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Expérience et solutions


La gestion de la fertilité des sols dans différentes zones agroécologiques

La grande majorité des exploitations agricoles d’Afrique subsaharienne sont petites, dépassant rarement 5 ha et souvent moins d'un hectare. Beaucoup de ces exploitations agricoles dépendent de la jachère naturelle pour maintenir la fertilité du sol. Quand une culture de rente est plantée (coton, tabac, etc.), les champs peuvent recevoir des engrais minéraux, mais c'est plus rare pour les cultures vivrières. La terre en jachère est pâturée et le fumier peut être collecté pour application dans le jardin familial.

Les principales caractéristiques agroécologiques en Afrique subsaharienne sont récapitulées dans le Tableau 6. Une carte à petite échelle des six principales zones agroécologiques de l'Afrique subsaharienne est présentée dans la Figure 8. Des cartes agroécologiques plus détaillées sont utiles et permettent un transfert de technologie plus efficace.

Les agriculteurs ont une répugnance naturelle par rapport au changement de leurs systèmes de culture qui ont été bien adaptés pendant des générations. Cependant, comme les circonstances se modifient (augmentation de la population, dégradation des terres, etc.), les systèmes de culture doivent changer. Les agriculteurs ont besoin de tout l'appui que la science et la coopération puissent fournir, mais cela doit être soigneusement intégré dans leur environnement. Par exemple, les directives de la FAO sur le zonage agroécologique peuvent être employées pour déterminer les propriétés biophysiques à considérer dans l’optimisation des systèmes de culture. Mais les recommandations basées sur ces propriétés doivent être adaptées aux conditions socioéconomiques des agriculteurs. Par conséquent, les agriculteurs doivent être activement impliqués non seulement dans l'évaluation de la recherche et de ses recommandations mais également à l'étape de conception des programmes d'amélioration de la productivité de la terre.

Tableau 6 Caractéristiques des principales zones agroécologiques d’Afrique subsaharienne

Projections de populations(millions)

Principales caractéristiques climatiques

Principaux types de sols

Végétation dominante

Systèmes de production


2000

2010

2025

LPC*

Pluie**




Régions humides et subhumides

Afrique de l'Ouest

215,9

283,9


>180

>1000

Ferralsols et Luvisols

Forêt tropicale humide et mosaïque forêt-savane

Culture itinérante et semi-permanente avec des bas niveaux d'intrants. Cultures pérennes arbustives et tubercules.

Afrique centrale

64,8

83,2


>270

>1500

Ferralsols et Acrisols


Culture itinérante.

Régions montagneuses subhumides

Afrique de l'Est

149


281

180-270

900-1500

Nitisols, Ferralsols, Andosols

Forêt de montagne et prairie

Cultures permanentes et semi-permanentes avec productions mélangées et élevage.

Afrique du Sud subhumide et semi-aride

Subhumide

99


199

120-270

700-1500

Ferralsols, Luvisols, Cambisols

Mosaïque forêt-savane sèche et prairie

Culture itinérante, cultures mixtes semi-permanentes.

Semi aride Sec

20


41

75-120

250-700

Luvisols et Arenosols

Mosaïque forêt-savane sèche

Culture itinérante, cultures mixtes semi-permanentes, pastoralisme.

Afrique soudano-sahélienne

Semi aride Sec

102,7***


127,8***

75-120

250-700

Arenosols

Buissons épineux et graminées annuelles

Nomadisme avec productions mixtes complémentaires, pastoralisme.

Semi aride Humide




120-180

700-1300

Luvisols et Arenosols

Savane à arbres caducifoliés et graminées pérennes

Nomadisme partiel, culture itinérante et productions mixtes semi-permanentes.

Source: FAO, 1986 - Agriculture africaine: les 25 prochaines années (adaptation)
* LPC: Longueur de la période de croissance; **Précipitations en millimètres par an;
*** Non séparé entre semi aride humide et sec

Afrique de L’Ouest:

Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Nigéria, Sierra Leone, Togo.

Afrique centrale:

Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, République centrafricaine, République du Congo (ex-Zaïre).

Afrique de l’Est:

Burundi, Comores, Ethiopie, Ile Maurice, Kenya, Ouganda, Rwanda. D’un point de vue physiographique et climatique, la plus grande partie de Madagascar est dans cette écorégion, mais avec un système de culture différent.

Afrique australe:

à prédominance subhumide: Angola, Lesotho, Malawi, Mozambique, Tanzanie, Zambie.


à prédominance semi-aride: Botswana, Namibie, Zimbabwe.


L'Afrique du Sud a 70 pour cent des terres dans les zones semi-arides, 30 pour cent dans des conditions subhumides, et des températures subtropicales.

Afrique soudano-sahélienne:

Burkina Faso, Cap Vert, Erythrée, Gambie, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Somalie, Soudan, Tchad.

Figure 8 Carte des principales zones agro-écologiques en Afrique subsaharienne

Source: AFLL, FAO (Décembre 1996)

La zone humide

Les plus grands secteurs humides en Afrique subsaharienne se trouvent en Afrique centrale et occidentale. Les précipitations se produisent pendant plus de neuf mois, avec des totaux dépassant 1 500 mm par an (Tableau 6). Les principaux sols sont acides avec de bas niveaux de fertilité. Un des points essentiels dans cette zone est la gestion de la matière organique, car la plupart des éléments nutritifs sont associés à elle et sont ainsi concentrés dans l'horizon supérieur. Ainsi, lors de la mise en culture, quand la matière organique est perdue par oxydation ou par érosion, la fertilité diminue rapidement.

La présence de mouches tsé-tsé a empêché les animaux d’avoir une quelconque contribution significative au système de production. Avec les systèmes traditionnels de culture itinérante, le sol était la plupart du temps protégé contre la force érosive des précipitations par des arbres et des cultures. Une jachère longue avec une couverture forestière permet une régénération rapide de la végétation et une fixation d'azote dans le sol grâce à son activité biologique. Mais ce système ne peut pas faire plus que maintenir les niveaux de fertilité initialement faibles. En conséquence, les cultures dominantes ont été des cultures de racines (manioc, ignames). Dans les zones les plus humides (Sierra Leone, Libéria, partie de la Côte d’Ivoire), le riz est cultivé dans les bas-fonds, sans gestion contrôlée de l'eau. Dans ces zones, les sols tendent à être plus fertiles que les sols lessivés exondés, et plusieurs récoltes peuvent être réalisées avant la mise en jachère.

De nombreuses cultures pérennes arborées conviennent également bien à la zone humide. L’hévéa et le palmier à huile, qui sont tolérants aux sols acides, peuvent être une importante source de revenus. Les palmiers à huile ont l’avantage supplémentaire d'être une source de nourriture, ils sont profondément enracinés et recyclent efficacement les éléments nutritifs. Par exemple, dans les sols sédimentaires profonds au Nigéria, une densité de population élevée a été permise grâce à un système de culture dans lequel des ignames blancs (Dioscorea rotundata) sont cultivés sous une couverture de palmiers à huile. Les sols sont généralement considérés comme très infertiles, mais l’exploitation par les racines du palmier à huile - d’une grande profondeur de sol - entraîne que, bien que la concentration en éléments nutritifs soit basse, les quantités accessibles aux palmiers soient considérables.

La mise en culture des sols en dessous et autour des cultures arborées est possible et ce système de culture peut être durable. En particulier, quand de nouvelles surfaces de forêt doivent être défrichées par des méthodes d’abattis-brûlis, des cultures arborées peuvent être installées. Mais s'il n'y a aucun débouché pour la production, les systèmes traditionnels de culture itinérante persistent, la plupart du temps avec des jachères raccourcies, dans la transition vers des systèmes semi-permanents. Dans cet environnement, les rendements chutent à des niveaux très bas après plus de deux ans de cultures annuelles, ceci étant dû aux caractéristiques des sols (faible niveau d’éléments nutritifs, acidité), aux pertes par lixiviation et à la croissance vigoureuse des mauvaises herbes. Des densités élevées de population, comme au Nigéria oriental, accélèrent de telles tendances.

La recherche de systèmes de gestion du sol plus productifs et plus durables, en plus de la production des cultures arborées pérennes, a été poursuivie pendant de nombreuses années, mais avec un succès limité. Par exemple, en Amazonie péruvienne (où le sol et les conditions climatiques sont semblables à ceux d’Afrique occidentale humide), des rendements peuvent être pérennisés pendant de longues périodes par application de chaux, d'engrais minéraux et d’oligo-éléments, et par la protection contre l'érosion en agriculture de conservation. Mais ceci exige une surveillance rigoureuse et n'est pas économiquement viable avec les politiques existant dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne.

Les engrais peuvent aider à maintenir les niveaux d’éléments nutritifs, mais sans retours adéquats de matière organique au sol, les rendements ne sont pas stabilisés. La méthode la plus efficace pour maintenir les niveaux de matière organique dans ces régions a été une certaine forme d'agroforesterie. L'efficacité de la jachère arborée peut être améliorée par addition d'espèces particulières d'arbres. Par exemple, au Nigéria du Sud-Est, les agriculteurs ont traditionnellement planté des arbres tels que Dactyladenia barteri et Anthonota macrophylla dans la végétation en régénération. L'utilisation de bananiers et de plantains comme culture finale dans la rotation rentre également dans un système pérenne productif à court terme qui protège le sol et permet le démarrage de la croissance de la forêt.

Parmi les systèmes d’agroforesterie, la culture en couloir a reçu beaucoup de publicité mais n'a pas été largement adoptée par les agriculteurs en Afrique subsaharienne. Néanmoins, les combinaisons d’arbres - en particulier ceux qui sont une source de revenus - avec des cultures vivrières, des engrais et une agriculture de conservation (non-labour ou travail minimum), semblent offrir les meilleures options pour établir des systèmes plus productifs et plus durables pour la zone humide.

Conditions pour une production alimentaire durable dans la zone humide

De bons rendements des cultures et des systèmes durables peuvent être obtenus en zone humide avec le maintien:

  • d’un niveau satisfaisant de matière organique dans le sol pour atténuer les problèmes d'acidité, augmenter l'activité des micro-organismes du sol et maintenir une structure du sol appropriée;

  • d’un niveau suffisant d’éléments nutritifs dans le sol pour permettre des rendements économiques de la culture;

  • d’une couverture végétale pour éviter l'érosion.

La zone subhumide de l'Afrique occidentale et centrale

En Afrique occidentale, près de la côte, il y a une transition de la forêt tropicale humide à la forêt semi-décidue et d'une mosaïque de savane et forêt aux prairies de la savane boisée quand la durée de la saison sèche augmente et que les précipitations diminuent (Tableau 6).

La culture itinérante y est commune avec des dispositifs semblables à ceux pratiqués en zone humide. Les jachères sont généralement insuffisantes pour maintenir la fertilité du sol et le rendement des cultures diminue, sauf quand de nouvelles variétés de maïs, ayant un meilleur rendement et résistantes aux virus, ont été introduites et que des engrais minéraux sont appliqués.

Dans les parties plus sèches de la zone, les jachères herbacées sont plus longues. Les animaux pâturent les jachères et du fumier peut être rassemblé pour utilisation sur les jardins familiaux. Là où il y a un marché pour les cultures vivrières, comme dans les zones proches des villes principales, des engrais minéraux peuvent être appliqués sur les cultures vivrières.

3. Culture intercalaire de Leucaena leucocephala (Fabaceae) et de maïs au Ghana.

Beaucoup d’espèces, en particulier un très grand nombre de légumineuses, ont été étudiées pour leur potentiel à participer à des jachères améliorées ou à des couvertures vivantes. Cependant, les coûts, en termes de surface de terre et de main-d’œuvre, pour faire pousser et répartir le paillis pour la couverture de sol, ont découragé les exploitants agricoles d’adopter un tel système. Le système de culture en couloir utilisé dans certains endroits inclut la plantation de rangées de Leucaena leucocephala avec des maïs et des niébés cultivés entre les rangées. D'autres espèces de légumineuses arborées à croissance rapide ont été également employées. Les arbres légumineuses utilisés jusqu’à présent demandent des niveaux appropriés de phosphore dans le sol et ne tolèrent pas l’acidité.

Avantages et inconvénients du système de culture en couloir en zone subhumide

Les avantages du système de culture en couloir sont:

  • protection contre l'érosion;

  • retour élevé de l'azote fixé dans les émondes d'arbre utilisées comme paillis pour la couverture du sol;

  • apports substantiels de matière organique au sol et, par conséquent, amélioration significative des propriétés du sol;

  • disponibilité du bois pour le combustible et les poteaux de construction.

Les inconvénients sont:

  • un besoin de main-d'œuvre plus élevé pour gérer les arbres;

  • une compétition pour l'espace, la lumière, l'eau et les éléments nutritifs entre les arbres et les cultures réalisées dans les couloirs;

  • un revenu insatisfaisant des arbres par rapport au travail demandé pour leur plantation et entretien.

Il a été montré que le non-labour avec conservation de tous les résidus de culture et utilisation de ceux-ci comme paillis pour la couverture du sol convenait mieux que l'utilisation d'une charrue dans les tropiques humides et subhumides. Cependant, les difficultés et les coûts de la transition vers le nouveau système, incluant certains outils et équipements, ont limité l’étendue de son adoption.

Les hautes terres subhumides d'Afrique de l'Est

De grandes zones des hautes terres sont à plus de 1 000 m au-dessus du niveau de la mer et plusieurs secteurs montagneux ont des altitudes de 1 500 à plus de 4 000 m. Les températures dans tout ce secteur sont relativement basses en raison de l'altitude. Les champs situés au-dessus de 1 500 m peuvent voir le rendement des cultures limité par les basses températures. Les précipitations sont de 900 à 1 500 mm par an, et la durée de la saison de culture est de six à neuf mois (Tableau 6). Les sols (Nitisols, Andosols et certains Ferralsols) ont une fertilité relativement bonne: les Ferralsols et les Andosols ont une bonne structure et une bonne profondeur, les Nitisols ont une forte saturation en bases, et les températures plus basses ralentissent la décomposition de la matière organique. Ainsi les hautes terres présentent un environnement adéquat pour les hommes, et avec la croissance de la population, ces zones sont maintenant les secteurs ruraux les plus densément peuplés en Afrique.

Dans ces conditions, les cultures permanentes et semi-permanentes ont longtemps été la norme. Les cultures pérennes, comme le café et le thé, fournissent la base la plus satisfaisante pour un système de production permanent; les bananes et les plantains peuvent également servir en même temps de culture vivrière et de culture de rente, et fournissent une couverture qui protège le sol contre l'érosion. Une large gamme de cultures vivrières est souvent plantée. Bien que de nombreux sols aient de bonnes qualités, ils ont été souvent érodés en raison de la pente raide des terrains et de la culture intensive. L'érosion n'est pas le seul problème de la dégradation des terres. Il y a également un important épuisement des éléments nutritifs dans la plupart des zones de hautes terres.

En Ethiopie, environ 14 millions d'hectares - soit la moitié de la zone de hautes terres - sont très érodés, et, sur deux millions d'hectares, la production agricole n'est plus viable à long terme. Traditionnellement, le bétail représente une part importante du système de production, avec un maintien de la fertilité du système par retour du fumier au sol. Mais les pâturages deviennent de plus en plus rares. Les jachères courtes étaient autrefois fréquentes, mais sont maintenant rares. Les agriculteurs essayent toujours de maintenir quelques animaux, alimentés avec les résidus de récolte et les mauvaises herbes, mais la quête de bois de chauffage et de poteaux pour la construction a entraîné un déboisement dans beaucoup de zones. L'intégration des légumineuses à graines dans les systèmes de culture peut diminuer le besoin d'azote, mais la fixation d’azote et le rendement sont faibles quand le niveau de phosphore dans le sol n’est pas amélioré. Le maintien de la fertilité est maintenant impossible sauf si des engrais sont utilisés et des systèmes de production adoptés pour empêcher l'érosion. L'utilisation d'engrais s'est développée rapidement entre 1971 et 1996, mais a chuté suite à la suppression de la subvention gouvernementale en 1997.

Les conditions dans les hautes terres du Rwanda et du Burundi sont quelque peu semblables à celles existant en Éthiopie, mais les densités de population sont encore plus fortes. Au Rwanda, la densité de population sur le plateau central (1 500 à 2 000 m) est de 250 à 800 habitants par kilomètre carré. De plus, les sols sont plus pauvres qu'en Éthiopie, la plupart étant des Ferralsols plutôt que des Nitisols. De nouveau, les cultures pérennes, les bananes et les plantains ont permis d’établir dans certains secteurs des systèmes durables de culture continue. Mais il y a eu une dégradation constante des terres et des rendements décroissants, facteurs qui peuvent être considérés comme contribuant aux conflits internes et à la migration forcée au Rwanda et aux problèmes au Burundi.

Au Kenya, la majorité de la population est concentrée dans les montagnes. Dans certaines parties du district de Machakos (un des plus peuplés), des investissements ont été faits pour le contrôle de l'érosion et l'établissement de cultures de rente, vu que les conditions économiques se sont améliorées en raison de la proximité de Nairobi et de la construction de meilleures routes. La pluie tombant sur le toit des étables est recueillie pour l'usage des animaux, et le non pâturage devient de plus en plus important pour la durabilité du système. L'emploi des engrais augmentait, mais le retrait des subventions a entraîné l’augmentation des prix et une diminution de l’utilisation. Les revenus des exploitations agricoles sont toujours trop bas pour soutenir le système mais, quand des revenus externes sont disponibles, un investissement accru devient possible dans les exploitations agricoles; en absence de ces revenus externes, l’accroissement de la population entraînera une augmentation de l'érosion.

Dans quelques zones des hautes terres de l'Ouganda, des problèmes semblables se produisent, et, comme au Rwanda, la pression sur la terre a entraîné des migrations allant parfois jusqu’au conflit. En Ouganda central, il existe un degré élevé de dépendance à l’égard des bananes comme aliment de base (presque 30 pour cent de la terre cultivée). Sous les bananiers, le sol est protégé et, quand les résidus de culture sont retournés au sol, le taux de disparition des éléments nutritifs est relativement lent. Cependant, la production continue pendant de nombreuses années a entraîné une chute des rendements. Les tentatives pour maintenir les rendements ont la plupart du temps échoué, bien que les paillis pour la couverture du sol de grandes herbes et les engrais potassiques aient donné de bonnes réponses de rendements. En conséquence, la plupart des bananes sont maintenant produites dans les secteurs occidentaux et les cultures de racines (manioc et patates douces) ont augmenté. Mais ces cultures entraîneront presque certainement une accélération de la dégradation du sol, bien qu'à court terme, elles puissent augmenter la disponibilité alimentaire. Dans certaines zones d’Ouganda occidental, où la pression sur la terre est moins forte, le bétail fournit du fumier et de l'herbe est disponible pour le paillis pour la couverture du sol.

Maintenir la fertilité du sol dans les hautes terres subhumides

Dans les hautes terres subhumides, le maintien et l'amélioration de la fertilité du sol dépendra de l'utilisation des engrais minéraux et de la chaux, de la culture d’engrais verts et de plantes de couverture, de l’utilisation de l'agroforesterie, et de la gestion intégrée des éléments nutritifs partout où il est possible de collecter du fumier ou d'autres sources de matière organique.

Les zones subhumides et semi-arides d'Afrique australe

Les vastes zones allant du sud du Rwanda jusqu’au Cap de Bonne Espérance sont la plupart du temps à des altitudes entre 500 et 1 000 m, et reçoivent des précipitations inférieures à celles reçues sur les hautes terres (Tableau 6). Une partie de cette zone est subhumide mais la plus grande partie est semi-aride. Les secteurs arides plus petits seront présentés ci-dessous.

La végétation naturelle de la zone subhumide est une savane arborée, avec une prairie devenant dominante quand le climat devient plus sec. Les animaux ont toujours représenté une part importante dans les systèmes de production, bien que leur nombre ait diminué avec l’augmentation de la demande alimentaire. Les sols dominants dans les zones semi-arides sont les Arenosols, avec une basse fertilité naturelle. Quand le climat devient plus humide, les Luvisols, Ferralsols et Cambisols dominent, avec une fertilité naturelle légèrement plus élevée mais toujours faible. La dégradation par l’érosion et l’épuisement des éléments nutritifs sont communs dans toute la région, en particulier dans les secteurs où la densité de population est relativement forte.

La culture itinérante avec une longue jachère existe toujours, mais une grande partie de la région subhumide est maintenant cultivée avec des systèmes mixtes semi-permanents élevage-culture. Dans certaines zones plus humides, des cultures pérennes de rente, telles que le café, sont plantées, et un système permanent a été établi avec des cultures annuelles sur de grandes exploitations agricoles commerciales (> 1 000 ha) au Zimbabwe et en Afrique du Sud. Dans la majeure partie de la région, les cultures annuelles rapportent de faibles sommes d’argent car les exploitations agricoles couvrent moins de 5 ha et une grande partie de la production est consommée au niveau familial. En Zambie et en Afrique du Sud, le développement de mines et autres industries a donné des opportunités d’emploi pour les travailleurs migrants. Quand les revenus provenant de sources extérieures sont suffisants, des engrais et d'autres intrants sont achetés, et des systèmes de culture permanents, en particulier des cultures de rente apparaissent.

Le Zimbabwe, qui est souvent considéré comme la source potentielle de nourriture pour le reste de l'Afrique, et le Malawi sont tous deux «à risque», en termes d'emploi d’engrais minéraux pour augmenter la production végétale. En effet, la libéralisation des politiques économiques a entraîné une augmentation des prix - et donc une utilisation plus faible - des engrais. Des fumiers animaux ont été employés traditionnellement pour aider à maintenir la fertilité du sol, mais les pâturages sont devenus rares dans les zones où le fumier est nécessaire.

4. Couverture du sol avec de la paille pour conserver l’humidité au Malawi.

Les rendements de maïs sont presque toujours inférieurs à 1 tonne par hectare. Quand un fort niveau d’intrants est atteint (engrais, préparation mécanisée de la terre, etc.), avec un contrôle de l'acidité et une défense contre l'érosion (comme dans les exploitations agricoles commerciales du Zimbabwe et d’Afrique du Sud), des rendements supérieurs à 4 tonnes par ha peuvent être réalisés malgré les précipitations faibles et irrégulières. En revanche, dans les zones communes (taille des exploitations agricoles inférieure à 5 ha), les systèmes de culture traditionnels ne fournissent pas un revenu suffisant et une grande partie des exploitations restent au niveau minimum avec des rendements de 0,2 à 1,5 tonne par ha.

Une des questions les plus importantes dans ces zones est de s'assurer que la pluie tombant sur le sol pénètre là où elle tombe, afin de maximiser l'eau disponible pour les cultures et éviter le ruissellement et l'érosion. Les banquettes en courbe de niveau et les bandes enherbées contrôlent les mouvements de l'eau de ruissellement et empêchent ainsi l'érosion, mais font peu pour améliorer la pénétration de l'eau là où la culture en a besoin. La première condition est d’éviter la formation d’une croûte à la surface du sol en maintenant une couverture (plantes vivantes ou paillis). Mais dans les secteurs les plus secs, la plupart des plantes ne peuvent pas maintenir une couverture pendant la saison sèche, et il est difficile de préserver un paillis organique parce qu'il est souvent détruit (brûlé pour renouveler les espèces de graminées, pâturé ou mangé par les termites).

Une pratique culturale précoce, avant la saison des pluies (ou juste au début), pour casser la croûte est donc courante. Le labour conventionnel utilisant une charrue à soc ou à grands disques cause une dégradation du sol, et des méthodes de travail de conservation du sol sont maintenant favorisées. Les solutions alternatives développées au Zimbabwe sont des systèmes sans labour, de sillons cloisonnés et de billons cloisonnés.

Le manque de titre foncier personnel est un important facteur limitant l'adoption de méthodes plus productives de gestion des terres. Le régime foncier légal et la création d'un marché de la terre sont nécessaires afin que les banques puissent fournir du crédit aux agriculteurs sur la base de la propriété de leur terre. Dans les zones ayant des précipitations irrégulières et de larges variations annuelles des rendements, un système de prêt ouvert et flexible est essentiel si la productivité de la terre doit être augmentée.

La zone soudano-sahélienne

La zone de savane soudanienne est généralement considérée comme semi-aride humide et la zone sahélienne comme semi-aride sèche (Tableau 6). Dans ces deux zones, la disponibilité en eau tend à être le facteur critique qui détermine quels systèmes de production - culture et élevage - conviennent, et la disponibilité en eau dépend des facteurs du sol et du paysage aussi bien que des précipitations.

Dans les parties les plus sèches du Sahel, se prolongeant jusqu’aux zones arides, le nomadisme est encore répandu. Des zones les plus sèches jusqu’à celles plus humides, la production agricole joue un rôle croissant dans le système. Dans le passé, les jachères longues donnaient une chance de se régénérer à la végétation clairsemée d'arbres et de buissons, quand le bétail était déplacé pour pâturer ailleurs (un système parfois désigné sous le nom de semi-nomadisme). Comme la densité de population a augmenté, les occasions d’éloigner le bétail vers de nouveaux pâturages pendant des périodes suffisamment longues ont progressivement disparu. Les jachères sont devenues plus courtes et, bien que beaucoup de méthodes pour reconstituer la fertilité du sol aient été proposées, le succès a été limité en terme d'adoption par les agriculteurs.

Les systèmes de production vivrière sont basés sur l'utilisation de jachères pour maintenir le taux de matière organique, l'utilisation des animaux comme réserve de nourriture, source de richesse (et de prestige) et de fumier, et l'utilisation de méthodes de culture pour maximiser l'infiltration et le stockage de l'eau. Comme dans les régions semi-arides de l'Afrique australe, la longue saison sèche implique que, pendant plusieurs mois chaque année, peu de végétation soit présente pour protéger le sol et l'érosion est un problème répandu.

5. Projet intégré agro-sylvo-pastoral au Sénégal.

Les priorités des agriculteurs sont toujours associées à la nécessité d'assurer qu'ils auront suffisamment de nourriture pour la prochaine saison. Dans le passé, une mauvaise saison se traduisait par une migration vers des zones ayant de meilleures précipitations. À mesure que la densité de population augmentait, l'ampleur des migrations a diminué, et l'importance de la production agricole s’est accrue. Mais, avec de faibles précipitations et des sols pauvres, les rendements sont presque toujours bas. Le gros des cultures produites dans la zone sahélienne est normalement destiné à l’autoconsommation.

Des contraintes semblables existent dans la zone de savane soudanienne humide, mais, avec des précipitations légèrement moins irrégulières et plus élevées, la production agricole est mieux assurée. Du coton est planté comme culture de rente, ce qui permet l'achat d'intrants (c'est-à-dire meilleures variétés, engrais, pesticides et préparation du sol mécanisée). Le coton était habituellement planté sur les meilleures terres, souvent avec un certain contrôle de l'érosion. Cependant, les rendements de coton ne se sont pas améliorés partout. En Haute Casamance, au Sénégal, et dans la zone de la savane soudanienne, les rendements ont chuté entre 1970 et 1980, en raison d'une densité de population élevée et d’une plus grande concurrence pour les meilleures terres et pour les intrants entre le coton et les cultures vivrières.

Dans la zone semi-aride humide, au nord du Nigéria, il y a également une densité de population très élevée. La demande alimentaire urbaine est si importante que les cultures vivrières ont statut de culture de rente, et de petites quantités d'engrais minéraux peuvent être employées pour compléter les engrais organiques. Ensemble, ces quantités sont suffisantes pour maintenir des rendements de maïs et de sorgho à environ 2 tonnes par ha. Les fumiers animaux sont tellement demandés qu'ils sont vendus sur le marché de Kano. Les sources de fumier sont le bétail local et les petits ruminants, nourris en grande partie sur les résidus de récolte et les chaumes laissés sur les champs en saison sèche et, parfois, à partir des haies et des barrières anti-érosives plantées autour des propriétés. Avec ces intrants, une main-d'œuvre à prix relativement réduit disponible autour de la ville surpeuplée, et un marché assuré, un système de production continu relativement durable semble avoir été établi.

Des expérimentations dans les centres de recherche en zone de savane soudanienne ont montré que les engrais minéraux seuls ne peuvent pas toujours maintenir les rendements, mais que c'est possible quand les engrais et le fumier sont employés dans un système intégré. Cependant, les centres de recherche utilisent des méthodes assurant la régularité de la mise en culture et de l'ensemencement, pratiques qui peuvent ne pas être à la disposition de l’agriculteur. L'amélioration des jachères naturelles a été poursuivie dans les zones de savane et de forêt, mais avec un succès pareillement limité. L'utilisation des engrais pour améliorer la qualité et la productivité des prairies naturelles a été favorisée mais n’a pas été adoptée, car les avantages économiques ne sont pas immédiatement évidents. L'utilisation des arbres comme brise-vents pour réduire l'érosion éolienne, et les bandes enherbées pour contrôler l'érosion par l'eau ont reçu le soutien du gouvernement. Ces pratiques sont maintenant poursuivies de manière considérable, là où les arbres et les graminées produisent également une alimentation complémentaire pour les animaux.

La zone aride d'Afrique orientale et australe

Malgré les précipitations très faibles et irrégulières, il y a normalement une végétation suffisante pour permettre le pâturage du bétail. Mais, comme les précipitations sont incertaines, le bétail doit se déplacer là où l'alimentation est disponible et le nomadisme est par conséquent fréquent.

Quand les populations humaines et animales augmentent, deux problèmes surviennent:

La première étape vers l'amélioration doit être une réduction du nombre des animaux, et, ensuite, une gestion appropriée de l'accès aux points d'eau. Mais une limitation du nombre d'animaux signifie que la population est également limitée, et l'émigration de ces zones est souvent la seule solution. Là où ceci a entraîné des mouvements transfrontaliers, des conflits ont surgi, comme dans la Corne de l'Afrique.

En Érythrée, le surpâturage a sérieusement dégradé la végétation naturelle et l'érosion a dévasté de grandes surfaces. Alors les gens n'ont eu aucun autre choix que de se déplacer ou d’être assistés, principalement par l'aide alimentaire. Le déficit alimentaire annuel dans le pays entre 1991 et 1996 a varié de 36 à 84 pour cent avec une moyenne de 64 pour cent.

L’Érythrée a une petite zone de hautes terres avec de meilleures précipitations, mais ces secteurs sont devenus surpeuplés, et il y a un besoin urgent d'augmenter la production et de contrôler la dégradation du sol. Même dans ces secteurs, les précipitations sont encore faibles (de l'ordre de 400 mm par an) et irrégulières. Les méthodes pour augmenter la productivité sont semblables à celles requises en Éthiopie. Il y a place pour le développement de la récupération de l'eau et de l'irrigation.

6. Collecte des eaux de ruissellement en Erythrée: petit barrage.

Jusqu'à présent, l'expérience a montré que presque tous les principaux barrages construits ont été complètement envasés en quelques années en raison de la sévérité de l'érosion du sol dans les bassins versants. Certains de ces secteurs sont en Éthiopie, de sorte que le problème dans les bassins versants ne peut pas être résolu par la seule Érythrée. Un autre problème est que plusieurs des secteurs potentiellement irrigables ont des sols salins et sodiques.

En Namibie, les problèmes sont moins graves, car la densité de population actuelle est seulement de deux personnes par kilomètre carré comparés aux 28 personnes par km2 en Érythrée. Il y a également une surface sensiblement plus grande, en zone semi-aride, sur laquelle des cultures pourraient être effectuées avec irrigation. Cependant, une grande partie de cette terre a été attribuée en grands blocs pour la production commerciale et des problèmes ont déjà surgi dans les secteurs communautaires. Comme dans d'autres parties de la zone aride, les problèmes liés à l'augmentation de la productivité ne peuvent pas être facilement résolus sans accès à de l'eau supplémentaire. Alors qu'il y a approximativement 3,6 millions d'hectares de terre classés comme hautement appropriés pour l'irrigation, l'eau disponible est si limitée que seuls 45 000 ha pourraient être irrigués.

Augmenter la production alimentaire en zone aride

Le développement de techniques de récupération d'eau et de conservation du sol et de l'eau pour une utilisation maximale des précipitations limitées fournit la seule option réaliste pour augmenter la production des cultures vivrières dans ces secteurs.

Programmes réussis de gestion de la fertilité des sols

Des exemples indicatifs de schémas et de projets réussis de gestion de la fertilité du sol sont présentés ci-après (d’après FAO, 1999c).

Le programme des associations d’agriculteurs en Ouganda

Ce programme était une exception, du fait qu'il n'a pas été financé par le gouvernement ou par un donateur. Des informations sur la façon de rendre le système de production de l’Association Nangabo plus productif ont été obtenues à l’aide de:

La proximité d’un marché important à Kampala, situé à 15 km et relié par de bonnes routes, a permis à l'association d'obtenir de bons prix pour ses productions.

Les méthodes de gestion de la fertilité des sols mises en place par les agriculteurs étaient évidemment socialement acceptables, et économiquement viables du fait que le marché à Kampala continue de se développer. Des emplois alternatifs étaient disponibles à Kampala de sorte que presque la moitié des revenus de la région provient d’activités non-agricoles.

Avant la formation de l'association, la zone avait été employée principalement pour la production de bananes, l'aliment local de base, mais comme les rendements diminuaient à cause de la surexploitation des éléments nutritifs du sol, et probablement du fait de la multiplication de nématodes et d'autres problèmes de parasites, les cultures de racines et tubercules sont devenues plus importantes. Les principales améliorations de la productivité ont été provoquées par l’introduction de rotations de cultures, l'utilisation des paillis pour la couverture du sol, de fumier et d’engrais, et la jachère. Avec un type bimodal de précipitations, des exploitations agricoles de plus de deux hectares, des sols profonds et un système de culture basé sur les bananiers, la productivité a augmenté rapidement, et le secteur est devenu relativement prospère. La culture de bananier elle-même procure une certaine protection contre l'érosion et, quand elle est combinée avec un paillage et des billons en courbes de niveau, l'érosion n'est plus un problème. La fertilité des sols a commencé à augmenter, et les changements semblent être durables.

Le projet SCAPA dans la région d'Arusha en Tanzanie

Le programme de conservation des sols et d’agroforesterie (SCAPA) dans la région d'Arusha en Tanzanie présente des améliorations qui promettent de devenir durables. Le point qui est peut-être le plus important est l'utilisation des comités de village pour la conservation des sols, et des agents de vulgarisation des villages, pour assurer la participation de la communauté d'exploitants agricoles dans tous les aspects du programme. Le projet est basé sur l'introduction de techniques de conservation des sols et des eaux, d’agroforesterie, d’élevage, et de gestion des cultures. Les techniques de conservation se fondent principalement sur l'utilisation des billons en courbe de niveau sur lesquels des arbres ou de l'herbe à éléphant sont plantés. Ceux-ci, non seulement réduisent l'érosion du sol, mais conservent l'eau. Les communautés locales fournissent la main-d’œuvre. Les jeunes plants d'arbres (plus de 1 million ont été distribués) et les boutures de fourrage ont été financés par un bailleur de fonds étranger. Cependant, on s'attend à ce que les communautés d'exploitants agricoles puissent produire le matériel végétal. La solution est encore peu claire pour ce qui est des problèmes de surabondance de bétail sur les secteurs pastoraux, bien que l’augmentation de la production d'aliments due aux arbres et aux fourrages établis sur les contours aide à réduire la pression de pâturage.

Le projet «Travail de la conservation du sol au Zimbabwe»

Le projet Contil a été couronné de succès. Un élément important de son succès a été la recherche participative des agriculteurs pour établir les méthodes les plus appropriées pour l'amélioration de la productivité. Les essais au champ pour identifier les méthodes les plus adaptées de travail en traction animale pour la conservation du sol ont été gérés par les agriculteurs, qui ont choisi parmi les options proposées par les chercheurs. Dans les régions subhumides, les billons cloisonnés procurent la meilleure opportunité pour une augmentation durable de la productivité, tandis que, dans les régions semi-arides, l’enfouissement du mulch est l'option la plus adaptée. Cependant, l’enfouissement du paillis pour la couverture du sol est seulement viable quand des résidus suffisants sont disponibles pour fournir le paillis. Généralement les résidus sont utilisés pour l'alimentation des animaux, et les billons cloisonnés doivent alors être employés. Les meilleures réponses des cultures au système de culture sont obtenues quand les résidus pour la couverture du sol sont utilisés en même temps que des engrais. Des augmentations du rendement de coton ont été obtenues sur huit saisons de 1984 à 1991. Les changements récents de la politique concernant la suppression des subventions sur les engrais minéraux peuvent très bien amener à un système devenant économiquement non durable. Les petites propriétés morcelées rendent difficile l'emploi, moins onéreux, des méthodes de travail du sol à grande échelle, qui ont assuré la rentabilité, dans le passé, des grandes exploitations agricoles commerciales.

Le projet sur le site d’agroforesterie de Machecheta au Malawi

Cet important projet évalue un large éventail de technologies, divisées entre celles qui ont une rentabilité à court, moyen et long terme. La culture en couloir entre dans la deuxième catégorie, la culture intercalaire de céréales avec des Faidherbia albida se positionne dans la troisième catégorie; les jachères améliorées et les cultures dérobées ont une rentabilité à court terme.

7. Incorporation des résidus de récolte dans le sol pour améliorer la fertilité au Malawi.

Au Malawi, on peut conclure qu'une combinaison de chacun des trois types de technologies de conservation des ressources est nécessaire pour une production agricole durable, et que, pour atteindre la sécurité alimentaire, ils devront être complémentés d’une «faible dose d’engrais minéraux». Il n'est pas encore facile, cependant, de savoir quelles politiques seront nécessaires pour rendre les systèmes durables.

La production agricole durable au Kenya et en Zambie

Dans l’Ouest du Kenya, dans un secteur où la densité de population dépasse les 500 personnes par km2 et avec des précipitations bimodales supérieures à 1 200 mm par an, une augmentation durable de production agricole a été démontrée. De nombreuses options ont été proposées aux agriculteurs. Les technologies les plus largement adoptées sont l'utilisation du phosphate naturel réactif avec les jachères améliorés de Sesbania ou de Tithonia, et les plantations complémentaires d’espèces de jachère sur les courbes de niveau, les marques de délimitation ou les bords de champ pour contrôler l'érosion.

Il y a une augmentation significative de la rentabilité, mais les principaux bénéfices sont souvent à moyen plutôt qu’à court terme. Ainsi, pour des agriculteurs ayant une autre source de revenu, cela offre un bénéfice considérable qui peut être réalisé sans aide financière externe, mais ces agriculteurs représentent seulement environ dix pour cent de la communauté d'exploitants agricoles. Pour les autres, une certaine forme d'aide financière initiale sera nécessaire.

Une étude semblable a été entreprise en Zambie, avec des précipitations monomodales de moins de 1 000 mm par an sur des sols plus pauvres (sauf une teneur plus élevée en phosphore). La densité de population était seulement de 20 à 40 habitants par km2. Le système de culture existant comportait l'utilisation de jachères herbacées d’une durée de cinq ans. Il a été montré qu’une culture de Sesbania ou de Tephrosia de deux ans pourrait remplacer ces jachères, de sorte que le revenu annuel moyen soit sensiblement augmenté. À condition que le matériel végétal soit disponible, un système plus productif et plus durable pourrait être établi ainsi sans intrants externes. Cependant, le revenu supplémentaire était considérablement plus élevé quand des engrais minéraux étaient employés en même temps que les jachères avec légumineuses.

8. Une bonne culture de maïs cultivé en Zambie avec des pratiques de gestion améliorée: espacement, désherbage, application de fumier et d’engrais minéraux.

La production de riz dans les zones humides

Un des systèmes durables dans les zones humides est la production de riz avec des approvisionnements en eau contrôlés. En Asie, de tels systèmes ont été développés il y a de nombreux siècles. Leur productivité a été considérablement augmentée grâce à l'introduction de variétés capables de répondre à des niveaux plus élevés d’éléments nutritifs et à l'utilisation d’engrais pour augmenter le niveau des apports d’éléments nutritifs. La réussite des systèmes de production de riz en Asie s'est développée à partir de la connaissance indigène et des importants travaux des agriculteurs qui ont aménagé les champs de riz et les systèmes de gestion de l'eau. Plus récemment, les systèmes d'irrigation basés sur la construction de barrages pour assurer l'approvisionnement en eau et les systèmes de crédit pour permettre aux agriculteurs d'acheter les engrais et autres intrants exigés pour augmenter les rendements, ont provoqué des augmentations significatives de production.

9. Rizières irriguées et petits jardins de légumes (maïs, pom- mes de terre, légumes) en culture pluviale à Madagascar.

Il y a des difficultés économiques liées au développement de l'irrigation en Afrique subsaharienne. Néanmoins, la production de riz en conditions inondées offre une occasion importante de développer des systèmes de production durables. La production de riz en Afrique a augmenté plus rapidement que celle de n'importe quelle autre culture. Il y a bien longtemps, Madagascar a développé des systèmes semblables à ceux de l'Indonésie. Il y a un grand potentiel pour l’expansion de la production durable de riz en Afrique subsaharienne.

Le projet du gouvernement au Burkina Faso

Ce projet doit encore être évalué au niveau de l’exploitation agricole. Il comporte la distribution aux agriculteurs de grandes quantités de phosphate naturel local, qui est de mauvaise qualité. Ceci augmenterait lentement les teneurs en phosphate du sol au cours des années, ce qui aiderait toutes les cultures, en particulier les légumineuses, et améliorerait lentement la fixation de l'azote. Il sera également possible de stimuler la dissolution du phosphate à partir du phosphate naturel au moyen d’amendements organiques. La mise en place du plan gouvernemental de distribuer également de l'urée augmenterait la production agricole à court terme, mais ces mesures peuvent ne pas être durables.

Les meilleures pratiques de conservation du sol et de l'eau

Le Panorama mondial des approches et technologies de conservation (World Overview of Conservation Approaches and Technologies: WOCAT) est un programme lancé en 1992 par l'Association mondiale pour la conservation du sol et de l'eau et le Centre pour le développement et l'environnement, Université de Berne (Suisse) en collaboration avec plusieurs institutions internationales, y compris la FAO. Il vise à évaluer quelles mesures sont prises contre la dégradation (principalement l’érosion), afin d’établir une base de données et diffuser l'information sur des technologies éprouvées de conservation du sol et de l'eau (SWC).

Le WOCAT a développé un réseau de collaboration et un cadre normalisé pour l'évaluation des SWC, qui inclut des questionnaires sur les technologies, des approches et des cartes. Ces questionnaires couvrent beaucoup d'aspects des activités de conservation du sol et de l'eau aussi bien que les environnements biophysiques et socio-économiques. Grâce à des ateliers régionaux, les spécialistes de plusieurs pays rassemblent et échangent des informations ainsi que leur expérience. De tels ateliers ont été déjà organisés en Afrique subsaharienne.

Le but d’ensemble de WOCAT est de contribuer à l'utilisation durable du sol et de l’eau:


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