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Chapitre IX
STRATÉGIE DE LA COMMUNICATION GOUVERNEMENTALE


A - Historique

Pour diriger convenablement et répondre aux aspirations de la population, le gouvernant se doit d’entreprendre une politique de communication qui procède d’une stratégie globale de la circulation transversale de l’information, visant à entreprendre une campagne pour l’éveil des consciences, afin de susciter l’adhésion de la population aux mesures qui sous-tendent la mise en œuvre du processus de développement.

On ne peut mener une telle mission avec le maximum d’efficacité sans s’appuyer sur des supports jouissant d’une crédibilité certaine. Ainsi, il ne faudrait pas perdre de vue que les principaux vecteurs de la communication, en l’occurrence les médias, obéissent encore à certaines conceptions du rôle de la presse aux toutes premières heures de l’indépendance du Niger.

A l’époque, les organes d’information avaient pour principale activité de répercuter les mots d’ordre venus du sommet de l’Etat. Il n’était pas facile de transcender des instructions devant être exécutées rigoureusement, parfois en dépit du code déontologique. Nul ne se préoccupait alors de l’impact réel sur le public des messages ainsi véhiculés. On pouvait de la sorte passer à côté de l’objectif final qui consistait à éveiller les consciences au regard des préoccupations nationales.

Les dirigeants d’alors ne pouvaient pas admettre qu’une telle campagne de sensibilisation ne devrait pas être perçue comme une propagande outrancière au profit du seul pouvoir politico-administratif pour tenter d’enraciner et de consolider son image de marque dans le terroir.

En réalité, on ne comptabilise plus les actions de sensibilisation qui ont été entamées sur le terrain. En dépit de tous les efforts déployés, elles se sont malheureusement déroulées souvent dans le désordre et terminées quelquefois dans la confusion. Les nombreux animateurs, qui se présentaient devant les mêmes auditoires pour tenir des propos parfois contradictoires, n’avaient peut-être pas suffisamment été imprégnés des objectifs à atteindre afin de les expliquer, avec concision et clarté, à leurs interlocuteurs. En l’absence d’une politique cohérente de communication, les missions ne pouvaient qu’être lancées au hasard, en fonction des impératifs mal maîtrisés.

C’est parce que le développement constitue une activité ad vitam aeternum que l’homme se retrouve tout au long de son processus. Ce leitmotiv n’aura de sens véritable que si cet homme est pleinement informé, donc parfaitement conscient de la portée réelle des actions initiées pour son bien-être social.

Il fut un moment où la communication gouvernementale comportait plusieurs chaînes de transmission des messages.

Ainsi, les multiples campagnes, menées par les services de l’animation au développement, de la vulgarisation agricole, des radios-clubs, de l’alphabétisation et des mouvements de jeunes, ont certes connu quelques effets notables, mais le résultat des efforts financiers et techniques n’a pas été à la hauteur des espérances. Même si, d’après les investigations, le contenu des messages a été écouté, il ne semble pas avoir été entendu puisqu’il manquait à la méthode d’approche beaucoup d’éléments susceptibles d’enclencher cette mobilisation générale et une prise de conscience collective.

La multitude des villages éparpillés à travers l’immensité du territoire national ne pouvait de surcroît permettre aux équipes, souvent constituées pour la circonstance, de s’atteler résolument à une tâche qui relevait de la gageure.

B - La communication gouvernementale

L’une des clefs de coûte de la politique de la communication gouvernementale consistera à faire connaître, à travers les méthodes les plus compréhensibles par tous, les rouages, le fonctionnement et les formes d’intervention des différentes structures de l’Etat, pour que les habitants des villes et de la campagne puissent bénéficier des retombées d’un service public des plus efficients. Vérifié de visu sur le terrain, le système actuel de l’information ne peut permettre à la masse de prendre conscience de la gravité de la situation d’extrême pauvreté qui caractérise le Niger.

Au demeurant, il est difficile de faire comprendre, même à certains agents de l’Etat, que le Niger est classé dernier du monde sur le plan de l’indice du développement humain. Ils mettent en doute une telle assertion, d’autant plus qu’ils ne découvrent pas sur les écrans de la télévision nationale des personnes en train de mourir d’inanition. Il faudrait nécessairement un cadre cohérent d’une communication concertée pour les persuader que le pays a besoin d’un sursaut collectif pour ne pas rester constamment à la traîne des autres nations du monde.

Les responsables ont souvent déploré la dispersion des efforts dans les investissements. S’il y avait un centre national d’intégration de tout le système de la communication et une interrelation entre les différentes structures de l’Etat, on pourrait éviter des interventions désordonnées pour que plusieurs projets ne s’implantent pas dans le même secteur et entreprennent des actions similaires.

Il a, en outre, été constaté que l’absence d’un Centre de documentation contribue à accentuer le déficit de la communication. Avec un tel instrument, les partenaires au développement pourraient avoir accès à des informations leur permettant de réorienter leurs actions vers des zones insuffisamment dotées.

La communication devra jouer un rôle primordial au niveau des collectivités au moment où on parle de plus en plus de la décentralisation. Elle signifie, pour le technicien, la prise en charge par les populations de leur propre destin, sans interférence du pouvoir central. Comment les populations pourront-elles assimiler facilement ces notions de décentralisation ainsi que ses contenus et contenants sans une communication soutenue? Cette décentralisation ne peut être effective que lorsque les populations auront pris conscience de la portée de son impact. D’où l’impérieuse nécessité d’établir un pont pour une communication fluide entre le niveau central, régional, local et les populations.

La plupart des personnes rencontrées ont été formelles: l’absence d’informations utiles et leur ignorance du fonctionnement de l’appareil administratif les éloignent de plus en plus des réalités nationales.

C’est pourquoi l’Etat se doit d’actionner en permanence tous les supports de la communication pour attirer l’attention de toutes les composantes de la communauté nationale sur les difficultés auxquelles il est confronté. Ils sont légion ceux qui continuent de croire que les nigériens, laissés à eux-mêmes, ne pourront pas développer un pays qui a besoin du concours agissant des institutions internationales pour son redressement.

POUR OPÉRER DES CHANGEMENTS DANS LES COMPORTEMENTS

La communication gouvernementale vise à établir une interrelation entre les différents structures de l’Etat, entretenir un dialogue des plus fructueux entre l’administration et les différentes couches de la communauté nationale, en mettant en œuvre tous les supports y afférents, afin de faciliter la circulation de l’information et faire que la transparence et la bonne gouvernance se traduisent par des réalités concrètes. La réussite d’une telle opération passe nécessairement par un changement de mentalité et de comportement à tous les niveaux.

Ce n’est pas seulement la population analphabète qu’il faut sensibiliser, mais aussi les fonctionnaires et cadres de conception, afin qu’ils ne soient pas coupés de la réalité du terroir et soient amenés à se rapprocher davantage des paysans dont certains se rappellent encore les avatars du système colonial. Pour une population en grande majorité analphabète, la communication ne devrait pas se limiter à la propagation des messages; elle doit aussi comporter des éléments démonstratifs puisque le paysan, fidèle à ses réflexes d’antan, est beaucoup plus sensible à l’aspect physique d’une campagne de sensibilisation.

La mise en œuvre de la communication pour le développement nécessitera de solides assises et de puissants moyens de persuasion, tellement les défis sont nombreux et les chemins parsemés d’obstacles. Pour une population qui exerce des activités comme facteur de survie, il n’est pas facile de lui faire comprendre que la richesse d’un pays repose sur le travail et la qualité des prestations. L’envergure de la tâche à entreprendre est telle que, quarante ans après l’accession du Niger à la souveraineté internationale, le problème de la prise de conscience collective se pose encore avec beaucoup d’acuité.

Dans un point de presse diffusé récemment sur les antennes nationales, le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, avait fait état d’une rencontre qui avait regroupé des magistrats, des auxiliaires de la justice et des représentants des bailleurs de fonds, pour procéder à un diagnostic des maux qui assaillent la justice nigérienne et envisager des solutions à mettre en œuvre. Il a surtout été question des ressources humaines et de l’insuffisance des moyens matériels.

Dans un pays où la population a soif de justice, avec des voix qui s’élèvent de plus en plus pour dénoncer l’impunité et réclamer plus d’équité dans le traitement des dossiers, il faudra nécessairement mettre un accent particulier sur le problème d’une communication sectorielle pour expliquer en détail et en langues nationales les mécanismes de fonctionnement de cette institution pour rapprocher ainsi, progressivement, la justice des justiciables.

C’est par défaut d’une communication appropriée pouvant leur apporter les éclaircissements indispensables que la plupart des Nigériens ignorent encore la nature de leurs devoirs, de même que les dispositions prévues par le législateur pour leur conférer des droits. Depuis toujours, l’opinion savait que la police et les tribunaux traitent des questions concernant les délits de droit commun mais elle ignore parfois que même l’Etat peut être interpellé si, par la faute de ses agents, il a été amené à commettre des erreurs préjudiciables.

A travers toutes les régions visitées, les populations insistent surtout sur l’instauration d’une plus grande justice pour ne pas créer inutilement des sentiments de frustration. Elles semblent disposées à apporter leur soutien inconditionnel à l’Etat dans le cadre de sa mission en vue d’améliorer leurs conditions de vie. Mais il y a des préalables pour donner un contenu à cette profession de foi et leur permettre de s’exprimer pour faire part de leurs desiderata aux décideurs.

LES LEADERS D’OPINION

Pour que la communication soit effective sur le terrain, il faudra identifier des personnes ressources pour s’atteler à cette délicate mission. L’éloquence et le bagout qui représentent des atouts considérables pour convaincre lors des rencontres à caractère politique, n’ont pas les mêmes effets sur le comportement du paysan. Il lui faut des éléments plus probants et des faits matériels pour l’amener à réagir autrement. C’est dans cette optique qu’on a tendance à favoriser les leaders d’opinion. Mais il serait souhaitable de se poser la question de savoir comment définir un leader d’opinion. Est-ce que la réputation que l’on confère à ces «guides» concorde avec la réalité? Qui, parmi ces leaders d’opinion, est en mesure de véhiculer la communication pour entretenir un dialogue avec la base, transmettre le message qu’il faut pour inciter le monde rural à s’investir pleinement dans le processus du développement?

Au niveau où se situent des pays comme le Niger, il est absolument nécessaire de prendre en compte, avec toute la considération requise, l’autorité de la chefferie traditionnelle et de ne pas la considérer comme une structure ancestrale dépassée pouvant constituer un obstacle aux changements pour amorcer le développement. Quels que soient votre degré de compétence et les moyens à votre disposition, vous ne pouvez d’emblée mener des actions de développement en direction des habitants du terroir sans la présence effective et le concours agissant de la chefferie traditionnelle.

Un responsable administratif, nouvellement affecté dans une localité, aura nécessairement besoin de l’appui de ces responsables coutumiers pour connaître l’état d’esprit de ses administrés, afin de mieux cerner les difficultés auxquelles ils sont confrontés.

Au-delà des statistiques, les résultats de l’implication des chefs traditionnels sur le terrain sont si probants qu’il s’est même constitué des réseaux au niveau des chefs de village, des chefs de quartier et des autres leaders d’opinion, pour reprendre en chœur le message qu’ils ont véhiculé.

En le dotant de moyens conséquents, on pourrait obtenir beaucoup plus facilement le déclenchement du volontariat rural pour appuyer ainsi les missions effectuées par les responsables administratifs. En réalité, il ne devrait surgir aucun hiatus entre les actions des cadres chargés des collectivités territoriales et les campagnes de sensibilisation de l’autorité coutumière, des activités qui peuvent en fait se dérouler conjointement puisque visant le même objectif.

LES MÉDIAS D’ETAT

Informer, éduquer et distraire étaient le triptyque du fondement de base de la mission des médias. Cette activité comportait néanmoins des axes prioritaires qui consistaient en la collecte et le traitement des informations afin d’expliquer les orientations définies par les pouvoirs publics pour soutenir l’action de l’Etat, tout en justifiant les tenants et esquisser les perspectives à atteindre.

Dès le départ, les organes publics d’information étaient au service de l’Etat dont ils servent les intérêts essentiels et dans le prolongement desquels se trouve celui de la Nation. C’est dans ce cadre que les médias représentent un trait d’union entre l’Etat et les populations. Entretenir par conséquent la communication entre l’administration et les administrés, en établissant un dialogue permanent, des relations de compréhension réciproque devraient finalement aboutir à des rapports harmonieux indispensables à toute action de développement. Les informations ainsi véhiculées devraient contribuer à lever des équivoques, dissiper au besoin tout malentendu pouvant naître à la suite de positions et opinions divergentes avec les pouvoirs publics.

Mais près de cinquante ans après l’apparition des médias au Niger, c’est toujours la complexité des relations entre les gouvernements et les journalistes qui constitue l’un des freins à l’action des médias d’Etat.

On a voulu transformer le journaliste en un observateur privilégié afin qu’il puisse alerter l’administration, pour que ses défaillances, ses manquements et des insuffisances à l’endroit du peuple puissent être corrigés.

Mais la volonté du pouvoir de contrôler l’information s’est heurtée à la velléité d’indépendance des rédactions, certains journalistes ayant été formés dans des pays ayant une autre conception de la presse. Cette tentation de se dégager de la tutelle étatique se justifie, pour les hommes de presse, par un nécessaire besoin de crédibilité aux yeux de l’opinion publique. D’où des malentendus et des récriminations de part et d’autre.

QUELLE PRESSE D’ÉTAT DANS UN ÉTAT DE DROIT?

Le pluralisme démocratique qui s’est substitué aux régimes d’exception et aux systèmes du parti unique constitue le fondement même d’un Etat de droit où les médias publics doivent s’ouvrir à tous les courants d’opinion et à toutes formes de pensée en vue d’entretenir un dialogue serein et permanent entre gouvernants et gouvernés. Pour démocratiser ainsi l’information afin qu’elle soit accessible à toutes les composantes de la communauté nationale, il faudra nécessairement déterminer les contours d’une presse nouvelle, pour donner un réel contenu à l’expression plurielle.

C’est parce qu’ils exercent une influence certaine sur bien des comportements que les médias se trouvent être l’une des pièces maîtresse du renouveau démocratique. C’est pourquoi la principale pomme de discorde entre pouvoir et opposition a, de tout temps, été le libre et équitable accès aux médias publics.

On a souvent dit que ceux qui détiennent l’information possèdent aussi le pouvoir, ce qui explique en partie les tentatives du gouvernant à s’assurer le contrôle des médias et les raisons pour lesquelles l’opposition lui dénie cette prérogative. La classe politique, toutes tendances confondues, devra admettre que le financement des organes de presse avec des fonds publics ne devrait pas entraîner nécessairement l’assujettissement des médias aux autorités en place.

C’est dans ce domaine, particulièrement sensible, que l’ensemble de la corporation doit faire preuve de fermeté pour se conformer aux normes déontologiques, parce qu’il y va de la réputation de la profession. Les journalistes doivent, à cet égard, se prémunir de l’arsenal administratif qui les protège pour ne pas se laisser impressionner par les injonctions des gouvernants ni prêter attention aux roucoulements et aux battements de paupières de l’opposition.

Une telle pratique peut s’avérer illusoire tant que la nomination des responsables des médias publics dépendra directement du pouvoir. Dans cette perspective, le changement du statut des organes d’Etat revêt une importance capitale. Si la désignation des responsables devait répondre à des critères qui reposent uniquement sur la valeur intrinsèque des individus, le paysage médiatique du Niger se présenterait autrement puisque les mécanismes qui viendront compléter cette innovation pourront mettre les journalistes à l’abri du besoin et des tentations, pour qu’ils puissent enfin se positionner au-dessus et à l’écart de la mêlée. On privilégiera ainsi les critères de rendement au détriment des considérations sentimentales.

C - Comment instaurer une dynamique interne à la communication au sein des ministères

Le déficit de la communication, qui a constitué l’obstacle majeur ayant entravé, des années durant, l’instauration d’un dialogue visant à rapprocher l’administration des administrés et freiné la circulation des informations entre les différents compartiments de la société nigérienne, a été douloureusement ressenti lorsqu’il s’est agi de la mise en œuvre du programme d’ajustement structurel.

On s’était aperçu que la principale difficulté consistait à obtenir l’adhésion de la population à des programmes nécessitant de durs choix sociaux.

C’est pour l’aider à combler ce flagrant déficit de communication que la Banque mondiale a accordé à la partie nigérienne une subvention destinée à l’élaboration d’une stratégie pour renforcer les mécanismes de communication.

L’étude, menée en ce sens par un cabinet de consultants international, a accéléré l’institution d’un Centre de coordination de la communication gouvernementale créé par un arrêté du Premier Ministre en date du 26 juillet 1999, structure placée sous l’égide d’un Comité interministériel de la communication gouvernementale mis sur pied par le gouvernement le 20 août 1998.

Dans ses recommandations, un Consultant international a esquissé les principes directeurs devant régir une communication gouvernementale, c’est-à-dire:

1. le droit du citoyen à l’information;

2. l’obligation, pour le gouvernement, de fournir à la population toutes les indications lui permettant de comprendre les options retenues;

3. la nécessité, pour le gouvernement, de s’informer en retour des options et préoccupations de ses populations;

4. l’évaluation sans complaisance de chaque campagne d’information.

Le Centre de coordination de la communication gouvernementale, devenu opérationnel, mène présentement ses activités en fonction du canevas ainsi tracé, en vue notamment:

Mais les journalistes en service dans les médias publics et en poste dans les cellules de la communication des autres ministères n’ont pas la même compréhension du problème; ils ont fait remarquer que la création du Centre n’a pas fondamentalement changé les habitudes des bénéficiaires des prestations de la presse d’Etat qui conservent toujours les mêmes réflexes et la même approche par rapport aux problèmes de la communication.

La cohabitation entre l’attaché de presse et le cadre chargé de la communication n’est pas toujours des plus conviviales. Il convient, à ce niveau, d’améliorer ces rapports pour créer une meilleure ambiance de travail. Certains journalistes estiment que le cadre du ministère exerce en dilettante une activité qui n’est pas de son ressort.

Néanmoins, l’homme de presse ne devrait pas perdre de vue que le journaliste n’a pas l’apanage de la communication. Une campagne d’explication est nécessaire au sein même des ministères pour faire comprendre à l’ensemble du personnel les objectifs assignés à cette unité de communication qu’il faudra doter des moyens adéquats.

L’une des lacunes qu’on peut relever dans la prestation du Consultant international, c’est de n’avoir pas envisagé un volet pour la mise en place effective des structures qu’il a recommandées pour que les activités dans les ministères puissent démarrer normalement.

Projet d’organigramme d’une structure de coordination de la communication gouvernementale

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

La politique de communication gouvernementale doit être basée sur des actions mûrement réfléchies, à mettre en œuvre avec des acteurs identifiés, pour atteindre des objectifs précis.

Il a été constaté, à travers tout le pays, que la création d’un cadre de concertation, en l’occurrence le programme national de la communication pour le développement, est une nécessité qui rejoint les préoccupations des responsables à tous les niveaux.

L’objectif du gouvernant est de développer une harmonieuse communication pour aider la population à mieux comprendre la portée des messages sous-jacents à la politique qu’il se propose de mener. Il convient cependant de noter que le problème ne se situe pas toujours autour des thèmes à traiter, mais c’est l’absence des liens entre les structures visant les objectifs à atteindre qui constitue le principal goulot d’étranglement.

Pour que la communication gouvernementale soit réellement effective, il faudra que l’ensemble des décideurs parle d’une même voix et que les différents intervenants s’accordent sur la nature des informations à transmettre dans les zones ciblées.

En revisitant le passé, de nombreux acteurs du développement ont été amenés à faire des constats amers: ils ont consacré 40 ans à des approches désordonnées et désarticulées qui n’ont nullement contribué à l’éveil de l’ensemble du monde rural. Il faudra, par conséquent, enrayer cette spirale par la mise en œuvre d’actions cohérentes et concertées, tout en abandonnant progressivement des méthodes qui ont prouvé leur inutilité et leur inefficacité.

La réussite de la modernisation de l’administration, qui constitue une des préoccupations de l’Etat, est conditionnée par des changements de comportements et d’habitudes. Or, seule une communication soutenue peut venir à bout de certaines résistances liées aux valeurs sociales, notamment en zones rurales.

Dans un pays à forte tradition orale, où il est plus facile de véhiculer la rumeur avec tout son cortège d’éléments pervers et pernicieux, il est indispensable de maintenir la nation constamment informée par le biais d’une communication adaptée pour que la population prenne résolument conscience des difficultés qui assaillent le fonctionnement de l’Etat.

Ainsi, au terme de sa mission, le Consultant a formulé les recommandations suivantes:

RECOMMANDATIONS

AUX POUVOIRS PUBLICS:

Recommandation N° 1

Faire figurer le problème de la communication gouvernementale, composante indispensable de la politique nationale de la communication pour le développement, parmi les actions prioritaires de l’Etat.

Recommandation N° 2

Mobiliser tous les acteurs du développement pour que la communication soit effective sur le terrain.

Recommandation N° 3

Inciter les responsables des départements ministériels, ainsi que ceux des institutions publiques et parapubliques, les préfets et les responsables des collectivités territoriales, à mobiliser l’ensemble des structures placées sous leur autorité pour concourir à la mise en œuvre de la communication gouvernementale.

Recommandation N° 4

Demander aux cadres et agents opérant sur le terrain de mettre en exergue l’intérêt immédiat des populations cibles comme facteur incitatif pouvant déchaîner plus d’enthousiasme.

Recommandation N° 5

Inciter les médias à orienter leurs actions vers des informations utiles, tout en essayant d’organiser des débats pour sensibiliser les partenaires sur l’ampleur du problème de la misère et de la pauvreté.

Recommandation N° 6

Organiser des sketches radiotélévisés pour expliquer aux paysans, avec toute la pédagogie requise, que la richesse et la prospérité d’un pays ne peuvent résulter que du travail collectif de toute la communauté nationale.

Recommandation N° 7

Utiliser rationnellement les moyens adéquats pour mobiliser la jeunesse nigérienne qui a, de tout temps, manifesté son ardent désir de participer effectivement à toutes les phases du processus du développement.

Recommandation N° 8

Envisager des dispositions permettant aux associations et groupements féminins d’intensifier leurs campagnes de sensibilisation pour alléger les pénibles conditions de travail des femmes qui vivent en milieu rural.

Recommandation N° 9

Mettre un accent particulier sur les programmes didactiques pour que les spécialistes en matière de santé de la femme et de la protection de l’enfant prodiguent régulièrement des conseils pratiques, notamment en langues nationales, en direction du monde rural.

Recommandation N° 10

Utiliser tous les supports de la communication pour exalter la puissance infinie et la valeur incalculable du travail.

Recommandation N° 11

Actionner tous les leviers de la communication pour encourager la cohésion de tous les enfants du pays pour qu’ils se fassent mutuellement confiance et œuvrer à l’unisson pour la prospérité de la République.

Recommandation N° 12

Faire en sorte que le gouvernement se penche sur le problème de la trop grande mobilité des cadres de commandement dont le rythme d’affectation n’est pas de nature à instaurer un climat de confiance favorisant le rapprochement de l’administration des administrés, base indispensable devant entraîner progressivement l’adhésion des populations au processus de développement.

Recommandation N° 13

Utiliser des approches plus persuasives pour inciter les personnes assujetties à s’acquitter de leur devoir fiscal en raison de l’incivisme qui persiste de plus en plus en ce sens.

Recommandation N° 14

Instruire les responsables des organes d’information à entreprendre une refonte des grilles des programmes pour qu’elles puissent refléter les réalités socio-économiques du moment, à cause notamment de l’accueil mitigé réservé aux prestations des médias.

Recommandation N° 15

Envisager la création d’une section spéciale, en langues nationales, destinée à donner une autre dimension aux informations en direction du monde rural, au lieu de traduire systématiquement les nouvelles en français dont le contenu ne cadre pas nécessairement avec la réalité qui prévaut dans la campagne qui connaît un taux d’analphabétisme assez élevé.

Recommandation N° 16

Inciter les cadres ressortissants du terroir à s’investir régulièrement dans les campagnes de sensibilisation à l’endroit des populations de leurs régions respectives.

Recommandation N° 17

Associer étroitement le Ministère des affaires étrangères, qui est à la fois une source de collecte et un centre privilégié de réception des informations, à toutes les activités visant à donner un contenu à la communication gouvernementale.

Recommandation N° 18

Inciter les partenaires au développement à multiplier les actions de sensibilisation dans le cadre bien défini de la stratégie qui sera arrêtée.

Recommandation N° 19

Amener les médias publics et privés à multiplier, dans leurs grilles de programmes, des émissions destinées à l’éducation et à l’éveil du monde rural.

Recommandation N° 20

Envisager, avec le concours des partenaires extérieurs, le parachèvement rapide de la couverture de toutes les zones d’ombre, pour que le maximum de nigériens aient facilement accès aux médias.

Recommandation N° 21

S’inspirer de la déclaration de la politique générale du gouvernement pour inventorier les thèmes pouvant faire régulièrement l’objet de débats, aussi bien en français qu’en langues nationales, afin de permettre au grand public de mieux appréhender les options définies par l’Etat.

Recommandation N° 22

Instruire les médias d’Etat pour traiter fréquemment des thèmes ayant trait au fonctionnement des institutions étatiques, des organismes publics et parapublics en français et en langues nationales; une fois diffusés sur le réseau national, ces éléments peuvent être repris pour une large exploitation par le biais des stations régionales, des antennes locales des radios privées et des séances d’écoute collective organisées par les radio-clubs et les cellules villageoises d’animation.

Recommandation N° 23

Initier des actions permanentes pour rasséréner l’état des relations entre les autorités locales et les responsables coutumiers, en vue d’une meilleure conjugaison d’efforts en direction du monde rural.

Recommandation N° 24

Envisager la création d’une bibliothèque nationale pour faciliter la recherche documentaire et la collecte des données.

Recommandation N° 25

Réorganiser les structures de jeunesse et les organisations féminines pour mieux les impliquer dans le processus de mise en œuvre de la communication pour le développement.

Recommandation N° 26

Prévoir des mesures incitatives afin de stimuler la motivation des intervenants, notamment ceux qui exercent dans les cellules de communication, en vue d’un meilleur rendement.

Recommandation N° 27

Organiser des cycles d’initiation, de remise à niveau et de perfectionnement de tous les intervenants pour la maîtrise de l’outil informatique.

Recommandation N° 28

Examiner, avec une bienveillante attention, les difficultés qui entravent le fonctionnement du service des archives nationales, centre de collecte de données spécifiques.

AUX COLLECTIVITÉS TERRITORIALES:

Recommandation N° 1

Essayer d’attirer l’attention des élites locales sur la nécessité d’un dialogue permanent avec les zones rurales, afin de susciter des contributions pour appuyer les efforts déployés par l’administration, les organisations internationales et les pays donateurs.

Recommandation N° 2

Associer pleinement les collectivités territoriales dans les actions que mènent sur le terrain les ONG et les associations.

AUX PARTENAIRES AU DÉVELOPPEMENT:

Recommandation N° 1

Doter la chefferie traditionnelle de moyens adéquats afin qu’elle poursuive les campagnes de sensibilisation qui ont déjà donné des résultats probants.

Recommandation N° 2

Encourager le dialogue entre majorité et opposition afin que les formations politiques, toutes tendances confondues, s’investissent davantage dans le processus de la communication pour le développement à travers tout le pays.

Recommandation N° 3

Veiller au respect rigoureux du calendrier établi pour la mise en œuvre de la politique nationale de communication pour le développement.

Recommandation N° 4

Procéder, avec le concours des pays donateurs, à la réhabilitation des voies d’accès et des moyens de communication (téléphone notamment) pour permettre aux autorités locales de maintenir le contact permanent avec le monde rural et mieux organiser la communication dans ces zones les plus reculées.

Recommandation N° 5

Faire appel aux partenaires au développement pour qu’ils associent étroitement les autorités locales dans la mise en exécution des projets.

Recommandation N° 6

Laisser à l’appréciation de la population locale le choix des leaders d’opinion susceptibles de mieux véhiculer la communication.

Recommandation N° 7

Accélérer l’installation des radios rurales en les dotant d’un matériel adapté dont l’entretien et la maintenance ne nécessiteront pas une qualification particulière pour répondre à la requête générale exprimée dans toutes les localités visitées.

Recommandation N° 8

Procéder à des recyclages des correspondants locaux de la presse qui constituent un autre réseau fiable pour la transmission des messages en direction du monde rural.

Recommandation N° 9

Envisager des rencontres ad hoc entre les responsables des journaux publics et privés afin de mettre en place une mini-messagerie pour l’acheminement des publications à l’intérieur du pays, selon les périodicités à déterminer en fonction des moyens disponibles.

Recommandation N° 10

Encourager la création et la diffusion, dans les zones rurales, de journaux en langues nationales avec comme mesure d’accompagnement l’intensification des actions du service de l’alphabétisation.

Recommandation N° 11

Organiser des rencontres spécifiques entre le centre de coordination de la communication gouvernementale et les différents intervenants publics et privés dans le domaine de la communication, afin d’apporter des clarifications sur les tâches qui incomberont à toutes les parties concernées.


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