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PREMIÈRE PARTIE
Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture

RESSOURCES HALIEUTIQUES: TENDANCES DE LA PRODUCTION, DE L’UTILISATION ET DU COMMERCE

VUE D’ENSEMBLE

La production mondiale des pêches de capture et de l’aquaculture ainsi que les disponibilités de poisson à des fins alimentaires sont actuellement à leur plus haut niveau et restent très importantes pour la sécurité alimentaire mondiale, en fournissant plus de 15 pour cent de l’offre totale de protéines animales (tableaux 1 et 2 et figure 1). La Chine est toujours de loin le plus gros producteur avec une production halieutique de 41,6 millions de tonnes en 2000 (17 millions de tonnes provenant des pêches de capture et 24,6 millions de tonnes de l’aquaculture), qui fournirait 25 kg de poisson pour l’alimentation par habitant. Toutefois, certains indices donnent à penser que les statistiques sur la production des pêches de capture et de l’aquaculture pour la Chine pourraient être trop élevées, comme le suggèrent plusieurs publications scientifiques, et que cette tendance soit encore plus marquée depuis les années 90. En raison de son importance et des incertitudes à propos de ses statistiques de production, la Chine est habituellement examinée séparément du reste du monde, comme cela a été le cas dans la précédente édition de cette publication.

A l’exception de la Chine, la population mondiale a augmenté plus rapidement que la production totale de poisson destiné à l’alimentation, d’où une diminution des disponibilités mondiales de poisson par habitant qui sont passées de 14,6 kg en 1987 à 13,1 kg en 2000 (figure 2). Cette diminution a été inégalement répartie. Dans certains pays et régions, la consommation de poisson a baissé alors que dans d’autres les disponibilités sont restées relativement stables ou ont même légèrement augmenté.

En 2000, les pêches de capture pour l’ensemble du monde, à l’exception de la Chine, seraient revenues au niveau du début des années 90, avec environ 77 à 78 millions de tonnes. Ce chiffre reflète les variations de la période 1994-1998, causées par l’influence d’El Niño sur les captures d’anchois du Pérou. D’autres régions, particulièrement les eaux continentales asiatiques, l’océan Indien et le Pacifique Centre-Ouest ont enregistré récemment des gains relatifs. Dans certaines zones, les chiffres ont diminué par rapport à ceux de 1998, notamment dans le Pacifique Nord.

La relative stabilité de la situation des captures mondiales masque des disparités régionales. Dans le Pacifique Nord-Ouest, le total des captures déclaré a doublé, passant d’environ 12 millions de tonnes en 1970 à 23 millions de tonnes en 2000. Au début des années 70, la Chine représentait environ 20 pour cent de ces captures mais, en 2000, sa part est passée à plus de 60 pour cent. L’augmentation rapide de la production déclarée de la Chine, en particulier la hausse de deux fois et demie de ses captures à près de 17 millions de tonnes depuis 1990, contraste fortement avec la diminution de près de 50 pour cent des captures des autres pays de cette région, qui sont tombées à moins de 9 millions de tonnes pendant la même période.

A l’inverse des pêches de capture, la production aquacole a continué d’augmenter de façon notable. A l’exclusion de la Chine, la production aquacole mondiale (hors plantes aquatiques) a enregistré dans les années 90 un taux de croissance annuel moyen légèrement inférieur (5,3 pour cent) à celui des années 80 (7,1 pour cent). Le potentiel aquacole serait encore important dans de nombreuses régions et pour de nombreuses espèces.

L’emploi dans les secteurs de la production primaire des pêches de capture et de l’aquaculture est relativement stable depuis 1995; environ 35 millions de personnes ont été employées en 2000, dont 65 pour cent dans les pêches de capture marines, 15 pour cent dans les pêches de capture dans les eaux continentales et 20 pour cent dans la production aquacole.

Le commerce international des produits de la pêche a de nouveau augmenté pour atteindre un nouveau record de 55,2 milliards de dollars EU, poursuivant la croissance moyenne de 4 pour cent par an qui avait caractérisé le commerce halieutique des 10 dernières années. Le commerce d’exportation nette des pays en développement est passé de 10 milliards de dollars EU en 1990 à 18 milliards de dollars EU en 2000, soit une augmentation réelle (corrigée des variations dues à l’inflation) de 45 pour cent.

TABLEAU 1
Production et utilisation des pêches mondiales

 

1996

1997

1998

1999

2000

2001*

 

(......................................... millions de tonnes ..........................................)

PRODUCTION

           

PÊCHES CONTINENTALES

           

Pêches de capture

7,4

7,5

8,0

8,5

8,8

8,8

Aquaculture

15,9

17,5

18,5

20,1

21,4

22,4

Total des pêches continentales

23,3

25,0

26,5

28,6

30,2

31,2

PÊCHES MARINES

           

Pêches de capture

86,1

86,4

79,3

84,7

86,0

82,5

Aquaculture

10,8

11,1

12,0

13,3

14,2

15,1

Total des pêches marines

96,9

97,5

91,3

98,0

100,2

97,6

Total des pêches de capture

93,5

93,9

87,3

93,2

94,8

91,3

Total de l’aquaculture

26,7

28,6

30,5

33,4

35,6

37,5

Total des pêches mondiales

120,2

122,5

117,8

126,6

130,4

128,8

UTILISATION

           

Consommation humaine

88,0

90,8

92,7

94,4

96,7

99,4

Utilisations non alimentaires

32,2

31,7

25,1

32,2

33,7

29,4

Population (milliards)

5,7

5,8

5,9

6,0

6,1

6,1

Disponibilité par habitant de poisson

           

destiné à l’alimentation (kg)

15,3

15,6

15,7

15,8

16,0

16,2

A l’exclusion des plantes aquatiques
*Estimations préliminaires.

TABLEAU 2
Production et utilisation des pêches mondiales à l’exclusion de la Chine

 

1996

1997

1998

1999

2000

2001*

 

(......................................... millions de tonnes ....................................)

PRODUCTION

           

PÊCHES CONTINENTALES

           

Pêches de capture

5,7

5,7

5,8

6,2

6,6

6,6

Aquaculture

4,9

5,1

5,2

6,0

6,3

6,5

Total des pêches continentales

10,6

10,8

11,0

12,2

12,8

13,1

PÊCHES MARINES

           

Pêches de capture

73,6

72,5

64,3

69,8

71,3

67,9

Aquaculture

4,1

4,2

4,5

4,7

4,7

5,0

Total des pêches marines

77,7

76,7

68,8

74,5

76,0

72,9

Total des pêches de capture

79,3

78,2

70,1

76,0

77,9

74,5

Total de l’aquaculture

9,0

9,3

9,7

10,7

11,0

11,5

Total de la production

88,3

87,5

79,8

86,6

88,9

86,0

UTILISATION

           

Consommation humaine

60,4

61,5

61,3

62,0

62,9

65,1

Utilisations non alimentaires

27,9

26,0

18,5

24,7

25,9

20,9

Population (milliards)

4,5

4,6

4,7

4,7

4,8

4,9

Disponibilité par habitant de poisson

           

destiné à l’alimentation (kg)

13,3

13,4

13,1

13,1

13,1

13,3

A l’exclusion des plantes aquatiques
*Estimations préliminaires.

Les prévisions mondiales concernant les limites maximales des pêches de capture, qui sont établies depuis le début des années 70, se vérifient de plus en plus dans les faits ces dernières années. On continue de s’inquiéter au niveau mondial de la fiabilité des statistiques (voir l’ENCADRÉ 1 et Des statistiques fiables sont un aspect essentiel d’un bon aménagement des pêches, Deuxième partie) et du fait que le rythme et l’orientation de la recherche et les systèmes d’information sur les pêches qui l’appuient évoluent lentement, alors qu’il est plus que jamais nécessaire de comprendre les rapports entre pêches et environnement et entre aménagement des pêches et développement. C’est parce que l’on a pris conscience du fait que la surcapacité de pêche et l’ampleur mondiale des opérations halieutiques continuent d’avoir des effets néfastes sur les stocks de poisson que l’on reconnaît plus facilement que l’aménagement des pêches et les investissements à long terme doivent tenir compte de l’environnement et des changements climatiques à long terme (voir Les pêches et les variations climatiques à long terme, Troisième partie), y compris de phénomènes périodiques comme El Niño. Même si la recherche a commencé sur certaines de ces questions, notamment la nature et l’ampleur des effets induits par l’homme sur le climat, certains domaines restent préoccupants et exigent de nouveaux engagements et méthodologies. Par exemple, le manque fréquent de données fondamentales sur les pêches de subsistance et artisanales, telles que celles pratiquées dans les eaux continentales, contribue à l’échec des tentatives d’aménagement et d’élaboration de politiques visant à empêcher la surexploitation, la diminution des stocks et l’augmentation de l’insécurité alimentaire rurale et de la pauvreté.

Figure 1

Figure 2

La gouvernance des pêches marines ainsi que la perspective d’un aménagement plus rationnel des pêches en général gagnent rapidement du terrain étant donné que les pêches dans un nombre croissant de zones océaniques relèvent de la compétence d’organisations régionales de gestion des pêches et que celles-ci ont l’obligation de rendre des comptes à la communauté internationale. Toutefois, les progrès dans certaines régions et dans de nombreuses juridictions nationales ont été peu nombreux. Dans les eaux continentales, les grandes pêches dans les fleuves et les lacs importants pâtissent souvent d’une mauvaise gestion. Les organismes régionaux des pêches continentales, lorsqu’ils existent, tendent à avoir un rôle consultatif et ne disposent pas vraiment de pouvoir de gestion. Dans la plupart des cas, les pêches continentales relèvent seulement de la juridiction nationale, même si les pressions induites par la croissance démographique se feront davantage sentir dans les pêches continentales tropicales où elles prendront la forme d’une augmentation de l’effort de pêche. Il semble probable qu’à long terme l’offre de poisson ne réponde à la demande que si le prix réel du poisson augmente légèrement. Cela suppose que l’aquaculture continuera à se développer, et que l’on trouvera au préalable une solution aux problèmes environnementaux liés à ce développement.


CADRÉ 1

Rôle de la FAO dans les statistiques halieutiques

La FAO est associée aux activités suivantes:

1. promouvoir la collecte et l’utilisation de statistiques;
2. produire des manuels et des logiciels sur les statistiques;
3. former des fonctionnaires dans ce domaine;
4. améliorer/moderniser les systèmes nationaux de statistiques (cela a été le cas récemment dans de nombreux pays africains et méditerranéens);
5. faciliter la coopération mondiale et établir des normes concernant les statistiques halieutiques (par le biais du Groupe de coordination interinstitutions sur les statistiques des pêches);
6. recueillir des statistiques des pays, des organismes régionaux des pêches, des registres maritimes internationaux, du secteur halieutique (c’est-à-dire des données sur la commercialisation et les échanges);
7. vérifier les données reçues aux fins d’harmonisation interne, d’identification des espèces ou pour déceler des tendances anormales;
8. consulter les pays concernés à propos des anomalies;
9. publier des statistiques sur divers aspects des pêches dans les annuaires et sur le Web et obtenir des informations en retour de la part des usagers.

C’est pourquoi les statistiques fournies à la FAO par les autorités nationales sont habituellement revues lorsque des erreurs sont évidentes, lorsque des données plus fiables sont fournies par d’autres sources (telles que les organismes régionaux des pêches) ou que les pays sont d’accord avec les estimations de la FAO. La FAO collabore avec les pays pour étudier les problèmes et essayer de les résoudre, mais ce processus est souvent lent. Lorsqu’un pays ne répond pas à une demande de la FAO, l’estimation établie par l’Organisation est automatiquement utilisée. Parfois, lorsque des pays ne donnent pas d’explication ou de preuves concernant des données suspectes, celles-ci ne sont pas prises en compte et ce sont les estimations de la FAO qui sont publiées. Cette mesure, parfois considérée comme provocatrice, encourage souvent des actions correctives de la part des pays concernés. De nombreux pays, notamment la Chine, coopèrent avec la FAO pour tenter de résoudre les problèmes de fiabilité de leurs statistiques halieutiques.

Les rapports nationaux constituent la principale source de données, mais non la seule, que la FAO utilise pour actualiser ses bases de données sur les statistiques halieutiques. En l’absence de données ou lorsque des données sont considérées comme peu fiables, la FAO a recours à des estimations fondées sur les meilleures informations provenant de sources telles qu’organismes régionaux des pêches, documents de projet, revues professionnelles ou interpolations statistiques. Les statistiques sur les flottes qui sont présentées par les pays sont comparées à des données provenant d’autres sources, comme les registres maritimes internationaux. Les statistiques sur le commerce international fournies par les pays sont complétées par un réseau global d’institutions régionales intergouvernementales créées par la FAO (Système informatisé de données sur la commercialisation du poisson [GLOBEFISH]).

Dans les années 90, la FAO a complètement révisé ses séries statistiques sur la production halieutique et, pour ce faire, a recalculé à partir de l’année 1950 toutes les estimations, y compris les estimations lacunaires, en ventilant les données par zone de pêche, compte tenu de l’évolution politique (émergence de nouveaux pays), en adaptant l’identification des espèces parallèlement à l’évolution de la taxonomie, et en améliorant la différenciation entre production aquacole et production des pêches de capture. Les séries de données obtenues sont utilisées dans de nombreuses analyses, tant à la FAO qu’à l’extérieur, et sont largement disponibles sur le Web (Système informatisé sur les captures mondiales [FishStat]).

Les études mondiales de la FAO sur l’état des stocks ne se fondent pas sur les statistiques relatives aux captures en tant que source primaire d’informations étant donné qu’il existe des indicateurs plus directs. Les informations de référence utilisées sont fournies par les groupes de travail de la FAO et les organisations régionales de gestion des pêches qui ne font pas partie de l’Organisation, ainsi que par d’autres formes d’arrangements, publications scientifiques (revues, thèses, etc.) et revues professionnelles, ou bien elles sont extrapolées d’informations ne concernant pas directement les pêches, telles que les données sur le commerce. Lorsqu’il n’y a pas d’organisation régionale de gestion des pêches, comme c’est le cas dans le Pacifique Nord-Ouest, des processus d’évaluation bilatéraux (par exemple entre la Chine, le Japon et la République de Corée) peuvent s’engager. Lorsqu’il n’existe pas de données, par exemple sur les rejets, les estimations sont établies sur une base ponctuelle par des consultants ou dans le cadre de consultations techniques. Si la FAO n’a pas pu encore travailler de façon efficace dans un domaine (par exemple la production de la pêche illicite), aucune information de niveau mondial n’est produite pour ce domaine, bien que des données seront disponibles pour certaines zones de pêche ou certaines années. Les statistiques sur les captures de la FAO sont de portée mondiale, répertoriées en séries chronologiques depuis 1950 et régulièrement mises à jour. Elles peuvent être utilisées en l’absence d’autres données pour fournir des tendances générales sur les pêches selon les régions et des indicateurs sur l’état des ressources.

L’appui financier nécessaire à l’élaboration et à l’actualisation des systèmes nationaux de statistiques halieutiques a considérablement diminué en termes réels au cours des 10 dernières années. Par ailleurs, les besoins d’information ont augmenté de façon spectaculaire par exemple sur les captures accidentelles et les rejets, la capacité de pêche, la pêche illicite, les navires autorisés à pêcher en haute mer, les données économiques (dépenses, recettes, cours, subventions) l’emploi, les systèmes de gestion, l’inventaire des stocks et des pêches, et l’aquaculture.

Malgré les efforts déployés par la FAO, les données halieutiques disponibles ne sont pas totalement fiables du point de vue des zones et des périodes auxquelles elles se réfèrent et de la qualité. Les données sont souvent présentées à la FAO avec des retards d’un à deux ans. Au fil des années, les données sur les volumes des captures par espèce ont eu tendance à diminuer, alors que les «espèces non déclarées» représentent une part croissante des statistiques communiquées à mesure que les pêches se diversifient et que les grands stocks s’appauvrissent. Les groupes de travail sur l’évaluation des stocks sont utiles pour analyser les données sur les captures, mais l’évaluation des stocks devient de plus en plus rare dans de nombreuses régions en développement en raison des restrictions en ressources humaines et financières. Au cours des 20 dernières années, la disponibilité des données ne s’est guère améliorée. Les statistiques sur la pêche artisanale et de subsistance posent toujours des problèmes et de nombreuses statistiques importantes font défaut au niveau mondial, par exemple des données économiques et sociales, des données sur les rejets et la capacité de pêche. Par conséquent, même si les statistiques disponibles traduisent probablement de façon fiable les tendances générales – par exemple, tendances du développement mondial ou changements climatiques (voir Les pêches et les variations climatiques à long terme, Troisième partie, p. 89), les chiffres et les évaluations annuels comportent certaines incertitudes, mais l’on peut considérer que les petites variations d’une année à l’autre ne sont vraisemblablement pas importantes d’un point de vue statistique.

Le Département des pêches de la FAO estime que la collaboration avec les pays constitue le seul moyen d’améliorer les statistiques halieutiques, surtout pour répondre aux besoins nationaux concernant la sécurité alimentaire et la gestion des pêches, mais également pour satisfaire les besoins des organismes régionaux des pêches et de la FAO. Sans statistiques fiables, toute tentative d’aménagement des pêches et d’élaboration de politiques efficaces est impossible et les conséquences négatives seront graves aux échelons national et régional. Malheureusement, la modernisation des principaux systèmes nationaux de collecte des données permettant de fournir des données fiables est par définition un processus lent.

Source: R. Grainger, Département des pêches de la FAO.

PRODUCTION DES PÊCHES DE CAPTURE

La production totale des pêches de capture en 2000 a atteint 94,8 millions de tonnes (tableau 1), le plus haut niveau jamais enregistré. La première estimation de la valeur de vente de cette production était d’environ 81 milliards de dollars EU, soit une faible augmentation par rapport à 1998. Pour 2001, les rapports préliminaires sur les captures provenant des principaux pays pratiquant la pêche montrent qu’il pourrait y avoir une nette diminution de la production des captures mondiales qui s’établirait à environ 92 millions de tonnes. Les captures de la Chine, qui ont représenté près de 20 pour cent du total de la production des captures mondiales en 1998, sont restées stables en 1999 et ont légèrement diminué en 2000 à la suite de l’adoption d’une politique de croissance zéro (figure 3 et ENCADRÉ 2). En 2000, le total de la production des pêches de capture marines et continentales dans le monde, à l’exclusion de la Chine (tableau 2), a atteint quelque 78 millions de tonnes, soit une forte diminution par rapport au chiffre record de 83 millions de tonnes en 1989, mais toutefois une légère augmentation par rapport aux 70 millions de tonnes en 1998. Ces variations s’expliquent avant tout par le volume des captures d’anchois du Pérou, qui ont été touchées par des facteurs écologiques (El Niño).

Figure 3

Figure 4

En 2000, la Chine et le Pérou ont été les principaux pays producteurs, suivis du Japon, des Etats-Unis, du Chili, de l’Indonésie, de la Fédération de Russie et de l’Inde (figure 4). La production des pêches de capture continentales dans le monde, à l’exclusion de la Chine, continue d’enregistrer une tendance à la hausse; en 2000, les pêches continentales ont représenté 6,6 millions de tonnes, soit 8,3 pour cent du total des captures mondiales.

L’augmentation de la production mondiale des pêches de capture marines en 1999 et 2000 a été principalement le fait des pêches du Pacifique Sud-Est. Les quantités débarquées ont augmenté de 77 pour cent en 1999 et de 12 pour cent en 2000, après une nette diminution de 44 pour cent entre 1997 et 1998. Les régions océaniques tropicales ont également enregistré des augmentations depuis 1998, en particulier dans l’océan Indien et le Pacifique Centre-Ouest, même si l’on a constaté de légères baisses dans l’Atlantique Centre-Est (figures 5 et 7). Dans les régions tempérées du Pacifique Sud-Ouest, Nord-Ouest et Nord-Est, le volume des captures a baissé, mais celles de l’Atlantique Nord-Ouest et Nord-Est, pour lesquelles les évaluations de stocks donnaient en général des résultats pessimistes, ont augmenté légèrement entre 1999 et 2000. L’essentiel de ces augmentations a été dû aux coquilles Saint-Jacques de l’Atlantique Nord-Ouest et aux espèces pélagiques de moindre valeur telles que le capelan et le merlan bleu dans l’Atlantique Nord-Est. Les captures d’espèces océaniques ont augmenté régulièrement au cours des dernières décennies, traduisant une augmentation de l’activité de la pêche hauturière (voir l’ENCADRÉ 3).


ENCADRÉ 2

Chine

Ces dernières années, la Chine a fait des progrès remarquables dans le domaine de la production halieutique. La croissance de sa capacité productive, comme le montrent les estimations communiquées sur les pêches de capture marines et continentales et l’aquaculture, dépasse de loin celle des pêches ailleurs dans le monde. La Chine est devenue le plus gros producteur et consommateur de poisson destiné à l’alimentation, avec, semble-t-il, une consommation de 31,3 millions de tonnes en 1999 (figure 9). Au cours des 30 dernières années, la consommation par habitant estimée sur la base de la production déclarée (qui pourrait bien être surestimée pour les 10 dernières années) est passée de 4,4 kg en 1972 à 25,1 kg en 1999. Nonobstant cette augmentation, le poisson continue de contribuer pour environ 20 pour cent à la consommation totale de protéines animales, surtout à cause de l’augmentation continue de l’offre d’autres produits carnés. Depuis 1994, la Chine est le principal pays halieutique dans le Pacifique du Nord-Ouest, avec des captures dépassant 20 millions de tonnes.

Comme indiqué dans la Vue d’ensemble (p. 3), on peut penser que les statistiques chinoises sur la production des pêches de capture et de l’aquaculture ont été surestimées, en particulier ces 10 dernières années. Depuis 1998, une politique de croissance zéro a été mise en place pour les pêches de capture chinoises et les chiffres communiqués ont reflété ces mesures (figure 3). Toutefois, la production aquacole déclarée a continué d’augmenter rapidement (figure 18), en particulier pour les espèces d’eau douce. Cette question a été examinée à l’occasion d’un atelier national sur les statistiques halieutiques chinoises, organisé conjointement avec la FAO en avril 2001. Les estimations de l’offre de poisson à des fins alimentaires sont difficiles à établir en raison des incertitudes quant aux statistiques de la production et aux quantités de poisson utilisées à des fins non alimentaires, par exemple comme aliment direct pour l’aquaculture, qui seraient très importantes. Le fait que les tendances de la consommation apparente de poisson, telles que calculées dans les bilans alimentaires de la FAO, ne soient pas directement comparables avec celles provenant des études sur la consommation alimentaire des ménages du Bureau national chinois des statistiques, complique encore la situation. En fait, le Bureau national chinois des statistiques ne tient pas compte du poisson consommé hors du foyer (par exemple dans les restaurants et les cantines d’entreprise), lequel représente une part importante et en augmentation de la consommation de poisson. Les autorités chinoises travaillent en collaboration avec la FAO pour éliminer plusieurs de ces incertitudes.

En 2000, le rétablissement de conditions climatiques favorables après le récent passage d’El Niño a conduit à ce que l’anchois constitue la plus grosse capture d’une seule espèce (figure 6). Les captures de clupéidés (c’est-à-dire harengs, sardines et anchois) dans d’autres zones ont récemment diminué sauf dans le Pacifique Centre-Est et l’Atlantique Sud-Est, où elles ont bénéficié du rétablissement des régimes de remontée d’eaux froides. Le maquereau du Chili, autre principale espèce de petits pélagiques pêchés dans le Pacifique Sud-Est, s’est légèrement repris en 2000 après des baisses générales des captures depuis 1995. Dans la même zone, les quantités débarquées de maquereau blanc ont augmenté en 1999 puis chuté à nouveau en 2000, suivant ainsi les principales tendances du rétablissement de l’écosystème dans cette zone.

La croissance négative de la production de maquereau blanc dans le Pacifique Nord-Ouest se poursuit, les captures ayant diminué de moitié depuis 1996. Dans le groupe des gadidés (c’est-à-dire cabillaud, colin, églefin, etc.), les captures mondiales de lieu de l’Alaska et de cabillaud sont toujours en baisse et les seules grandes espèces dont la production a augmenté sont le capelan et le merlan bleu, tous deux des espèces d’eaux profondes.

En 2000, les captures d’espèces de thon de valeur sont restées stables par rapport à 1998, après avoir atteint un niveau record d’environ 6 millions de tonnes en 1999. De même, les captures des autres grands groupes de poisson ont été assez stables par rapport à 1998.

Figure 5

Figure 6

Figure 7

Figure 7 continued

Dans l’ensemble, les captures de céphalopodes et de crevettes ont augmenté. Les captures de céphalopodes, qui avaient diminué en 1998, ont remonté en 1999, atteignant un nouveau record de 3,6 millions de tonnes en 2000. Les captures de crevettes ont augmenté régulièrement de 3,5 pour cent en moyenne par an depuis 1970, et cette croissance n’a montré aucun signe de ralentissement ces dernières années.

Plusieurs espèces mentionnées à la figure 6 sont largement utilisées comme matière première pour la fabrication de farine de poisson et d’huile et n’ont qu’une faible valeur commerciale (les espèces utilisées pour la fabrication de farine en 2000 ont atteint en moyenne 50 à 150 dollars EU la tonne). En valeur, les espèces les plus importantes pêchées en 2000 ont été notamment le thon obèse (captures mondiales estimées à 3 milliards de dollars EU), l’albacore (2 milliards de dollars EU), le listao et le cabillaud de l’Atlantique (plus de 1 milliard de dollars EU chacun).

Les captures totales de poisson dans les eaux continentales en 2000 ont été d’environ 0,8 million de tonnes supérieures à 1998 (tableau 1), l’essentiel étant le fait des captures d’Asie et d’Afrique (environ 64 et 25 pour cent respectivement) qui ont continué à augmenter ces dernières années. Celles d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud et d’Océanie sont restées relativement stables. Les 10 principaux pays producteurs ont contribué à 64 pour cent de la production mondiale des pêches continentales, même si la part de la Chine est passée de 28 pour cent en 1998 à 25 pour cent en 2000 (figure 8). C’est dans les pays en développement qu’a lieu l’essentiel des captures en eaux continentales (tableau 3) qui constituent dans la majorité des cas une importante source de protéines animales. Dans la plupart des pays développés, la pêche en eau douce est devenue une activité de loisir, et les pêches commerciales en eaux continentales à des fins alimentaires sont peu importantes, sauf dans certains grands lacs.

De nombreux pays ont beaucoup de difficultés à recueillir des données sur les pêches continentales. Les principales raisons sont l’éparpillement de ces pêches, leur contribution non déclarée aux moyens d’existence et l’absence d’industries halieutiques connexes. Il se peut que l’importance et la taille de ces pêches soit erronées dans les statistiques nationales et internationales. Toutefois, ces dernières années, certains pays ont révisé leurs statistiques sur les pêches continentales grâce à de nouveaux systèmes de collecte de données ou d’études parallèles menées dans le cadre de projets ou par des institutions nationales, dont les estimations de captures diffèrent sensiblement de celles annoncées par les bureaux nationaux des statistiques. Cette incertitude quant à la précision des données est l’un des facteurs qui rend l’évaluation des pêches difficile, mais la FAO ainsi que d’autres institutions internationales collaborent activement avec les instituts nationaux pour améliorer la situation.

TABLEAU 3
Production des pêches continentales par catégorie économique

Catégorie économique

Production en 2000 (millions de tonnes)

Pourcentage de la production mondiale

Chine

2,23

25,4

Autres pays ou zones

   

en développement

5,93

67,4

Economies en transition

0,41

4,6

Pays industrialisés

0,23

2,6

Total

8,80

 

PÊCHEURS ET AQUACULTEURS

Tout comme la production halieutique, l’emploi dans les secteurs de la pêche et de l’aquaculture a continué d’augmenter dans de nombreux pays au cours des 30 dernières années. En 2000, on estimait que 35 millions de personnes (figure 12) étaient directement engagées dans les pêches et l’aquaculture dans le cadre d’un emploi à plein temps, ou plus fréquemment à temps partiel, contre 28 millions 10 ans auparavant.


ENCADRÉ 3

Evolution de la pêche hauturière

En 1976, les Etats ont commencé à annoncer qu’ils élargissaient les zones de pêche relevant de leur juridiction et déclaré des zones économiques exclusives (ZEE), afin d’anticiper l’acceptation internationale de ce principe. En 1982, la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer a reconnu ce principe. Depuis le milieu des années 70, un grand nombre de pays pratiquant la pêche déclarent des ZEE de 200 milles nautiques, et la pêche hauturière en est venue à signifier pêcher à l’extérieur de ces zones – en général à plus de 200 milles nautiques de la côte.

Il est difficile d’évaluer l’évolution de la pêche hauturière étant donné que les rapports sur les captures marines fournis à la FAO ne font pas de distinction entre les captures effectuées à l’intérieur des ZEE et celles effectuées en haute mer. Une analyse des 116 entrées sur les espèces océaniques de la base de données sur les captures de la FAO (espèces épipélagiques et d’eaux profondes se trouvant principalement en haute mer) montre que les captures d’espèces océaniques ont presque triplé, passant de 3 millions de tonnes en 1976 à 8,5 millions de tonnes en 2000 (figure 10). Etant donné que plusieurs de ces espèces, en particulier les thons océaniques, sont également pêchées à l’intérieur des ZEE, cette augmentation pourrait bien être plus rapide que celle des captures en haute mer proprement dite.

Le commerce mondial des espèces océaniques traduit également l’augmentation notable des volumes de captures de ces espèces. Les quantités importées et exportées en poids sont passées de 0,5 million de tonnes à près de 2,5 millions de tonnes pendant la période 1976-2000 (figure 11). Face à des preuves de plus en plus nombreuses de surpêche en haute mer, les efforts visant à aménager les pêches se sont accélérés au cours de la période et se poursuivent actuellement avec la création de nouvelles organisations régionales de gestion des pêches et la réactivation d’organismes existants (voir Politiques et gouvernance des pêches internationales).

Figure 8

Figure 9

Figure 10

Figure 11

Figure 12

Les pêcheurs et les aquaculteurs (tableau 4) sont très nombreux en Asie (85 pour cent du total mondial), suivie de l’Afrique (7 pour cent), de l’Europe, de l’Amérique du Sud, de l’Amérique du Nord et centrale (environ 2 pour cent respectivement) et de l’Océanie (0,2 pour cent). Ces pourcentages reflètent bien les différentes tranches de population et la prédominance relative d’économies à forte intensité de main-d’œuvre sur ces continents.

En 2000, sur 1,3 milliard de personnes économiquement actives dans l’agriculture dans le monde, les pêcheurs et les aquaculteurs représentaient 2,6 pour cent, contre 2,3 pour cent en 1990. Cette moyenne mondiale se retrouvait sur la plupart des continents, à l’exception de l’Afrique, où le pourcentage de pêcheurs et d’aquaculteurs correspond à seulement 1,3 pour cent du total de la main-d’œuvre agricole, et en Amérique du Nord et centrale où le chiffre est de 1 pour cent supérieur à la moyenne mondiale.

TABLEAU 4
Pêcheurs et aquaculteurs dans le monde par continent

 

1970

1980

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

 

(.................................................................... en milliers .............................................................)

Total

                         

Afrique

1 360

1 553

1 917

2 092

1 757

2 032

2 070

2 238

2 359

2 357

2 453

2 491

2 585

Amérique du Nord

                         

et centrale

408

547

767

755

757

777

777

770

776

782

786

788

751

Amérique du Sud

492

543

769

738

763

874

810

814

802

805

798

782

784

Asie

9 301

13 690

23 656

24 707

25 423

26 342

27 317

28 552

28 964

29 136

29 458

29 160

29 509

Europe

682

642

654

928

914

901

881

864

870

837

835

858

821

Océanie

42

62

74

77

79

80

74

76

77

78

82

82

86

Monde

12 285

17 036

27 837

29 297

29 691

31 005

31 928

33 314

33 847

33 995

34 411

34 163

34 536

Dont aquaculteurs

                         

Afrique*

5

6

14

62

55

56

57

75

Amérique du Nord

                         

et centrale

53

73

101

206

206

176

182

185

191

190

190

Amérique du Sud

16

15

15

20

30

43

44

42

41

42

41

Asie

3 698

3 882

4 292

4 927

5 389

6 003

6 051

6 569

6 758

6 930

7 132

Europe

11

12

13

23

26

18

23

25

25

26

27

Océanie

n.

n.

n.

n.

1

1

4

5

5

5

5

Monde

3 778

3 983

4 423

5 182

5 657

6 254

6 366

6 880

7 075

7 249

7 470

* Les données pour 1993-1995 ne sont pas comparables à celles des années suivantes, et ont été communiquées par un petit nombre seulement de pays.
n. = négligeable.

Sur les 35 millions de personnes actives, le nombre de pêcheurs a augmenté d’un taux moyen de 2,2 pour cent par an depuis 1990, alors que le nombre des aquaculteurs a augmenté d’une moyenne annuelle d’environ 7 pour cent; ces augmentations apparentes sont en partie dues à la plus grande précision des données communiquées. L’essentiel de la croissance de l’emploi dans l’aquaculture et les autres systèmes d’élevage est le fait de l’Asie, plus particulièrement la Chine, où le nombre déclaré de personnes engagées dans l’élevage d’espèces aquatiques a doublé ces 10 dernières années. Le secteur de la production aquacole commerciale offre de bonnes opportunités économiques; par exemple, en 1999 le revenu annuel moyen des ménages japonais travaillant dans l’aquaculture était presque deux fois plus élevé que celui des ménages pratiquant la pêche côtière. Si les ménages employés dans l’aquaculture tiraient en moyenne 64 pour cent de leur revenu d’activités liées à l’aquaculture, celles liées à la pêche représentaient en moyenne 38 pour cent du revenu des ménages de pêcheurs.

Le nombre d’emplois dans le secteur de la pêche diminue dans les économies à forte utilisation de capital, notamment dans la plupart des pays européens et au Japon. Par exemple, l’emploi dans le secteur halieutique norvégien diminue depuis plusieurs années (tableau 5). En 1990, environ 27 500 personnes travaillaient dans les pêches (aquaculture exclue), mais ce chiffre a baissé de 27 pour cent pour atteindre 20 100 en 2000. Ces 10 dernières années au Japon, le nombre de travailleurs dans les pêches marines a atteint un niveau record en 1991 et a diminué ensuite pour atteindre un chiffre aussi bas que 260 000 personnes en 2000, dont environ 85 pour cent employés dans des activités de pêche côtière et les 15 pour cent restants dans les pêches hauturière et pélagique. La grande majorité (75 pour cent) des pêcheurs sont des travailleurs autonomes, ce qui confirme cette caractéristique particulière aux professions halieutiques. Le taux de travailleurs autonomes chez les hommes était de 70 pour cent alors qu’il était considérablement plus élevé chez les femmes, s’établissant à 94 pour cent.

Une caractéristique de la population active engagée dans les pêches est l’avancement du profil d’âge, résultant principalement du manque d’attrait de la profession pour les jeunes générations. Par exemple, au Japon en 2000, près de 32 pour cent des pêcheurs hommes (qui constituaient 83 pour cent du total) étaient âgés de plus 60 ans, soit une augmentation de 3 points en pourcentage par rapport à l’année précédente et de 18 points par rapport à 1980 (14 pour cent). Comparativement, les travailleurs âgés de moins de 25 ans représentaient près de 8 pour cent des presque 398 000 travailleurs hommes à la fin des années 70 et seulement 2,7 pour cent des 216 100 en 2000.

Dans les pays où la pêche et l’aquaculture sont moins importantes pour l’économie, il n’existe souvent pas de statistiques comparatives sur l’emploi et les revenus à ce niveau de précision. Dans de nombreux pays en développement, un très grand nombre de pêcheurs, leurs épouses et leurs familles sont engagés dans des activités de pêche artisanale côtière et dans des activités connexes. L’importance socioéconomique de ces activités est plus difficile à évaluer, mais elle est indéniable non seulement en termes de contribution à la production et aux revenus, mais également au plan de la sécurité alimentaire pour les communautés côtières.

SITUATION DE LA FLOTTE DE PÊCHE

L’estimation la plus récente de la FAO a montré qu’en 1998 l’ensemble de la flotte mondiale engagée dans la pêche comptait environ 1,3 million de navires pontés et environ 2,8 millions non pontés, dont 65 pour cent sans moteur. La grande majorité de ces navires était concentrée en Asie (84,6 pour cent du total des navires pontés, 51 pour cent des navires non pontés à moteur et 83 pour cent du total des embarcations sans moteur). Les 15,4 pour cent restants du total mondial des navires de pêche pontés se trouvent en Europe (8,9 pour cent), en Amérique du Nord et centrale (4,5 pour cent), en Afrique (1 pour cent), en Amérique du Sud (0,6 pour cent) et en Océanie (un négligeable 0,2 pour cent). Vingt et un pour cent des navires de pêche ouverts avec moteur se trouvent dans les pays d’Amérique du Nord et centrale, 16 pour cent en Afrique, 6 pour cent en Amérique du Sud et 3 pour cent en Océanie.

TABLEAU 5
Nombre de pêcheurs (y compris les aquaculteurs) dans certains pays

Pays

Sexe

 

1970

1980

1990

2000

MONDE

M et F

(nombre)

12 284 678

17 036 307

27 835 441

34 535 653

   

(index)

44

61

100

124

Chine

M et F

(nombre)

2 300 000

2 950 344

9 092 926

12 233 128

   

(index)

25

32

100

135

Indonésie

M et F

(nombre)

841 627

2 231 515

3 617 586

5 118 571

   

(index)

23

62

100

141

Japon

M

(nombre)

437 900

376 900

303 400

216 110

 

F

(nombre)

111 500

80 500

67 200

44 090

   

(index)

148

123

100

70

Pérou*

M et F

(nombre)

49 824

49 503

43 750

55 061

   

(index)

114

113

100

125

Norvège

M

(nombre)

43 018

34 789

30 017

23 026

 

F

(nombre)

690

526

   

(index)

156

126

100

77

Islande

M

(nombre)

4 895

5 946

6 551

5 300

 

F

(nombre)

400

800

   

(index)

70

86

100

88

Index: 1990 = 100.
* Les données pour le Pérou excluent les pêcheurs et pisciculteurs des pêcheries continentales.

Depuis l’expansion de la flotte mondiale, qui s’est poursuivie jusqu’à la fin des années 80, le nombre de navires de pêche pontés est relativement stable. En 1990, il était de 1,2 million et les fluctuations annuelles depuis ont été de l’ordre de 1 pour cent, dont une partie est probablement due aux méthodes de communication des statistiques. La même tendance caractérise le niveau continental.

Figure 13

Figure 14

Figure 15

Figure 15 continued

On ne dispose pas d’indications de tendance à l’échelle mondiale après 1998. Toutefois, la flotte de pêche de la Communauté européenne (CE) est passée de 100 085 unités en 1995 à près de 96 000 en 2000. Sur les 77 500 navires dont la longueur totale est connue (elle est inconnue pour 18 500 navires, principalement italiens et portugais), environ 80 pour cent mesuraient moins de 12 m, la majorité appartenant à la Grèce et à l’Espagne. En 2000, quelque 14 pour cent des navires de pêche de la CE avaient entre 12 et 24 m de longueur et moins de 350 mesuraient plus de 45 m (une diminution de 52 unités par rapport à quatre années auparavant). En décembre 2000, la flotte norvégienne comptait 8 430 navires de pêche pontés et 4 585 navires inscrits sur un registre dlibre. Des statistiques comparatives pour 1990 ont montré un nombre presque égal pour la flotte pontée, alors que le nombre de navires ouverts avait presque doublé. La flotte islandaise comptait 1 993 navires inscrits sur un registre en 2001, dont 55 pour cent non pontés; près de 40 pour cent des vaisseaux pontés ont plus de 20 ans. Au Japon, le nombre de navires pratiquant la pêche marine et continen-tale était de 361 845 en 1999, alors qu’il était de 371 416 en 1995 et de 416 067 en 1990. La grande majorité (90 pour cent) du total des navires à moteur pratiquant la pêche en mer avait une jauge brute inférieure à 5 tonnes. Entre 1990 et 2000, le nombre de navires pontés a diminué de 45 000 unités (soit une baisse de 12 pour cent).

ÉTAT DES RESSOURCES HALIEUTIQUES

Ressources marines

La production totale des pêches de capture marines qui était tombée à 79,2 millions de tonnes en 1998, a augmenté pour atteindre 84,7 millions de tonnes en 1999 et 86 millions de tonnes en 2000, retrouvant ainsi des niveaux proches des maximums historiques de 1996 et 1997. Si l’on exclut la Chine (voir l’ENCADRÉ 2), la production mondiale en 2000 a atteint 71,3 millions de tonnes, soit environ 5 pour cent de moins que le record historique de 75,5 millions de tonnes en 1995. L’évolution récente du total des débarquements mondiaux provenant des ressources des pêches marines naturelles peut s’expliquer en grande partie par le déclin puis la reprise rapide (en volume de biomasse et de production) qui ont suivi le passage d’El Niño en 1997-1998. Les zones les plus gravement touchées par ce phénomène ont été le Pacifique Sud-Est et, dans une moindre mesure le Pacifique Centre-Est (voir la figure 7).

La situation mondiale des principaux stocks de poissons marins pour lesquels on dispose de données d’évaluation suit la tendance générale observée les années précédentes. Dans l'ensemble, parallèlement à l'intensification de l'effort de pêche, le nombre des ressources halieutiques sous-exploitées et modérément exploitées continue à diminuer légèrement, le nombre de stocks totalement exploités reste relativement stable, alors que le nombre de stocks surexploités, épuisés et en voie de reconstitution sont en faible hausse.


ENCADRE 4

Suivi des flottes de pêche grâce à la base de données de la société Lloyd’s Maritime Information Services

Les Services d’information maritime de la Lloyd sont chargés d’actualiser l’ensemble des données concernant les navires, y compris les navires de pêche, de plus de 100 TjB. Chaque année, de nouveaux navires y sont ajoutés; certains sont nouveaux et ont été construits dans l’année, d’autres sont ajoutés sur la liste à mesure que des informations sont connues. Les navires de plus de 100 TjB sont ceux qui en général se livrent à des activités halieutiques dans les eaux internationales, dans le cadre d’accords d’accès et en haute mer, mais ils ne représentent qu'une petite partie de la flotte de pêche mondiale. Néanmoins, le suivi de la flotte des navires de moins de 100 TjB donne une indication des tendances de la pêche industrielle à grande échelle (figure 16) et de la façon dont évoluent les immatriculations et les retraits dans tous les registres maritimes, en particulier dans les registres d’immatriculation libre. Par définition, ces registres offrent un statut d’Etat du pavillon à pratiquement n’importe quel navire et sont souvent considérés par l’armateur comme un moyen d’éviter les contrôles. Les navires dont on connaît l’existence mais qui n’ont pas de pavillon connu sont également une source d’inquiétude même si quelques-uns ont pu être rayés des registres avant d’être envoyés à la casse. Le nombre de navires inscrits dans les principaux registres d’immatriculation libre sous pavillon inconnu est indiqué sur la figure 17. Le nombre de navires de pêche récemment construits ajoutés au registre est resté d’environ 300 unités par an ces dernières années, mais en raison des mises à la ferraille et des sinistres, on constate une réduction nette de la flotte. Les grands changements intervenus ces deux dernières années sont indiqués sur le tableau 6. On peut mesurer l’ampleur du phénomène de changement de pavillon de la flotte de pêche en comparant les données de la base pour les années successives et en suivant l’historique de chaque navire grâce au numéro unique que lui attribue la Lloyd ou l’Organisation maritime internationale (OMI) (tableau 7).

Source: A. Smith, Département des pêches de la FAO.

Figure 16

Figure 17

TABLEAU 6
Changements intervenus dans la base de données des Services d’information maritime de la Lloyds (pour les navires de pêche)

Registre du pays

Nouvelles unités

Mises à la ferraille

 

2000

2001

2000

2001

Argentine

_

_

4

9

Belize

4

8

8

11

Canada

_

_

14

8

Danemark

9

3

_

_

France

5

15

9

9

Allemagne

_

_

7

18

Islande

4

17

_

_

Irlande

18

4

_

_

Japon

22

14

237

23

Corée, Rép. de

_

_

16

11

Norvège

24

18

_

_

Pays-Bas

10

8

_

_

Fédération de Russie

_

_

40

51

Espagne

40

48

104

48

Royaume-Uni

10

14

14

20

Etats-Unis

98

52

23

58

Autres

61

92

166

176

Inconnus

_

_

44

22

Sans numéro

_

_

43

69

Total

305

293

729

533

Variation nette

   

- 424

- 240

TABLEAU 7
Inscription et retrait des registres de navigation (par navires de pêche)

Changement de pavillon

Sortie

Inscription

 

2000

2001

2000

2001

Argentine

_

_

4

9

Belize

34

29

76

40

Cambodge

_

_

7

5

Chypre

_

_

9

3

Iles Canaries

0

38

_

_

Guinée équatoriale

5

0

_

_

Honduras

89

9

10

11

Irlande

_

_

6

10

Japon

59

12

_

_

Corée, Rép. de

_

_

_

_

Namibie

_

_

19

2

Pays-Bas

8

12

_

_

Norvège

6

13

5

9

Panama

29

12

18

14

Fédération de Russie

21

17

59

56

Espagne

15

4

0

39

Saint-Vincent

9

11

17

3

Ukraine

11

11

_

_

Royaume-Uni

21

7

6

13

Etats-Unis

12

4

_

_

Vanuatu

12

2

5

5

Autres

175

117

155

139

Inconnus

56

51

170

0

Total

562

349

562

349

On estime que 25 pour cent des principaux stocks ou groupes d’espèces, pour lesquels on dispose de données, sont sous-exploités ou modérément exploités. Dans cette catégorie, ils représentent la principale source d'augmentation potentielle du total des pêches de capture. Environ 47 pour cent des principaux stocks ou groupes d’espèces sont pleinement exploités et font, par conséquent, l'objet de captures ayant atteint leurs limites maximales ou en sont proches. Ainsi près de la moitié des stocks marins mondiaux n’offre aucun espoir raisonnable de nouvelle expansion. Dix-huit autres pour cent seraient déjà surexploités. Les perspectives d’expansion ou d’augmentation de la production provenant de ces stocks sont négligeables, et il est de plus en plus probable qu’ils continueront de diminuer de même que les captures, si aucune mesure corrective n'est prise pour réduire la surexploitation. Les 10 pour cent restants sont largement épuisés, ou en voie de reconstitution, et sont beaucoup moins productifs qu’ils ne l’étaient, ou qu’ils ne pourraient l’être si une bonne gestion pouvait les ramener aux niveaux élevés d’abondance proportionnels aux niveaux de capture atteints avant leur épuisement. La reconstitution des stocks suppose des réductions spectaculaires et durables de la pression sur les pêches et/ou l’adoption de mesures visant à éliminer les conditions qui ont contribué à la surexploitation ou à l'épuisement du stock.

Le total des captures de l'Atlantique Nord-Ouest et Sud-Est est resté relativement stable au cours des cinq à 10 dernières années, s’établissant à la moitié environ des niveaux maximaux atteint il y a une trentaine d’années. Le fait que les stocks d’églefin, de saumon mâle et de cabillaud n’aient pas réagi aux mesures d’aménagement rigoureuses qui ont été adoptées dans l’Atlantique Nord-Ouest, est particulièrement inquiétant. L’essentiel des variations dans l’Atlantique Sud-Est est causé par des fluctuations de l’abondance et, par conséquent, des captures de petits pélagiques, en particulier le maquereau du Cape, l’anchois d’Afrique australe et le pilchard d’Afrique australe. Après avoir été sérieusement épuisés, les stocks de ces deux dernières espèces montrent des signes de rétablissement bien que les mesures actuelles d’aménagement n’aient pas été en place suffisamment longtemps pour ramener les captures à leurs niveaux historiques maximaux.

Dans l'Atlantique Centre-Est et dans le Pacifique Nord-Ouest, le total des captures s’est stabilisé à des niveaux relativement élevés après une baisse de courte durée qui a suivi les maximums atteints il y a quelque 10 à15 ans. L’essentiel des variations est dû à l’augmentation du volume des stocks et par conséquent des débarquements de petits pélagiques. Dans l'Atlantique Nord-Est, l'Atlantique Centre-Ouest, le Pacifique Nord-Est, la Méditerranée et la mer Noire, le Pacifique Centre-Est et le Pacifique Sud-Ouest, les captures annuelles sont relativement stables ou diminuent légèrement après avoir atteint leurs niveaux potentiels maximaux il y a 10 ou 20 ans. Dans l'Atlantique Sud-Ouest, les captures annuelles totales diminuent après avoir atteint des records historiques en 1997. Cette zone est sérieusement touchée par l'épuisement des stocks et par conséquent par la baisse des captures de l’un de ses stocks les plus importants, le merlu d’Argentine.

Dans le Pacifique Sud-Est, le total annuel des captures a atteint un niveau historique en 1994, puis a brusquement baissé à la suite du passage d’El Niño en 1997-1998 et de l’épuisement des stocks d’anchois du Pérou et d’autres stocks importants dans la région. Le rétablissement qui a suivi a été étonnamment rapide en particulier pour l’anchois du Pérou, ce qui a porté rapidement le total des captures aux niveaux d’avant le passage d’El Niño même si d’autres stocks importants et en baisse, tels que le maquereau du Chili et le chinchard d’Amérique du Sud, n’ont montré aucun signe de rétablissement.

La tendance à la hausse du total des captures de l’océan Indien occidental s’est ralentie après avoir atteint un record en 1999. Les deux zones océaniques dans lesquelles le total des captures devrait augmenter – et où il existe au moins en théorie un fort potentiel de hausse – sont l’océan Indien oriental et le Pacifique Centre-Ouest. Ces zones, ainsi que l’océan Indien occidental, se caractérisent par une incidence plus faible de stocks de poissons totalement exploités, surexploités, épuisés ou en voie de reconstitution, et certains stocks sont même sous-exploités ou modérément exploités; mais ce sont aussi des zones où le niveau d'exploitation des stocks est inconnu ou indéterminé et pour lesquels les estimations de la production globale sont donc moins fiables.

A l’exception du listao dans certaines zones, la plupart des stocks de thon est totalement exploitée dans tous les océans et certains sont surexploités, voire épuisés. C’est la surcapacité des flottes de thoniers qui en serait responsable dans plusieurs de ces zones. La situation des stocks de thon rouge du Nord et du Sud de l’Atlantique, de l’océan Pacifique et de l’océan Indien, est particulièrement préoccupante. Ils seraient dans la plupart des cas surexploités et gravement épuisés.

L’augmentation rapide de la pression exercée sur certaines ressources en eaux profondes (voir l’ENCADRÉ 3) qui sont exploitées dans les monts marins et autres zones profondes à des latitudes élevées dans l’océan Indien, l’Atlantique Sud et le Pacifique Sud, en particulier l’hoplostète orange, le béryx et le saint-pierre est aussi inquiétante. La plupart de ces stocks augmente lentement et est constituée d’espèces qui vivent longtemps et qui sont donc particulièrement susceptibles d’être épuisées surtout lorsque leur répartition, leur abondance et leur dynamique sont largement inconnues. En l’absence de mesures d’aménagement efficaces des pêches, il y a un risque important que ces stocks soient surexploités avant même que l’on en sache beaucoup sur leurs populations. On s’inquiète également de la baisse importante des stocks de légine de Patagonie dans les océans australs qui sont essentiellement exploités dans le cadre d’une pêche illicite, non déclarée et non réglementée.


ENCADRÉ 5

Barrages, poissons et pêches: un défi lancé aux responsables de l’aménagement et de la conception dans le domaine halieutique

Les barrages pour l’irrigation, la protection contre les inondations, la production d’énergie et le détournement des eaux contribuent au développement et au bien-être. Les structures et les barrages ainsi que leurs fonctions varient: barrages importants pour la production d’énergie et l’approvisionnement en eau dans les vallées montagneuses à pentes raides ou structures utilisées pour l’irrigation, le détournement des eaux ou la navigation dans les plaines. Ils servent aussi à réguler les inondations même si les tentatives n'ont pas toujours été couronnées de succès. De nombreux barrages remplissent plusieurs fonctions et visent plusieurs objectifs avec une seule et même installation.

La tradition de construction de barrages et de déversoirs existe depuis longtemps dans de nombreuses parties du monde. Dans la seconde moitié du siècle passé, des milliers de grands barrages ont été construits dans le monde. Le nombre de petits barrages, déversoirs et autres obstacles placés dans les cours d’eau n’est pas connu à l’échelle de la planète mais pourrait être de l’ordre de plusieurs centaines de milliers.

Les barrières placées au milieu des fleuves ont souvent un impact négatif sur les populations naturelles de poissons et peuvent contribuer, associées à d’autres facteurs, à la diminution des stocks, à la disparition, voire à l’extinction de l’espèce. La disparition du saumon (Salmo salar) dans le Rhin, une espèce qui avait alimenté une industrie florissante du saumon dans la première partie du XXe siècle en est un exemple. Les barrages menacent de nombreuses espèces aquatiques en Europe et en Amérique du Nord, ainsi que sur d’autres continents où l’on connaît beaucoup moins bien la biologie, les comportements, les captures et la dynamique des populations des espèces concernées. Dans plusieurs pays, notamment en Inde, au Népal et en Afrique du Sud, on étudie actuellement le comportement du poisson de façon à adapter les passes à poissons aux besoins de l’espèce indigène. Selon les capacités de natation de l'espèce concernée, des obstacles même peu élevés (par exemple entre 20 cm et quelques mètres de hauteur), tels que des petits déversoirs ou des seuils (structures servant à stabiliser le lit d’un cours d’eau) peuvent avoir des effets dévastateurs. Les poissons touchés sont notamment le poisson-chat (Cottus gobio), le nase (Chondrostoma nasus) et le barbeau (Barbus barbus). D’autres animaux aquatiques – ou les étapes de leur développement (par exemple les macrozoobenthos) – peuvent pâtir des modifications des mouvements longitudinaux naturels d’un cours d’eau.

Les structures entravent le mouvement des animaux de deux manières: elles constituent un obstacle aux migrations en amont et en aval des espèces qui sont tributaires des mouvements longitudinaux du cours d’eau à un moment donné de leur développement, et elles provoquent des changements physiques qui sont notamment: des modifications des pentes, des profils du lit des cours d’eau, de la structure des fonds et des substrats; la submersion des zones de cailloutis ou des seuils; la destruction de la végétation riveraine; et des variations du régime thermique et trophique. Le régime du débit en aval est souvent fortement perturbé. Les barrages peuvent interrompre complètement le passage longitudinal, ou tout au moins retarder la migration. Le passage en aval à travers des turbines hydrauliques ou des évacuateurs peut augmenter la mortalité, et la prédation des jeunes poissons risque d'augmenter lorsqu’ils passent à travers un réservoir de barrage. L’effet cumulé de plusieurs obstacles dans un même cours d’eau risque d’avoir des incidences négatives graves pour les pêches, notamment dans les régions tropicales où la pêche de rivière contribue souvent dans de fortes proportions aux moyens d’existence ruraux.

Dans les grands fleuves, les modèles de rendement portant sur la superficie des bassins et la longueur principale du chenal par rapport aux captures montrent que ces rendements croissent de façon exponentielle en fonction de l’augmentation de la longueur du cours d’eau, ce qui s’explique par la connectivité et les influences cumulatives des processus en amont au sein du système («river continuum concept»), et par les processus latéraux associés aux berges, bassins versants et plaines inondées de l’écosystème du cours d’eau («flood pulse concept»). Par exemple, un modèle de rendement peut établir qu’une section de 25 km d’un cours d’eau produirait 9 113 kg/an à une distance de 50 km de la source du cours d’eau. A 250 km de la source, une section de 25 km du même cours d’eau produirait 37 197 kg/an. Si un barrage était construit à 400 km de la source et entraînait une perte de 25 km de cours d’eau à cet endroit, il faudrait que le réservoir produise 57 925 kg/an de captures pour compenser la perte de rendement.

Les barrages détruisent la continuité longitudinale et latérale des cours d’eau et peuvent entraver considérablement le passage des nutriments dans l’ensemble de l’écosystème, affectant ainsi la production des pêches dans les réservoirs et les chenaux des cours d’eau en aval, mais aussi dans les estuaires et les environnements marins, même s’il est souvent difficile de compenser la perte de rendement d’un cours d’eau. Plus le cours d’eau est grand et plus le barrage se trouve en aval, plus il sera improbable que la pêche en réservoir compense ces pertes. En raison de la dynamique de la production, le potentiel de compensation semble meilleur dans les réservoirs peu profonds et dans les régions tropicales que dans les réservoirs profonds et sous des latitudes plus septentrionales.

Des estimations montrent que les potentiels de rendement peuvent atteindre jusqu’à 143 kg/ha/an pour les pêches en rivière et dans les plaines inondées en Afrique. Des pêches productives en réservoir peuvent donner des rendements atteignant jusqu’à 329 kg/ha/an dans de petits réservoirs en Afrique, jusqu’à 125 kg/ha/an en Amérique latine et aux Caraïbes, et jusqu’à 650 kg/ha/an en Asie. Des réservoirs très productifs peuvent être développés dans des zones où la pêche de rivière contribue peu au total de la production du pays ou dans des régions sèches dans lesquelles les barrages sont davantage construits pour l’irrigation que pour la pêche. Les réservoirs petits et peu profonds semblent être plus avantageux. Le sto-ckage des espèces exotiques, tant dans les réservoirs que dans les biefs de barrages, peut améliorer les rendements aussi longtemps que le poisson exotique est acceptable d’un point de vue écologique et culturel pour la population alentour; quelques zones n’ont aucune tradition de pêche ni de consommation de poisson.

Il est possible d’aménager dans une certaine mesure les passages obstrués à l’aide de passes à poisson (appelées parfois «fauna passes») pour les migrations en amont et à l’aide de passes détournées pour le passage en aval, mais il n’est pas possible de compenser facilement la perte d’habitat. Pour les espèces anadromes et potamodromes, on peut utiliser plusieurs dispositifs pour contourner les obstacles en amont: passes à poisson de type piscine, passes migratoires à réflecteurs, conduits de contournement qui imitent le milieu naturel et ascenseurs pour poissons ou sas. On peut également regrouper ces espèces et les transporter, si l’on dispose des installations appropriées pour le faire. Ces deux dernières décennies, on a beaucoup progressé, notamment en Australie, en France, au Japon et en Nouvelle-Zélande, dans la conception de technologies adaptées aux régions qui permettent d’améliorer les systèmes de passage, d’abord pour l’amont et maintenant pour l’aval. En 2000, une passe migratoire à cloisons percées de fentes verticales a été construite sur le barrage d’Iffezheim sur le Rhin pour permettre entre autres les migrations du saumon en amont. Certains pays comme la France ont amendé les lois pertinentes pour rendre obligatoire le rétablissement du libre passage aux endroits où se trouvent des obstacles, au moins dans les rivières considérées comme importantes pour les migrations des poissons. De plus en plus, le propriétaire de barrage et de déversoirs doit payer le prix du rétablissement du libre passage.

Des installations efficaces permettant le passage du poisson exigent des connaissances de la biologie et du comportement des espèces concernées. Si l’on ne dispose pas d’informations biologiques de base, il est donc difficile de transposer les technologies de libre passage du poisson à des projets de barrage dans d’autres continents ou d’autres systèmes fluviaux, ou de les adapter à des conditions tropicales. Toutefois, des connaissances partielles de la biologie ne justifient pas pour autant de ne rien faire. L’approche de précaution doit toujours être appliquée, comme en est convenu un Atelier sur les techniques de libre passage du poisson récemment organisé en Afrique du Sud.

La conception des passes à poisson exige une démarche multidisciplinaire associant ingénieurs, biologistes et gestionnaires. Il faudrait systématiquement évaluer la façon dont les systèmes sont conçus, si possible dans le cadre d’un programme de suivi à long terme obligatoire et global. Une évaluation et une gestion de l’environnement efficaces, associées à une meilleure conception des ouvrages de génie civile, ont conduit à ce que certains projets de barrage tiennent davantage compte du poisson et de l’environnement.

Source: G. Marmulla, Service des ressources des eaux intérieures et de l’aquaculture de la FAO. Sur la base du Document technique sur les pêches n° 419 de la FAO.

Ressources des pêches continentales

La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture 2000 signalait que les ressources halieutiques continentales étaient sous-évaluées et menacées par les modifications de l’habitat (voir l’ENCADRÉ 2 dans SOFIA 2000), la dégradation des ressources et des pratiques de pêche non durables. Des études pratiques récentes en Asie du Sud-Est1 ont signalé de gros problèmes quant à la précision des statistiques sur les pêches continentales dans la région, dus à un manque de ressources appropriées pour recueillir les statistiques, à la difficulté d’obtenir des informations du secteur, à la communication de données erronées et à un manque de capacités d’utiliser l’information pour améliorer l’aménagement des ressources halieutiques continentales. Les expériences montrent que la situation est probablement similaire ailleurs dans le monde.

Des informations précises sont essentielles pour comprendre l’importance des ressources halieutiques continentales et les aménager au profit des populations rurales. Des données incomplètes ou erronées entravent les efforts déployés pour garantir la sécurité alimentaire dans les régions en développement. Etant donné que l’on continue à s’efforcer d’améliorer l’information sur les ressources halieutiques continentales, il est inopportun de présenter dès maintenant des données supplémentaires dans La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture 2002.

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