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FLORAISON DE PINUS CARIBAEA VAR. HONDURENSIS AU NIGERIA

par

O.O. Okoro
Institut de recherche forestière du Nigéria, P.M.B. 5054,
Ibadan, Nigéria

INTRODUCTION

Pinus caribaea var. hondurensis Barr. & Golf est planté au Nigéria entre les latitudes 4°54'N et 10°37'N, avec des longueurs du jour de 11,19–12, 34 heures à la plus basse de ces latitudes, 11, 56–12, 70 heures à la plus haute, et à des altitudes s'étageant entre 30 et 1100 m (Okoro, 1981). Environ 60 pour cent des stations de reboisement se situent au-dessous de 300 m d'altitude. Mis à part les essais de provenances, les sources de semences de la plupart des plantations sont le Belize, le Guatemala et l'Australie (matériel introduit).

AGE DE REPRODUCTION

En pépinière, sur plusieurs milliers de plants âgés d'un an, deux ou trois peuvent produire un ou plusieurs cônes femelles. Les boutures racinées en pots et les marcottes aériennes issues d'arbres adultes fleurissent respectivement au cours de la première année (Okoro, 1980b) et des 9 premiers mois (Okoro, 1984b) suivant la mise en pot. En règle générale, dans les zones de forêt dense et de savane secondaire, les arbres de plantation atteignent le stade de reproduction au cours de la troisième année suivant la plantation, les plants issus de fascicules d'aiguilles racinées étant les plus précoces avec 66 pour cent capables de se reproduire à leur troisième année, à une latitude de 7°22'N et une altitude de 200 m dans la région d'Ibadan (Okoro, 1980b). Ces plants produisent initialement surtout des cônes mâles, ce à quoi on peut sans doute s'attendre étant donné que les cônes mâles apparaissent normalement à l'emplacement des fascicules d'aiguilles. Dans les plantations faites avec des plants normaux de semis, le stade de reproduction est atteint à 100 pour cent à l'âge de 15 ans (Okoro, 1984a), mais peut être atteint plus tôt en zone de savane secondaire à la latitude de 6°26'N et à l'altitude de 400 m (Enugu-Ngwo). Dans la zone de savane guinéenne du Nord, à 10°37' de latitude Nord et 600 m d'altitude (Afaka), l'âge de reproduction est atteint à 5 ans. En général les cônes femelles sont les premiers à se former, et beaucoup avortent dans les premières années. Les cônes mâles se forment souvent bien plus tard, leur production se régularisant avec l'âge (Okoro, 1984 a et b). Les arbres de plantation produisent à 15 ans des cônes mâles en abondance. Cependant, dans les stations favorables à cet égard comme Enugu Ngwo, la production de cônes mâles est abondante dès l'âge de 8–10 ans.

PHENOLOGIE

La production de cônes femelles s'étale sur toute l'année, tandis que celle de cônes mâles est plus limitée dans le temps (Oje, 1980; Okoro, 1984a). On peut l'attribuer au fait que cette espèce fait trois ou quatre pousses dans l'année (Okoro, 1980a), et que trois de ces pousses environ s'accompagnent de production de cônes femelles, tandis qu'habituellement une seule (la seconde ou la troisième) s'accompagne de production de cônes mâles. La production de cônes femelles commence donc dès janvier-mars, tandis que la production principale de cônes mâles commence en juin et se termine vers octobre. Entre ces limites, on constate de légères variations d'un arbre à l'autre et suivant la localité. La durée de vie d'un cône femelle est d'environ 30 mois, tandis que celle d'un cône mâle est d'environ 12 semaines, et l'anthèse sur une pousse donnée dure une dizaine de jours.

En conséquence, seulement un ou deux ensembles de cônes femelles - habituellement le second et le troisième - sont suffisamment exposés à la pollinisation. Sur la plupart des stations, tant en forêt dense qu'en savane, les cônes sont mûrs et bons à récolter d'août à fin septembre mais, fait surprenant, à une latitude d'environ 7°22'N (Ibadan et Iwo) ils mûrissent en février-mars.

Bien que les cônes mâles se forment à la saison des pluies et que l'anthèse se produise à cette saison, on a observé un transport du pollen par le vent dans toute la zone de plantation, surtout lors de périodes sèches. Dans les années de production abondante de cônes mâles, on constate des différences dans l'abondance relative de pollen dans l'atmosphère en fonction de la station. Il est remarquable de noter que l'émission de pollen par unité de surface est la plus abondante à 6°26'N de latitude et 400 m d'altitude, avec une pluviométrie annuelle moyenne de 2000 mm et des températures de 21–28°C (Enugu-Ngwo). Il convient d'ajouter que, sur cette station, la taille du peuplement est très supérieure à celle des autres stations étudiées, ce qui accroît la taille du nuage de pollen. D'autre part le peuplement est situé sur une pente exposée, avec une rivière dans la vallée. On y observe fréquemment des régénérations naturelles abondantes, et on obtient une quantité satisfaisante de cônes fertiles. On a des témoignages de pollinisation se produisant avec une plus petite taille de nuage de pollen, comme le montre la présence de grains de pollen dans de jeunes cônes femelles soumis à l'acétolyse. On a d'autre part observé des régénérations naturelles dans certains peuplements.

La floraison a été abondante en 1982, mais déficiente en 1983, et son début a été retardé par la sécheresse prolongée de cette année, où le nuage de pollen a également été peu abondant.

PRODUCTION DE SEMENCES

Des quatre sortes d'écailles ovulifères que l'on trouve dans un cône femelle mûr, seules les grandes écailles du milieu, qui sont les plus nombreuses, sont productives, mais toutes ne portent pas des graines. La taille des cônes mûrs est très variable, et on a observé que la proportion de cônes productifs était plus élevée dans les grands cônes que dans les petits. La proportion de ces grands cônes productifs s'accroît avec l'âge des plantations. En conséquence, à 7°22'N de latitude, 3°58'E de longitude et 200 m d'altitude (Ibadan), on peut s'attendre à une production optimale de semences à partir de l'âge de 15 ans, auquel la plupart des arbres du peuplement ont atteint le stade de reproduction, le pollen est suffisamment abondant, et la production de grands cônes fertiles est assurée (Okoro, 1984a). Seules quelques unes des plantations existantes ont atteint cet âge, du fait que la survie des plantations, surtout des plus jeunes, est constamment menacée par le feu (Okoro, 1983) et par les mauvaises herbes.

Le pourcentage de cônes fertiles est d'environ 33 à 43 pour cent aux basses latitudes de 4°58'N-5°59'N à très basse altitude de 50–100 m, et de 75 à 100 pour cent à altitude supérieure à 200 m. Le nombre de graines par cône est très variable, de 1 à 75, mais avec une moyenne modeste de 10 graines par cône.

Pour terminer sur une note optimiste, 325 g de graines de Pinus caribaea ont été récoltés en 1974 dans un peuplement de 1961, et ont fourni des semis qui ont été plantés (Shado, 1980). Des observations faites à ce jour, on peut prévoir que si l'on organise une récolte annuelle de cônes dans toutes les parcelles disponibles, on pourra obtenir des semences pour répondre au moins en partie aux besoins du programme de plantation. Il vaut la peine d'investir des ressources dans cette entreprise, si l'on considère les sommes énormes dépensées en devises étrangères pour se procurer des semences à l'extérieur.

STIMULATION DE LA FLORAISON

On a tenté de provoquer la floraison par l'application d'hormones et d'engrais. En utilisant le GA4/7 en combinaison avec une pulvérisation d'acide naphtoxyacétique (ANA) sur des marcottes aériennes on n'a obtenu jusqu'à présent que des cônes mâles, notamment lorsqu'on y associait un traitement cultural par annélation. On a utilisé un engrais composé NPK et un engrais potassique seul. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions des essais de fertilisation, mais le potassium semble prometteur sur les stations très humides.

BIBLIOGRAPHIE

Oje, S.A. 1980 Preliminary Observation on the Flowering and Seed Production of Pinus caribaea var. hondurensis Barr. and Golf. in Northern Nigeria. Proc. 10th Ann. Conf. For. Ass. Nigeria, Sokoto, Nov., 1980

Okoro, O.O. 1980a Impact of Some Climatic Factors on Shoot Etongation in Pinus caribaea. In: Control of Shoot Growth in Trees. Proc. IUFRO Workshop of WP on Xylem and Shoot Growth Physiology, Fredericton, New Brunswick, Canada, 1980.

Okoro, O.O. 1980b Potentials of Vegetative Propagules of Pinus caribaea in Nigeria Forestry. Proc. 10th Ann. Conf. For. Ass. Nigeria, Sokoto, Nov., 1980.

Okoro, O.O. 1981 The Problems of Seed Production in Pinus caribaea var. hondurensis Barr. and Golf. in Nigeria. Nog. J. For. 11 (2): 25 – 31.

Okoro, O.O. 1983 A Potential Nigerian Seed Source for Pinus caribaea var. hondurensis destroyed by fire. Proc. Workshop on Forest Fires: Ecology and Environment, Ibadan, 1983.

Okoro, O.O. 1984a Influence of Flowering Habit of Pinus caribaea var. hondurensis Barr. and Golf. on Seed Yield. Proc. Inaug. Meeting Bot. Society of Nigeria, Ilorin, July, 1984.

Okoro, O.O. 1984b Preliminary Studies on Flowering in Potted Plants of Pinus caribaea var. hondurensis Barr. and Golf. Proc. 14th Ann. Conf. of For. Ass. of Nigeria, Port Harcourt, Dec., 1984.

Shado, M.B. 1980 Procurement of Pine Seeds: Towards Self Sufficiency. Proc. 10th Ann. Conf. For. Ass. Nigeria, Sokoto, Nov., 1980.

Article reçu en février 1985


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