SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

RAPPORT SPÉCIAL

MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES

DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES AU SOUDAN

11 février 2004

-------

Faits saillants

  • La récolte céréalière de 2003/2004 devrait atteindre un niveau record au Soudan, avec 6,3 millions de tonnes, dont 82 pour cent de sorgho, du fait des précipitations favorables, de la disponibilité en temps voulu des intrants agricoles et de la rareté des infestations de ravageurs ou poussées épidémiques importantes.
  • D'après ces chiffres, la production a augmenté d'environ 63 pour cent par rapport à l'année dernière et se situe à 47 pour cent au-dessus de la moyenne des cinq années précédentes; on prévoit donc un fort excédent céréalier en 2004.
  • Pour le sorgho, les prix du marché ont commencé à baisser fortement dans les principales zones de production; des difficultés financières menacent les agriculteurs et pourraient entraîner de graves réductions des superficies ensemencées pendant la prochaine campagne.
  • Dans la plupart du pays, l'état du bétail et des pâturages est meilleur qu'il ne l'a été ces dernières années, et les niveaux d'eau dans les points d'eau (hafirs) sont en général satisfaisants.
  • Malgré la récolte abondante et les perspectives de paix favorables dans le nord du pays, environ 3,6 millions de personnes au Soudan auront besoin d'une aide alimentaire ciblée en 2004, principalement du fait des troubles civils. On estime que la récente escalade du conflit dans la seule région de Darfour a provoqué un recul considérable des superficies ensemencées et a entraîné le déplacement d'environ 1,2 million de personnes.
  • Les besoins d'aide alimentaire des zones touchées par la guerre et des zones à déficit vivrier localisé sont estimés à 249 000 tonnes.
  • Étant donné les vastes disponibilités céréalières dans le pays, il est fortement recommandé d'acheter localement les produits alimentaires nécessaires, afin de soutenir les marchés et de fournir des variétés acceptables de céréales.

1. VUE D'ENSEMBLE

Une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s'est rendue dans le sud du Soudan du 9 au 30 octobre 2003 et dans le nord, du 8 novembre au 1er décembre 2003, pour estimer la production céréalière et les disponibilités alimentaires et évaluer les besoins d'aide alimentaire à partir de la récolte en cours, essentiellement de sorgho et de mil, ainsi que pour établir, à titre préliminaire, une prévision de la production de blé en 2004 dans les zones où les préparatifs pour les semis sont en cours. Compte tenu de ces estimations de la production et des stocks de report, la mission a évalué l'offre et la demande de céréales pour 2003/2004, y compris les possibilités d'exportation et les besoins d'importations pour la campagne de commercialisation 2003/2004 (novembre - octobre).

La mission a bénéficié de l'entière coopération du Ministère fédéral de l'agriculture et de la Commission chargée de l'aide humanitaire qui ont désigné certains de leurs hauts fonctionnaires pour l'accompagner. Les ministères de l'agriculture des États et les divers périmètres d'irrigation ont fourni à la mission des données avant-récolte sur les superficies et les rendements que la mission a pu comparer à celles qu'elle a recueillies au cours de ses visites sur le terrain et lors d'entretiens avec des agriculteurs, des éleveurs et des négociants. Des informations essentielles ont pu également être obtenues auprès de collectivités locales, d'organismes des Nations Unies et d'organisations non gouvernementales (ONG).

Dans les zones du sud du Soudan contrôlées par le Gouvernement, des informations locales spécifiques ont été fournies par le Centre africain pour la résolution effective des litiges (ACCORD), Action Contre la Faim (ACF), Oxfam Royaume-Uni, le CICR, l'IRC, le NCA, le Conseil des églises du Soudan, Sudan Aid, la Swedish Free Mission, Women’s Self-Help et Agro-action Allemagne. Dans les zones tenues par les rebelles, la mission a obtenu des informations auprès de l'Unité des opérations d'urgence à Nairobi, Lokichokio et Rumbek, ainsi qu'auprès du personnel du PAM et dans les rapports du programme FEWS de l'USAID. Des informations locales spécifiques ont été fournies par plusieurs ONG, notamment Norwegian People’s Aid (NPA), les Services de secours catholique (CRS), Medair, World Relief, CARE, Oxfam Royaume-Uni, Tear-Fund et VSF-Belgique.

Dans l'ensemble du pays, les précipitations ont été généralement favorables pendant la campagne agricole de 2003, et la production céréalière a bénéficié de l'incidence relativement faible des ravageurs.

Dans le nord du pays, l'agriculture mécanisée et traditionnelle a considérablement augmenté en 2003 du fait des précipitations favorables, et les rendements dans les deux secteurs ont été dans l'ensemble très satisfaisants. Le secteur irrigué a accusé un nouveau léger recul des superficies cultivées et donc une baisse de la production. Néanmoins, la production totale dans ces trois secteurs est bien meilleure que l'année précédente et largement supérieure à la moyenne à long terme. Dans l'ouest, toutefois, les troubles civils ont gagné en intensité en de nombreux endroits du Darfour pendant la campagne agricole. Bon nombre d'agriculteurs dans les zones touchées par ces troubles n'ont pas été en mesure soit d'ensemencer soit de désherber leurs champs, et ceux qui en ont eu la possibilité risquent de perdre leurs cultures au profit du bétail des maraudeurs ou de ne pas pouvoir procéder à la récolte à cause de l'insécurité.

Dans le sud du pays, les conditions de croissance ont été meilleures que précédemment, avec des précipitations généralement bien réparties et une faible incidence des ravageurs. En outre, l'amélioration de la sécurité a permis de cultiver davantage de champs dans le secteur traditionnel et d'accroître considérablement la superficie sous agriculture mécanisée. Par conséquent, la production céréalière de 2003/2004 sera largement supérieure à celle de l'an dernier.

Dans l'ensemble, des conditions de croissance généralement favorables ont entraîné une récolte céréalière record en 2003/2004, qui devrait atteindre environ 6,3 millions de tonnes, dont 5 millions de tonnes de sorgho, 784 000 tonnes de mil, 356 000 tonnes de blé (à récolter en avril/mai 2004), 107 000 tonnes de maïs et 35 000 tonnes de riz. D'après ces chiffres, la production céréalière a augmenté de 63 pour cent par rapport à l'année dernière et se situe à environ 47 pour cent au-dessus de la moyenne des cinq dernières années. Cette récolte céréalière record se traduira par des disponibilités abondantes en 2003/2004. Les prix des céréales, principalement du sorgho, ont accusé un net recul et devraient encore chuter avec l'arrivée du plus gros de la récolte sur les marchés locaux.

L'état du bétail est généralement bon dans l'ensemble du pays; du fait de l'excédent céréalier prévu à l'échelle nationale, les termes de l'échange sont nettement plus favorables pour les éleveurs.

L'augmentation des recettes d'exportation tirées de l'exploitation pétrolière ces quelques dernières années et la poursuite des exportations de bétail vers les pays de la péninsule arabique ont continué de stimuler l'activité économique. En outre, les perspectives favorables de mettre fin à la guerre civile qui dure depuis de longues années devraient relancer l'agriculture et les autres secteurs économiques dans le sud du pays.

Dans l'ensemble, la situation alimentaire est donc très favorable: les disponibilités alimentaires pourraient augmenter et un plus grand nombre de groupes vulnérables pourrait y accéder, sauf dans l'ouest du pays où la situation est moins claire. De grandes quantités de céréales pourraient aussi être exportées, à condition de s'assurer des marchés, en particulier dans certains pays voisins. Par ailleurs, il est primordial que l'Autorité des réserves stratégiques reconstitue ses stocks en temps opportun afin de veiller à ce que les prix ne tombent pas au-dessous du coût de production.

En dépit de ces progrès, on estime que 3,6 millions de personnes auront besoin d'une aide alimentaire, d'un volume de 249 278 tonnes. L'escalade des troubles civils dans les trois états du Darfour a déjà entraîné des déplacements en masse de plus d'un million de personnes, dont l'accès à la nourriture est devenu très limité. Certains ont perdu le gros de leur récolte actuelle; si le conflit n'est pas réglé dans les prochains mois, il est très probable qu'ils manqueront aussi la campagne de semis à venir et perdront ainsi la récolte de la prochaine campagne.

Dans le secteur nord, on estime que 1,96 million de personnes devraient avoir besoin de 177 688 tonnes d'aide alimentaire. Toutefois, les trois états du Darfour représentent environ 79 pour cent de l'aide alimentaire requise au totale dans ce secteur - soit 1,18 million de bénéficiaires et 140 585 tonnes de produits alimentaires assortis. Les 21 pour cent restants (37 103 tonnes) serviront à sauver des vies, à améliorer l'état nutritionnel et à préserver les moyens de subsistance d'approximativement 0,78 million de personnes en d'autres endroits du pays. Si l'on excepte le Darfour, le nombre de bénéficiaires devrait baisser de 37 pour cent, et les besoins d'aide alimentaire de 59 pour cent, par rapport aux besoins estimés en 2003.

Dans le secteur sud, on estime que 1,64 million de personnes auront besoin de 71 590 tonnes d'aide alimentaire, ce qui représente un recul de 2 pour cent du nombre de bénéficiaires et une baisse de 11 pour cent des besoins d'aide alimentaire par rapport aux estimations pour 2003. Le nombre de bénéficiaires de l'aide alimentaire aurait pu être plus bas, mais le retour volontaire d'environ 300 000 PDI qui auront besoin d'une aide alimentaire en 2004 a entraîné une révision en hausse des estimations. Ces personnes rapatriées auront également besoin d'intrants agricoles (semences, outils manuels, matériel de pêche et appui au bétail) pour reprendre leurs activités dans les champs.

L'analyse préliminaire montre qu'environ 400 000 PDI et 110 000 réfugiés regagneront leur foyer ou s'installeront à un endroit de leur choix au Soudan au cours des 12 premiers mois qui suivront l'application de l'accord de paix. Ces personnes ne sont actuellement pas couvertes par l'aide du PAM, mais on prévoit qu'elles auront besoin d'une aide alimentaire en route, de paquets de retour et d'une assistance communautaire sur leur lieu d'installation (semences, outils manuels, matériel de pêche et appui au bétail).

Le présent rapport a été préparé par MM. S. Ahmed, H. El-Sheik, S. Goodbody, H.Kambal, W.I. Robinson, A. Husain et R. Marsili sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'information le cas échéant.

Henri Josserand
Chef, SMIAR, FAO, Rome
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Mél:[email protected]
Holdbrook Arthur
Directeur régional, ODK, PAM
Télécopie: 00256-78-260872
Mél: [email protected]

Veuillez noter que le présent Rapport spécial peut être obtenu sur l’Internet dans le site Web de la FAO à l’adresse URL ci-après: http://www.fao.org/giews

Les Alertes spéciales et les Rapports spéciaux peuvent aussi être reçus automatiquement par courrier électronique dès leur publication, en souscrivant à la liste de distribution du SMIAR. A cette fin, veuillez envoyer un courrier électronique à la liste électronique de la FAO à l’adresse suivante: [email protected]

sans remplir la rubrique sujet, avec le message ci-après:

subscribe SMIARAlertes-L

Pour être rayé de la liste, envoyer le message:

unsubscribe SMIARAlertes-L


Retour au menuRetour au menu