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Gestion des incendies de forêt grâce à la participation des communautés locales: Gambie


Par Almami Dampha; Janvier 2001
Kaniman Kamara et Clemens Beck, Forestry Department, PO Box 504, Banjul, Gambie

RÉSUMÉ

On ne dispose que de données insuffisantes sur les incendies de forêt en Gambie parce que le personnel de terrain n’est pas assez nombreux et que la population n’est pas disposée à dénoncer les coupables pour qu’ils soient poursuivis. Il est cependant évident que la plupart des terres boisées du pays sont incendiées chaque année. Cette pratique entraîne des pertes énormes car un volume incalculable de bois d’oeuvre et de bois de feu est ainsi détruit et la productivité de l’agriculture est faible en raison de la dégradation des sols.

L’utilisation du feu fait partie intrinsèque des activités socio-économiques des populations rurales. Étant donné que celles-ci pratiquent l’agriculture temporaire à petite échelle et n’ont pas d’autre moyen approprié de préparer les terres, elles ont généralement recours au feu pour préparer les champs. En conséquence, le défrichement provoque un nombre non négligeable d’incendies de forêt car les cultivateurs ne maîtrisent pas toujours les feux qu’ils allument. La chasse, la récolte du miel, l’élevage, le ramassage de bois de feu et le tabagisme constituent d’autres causes habituelles d’incendies de forêt.

Le fait que l’État soit propriétaire des ressources forestières a amené le public à considérer les incendies de forêt avec indifférence, surtout dans le passé lorsque la prévention et la lutte contre les incendies étaient considérées comme relevant du département des forêts. Après l’accession à l’indépendance en 1965, le gouvernement a donné une grande importance au développement économique, principalement grâce à l’accroissement de la production agricole - en premier lieu celle d’arachide - afin d’obtenir les devises dont le pays avait le plus grand besoin. Les terres boisées ont été considérées comme des réserves de terres fertiles pour l’agriculture et le feu était le seul moyen peu coûteux de convertir ces terres à d’autres utilisations. Ainsi, les incendies de forêt n’ont pas été considérés comme néfastes tant qu’ils facilitaient la préparation des terres pour les cultures. La superficie boisée était grande par rapport à la demande de la population. La situation s’est progressivement dégradée à mesure que les besoins de nouvelles terres cultivables augmentaient.

Le gouvernement de la Gambie a commencé à se préoccuper vivement du problème des incendies de forêt pendant les dernières années 70 et il a mis en place pour le régler des instruments qui commencent à donner des résultats. Depuis sa création en 1977, le Département des forêts s’occupe activement de la prévention des incendies de forêt et de leur suppression, notamment en créant des coupe-feu à la limite des parcs forestiers aménagés et en organisant des émissions de radio pour sensibiliser le public. Il encourage les recours aux feux précoces dirigés sur le pourtour des parcs forestiers et des forêts communautaires.

Au bout de près de vingt ans de gestion classique des forêts, le Département des forêts a lancé, en 1990, la notion de foresterie communautaire qui a ensuite évolué progressivement et est maintenant appliquée dans tout le pays. L’un des objectifs de la foresterie communautaire consiste à relancer l’intérêt du public pour l’utilisation durable des ressources forestières en transférant la propriété des forêts de l’État aux communautés qui le méritent. On espérait que ce geste de l’État inciterait le public à participer à la croisade contre les incendies de forêt.

Sept ans après le premier transfert de propriété des forêts aux communautés locales, aucune réduction sensible de la fréquence des incendies de forêt n’était enregistrée au niveau national. Il y a quelques zones où les incendies deviennent de plus en plus rares, et, fait encourageant, le public est beaucoup plus sensibilisé à ce problème. Il semble que les gens soient disposés à adopter une mentalité plus positive et que le transfert de la propriété des forêts aux populations locales encourage cette évolution. Cette idée est confirmée par une enquête comparative au niveau national sur les villages qui participent à la foresterie communautaire ou n’y participent pas.

Il ressort de l’étude que les populations indigènes ont une connaissance approfondie des causes et des effets des incendies et de leur prévention et diverses recommandations concernant la gestion locale des incendies sont formulées.


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