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ANNEXE 10
Revue des crustacés susceptibles d'être élevés en Tunisie

par

O. Ledoux

1. Crustacés

Les principaux crustacés d'importance économique rencontrés en Tunisie sont:

Parmi ces espèces endémiques, la langouste ne peut faire l'objet d'un élevage du fait de la longue durée de son cycle naturel, notamment au niveau du développement larvaire.

Des tentatives d'élevage ont eu lieu pour le homard. Son développement larvaire est plus court que celui de la langouste, donc plus facile à maîtriser. Toutefois la durée nécessaire pour atteindre une taille commercialisable reste de 3 ou 4 ans, suivant les conditions d'élevage, ce qui affecte la rentabilité économique d'une telle opération.

La crevette rose se tient sur des fonds vaseux ou sur des sables vaseux, à des profondeurs allant de 100 à 400 m, mais peut aussi se trouver entre 50 et 700 m. Cette espèce est pêchée au chalut de fond et ne fait pas l'objet d'élevages. D'autres crevettes pénéidés en revanche sont élevées dans de nombreux pays, principalement de la ceinture tropicale.

1.1 Espèces cultivables en Méditerranée (d'après Lumare, 1978)

Famille Penaeidae

EspècesDistribution géographiqueTaille ou poids
Penaeus kerathurus
(Forskal)
Commune en Méditerranée, présente dans l'Atlantique, du Portugal à l'AngolaMax: 20 cm
Commune: 14–16 cm
Penaeus japonicus
(Bate)
Importée en France, en provenance du Japon; c'est une espèce commune dans les eaux asiatiquesMax: 130 g
Commune: 20–25 g
Penaeus semisulcatus
(De Haan)
Espèces d'origine indo-pacifique qui se sont établies le long des côtes méditerranéennes de l'Egypte et d'Israel après avoir traversé le canal de SuezGrande (Poids commun: 20 g)

Petite
Metapenaeus stebbingi
(Nobili)

1.2 Biologie

Ces pénéidés sont fortement eurythermes et euryhalins, aussi s'adaptent-ils bien à l'élevage en bassin.

Ils vivent en général sur les fonds sablonneux, les mélanges de sable et de vase ou de détritus grossiers. Ils préfèrent les estuaires.

Adultes, ils vivent enfouis dans le sable pendant la journée et deviennent actifs au crépuscule et la nuit; c'est alors qu'ils sont normalement pêchés au chalut ou aux filets fixes.

Ils préfèrent les eaux profondes (40 à 45 m) pendant les mois froids. En saison chaude, ils affectionnent les eaux peu profondes (5 à 15 m) dans lesquelles ils se reproduisent. (Lumare, 1978)

Leur alimentation est à base de petits organismes benthiques. Celle de P. kerathurus est constituée en ordre d'importance, de mollusques (pélécipodes, gastéropodes, scaphopodes et céphalopodes), de polychètes, de crustacés et d'échinodermes.

P. kerathurus se reproduit naturellement le long des côtes septentrionales de la Tunisie de mai à septembre; plus au sud, dans la région de Sfax, d'avril à la fin de septembre. (Lumare, 1978)

P. japonicus se reproduit au Japon de mars à septembre, avec de légères variations suivant les régions et les saisons.

Pour P. semisulcatus et M. stebbingi, la période de reproduction va d'avril à octobre dans les eaux méditerranéennes.

Le cycle biologique des pénéidés est dans l'ensemble très bref (environ deux ans pour P. kerathurus ainsi que P. japonicus).

1.3 Techniques de production (d'après Lumare, 1978)

1.3.1 Méthodes de reproduction induite

Les premières tentatives d'induction de la reproduction des pénéidés remontent à Hudinaga (1942) qui a expérimenté sur P. japonicus. Alors qu'au Japon les expériences de Hudinaga ont été développées au point de pouvoir se concrétiser, après 1960, par une activité commerciale de reproduction et d'élevage de Penaeus, il a fallu attendre pour l'Europe les années immédiatement ultérieures à 1960 pour voir reprendre les études sur la reproduction et l'élevage de larves de P. kerathurus. Aux expériences de San Feliu (1964, 1969) en Espagne ont faite suite des essais analogues en Italie, en France et, très récemment en Israël. Actuellement, on réalise des recherches sur la reproduction et l'élevage de P. kerathurus au Portugal et en Grèce.

La femelle de P. kerathurus émet en moyenne 70 000 oeufs mais peut arriver à en émettre 300 000.

Une femelle de P. japonicus soumise à un stimulus thermique positif a pondu deux fois: une première fois, elle a pondu 455 000 oeufs, la seconde, 159 000, avec un taux d'éclosion de 98%.

1.3.2 Elevage des larves (d'après Lumare, 1978)

Les stades de développement des larves de pénéidés sont au nombre de 3: nauplius, protozoé et mysis; ensuite on passe au stade post-larve.

On maintient en général la densité des larves entre 75 et 100 exemplaires/1 au stade de nauplius et entre 35 et 40 exemplaires/1 à P1, avec un pourcentage de survie de l'ordre de 77%.

La production de post-larves de pénéidés nés en captivité s'élève actuellement à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires pour le bassin méditerranéen. Cette limitation numérique provient d'ailleurs davantage d'une carence technologique de l'élevage de larves que d'un développement insuffisant des structures, lié à une faible rentabilité de l'initiative.

1.3.3 Elevage jusqu'à la taille commerciale

Il se pratique en général dans des bassins à terre, avec la possibilité d'un renouvellement de l'eau, et une densité de 1 à 2 t/ha. L'alimentation est jusqu'à présent à partir de déchets de pêche ou de crabes broyés.

En Méditerranée, le nombre d'essais de grossissement ainsi réalisés reste très réduit. Les résultats obtenus indiquent que le poids commercial moyen de 13 à 22 g peut être obtenu en 4 à 10 mois respectivement.

Le grossissement en semi-intensif peut également être pratiqué en enclos. Cette technique a été testée sur la lagune de Lesina en Italie.

Une autre possibilité consiste à assurer ce grossissement en extensif, sans apport de nourriture complémentaire. Des essais réalisés également sur la lagune de Lesina se sont révélés extrêmement prometteurs.

2. Références

Lumare, F., 1978 Etat actuel des connaissances sur les espèces cultivables en Méditerranée. PNUE/FAO (CGPM) Consultation d'experts sur le développement de l'aquaculture en Méditerranée (en collaboration avec le Gouvernement grec) Athènes, 13–18 mars 1978.


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