Matthias Halwart
Spécialiste des ressources
halieutiques (aquaculture)
Département des pêches de la
FAO
Rome, Italie
Simon Funge-Smith
Fonctionnaire régional
chargé de laquaculture
FAO Regional Office for Asia and the
Pacific
Bangkok, Thailand
John Moehl
Fonctionnaire régional
chargé de laquaculture
FAO Regional Office for Africa
Accra,
Ghana
Introduction
Le développement rural, le processus de croissance durable de léconomie rurale et lamélioration du bien-être des hommes, femmes et enfants vivant en milieu rural a de nombreuses dimensions, mais cest particulièrement le développement du secteur agricole qui est généralement considéré comme fournissant limpulsion principale, non seulement en ce qui concerne la réduction de la pauvreté et de la faim, mais également la garantie dune sécurité alimentaire pour tous. Ce nest quà la condition que la croissance agricole prenne place au plus vite dans les pays dont les populations rurales sont appauvries, que les revenus ruraux de lélevage ou de la culture pourront saccroître suffisamment pour permettre aux pauvres du monde rural dacquérir davantage de sécurité alimentaire.
Des types variés daquaculture forment une composante importante du développement des systèmes agricoles et délevage. Ceux-ci peuvent contribuer à la diminution de linsécurité alimentaire, de la malnutrition et de la pauvreté en pourvoyant des aliments de haute valeur nutritionnelle, en générant des revenus et de lemploi, en faisant décroître les risques liés à léchec dune production de monoculture, en améliorant laccès à leau, en augmentant lexploitation de la ressource aquatique et la pérennité de lélevage (par ex. FAO 2000a, Prein et Ahmed 2000).
Laquaculture globale représente désormais, dans de nombreux pays, le sous-secteur de production alimentaire qui croît le plus rapidement. La production de lensemble des organismes aquatiques cultivés a atteint environ 43 millions de tonnes (métriques) en 1999 (FAO 2001), et on sattend à ce que cette tendance continue en dépit de nombreuses contraintes, qui deviendront une gageure de plus en plus importante dans lavenir.
La FAO soutient ce processus en encourageant le développement de laquaculture durable dans les pays qui en sont membres et auxquels elle prête son concours en favorisant une contribution accrue de ce secteur au développement rural.
Le but de cet article est danalyser le rôle de laquaculture dans le développement rural, au travers de sa relation à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté, sa contribution au développement rural et de définir des stratégies qui pourraient accroître cette contribution. Il couvre lintérieur des terres ainsi que les zones côtières et ne distingue pas un secteur géographique en particulier. Cependant, de manière générale, laccent est mis sur les pays en voie de développement qui sont la source de plus de 80% de la production aquacole mondiale et où presque 75% des pauvres vivent en zone rurale.
La Sécurité Alimentaire, le Développement Rural et la Diminution de la Pauvreté
La sécurité alimentaire, le développement rural et la diminution de la pauvreté sont étroitement liés. Le rapport 2000 de la FAO sur linsécurité alimentaire estime que 792 millions de personnes réparties dans 98 nations en voie de développement nont pas suffisamment à manger pour mener des vies normales, saines et actives. Même dans les nations industrialisées et les pays en transition (les pays dEurope Centrale et dex Union Soviétique), le nombre de personnes sousalimentées reste significatif avec 34 millions dhommes, femmes et enfants (FAO 2000b).
La demande en aliments continuera daugmenter de manière significative. Laccroissement des populations et le changement des habitudes alimentaires rendront impératif le doublement de la production alimentaire dans les trente prochaines années. Le problème du monde moderne nest pas le manque de nourriture mais plutôt les disparités dans la disponibilité en nourriture en général et les inégalités qui sintensifient à lintérieur des régions et entre elles. Le récent rapport sur le droit à la nourriture du Rapporteur Spécial de la Commission des Droits de lHomme attire lattention sur le fait que «les progrès remarquables de lagriculture et de la science de la nutrition au cours des vingt dernières années ont, jusquà maintenant clairement échoué à réduire la sous-alimentation et la malnutrition des populations les plus pauvres» (Ziegler 2001). Il existe plusieurs raisons fondamentales pour lesquelles la demande locale en aliments devrait correspondre à la production locale daliments dans les plus vastes proportions possibles. Ce sont:
que lagriculture est le fondement du développement rural et le fournisseur le plus important demplois lucratifs dans les zones rurales,
que la production alimentaire locale est la base pour entretenir et prendre soin des paysages et de lenvironnement,
quon ne peut satisfaire et faire face, dun point de vue logistique, à la demande alimentaire par des excédents situés ailleurs,
quon sattend à ce que la disponibilité du commerce extérieur reste un problème majeur pour la plupart des pays pauvres.
Le développement rural et, en particulier, une économie agricole basée sur de petits exploitants prospères, est largement considéré comme la pierre angulaire dune stratégie pluridimensionnelle dont le but est de réduire la pauvreté et la faim et de garantir la sécurité alimentaire pour tous.
Un courant dopinion majoritaire nenvisage aucun obstacle majeur à la production de quantités de nourriture suffisantes pour une population mondiale en extension au cours des vingt-cinq prochaines années au moins, mais il naborde pas les questions de sécurité alimentaire. Selon les mots du Sommet sur lAlimentation dans le Monde: «la pauvreté est lune des principales causes du manque de sécurité alimentaire et un progrès durable dans la diminution de la pauvreté est décisif pour améliorer laccès à la nourriture». La pauvreté est liée non seulement à une mauvaise marche économique nationale mais également à des structures politiques qui rendent les gens pauvres totalement impuissants. Par conséquent, une politique appropriée sappliquant grâce à un bon gouvernement est dune importance primordiale pour la sécurité alimentaire.
La sécurité alimentaire est au cur du concept du développement rural. Différentes accentuations et approches du développement rural se sont succédées au cours des trente dernières années, qui se sont intéressées de différentes manières à la fourniture des besoins de base, à une approche joignant les secteurs social et économique, et à la création demplois par létablissement de petites entreprises dans les zones rurales. De cette expérience est né un consensus général - quel que soit le secteur sur lequel on mette laccent, le développement rural nécessite une plus grande participation des populations rurales et leur implication dans la conception de leur propre développement. La participation des habitants et des projets remontant de la base vers le sommet (bottom-up), ont été identifiés comme des éléments essentiels du processus de développement;
Dans le secteur agricole, une participation accrue des actionnaires dans la prise de décision et les processus de conception se refiète dans lapparition et lévolution de lApproche des Systèmes dElevage (Farming System Approach, FSA) Auparavant, on tenait pour établi que les chercheurs en science agricole étaient les acteurs clef de lamélioration de la productivité et que linnovation technique née des laboratoires de recherche pourrait résoudre les problèmes de la faim et de la pauvreté en milieu rural. Bien que la technologie de la «Révolution Verte» ait rendu possible des augmentations significatives de la production (en Asie, en particulier), il a également été établi que cette technologie avait peu dimpact sur les éleveurs les plus pauvres, spécialement dans les environnements pauvres en ressources. La FSA sest efforcée davoir recours à une méthode inverse de celle de la recherche-développement en mettant laccent sur la nécessité de commencer par une analyse approfondie des conditions réelles dans lesquelles se trouvaient les propriétaires de petites exploitations, de concevoir les exploitations comme des systèmes complexes où sont intégrés plantes-animaux-poissons avec de multiples buts et de multiples moyens dexistence, et de comprendre les liens entre les services extérieurs et les fonctions internes du système délevage.
Le développement de laquaculture a suivi un schéma similaire. Au début, dans les années 1970, il y avait une assistance conséquente pour le développement du sous-secteur en Amérique Latine, en Asie, et en Afrique. La tendance de ces initiatives de développement était de se concentrer excessivement sur une vaste infrastructure de développement, des lots et une formation techniques, sans faire suffisamment attention au rôle de ces nouveaux systèmes de productions dans les moyens dexistence ou les méthodes délevage de ceux qui étaient censés en être bénéficiaires. Beaucoup trop souvent, il en résultait le manque dadhésion dun des groupes ciblés - cest à dire les populations rurales pauvres. En conséquence du manque dimpact sur les populations rurales pauvres, le soutien des donations à laquaculture sest réduit dans les dix dernières années. Paradoxalement, laquaculture asiatique a connu un progrès impressionnant à léchelle commerciale pendant cette même période, grâce aux foyers bénéficiant de meilleures ressources, simultanément avec lexpansion économique de la région, louverture des marchés et laugmentation des liquidités dans les zones rurales.
La pauvreté est un phénomène complexe qui ne peut pas se définir uniquement en termes sectoriels. Une série dinvestigations sur laquaculture rurale à petite échelle a donné pour conclusion que laquaculture ne doit être considérée comme une technologie isolée mais comme un aspect du développement rural et faire partie dune approche globale de développement (par exemple, Martinez-Espinosa 1996, APFIC 2000). Par conséquent, des approches pluridisciplinaires sont un préalable incontournable. Plus récemment, on a réévalué le rôle de laquaculture à petite échelle dans les moyens de subsistance des populations rurales et son importance pour la diminution de la pauvreté et la sécurité alimentaire des foyers, en particulier les systèmes grâce auxquels les populations rurales pauvres peuvent accéder à laquaculture et en bénéficier. On se rend de plus en plus compte que les populations rurales ne dépendent pas pour leur «gagne pain» du seul secteur agricole, mais plutôt dune gamme de moyens de subsistance, le tout permettant doffrir à leurs familles la sécurité alimentaire et de réduire leur vulnérabilité par rapport aux conditions sur lesquelles ils nont pas de contrôle. De telles options peuvent être trouvées dans la diversification des activités dans le secteur agricole, à travers lutilisation des ressources communes de lenvironnement naturel et lemploi lié ou non à lélevage, localement ou éloigné dans les villes, différents membres de la famille peuvent participer à des degrés divers dans chacune de ces options à différentes périodes de lannée. Les populations rurales vivant dans des milieux pauvres en ressources ont tendance à avoir une plus large gamme de stratégies de moyens de subsistance, précisément parce que leur situation est précaire. Une étude récente de la FAO/Banque Mondiale sur les Systèmes dElevage sur 70 systèmes dexploitation au travers le monde a pu noter limportance de cinq stratégies majeures des foyers pour surmonter la pauvreté: intensification, diversification, augmentation de lactif et des autres revenus et abandon de lagriculture. On a jugé que la diversification, qui inclut laquaculture, était la méthode la plus prometteuse pour réduire la pauvreté dans le milieu agricole dans lavenir (Dixon et al. 2001).
La redéfinition dun objectif élargi à lamélioration des moyens de subsistance et une plus grande sécurité alimentaire des ménages, a permis lémergence du concept de moyen de subsistance durable comme cadre danalyse de la pauvreté et des solutions pour y remédier (Carney 1998). Ce cadre considère que la position des foyers ruraux dépend de la disponibilité en actifs variés incluant un capital naturel, physique, humain,.nancier et social. Ces actifs de base peuvent être menacés par deux sortes de facteurs:
1. La vulnérabilité à des chocs inattendus du milieu naturel (sécheresse, inondations ou cyclones) ou des tendances à plus long terme dans lenvironnement économique ou les ressources en stock, les deux pouvant réduire les actifs normalement disponibles au foyer.
2. Les structures et les procédures dans lenvironnement institutionnel, qui englobe à la fois les institutions publiques et privées. Elles incluent les lois et les politiques qui peuvent avoir un impact plus ou moins important à laccès et à la préservation du capital.
Cest en réponse à la situation de leur actif, dans le contexte de différents facteurs de vulnérabilité et dans la structure et les processus actuels, que des stratégies concernant les moyens de subsistance des populations rurales pauvres se mettent en place. Le dé. pour laquaculture est de savoir si elle peut 1) aider à renforcer les ressources disponibles dans les foyers ruraux pour quils puissent mieux résister aux chocs et devenir moins vulnérables aux pertes liées à ces chocs et 2) être mieux à même dinfluencer lenvironnement politique institutionnel en leur faveur (Demaine 2001, STREAM 2001).
La contribution de laquaculture au développement rural
Laquaculture comprend différents systèmes dexploitation des plantes et des animaux dans les terres et en zones côtières, la plupart ayant une grande importance pour les gens pauvres. La FAO définit laquaculture pour des raisons statistiques comme étant «lélevage dorganismes aquatiques incluant les poissons, les mollusques, les crustacés et les plantes aquatiques. Laquaculture implique certaines formes dintervention dans le processus délevage pour améliorer la production telles que, le stockage régulier, lalimentation, la protection contre les prédateurs...Cette exploitation sous-entend également la propriété individuelle ou collective du cheptel en élevage» (FAO 2001). Dans le cadre des populations rurales pauvres, laquaculture vient souvent compléter les prises de la pêche traditionnelle. Cette dernière continue de jouer un rôle important, et, dans beaucoup dendroits, reste la solution la plus adéquate pour satisfaire les besoins de subsistance de base, et elle fournit également une source non négligeable de revenus en liquide pour les exploitants. Dans de nombreux cas, la capture ou la culture despèces aquatiques crée la base de la sécurité alimentaire, permettant lutilisation du cheptel ou des poissons délevage comme une source de revenus. Laquaculture devient un composant intéressant et important des moyens de subsistance des populations rurales, notamment dans les cas où une augmentation de la population, la dégradation de lenvironnement ou la perte daccès limite les prises de la pêche sauvage (IIRP et al. 2001).
Production aquacole intensive: risques et avantages
Les systèmes aquacoles extensifs à semi-intensifs continuent de produire la majeure partie des produits issus de laquaculture. Lélevage extensif utilise normalement des méthodes peu sophistiquées, dépend de lalimentation disponible naturellement et connaît des taux dinvestissement et de rendement peu élevés. Quand lintensité de la production augmente, les poissons sont stockés de manière délibérée et la disponibilité de lalimentation naturelle est augmentée en utilisant des engrais organiques ou non-organiques ainsi que des compléments alimentaires bon marché dérivés des sous-produits de lagriculture. Le système le plus fréquent est lélevage de poissons dans les étangs, cependant, lélevage des poissons dans les rizières ou leur stockage dans des pièces deau naturelles ou dans des pièges sont également très répandus dans les systèmes aquacoles (FAO 2000a). Il est extrêmement difficile destimer la contribution de ce type de production aquacole, puisque les données sur la production dispersée et de petite échelle napparaissent pas dans les statistiques officielles et les produits sont traditionnellement consommés ou échangés sur place (STREAM 2001). Parmi les exemples spécifiques dactivités aquacoles ayant des impacts positifs sur les populations rurales pauvres, on citera: les nurseries dalevins et le développement de réseaux de nurseries, lintégration de lélevage de poissons aux récoltes de riz dans les plaines inondables et dans les lointaines régions montagneuses dAsie, le maintien et la restauration de la biodiversité aquatique grâce à loptimisation de méthodes dexploitation simples. En zone côtière, lélevage de crabes de terre, dhuîtres, de moules, coques, crevettes, poissons et algues fournit de lemploi pour les populations rurales pauvres, principalement pour linvestissement direct en travail ainsi que pour la collecte de graines et daliments (Edwards 1999, Tacon 2001).
Les systèmes daquaculture intensive ont un meilleur rendement pour une unité de production donnée grâce à lutilisation de la technologie et dun degré supérieur de contrôle de gestion. Ceci comprend, en général, des installations construites spécialement pour laquaculture, lesquelles fonctionnent avec de plus grandes densités de stocks et utilisent une alimentation industrielle composée avec lintervention régulière dun chimiothérapeute. Laquaculture en cage à lintérieur des terres ou en zone côtière de salmonidés de haute valeur a été encouragée et soutenue pour développer des zones rurales éloignées en Europe ainsi quen Amérique du Nord et du Sud. Des systèmes similaires ont émergé en Asie et en Australie pour des poissons piscivores deau chaude tels que les mérous, sérioles, vivaneaux et bars. Lélevage de crevettes en zone côtière a suscité un intérêt particulier dans les tropiques à cause de sa haute valeur marchande, des opportunités pour lexploitation et le gain de devises étrangères. Quoique les économies en argent comptant aient augmenté en zone côtière et que le développement local ait été stimulé, certaines formes de développement aquacole ont été la cause dune vaste série dimpacts sociaux et environnementaux négatifs. On se livre à un examen de plus en plus minutieux de cette situation de manière à pouvoir y remédier.
Les avantages de laquaculture dans le développement rural sont relatifs à la santé, la nutrition, lemploi, les revenus, la réduction de la vulnérabilité et la durabilité de lexploitation. Laquaculture dans les petits systèmes dexploitation fournit des protéines dorigine animale de grande qualité ainsi que dautres nutriments essentiels, plus particulièrement pour les groupes de population qui sont fragiles sur le plan nutritionnel, tels que les femmes enceintes et allaitantes, les nourrissons et les enfants en bas -âge. Elle fournit également ces protéines à des prix généralement abordables pour les franges les plus pauvres de la communauté. Laquaculture crée également de lemploi provenant dentreprises individuelles appartenant en propre à lexploitant, qui nexclut pas certaines tâches pouvant être effectuées par des femmes ou par des enfants, et elle fournit des revenus grâce à la vente de produits pouvant avoir une valeur marchande relativement haute. Des opportunités de revenus et dembauche sont possibles dans de plus grandes exploitations, dans les réseaux de fourniture de juvéniles, dans les chaînes de magasins et les services de fabrication et de réparation. Les avantages indirects incluent aussi la disponibilité accrue en poissons dans les marchés locaux en zone rurale ou urbaine, et une augmentation possible des revenus des ménages grâce à la vente de produits autres que ceux de lélevage générant des revenus différents, qui permettront daugmenter la consommation locale de poissons. Laquaculture peut également profiter aux personnes sans terre grâce à lutilisation des ressources communes, telles que la culture en cage des poissons, la culture de mollusques et dalgues et loptimisation des pêches dans les pièces deau communales (Edwards 1999, IIRP et al.2001, Tacon 2001).
Un avantage important, qui est cependant souvent négligé bien quil soit particulièrement pertinent pour lintégration des systèmes agricoles-aquacoles, est leur contribution à lefficacité et à laccroissement de la durabilité de lélevage (FAO et al. 2001).
Les sous-produits agricoles, comme le fumier du cheptel et les résidus des récoltes peuvent servir comme engrais ou comme alimentation pour laquaculture commerciale et à petite échelle. Lélevage du poisson dans les rizières contribue non seulement à intégrer la gestion des animaux, insectes ou plantes nuisibles, mais également la gestion de vecteurs importants pour la médecine humaine (Halwart 2001). De plus, les étangs gagnent de limportance en tant que réservoirs deau sur place, pour lirrigation et le bétail dans les lieux où les manques deau saisonniers sont fréquents (Lovshin 2000).
Eu égard à tous ces avantages, il nest peut-être pas étonnant que la production aquacole augmente rapidement depuis les années 70 et représente le secteur de production qui croît le plus rapidement dans beaucoup de pays depuis presque deux décennies; ce secteur montrant un taux de croissance global de plus de 11% par an depuis 1984, par comparaison aux 3,1% daugmentation de la production de viande des animaux de ferme et 0,8% issus des captures des pêches (Tacon 2001). Dès 1999, la production de tous les organismes aquatiques confondus a atteint 42,8 millions de tonnes (métriques) (FAO 2001). Un total de 262 espèces de poissons, crustacés et mollusques qui représentent les animaux les plus couramment utilisés dans laquaculture à travers le monde ont été répertoriées dans une étude récente (Garibaldi 1996). Même si tous les organismes aquatiques ne sont pas adaptés à la culture, la variété des espèces cultivées continue daugmenter. Les poissons deau douce, en particulier les espèces de carpes chinoises ou indiennes, représentent la plus grande part de la production aquacole totale en 1999. Il est suivi par les mollusques et les plantes aquatiques, majoritairement du varech, la plus grande partie duquel provient de Chine.
Les dernières études de la FAO sur les besoins et lapprovisionnement en poissons et en produits de la pêche dans le futur, prévoient une augmentation conséquente de la demande en poisson (FAO 2000 c). la plus grande partie de cette augmentation résultera dun développement économique attendu, de la croissance de la population et des changements dans les habitudes alimentaires. Lapprovisionnement en poisson provenant de prises de pêche dans la plupart des pays devrait rester constant ou décliner, puisque ces prises ont soit atteint, ou sont sur le point datteindre, le maximum du rendement durable.
Les pêches de lintérieur des terres pourront peut-être rapporter plus de poissons avec un effort accru, mais laugmentation des efforts deviendra de plus en plus difficile. Les pêches de lintérieur des terres sont également vulnérables aux impacts environnementaux tels que la dégradation des bassins hydrographiques, le développement de structures de contrôle de leau et de la pollution, qui sont par ailleurs caractéristiques du changement de lenvironnement rural. Ainsi, laquaculture a un rôle important à jouer pour répondre à laugmentation de la demande en poisson. En effet, on prévoit que la croissance de laquaculture globale va se poursuivre pour quelques temps encore (FAO 2000c).
Lintensification et lexpansion de laquaculture
La tendance actuelle dune production accrue peut être maintenue par lintensification ou lextension des zones de production aquacole. Les technologies génériques dintensification des systèmes de production existantes sont déjà en place, et ce sont principalement des questions dordre socio-économique et institutionnel qui constitueront les contraintes les plus importantes pour une plus grande contribution de laquaculture au développement rural. Le développement de systèmes de culture terrestres à lintérieur des terres offre le plus grand potentiel car laquaculture peut être intégrée à lagriculture sur les terres agricoles existantes, dans des exploitations appartenant à de petits propriétaires ou à léchelle commerciale (Edwards 1999). Un potentiel considérable réside dans lintégration de laquaculture et des systèmes dirrigation (par ex. Fernando & Halwart 2000, Moehl et al. 2001), et laquaculture peut également faire bon usage de terres impropres à lagriculture telles que les marécages ou les zones de marais salants. En outre, il existe une large variété de ressources aquatiques côtières ou terrestres incluant les rivières, les plaines inondables, les lacs, les bassins de retenue, les rizières, les estuaires, les lagons, récifs coralliens, mangroves et plages de vase, qui permettent lintégration dune aquaculture durable et bien contrôlée, laugmentation ou lexploitation dautres formes danimaux aquatiques dans le développement rural (IIRP et al. 2001). Laugmentation des rendements grâce à une production intensifiée nécessite une utilisation accrue de nourriture et/ou dengrais, qui peuvent être des produits dérivés dorigine fermière ou non, ou la combinaison des deux. Le développement de linfrastucture peut réduire les coûts extérieurs, tels que la nourriture et les engrais, et permettre aux exploitants dintensifier la production. Puisque ceci nécessite un investissement supérieur dans le système de production, les avantages en résultant sont le développement des marchés et laccès à la finance. Comme il a été mentionné ci-dessus, beaucoup des aspects techniques de laquaculture sont relativement bien développés quoiquil y ait un fossé entre la connaissance générale et celle qui est accessible aux exploitants. De faibles systèmes dextension rurale et une absence dexemples locaux daquaculture intensifiée limitent la capacité et la volonté des exploitants de prendre le risque de lintensification.
La biotechnologie dans laquaculture représente un éventail de possibilités pour augmenter le taux de croissance des espèces exploitées, améliorer la valeur nutritionnelle des aliments aquatiques, améliorer la gestion de la santé des poissons, restaurer et protéger lenvironnement, étendre la gamme des espèces aquatiques et améliorer lexploitation et la conservation des animaux sauvages.
Il existe un potentiel significatif à améliorer la production grâce à des programmes damélioration génétique. Des programmes de sélection génétique ont produit des gains significatifs et conséquents, de lordre de 5 à 20% par génération dans les espèces, entre autres, de Saumon atlantique, silure et tilapia. De meilleures capacités de reproduction, lalimentation larvaire et les avancées des technologies génétiques permettent désormais une vaste gamme de manipulations génétiques qui peuvent sappliquer aux espèces aquatiques. Le rempoissonnement des pièces deau naturelles avec des espèces indigènes et/ou en danger est un autre exemple de situation où il convient de faire attention aux aspects génétiques du programme de reproduction.
En raison du prix élevé du développement biotechnologique moderne, la plupart des innovations biotechnologiques sont développées pour les systèmes dexploitation avec des dépenses élevées en nourriture, main duvre et gestion. Beaucoup de biotechnologies pourraient sadresser également à des systèmes à faible coût, des systèmes délevage situés dans des zones marginales, ou pour faire face aux besoins spécifiques dune communauté rurale donnée; cependant, la nécessité de rentabiliser le coût de la biotechnologie met généralement cette approche de laquaculture hors de la portée de la plupart des aquaculteurs. De plus, lapplication des biotechnologies nécessite souvent aussi un certain niveau de connaissances et de ressources scientifiques.
Le fonctionnement des petites écloseries augmente lapprovisionnement local en alevins et peut être un frein à ce que les exploitants fassent de laquaculture une activité à part entière. De telles écloseries sont essentielles au développement de laquaculture rurale mais ne disposent le plus souvent que de zones de viviers ou dune disponibilité en eau limitée, et, en conséquence, peuvent être dans lincapacité de maintenir la qualité génétique de leurs géniteurs, et, au bout dun certain temps, perdre la qualité et la performance génétiques.
Dans de telles situations, lintervention des fermes dalevins gouvernementales ou de plus grande taille est nécessaire. Dans chaque cas, il convient de prendre en considération le stade particulier du développement rural dans une zone donnée, les programmes dextension et comment intégrer de telles activités en respectant les mécanismes prioritaires concernant les moyens de subsistance.
Lintroduction despèces exotiques est une autre stratégie utilisée pour accroître la valeur des systèmes dexploitation en zones rurales, par exemple, la production de tilapia est bien plus importante en Asie que dans son pays dorigine, lAfrique. Les espèces introduites ont souvent subi des améliorations sur le plan génétique ou domestiquées, dans une certaine mesure, et partagent beaucoup des mêmes possibilités et des mêmes risques.
Les stratégies pour une contribution accrue de laquaculture au développement rural
Dans le cadre dun article du rapport sur lEtat de lAlimentation et de lAgriculture publié par la FAO en 1999 sur lintégration des pêches à lagriculture, on a réfléchi à des approches destinées à augmenter lintégration à différents stades de développement (Willman et al. 1999).
On tient largement le développement de la ressource humaine et le renforcement institutionnel pour les éléments essentiels de lamélioration de lintégration au niveau des exploitations individuelles et communautaires, dans lexploitation des bassins hydrographiques et des zones côtières, et au niveau des politiques sectorielles et macroéconomiques. Au niveau de lexploitation, il faut faire attention à se concentrer dabord sur le rendement de lutilisation de la ressource et aux incitations économiques visant les ménages et qui influencent les décisions des exploitants en ce qui concerne les types de récoltes, lutilisation de leau, des aliments, de lengrais, des traitements chimiques et autres frais. Ensuite, il faudrait mettre laccent sur la connaissance quont les exploitants de la production disponible et des différentes options possibles concernant la gestion des nuisibles, ainsi que leur capacité à les mettre en pratique. Lagriculture et laquaculture offrent une large variété de types de récoltes en raison de différentes conditions climatiques et de sol. Sils ont la compétence technique et laccès aux dépenses nécessaires, les exploitants adopteront le système délevage ou le système aquacole qui convient le mieux à leur situation spécifique, puisque les stratégies de gestion des exploitants ne reposent pas seulement sur des critères économiques, mais incluent également la minimisation des risques, la flexibilité des récoltes, une préférence culturelle ou culturale pour certaines espèces, des nécessités de temps et de main duvre, lextension et la formation. La participation de lexploitant à ces différents processus est cruciale pour une prise de décision en connaissance de cause. La présence dune infrastructure ad hoc, telle que la disponibilité des dépenses, des marchés et des facilités de crédit ou des facilités financières, sont indispensables pour le développement optimal et lintégration des systèmes délevage et daquaculture.
Les approches dexploitation en commun, et dexploitation collective pour utiliser la propriété possédée en commun ont reçu une attention croissante ces dernières années à cause dune efficacité supposément améliorée et la prévention deffets indésirables sur la répartition. Parmi les facteurs que les utilisateurs identifient comme étant importants pour une bonne exploitation de la ressource, on citera: un groupe de petite taille (qui facilite lélaboration, le respect et la surveillance de la convention collective); la cohésion sociale; les caractéristiques de la ressource qui facilitent le contrôle de laccès des profanes; et des signes visibles dune exploitation collective couronnée de succès. Ces facteurs pourraient facilement sappliquer à un certain nombre de pêches dans des bassins de retenue ou autres petites pièces deau, où le potentiel pour lexploitation individuelle nest pas actuellement effectif. Cela est dû au fait que la responsabilité nest pas déléguée au niveau local et que les droits collectifs ne sont pas suffisamment protégés. Des conditions favorables similaires existent dans dautres situations telles que les marécages saisonniers, marais, forêts inondées, et forêts de mangrove où, encore, le potentiel pour une exploitation efficace doit encore être réalisé. En plus de la reconnaissance des droits communs, lexploitation en commun et collective au niveau de la communauté a besoin du soutien de lextension, des services de la formation et dune évaluation scientifique solide de labondance de la ressource. La capacité à fournir un tel soutien manque dans la plupart des pays, dans la mesure où cela nécessite une modification substantielle des méthodes de travail pour permettre une approche de lexploitation des ressources collectives plus interactive et en plus grande coopération, ainsi que laccès à une indispensable expertise scientifique.
Au niveau des bassins hydrographiques et des zones côtières, le but de lintégration est de gérer les composants sectoriels comme faisant partie dun tout fonctionnel, en reconnaissant expressément que lexploitation doit se concentrer sur le comportement humain, et pas seulement sur les stocks matériels de ressources naturelles comme les poissons, la terre ou leau. La gestion intégrée des bassins hydrographiques et des zones côtières emploie une approche stratégique pluri-dimensionnelle pour une répartition efficace des ressources peu abondantes entre les différents acteurs en concurrence et la minimisation des impacts environnementaux et naturels involontaires. Lélaboration et le zonage de lutilisation de la terre, joints à des procédés dévaluation de limpact environnemental, sont des outils cruciaux pour permettre de réduire ou de rationaliser les conflits entre les différents utilisateurs de la ressource, minimiser les impacts environnementaux négatifs et favoriser un développement durable. La participation effective des bureaux des pêches dans ces activités délaboration est absolument essentielle.
La participation de tous les utilisateurs de la ressource et autres parties intéressées dès le début, est indispensable pour une élaboration dun zonage efficace de lutilisation de la terre, ne serait-ce quà cause de leur connaissance intime des conditions socio-économiques locales et de létat des ressources naturelles. Au niveau gouvernemental, les fonctions des différents bureaux avec des mandats de régulation et de développement doivent être bien coordonnées. On peut faire deux grandes distinctions dans la vaste gamme des aménagements institutionnels pour lexploitation intégrée des bassins hydrographiques et des zones côtières:
Intégration multisectorielle - implique la coordination des différents bureaux responsables de lexploitation des bassins hydrographiques et des zones côtières sur la base dune politique commune, et la réunion des différents bureaux gouvernementaux concernés, ainsi que des autres actionnaires, de manière à ce quils puissent tendre vers des buts communs en suivant des stratégies adoptées en concertation; et
Intégration structurelle - une structure institutionnelle intégrée, entièrement nouvelle est créée en plaçant les initiatives de gestion, de développement et les initiatives politiques sous légide dune seule institution.
On a tendance à préférer la coordination multisectorielle, dans la mesure où les ministères se trouvant en première ligne sont typiquement ultra protecteurs de leurs attributions centrales qui se rapportent directement à la base et aux fondements de leur pouvoir. Létablissement dune organisation avec de larges attributions administratives dépassant les compétences traditionnelles des ministères qui sont les premiers concernés - comme ce serait le cas si les fonctions de gestion, politique et de développement étaient intégrées sous légide dune institution unique- risque le plus souvent de se heurter à de vives résistances plutôt que de rencontrer consensus et coopération.
Cependant, des expériences qui commencent à dater, montrent quune concertation croisée entre secteurs et une coordination institutionnelle est parfois difficile à réaliser et peut entraîner des frais importants. Les difficultés et les frais sont liés aux structures bureaucratiques et aux procédures des bureaux gouvernementaux souvent lourdes; à la complexité des questions scientifiques, techniques et économiques en jeu; et au nombre potentiellement important de décisions à prendre en connaissance de cause. En plus des coûts administratifs élevés, le processus décisionnel peut être rallongé et peut ralentir le développement économique.
Beaucoup de questions relatives à lexploitation des bassins hydrographiques et des côtes peuvent être abordées au travers dune gestion sectorielle saine, mais doivent prendre en compte les impacts et interdépendances avec dautres secteurs et écosystèmes, tels que la légifération en matière denvironnement et la mise en application de ces lois; la nécessité dun processus consultatif et transparent au sujet de la planification de lutilisation de la terre et sa localisation; et la conception de projets présentant une infrastructure denvergure tel que les barrages. Les coûts dune procédure en règle pour la préparation dun plan dexploitation dun bassin hydrographique ou dune zone côtière seront plus vraisemblablement justifiés dans des zones où une utilisation intense et multisectorielle de la ressource existe déjà ou est envisagée.
Au niveau macroéconomique, les politiques, telles que les subventions accordées pour les frais de production et les taxes à lexportation et à limportation, peuvent avoir des impacts énormes sur les caractéristiques et le niveau dutilisation de la ressource, ainsi que sur la survenance deffets indésirables sur lenvironnement. Les avantages de subventionner les dépenses en produits chimiques, comme les engrais et les pesticides, doivent être mesurés à laune du tort quils peuvent potentiellement causer aux environnements aquatiques et aux ressources de la pêche, qui fournissent de la nourriture pour les pêcheurs et pour les consommateurs de poisson pareillement.
Pour aller plus loin
Des réunions et consultations récentes organisées avec le soutien de la FAO et des organisations partenaires (incluant, entre autres Martinez-Espinosa (comp.), 1996; Edwards et Demaine, 1997; APFIC, 2000; FAO/NACA, 1999; FAO-RA, 1999; FAO, 1999; DFID/FAO/NACA/GoB, 2000; FAO,2000d; Haylor and Bland, 2001; Tacon, 2001) sont parvenues à un certain nombre de conclusions et recommandations destinées à augmenter la contribution durable de laquaculture au développement rural. Les systèmes de culture terrestres à lintérieur des terres ont le plus grand potentiel car laquaculture peut être intégrée aux pratiques agricoles existantes des foyers de petits exploitants. Laquaculture côtière contribue également au développement rural en permettant la diversification des secteurs de la pêche en autoconsommation. Les différences entre les pays et les régions, en ce qui concerne les ressources matérielles, normes et traditions, ainsi que les conditions économiques, sont significatives, en conséquence, létat de développement de laquaculture diffère largement. Les zones et moyens dintervention pour un développement de laquaculture plus ou moins intense doivent également être séparés. Les conclusions et recommandations inventoriées ci-dessus, par conséquent, doivent être entendues dans un contexte où il ny a pas une seule stratégie de développement de laquaculture acceptable pour tous.
Au cours des dernières décennies, on sest éloigné de la conception «sommet-base» (top-down) dominée par laspect technique, qui prévalait jusque là, pour aller vers une optique holistique des moyens de subsistance améliorés et dune plus grande sécurité alimentaire des ménages. On a admis que les questions dordre social, économique et institutionnel étaient les obstacles les plus importants à laccroissement de la contribution de laquaculture au développement rural. Cependant, on est très mal documenté et on évalue mal limportance de limpact de laquaculture sur la sécurité alimentaire et la diminution de la pauvreté dans les zones rurales. Il est nécessaire dévaluer les impacts de laquaculture sur les moyens de subsistance durables et den soutenir les produits et les bienfaits. Parmi les questions en faveur desquelles on plaide, on citera:
une prise de conscience accrue parmi les gouvernants du rôle de laquaculture rurale à petite échelle et de lexploitation de la ressource aquatique dans les moyens dexistence en milieu rural, incluant les contributions réelles et le potentiel inachevé de lexploitation de la ressource aquatique, incluant laquaculture, et de son rôle en ce qui concerne un développement rural durable;
la documentation sur les systèmes aquacoles autochtones et les exemples dexploitation aquacole qui a fait ses preuves;
le développement dindicateurs permettant de surveiller la gestion de la ressource aquatique et les impacts de laquaculture sur la sécurité alimentaire et la diminution de la pauvreté;
lencouragement et la promotion de la consommation des produits issus de laquaculture et de la pêche pratiquée à lintérieur des terres; et
la publicité et la promotion des avantages liés aux initiatives prises pour une aquaculture durable, à lexploitation des ressources aquatiques et à leurs produits dérivés.
Les gouvernements devraient aborder la conception et la mise en uvre de la politique en faisant en sorte que les mécanismes de réaction permettent aux gens pauvres davoir une influence sur le développement. Cela peut être fait grâce à la mise en place dun processus de coordination multi-sectorielle aussi bien au niveau de lélaboration de la politique sectorielle quà celui du service de lextension. Le développement de laquaculture devrait compléter ou se substituer aux pêches sauvages, en tant que de besoin. Les impacts négatifs des projets aquacoles sur lapprovisionnement en nourriture des gens pauvres devraient être évités. Parmi les autres recommandations tendant à améliorer la conception et les politiques, on citera:
l établissement de plans de développement dune aquaculture nationale et de gestion des pêches terrestres ainsi que des politiques aquacoles établies en consultation avec les actionnaires; et
l intégration de la conception de laquaculture dans la planification de la gestion de la ressource en eau pour les zones terrestres et dans la planification du développement côtier pour les zones côtières, ainsi que dans dautres interventions économiques ou interventions concernant la sécurité alimentaire pour les zones rurales.
Il existe des technologies génériques permettant une production aquacole saine. Certains des systèmes autochtones nécessitent une étude plus approfondie et une documentation plus détaillée. Il convient dinsister sur les points suivants:
favoriser les systèmes qui utilisent des espèces déjà disponibles et des matériaux locaux;
décentraliser la production de juvéniles et les écloseries ainsi que les réseaux déchange;
améliorer les systèmes délevage des espèces aquatiques au bas de chaîne alimentaire et qui sont préférées pour la consommation locale; et
adapter et améliorer ces systèmes grâce à un enseignement basé sur les exploitants et en promouvoir les résultats par des approches participatives.
Les gouvernements devraient tendre à fournir des services et un accès facilité aux dépenses. Les populations pauvres du milieu rural doivent recevoir le soutien du secteur public, du moins au début, alors que laquaculture commerciale nécessite moins dinterventions. A plus long terme, laquaculture doit fonctionner sur une base dauto financement à lintérieur du secteur privé. Parmi les actions nécessaires, on citera:
concentrées les ressources publiques, limitées, sur une infrastructure gouvernementale stratégique et sur des services de vulgarisation flexibles et efficaces qui correspondent aux besoins des producteurs;
promouvoir et faciliter la production de nourriture et de semences du secteur privé;
encourager le crédit pour les producteurs à moyenne et grande échelle;
faciliter la formation dassociations dexploitants et encourager la production communautaire; et
encourager linvestissement dans la construction de la capacité institutionnelle et la connaissance de base concernant les pratiques dune aquaculture durable pour gérer le secteur.
Des exemples positifs et des cas détude de systèmes aquacoles traditionnels ou autres qui ont prouvé quils étaient durables doivent être encouragés et répandus. Pour ce faire, il faut:
encourager la collaboration, la coordination, les échanges dinformation entre les institutions et bureaux aquacoles nationaux et régionaux; et
développer des stratégies pour un transfert réel du savoir-faire aquacole dans les zones ou les régions où il nest pas traditionnel.
Remerciements
Les auteurs remercient D. Bartley, J. Jia, M. Martinez, F. Marttin, R. Subasinghe, et A. Tacon pour leur précieuse contribution à ce document.
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