FAO/SMIAR - Perspectives alimentaire No.4 - octobre 2002 p.8

Page pécédenteTable des matiêresPage suivante


Prix à l'exportation

Des prix internationaux dopés par une offre réduite de céréales

Les cours du blé ont poursuivi leur progression depuis le début de la campagne, en juillet, à mesure que grandissait l'inquiétude à propos de l'offre aux États-Unis, au Canada et en Australie, trois grands pays exportateurs. Une série de révisions à la baisse des prévisions de récolte pour cette année aux États-Unis ont entraîné une hausse des prix à l'exportation du blé de meunerie (qualité moyenne et supérieure). En septembre, le blé dur d'hiver E.-U. N°2 a atteint 189 dollars E.-U./tonne, soit 62 dollars de plus (presque 50 pour cent) qu'au même mois l'année dernière. Les cotations du blé tendre E.-U. N°2 ont également continué à réagir énergiquement au recul probable de la production américaine cette année et à l'amenuisement des stocks, les prix ayant atteint 156 dollars E.-U./tonne soit 44 pour cent de plus que l'année précédente. De même, les cours sur les marchés des contrats à terme aux États-Unis n'ont cessé d'augmenter - jusqu'à 50 pour cent de plus - au cours des trois derniers mois. Début septembre, les marchés à terme de blé pour les livraisons en décembre au Chicago Board of Trade (CBOT) ont atteint leur niveau le plus élevé en cinq ans (depuis mai 1997), en raison du regain des achats devant la menace de diminution de l'offre. La nette reprise du prix du blé de meunerie de qualité supérieure ces derniers mois est également imputable aux pertes subies par les cultures au Canada et en Australie, où l'offre de blé à l'exportation devrait considérablement fléchir au cours de la présente campagne. À la mi-septembre, la Commission canadienne du blé a décidé de se retirer du marché à l'exportation tant que l'on ne pourra pas déterminer les répercussions des fortes sécheresses et d'un net recul des récoltes au Canada. En Australie, la campagne de blé de cette année, fortement touchée par la sécheresse, pourrait entraîner une réduction des exportations à leur niveau le plus bas depuis 1995/96.

Le relèvement des prix du blé ces derniers mois coïncide avec d'importantes disponibilités, dans un certain nombre de pays qui ne sont pas traditionnellement exportateurs, à la suite d'une autre bonne campagne. En particulier, le blé tendre de meunerie et le blé fourrager de la Fédération de Russie, d'Ukraine et d'Inde sont considérés comme plus compétitifs que ceux d'Amérique du Nord et d'Australie. En Fédération de Russie et en Ukraine, les prix ont également commencé à grimper, car la suppression des droits de douane sur les importations de blé fourrager dans l'Union européenne pourrait fournir un marché de choix aux exportations de blé de la mer Noire, pour la deuxième campagne consécutive.

Prix à l'exportation des céréales *

  2002 2001
sept. juin sept.
  (.....dollars E.-U./tonne.....)
Etats-Unis      
  Blé 189 133 127
  Maïs 115 92 90
  Sorgho 120 95 98
Argentine      
  Blé 153 150 119
  Maïs 108 92 88
Thaïlande      
  Riz, blanc 191 210 176
  Riz, brisures 152 152 151

* Les prix se réfèrent à la moyenne du mois. Pour les sources voir les annexes statistiques A.6 y A.7.

Les prévisions de resserrement de l'offre de blé dans les principaux pays exportateurs vont probablement continuer à soutenir les cours pendant les quelques prochains mois. Il se pourrait néanmoins que les prix commencent à diminuer en fin de campagne, en raison d'une forte contraction de la demande mondiale d'importation, d'une offre de substitution importante pour le blé et d'un éventuel accroissement des semis l'année prochaine (en réaction aux prix élevés actuels).

FAO/SMIAR - Perspectives alimentaire

Le marché du maïs a, lui aussi, enregistré une évolution semblable depuis juillet, les prix ayant augmenté de manière presque continue en raison des inquiétudes à propos des approvisionnements et de la détérioration de l'état des cultures aux États-Unis, le premier consommateur et exportateur de maïs au monde. Les premières indications laissaient présager un niveau de production plus élevé, mais le rapport publié en septembre par le Département de l'agriculture des États-Unis prévoit une baisse de 17 millions de tonnes de la production de maïs pour 2002 par rapport au niveau déjà bas de 2001. En septembre, le prix à l'exportation du maïs des États-Unis N° 2 jaune était en moyenne de 115 dollars E.-U. la tonne, une progression de 23 dollars par tonne depuis juin et de 25 dollars, soit 28 pour cent, par rapport au même mois de l'année précédente. La diminution attendue des récoltes de blé aux États-Unis constitue la cause principale des fortes hausses enregistrées également sur le marché à terme. Ainsi, au CBOT, le marché à terme du maïs pour décembre 2002 a maintenu sa progression, même si les incertitudes liées aux conditions météorologiques ont provoqué d'importantes fluctuations en août et en septembre. Fin septembre, le cours du maïs sur le marché à terme pour décembre était coté à 102 dollars E.-U. par tonne, soit une hausse de 19 dollars par tonne par rapport l'année précédente à la même période. Dans les prochains mois, l'approche des récoltes dans plusieurs des grandes régions de production pourrait commencer à exercer une influence à la baisse sur les prix.

La baisse brutale de la production aux États-Unis survient à un moment où la demande de maïs est relativement importante. On estime qu'une nouvelle année favorable aux exportations chinoises freinera la hausse des prix, mais les disponibilités exportables d'autres pays seront, selon les prévisions, inférieures aux niveaux de la campagne précédente, de sorte que le resserrement général du marché, notamment aux États-Unis, devrait maintenir les prix au-dessus de ce niveau pendant la prochaine campagne.

FAO/SMIAR - Perspectives alimentaire

Les cours internationaux du riz d'origine et de qualité différentes ont répondu à des tendances opposées ces derniers mois. Ces mouvements se sont annulés mutuellement dans l'indice des prix du riz à l'exportation de la FAO (1998-2000 = 100), qui est resté à 73 points de juillet à septembre. Par exemple, les cours du riz pakistanais ont chuté en prévision de nouvelles arrivées sur ce marché, tandis qu'une forte demande pour le riz des États-Unis, notamment pour répondre aux engagements en matière de programmes d'aide alimentaire, a entraîné une consolidation de ces cours. Au Viet Nam, les prix n'ont pas évolué pour le riz de bonne qualité, mais ont quelque peu augmenté pour les brisures de riz.

En Thaïlande, le Gouvernement a commencé à puiser sur ses réserves pour vendre aux exportateurs, afin de pouvoir stocker les nouveaux achats publics réalisés au titre du plan d'intervention 2002/03 pour le riz. Il semblerait que ces ventes concernent en grande partie du riz de qualité supérieure, ce qui explique en partie le recul récent des cours à l'exportation. Par exemple, les prix du riz thaï 100 pour cent B ont chuté de 12 dollars E.-U. en moyenne entre juillet et septembre, pour se stabiliser à 191 dollars par tonne. En revanche, les prix du riz des États-Unis N° 2/4 pour cent ont grimpé de 12 dollars E.-U. au cours de la même période, pour atteindre 215 dollars par tonne. Ainsi, pour la première fois depuis le mois d'avril de cette année, les cours du riz des États-Unis sont supérieurs à ceux du riz thaï 100 pour cent B. Dans l'ensemble, ces tendances divergentes relatives au riz de qualité supérieure de diverses origines n'ont eu qu'une incidence minime sur l'indice des prix du riz Indica de qualité supérieure de la FAO, qui n'a cédé qu'un point depuis juillet, pour se stabiliser à 73 points.

FAO/SMIAR - Perspectives alimentaire

De même, l'indice des prix du riz Indica de qualité inférieure de la FAO a reculé d'un point entre juillet et septembre, pour atteindre 76 points, dans la mesure où le cours des brisures de riz dans les principaux pays exportateurs ont eu tendance à s'aligner sur ceux du riz indien 25 pour cent, qui, à 138 dollars E.-U. par tonne, reste très concurrentiel. L'indice des prix du riz Japonica de la FAO a enregistré des fluctuations ces derniers mois, mais globalement, il n'a reculé que d'un point depuis juillet, ce qui traduit un repli de 23 dollars E.-U. par tonne des cours du riz N°2/4 pour cent à grains moyens des États-Unis au mois de septembre. Enfin, les cours du riz basmati ont affiché une nette reprise, comme le montre l'indice des prix du riz aromatique de la FAO, qui est passé de 78 points en juillet à 83 en septembre. Cette hausse s'explique avant tout par une modification des caractéristiques des riz d'exportation en Inde.

Les perspectives d'évolution des prix à court terme sont quelque peu mitigées. Élément positif, les débouchés mondiaux en matière d'importation se sont améliorés, puisque plusieurs grands pays importateurs ont revu à la baisse leurs prévisions de production pour cette campagne, ce qui laisse entrevoir une augmentation des achats à un moment où les cours sur les marchés sont encore considérés comme intéressants. Du reste, les achats publics auprès des agriculteurs thaïlandais, qui ont consolidé les cours à l'exportation des derniers mois, continueront de soutenir les prix sur le marché intérieur. En revanche, l'accroissement de l'offre dans les pays de l'hémisphère Nord devrait atteindre son apogée dans les prochains mois, ce qui exercera une pression à la baisse sur les prix, d'autant plus que les grands exportateurs disposent toujours de stocks importants.


Page pécédenteTable des matiêresPage suivante