Département économique et social

 système mondial d'information et d'alerte rapide sur l'alimentation et l'agriculture

 perspectives alimentaires
No. 5 Rome, novembre 2003

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faits saillants

DONNÉES DE BASE SUR LA SITUATION CÉRÉALIÈRE MONDIALE

CRISES ALIMENTAIRES: MISE À JOUR 1/

Céréales

Céréales : Production actuelle et perspectives des récoltes

Céréales : Commerce

Céréales : Stocks de report

Céréales : Prix à l’exportation

Taux de fret maritime

Viande et produits carnés

Lait et produits laitiers

Graines oléagineuses, huiles et farine d’oléagineux

Sucre

Engrais

ANNEXE STATISTIQUE

NOTE SUR LES STATISTIQUES

Lait et produits laitiers

Hausse des prix au second semestre 2003

Les cours internationaux des produits laitiers se sont consolidés au second semestre 2003, en raison d’une offre limitée à l’exportation et d’une demande soutenue à l’importation. L’indice FAO des prix des produits laitiers était de 123 en octobre 2003, par rapport à une moyenne de 114 au premier semestre de l’année: un an plus tôt, en octobre 2002, l’indice était de 90. Cette année, jusqu’à présent, les prix du beurre et du fromage ont augmenté de manière plus nette que ceux du lait en poudre (ces derniers avaient connu une hausse importante au second semestre 2002). Par rapport aux prix du milieu de l’année 2003 (moyenne juin-juillet), les augmentations suivantes ont été enregistrées au mois d’octobre: 18 pour cent pour le beurre, 11 pour cent pour le fromage, 6 pour cent pour le lait écrémé en poudre et 5 pour cent pour le lait entier en poudre. Les cours internationaux étaient supérieurs en dollars EU; cette hausse a cependant été atténuée par la consolidation de plusieurs devises nationales de grands exportateurs (euro, dollars de Nouvelle-Zélande et d’Australie, peso argentin) par rapport au dollar EU. Suite à cette hausse des cours internationaux, les industries nationales des pays en développement bénéficiant de marchés relativement libres ont moins souffert de la concurrence des importations à bas prix.

La hausse des cours internationaux est principalement due à la croissance marginale de la production, et, parfois, au ralentissement de la production dans les pays exportateurs d’Océanie, d’Amérique du Sud et de certaines régions d’Europe, ce qui a entraîné une offre à l’exportation limitée. La hausse des cours mondiaux s’est accompagnée d’une baisse des subventions à l’exportation versées par certains pays producteurs de l’hémisphère Nord où les prix de revient sont élevés. Aux États-Unis, les subventions mensuelles moyennes à l’exportation relatives au lait écrémé en poudre ont

Prix indicatifs d’exportation des produits laitiers

 20022003
 octobreaoûtsept.octobre
 (dollars EU/tonne, f.o.b.)
Lait écrémé en poudre1 3611 7271 7651 829
Lait entier en    
poudre1 3521 7481 789 1 853
Caséine acide3 5393 9264 0124 156
Fromage(Cheddar)1 5011 8481 9161 995
Beurre1 0671 3931 4321 542
Source Point médian de la fourchette de prix publiée par le Farmnet (Nouvelle-Zélande) et USDA.

chuté de 142 dollars EU par tonne en mars 2003 à 121 dollars EU par tonne en août 2003. Toujours aux États-Unis, les subventions à l’exportation des produits laitiers ont également diminué, notamment dans le cas du fromage – ce qui dénote des cours internationaux relativement supérieurs pour ce produit. Aux États-Unis, à la fin du mois d’août, les subventions accordées au gouda ont été réduites de 1 108 euros par tonne à 1 000 euro par tonne – soit une baisse de 10 pour cent. Parallèlement, les subventions américaines à l’exportation du lait en poudre et du beurre ont été abaissées d’environ 4 pour cent. Malgré une baisse des subventions à l’exportation, le montant des subventions nécessaires pour abaisser les prix nationaux des produits laitiers des pays produisant à prix de revient élevé aux niveaux du marché mondial demeure conséquent. À titre d’exemple, récemment, les niveaux de subventions nécessaires pour exporter du beurre étaient de 1 973 dollars EU par tonne aux États-Unis et de 1 780 euros par tonne pour les pays de l’Union européenne.

Croissance de la production mondiale de lait en 2003; mais différences marquées selon les régions

La production mondiale de lait devrait augmenter d’environ 1 pour cent en 2003, principalement en raison de l’augmentation de la production en Asie, en Amérique centrale et en Nouvelle-Zélande. En Océanie, la production de lait de la Nouvelle-Zélande pendant la campagne laitière 2003/04 devrait être supérieure de 5 pour cent à celle de l’année dernière. La plupart des régions du pays ont bénéficié de bonnes pluies printanières et les perspectives sont bonnes pour la croissance des pâturages, même si certaines parties des pâturages de l’île du Nord étaient engorgées. En Australie, la persistance de pluies faibles dans certaines régions devrait ralentir le relèvement après la sécheresse de l’année dernière. En conséquence, la production de lait pourrait n’augmenter que légèrement, peut-être de 1 à 2 pour cent, lors de la campagne 2003/04. En raison de ces facteurs, la production de lait à la fin de la campagne laitière en cours devrait être de 15 millions de tonnes en Nouvelle-Zélande et de 10,6 millions de tonnes en Australie. Dans ces deux pays, le cheptel laitier national est en phase d’expansion, contrairement à la plupart des pays développés; cependant, dans le cas de l’Australie, les réformes relatives à la sécheresse de la dernière campagne pourraient inverser provisoirement cette croissance du cheptel. Depuis le début de l’année 2003, les devises de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande se sont renforcées par rapport au dollar EU (19 pour cent et 13 pour cent respectivement), amplifiant la forte croissance de 2002. Comme les cours mondiaux des produits laitiers sont énoncés en dollars EU, la réévaluation a eu pour conséquence d'affaiblir la hausse des cours mondiaux en devises locales, en 2003. Ainsi, en Australie, malgré une baisse de la production, les prix du lait à la production pendant la campagne 2002/03 étaient inférieurs de 9 pour cent à ceux de l’année précédente. Comme l’Australie exporte plus de 50 pour cent de sa production de lait sous forme de lait et de produits laitiers, les recettes nationales sont particulièrement sensibles à l’évolution des cours mondiaux et aux fluctuations des taux de change.

Production de lait

 20012002
estim.
2003
prévis.
 ( millions de tonnes .)
TOTAL MONDIAL 579,9 594,0 599,1
UE126,1126,7126,8
Inde 1/82,084,688,0
États-Unis75,077,377,5
Féd. de Russie33,033,533,2
Pakistan27,027,728,4
Brésil22,422,823,5
Ukraine13,414,114,3
Nouvelle-Zélande  2/13,213,914,2
Pologne11,912,011,8
Australie 3/10,511,310,3
Mexique9,59,69,8
Argentine9,68,27,7
Source: FAO
1/ Campagnes laitières finissant en mars de l’année indiquée.
2/ Campagnes laitières finissant en mai de l’année indiquée.
3/ Campagnes laitières finissant en juin de l’année indiquée.

Aux États-Unis, la production de lait de 2003, qui devrait se chiffrer à 77,5 millions de tonnes, devrait être légèrement supérieure à celle de l’année dernière. La hausse des rendements et le renouvellement cyclique du cheptel devraient stimuler la croissance. Au second semestre 2003, les producteurs américains ont mis en œuvre « Cooperatives Working Together » (Les coopératives collaborent), mécanisme visant à diminuer la production et à augmenter le prix du lait, qui pourrait avoir des répercussions sur la production nationale de lait en 2004. Dans certains pays développés (Canada, Union européenne et Japon), le lait est assujetti à des politiques limitant la production, qui, en conséquence, varie peu d’une année à l’autre.

En Europe orientale, la production de lait ne devrait pas augmenter dans la plupart des pays en 2003, en raison de l’été sec qui a prévalu. Dans la plupart des pays, le rendement par vache augmente, alors que la taille du cheptel national décroît. Toujours en Europe orientale, par exemple en Pologne et en Hongrie, en raison de la dynamique engendrée par l’entrée imminente au sein de l’Union européenne, les laiteries augmentent les normes de qualité appliquées au lait et aux produits laitiers – ce qui s’est notamment soldé par une baisse du nombre des petits producteurs laitiers, dont certains n'étaient pas en mesure de respecter les normes. En Hongrie, on estime que 10 000 petits producteurs pourraient être amenés à cesser leurs activités. D’autres pays de la région, comme la Bulgarie et la Roumanie, ont mis en œuvre des mesures incitatives visant à renforcer les normes de qualité du lait. Ainsi, la Bulgarie a annoncé qu’elle commencerait à fermer les exploitations laitières et les laiteries non conformes aux normes européennes en 2004; parallèlement, les normes nationales de qualité relatives au lait seront également renforcées.

Dans la Fédération de Russie, après dix ans de déclin, la production de lait s’est stabilisée ces dernières années, mais n’a pas encore enregistré de croissance. Dans l’ensemble, dans la Fédération de Russie, la taille du cheptel laitier a continué à diminuer, mais les disponibilités se sont améliorées en ce qui concerne le fourrage, ce qui a entraîné une hausse des rendements par vache. Des anciennes grandes exploitations étatiques, le pays passe progressivement aux petites exploitations privées et à la petite production. De la même façon, dans plusieurs États membres de la CEI, dans lesquels la production de lait a également ralenti dans les années 1990, la production de lait de 2003 devrait être stable par rapport à l’année dernière.

Dans l’ensemble, dans les pays en développement la croissance de la production de lait devrait se poursuivre; cependant, certains pays d’Amérique latine pourraient enregistrer une baisse de production. En Asie, la production de lait de l’Inde pendant la campagne commerciale 2003/04 (avril/mars) pourrait augmenter et dépasser 90 millions de tonnes. Cette année, grâce aux fortes pluies de la mousson, le fourrage devrait être disponible en plus grandes quantités en Inde. La hausse de la production de lait en Inde est plus liée à l’amélioration de l’alimentation et à la génétique qu’à l’augmentation du cheptel. En Chine, la production de lait devrait également augmenter en raison de la forte demande des consommateurs et de la rentabilité de l’industrie laitière par rapport aux autres types de production agricole. Suite à la hausse des cours mondiaux, les laiteries se sont consacrées à l’expansion des approvisionnements nationaux en 2003 – principalement en augmentant la taille des troupeaux. En Thaïlande et aux Philippines, la production de lait continuera sans doute à augmenter en 2003, les prix nationaux du lait étant favorables. À l’instar de la plupart des autres pays du sud-est asiatique, la demande en produits laitiers dans ces pays continue à croître, en raison de la diversification du régime alimentaire.

En Amérique latine, la production de lait a été touchée par la faiblesse des prix dans de nombreuses régions; en conséquence, on prévoit un déclin de la production dans plusieurs pays. En Argentine, la production de lait devrait continuer à décroître en 2003, après la baisse considérable de 2002, en raison de la qualité variable des pâturages et de la faiblesse du prix du lait. Très récemment, le redressement des cours mondiaux et une certaine reprise de la demande nationale ont entraîné une hausse des volumes traités par les transformateurs et des prix à la production: en octobre 2003, les prix étaient compris entre 0,15 dollar EU et 0,17 dollar EU par litre. En 2004, cette hausse des prix pourrait suffire à enrayer, ou du moins, ralentir la très forte baisse de production de lait en Argentine ces trois dernières années. Les producteurs d’Uruguay ont également subi les conséquences de la faiblesse des prix à la production en raison de la baisse de la demande nationale et régionale et de la faiblesse des cours internationaux. Pendant la campagne 2002/2003, les prix étaient en moyenne de 0,10 dollars EU par litre, soit au plus bas depuis 25 ans. En conséquence, la production a chuté malgré un programme public de soutien et des conditions météorologiques favorables pour les pâturages. Depuis la moitié de 2003, cependant, les prix à la production en Uruguay ont considérablement augmenté. Ceci est non seulement dû à la hausse des cours mondiaux, mais également à la concurrence accrue au niveau des approvisionnements en lait due au fait que les laiteries d’Argentine ont commencé à établir des sources d’approvisionnement en Uruguay. Il semble que pour l’industrie laitière d’Uruguay, le pire soit passé; cependant, il n’est pas garanti que la croissance de la production reviendra aux niveaux des années 1990, car d’autres secteurs – comme ceux de la viande et des oléagineux – engendrent plus de recettes que le lait. Suite à une baisse de 1 pour cent en 2002, la production de lait devrait continuer à baisser au Chili en 2003, peut-être jusqu’à 5 pour cent. Les principaux facteurs responsables de cette baisse sont la faiblesse des prix et la stagnation de la demande nationale.

Toujours en Amérique latine, la production de lait du Pérou devrait augmenter en 2003, suite à la hausse des prix due à l’accroissement de la demande nationale, notamment les achats effectués par le gouvernement au profit des programmes d’aide sociale. La production devrait également augmenter au Honduras, en raison de l’amélioration des infrastructures découlant de la construction de centres de collecte du lait à proximité des principales régions productrices du pays, où des groupes de 10 à 15 agriculteurs réfrigèrent leur lait avant de le vendre et de le livrer aux usines de transformation, obtenant ainsi de meilleurs prix par rapport au lait encore tiède.

En Afrique de l’Ouest, des pays ont souffert de l’absence de pluies en 2002. En 2003, les pluies ont été bonnes dans l’ensemble, mais la production de lait ne s’est redressée que lentement, car le nombre de vaches pleines était considérablement réduit suite à la sécheresse de l’année précédente. Dans certaines régions, par exemple au Sénégal et en Mauritanie, les agriculteurs ont migré avec leur troupeau à la recherche de meilleurs pâturages. Cette migration a entraîné une pénurie des approvisionnements de lait frais pour les laiteries des zones urbaines, qui ont été contraintes de recourir à des approvisionnements de lait en poudre importé pour satisfaire leurs besoins en matière de transformation. Au Sénégal, une importante laiterie privée a cessé de transformer le lait en septembre 2003, afin de se concentrer sur la production de produits laitiers à base de matériel importé. Les capacités de transformation de cette laiterie ont été reprises par un organisme public, mais vu la concurrence des importations, la mise en place d’une industrie nationale devrait représenter un défi de taille. Au Kenya, la répartition équilibrée des pluies en 2003 a eu des effets bénéfiques sur les disponibilités en fourrage et les perspectives de production sont favorables. La production a également été stimulée par une hausse des prix de détail du lait sur le marché principal – Nairobi –, en raison de laquelle du lait ne provenant pas du bassin laitier habituel de Nairobi a également été introduit. En Afrique de l’Est, de nombreux autres pays ont bénéficié de pluies abondantes cette année, qui on été favorables au fourrage et aux pâturages.

La demande d’importation en Asie et sur d’autres grands marchés demeure forte

La demande internationale en produits laitiers devrait demeurer vigoureuse, en particulier dans certains pays asiatiques. La hausse des achats de lait en poudre par des pays du sud-est asiatique et par la Chine devrait pouvoir satisfaire l'augmentation de la demande nationale. Ailleurs, les importations des pays d’Amérique centrale et les grands marchés que sont le Mexique et l’Algérie pourraient se renforcer. Les importations de produits laitiers du Brésil ont chuté de 60 pour cent de janvier à septembre, par rapport à la période comparable de l’année précédente. Cette baisse reflétait une diminution de la demande nationale due à l’absence de croissance économique. Les achats de lait en poudre du Venezuela devraient également être inférieurs, en raison notamment des difficultés auxquelles sont confrontés les commerçants pour obtenir les permis d’importation. Les importations de beurre et de fromage de la Fédération russe ont augmenté de manière considérable en 2003, malgré une hausse des tarifs douaniers l'année précédente. Cependant, dans certains pays du Proche-Orient et d’Afrique, soit les régions importatrices les plus sensibles aux prix, les achats de beurre pourraient chuter, en raison de la hausse des cours mondiaux enregistrée en 2003. Parmi les pays susceptibles de diminuer leurs importations figurent l’Égypte, le Liban, le Nigéria et le Kenya.

Le volume limité des disponibilités exportables témoigne d’une croissance de la production minime, voire nulle, dans les pays exportateurs

Pendant la campagne laitière 2003/04, les approvisionnements relatifs à l’exportation de produits laitiers devraient être modérément supérieurs en provenance de la Nouvelle-Zélande et légèrement supérieurs en provenance d’Australie – ce qui reflète des taux de croissance différents pour la production de lait. Les disponibilités exportables de l’Amérique du Sud devraient être analogues à celles de l’année précédente, alors que celles de l’Europe orientale et des États baltes pourraient être inférieures, en raison d’une baisse de la production de lait. Suite à une décision prise par l’OMC à la fin de 2002 allant à l’encontre du système de double prix appliqué au lait par le Canada, qui permet l’exportation de lait produit en dehors du système de quotas du pays, les exportations canadiennes de produits laitiers devraient diminuer en 2003. En raison des approvisionnements internationaux limités en produits laitiers, les exportations de l’Union européenne et des États-Unis devraient être supérieures en 2003. Même si les exportations de produits laitiers en vrac en provenance de ces deux pays sont entravées par les limitations relatives à l’Accord du cycle de l’Uruguay portant sur le recours aux subventions à l’exportation, les produits à valeur supérieure, qui ne nécessitent pas de subventions, ont vu leurs exportations croître ces dernières années. Dans le cas des États-Unis, ces exportations représentent désormais un volume plus important d’exportation que les produits en vrac nécessitant des subventions.

Légère hausse des prix prévue

La légère hausse des prix devrait se poursuivre au cours des derniers mois de 2003, en raison de la demande internationale soutenue et des disponibilités exportables limitées. Le fromage et le beurre devraient enregistrer la hausse des prix la plus prononcée.

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Exonération

©FAO, 2003