La définition de formats de données sapparente à la conception dune méthode de classement: demandez à une douzaine de personnes de concevoir la méthode la plus efficace pour combiner les catégories et vous finirez avec une douzaine dapproches différentes. La définition de formats de données pour le SSN possède un degré supplémentaire de complexité: plusieurs milliers de navires sont déjà impliqués dans des schémas de SSN, la plupart dentre eux fondés sur des formats de données prioritaires. Létablissement de normes et de standards, dans ce contexte, réclame de chaque partie impliquée une rigueur technique mêlée à des qualités de souplesse et de diplomatie.
La vaste majorité des systèmes SSN actuels est basée sur le système Inmarsat-C et le format des données de position utilisé par ces terminaux est alternativement basé sur les recommandations de lOrganisation maritime internationale dans sa partie relative à la convention SOLAS et sur lactuel SMDSM.
De plus, les données sont condensées selon un procédé qui attribue des positions spécifiques dans le message à des ensembles spécifiques de données, restreignant ainsi la taille du message au minimum. On peut illustrer ce type de fonctionnement par exemple, par les modalités de transmission de la position, dans un rapport donné, qui est exprimée en latitude nord ou sud, et en longitude est ou ouest.
Une transmission normale de données non spécifiées nécessiterait au minimum cinq bits pour exprimer les lettres N, S, E ou W. Si toutefois, nous programmons que linformation pour communiquer la latitude et la longitude sera transmise en deux champs spécifiques pour un message donné, nous navons besoin que dun bit pour faire la différence entre le nord et le sud, et un second bit pour distinguer lest de louest. Les autres champs peuvent être compressés de la même façon. Le résultat est que les messages sous forme de données condensées sont beaucoup plus courts que ceux exprimés en données brutes, quils sont mieux adaptés à lautomatisation du traitement des données au sein dun système de SSN, et induisent un coût des communications minimal.
En dépit de ces avantages, il faut admettre que le format des rapports de position actuellement utilisé par Inmarsat nest pas optimisé pour le SSN dans la mesure où il utilise un certain nombre de champs qui ne concernent pas les opérations de SSN. Il permet, par exemple, pour les messages macro codés, la communication de paramètres qui nécessitent une saisie manuelle.
Néanmoins, en dépit du fait que ce format, qui na pas été développé dans la perspective dune utilisation SSN, ne soit pas spécifiquement adapté à cette application, cest à raison quun opérateur SSN lintégrera comme lune des options dun système évolutif. Cest pourquoi de nombreux navires qui participent actuellement au SSN sont déjà programmés pour transmettre ce format. Sa mise au rebut signifierait que les participants à lactuel SSN et ceux qui sont équipés dInmarsat-C et susceptibles dêtre intégrés dans un futur système SSN, devraient faire lobjet dune reprogrammation.
Dun autre côté, à ce stade précoce de développement du SSN, ce serait une opportunité manquée que de ne pas définir un format optimisé de données SSN. De surcroît, cest faire montre de prudence que détablir un format qui donne aux usagers de la flexibilité dans lorganisation des données.
De tels rapports seraient de façon inhérente, plus longs, mais beaucoup moins restrictifs et par conséquent, pourraient être acceptés par tout utilisateur qui, pour une raison ou pour une autre, trouverait que les approches faisant appel à des données condensées ne sont pas encore compatibles avec leurs opérations.
Il semblerait donc que la solution soit de déclarer trois formats recevables pour les rapports SSN, et que tous les opérateurs SSN programment leur système afin daccepter des rapports dans nimporte lequel de ces trois formats. En limitant ainsi les variables, les divergences entre les autorités nationales et de lune à lautre seraient limitées et le terrain préparé pour la convergence vers un futur format standard unique et universel.
Ce serait à la fois une grave erreur et contre productif de ne pas incorporer les standards internationaux existants là où ils sont applicables. Ceux qui trouvent une place naturelle dans nos formats de données sont le jeu de caractères ISO 8859.1, le code pays ISO 3166, la représentation des dates et heures ISO 8601 et les règles de syntaxe ISO 9735 EDIFACT.
Les rapports de position Inmarsat sont exécutés selon des séries de un à trois paquets de 15 octets. Comme cest le cas avec tous les systèmes de communication, le rapport commence avec len-tête constitué de données spécifiquement administratives identifiant le type de message, lexpéditeur et ladresse. Pour cette raison, le premier paquet a moins de place pour les données requises par lutilisateur, et parce que ce premier paquet se termine, conformément au standard maritime, par presque trois octets réservés à un message codé, les données de cap et vitesse, lorsquelles sont transmises, doivent lêtre au sein dun second paquet.
Après len-tête du premier paquet, 39 bits sont mis à part pour la position des données, organisés comme suit:
Tableau 10.1 Rapport de position Inmarsat, position seule
Champ |
Expression |
Données |
Hémisphère |
Nord ou Sud |
1 bit |
Degrés de latitude |
Nombre entier de 0 à 90 |
7 bits |
Minutes |
Nombre entier de 0 à 60 |
6 bits |
Fraction de minute |
Multiples de 0,04 |
5 bits |
Hémisphère |
Est ou ouest |
1 bit |
Degrés de longitude |
Nombre entier de 0 à 180 |
8 bits |
Minutes |
Nombre entier de 0 à 60 |
6 bits |
Fraction de minute |
Multiples de 0,04 |
5 bits |
Le reliquat du premier paquet est utilisé pour la définition dun message codé et son attribut ou variable. Le deuxième paquet commence alors, après len-tête, avec les données de vitesse puis cap de la façon suivante:
Tableau 10.2 Rapport de position Inmarsat, ajout du cap et de la vitesse
Champ |
Expression |
Données |
Vitesse |
Nombre avec degré de précision de 0,2 nuds |
1 octet |
Cap |
Nombre entier de 0 à 360 |
9 bits |
Après lajout du cap et de la vitesse, huit octets sont disponibles pour des données définies par lutilisateur, qui peuvent être utilisées pour la transmission, sans coût additionnel, dautres éléments disponibles à bord tels que la température, la vitesse du vent, lhumidité ou la température des eaux de surface.
Sur une base de transmission champ par champ, il est impossible de transmettre des données de position de façon plus économique que celle effectuée au sein du rapport de position maritime d'Inmarsat. Il est, néanmoins, possible d'éliminer des champs de données superflues et de compresser le rapport en un seul ensemble.
Si, par exemple, nous attribuons un six octets entier pour linformation de len-tête - soit six bits de plus ce que requiert Inmarsat - ce qui permet de répondre aux besoins de tout système ultérieur, un paquet de 15 octets peut intégrer tous les champs de données, cest à dire la position la vitesse et le cap, laissant encore la place aux deux octets nécessaires à la fin pour une somme de contrôle ou un algorithme de correction derreur.
Tableau 10.3 Rapport de position SSN optimisé préconisé
Champ |
Expression |
Données |
Hémisphère |
Nord ou sud |
1 bit |
Degrés de latitude |
Nombre entier de 0 à 90 |
7 bits |
Minutes |
Nombre entier de 0 à 60 |
6 bits |
Fraction de minute |
Multiples de 0,04 |
5 bits |
Hémisphère |
Est ou ouest |
1 bit |
Degrés de longitude |
Nombre entier de 0 à 180 |
8 bits |
Minutes |
Nombre entier de 0 à 60 |
6 bits |
Fraction de minute |
Multiples de 0,04 |
5 bits |
Vitesse |
Nombre avec degré de précision de 0.2 nuds |
8 bits |
Cap |
Nombre entier de 0 à 360 |
9 bits |
Le résultat est que le décodage devient plus simple parce quune fois que len-tête est identifié par le système récepteur, les données actives suivent, élément par élément, jusquà ce que leur intégrité soit vérifiée à la fin, en utilisant la somme de contrôle. Un effet dérivé très positif de cette approche est que le coût de la transmission dun rapport de position incluant le cap et la vitesse est réduit approximativement de 20 à 50 pour cent.
Dans un système idéal, tous les rapports de position SSN seraient condensés dans un souci dune économie des moyens et dune précision optimales. Bien quune telle approche doive constituer le but ultime dune normalisation du SSN, il est irréaliste de songer que chacun va abandonner sa méthode et aligner ses pratiques existantes sur une norme imposée par une autorité extérieure. Il sagira plus vraisemblablement dun procédé de convergence plutôt que dun basculement soudain.
Pour cette raison, la communautarisation du SSN nécessite, en plus dune approche rigoureuse de relevés bit par bit, un format de rapport plus souple, avec des données exprimées en caractères clairs et des groupes de données précédées dune indication du contenu du champ. Une telle présentation des données permet un décodage aisé et automatique, puis un stockage dans une base de données SSN formatée selon ce propre système spécifique.
Se fondant sur la reconnaissance du fait que ses Etats membres ont tous mis en uvre leurs propres préférences individuelles pour stocker les données accumulées sur des navires de pêche, la Commission européenne, dans le cadre de son projet pilote européen, vient de développer un format de la sorte, qui peut aisément être étendu et modifié pour se conformer aux exigences des rapports de position explicitées dans les sections antérieures. Ladoption dune variante de ce format a lavantage de permettre aux 13 Etats côtiers membres de lUnion européenne ainsi quaux Etats tiers dont les navires pêchent dans les eaux communautaires, dêtre en conformité avec ce format de façon simple.
Les champs requis pour la constitution dun rapport sont les suivants:
Tableau 11.4 Eléments du format de rapport de position étendu
Elément |
Code |
Largeur maximale |
Obligatoire |
Remarques |
Début de lenregistrement |
SR |
|
X |
|
Type de message |
TM |
3 |
X |
POS pour position; CAT pour capture; PLL pour poll |
Numéro interne |
IR |
12 |
X ou RC |
N° interne SSN du navire |
Indicatif radio |
RC |
7 |
X ou NA |
Pour lidentification du navire |
Nom du navire |
NA |
40 |
X + FS |
|
Pavillon |
FS |
3 |
|
Obligatoire avec le code ISO alpha 3 du pays |
Heure |
TI |
4 |
X |
Heure de position (TUC) hhmm |
Date |
DA |
6 |
X |
Date de position aammjj |
Latitude |
LA |
5 |
X |
Degrés et minutes Nddmm ou Sddmm |
Longitude |
LO |
6 |
X |
Degrés et minutes Edddmm ou Odddmm |
Vitesse |
SP |
3 |
|
Nuds et dixièmes de nuds |
Cap |
CO |
3 |
|
Degrés ddd |
Fin de lenregistrement |
ER |
|
X |
|
La composition actuelle dun rapport est formée en utilisant une double barre oblique (//) et un code pour indiquer le début dun champ, une simple barre oblique (/) marquant la séparation entre le code et la donnée.
Exprimé de telle sorte, voici est la forme que prendrait le rapport de position dun navire américain appelé Ishmael, émettant un rapport de position à 48 degrés, 16 minutes de latitude nord, 33 degrés 51 minutes de longitude ouest, faisant route à 9,3 nuds avec un cap de 271 degrés, à 20 h 25 mn, le 19 décembre 1998:
//SR//TM/POS//NA/ISHMAEL//FS/USA//TI/2025//DA/981219//LA/N4816//LO/W3351//SP/093//CO/271//ER
Malgré une taille de message substantiellement plus importante, - en données ASCII, il utilise approximativement 92 octets, soit environ trois fois le rapport de position Inmarsat et six fois le rapport de position SSN optimisé -, il a le bénéfice de la souplesse et de luniversalité. Même si lordre des éléments est modifié, le rapport reste facilement décodable. Il est également à noter que, pour peu que les opérateurs SSN soient simplement capables de saccorder sur lordre des éléments, une certaine économie pourrait être réalisée en éliminant les champs du code de désignation.
De plus, cest chose aisée que dajouter de nouvelles données en définissant de nouveaux éléments additionnels avec la création de nouveaux codes à deux lettres. Ceci, comme nous le verrons, rend cette conception utile dans la définition dune approche pour les rapports de capture. La validité de cette approche sest manifestée lorsque la Direction des Pêches norvégienne, afin de sacquitter de ses obligations en matière de SSN au sein de lOrganisation des pêches de lAtlantique du Nord-Ouest (OPANO), a utilisé lapproche européenne originelle en létendant afin de couvrir virtuellement tous les champs de communication avec les navires.