 et 2001/2002 sont donnés au Tableau 4.

Légumineuses

La production d’arachides de 2001/2002, estimée à plus de 175 000 tonnes, est supérieure à celle de chacune des deux années précédentes (155 000 tonnes en 2000/2001 et 122 000 tonnes en 1999/2000). La production estimée de légumes secs (avant tout haricots et pois cajan) de 2001/2002, légèrement supérieure à 300 000 tonnes, est similaire à celle de 2000/2001. Ce chiffre montre cependant une progression marquée par rapport à celui de 1999/2000, d’environ 267 000 tonnes.

Tableau 2. Production de maïs, 2001/2002, ajustée pour tenir compte de la consommation avant la récolte, de la fin précoce des pluies en avril, de la faible humidité des sols au début de la campagne d’hiver et du Programme ciblé d’intrants d’hiver.
(Superficie en milliers d’hectares, rendement tonnes/hectares, production en milliers de tonnes)

DDA   Estimations MAI
Deuxième série (S 2)
Production d’été Production d’hiver Produc-
tion
2001/2002
ajustée Programme ciblé d’intrants
Total Été Hiver S 2 moins consommation avant récolte %
affecté par la sécheresse tardive
Produc-tion. d’été affectée % de réduc- tion pour cause sécheres-se tardive Réduc-
tion produc-tion d’été
Produc-
tion d’été ajustée
S 2 moins 10% pour cause sécheres-se terre Augmen-
tion pour cause Programme ciblé
d’intrants
Produc-
tion
d’hiver
affectée
Karonga Superficie 35,90 33,50 2,40           33,50 2,40 1,50 2,40 35,90
  Rendement 1,33 1,32 1,47           1,26 1,32 1,18 2,06 1,31
  Production 47,70 44,20 3,50 42,40 5 2,10 10 0,20 42,20 3,20 1,8 4,90 47,20
Mzuzu Superficie 143,60 139,40 4,20           139,40 4,20 5,00 4,20 143,60
  Rendement 1,15 1,13 1,88           1,07 1,69 0,81 2,65 1,12
  Production 165,50 157,60 8,00 151,30 10 15,10 10 1,50 149,80 7,20 4,00 11,20 161,00
Kasungu Superficie 270,60 253,30 17,30           253,30 17,30 4,00 17,30 270,60
  Rendement 1,31 1,26 2,00           1,16 1,80 0,70 1,96 1,21
  Production 354,20 319,70 34,60 306,90 30 92,10 15 13,80 293,10 31,10 2,80 33,90 327,00
Salima Superficie 115,30 110,10 5,20           110,10 5,20 2,30 5,20 115,30
  Rendement 1,07 1,05 1,43           0,97 1,29 1,21 1,82 1,01
  Production 122,90 115,50 7,40 110,90 20 22,20 20 4,40 106,50 6,60 2,80 9,40 115,90
Lilongwe Superficie 285,40 269,60 15,80           269,60 15,80 4,60 15,80 285,40
  Rendement 1,07 1,02 1,89           0,94 1,70 0,80 1,94 0,99
  Production 304,90 275,00 29,90 264,00 30 79,20 15 11,90 252,20 26,90 3,70 30,60 282,70
Blantyre Superficie 236,00 232,90 3,00           232,90 3,00 3,00 3,00 236,00
  Rendement 1,11 1,10 1,80           1,05 1,62 0,88 2,50 1,06
  Production 261,80 256,40 5,40 246,10 10 24,60 10 2,50 243,70 4,90 2,70 7,50 251,20
Machinga Superficie 301,10 289,50 11,70           289,50 11,70 5,40 11,70 301,10
  Rendement 0,90 0,86 1,76           0,80 1,58 0,92 2,01 0,85
  Production 269,60 249,20 20,50 239,20 20 47,80 15 7,20 232,00 18,40 5,00 23,40 255,40
Shire Valley Superficie 98,90 75,30 23,60           75,30 23,60 4,50 23,60 98,90
  Rendement 1,00 0,89 1,37           0,84 1,23 1,27 1,47 0,99
  Production 99,20 67,00 32,30 64,30 10 6,40 10 0,60 63,60 29,00 5,70 34,80 98,40
Malawi Superficie 1 486,80 1 403,70 83,20           1 403,70 83,20 30,30 83,20 1 486,80
  Rendement 1,09 1,06 1,70           0,99 1,53 0,94 1,87 1,03
  Production 1 626,00 1 484,50 141,50 1 425,10   289,60   42,10 1 383,00 127,30 28,40 155,70 1 538,70

Tableau 3. Malawi: Superficie, rendement et production céréalière en 2001/2002 (respectivement en milliers d’hectares, tonnes/hectares, en milliers de tonnes)

DDA   Maïs Riz Sorgho Mil Blé Total céréales
Karonga Superficie 35,90 9,70 0,30 2,20 - 48,10
  Rendement 1,30 1,68 0,36 0,74 -  
  Production 47,20 16,30 0,10 1,60 - 65,10
Mzuzu Superficie 143,60 2,00 - 8,60 0,10 154,3
  Rendement 1,10 2,04 - 0,67 1,02  
  Production 161,00 4,20 - 5,70 0,10 171,00
Kasungu Superficie 270,60 0,30 0,10 0,80 0,04 271,80
  Rendement 1,20 1,30 0,57 0,46 1,32  
  Production 327,00 0,40 - 0,40 0,05 327,80
Salima Superficie 115,30 13,00 1,60 2,50 - 132,40
  Rendement 1,00 2,20 0,77 0,66 -  
  Production 115,90 26,0 1,20 1,70 - 144,70
Lilongwe Superficie 285,40 0,10 0,30 12,40 0,30 298,40
  Rendement 1,00 1,28 0,60 0,57 0,77  
  Production 282,70 0,10 0,20 7,10 0,20 290,30
Blantyre Superficie 236,00 7,10 26,30 1,20 2,50 273,10
  Rendement 1,10 1,08 0,73 0,48 0,80  
  Production 251,20 7,70 19,1 0,60 2,00 280,50
Machinga Superficie 301,10 19,60 18,5 1,10 - 340,40
  Rendement 0,80 1,76 0,75 0,52 -  
  Production 255,40 34,40 13,8 0,60 - 304,20
Shire Valley Superficie 98,90 4,80 7,40 5,30 - 116,40
  Rendement 1,00 1,16 0,45 0,54 -  
  Production 98,40 5,50 3,30 2,90 - 110,10
Malawi Superficie 1 486,80 56,60 54,40 34,10 2,90 1 634,90
  Rendement 1,03 1,67 0,69 0,60 0,81 -
  Production 1 538,70 94,40 37,80 20,50 2,40 1 693,80

Tableau 4. Malawi: Comparaison de la production de racines et tubercules , 2000/2001 et 2001/2002 (superficie en milliers d’hectares, rendement tonnes/hectares et production en milliers de tonnes)

DDA   Manioc Patates douces Pommes de terre
2000/2001 2001/2002 2000/2001 2001/2002 2000/2001 2001/2002
Karonga Superficie 14,2 15,4 6,6 6,4 0,3 0,0
  Rendement 15,7 17,8 17,2 16,2 10,0 8,9
  Production 223,8 274,5 113,4 104,0 2,8 0,3
Mzuzu Superficie 38,7 43,7 13,1 17,5 1,3 1,3
  Rendement 25,2 23,0 15,4 15,6 9,9 10,3
  Production 973,1 1005,0 200,9 274,2 12,6 13,2
Kasungu Superficie 16,6 18,5 24,7 30,3 2,2 2,2
  Rendement 14,7 15,3 13,5 13,9 12,5 12,3
  Production 245,4 282,6 332,1 423,2 27,3 26,5
Salima Superficie 27,5 30,2 11,0 14,9 - -
  Rendement 17,5 19,3 9,6 11,0 - -
  Production 482,3 581,7 105,4 164,1 - -
Lilongwe Superficie 20,2 23,5 24,0 26,2 15,3 18,4
  Rendement 13,8 14,6 14,7 15,3 13,7 14,0
  Production 278,3 344,0 353,5 401,2 209,8 256,4
Blantyre Superficie 40,4 42,7 62,8 65,2 3,6 4,1
  Rendement 12,9 13,2 12,9 13,5 19,4 19,0
  Production 519,7 563,7 808,4 881,3 69,6 78,1
Machinga Superficie 43,2 38,4 40,9 46,4 0,1 0,2
  Rendement 14,3 11,6 13,2 14,8 9,1 9,7
  Production 616,5 446,7 540,5 687,9 1,2 2,1
Shire Valley Superficie 1,5 1,6 9,6 10,0 - -
  Rendement 15,6 12,3 13,9 11,9 - -
  Production 23,3 20,2 132,6 118,9 - -
Malawi Superficie 202,3 214,0 192,5 217,0 22,8 26,2
  Rendement 16,6 16,4 13,4 14,1 14,2 14,4
  Production 3 362,4 3 518,3 2 586,8 3 054,8 3 23,3 3 76,7

3.3 Élevage et pâturages

A l’heure actuelle, l’état de santé du cheptel est bon et les pâturages sont considérés comme adéquats pour l’année prochaine. D’importantes quantités de bétail ont été vendues à des prix cassés pendant la période de pénurie alimentaire du début de 2002 par des familles ayant absolument besoin d’argent pour acheter du maïs et d’autres produits alimentaires. Certains de ces animaux ont sans doute été abattus mais on pense que la plupart d’entre eux ont simplement changé de propriétaire. Par conséquent, si l’effectif du cheptel n’a guère diminué, certains propriétaires ont des troupeaux beaucoup plus importants qu’avant alors que beaucoup d’autres ont perdu leur filet de sécurité contre de futures pénuries alimentaires.

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4. SITUATION AGRICOLE PAR DDA

Karonga

Il a commencé à pleuvoir de manière irrégulière au début de décembre mais ce n’est que dans la deuxième moitié du mois qu’il a plu suffisamment pour les semis. Dans certaines régions, les précipitations ont été excessives à la fin de l’année et quelque 1 850 ha de maïs auraient souffert d’inondations. Les précipitations de janvier et février ont été bonnes et elles ont quelque peu diminué en mars. Le fin précoce des pluies en avril a eu des conséquences moins dramatiques que dans d’autres régions du pays. Résultat de ces précipitations satisfaisantes, le degré d’humidité du sol est relativement élevé et l’on s’attend à une augmentation des semis de maïs d’hiver. En dépit de la réduction des superficies cultivées en maïs, les estimations de production de 2001/2002 sont plus élevées que celles de l’année dernière. Les récoltes de manioc, patates douces, riz, arachides, tabac et coton ont été bonnes; les superficies cultivées en tabac et en riz ont augmenté, exception faite de celle du riz d’été irrigué qui a diminué.

Mzuzu

Dans certaines régions, les pluies ont commencé en octobre, encourageant les exploitants à planter leur maïs mais elles ont été suivies par une période de sécheresse. Une partie des semis précoces a survécu mais une partie a séché et il a fallu replanter. La majeure partie du DDA n’a reçu de pluies suffisantes pour les semis que dans la deuxième moitié de décembre. Elles ont été bien distribuées sauf dans quelques régions qui ont connu de deux à trois semaines de sécheresse après la mi-février. Certaines parties du district de Rumphi ont connu de légères inondations. Les prévisions de la production de mais sont inférieures de quelque 20 000 tonnes par rapport à la récolte de l’an dernier. On a enregistré d’importantes augmentations des superficies en manioc et en patates douces. Selon certains rapports, des mycoses et des infestations de coléoptères auraient réduit les rendements des haricots. L’arrivée généralement tardive des pluies a causé des pénuries localisées d’eau et de pâturages pour le bétail.

Kasungu

Le district de Mchinji a été le premier à recevoir des pluies de semis à la mi-novembre, mais partout ailleurs, les précipitations sont arrivées tard en décembre: les dates des semis s’étalent donc sur une longue période dans le DDA. Après de bonnes pluies en janvier et février, la plupart des districts ont connu une sécheresse inhabituellement longue en mars. Les précipitations ont repris à la fin de mars mais elles se sont brutalement arrêtées au début d’avril. On prévoit que la production de maïs de ce DDA, qui est un des producteurs les plus importants du pays, sera de quelque 35 000 tonnes inférieure à celle de l’an passé. La plus grande partie de cette chute sera enregistrée dans les districts de Kasunga et de Mchinji. On s’attend à voir une augmentation de la production de manioc et de patates douces par rapport à 2000/2001, du fait surtout de l’expansion des superficies en culture. La production de tabac est en légère baisse par rapport à l’an dernier mais celle des arachides est en hausse.

Salima

La sécheresse qui a prévalu jusqu’à la mi-décembre a été suivie de fortes pluies qui ont causé des inondations dans la plus grande partie du DDA. Les précipitations sont redevenues plus normales en janvier et février et, dans le nord du DDA, se sont poursuivies jusqu’en mars. Mais le district de Salima a connu une sécheresse inhabituellement longue en mars. D’une manière générale, les pluies ont cessé en avril. On estime que la production de maïs sera semblable à celle de l’an dernier. En dépit de l’augmentation des superficies en riz par rapport à l’an dernier, on prévoit que la production sera environ la même. Les

superficies en manioc et en patates douces ont aussi augmenté et l’on prévoit que la production sera sensiblement plus importante; celle de patates douces devrait augmenter de quelque 50 pour cent.

Lilongwe

Les pluies ont eu un faux départ en octobre dans certaines régions du DDA et les exploitants ont souvent dû replanter plus tard dans la saison. Les bonnes pluies de semis ne sont arrivées que tard en décembre. Elles ont été normales en janvier et février mais ont été suivies par une longue période de sécheresse de la fin de février à la mi-mars, alors que le maïs avait atteint le stade de l’écimage et de l’épiaison. On prévoit que cette année la récolte de maïs sera d’environ 50 000 tonnes inférieure à celle de l’an dernier. D’un autre côté, on prévoit que la production de manioc et de patates douces va sensiblement augmenter. Le DDA de Lilongwe est le principal producteur de pommes de terre et on estime que la récolte de cette année sera de 256 000 tonnes – soit plus de 45 000 tonnes de plus que celle de l’année dernière, du fait de l’expansion des superficies en culture. La production de tabac sera aussi en hausse, pour la même raison.

Blantyre

Dans le DDA de Blantyre, les précipitations, et donc les semis, ont commencé à des dates très diverses. Thyolo a reçu de bonnes chutes de pluie en octobre mais, partout ailleurs, elles ont commencé à divers moments en novembre. Les fortes pluies de décembre ont causé des inondations dans tous les districts. La sécheresse qui a touché presque tout le DDA en janvier n’a guère eu d’effet sur la production agricole parce que le degré d’humidité du sol était suffisant pour protéger les plantes. Les pluies ont recommencé fin janvier et se sont poursuivies en février. Le DDA a connu une nouvelle période de sécheresse de la fin février à la mi-mars mais la plus grande partie de la récolte de maïs était déjà mûre. On estime que la superficie en culture et la production de maïs sont légèrement inférieures à celles de l’an dernier. Par contre, les superficies en culture et la production de manioc et de patates douces sont en hausse par rapport à l’an dernier.

Machinga

Le DDA a connu quelques précipitations en octobre et novembre mais les pluies de semis ne sont arrivées que tard en décembre. Elles étaient fortes et ont été suivies par une période de sécheresse en janvier mais, du fait de la forte teneur en humidité du sol, celle-ci n’a pas été très dévastatrice. Les pluies ont repris à la fin de janvier et se sont poursuivies en février causant d’importantes inondations et un fort engorgement hydrique et amenant une baisse des rendements sur quelque 4 000 ha de maïs. La sécheresse a refait son apparition à la fin de février et elle s’est poursuivie jusqu’à la mi-mars. Le maïs tardif en a fortement souffert, surtout dans le district de Mangochi. Les superficies plantées en maïs cette année sont supérieures à celles de l’an dernier mais on prévoit que la production sera moins importante. Par contre, on prévoit que la production de riz sera supérieure de près de 3 000 tonnes à celle de l’an dernier. Le DDA de Machinga est le seul où l’on a enregistré une réduction des superficies en manioc; par contre, les superficies en culture et la production de patates douces sont en hausse.

Shire Valley

Les pluies sont tombées de manière irrégulière à la fin de novembre et au début de décembre, causant de faux départs dans les semis et souvent obligeant les exploitants à replanter. Les bonnes pluies de semis sont arrivées dans la deuxième moitié de décembre, mais elles sont devenues très fortes et ont causé des inondations dans les bas-fonds. Après une courte période de sécheresse au début de janvier, les pluies ont repris, causant de nouvelles inondations à la fin du mois. Le temps est redevenu sec en février mais la plus grande partie du maïs était déjà mûr. On estime que la production de maïs sera légèrement inférieure à celle de l’an dernier. La sécheresse relative du début de la campagne d’hiver devrait avoir un impact sur la production de maïs d’hiver, qui est très importante dans ce DDA, surtout dans la plaine d’inondation du Shire. La production de coton n’est guère différente de celle des années précédentes.

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5. SITUATION DES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES

5.1 Condition des marchés

Le marché du maïs et des autres produits alimentaires de base est relativement libre au Malawi. Les prix sont déterminés par les forces du marché mais en période de pénurie, le gouvernement conserve un certain contrôle des prix à la consommation par le biais de la vente au détail par l’ADMARC des réserves stratégiques de céréales détenues par l’État. Les exportations sont en général interdites: elles ne sont autorisées que pendant les périodes d’excédent de la production.

Après la récolte record de 1999, une réserve stratégique de céréales de 167 000 tonnes a été constituée. Or cette réserve a été vendue tant sur le marché intérieur qu’à l’exportation entre le milieu de 2000 et le début de 2001. En mars 2002 – fin de la campagne de commercialisation 2001/2002 – et vu la grave pénurie de maïs sur le marché intérieur, l’Agence nationale des réserves alimentaires (NFRA) a importé 106 000 tonnes de maïs qui ont été canalisées vers le marché d’abord par l’ADMARC et des négociants privés puis par l’ADMARC seule, au prix fixe de 17 kwacha/kg – au taux de change en vigueur et compte tenu de la hausse du prix du maïs en Afrique du Sud (principale source des importations), ce prix comportait un élément de subvention.

Pendant la campagne de commercialisation 2001/2002, le prix du maïs a brutalement augmenté en août 2001 (Figure 4) pour atteindre une moyenne nationale de 32,5 kwacha/kg en janvier/février 2002, conséquence de la grave pénurie de maïs et de la lenteur d’arrivée des importations. Cette augmentation a considérablement réduit l’accès d’une importante partie de la population aux produits alimentaires.

5.2 Offre/demande des produits alimentaires pendant la campagne de commercialisation 2002/2003

Les prévisions du bilan offre/demande de céréales pour la campagne 2002/2003 sont données au Tableau 5; elles se fondent sur les paramètres et les hypothèses ci-après:

On estime les stocks en report en fin de campagne à 7 000 tonnes, minimum requis pour les opérations des minoteries. Toute reconstitution des réserves stratégiques, estimée à 60 000 tonnes, sera réalisée par appel à la concurrence pour les céréales importées à des conditions commerciales.

Tableau 5. Malawi: Bilan céréalier, avril 2002-mars 2003 (en milliers de tonnes)

  Maïs Riz Sorgho/Mil Blé Total
Disponibilités internes 1 563 96 58 4 1 721
Stocks d’ouverture 24 1 0 2 27
Production 1 539 95 58 2 1 694
Utilisation 1 996 100 58 52 2 206
Alimentation humaine 1 724 62 52 50 1 888
Autres usages 268 37 6 0 311
Stocks en report 4 1 0 2 7
Besoins d’importation 433 4 0 48 485
Importations commerciales (estimations) 225 4 0 48 277
Aide alimentaire 208 0 0 0 208

Les estimations d’importations commerciales (environ 225 000 tonnes) sont calculées sur la base des quantités prévues par la NFRA, les minoteries, les grandes sociétés de négociants du secteur privé et les autres négociants. Les entreprises ont déjà commencé à planifier en prévision des bouchons de circulation dans la sous-région en août/septembre. Les entrées transfrontalières non déclarées de céréales en provenance de Tanzanie et du Mozambique pourraient aussi être importantes, vu le prix élevé des céréales au Mozambique par rapport à celui des deux autres pays.

La production et la consommation de manioc et de patates douces ont augmenté ces dernières années à mesure que la production de maïs devenait de moins en moins fiable. Cependant, étant donné que les chiffres officiels de production semblent considérablement surestimés, il a été difficile à la mission de les intégrer dans les calculs des disponibilités alimentaires. En termes généraux, on peut néanmoins dire que d’importantes quantités de manioc et de patates douces seront disponibles pour la consommation pendant la campagne de commercialisation et qu’elles contribueront à réduire l’impact des pénuries de maïs dans de nombreuses régions.

L’aide alimentaire nécessaire est estimée à 208 000 tonnes: elle devra être couverte par des importations de l’État et l’aide alimentaire extérieure.

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6. ANALYSE DE LA VULNÉRABILITÉ DES MÉNAGES ET ESTIMATIONS DES BESOINS D’AIDE ALIMENTAIRE D’URGENCE

Pour affiner l’analyse de la vulnérabilité des ménages et estimer les besoins en aide alimentaire d’urgence, trois équipes d’évaluation sont venues s’adjoindre à la mission FAO/PAM sur le terrain. Elles se composaient de 15 professionnels du PAM, du PNUD, du gouvernement, du FEWSNet, d’ONG et de bailleurs de fonds et elles ont mené leurs recherches en même temps que les équipes de la mission FAO/PAM. Les membres des équipes d’évaluation de la vulnérabilité ont tous utilisé le même instrument d’évaluation pour mener plus de 200 interviews avec les membres des collectivités et des ménages, ce qui a facilité l’intégration de leurs résultats.

L’analyse qui suit de la vulnérabilité des ménages et des besoins d’aide alimentaire d’urgence se fonde sur les informations fournies par la mission FAO/PAM et sur l’évaluation complémentaire de l’analyse de vulnérabilité.

Vulnérabilité sous-jacente

La majorité des Malawiens est très susceptible aux perturbations dans l’accès et la disponibilité des produits alimentaires. Il existe à cela des raisons structurelles profondes (économiques, géographiques et politiques) mais aussi des caractéristiques qu’il serait possible de changer dans le court terme. Le Rapport du PNUD sur le développement humain consacré au Malawi estime que plus de 65 pour cent des habitants vivent en dessous du seuil de la pauvreté, ce qui fait du pays un des plus pauvres du monde. Le Malawi est un pays enclavé et l’infrastructure lui donnant accès aux principaux ports est en mauvais état, ce qui a un effet direct sur la disponibilité et le prix des produits de base.

Les activités agricoles sont le principal gagne-pain de plus de 80 pour cent des Malawiens et 82 pour cent des 50 pour cent des plus pauvres ont accès à la terre. Néanmoins, dans ce groupe, la taille moyenne de la parcelle d’un ménage est inférieure à 0,87 ha et la moyenne nationale est inférieure à 1 ha. De plus, la situation est aggravée par le fait que les terres les plus fertiles du pays (notamment dans les districts de Thyolo et Mulanje) sont exploitées par de grandes plantations privées qui cultivent du tabac, du thé, des noix de macadamia et d’autres cultures d’exportation qui ne contribuent pas directement à la sécurité alimentaire des pauvres ruraux (sauf au faible pourcentage de ceux qui travaillent dans ces plantations). D’une manière générale, les systèmes d’exploitation ne sont pas sophistiqués en matière de gestion de la fertilité des sols, de gestion de l’eau, de systèmes holistiques comprenant l’agro-foresterie et l’élevage. Le pourcentage des terres cultivées en maïs est anormalement élevé (environ 75 pour cent), surtout compte tenu de la sensibilité du maïs aux variations climatiques comparé aux cultures plus robustes comme le sorgho, le millet, le manioc et les patates douces.

Deux indicateurs de santé sont à la fois cause et conséquence de la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire et de la pauvreté. Sur l’ensemble du territoire malawien, une moyenne de 49,3 pour cent des enfants de moins de 5 ans souffre de retards de croissance (<2sd de la moyenne) avec certaines variations en fonction des districts – voir Tableau 6. Ces taux sont établis sur plusieurs années de surveillance nutritionnelle par l’UNICEF et ils sont donc représentatifs d’un problème chronique. De fait, l’évaluation de la pauvreté relative publiée par le gouvernement en décembre 2001 montre que les 50 pour cent les plus pauvres de la population ne consomment régulièrement que 1 800 calories par habitant et par jour alors que la norme préconisée par l’OMS est de 2 100 cal/hab/jour.

Les forts taux de prévalence du VIH/sida sont un autre indicateur de santé. Le taux de prévalence moyen au niveau du pays est de 19,5 pour cent avec, là encore, des variations en fonction des districts (Tableau 6). Les évaluations sur le terrain ont confirmé les liens directs entre la sécurité alimentaire des ménages et le VIH/sida – ce dernier causant notamment une perte de travailleurs valides au sein des ménages, la perte des envois de fonds des membres de la famille, l’adoption des orphelins par les personnes âgées, des ménages à la tête desquels on trouve des enfants, l’augmentation des dépenses de santé et pour les enterrements S’il est entendu que le VIH/sida s’attaque à tous les groupes sociaux, les femmes, les enfants et les vieillards, en tant que survivants de ses victimes, sont particulièrement frappés, du fait de leur manque relatif d’opportunités d’accès à un travail rémunéré par rapport aux hommes valides. Ce point fait l’objet d’une discussion plus longue dans la section ci-dessous sur les problèmes d’accès.

Tableau 6: Pourcentage des moins de cinq ans souffrant de retard de croissance,
et pourcentage de prévalence du VIH/sida, par district

Nom du district Rachitisme, moins de 5 ans < sd Prévalence VIH-sida
Chitipa 51,3 12,1
Karonga 38,8 16,9
Nkhata Bay 51,3 13,7
Rumphi 51,3 12,3
Mzimba 43,9 13,8
Likoma 51,3 21,9
Kasungu 47,4 12,6
Nkhotakota 51,3 12,6
Ntchisi 51,3 9,6
Dowa 51,3 10,1
Salima 54,6 21,8
Lilongwe 54,2 19,4
Mchinji 51,3 11,7
Dedza 51,3 10,1
Ntcheu 51,3 10,0
Mangochi 47,5 24,7
Machinga 44,5 24,4
Zomba 45,7 27,2
Chiradzulu 51,3 24,8
Blantyre 38,1 38,5
Mwanza 51,3 25,1
Thyolo 46,3 26,0
Mulanje 49,5 26,2
Phalombe 51,3 24,6
Chikwawa 51,3 25,8
Nsanje 51,3 25,7
Balaka 51,3 24,7
Moyenne 49,3 19,5

 Source: UNICEF et ONUSIDA, 2001

De plus, lorsque l’on essaie d’évaluer la vulnérabilité des ménages pendant la présente campagne de consommation (qui va jusqu’en mars 2003), il importe de se rappeler les conditions stressantes qu’a connu la majorité des exploitants agricoles au cours de l’année dernière. La faiblesse de la production et de l’extrême cherté du maïs ont causé une crise humanitaire telle que la majorité des familles agricoles n’a pas eu suffisamment à manger, notamment de novembre à avril. Cela a eu un impact direct sur le bien-être nutritionnel de la plupart des ménages (certaines personnes sont mortes d’inanition) et a sollicité au maximum leurs capacités d’adaptation (voir plus bas une discussion plus approfondie des mécanismes d’adaptation). L’Union européenne a réalisé une comparaison mois par mois de la nutrition en 2001 et 2002. En février, les cas de malnutrition grave avaient augmenté de 80 pour cent dans les dispensaires du pays. L’OMS a récemment terminé une évaluation sur le terrain des taux bruts de mortalité dans le pays pour les six mois précédant avril 2002, et est arrivée au taux effarant de 1,9 alors que tout taux supérieur à 1 est considéré comme signe d’une extrême anomalie. La situation des familles d’exploitants agricoles qui entrent dans la campagne de consommation actuelle est donc très précaire. Les précédentes années de stress vont sans aucun doute aggraver l’insécurité alimentaire de l’année qui vient. De plus, selon certaines indications préliminaires, la campagne agricole pourrait se trouver sous la menace de phénomènes El Niño. Si cela arrivait, les précédents au Malawi indiquent que la campagne agricole qui vient pourrait être encore pire que celle de l’an dernier.

Questions d’accès

Le prix du maïs est la clé de la sécurité alimentaire au Malawi. Le prix actuel (environ 12 kwacha /kg), en baisse sensible par rapport au pic de février (environ 30 kwacha/kg), est le reflet de l’arrivée de la nouvelle récolte. Ce qui est cause d’inquiétude est qu’il est déjà de quelque 60 pour cent supérieur à celui de l’année dernière à la même époque.

Sur la base des données mensuelles recueillies sur vingt marchés dans tout le pays, l’Office national de la statistique a calculé qu’en novembre 2001, les prix du maïs étaient de 250 pour cent supérieurs à ceux de novembre 2000 (18 kwacha/kg contre 7 kwacha/kg, respectivement) et qu’en mars 2002, ils étaient près de 400 pour cent plus élevés qu’en mars 2001 (30 kwacha/kg contre 7 kwacha/kg, respectivement). Même si l’ADMARC a vendu des quantités limitées de maïs au prix fixé de 17 kwacha/kg, cela n’en représentait pas moins une augmentation par rapport à l’année précédente (5 kwacha/kg). Le prix de l’ADMARC était le reflet du prix paritaire à l’importation d’Afrique du Sud en septembre 2001. Cependant, le nécessité d’importer du maïs découlait non seulement des faibles disponibilités dues à la mauvaise récolte de 2000/2001 mais aussi de l’apparente mauvaise gestion de la réserve stratégique nationale qui avait été vendue au début de l’année créant une pénurie de maïs dans les magasins de l’ADMARC partout dans le pays. L’augmentation brutale du prix du maïs a joué un rôle important dans l’apparition de la crise humanitaire de l’an dernier.

Les raisons principales des effets d’accès sur la sécurité alimentaire des ménages sont au nombre de trois: modalités de l’économie rurale, pouvoir d’achat des ménages et coûts anticipés du maïs nécessaire. D’abord, le maïs est la culture dominante en termes de production et de consommation puisqu’il entre à près de 80 pour cent dans l’alimentation des Malawiens. En temps normal, la vaste majorité des agriculteurs ruraux et surtout les ménages plus pauvres dépendent de leurs achats de maïs entre décembre et le moment de la récolte suivante. Or, du fait de la mauvaise récolte de l’année dernière, la plupart des agriculteurs ont commencé à acheter en octobre/novembre puisqu’ils avaient déjà consommé leurs propres stocks. On s’attend à ce que les achats commencent encore plus tôt cette année.

En deuxième lieu, le pouvoir d’achat des 50 pour cent des plus pauvres des Malawiens est extrêmement faible: leur valeur nette totale (toutes sources de revenu confondues plus valeur des produits consommés) est de l’ordre de 15-20 kwacha par ménage et par jour (selon l’Étude de la pauvreté relative au Malawi réalisée par le gouvernement en décembre 2001). Or, pendant les mois les plus critiques pour la sécurité alimentaire, le pouvoir d’achat par ménage est inférieur à 15-20 kwacha/jour parce que ce chiffre se fonde sur une distribution égale du revenu quotidien pendant toute l’année. Or, en décembre, le ménage type a déjà vendu et dépensé une grande partie du revenu de ses cultures de rapport, ce qui lui laisse des disponibilités proportionnellement moindres jusqu’à la récolte suivante. Le pauvre rural type compte sur des travaux intermittents (ganyu) comme source de revenu pour acheter de la nourriture pendant toute l’année mais surtout après décembre. Le taux de rémunération de ces travaux (20 kwacha/jour) n’a pas augmenté au cours des cinq dernières années en dépit de l’inflation. Le ganyu est du travail à la pièce généralement réalisé dans les exploitations du voisinage mais il n’est pas disponible chaque jour.

L’année prochaine, on s’attend à une augmentation du nombre des personnes cherchant du ganyu, ce qui se traduira par une baisse des opportunités de travail temporaire et des tarifs journaliers. Cette dynamique aura des répercussions directes sur les personnes âgées et les femmes, moins prioritaires sur le marché très compétitif du ganyu. La prévalence accrue des infections par VIH/sida exacerbe encore la disponibilité du travail temporaire, surtout pour les personnes âgées et les enfants. Vu l’importance des achats dans la consommation alimentaire des ménages plus pauvres et du recours au ganyu comme source de revenu, la perte de travailleurs valides a un effet direct sur le revenu du ménage et donc sur la possibilité d’acheter de la nourriture. Alors que les personnes âgées et les jeunes enfants peuvent travailler dans leurs propres exploitations et contribuer à satisfaire les besoins alimentaires du ménage, le marché du ganyu est très compétitif et la priorité est donnée aux individus plus vigoureux, ce qui fait du ganyu une option non viable pour les ménages où l’on compte un nombre disproportionné de personnes âgées et d’enfants. Ainsi, non seulement le VIH/sida mine-t-il la disponibilité de la nourriture et l’accès à celle-ci, il a également des répercussions particulièrement importantes au niveau des ménages sur les questions d’accès. Pour les Malawiens vivant en milieu rural, le VIH/sida va continuer d’avoir de graves conséquences sur la sécurité alimentaire.

Cette année, les prix des principales cultures de rapport (y compris le tabac et le coton) des petits exploitants sont à la baisse par rapport aux années précédentes. Certains fermiers vendent leur tabac à 15 kwacha/kg alors que le prix plancher aux enchères tourne autour de 78 kwacha/kg. Mais même ce prix plancher aux enchères est de quelque 50 pour cent inférieur à celui des dernières années. Ces prix vont se répercuter directement sur l’économie des ménages de la majorité des exploitants.

En troisième lieu, le ménage type de 5 personnes a besoin d’environ 2 kg de maïs pour sa consommation quotidienne, le complément calorique nécessaire provenant d’autres produits alimentaires. Si l’on pose que le pouvoir d’achat quotidien est de 15-20 kwacha/jour, le prix du maïs de décembre à mars de la dernière campagne était près de 200 fois plus élevé que ce que plus de 50 pour cent des ménages malawiens pouvaient se permettre de payer. Les prix du maïs étant déjà près de 60 pour cent plus élevés que ceux de la même période de l’an dernier, on peut s’attendre à les voir suivre la même trajectoire cette année et atteindre ou dépasser les prix de l’an dernier. Cette conclusion est étayée par une analyse des prix paritaires à l’importation pour le Malawi, pays enclavé, et par des entretiens avec des négociants privés qui indiquent qu’ils devront vendre leur maïs à un minimum de 24 kwacha/kg. Alors même que l’on peut prévoir que le prix sur le marché libre sera plus élevé, le prix minimum commercial du maïs est plus du double de ce que les 50 pour cent des plus pauvres de la population ne peuvent payer.

L’an dernier, les prix du maïs ont atteint des niveaux sans précédents, la demande d’achat a augmenté du fait des mauvaises récoltes et le pouvoir d’achat n’a été qu’une fraction de ce qui était nécessaire pour acheter l’alimentation des ménages. Tout laisse maintenant à penser que les prix record du maïs de l’an dernier vont se trouver égalés sinon dépassés, surtout si l’aide humanitaire vient à faire défaut. Ces questions d’accès font se poser la question de savoir dans quelle mesure le secteur commercial va pouvoir pallier la crise alimentaire de cette année, surtout pour les pauvres vivant en milieu rural (voir aussi plus bas).

Questions de disponibilité

On estime que la récolte de maïs de cette campagne sera de 1,54 million de tonnes, soit une baisse de 10 pour cent par rapport à l’estimation de récolte de l’année dernière. Ces estimations sont confirmées par nos enquêtes dans les ménages qui indiquent que les exploitants, dans leur majorité, s’attendent à ce que leur récolte ne dure que jusqu’en septembre/octobre alors qu’elle leur dure normalement jusqu’en décembre. La section 3 du présent rapport donne les raisons de cet état de choses et de la gravité du problème. De fait, du fait de l’irrégularité des précipitations, du manque d’intrants, de la consommation précoce et d’autres facteurs, un petit pourcentage d’exploitants prévoit que leur récolte ne leur durera que jusqu’en juin. Cette grave chute des disponibilités va avoir des répercussions négatives pour les exploitants, notamment en augmentant leur recours aux achats plus tôt que d’habitude et en faisant augmenter le prix du maïs du fait de l’augmentation de la demande.

La baisse de la production de maïs de la récolte principale sera compensée dans une certaine mesure par l’augmentation prévue de la campagne d’hiver normale et par celle des cultures de racines et de tubercules (voir la section 3.2 ci-dessus). Cela étant dit, on s’attend à une grave pénurie de céréales dans tout le pays, le déficit brut étant estimé à 485 000 tonnes. Les efforts combinés du gouvernement, des négociants commerciaux, des petits négociants et de la communauté humanitaire seront nécessaires pour le combler.

Stratégies d’adaptation

L’année dernière ayant été stressante, on peut demander aux exploitants ce qu’ils ont fait pour s’adapter et envisager le recours à des stratégies semblables pour cette année. Les interviews dans les ménages ont permis de définir un certain nombre de stratégies communément utilisées.

Parce qu’ils ont dû acheter plus de maïs l’an dernier et parce qu’ils n’avaient guère d’autres opportunités de générer des revenus, nombre de pauvres vivant en milieu rural ont eu recours au ganyu, s’il existait. Certains exploitants ont déclaré que si, en temps normal, ils employaient d’autres personnes dans leur exploitation, cette année ils avaient eux-mêmes dû chercher du travail. Si la recherche de ganyu est une stratégie normale, son utilisation accrue a un impact direct sur le temps que l’exploitant peut passer dans sa ferme: cela peut donc se traduire par une diminution de la rentabilité à long terme dans la mesure où l’exploitant cherche à satisfaire ses besoins immédiats.

Les ménages et les responsables de district ont noté que la majorité des exploitants avaient commencé à consommer prématurément leur récolte au cours de la dernière campagne. C’est là quelque chose de normal pour certains d’entre eux mais l’ampleur de la consommation et les montants consommés dépassent de loin la stratégie normale. Le bilan vivier (Tableau 5) prend en compte la consommation précoce du mois de mars.

On a signalé de très nombreux vols de manioc et de maïs partout dans le pays. Si, dans l’abstrait on peut envisager cela comme une redistribution des calories, en réalité cela a des conséquences néfastes sur la sécurité alimentaire des ménages ainsi que sur la cohésion sociale et la confiance des collectivités.

Bien que le cheptel ne soit pas très important dans le pays, les propriétaires de chèvres ou de poulets les ont vendus pour acheter des produits alimentaires. Cela s’est répercuté sur les prix, celui de la chèvre étant tombé d’environ 400 kwacha en année normale à 150 kwacha l’an dernier à la même époque, et celui du poulet étant tombé de 70 à 15 kwacha. La vente du cheptel est une stratégie d’adaptation classique qui montre comment les années successives de stress aggravent l’insécurité alimentaire – la vente de bétail destinée à permettre l’achat des produits alimentaires nécessaires cette année –l à réduit le potentiel de vente l’année de stress suivante, comme on l’attend cette année.

Certains ménages reconnaissent aussi avoir vendu leurs biens d’équipement, y compris leurs instruments de cuisine, leurs outils agricoles et d’autres articles. Dans certaines régions du pays, on a vu des migrations d’un district à l’autre de personnes cherchant du ganyu ou de la nourriture. Sauter un repas et/ou manger des racines inconnues ou quelquefois empoisonnées sont des stratégies aussi largement utilisées.

On peut s’attendre à voir réapparaître toutes ces stratégies désastreuses d’adaptation cette année, sauf intervention humanitaire d’envergure.

D’un autre côté, le choc de la campagne précédente et les inquiétudes concernant celle de cette année ont encouragé de nombreux exploitants à adopter des stratégies positives pour la campagne qui vient. Elles incluent la plantation de manioc et de patates douces (voir la section 3.2), la réduction des quantités de maïs vendu immédiatement après la récolte et la culture accrue de variétés de céréales résistant mieux à la sécheresse, notamment le millet et le sorgho. Ces stratégies contribueront à atténuer l’impact de la crise prévue et doivent être encouragées.

Distribution du problème et analyse des besoins vivriers

En combinant les données d’indicateurs secondaires tels que les taux de nutrition, la prévalence du VIH/sida, les prix du marché et la production agricole et les données primaires recueillies lors des évaluations sur le terrain, la mission a préparé une carte de la sévérité relative de la crise alimentaire prévue illustrant son ampleur par district (Carte1).

Carte 1. Ampleur estimée de la gravité relative de la crise alimentaire, par district

Les grandes différences dans la vulnérabilité entre les divers districts s’expliquent par les récoltes anticipées de la dernière campagne, l’accès à des sources de revenus autres que le ganyu, l’importance de la consommation de maïs comparée à celles des racines et des tubercules et la proximité des marchés étrangers (Tanzanie et Mozambique). L’analyse a été menée au niveau des 154 zones de vulgarisation planifiée et les résultats agrégés au niveau des districts. Cela signifie que dans certains districts, la crise peut ne pas être très sévère mais qu’on peut y trouver des enclaves où la situation sera grave pendant la campagne qui vient. Il faut également noter que l’on trouve dans la catégorie de crise peu grave les deux districts qui, selon les prévisions, n’auront pas besoin d’aide alimentaire ainsi que quelques autres dans lesquels 17 pour cent de la population aura besoin de cette aide. La carte illustre la répartition générale de la gravité de la crise dans le pays (voir le tableau 7 qui donne les détails par district).

Vu les effets combinés des moindres disponibilités alimentaires et des prévisions d’accès très réduit à l’alimentation (du fait de la baisse du pouvoir d’achat), l’évaluation recommande que l’on accorde à environ 3,2 millions de bénéficiaires une aide sous forme de 207 687 tonnes de maïs, afin d’éviter une crise humanitaire. Le niveau d’aide humanitaire recommandé au niveau national s’accorde avec les conclusions d’une récente étude Save the Children-UK Risk Map. L’analyse par district du Tableau 7 montre le pourcentage cumulatif des personnes qui auront besoin d’une aide alimentaire et les montants en tonnes métriques. Ces montants sont calculés sur la base d’une ration de 10 kg de maïs par personne et par mois: elle est inférieure à la ration complète de 15 kg car on a posé que les ménages auront accès à d’autres sources d’alimentation. En outre, d’autres considérations portant sur le panier de produits alimentaires n’ont pas été prises en compte ici alors qu’elles devraient l’être dans une enveloppe d’urgence, qui serait plus proche de la ration complète. Elle est aussi dans la logique des distributions antérieures d’aide alimentaire au Malawi où l’affectation de chaque ménage (en moyenne 5 personnes) avait été de 50 kg/mois. De plus, une distribution de rations de 10 kg par personne et par mois permettra de toucher plus de bénéficiaires avec ce qui sera probablement une aide alimentaire limitée.

Tableau 7. Estimations de l’aide alimentaire totale, par district

Région District Estimation
de la
population
2002
1/
Pourcentage
de la
population
touchée
Nombre total de
bénéficiaires
Total cumulatif en
tonnes de juin à mars
2003
Centre Salima 290 119 53 153 763 9 458
Sud Mangochi 698 246 39 269 988 17 503
Centre Lilongwe 1 594 011 38 610 413 37 806
Sud Blantyre 958 210 35 335 373 22 039
Sud Zomba 627 535 35 216 948 14 514
Centre Nkhota Kota 275 982 33 89 694 5 658
Centre Ntcheu 402 475 32 128 792 8 412
Sud Mwanza 154 531 30 46 875 3 127
Sud Mulanje 463 601 30 139 080 9 040
Sud Nsanje 206 201 30 61 860 4 207
Sud Balaka 286 732 30 86 020 6 021
Centre Dedza 550 372 30 163 277 10 329
Sud Machinga 423 576 26 111 189 7 148
Sud Phalombe 254 487 25 63 622 4 263
Centre Dowa 476 209 25 116 671 7 810
Nord Mzimba 727 937 23 167 425 10 628
Centre Ntchisi 199 071 21 41 805 2 867
Sud Chikwawa 398 136 20 80 954 5 866
Nord Rumphi 151 236 17 25 710 1 754
Sud Thyolo 502 948 17 83 825 5 868
Centre Kasungu 582 604 15 87 391 6 117
Centre Mchinji 378 586 14 53 002 3 824
Sud Chiradzulu 262 496 13 32 812 1 903
Nord Karonga 227 433 7 15 920 1 114
Nord Chitipa 148 194 4 5 928 415
Nord Nkhata Bay 190 427 0 0 0
Nord Likoma 8 646 0 0 0
TOTAL 11 440 000 28 3 188 337 207 689

1/ Les chiffres de population par district sont des estimations fondées sur le chiffre officiel de la population, de 11,44 millions d’habitants. Les pourcentages ont été calculés d’après le chiffre de la population par district lors du recensement de 1998.

La mission recommande une approche progressive en trois étapes. Dans la première (de juin à août), il sera venu en aide aux personnes souffrant des effets de report de la campagne précédente et/ou ayant eu une récolte minimale ou nulle pendant la présente campagne. Dans le deuxième temps (septembre-novembre), seront aidées les personnes dont les stocks ne devraient durer que jusqu’en août ou septembre. L’aide alimentaire leur fournira les intrants caloriques dont ils ont besoin et rendra moins impérative la nécessité de chercher du ganyu ou d’autres sources de revenu au risque de négliger leurs propres exploitations. La troisième période (décembre–mars 2003) sera la plus critique dans la mesure où prévoit que l’approvisionnement en maïs sera limité et/ou vendu à des prix hors de la portée des 50 pour cent des plus pauvres de la population. Les trois phases et les quantités recommandées (en tonnes métriques) sont données au Tableau 8.

Tableau 8: Phases et quantités d’aide alimentaire recommandées

Phase Pourcentage de la
population ayant
besoin d’aide
Nombre de
bénéficiaires
Tonnes
Juin-août 5 545 132 15 904
Septembre-novembre 19 2 141 699 64 250
Décembre-mars 2003 28 3 188 337 127 533
Totaux cumulatifs 28 3 188 337 207 687

Cette méthode de distribution de l’aide alimentaire en plusieurs étapes s’explique par la nécessité de ne distribuer que le minimum d’aide nécessaire pendant les premiers mois et d’en accroître les montants à mesure de l’approche de la saison des pénuries. Trois grandes raisons justifient cette approche: 1) la majorité des exploitants ont une récolte qui leur durera quelque mois et une distribution précoce à grande échelle ferait passer un mauvais message aux exploitants qui préparent leur semis d’hiver et qui prennent des mesures concrètes ou de réduction des risques en prévision de difficultés à venir; 2) une distribution précoce à grande échelle ferait passer le mauvais message aux négociants commerciaux qui auront un rôle critique à jouer dans la campagne qui vient mais qui n’en examineront pas moins les actions du gouvernement et de la collectivité internationale pour voir si le marché ne risque pas d’être inondé par les expéditions d’aide alimentaire en maïs; et 3) si l’on pose que le montant d’aide alimentaire arrivant dans le pays sera limité, il serait peu sage d’en distribuer d’importantes parties pendant les mois où elle ne sera pas vraiment nécessaire au lieu de le faire de décembre à mars où elle sera vraiment indispensable.

Le Tableau 8 montre les phases de la distribution aux bénéficiaires mais il est impératif de mobiliser dès maintenant l’approvisionnement international en maïs pour éviter les ruptures de stock. En outre, vu les difficultés logistiques attendues pendant la saison des pluies de décembre, il serait souhaitable de pré-positionner les stocks d’aide alimentaire dans les points de distribution éloignés bien avant la date prévue de distribution aux bénéficiaires.

On estime qu’il faudra 207 687 tonnes d’aide alimentaire pour couvrir le déficit indiqué dans le bilan offre/demande de céréales, une fois soustraites les importations réalisées par le secteur commercial.

L’analyse de la sécurité alimentaire des ménages, étant fonction à la fois de la disponibilité et de l’accès des produits, se doit de prendre en compte le prix du maïs fourni commercialement et le pouvoir d’achat des ménages. D’un point de vue humanitaire, le maïs introduit dans le pays par le secteur commercial sera probablement inaccessible aux pauvres ruraux, comme il l’a été lors de la dernière campagne (voir ci-dessus). Si l’aide alimentaire visée plus haut va permettre de réduire l’insécurité alimentaire de 3,2 millions de bénéficiaires, il n’en faudra pas moins suivre de près les importations par les négociants et les prix sur le marché. Si le secteur commercial n’importe pas les montants attendus et/ou si les prix du maïs continuent à monter plus haut que ceux de l’an dernier, il faudra augmenter immédiatement l’aide humanitaire. D’un autre côté, le bilan céréalier envisage une hausse de la récolte d’hiver. Celle-ci devra aussi être suivie et si les augmentations attendues ne se concrétisent pas pour quelque raison que ce soit, il faudra là aussi augmenter immédiatement l’aide de manière à éviter une crise humanitaire.

L’analyse de vulnérabilité reconnaît le principe qu’il ne faut pas inonder le marché avec des distributions gratuites de maïs qui risqueraient de perturber les incitations à cultiver cette céréale. Avec des prix qui pourraient atteindre les niveaux de la dernière campagne (à hauteur de 400 fois ce qu’ils étaient l’année précédente), les incitations ne manqueront pas aux exploitants de cultiver du maïs pour leur propre consommation ou pour la vente. S’agissant de l’impact de ces distributions sur le secteur commercial, un ciblage géographique et social permettra d’acheminer l’aide alimentaire envisagée sur les populations les plus vulnérables (soit un maximum de 28 pour cent de la population totale): cela laissera donc une large tranche des besoins de consommation à la portée du secteur commercial pendant les mois maigres. Pour

que cette stratégie se concrétise, il importe de communiquer clairement au secteur commercial la contribution que l’on attend de lui (c’est à dire les quantités de maïs que l’on s’attend à ce qu’il importe) pour que les grands négociants soient assurés d’un marché pour leurs investissements. Si ces négociants n’importent pas les quantités attendues, on peut s’attendre à une crise humanitaire encore plus importante.

Aide du PAM

Le PAM a lancé une opération d’urgence en mars pour aider quelque 300 000 Malawiens jusqu’à la fin mai. Une Opération d’urgence, portant sur 54 426 tonnes, a été récemment présentée afin de satisfaire les besoins immédiats d’aide alimentaire énoncés dans le présent rapport. Ainsi, sur les 207 687 tonnes d’aide alimentaire recommandées jusqu’en mars 2003, 54 426 tonnes devaient déjà avoir été couvertes par l’aide des donateurs, laissant un déficit de 153 261 tonnes pour lesquelles il faudra faire appel à la communauté internationale.

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d’informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s’adresser aux soussignés pour un complément d’informations le cas échéant.

Bureau du Chef
SMIAR, FAO, Rome
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Mél: [email protected]

Mme J. Lewis
Directeur régional, ODK, PAM
Télécopie: 00256-41-255-115
Mél: [email protected]

Les alertes spéciales et les rapports spéciaux peuvent aussi être reçus automatiquement par courrier électronique dès leur publication, en souscrivant à la liste de distribution du SMIAR. A cette fin, veuillez envoyer un courrier électronique à la liste électronique de la FAO à l’adresse suivante: [email protected] sans remplir la rubrique sujet, avec le message ci-après:

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