SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

RAPPORT SPÉCIAL

MISSION FAO/PAM D’ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES EN MAURITANIE

3 décembre 2002

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Faits saillants

  • Les mauvaises conditions agro-climatiques caractérisées par un retard d’installation de l’hivernage, des pluies insuffisantes et mal réparties ont compromis les récoltes céréalières en Mauritanie pour la seconde année consécutive.
  • La production céréalière 2002/2003 estimée à 99 705 tonnes est en baisse de 18 pour cent par rapport à la campagne 2001/2002 qui était déjà inférieure de 32 pour cent à 2000/2001. Comparée à la moyenne des cinq dernières années, elle est en baisse de 41 pour cent.
  • Sur les marchés, les prix des céréales locales (mil, sorgho et maïs) sont en hausse continue depuis novembre 2001. Le prix du sorgho a augmenté de 59 pour cent entre janvier et septembre 2002. Ces produits sont rares sur les marchés. Avec les faibles récoltes de cette campagne encore, ce phénomène risque de se prolonger en 2003 si des dispositions ne sont pas prises pour approvisionner le pays.
  • Le prix du bétail est en forte baisse de 40 pour cent à 60 pour cent selon les régions. Les agro-pasteurs sont contraints de déstocker une partie de leurs troupeaux par manque de pâturage et pour acheter des céréales.
  • Les pâturages ne couvriront pas plus de 3 mois de consommation pour le bétail. Les productions de lait et de viande seront sérieusement réduites en 2003. La transhumance transfrontalière sera précoce et plus importante cette année.
  • Une importation de 322 534 tonnes de céréales sera nécessaire pour couvrir les besoins du pays. Avec des importations anticipées de 228 030 tonnes dont 217 030 tonnes à titre commercial et 11 000 tonnes d’aide alimentaire, il subsiste un déficit de 94 504 tonnes qui doit être couvert par une assistance alimentaire supplémentaire.
  • Des milliers de personnes sont gravement affectées par cette succession de mauvaises récoltes. Environ 411 000 personnes réparties dans toutes les régions du pays ont besoin d’une assistance alimentaire d’urgence. La situation est particulièrement préoccupante dans l’Aftout, le sud des deux Hodh, le sud-est de Konkossa, la bande du plateau du Tagant à l’Affolé et l’est du Trarza. La mission recommande aussi qu’une assistance en intrants agricoles notamment de semences soit apportée aux agriculteurs affectés afin qu’ils puissent recommencer leurs activités pour la campagne prochaine.

1. RÉSUME

Une mission conjointe FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires a séjourné du 12 au 19 octobre 2002 en Mauritanie. Cette mission a travaillé en étroite collaboration avec les services du Ministère du Développement Rural et de l’Environnement chargé du suivi de la campagne agricole et du Commissariat à la Sécurité Alimentaire. Elle a rassemblé des informations au Port Autonome de Nouakchott, auprès de l’Institut National de Statistique, des sociétés et des commerçants particuliers qui opèrent sur le marché céréalier. Elle a par ailleurs eu des entretiens avec des agences de coopération intéressées par les actions de sécurité alimentaire dans le pays et organisé deux visites de terrain: une conduite par le PAM dans les zones à risque alimentaire et une par la FAO et le CILSS1 pour apprécier l’état des cultures, s’entretenir avec les agriculteurs et les agents de vulgarisation sur le déroulement de la campagne et leurs perspectives de récoltes.

Les travaux de la mission ont abouti aux résultats suivants :

Les récoltes céréalières de la campagne 2001/2002 en Mauritanie ont été inférieures de 27 pour cent à la moyenne et de 32 pour cent par rapport à celles de la campagne 2000/2001 entraînant une réduction importante des disponibilités alimentaires du pays. Cette situation a été aggravée par les dégâts dus aux pluies exceptionnelles tombées en janvier 2002. Ces pluies étaient hors saison, diluviennes, accompagnées de vents forts et froids. On a enregistré des pertes en vie humaine et sur le bétail. Les cultures irriguées, notamment de riz, de bas-fonds et de décrue ont également subi des pertes importantes dépassant 70 pour cent par endroit et une destruction des infrastructures de production. La situation alimentaire devenue précaire pour beaucoup de personnes a nécessité des interventions d’urgence de la part du gouvernement, du PAM et des donateurs.

Le retard important dans le démarrage de la campagne agricole 2002/2003, les pluies insuffisantes et mal réparties aggravent ces difficultés alimentaires en réduisant une fois de plus les récoltes. Face à cette situation, le gouvernement mauritanien a lancé début septembre un appel d’urgence à la communauté internationale pour une assistance alimentaire.

Sur la base des informations collectées et des discussions avec les différents acteurs de la sécurité alimentaire, la mission prévoit une récolte céréalière totale de 99 705 tonnes, en baisse de 18 pour cent par rapport aux récoltes 2001/2002 qui étaient déjà inférieures de 32 pour cent par rapport à celles de 2000/2001. Elle est en forte baisse de 41 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années(1997-2001). La production de sorgho est estimée à 25 405 tonnes, celle du maïs à 5 994 tonnes, le mil 406 tonnes et le riz 67 900 tonnes. D’autres cultures comme le niébé et les pastèques viendront renforcer les disponibilités alimentaires ou constituer des sources de revenus pour les agriculteurs. Toutefois, ces productions seront également faibles.

Pour la campagne commerciale 2002/2003, les disponibilités internes de céréales sont estimées à 176 747 tonnes contre 499 281 tonnes nécessaires au pays, entraînant un besoin d’importation totale de 322 534 tonnes. Les importations commerciales anticipées sont de 217 030 tonnes et l’aide alimentaire annoncée de 11 000 tonnes. Si ses prévisions sont réalisées, le déficit céréalier serait de l’ordre de 94 500 tonnes.

La tendance actuelle de hausse soutenue des prix des denrées alimentaires, la rareté des céréales locales (sorgho, mil, maïs) sur les marchés et la détérioration des termes de l’échange bétail/céréale augurent d’une situation alimentaire particulièrement difficile en 2003 pour les populations rurales dont les capacités d’ajustement sont mises à rudes épreuves depuis les mauvaises récoltes de la campagne dernière.

Selon les informations communiquées par l’Observatoire du Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA) on estime à 600 000 le nombre de personnes gravement affectées, réparties sur plus de 134 communes rurales du pays et qui ont besoin d’une assistance alimentaire d’urgence. Des aliments pour le bétail seront aussi nécessaires au cours des prochains mois à cause du manque de pâturage dans plusieurs régions du pays. La mission recommande qu’une assistance en intrants agricoles notamment des semences, soit également apportée à ces personnes pour la campagne prochaine.

2. ÉCONOMIE ET AGRICULTURE2

2.1 Population

Selon les résultats provisoires du dernier recensement général de la population de décembre 2000, la population résidente de la Mauritanie s’élevait à 2,548 millions de personnes en fin décembre 2000 avec un taux de croissance annuel de 2.6 pour cent. Elle est composée de 51,3 pour cent de femmes et 48,7 pour cent d’hommes. Les nomades qui constituaient environ 2/3 de la population totale du pays en 1960 ne représentent aujourd’hui que 4,8 pour cent. Cette situation s’explique par les effets de la sécheresse et de la désertification qui progresse rapidement, dégradant l’environnement socio-économique des nomades, les contraignant à la sédentarisation et à l’exode vers les centres urbains. La capitale, Nouakchott compterait aujourd’hui 612 000 habitants, soit 24 pour cent de la population totale du pays et un taux de croissance de 3.75 pour cent l’an. Malgré cette urbanisation rapide, la majorité de la population est toujours constituée d’agro-pasteurs.

2.2 Quelques données macro-économiques

Depuis le début des années 1990, la Mauritanie connaît une croissance régulière. En effet, le PIB réel s’est accru en moyenne de plus de 4 pour cent l’an entre 1993 et 1999 même si cette croissance n’a été que de 3.2 pour cent en 1997 et 1998 (cf. tableau 1). Les estimations pour 2000 et 2001 atteignent 5 pour cent. Ces résultats sont surtout dus aux bonnes performances du secteur minier et de la pêche et plus récemment au développement des petites et moyennes entreprises de transformation. Cette croissance a été de 5,2 pour cent en 2001 contre une prévision de 5,5 pour cent selon le document de stratégie de réduction de la pauvreté. Les mauvaises conditions agro-climatiques de la campagne 2000/2003 ne permettront certainement pas de dépasser ce taux en 2002.

Ces dernières années, l’inflation a été bien maîtrisée grâce à une politique monétaire vigoureuse. Elle a été en dessous de 5 pour cent sauf en 1998 où elle a atteint 8 pour cent. Les différentes réformes conduites sous l’égide du Fonds Monétaire International ont conduit à l’abandon des systèmes de contrôle de change et de fixation du taux officiel de change de l’Ouguya la monnaie locale qui était en vigueur jusqu’en 1995. Depuis, le cours de l’Ouguya fluctue en fonction du marché.

Sur le plan budgétaire, les profondes réformes entreprises notamment à partir de 1993 au niveau de la fiscalité, de la maîtrise des dépenses publiques et de la libéralisation de l’économie ont permis de passer d’un déficit budgétaire chronique de plus de 10 pour cent du PIB en 1985 à un excédent budgétaire à partir de 1996. Il était respectivement de 2,4 et 2,3 pour cent en 1998 et 1999. Ces performances économiques ont contribué à l’adoption en juillet 1999 par le Fonds Monétaire International du premier programme de réduction de la pauvreté et de croissance économique du pays pour un montant de 55 millions de dollars. Le second programme qui est en cours d’approbation pour un montant de 8 millions de dollars doit démarrer en 2003. Par ailleurs, la Mauritanie est éligible au programme PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) depuis février 2000 et son Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté a été approuvé par la Banque Mondiale en février 2001.

Au niveau des échanges commerciaux, les principales exportations sont le minerai de fer et les produits de la pêche. En 1999, la valeur totale des exportations était estimée à 333 millions de dollars E.-U. dont 113,2 millions de produits de pêches et 129,6 millions de minerai de fer. Bien que le pays n’ait aucune maîtrise sur les prix de ces deux groupes de produits, la balance commerciale est restée excédentaire ces dernières années grâce surtout à la maîtrise des dépenses d’importation.

Tableau 1 : Évolution des principaux indicateurs économiques de 1997 à 2001

  1997 1998 1999 2000 2001
PIB (milliards UM) 166,7 187,8 203,1 205,1 223,9
Croissance réelle du PIB(%) 3,2 3,2 4,3 5,0 5,2
Inflation de l’IPC (%) 4,5 8 4,1 3,3 4,0
Population (millions) 2,42 2,5 2,58 2,55∗ 2,62 ∗
Exportations (milliards $E.-U.) 408 360 333 350 360
Importations (milliards $E.-U.) 355 358 305 320 335
Balance des paiements (millions $E.-U.) 17 -11 41 n.d n.d
Taux de change moyen UM/$E.-U. 151,9 188,5 209,5 238,9 255,2
* : La population en 2000 a été tirée des résultats provisoires du recensement général de la population de décembre 2000 publiés en juin 2001 par l’Office national de la statistique (ONS) de la Mauritanie. La population en 2001 est une estimation de la mission fondée sur un taux de croissance de 2,6 pour cent selon les mêmes résultats.
Source: The Economist Intelligence Unit, Country Report, July 2002.

2.3 Agriculture et pêche

Les conditions agro-climatiques en Mauritanie ne sont pas favorables à la production agricole. De plus, moins de 1 pour cent des sols sont arables. La production agricole, largement tributaire des aléas climatiques, contribue pour moins de 6 pour cent au PIB et couvre rarement 50 pour cent des besoins alimentaires du pays alors qu’elle occupe près de la moitié de la population. Les cultures pluviales occupent plus de 80 pour cent des superficies et ne contribuent que pour environ 60 pour cent à la production totale. Suite aux efforts faits ces dernières années en matière d’irrigation, la production en irrigué (sorgho, maïs et riz) s’est nettement améliorée passant de 53 000 tonnes en moyenne au cours de la période 1985-1992 à 76 000 tonnes en moyenne les dix dernières années. Elle contribue pour environ 40 pour cent à la production de céréales du pays. La production de blé et d’orge obtenue dans les oasis avec celle de dattes sont négligeables (quelques centaines de tonnes).

L’élevage est la plus importante activité du secteur agricole. Il contribue pour 70 pour cent au produit intérieur brut du secteur et pour près de 14,6 pour cent à celui du pays. En 2000, le cheptel était estimé à environ 13 millions de têtes dont 10,3 millions de petits ruminants (ovins et caprins), 1,4 millions de bovins et 1,2 millions de chameaux.

La pêche a connu une très grande expansion au début des années 1980 conduisant à une surexploitation des ressources halieutiques et par conséquent à une baisse des captures ces dernières années. Cependant, elle constitue avec le minerai de fer les principales sources d’exportation du pays et emploie environ 27 000 personnes. Elle contribue pour près 54 pour cent aux recettes totales d’exportation du pays et pour 27 pour cent au budget national. Entre 1995 et 1999, les captures ont fluctué entre 424 000 et 658 000 tonnes et les exportations entre 189 000 et 366 000 tonnes (cf. tableau 2).

Tableau 2 : Évolution de la pêche de 1995 à 1999.

  1995 1996 1997 1998 1999
Captures (milliers de tonnes) 424,5 622,8 554,4 658,1 452,3
Exportation (milliers de tonnes) 287 366 199 189 204
Valeur des exportations (millions d’UM) 33 950 36 447 28 048 27 997 31 118
Source: The Economist Intelligence Unit, Country Report, July 2002.

3. PRODUCTION ALIMENTAIRE DE LA CAMPAGNE 2002/2003

3.1 Situation pluviométrique

Les premières pluies utiles enregistrées dans le pays les 5 et 6 juin n’ont intéressé que la wilaya3 du Guidimaka et le Sud-est du Gorgol. Toutefois elles n’ont été importantes qu’en troisième décade du mois et n’ont concerné que le Guidimaka où on a enregistré en 3 jours 72,8 mm de pluies à Gouraye, 46,4 mm à Ghabou et 23,2 mm à Sélibaby.

Au cours de la première décade de juillet, les pluies se sont étendues aux wilayas du Hodh El Chargui et de l’Assaba mais, les quantités enregistrées étaient en général faibles sauf à Kankossa où elles ont atteint 50 mm. Par contre, elles ont été importantes dans les wilayas du Guidimaka et du Gorgol, notamment à Gouraye, Wompou et Toufoundé Civé. Cette décade a été malheureusement suivie d’une longue pause pluviométrique entraînant la perte des semis effectués début juin sauf dans les localités de Sélibaby, Kankossa, Wompou, Ghabou, Néma, Timbédra et Maghama.

La première décade du mois d’août a connu quelques précipitations généralement faibles, mais qui marquent le début de la campagne dans plusieurs localités des zones agro-pastorales. Toutefois, les activités agricoles n'ont réellement démarré qu'au cours de la deuxième décade dans les wilayas du sud et du sud-est du pays.

Les wilayas du sud-ouest (Nord Gorgol, Brakna et Trarza) et du centre (Tagant) n’ont connu des pluies significatives qu’à partir de la seconde décade du mois de septembre. Cette décade ainsi que la troisième ont été relativement pluvieuses avec une meilleure répartition des pluies dans l’espace. Toutes les régions ont été arrosées au cours de cette période contrairement aux trois premiers mois de l’hivernage (juin, juillet et août). La campagne agricole n’a démarré qu’au cours de cette période dans les wilayas du sud-ouest et du centre du pays.

Les deux premières décades d’octobre ont été également bien pluvieuses. Plusieurs stations ont enregistré des pluies atteignant jusqu’à 60 mm en cette période qui en année normale serait la fin de la saison où il ne pleut pratiquement plus.

D’une manière générale l’hivernage 2002 en Mauritanie, a été caractérisé par un démarrage très tardif et par l’insuffisance et la mauvaise répartition spatio-temporelle des pluies. Par rapport à la campagne précédente (2001/2002) et à la moyenne inter- annuelle 1980-2000, de la même période, la pluviométrie de cette année reste déficitaire dans la plupart des stations suivies. Cependant, on note de légers excédents par rapport à l’année précédente au niveau de certaines stations comme Néma et Oualata dans le Hodh El Charghi, Kobéni et Ain Farba dans le Hodh El Gharbi, Gouraye dans le Guidimakha, Tidjikja dans le Tagant et Méderdra dans le Trarza. Ces excédents, constitués pour la plupart après que les plantes avaient subi un stress hydrique irréversible n’ont pas profité aux cultures du diéri (pluviale stricte) comme le montre le graphique 1.

Sur le plan agricole, ce retard important dans l’installation de l’hivernage et la mauvaise répartition spatio-temporelle des pluies ont beaucoup perturbé le calendrier agricole et compromis le développement des cultures notamment celles pluviales du diéri et le développement des pâturages. C’est le cas notamment de Magta Laher dans le Brakna comme l’illustre le graphique 2. Généralement les semis du diéri sont pratiqués en juin et début juillet au plus tard. Cette année, ils n’ont pu être réalisés pendant cette période que dans certaines localités des wilayas du Guidimaka, du Hodh El Chargui, du Gorgol et du Sud-Est du Gorgol. Mais, la plupart de ces semis ont été perdus suite à la longue pause pluviométrique intervenue à partir de la seconde décade de juillet. Leur généralisation n'a eu lieu qu’à partir de la deuxième décade d’août et ils se sont poursuivis jusqu’en septembre voir début octobre au Brakna, dans l’Ouest du Gorgol et au Tagant. Il y a peu d’espoir que ces cultures bouclent leur cycle avant l’arrêt des pluies qui intervient normalement en octobre qui est le mois où débutent les récoltes.

Au passage de la mission, aucune récolte n’avait encore eu lieu. Le stade de développement des plantes le plus avancé était la montaison-épiaison dans quelques zones du Guidimaka, du sud-est du Gorgol et du Hodh El Chargui. Dans beaucoup de zones, notamment dans le Brakna, les semis de pastèques et de niébé ont été privilégiés en lieu et place du sorgho à cause du retard des pluies utiles. On s’attend à des rendements faibles voir nuls dans plusieurs régions.

Concernant les bas-fonds où les semis sont pratiqués fin octobre/ début novembre un espoir est permis avec l’amélioration du niveau de remplissage des barrages grâces aux dernières pluies. Cependant ils sont encore à des niveaux inférieurs à la normale et le temps de submersion risque également d'être trop court pour permettre une humidité suffisante des sols pour un bon développement des cultures.

Les cultures du walo (décrue simple) pourraient également être affectées suivant l’état de régulation et de gestion des eaux du fleuve Sénégal.

Graphique 1

Graphique 2

3.2 Approvisionnement en intrants agricoles

Les approvisionnements en intrants agricoles étaient assurés par la SONADER (Société nationale pour le développement de la riziculture) qui exerçait presque un monopole sur la filière. Mais depuis 1998 le marché a été libéralisé et des acteurs privés y sont actifs. De plus un système de crédit géré par l’UNCACEM (une union de coopératives, mais dont les fonds ont été constitués par l’état et des bailleurs de fonds externes) permet aux agriculteurs organisés en coopératives d’acquérir les intrants. Cependant, leur utilisation concerne surtout les producteurs de riz installés dans la zone du Fleuve Sénégal. L’utilisation d’engrais ou de semence améliorée est peu courante en cultures pluviales (mil, sorgho et maïs ) qui couvrent cependant plus de 80 pour cent des surfaces emblavées chaque année. En général, les agriculteurs constituent leurs stocks lors des récoltes antérieures et à défaut s’approvisionnent sur le marché local ou auprès des parents ou des amis. Suite aux mauvaises récoltes de la campagne 2001/2002, le gouvernement a dû intervenir durant cette campagne en fournissant aux agriculteurs 10 000 tonnes de semences améliorées (sorgho, maïs, riz, niébé et maraîchères).

Le système de crédit de campagne intéresse beaucoup les cultures irriguées, notamment le riz. Il permet entre autre d’obtenir des intrants (engrais et semences en particuliers), d’acheter des équipements et de disposer de moyens pour la location de matériel (labour, battage), l’entretien des infrastructures et le fonctionnement des motopompes. Mais cette année beaucoup de coopératives n’étaient pas éligibles pour ce crédit à cause d’importants arriérés de paiement.

3.3 La production céréalière

3.3.1 Estimation des superficies

La mission a procédé à l’estimation des superficies en fonction des différentes typologies de cultures en Mauritanie : le diéri (pluviale stricte est pratiqué de juin à octobre), les bas-fonds et le walo (décrue simple) cultivés de novembre à mars, l’irrigué et la décrue contrôlée (walo amélioré par la construction d’un barrage qui permet d’inonder des surfaces plus grandes et de retenir l’eau plus longtemps).

Les superficies du diéri ont été estimées à partir des données de l’enquête agricole conduite chaque année par le service de statistiques agricoles du Ministère de l’Agriculture et de l’Environnement (MDRE). Lors du passage de la mission, la collecte des données était achevée et le traitement qui était encours a été achevé en présence de la mission. L’enquête a couvert toutes les régions agricoles du pays sauf le Brakna où les semis venaient de commencer au moment de l’enquête. Le taux de couverture de l’échantillon a été de l’ordre de 75 pour cent, ce qui est satisfaisant.

En ce qui concerne le Brakna où l’enquête n’a pu être réalisée à temps, l’estimation des superficies a été fondée sur la moyenne des dix dernières années et un redressement pour tenir compte du taux de mise en valeur des parcelles, observé cette année (autour de 40 pour cent environ).

Concernant les superficies des cultures de bas-fonds, les estimations ont été fondées sur la moyenne observée au cours des 10 dernières années et d’un taux de mise en valeur de 80 pour cent pour tenir comptes du taux actuel de remplissage des barrages (40 à 60 pour cent) selon les services d’hydrologie.

Pour le walo, l’estimation a été faite sur la base des données fournies par la SONADER4 qui assure le suivi hydrologique du fleuve à partir des stations de Kaédi et de Gouraye.

Les superficies des cultures irriguées de la campagne hivernale 2002 ont été obtenues à partir des données d’un recensement effectué par le service des statistiques agricoles dans le cadre de l’enquête agricole. Par contre, pour les campagnes de contre saison chaude et froide, de même que pour la décrue contrôlée, les prévisions de la SONADER ont été utilisées.

Les résultats de ces travaux d’évaluation figurent dans le tableau 3. Les superficies totales pour la campagne 2002/2003 sont estimées à 95 709 ha, en baisse de 51 pour cent par rapport à la campagne 2001/2002 et de 52 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années (cf. tableau 4). Les superficies du diéri, estimés à 42 000 ha ont baissé de 71 pour cent par rapport à l’année dernière et de 64 pour cent par rapport à la moyenne 1997/98-2001/02. Par contre les superficies en bas-fonds ont augmenté de 11 pour cent par rapport à 2001/2002 mais enregistrent également une baisse d’environ 34 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Les plus faibles résultats concernent les cultures du walo qui ont tendance à disparaître du pays durant ces dernières années suite à la construction des barrages sur le fleuve Sénégal. Les prévisions pour les cultures irriguées sont plus importantes que les emblavures de 2001/2002 (plus 32 pour cent environ) mais inférieures de 14 pour cent par rapport à la moyenne 1997/98-21/02.

Tableau 3 : Superficies, rendements et productions de la campagne agricole 2002/2003

Typologie de culture Sorgho Mil Maïs Riz Ensemble
Sup.
ha
Rdt
kg/ha
Prod.
tonnes
Sup.
ha
Rdt
kg/ha
Prod.
tonnes
Sup.
ha
Rdt
kg/ha
Prod.
tonnes
Sup.
ha
Rdt
kg/ha
Prod.
tonnes
Sup.
ha
Prod.
tonnes
Diéri (pluviale stricte) 39327 200 7 865 2 705 150 406             42 032 8 271
Bas- fonds 20 800 500 10 400       3 600 750 2 700       24 400 13 100
Walo (décrue simple) 1 000 350 350       600 620 372       1 600 722
Décrue contrôlée 7 160 880 6 300       2 760 900 2 484       9 920 8 784
Irriguée 490 1 000 490       292 1 500 438 16 975 4 000 67 900 17 757 78 828
Total 68 777 - 25 405 2 705 - 406 7 252 - 5 994 16 975 - 67 900 95 709 99 705
Sup. :superficie
Rdt : rendement
Prod : production

Tableau 4 : Évolution des superficies (ha)

Typologie Moyenne
1997/98-
001/02
Superficie
2001/02
Prévisions
2002/03
Écart/moyen.
199/98-
2001/02
(%)
Écart/ Sup.
2001/02
(%)
Diéri 118 025 144 305 42 032 -64 -71
Bas-fonds 36 842 22 004 24 400 -34 11
Walo 17 611 3 643 1 600 -91 -56
Décrue contrôlée 3 174 9 939 9 920 213 0
Irrigué sorgho/maïs 2 077 594 782 -62 32
Irrigué riz 19 743 12 992 16 975 -14 31
Total 197 472 193 477 95 709 -52 -51

3.3.2 Estimation des rendements

Les rendements sur le diéri ont été estimés à partir des rendements moyens observés au cours des dix dernières années corrigés par les experts et les observations de terrain. En effet le retard important dans le démarrage de la saison a entraîné des semis très tardifs et il n’est pas certains que les plantes dont la plupart sont encore aux stades montaison voir levée/tallage bouclent leur cycle avant l’arrêt des pluies qui intervient généralement en fin octobre. Ces différentes informations indiquent que les rendements de cette campagne seront nettement en dessous de la moyenne observée pendant les années antérieures.

Concernant les autres typologies de culture, les rendements ont été également estimés à partir des données des experts (pour le bas-fonds et le walo) et des prévisions de la SONADER (pour l’irrigué et la décrue contrôlée). Ces appréciations tiennent compte d’une part des risques d’apparition d’ennemis de cultures comme la sésamie sur le sorgho et la pression aviaire qui deviennent de plus en plus importants ces dernières années malgré les efforts de lutte en cours et d’autre part, des difficultés d’accès au crédit par les petits exploitants pour l’achat des intrants. La mission a consolidé ces prévisions à travers un examen approfondi des données antérieures et du potentiel de production des différentes cultures dans le pays pour chaque typologie (cf. tableau 3).

3.3.3 Prévision de récoltes céréalières

La production céréalière totale de la campagne 2002/2003 est évaluée à 99 705 tonnes (cf. tableau 5). Elle est constituée à 68 pour cent par le riz (67 900 tonnes) et à 32 pour cent par les céréales sèches (31 805 tonnes). Cette production est en baisse de 18 pour cent par rapport à la campagne précédente qui était déjà en baisse de 32 pour cent par rapport à 2000/2001.Comparée à la moyenne des 5 dernières campagnes elle est en baisse de 41 pour cent. Elle est l’une des plus faibles observées depuis les dix dernières années mais proche de celles de 1990/91 et de 1992/93 (environ 100 000 tonnes).

Par culture, l’évolution est variable. La production totale de céréales sèches (sorgho, mil, maïs) diminue d’environ 50 pour cent par rapport à 2001/2002 et de 65 pour cent par rapport à la moyenne des 5 dernières campagnes. Le sorgho et le mil enregistrent les plus faibles performances, -52 pour cent et -91 pour cent respectivement par rapport à l’année passée et de -66 pour cent et -92 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années. La production de maïs est en baisse de 3 pour cent par rapport à 2001/2002 et de 36 pour cent par rapport à la moyenne sur la période 1997-2001.

Par contre celle du riz connaît une augmentation de 15 pour cent par rapport à la campagne passée, mais une diminution du même ordre par rapport à la moyenne des 5 dernières années.

Par typologie, la production du diéri est en baisse d’environ 80 pour cent par rapport à son niveau de 2001/2002 et la moyenne de la période 1997-2001.

La production du Walo diminue de 44 et 94 pour cent respectivement par rapport à la saison dernière et à la moyenne de période 1997-2001. Ces chiffres confirment la tendance à la disparition du walo observée ces dernières années comme typologie de production en Mauritanie. Selon plusieurs sources ce phénomène serait lié au contrôle de la crue du fleuve Sénégal suite à la construction des barrages.

Concernant les cultures de bas-fonds on observe une augmentation d’environ 14 pour cent par rapport à l’année dernière mais une baisse importante de 49 pour cent par rapport à la moyenne de la période 1997-2001.

Les productions des cultures irriguées sont en hausses respectives d’environ 28 pour cent et 15 pour cent pour les céréales sèches (sorgho et maïs) et le riz par rapport à la campagne 2001/2002. Par contre elles sont en forte baisse (68 pour cent ) pour les céréales sèches et de 15 pour cent environ pour le riz par rapport à la moyenne des 5 dernières campagnes.

Tableau 5 : Production céréalière 2002/2003 (en tonnes)

Typologie Sorgho Mil Maïs Riz Total
Diéri 7 865 406 - - 8 271
Bas-fonds 10 400 - - - 13 100
Walo 350 - 372 - 722
Décrue contrôlée 6 300 - 2484 - 8 784
Irriguées 490 - 438 67 900 78 828
Total 25 405 406 5 994 67 900 99 705

Tableau 6 : Évolution des productions de céréales (en tonnes)

Typologie Moyenne
97/98-2001/02
Production
2001/02
Prévision
2002/03
Écart/moyen.
97/98-2001/02
(%)
Écart/
2001/02
(%)
Diéri 47 219 43 270 8 271 -82 -81
Bas-fonds 25 930 11 450 13 100 -49 14
Walo 11 350 1 299 722 -94 -44
Décrue contrôlée 2 460 6 623 8 784 257 33
Irrigué sorgho/maïs 2 874 726 928 -68 28
Irrigué riz 80 207 58 809 67 900 -15 15
Total 170 040 122 177 99 705 -41 -18

3.4  Autres productions agricoles

Elles concernent surtout le niébé, les pastèques, les cultures maraîchères et fourragères. Les cultures de niébé et de pastèques sont pratiquées surtout en association avec les céréales et couvrent des surfaces relativement importantes (30 000 ha pour le niébé et 5 000 ha les pastèques). La production de niébé a été de 9 905 tonnes en 2001/2002 et 10 127 tonnes en moyenne ces 5 dernières années. Celle de pastèque a été de 1 111 tonnes l’année passée et en moyenne de 1 500 tonnes environ au cours des 5 dernières campagnes. L’arachide est également cultivée mais avec une production de moins de 500 tonnes en moyenne par an.

Les cultures maraîchères connaissent une expansion ces dernières années, pour l’approvisionnement des villes. Elles sont pratiquées sur la plupart des aménagements hydro-agricoles et aux alentours des grandes agglomérations.

3.5 Les productions animales

En 2000, le cheptel était estimé à environ 13 millions de têtes dont 10,3 millions de petits ruminants (ovins et caprins), 1,4 millions de bovins et 1,2 millions de chameaux. Cet élevage occupe une place très importante dans la sécurité alimentaire des populations notamment rurales en fournissant des denrées (lait et viande) pour leur consommation et des revenus pour accéder aux autres produits. En année de mauvaises récoltes, la vente d’animaux, en particulier des petits ruminants, constitue le premier recours des agro-pasteurs pour accéder aux céréales.

Lors de la campagne 2001/2002, les conditions agro-climatiques ont été peu favorables aussi pour l’élevage. Les pâturages étaient moins importants que d’habitude et une grande partie a été détruite par les pluies hors saison de janvier 2002. Ces pluies ont également entraîné la mort de près de 150 000 animaux. Le démarrage tardif de l’hivernage 2002 et le déficit pluviométrique observé dans presque toutes les principales zones agro-pastorales n’a pas favorisé le développement des pâturages jusqu’au mois d’août.

Selon les prévisions, les pâturages ne couvriront pas plus de 3 mois de consommation pour le bétail. Les productions de lait et de viande pourraient être sérieusement réduites en 2003. De plus, cette situation risque d’entraîner la vente à perte des petits ruminants, privant les populations rurales de l’une de leurs principales sources d’accès à la nourriture.

4. SITUATION DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE ALIMENTAIRE

4.1 Accès aux denrées alimentaires

La commercialisation des produits alimentaires notamment des céréales est libre en Mauritanie. Plusieurs opérateurs économiques privés et une société parapublique (la SONIMEX) assurent l’approvisionnement des marchés. Les principales importations : blé, riz, thé, sucre, lait et huiles végétales proviennent essentiellement d’Europe et d’Asie. Les importations de céréales sèches (mil, sorgho, maïs) sont en général faites à partir des marchés transfrontaliers surtout du Mali et le transport assuré par dos d’âne et de chameaux. Ce commerce est très peu suivi mais on estime que les volumes des transactions peuvent atteindre des centaines de tonnes lorsque la production dans les régions frontalières est bonne. En moyenne, les importations de céréales couvrent au moins 50 pour cent des besoins du pays chaque année.

Concernant la production intérieure, les producteurs placent directement leurs surplus sur le marché national ou par l’intermédiaire de réseaux d’acheteurs et de distributeurs.

Lors de la campagne 2001/2002 les prix des céréales sur les marchés ont une forte tendance à la hausse surtout pour les céréales sèches à cause des mauvaises récoltes.

En effet, l’examen des prix des céréales sur les marchés indique une tendance soutenue à la hausse depuis novembre 2001 (cf. tableau 7 et graphique 3). Le prix du sorgho est passé de 88 Ouguya (UM) le kilogramme en septembre 2001 à 103 UM en décembre 2001 et en janvier 2002. En avril 2002 il était de 108 UM soit une augmentation de 5 pour cent par rapport à janvier 2002 et de 49 pour cent par rapport la même période en 2001 (69 UM/kg). En septembre 2002 il atteignait 164 UM marquant ainsi une augmentation de 59 pour cent par rapport au mois de janvier 2002 et de 86 pour cent par rapport à son niveau en septembre 2001 (88 UM/kg). Cette denrée ainsi que les autres céréales sèches sont actuellement rares sur le marché.

L’évolution du prix du niébé, autre produit (local) consommé surtout dans les zones rurales a également suivi la même tendance avec des niveaux s’élevant à plus de 75 pour cent par rapport à la campagne précédente.

Tableau 7 : Évolution des prix moyens du sorgho et du riz local.

Produit   Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc.
Sorgho 2001 70 68 66 69 77 79 82 83 88 89 100 103
2002 103 99 101 108 122 129 128 132 164 - - -
Riz 2001 124 125 127 131 133 140 150 158 152 171 154 147
2002 152 150 149 148 142 139 143 152 152 - - -

Pour le riz local (les données sur les prix du riz importé ne sont pas disponibles), les prix ont évolué de façon irrégulière de janvier à septembre 2002 (cf. tableau 7 et graphique 4). Ils ont été plus élevés que ceux de l’année dernière entre les mois de janvier et de mai mais plus faibles entre juin et septembre. Cette situation s’explique essentiellement par les mesures prises à partir de juin 2001 par les opérateurs économiques du secteur pour soutenir la production locale. Ces derniers qui sont à la fois grands producteurs et importateurs de riz avaient volontairement réduit leurs importations pour permettre d’écouler leurs productions. Ceci a entraîné une baisse de l'offre sur le marché et une revalorisation de la production nationale.

Par contre les prix du blé sont restés relativement stables durant la campagne même si on a parfois observé de légères hausses. En général les prix du blé et du riz sont relativement stables dans le pays même en année de mauvaises récoltes. Les approvisionnements sont adéquats et les variations de prix ne sont surtout dues qu’aux fluctuations du marché international.

Les prix du bétail, sont en forte baisse actuellement à cause surtout du manque de pâturages. Cette baisse atteint 40 à 60 pour cent dans certaines zones du pays.

La situation alimentaire du pays au cours de la campagne 2001/2002 a été particulièrement difficile. Les mauvaises récoltes, les pertes importantes dues aux pluies hors saison de janvier 2002 sur les cultures irriguées et sur le bétail ont sérieusement réduit les disponibilités alimentaires des populations notamment rurales. Il faut noter que la période de soudure a été précoce et plus longue suite à l’installation tardive de la saison des pluies.

Face à cette situation, des distributions gratuites de denrées alimentaires ont été faites par plusieurs institutions dont le gouvernement, le PAM et les ONGS. Le pays a reçu cette année environ 34 000 tonnes de céréales au titre de l’aides alimentaire.

4.2  Bilan céréalier prévisionnel 2002/2003

Le bilan céréalier pour 2002/2003 (cf. tableau 5) est fondé sur les hypothèses suivantes :

Les importations commerciales anticipées sont estimées à 217 030 tonnes dont 17 950 tonnes de riz et 191 580 tonnes de blé et 7 500 tonnes de céréales sèches. L’aide alimentaire annoncée par les donateurs s’élèvent 11 000 tonnes dont 5 000 tonnes de riz promis par le Japon, et du blé, 3 000 tonnes prévues par la France, 1 000 tonnes par la Chine et 3 000 tonnes par le PAM.

Tableau 8 : Bilan céréalier 2002/2003 (en tonnes)

  Riz Blé Mil, Sorgho Maïs Total
DISPONIBILITÉS
Productions
Stocks initiaux
87 565
67 900
19 665
57 377
-
57 377
31 805
31 805
-
176747
99 705
77 042
UTILISATION TOTALE
Consommation humaine
Semences, pertes et autres
Stocks finaux
151 098
104 538
27 160
19 400
254 957
187 632
15 000
52 325
93 226
88 455
4 771
-
499 281
380 625
46 931
71 725
BESOINS D’IMPORTATION
Commerciales
Aides annoncées
63 533
17 950
5 000
197 580
191 580
6 000
61 421
7 500
-
322 534
217 030
11 000
BESOINS À COUVRIR 40 583 - 53 921 94 504

Les besoins d’importation en 2002/2003 sont estimés à 322 534 tonnes, 10 pour cent supérieurs aux réalisations de 2001/2002. Les importations anticipées sont de 228 030 tonnes (217 030 tonnes à titre commercial et 11 000 tonnes d’aide alimentaire) ce qui dégage un besoin d’importation complémentaire de 94 504 tonnes dont 40 583 tonnes de riz et 53 921 tonnes de céréales sèches (mil, sorgho et maïs).

5. BESOINS D’AIDE ALIMENTAIRE D’URGENCE EN 2002/2003

Le Gouvernement de la République Islamique de Mauritanie a lancé un appel d'urgence le 1er septembre 2002 en vue de venir à bout des conséquences néfastes d'une troisième mauvaise campagne agricole (aggravée par les intempéries de janvier 2002). La demande gouvernementale doit couvrir 822 000 personnes pour un total de 51 000 tonnes de vivres (dont 37 000 tonnes de céréales).

Le PAM a déjà approuvé le 25 mars 2002 une opération d'urgence de 17 231 tonnes pour venir en aide aux populations victimes des mauvaises récoltes de 2000-2001 et 2001-2002 ainsi que les fortes pluies de janvier. L'opération MRT 10147.00 n'a démarré qu'en septembre et n’a bénéficié jusqu'à maintenant que de 56 pour cent des ressources nécessaires.

La mission a pu vérifier sur le terrain l'extrême précarité des populations et a enregistré les informations supplémentaires relatives aux régions non visitées (sud des deux Hodhs et Trarza) en raison des contraintes de temps. Ces informations confirment les identifications de population sinistrées faites par le Commissariat à la Sécurité Alimentaire, à travers son Observatoire à la Sécurité Alimentaire.

Etat général de la vulnérabilité

Pour la 3ème année consécutive, la Mauritanie fait face à des déficits de production céréalière, principalement lié à la faiblesse et à la mauvaise répartition spatio-temporelle des pluies. Les effets de rémanence qui en résultent ont accentué la pression sur le bétail et poussé les ménages les plus vulnérables à recourir de manière quasi permanente à des stratégies de survie.

L’étude VAM (enquêtes réalisées en mars et octobre 2002) montre que globalement, dans les zones d’enquête, 20 pour cent des ménages sont actuellement en insécurité alimentaire5et 21 pour cent sont vulnérables6. Plus de 41 pour cent donc des ménages se trouvent actuellement en situation de vulnérabilité avérée, et 14 pour cent sont potentiellement en insécurité alimentaire7.

En termes de vulnérabilité au niveau des villages, l’étude montre que 18 pour cent des villages enquêtés sont actuellement en situation de crise alimentaire (dans ces villages 66 pour cent des ménages sont en insécurité alimentaire chronique et les 44 pour cent restants sont vulnérables), 25 pour cent sont très vulnérables (dans les villages très vulnérables, 20 pour cent des ménages sont en insécurité alimentaire chronique et 66 pour cent sont des ménages vulnérables) et 9 pour cent sont potentiellement vulnérables. Cela voudrait dire que 43 pour cent des villages enquêtés sont actuellement en crise alimentaire ou très vulnérables ; et pour lesquels donc des interventions urgentes et immédiates doivent être envisagées. A cela, il faut ajouter que dans 41 pour cent des villages, on compte des proportions significatives de ménages vulnérables. Seuls donc 9 pour cent des villages des zones d’enquête présentent une situation alimentaire et nutritionnelle assez satisfaisante.

La situation est particulièrement préoccupante dans :

Caractéristiques des ménages vulnérables

Les ménages vulnérables et en insécurité alimentaire se caractérisent par une prépondérance de l’agriculture (50 pour cent des activités sont agricoles et plus de 35 pour cent des revenus sont tirés de l’agriculture), des activités centrées principalement autour des migrations et des travaux non qualifiés, une faible épargne (l’élevage qui joue un peu ce rôle est une activité marginale pour cette catégorie de ménage) du fait notamment de l’importance des déstockages qui se traduisent souvent en décapitalisation et des dépenses alimentaires dépassant les 70 pour cent des dépenses globales

Stratégies et mécanismes d’adaptation à la crise

Toutes ces zones partagent les mêmes caractéristiques i.e. une très forte exposition aux risques biophysiques (pluviométrie surtout), une gamme réduite de typologies de cultures (cultures pluviales et de bas-fonds), une détérioration continue des termes de l’échange céréale - bétail, des activités génératrices de revenus réduites du fait de l’absence d’une demande solvable. Les stratégies et mécanismes endogènes d’adaptation à la crise tournent ainsi principalement autour du déstockage et souvent la décapitalisation du bétail, l’intensification des petits travaux, les migrations précoces, l’implication des femmes et enfants dans les stratégies migratoires et la consommation des biens et actifs productifs nécessaires à cet effet.

État nutritionnel des groupes vulnérables

Ces stratégies et mécanismes fort peu durables et surtout leur caractère très peu rémunérateur au regard de l’importance des besoins et des hausses des prix, ont fait que la situation nutritionnelle des groupes vulnérables n’a cessé de se détériorer. Ainsi, comparativement aux enquêtes du VAM de mars 2002, la malnutrition aiguë parmi les enfants âgés de 6 à 59 mois est passée de 13,5 pour cent en moyenne à 21,9 pour cent, moyenne très largement supérieur au seuil jugé critique pour l’Afrique de l’Ouest (10 pour cent). La malnutrition aiguë sévère a atteint le taux de 3,1 pour cent. Ces indicateurs sont si élevés qu’il justifient la recommandation d’une intervention immédiate au profit des enfants malnutris, tous âges confondus.

Tableau 9: Indications sur la proportion des populations vulnérables

Zones Population estimée en
insécurité alimentaire
Population estimée
vulnérable
Total
Aftout 47 765 45 417 93 182
Sud 2 Hodh/Sud Est Kankossa 110 291 128 265 238 555
Plateau Tagant/Affolé 22 880 26 630 49 510
Est Trarza-Ouest Brakna 13 872 16 324 30 196
Total Zones 194 808 216 635 411 443

Assistance du PAM

L'aide alimentaire d'urgence est destinée aux populations affectées des wilaya (régions) du Trarza, du Brakna, du Gorgol, du Tagant, de l’Assaba, du Hodh el Gharbi et du Hodh el Chargui. Le premier sous-groupe comprend des populations actuellement en insécurité alimentaire avec des états de malnutrition grave pour les sous-groupes à haut risque (enfants de moins de 6 à 59 mois, femmes enceintes, mères allaitantes). Le groupe des bénéficiaires situés dans l’Aftout et les autres zones où la situation nutritionnelle est aussi mauvaise (Mauritanie) recevront une ration complète équivalent à 2100 kcal par personne et par jour. C’est une ration quotidienne de 555 grammes par personne composée de céréales (400 g), de légumineuses (60 g), d’huile (30 g), de WSB (50 g) et de sucre (15 g). La distribution sera gratuite et durera 9 mois, du 1er janvier au 30 septembre 2003, soit 270 jours. Le deuxième groupe recevra une ration équivalente à 1 700 kcal par personne et par jour constituée de céréales (400g), légumineuse (60 g) et huile (30g).

6.  CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

Les récoltes de la campagne agricoles 2002/2003 sont les plus faibles observées ces dix dernières années. La production est en baisse de 18 pour cent par rapport à celle de 2001/2002 qui était déjà inférieure de 27 pour cent par rapport à 2000/2001.Cette succession de mauvaises récoltes entraînera beaucoup de personnes dans une situation d’insécurité alimentaire grave. En 2001/2002, l’aide d’urgence a été nécessaire dans plusieurs localités du pays. Elle le sera d’avantage en 2002/2003. La mission recommande :

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des Secrétariats de la FAO et du PAM à partir d’informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s’adresser aux soussignés pour un complément d’informations le cas échéant.

Henri Josserand
Chef, SMIAR, FAO
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Mél : [email protected]
Aranda da Silva
Directeur régional, ODD, PAM
Télécopie: 00221-8223798
Mél : [email protected]

Veuillez noter que le présent rapport spécial peut être obtenu sur l’Internet dans le site Web de la FAO à l’adresse URL ci-après: http://www.fao.org/giews

Les alertes spéciales et les rapports spéciaux peuvent aussi être reçus automatiquement par courrier électronique dès leur publication, en souscrivant à la liste de distribution du SMIAR. A cette fin, veuillez envoyer un courrier électronique à la liste électronique de la FAO à l’adresse suivante: [email protected] sans remplir la rubrique sujet, avec le message ci-après:

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1. CILSS: Comité Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel

2. Les informations ont été tirées «the Economist Intelligence Unit, Country Report, July 2002».

3. La wilya est la plus grande unité administrative du pays ; elle correspond à la région dans certain pays.

4. SONADER : Société nationale de développement de la riziculture.

5. Ménage dont le régime alimentaire actuel est pauvre et les ressources insuffisantes pour couvrir ses besoins alimentaires pour le reste de l’année.

6. Ménage dont le régime alimentaire actuel est minimal et les ressources insuffisantes pour couvrir ses besoins alimentaires pour le reste de l’année.

7. Ménage dont le régime alimentaire est moyen, les ressources minimales et incapable de faire face à un choc éventuel.