SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO

RAPPORT SPÉCIAL

MOLDOVA

DIFFICULTÉS D’APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES À PRÉVOIR

EN RAISON D’UN HIVER PARTICULIÈREMENT FROID ET

D’UN PRINTEMPS EXCEPTIONNELLEMENT SEC

22 juillet 2003

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Plus des trois quarts des récoltes de céréales d’automne et de printemps, notamment de blé, ont souffert d’un hiver particulièrement froid et d’un printemps exceptionnellement sec. Le blé, qui représente quelque 90 pour cent de la superficie emblavée en céréales d'automne, est la principale culture de base du pays. L’automne dernier, près de 343 000 hectares ont été ensemencés en blé et 71 000 hectares, en orge. D’après les estimations les plus récentes, 40 pour cent du blé et la quasi totalité de l’orge ont été anéantis. On estime à moins d'une tonne par hectare le rendement du blé non affecté, par rapport à un rendement moyen de plus de 3 tonnes par hectare ces dernières années. Selon les spécialistes de la FAO, qui se sont rendus en République de Moldova du 7 au 12 juillet 2003, la récolte de blé devrait se chiffrer à environ 220 000 tonnes et celle d’orge à 45 800 tonnes (principalement pour l'orge de printemps), par rapport à 1,12 million de tonnes de blé et 256 000 tonnes d’orge en 2002. Les pertes de céréales d'hiver ont été comparées à celles de 1945, qui avaient marqué la pire récolte du pays, de mémoire d’homme.

Entre le mois de décembre et les dix premiers jours de mars, les températures ont été capricieuses et, en moyenne, inférieures de 3 à 5 degrés à la moyenne à long terme, dans l’ensemble du pays. Mais en mai et en juin, les températures ont été, en moyenne, supérieures de 4 à 5 degrés à la moyenne à long terme. De plus, pendant la campagne culturale, les précipitations ont été irrégulières et nettement inférieures à la moyenne à long terme. Une couverture neigeuse peu épaisse et des températures anormalement basses en novembre et en décembre ont causé des dégâts considérables aux céréales d’hiver et les températures élevées et les précipitations particulièrement faibles du début du printemps et de l’été ont eu de graves répercussions sur les cultures de printemps. Les précipitations de l’hiver et du printemps sont indiquées dans le tableau ci-après.

Source: Services météorologiques nationaux de la République de Moldova.

Des céréales de printemps (maïs et orge) et des cultures industrielles (tournesol, betterave sucrière, soja et tabac) ont été semées d ans les zones de culture de céréales d’hiver ayant subi de graves pertes. Cependant, les mauvaises conditions météorologiques ont mis en danger certaines des récoltes de la fin du printemps. Pour la quasi-totalité des cultures, il est prévu que les rendements soient nettement inférieurs à ceux de l’année dernière. Ainsi, par rapport à l’année dernière, on devrait constater une baisse de rendement de près de 20 pour cent pour le maïs, de 30 pour cent pour le tournesol, de 23 pour cent pour la betterave sucrière, de 45 pour cent pour le soja et de 29 pour cent pour le tabac. Cependant, ces estimations sont provisoires et les résultats dépendent des conditions climatiques qui prévaudront le reste de l’été.

Le bilan relatif aux céréales prévu pour l’année commerciale qui vient de commencer, soit de juillet 2003 à juin 2004, est présenté au Tableau 1, ci-après. L’utilisation à l’échelle nationale est fondée sur des données rétrospectives et sur les données actuelles concernant la démographie, le cheptel, la consommation alimentaire et l’utilisation des semences et des aliments pour animaux. Dans les zones rurales de la République de Moldova, le maïs est remplacé par le blé et l'orge pour l'alimentation tant humaine qu'animale, lorsque les prix du blé et de l’orge sont élevés et que l’accès est restreint. On ne dispose pas de données fiables quant aux stocks et les estimations ci-après sont fondées sur la production, la consommation et les exportations de l’année dernière. On estime que les stocks de blé destinés à la consommation humaine, qui se trouvent principalement aux mains d’entités privées, devraient suffire pour environ 3 mois.

Tableau 1. Bilan relatif aux céréales, juillet 2003 – juin 2004 (en milliers de tonnes)

  Blé Maïs Orge Total
Disponibilités nationales 337 977 48 1 362
Déstockage1/ 116 10 0 126
Production nationale 221 967 48 1 236
Utilisation totale 674 977 428 2 079
à des fins alimentaires 465 180 5 650
à titre de semences 90 12 11 113
A des fins d’alimentation animale, plus pertes 119 716 412 1 247
Augmentation des stocks - 69 - 69
Besoins d’importation 337 0 380 717

Source: Ministère de l'agriculture et calculs des spécialistes.

1/ Comme il n’existe aucune donnée sur les stocks, les estimations sont fondées sur la production, sur les exportations et sur l’utilisation de l’année dernière et partent de l’hypothèse qu’il y aura suffisamment de blé destiné à la consommation humaine pour 3 mois dans le pays.

Au cours de la dernière année commerciale (juillet 2002 – juin 2003), la République de Moldova a exporté 277 000 tonnes de blé et 68 000 tonnes de maïs, ce qui a réduit les stocks disponibles pour cette année. Le pays dispose des ressources nécessaires pour faire face au déficit en blé et en orge estimé. Cependant, pour une grande partie de la population, l’accès aux denrées alimentaires sera limité, en particulier pour les petits exploitants, les retraités, les journaliers et les familles nombreuses. Dans la région, les récoltes de céréales sont nettement inférieures à celles de ces dernières années, notamment en Ukraine, dans la Fédération de Russie et en Roumanie. Cette situation va certainement accentuer la pression sur les prix des céréales sur les marchés nationaux, diminuant l’accès aux denrées alimentaires pour de nombreux habitants. En ce qui concerne les céréales, le gouvernement ne dispose pas de l’outil que sont les opérations du stock pour influencer les prix sur le marché national, qui subissent les fluctuations des prix du marché régional. Le prix du pain a déjà enregistré une forte hausse, ce qui, si aucune action n’est entreprise pour y remédier, aura de graves conséquences pour un grand nombre de foyers vulnérables.

Le profond déficit relatif aux céréales d’hiver aura des répercussions catastrophiques sur la récolte de l’année prochaine, si aucune disposition n’est prise au cours du prochain mois. Selon les estimations du gouvernement, près de 70 000 tonnes de semences de blé peuvent être fournies à l’échelle nationale, ce qui correspondrait à un déficit de 20 000 tonnes. En ce qui concerne les semences d’orge, le déficit est estimé à 10 000 tonnes. Cependant, étant donné la diversité des conditions agro-météorologiques, les semences produites dans le nord du pays peuvent ne pas être adaptées à d’autres régions. En conséquence, le déficit semencier que connaît le pays est susceptible d’être supérieur aux prévisions. La République de Moldova achète des semences de blé et d’orge principalement dans la région d’Odessa, en Ukraine, et dans la région de Krasnador, dans la Fédération russe. Les deux régions ont subi des pertes considérables l’hiver dernier, ce qui ne manquera pas d'avoir des répercussions sur le prix des semences de céréales. En conséquence, l’accès aux semences de nombreux agriculteurs sera encore plus limité, notamment en ce qui concerne les petits exploitants, dont les cultures et le bétail ne sont, en général, pas diversifiés.

Si aucune solution n’est trouvée, les pénuries d’aliments pour animaux vont entraîner l’abattage forcé, notamment de porcins et de volaille, dont les rations alimentaires sont principalement composées de blé et d’orge. Le prix de la viande, qui a déjà baissé fortement, devrait continuer à chuter. Dans certains cas, le maïs servira de substitut aux céréales, mais cela ne devrait pas suffire pour faire face à la pénurie.

Les mauvaises conditions climatiques qui ont prévalu en hiver n’ont pas eu de conséquences trop graves sur les vergers, mais les vignobles en ont souffert dans une certaine mesure. En ce qui concerne le vignoble, le rendement devrait chuter d’environ 20 pour cent par rapport à l’année dernière, alors que cette année, la production de fruits devrait augmenter de 11 pour cent. Le gouvernement prévoit d’augmenter la superficie allouée aux vergers et à la vigne et vise à augmenter les rendements par parcelle. On a constaté une diminution de 10 pour cent de la production de légumes par rapport à l’année dernière.

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité du Secrétariat de la FAO à partir d’informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement dans le pays, prière de s’adresser, pour tout complément d’information à M. Henri Josserand, Chef, SMIAR, FAO; Télécopie: 0039-06-5705-4495, Mél: [email protected]

Veuillez noter que le présent rapport spécial peut être obtenu sur l’Internet dans le site Web de la FAO à l’adresse URL ci-après: http://www.fao.org/giews

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