FAO/SMIAR - Perspectives alimentaire No.5 - décembre 2002 p.7

Stocks de report

Prévisions de contraction massive des stocks céréaliers mondiaux

Les prévisions de la FAO concernant les stocks céréaliers mondiaux à la clôture des campagnes se terminant en 2003 demeurent virtuellement inchangées depuis le rapport précédent, soit 466 millions de tonnes, ce qui représente une réduction de 110 millions de tonnes, ou encore de 19 pour cent par rapport au niveau d'ouverture. Cette contraction marquée résulterait d'un net recul (plus de 3 pour cent) de la production céréalière mondiale parallèlement à une augmentation marginale de l'utilisation totale de céréales. Outre celui de la Chine, où les stocks céréaliers devraient se contracter pour la cinquième année consécutive, les autres déclins importants de réserves céréalières devraient toucher des pays dont la production risque, cette année, de chuter très nettement comme l'Australie, le Canada, le Brésil, l'Inde et les États-Unis.

Les stocks mondiaux de blé devraient, selon les prévisions concernant les campagnes clôturées en 2003, tomber à 167 millions de tonnes, soit 50 millions de tonnes ou 23 pour cent en deçà de leur niveau d'ouverture. Parmi les grands exportateurs, seule l'Union européenne devrait terminer la campagne avec des stocks accrus, compte tenu de l'augmentation de la production de blé enregistrée cette année. En revanche, aux États-Unis, l'action conjuguée de la sécheresse et de la réduction des emblavures a pesé sur la production, entraînant selon toute vraisemblance une réduction de 55 pour cent des stocks de blé, pour un niveau inférieur à 10 millions de tonnes, soit pratiquement le niveau le plus bas depuis 18 ans. En Australie et au Canada, la sécheresse aiguë est également responsable d'avoir amputé la production de blé et, partant, d'avoir entraîné une érosion des stocks.

Stocks céréaliers de report mondiaux

Source: FAO

Au total, on s'attend à ce que d'ici la fin de leur campagne respective en 2003, les grands exportateurs ne détiennent pas plus de 32 millions de tonnes de blé dans leurs inventaires. Le déclin prévu des stocks de blé des grands pays exportateurs aurait pour conséquence un net tassement de leur coefficient stocks de blé/absorption totale (somme de leur consommation intérieure et de leurs exportations). Selon les dernières prévisions, ce coefficient avoisinerait 15 pour cent, ce qui représente une réduction très marquée par rapport aux 21 pour cent de la campagne précédente, et le chiffre le plus bas depuis 1996, année où le coefficient est tombé à 14 pour cent.

Pour la campagne en cours, les stocks de report de la Chine, l'un des principaux pays producteurs de blé de l'Asie, s'établissent à 63 millions de tonnes, soit 24 millions de tonnes de moins que les niveaux d'ouverture, étant donné que la production de blé pour 2002 est estimée à un niveau inférieur à celui de l'année précédente, déjà réduit, et le plus faible depuis 1989. En dépit de ce déclin, les stocks de report de la Chine sont encore considérés comme suffisants, ce qui explique partiellement pourquoi les importations ont été maintenues au niveau plancher. En Inde, malgré l'accroissement de la production, le maintien d'un volume important d'exportations pourrait entraîner un prélèvement d'environ 4 millions de tonnes sur les stocks de clôture de blé de la campagne en cours. En dépit de ce déclin, cependant, les stocks de l'Inde demeureraient largement au-dessus des normes de réserve, soit à près de 28 millions de tonnes. Les inventaires de blé du Pakistan devraient également, selon les prévisions, se contracter considérablement cette année; en effet, selon les pronostics les plus récents, les stocks de fin de campagne du pays pourraient chuter de 3,5 millions de tonnes par rapport à leur niveau d'ouverture pour s'établir à moins de 1 million de tonnes, bien que la production pour 2002 soit estimée à un volume supérieur à celui de l'an dernier. La poursuite des exportations et la demande intérieure soutenue figurent parmi les principaux facteurs expliquant le recul prévu des stocks de blé du Pakistan.

En Afrique, l'on s'attend à une réduction très marquée des stocks en Égypte, en Érythrée, en Éthiopie, au Nigéria et en Tunisie. Dans ces pays, l'écart entre les approvisionnements (y compris les importations prévues) et les besoins pourrait être réduit par des prélèvements dans les réserves nationales. Compte tenu des bonnes récoltes rentrées dans les pays de la CEI, les stocks devraient augmenter dans presque tous les pays de la région, à l'exception des stocks de blé de la Fédération de Russie, qui devraient connaître un léger déclin lié principalement à la cadence vigoureuse des exportations.

Les prévisions concernant les stocks mondiaux de céréales secondaires pour les campagnes se terminant en 2003 annoncent un volume de 174 millions de tonnes, soit un recul de 37 millions de tonnes ou 18 pour cent par rapport à l'année précédente. La réduction la plus marquée est attendue aux États-Unis, où le déclin très net de la production de cette année pourrait entraîner une réduction de près de 20 millions de tonnes des reports, qui s'établiraient à 25 millions de tonnes. Cependant, les prélèvements devraient rester limités, car on s'attend à une contraction de la demande intérieure de céréales pour animaux. Sur la base des dernières estimations, l'utilisation totale de céréales secondaires pour l'alimentation animale aux États-Unis devrait reculer de 8 millions de tonnes, dont 5 millions de tonnes liées à la réduction de l'utilisation de maïs. Par ailleurs, la production de l'Australie et du Canada, réduite du fait de la sécheresse, devrait entraîner un amenuisement sensible de leurs stocks de clôture. En revanche, le total des inventaires de l'Union européenne devrait rester voisin du niveau confortable de la campagne précédente, soit près de 20 millions de tonnes. Tout comme pour le blé, le rapport entre le volume total des stocks de céréales secondaires des principaux pays exportateurs et le volume total de leur absorption devrait subir une réduction draconienne cette année, et tomber à environ 12 pour cent, soit une chute d'environ 17 pour cent au cours des deux dernières campagnes et le niveau le plus faible depuis 1996.

Malgré la reprise marquée de la production de maïs en Chine, les inventaires de maïs de ce pays devraient enregistrer un déclin d'environ 8 millions de tonnes, pour s'établir à près de 80 millions de tonnes. Cette situation s'explique principalement par la poursuite d'exportations importantes et par la croissance rapide de l'utilisation pour l'alimentation des animaux. Par suite de la réduction de la production, on prévoit des inventaires réduits en Fédération de Russie, au Brésil et au Mexique. En Afrique également, le volume total des stocks devrait décliner, de 1 million de tonnes environ, sous l'effet principalement du déclin de la production de sorgho et de maïs dans plusieurs pays d'Afrique centrale et australe.

Les prévisions concernant les stocks mondiaux de riz à la clôture des campagnes de commercialisation de 2003, ont été révisées à la baisse de plus de 5 millions de tonnes depuis le dernier rapport, pour s'établir à environ 125 millions de tonnes, avec des inventaires inférieurs à leur niveau révisé d'ouverture d'environ 23 millions de tonnes, soit l'un des reculs les plus marqués jamais enregistrés.

La révision à la baisse récemment effectuée traduit principalement les perspectives de réduction de la production pour la Chine et pour l'Inde, les deux principaux producteurs de riz, ce qui entraînera des prélèvements accrus sur leurs inventaires relativement aux prévisions antérieures, afin de maintenir des niveaux normaux de consommation. Contrairement à l'an dernier où l'on a assisté à une réduction considérable des stocks dans plusieurs grands pays exportateurs, la quasi-totalité de la contraction devrait, cette année, se concentrer sur les pays exportateurs de riz.

En Chine (continentale) en particulier, on s'attend à ce que les stocks de report tombent de 14 millions de tonnes par rapport à l'an dernier pour s'établir à 79 millions de tonnes, soit 2 millions de tonnes de moins que les prévisions antérieures. En Inde également, compte tenu de la réduction prévue du volume produit en 2002, une réduction de l'ordre de 7 millions de tonnes est également prévisible, à comparer avec les prévisions antérieures de 5 millions de tonnes. Les stocks de clôture du pays devraient à présent tomber à 17,5 millions de tonnes à la fin de la campagne. Certains ajustements de stocks à la baisse ont également été effectués pour la Thaïlande et la République de Corée, compte tenu de la détérioration des perspectives de production, tandis que ces dernières se sont améliorées pour les États-Unis et le Viet Nam, entraînant une révision à la hausse.