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ANNEXE 13
Revue des sites potentiels pour l'aquaculture dans les eaux continentales tunisiennes (contd.)

En examinant les données de ces 5 tableaux, on constate que:

  1. Toutes les pêches ont été effectuées durant les mois d'avril à octobre inclus, à l'exception de deux pêches effectuées en mars au Nebhana et au Nechma. On ne pêche pas en novembre, décembre, janvier et février. Selon les responsables de l'ONP, il ne s'agit pas d'un problème de crues, mais surtout d'un problème de marché et les ventes seraient plus difficiles durant ces quatre mois. D'autre part, la période juillet-octobre correspond à la période de maturité des femelles de mulets et, à cette époque, l'ONP recherche particulièrement les femelles oeuvées pour la préparation de la boutargue.

  2. La retenue du barrage Mellègue (voir tableau 3) a été pêchée la plus intensément et les captures totales dans ce barrage durant cette période s'élèvent à 20 797 kg. Les productions mensuelles ont été les suivantes: 1979 (2 mois de pêche): 2 460 kg/mois; 1980 (6 mois): 1 907 kg/mois; 1981 (4 mois): 1 108 kg/mois. Pour les années 1980 et 1981, le pourcentage en poids des captures totales de ces deux années (15 877 kg) est le suivant: 79% de mulets, 18,7% de barbeaux, 1,8 % de divers et 0,1% d'anguilles. C'est surtout la présence d'un important peuplement de mulets, constitué à environ 80% de Mugil cephalus (Kalfalla et Krichen, comm. pers., 1982), qui incite l'ONP à pêcher au lac Mellègue.

Tableau 8 Pêches dans les retenues de barrage. Composition pondérale des captures

Source: Service de l'Informatique, ONP, Tunis

Retenue de barrageCaptures totales (kg)Anguilles (kg)Barbeaux (kg)Mulets (kg)Divers (kg)
1979     
 Mellègue        4 920 (a)    
1980     
 Mellègue11 444  2  2 554  8 611277
 Nebhana  8 872-  8 778       52  42
 Nacherine       2816--  12
 Total20 3441811 332  8 663331
 % en poids     100       0,0955,742,61,60
1981     
 Mellègue  4 43310     419  3 994  10
 Bir M'Cherga  3 48580  3 405--
 Nechma       72-       72--
 Total  7 99090  3 896  3 994  10
 % en poids     100       1,1348,849,980,12
Résultats globaux     
 198020 3441811 332  8 663331
 1981  7 99090  3 896  3 994  10
 Total28 334108  15 22812 657341
 % en poids     100     0,453,744,71,2

a) Composition des captures inconnue.

  1. Dans les retenues de barrage pêchées par l'ONP, mais où il n'y a pas eu d'importants déversements de mulets (lacs Nebhana et Bir M'Cherga), les barbeaux représentent, en poids, entre 97,7 et 98,9% des captures (voir tableaux 4 et 5). Les responsables de l'ONP évaluent à 60 tonnes le stock de barbeaux existant dans le lac Bir M'Cherga. Ils estiment que les captures annuelles de barbeaux, dans cette retenue, pourraient atteindre entre 20 et 25 tonnes (Kafalla et Krichen, comm.pers., 1982).

    Les données globales par année et la répartition des principales espèces se trouvent au tableau 8. Pour les années 1980 et 1981, le pourcentage en poids des principales espèces est le suivant: barbeaux: 53,7%; mulets: 44,7%; anguilles: 0,4% et divers: 1,2%. Les espèces voraces (barbeaux et anguilles) représentent 54,1% des captures totales de ces deux années.

La valeur globale des captures des années 1979–1981 dans les retenues, ainsi que les prix moyens par année sont donnés au tableau 9.

Tableau 9 Valeur de la production des retenues (Dinars tunisiens)

AnnéeProduction totale
(kg)
Valeur (D.T.)Prix moyen de vente en gros (D.T.)
1979  4 920  2 6830,545
198020 34417 3030,850
1981  7 990  9 7171,216

Au graphique de la figure 1 se trouvent les prix moyens de vente, au marché de gros de Tunis, pour les principales espèces pêchées par l'ONP, dans les retenues de barrage en 1980 et 1981.

4. Les petits étangs

Il existe en Tunisie une dizaine de petits étangs naturels ou artificiels dont la superficie varie entre 0,2 et 2 ha (Nasfi, 1976). La liste et les caractéristiques de ces principaux étangs se trouvent au tableau 10. La majorité de ces étangs ont été empoisonnés, mais comme ces déversements n'ont pas été suivis, on ne dispose pas de renseignements pour pouvoir juger des résultats de ces empoissonnements. Il n'y a pas de statistiques de production concernant ces étangs.

La Mission a visité l'étang d'El Habibia à une vingtaine de km à l'ouest de Tunis. Au moment de la visite (20.4.82) l'étang était en train de s'assécher complètement et des jeunes essayaient de capturer les poissons accumulés dans ce qui restait d'eau. Les captures étaient constituées de barbeaux, de mulets (Mugil cephalus) de 200 à 400 g et quelques poissons d'environ 2 kg ainsi que de carpes miroir de 10 à 25 cm. D'après les gens interrogés sur place, il n'y a pas d'autres espèces dans l'étang. A noter qu'on y a déversé jadis des rotengles et des tanches (Nasfi, 1976).

L'étang de Besbessia qui se trouve dans la presqu'île du Cap Bon, a une superficie de 1,5 ha et une profondeur de 4,5 m. La salinité de l'eau est de 1,2 g/1. Le peuplement naturel est composé de barbeaux (B. callensis) et en 1966 cet étang a été empoissonné avec 2,000 brochetons (Esox lucius) et 10 black-bass (Nasfi, 1976 et Pillai, 1976). Selon Zaouali (1979), il n'y aurait pas eu de recaptures de ces espèces introduites dans l'étang.

La grande majorité de ces étangs ont été empoissonnés jadis, et comme il n'y a pas eu ensuite de pêches de contrôle, on manque de renseignements précis sur le résultat de ces introductions. Ces étangs ne sont pratiquement pas exploités actuellement.

FIGURE 13.1

Prix de vente en gros des principales espèces capturees dans le retenues de barrage

FIGURE 13.1.

Tableau 10 Les étangs. Caractéristiques générales

Source: Nasfi, 1976

EtangsSuperficie (ha)Profondeur moyenne (m)Nature de l'eauSalinité (g/l)Espèces existantesEspèces déversées
Besbessia1,54,5oued1,2Barbus callensisBlack-bass Brochet
Ai'n Jemmala0,22,5source0Barbus callensisCarpe miroir
El Habibia2   3   oued2–3Phoxinellus sp. Barbus callensisRotengle Carpe miroir Tanche
Zaghouan0,31,2source0            -Truite arcen-ciel Tanche, Rotengle
Hofret el Oucif
(Ai'n Draham)
0,32oued1–2Barbus callensisTruite arcen-ciel
Kisra0,21,5   ??            -       -
Le Kef0,21,8oued1–2Barbus callensis Phoxinellus sp.Carpe miroir
Tajerouine0,53oued1–2            -Carpe miroir
Borg Bourguiba0,5?puits artésien?            -Carpe miroir

5. Les lacs salés

Les lacs salés, appelés en arabe sebkhas ou chotts, ne présentent que peu d'intérêt pour l'aquaculture du fait de leurs fortes variations de salinités (5 ppm en hiver et plus de 40 ppm en été, Nasfi, 1976) et de températures de l'eau et surtout, de leurs approvisionnements très irréguliers en eau et leurs assèchements périodiques, généralement de longue durée.

Il y a cependant des exceptions, des cas ou exceptionnellement ces dépressions sont restées sous eau plusieurs années consécutives. Moyennant un empoissonnement adéquat, et en temps voulu, ces lacs temporaires pourraient produire un important tonnage de poisson.

A certaines époques, et notamment après les crues exceptionnelles de 1969, certains lacs salés, tels que Garaat Sidi Mansour et le lac (sebkha) de Kelbia, se sont remplis et sont restés sous eau plusieurs années, s'assèchant ensuite lentement et définitivement, du moins pour un certain nombre d'années, par suite d'un déficit pluviométrique.

5.1 Garaat Sidi Mansour

Selon Nasfi (1976), la dépression de Sidi Mansour (à environ 75 km au nord-ouest de Gabès, le long de la route Gabès-Gafsa) s'est remplie d'eau à la suite des inondations de 1969, créant un lac d'eau douce (résidu sec de l'eau: 1,2 g/1) alimenté par trois oueds: l'oued Baiache, l'oued Segui et l'oued Belkhire. La superficie de ce lac a varié entre 2 000 et 3 500 ha, en fonction de l'évaporation durant l'été et le volume des pluies en hiver. La température de l'eau se serait maintenue entre + 3°C en hiver et + 24°C en été. On y a constaté la présence de poules d'eau, de bécasses et de flamands roses. En 1976, ce lac ne s'étant toujours pas asséché complètement, on a alors envisagé de l'empoissonner avec Tilapia nilotica, T. mossambica et la carpe commune, étant donné la richesse de ce lac en phytoplancton et en zooplancton. Il y existait aussi une végétation benthique, le taux d'oxygène dissous y était satisfaisant et l'évaporation n'affectait que très peu le volume d'eau et par là même les variations de salinité (Nasfi, 1976). A notre connaissance, le lac Garaat Sidi Mansour n'a pas été empoissonné à l'époque et il s'est asséché complètement.

5.2 Sebkha El Kelbia

La Sebkha El Kelbia (nommée également ‘lac’ de Kelbia) est un autre exemple de plan d'eau qui se créé temporairement ou dont la superficie normale augmente très fortement après de fortes crues ou lors d'inondations exceptionnelles. Le lac Kelbia se trouve à environ 36 km au nord de Kairouan et à approximativement 35 km (à vol d'oiseau) de la côte. L'alimentation en eau de la Sebkha El Kelbia se fait par des oueds à écoulement temporaire mais elle s'assèche en partie durant les étés longs et chauds. Les années de fortes pluies amènent le débordement du lac Kelbia et sa communication avec la mer, d'où un empoissonnement en espèces très eurythermes et eurhyalines (Rhouma, 1979). Le recrutement par des espèces marines qui remontent de la mer par les oueds ne serait pas très important car au moment des crues, le courant est très fort et peu de poissons arrivent à remonter jusqu'au lac Kelbia. Les remontées sont également limitées dans le temps, car généralement les crues ne durent que quelques jours, environ tous les 7 ou 8 ans.

En 1969, les importantes inondations mirent en communication l'ensemble du réseau hydrographique de la région du barrage Nebhana et du lac Kelbia. Des carpes communes qui avaient été déversées dans la retenue Nebhana en 1967 se sont échappées par le déversoir et se sont établies avec succès dans le Kelbia (Zaouali, 1979). La carpe commune a vécu dans le lac Kelbia et s'y est reproduite jusqu'en 1977, époque où la salinité croissante des eaux du lac (13 ), qui n'était plus alimenté en eau douce, a provoqué la mortalité de tout le peuplement (Zaouali, 1979). Il est à noter que d'après Pillai (1975), le déssèchement du lac Kelbia en 1972 a détruit le stock naturel de poisson ce qui explique les essais négatifs de pêche faits en 1973. Selon O. Beji (comm.pers., 1982), c'est surtout une augmentation de la salinité dans le lac qui a provoqué la mort des carpes communes en 1972. Une partie du lac était encore sous eau en 1972 et on y a encore effectué des pêches en 1973.

Selon Pillai (1975 et 1976), le lac de Kelbia avait à l'époque une superficie de 10 000 ha. Sa profondeur maximum atteignait 2,25 m et la profondeur moyenne était de 0,75 m. La salinité minimum (résidu sec) était de 4,0 g/l et la salinité maximum était de 20 g/l, mais au moment où le lac s'asséchait, elle atteignait 70 g/l.

La Sebkha El Kelbia, du fait des grandes variations, d'une année à l'autre, de sa superficie, des changements importants de la salinité et des modifications parfois brutales de la composition du peuplement, n'est pas exploitée systématiquement par l'ONP.

La production de la Sebkha El Kelbia est difficile à établir car les pêches s'y font d'une façon irrégulière, en fonction des conditions hydrologiques du lac.

Selon Pillai (1975), le lac a produit 115 tonnes de poisson en 1961 et 191 tonnes en 1966. Rhouma et El Ouaer (1978) signalent que pour la période 1968–1971, la production moyenne annuelle était de 45 517 kg se décomposant comme suit: 12 202 kg de muges (27%), 3 442 kg d'anguilles (7%) et 29 873 kg de carpes communes (66%).

Les captures totales et la composition des prises des années 1968 à 1970 sont données au tableau 11.

Tableau 11 Lac de Kelbia: captures (en kg) de 1968 à 1970

Source: Pillai, 1975

Espèces196819691970
kg%kg%kg%
Mulets (Mugil sp.)15 638  8522 895  28  6 304  61
Loups (Dicentrarchus labrax)       14    0         9    0-   -
Daurades (Sparus aurata)-   -       53    0       52    0
Soles (Solea vulgaris)-   -       58    0-   -
Anguilles (Anguilla anguilla)  2 799  15  6 940    8  4 014  39
Divers (carpes, etc.)       10    052 115  64-   -
Total18 46110082 07010010 370100

En ce qui concerne la composition des captures des années 1961–1971, on constate que les mulets représentent entre 27 et 85% en poids, les anguilles entre 39 et 7% et que la carpe commune, mais seulement en 1969, a atteint 64% du poids total capturé. Les loups, daurades et soles ne représentent même pas 1% et ont sans doute été déversés dans le lac Kelbia lors des empoissonnements effectués par l'ONP. Plusieurs empoissonnements du lac Kelbia auraient été faits par l'ONP mais nous n'avons pu obtenir des précisions à ce sujet, sauf que les alevins d'espèces marines provenaient de la région de Sousse.

6. Les sources et réservoirs d'oasis

Les oasis s'installant toujours autour d'une ou plusieurs sources, les agriculteurs ont tendance à rassembler les eaux dans un bassin ou réservoir d'oasis avant leur distribution aux différents utilisateurs (Nasfi, 1976). La liste des principaux réservoirs d'oasis se trouve au tableau 12.

Les réservoirs dépassent rarement un ha de superficie et 2 m de profondeur. Leur salinité est de l'ordre de 2 à 4 g/l.

Le peuplement naturel des points d'eau des oasis du sud est composé de Aphianus fasciatus, A. iberus, Astatotilapia desfontaisi, Barbus antinorii, Gambusia affinis, Hemichromis bimaculatus. A noter que Nasfi (1976), Rhouma et El Ouaer (1978) et Zaouali (1979) mentionnent également Tilapia zillii comme étant une espèce indigène alors que cette espèce n'est pas connue de Tunisie. Dans les réservoirs d'oasis on trouve également une petite crevette: Palaemonetes punicus (Zaouali, 1979).

Certains points d'eau du sud ont été empoissonné par l'INSTOP. On y a déversé Tilapia nilotica (à Kebili), T. mossambica (à Tozeur, à El Hamma et à Nefta), la carpe commune (à Kebili et à Douz) et du mulet (vraisemblablement Mugil cephalus à Kebili) (Nasfi, 1976 et Rhouma et El Ouaer, 1978).

Il ressort des discussions avec les responsables de l'aménagement des oasis qu'il y a de plus en plus une tendance à canaliser les eaux dès leur sortie du sol et à utiliser des buses afin d'éviter des pertes d'eau par évaporation et par percolation. Les possibilités d'utiliser des canaux à ciel ouvert pour y élever des poissons sont donc très réduites.

6.1 Les étangs de Kébili

La station expérimentale de Kébili, en bordure du Chott el Djérid (122 km à l'ouest de Gabès) a commencé à fonctionner en 1973 (Pillai, 1975).

Selon Müller (comm.pers. 1982), des alevins de Tilapia nilotica ont été déversés en 1966 dans un des bassins de Kébili. Ils s'y sont abondamment reproduits quelques mois après l'empoissonnement. Très rapidement on a constaté que les habitants de l'oasis se mettaient à pêcher ces Tilapia en cachette et on a été obligé d'engager un gardien pour éviter le braconnage. Pillai (1975) a confirmé qu'il y a eu à Kébili des milliers de juvéniles de Tilapia nilotica.

Vers 1966–67, on aurait déversé des carpes communes dans l'étang du milieu, là où se trouvait la source.

Il y avait, à l'époque, quatre bassins d'une superficie totale d'environ 1 ha, alimentés par une source d'eau douce formant l'oued Ras el Ain (Pillai, 1975 et Nasfi, 1976). En fait, d'après Nasfi (1976) et Rhouma et El Ouaer (1978) la salinité serait de 2 à 2,2 g/l.

Ces bassins ont été à nouveau alevinés en jeunes carpes communes de 6 à 15 cm en juin 1973 et en mulets, acclimatés à l'eau douce, en décembre 1973. Selon Pillai (1975) il s'agissait de Mugil auratus.

Les carpes communes se sont reproduites naturellement au printemps 1974, et on a obtenu un grand nombre de juvéniles en fin d'année (Pillai, 1975). La croissance des carpes et mulets à Kébili a été aussi satisfaisante qu'à El Akarit.

La mission a visité les bassins de Kébili le 9 avril 1982. Il y existe actuellement trois petits étangs en terre, mais comme la source s'est tarie, ces bassins sont maintenant alimentés par pompage dans la nappe. Le pompage n'est pas permanent et il se fait en fonction des besoins en eau pour l'irrigation. Il y a donc d'assez fortes fluctuations du niveau d'eau dans les étangs. Les paysans s'opposent d'ailleurs à l'alimentation des étangs en partant du forage, car l'eau est relativement rare et l'alimentation des étangs provoque des pertes d'eau par évaporation et par percolation (Rhouma, comm. pers., 1982).

Tableau 12 Réservoirs d'oasis

Source: Nasfi, 1976

OasisSuperficie haProfondeur moyenne mNature de l'eauSalinité g/lEspèces existantesEspèces stockées
Gabès (Chenini)0,41,5source3Cyprinodon (Aphanius iberius, Aphanius fasciatus) 
El Hamma0,31source2--
Kebili10,8source2,2–4,2Hemichromis bimaculatusCyprinus carpio + Tilapia nilotica
Nefta0,30,8source2,2Hemichromis bimaculatusTilapia mossambica
Douz0,31,2source0,8--
Zaafrane0,41,2source0,8-Tilapia nilotica + Mugil capito, Mugil auratus, Mugil cephalus
Tozeur0,31source1,5–3,5Hemichromis bimaculatusTilapia mossambica
El Hamma de Tozeur0,21source (a)2,0–4,0Hemichromis bimaculatusTilapia mossambica
Gafsa0,21,8source1,5–2,2Aphanius fasciatus-

(a) Existence de soufre. Source thermale.

Les étangs sont construits en chapelet, l'eau passant d'un étang à l'autre. Le premier étang, situé au bord de la route, reçoit directement l'eau de la pompe et sert actuellement de lavoir. Il a une superficie d'environ 50 m2, une profondeur d'environ 0,60 m et est peuplé d'espèces autochtones de petite taille (Aphanius fasciatus, A. iberus, Gambusia affinis et Hemichromis bimaculatus).

Le second étang, d'environ 5 ares, a une profondeur de 2,50 à 3 m et les berges sont envahies de roseaux (Phragmites sp.). C'est dans ce bassin que se trouvait jadis une des sources de l'oued. Dans cet égang se trouvent une trentaine de gros mulets, quelques grosses carpes communes et quelques T. nilotica, comme on a pu le constater lors de la visite de la mission. L'eau de cet étang est assez verte. Les poissons sont nourris irrégulièrement avec du vieux pain que le gardien jette à l'eau quand des cars de touristes s'arrêtent pour visiter l'oasis.

6.2 Le bassin de Douz

La station expérimentale de Douz, à 16 km au sud de Kébili, est située en plein Sahara près de l'oasis de Zaâfrana. En fait, il n'y a qu'un seul bassin de 3 300 m2 alimenté par une source d'eau douce.

Cette station a commencé à fonctionner en 1973. En juin 1973, l'INSTOP y a déversé des jeunes carpes communes de 6 à 15 cm.

Ces carpes se sont reproduites naturellement durant le printemps 1974, fournissant un grand nombre de juvéniles en fin d'année (Pillai, 1975). Lors de constrôles ultérieurs, on a constaté la présence d'autres carpillons ce qui confirme bien qu'il y a eu reproduction naturelle de la carpe commune (Azouz, 1976).

En décembre 1973, des mulets, acclimatés à l'eau douce, ont été déversés dans le bassin en mélange avec les carpes. Selon Pillai (1975), il s'agissait de Mugil auratus.

La croissance des carpes et des mulets y serait la même qu'à la station de El Akarit.

6.3 Les sources et l'oued de Tozeur

L'oasis de Tozeur comprend quelque 200 sources, débitant environ 200 litres/seconde, et qui s'écoulent dans des petits ruisseaux qui irriguent un millier d'hectares de palmiers, de bananiers et de figuiers. Le débit pour l'irrigation est porté à 400–500 litres/seconde par l'apport de sept forages pompés qui se déversent directement dans l'oued.

Pour des raisons touristiques, le système d'irrigation est resté à ciel ouvert, alors que les techniciens auraient tendance à canaliser l'eau dans des buses afin d'éviter les pertes par percolation et évaporation.

Toutes les sources se rejoignent dans l'oued ou un premier répartiteur crée deux branches. Ensuite ces deux branches se subdivisent en canaux secondaires dont le volume d'eau est augmenté par les pompages.

La longueur de l'oued est d'environ 500 m, la largeur ne dépasse pas 4 m et la profondeur va de 10 à 20 cm. Le fond est constitué de sable pur. L'eau a un résidu sec de 2 à 2,5 g/l.

Quelques poissons (tailles comprises entre 6 et 8 cm) circulent dans l'oued. Vu leur forme, il s'agit sans doute de Tilapia et vraisemblablement T. mossambica qui a été déversé dans l'oued en 1966.

Vu la faible profondeur de l'oued, il n'est pas possible d'y envisager un élevage de poissons. Les responsables de l'irrigation seraient d'accord de construire des petits seuils en travers de l'oued pour augmenter la hauteur d'eau et créer ainsi des petits étangs en chapelet. Cela ne donnerait cependant que de très petites surfaces.

6.4 Le bassin de Nefta

Le réservoir d'oasis de Nefta, situé à 23 km à l'ouest de Tozeur, en bordure du Chott el Djérid, a une superficie d'environ 0,3 ha et une profondeur de 1 m. L'eau a une salinité de 2 g/1 (Rhouma et El Ouaer, 1978). On y a déversé des T. mossambica en 1966 (Nasfi, 1976 et Zaouali, 1979). D'après Zaouali (1979) T. mossambica ne se serait pas adapté au milieu.

7. Les forages artésiens ou pompés

7.1 Introduction

Les ressources en eaux de surface en Tunisie ont une irrégularité qui s'accroît en allant du nord au sud. Le volume inter-annuel moyen des écoulements est estimé à 2,5 milliards de m3. Les ressources en eaux souterraines représentent un potentiel qui est loin d'être négligeable (Person, 1978).

Selon Zébidi (1980), l'exploitation des nappes profondes de l'année 1980 est en progression par rapport à celle de 1979, comme le montre le tableau 13, les valeurs étant exprimées en millions de m3.

Tableau 13

Années1977197819791980
Régions
Tunisie du Nord  42  47  43  46
Tunisie du Centre129144147156
Tunisie du Sud301320303312
TOTAL472511493514

La Tunisie du Sud est intéressée par deux grandes nappes s'étendant sous le Sahara septentrional de l'Algérie et de la Tunisie, à la faveur de structures géologiques vastes et régulières: la nappe du Complexe Terminal (CT) et la nappe du Continental Intercalaire (C.I.). Une troisième unité s'étend sous la plaine côtière, de Gabès à Zarzis: la nappe de la Djeffara, qui reçoit l'essentiel de son alimentation à partir de la nappe du Continental Intercalaire (Zébidi, 1980a).

La Tunisie a procédé depuis 1958 à de très nombreux forages, à la recherche de l'eau ainsi qu'à la recherche de nappes pétrolifères. Ces forages ont surtout été réalisés dans la région du sud, où l'eau est rare et a une importance capitale aussi bien en agriculture que dans la lutte contre la désertification. Plusieurs de ces forages n'ont donné qu'une eau saumâtre, impropre à l'irrigation, car la salinité de ces eaux atteint un résidu sec de 4 à 5 g/litre, et même 6 g/litre (Nasfi, 1976). Certaines cultures, telles que le sorgho-fourrager ne tolèrent pas une salure (résidu sec) de l'eau d'irrigation supérieure à 2,5 g/litre. Le tournesol accuse une baisse de rendement très sensible à 3,5 g/litre. Les bles, l'orge, le sorgho grain et le maïs grain supportent des eaux d'irrigation dont la salinité (résidu sec) ne dépasse pas 4 g/litre (Person, 1978). Le rendement de la luzerne diminue avec de l'eau d'irrigation d'une salinité de 4 g/litre, mais certaines variétés (telle la luzerne de Gabès) tolèrent jusqu'à 6 g/litre (Rhouma, comm.person., 1982).

De telles eaux saumâtres, inutilisables ni pour les besoins humains, ni pour l'agriculture, peuvent parfaitement être utilisées en pisciculture, surtout s'il s'agit de forages artésiens, qui n'ont à supporter ni frais d'eau ni frais de pompage, comme c'est le cas à El Akarit.

En aucun cas, des installations piscicoles ne devraient concurrencer l'agriculture, en ce qui concerne l'utilisation de l'eau. L'avantage de ce type d'aquaculture est justement d'employer l'eau des forages, qui, du fait de sa salinité élevée, ne convient pas à l'agriculture et n'est donc pas utilisée actuellement.

Au fil des années, la Division des Ressources en Eau du Ministère de l'Agriculture tunisien s'est rendue compte que le nombre de forages non exploités était en augmentation. Des données à ce sujet se trouvent au tableau 14.

Tableau 14

Nombre de forages exploités et non exploités en Tunisie

Source: Zébidi (1980)

ForagesForages exploitésForages non exploitésTotal
Années
     
1979   98018516,5%1 175
19801 036199 16   %1 235

La répartition géographique des forages non exploités est donnée au tableau 15. Il ressort de ce tableau que les forages sont les plus nombreux dans le Sud du pays et que le plus fort pourcentage de forages non exploités concerne la Tunisie du Nord et du Centre (Zebidi, 1980).

Tableau 15

Répartition géographique des forages et pourcentages des forages exploités et non exploités. Année 1980

Source: Zébidi (1980)

RégionTunisie du NordTunisie du CentreTunisie du SudTotal
Forages exploités26926%30129%46645%1 036
Forages non exploités  7437%  8543%  4020%   199

Les forages non utilisés sont de deux sortes: d'une part ceux qui s'écoulent librement, mais dont l'eau n'est pas employée et, d'autre part, les forages bloqués par vanne.

La Division des Ressources en Eau du Ministère de l'Agriculture a publié des listes de forages non exploités et de forages non affectés (“Annuaires de l'exploitation des nappes profondes” et Zébidi et El Batti, 1980).

Techniquement parlant, des élevages de poissons sont possibles dans le sud tunisien, dans les oasis et aussi à proximité des forages, surtout à côté de ceux qui, pour diverses raisons ne sont pas utilisés actuellement. L'exploitation de ces forages par l'aquaculture, pourrait constituer une forme de mise en valeur intéressante, mais qui, jusqu'à présent, n'a pas retenu l'attention des services techniques responsables de la gestion des ressources en eau.

L'aquaculture pourrait donc valoriser des ressources en eau dont la salinité est compromise entre 6 et 40 , mais à condition qu'il n'y ait pas d'autres facteurs physicochimiques limitants (température de l'eau trop élevée, eaux sulfureuses, etc.) et qu'une telle exploitation soit économiquement rentable.

Les possibilités d'utilisation des forages pour des exploitations aquacoles doivent être envisagées sous deux aspects: la faisabilité technique et la rentabilité économique.

7.2 Faisabilité technique

A part les facteurs limitants mentionnés plus haut, et à condition d'avoir un débit suffisant, rien ne s'oppose, du point de vue technique, à l'élevage de certaines espèces de poissons, dans le sud tunisien.

Le choix des sites, où une telle pisciculture est techniquement faisable, dépend de certains facteurs, notamment: le volume d'eau disponible et le degré de salinité, types de sols (perméables ou pas), voies d'accès au forage, importance du peuplement humain autour du point d'eau, disponibilité de sous-produits agro-industriels pouvant servir d'aliment pour les poissons, possibilités d'écoulement de la production, etc.

Là où les sols sont suffisamment argileux (imperméables), il est possible de construire des étangs. Un plan-type d'une pisciculture en étangs alimentée par un forage se trouve à la fig. 14.1 et la coupe de ces étangs est indiquée à la fig. 14.2.

Compte tenu des types de sols les plus fréquents (sable) et la forte évaporation, il ne sera pas toujours possible de construire des étangs en terre, comme ceux qui existent à la station d'El Akarit ou à Kébili. Il faudra plutôt s'orienter vers une exploitation de type semi-intensif ou intensif en bassins ou en raceways. Un modèle de raceway et un devis estimatif de sa construction se trouvent à l'annexe 12 section 5.

Le choix des espèces devra se faire en fonction des critères suivants:

  1. degré de salinité et de température de l'eau à la sortie du forage;

  2. type d'exploitation: intensif ou semi-intensif en étangs ou en raceways;

  3. types d'aliments disponibles, à un prix rentable;

  4. habitudes alimentaires et goûts du consommateur;

  5. pouvoir d'achat des consommateurs;

  6. débouchés et possibilités de commercialisation.

Compte tenu de ces critères, il est possible d'envisager l'élevage du mulet, des tilapia (T. nilotica, T. mossambica), de la carpe commune (seulement pour des salinités inférieures à 10 ) et éventuellement du loup qu'il faudra progressivement acclimater aux salinités des forages choisis.

PLAN - TYPE D'UNE PISCICULTURE (3.24 HA) ALIMENTEÉ PAR UN FORAGE ARTÉSIEN

ECHELLE 1/2000

LEGENDE

FIGURE 13.2PUISARD
FIGURE 13.2POMPE
FIGURE 13.2CANAL D'ALIMENTATION
FIGURE 13.2CANAL DE VIDANGE
FIGURE 13.2ENTRÉE D'EAU
FIGURE 13.2SORTIE D'EAU
FIGURE 13.2

FIGURE 13.2.

PLAN - TYPE D'UNE PISCICULTURE (3.24 HA) ALIMENTEÉ PAR UN FORAGE ARTÉSIEN

ECHELLE 1/200

COUPE TYPE DES ETANGS

FIGURE 13.3

FIGURE 13.3.

7.3 Rentabilité économique

Il y a plusieurs possibilités d'élever des poissons en raceway alimenté par un forage (différentes espèces, différentes densités de stockage, changements d'eau plus ou moins fréquents, etc…). Toutes ces variantes n'ont pas été étudiées du point de vue économique, à l'exception d'une monoculture de mulet avec renouvellement de l'eau toutes les 12 heures. Cette analyse se trouve à l'annexe 12, section 5.

Cette analyse est basée sur l'installation de deux raceways, à l'exclusion d'autres infrastructures telles que routes, bâtiments, logements, adduction d'eau, etc. Il est donc supposé que le forage alimentant les raceways se trouve dans une zone ou de telles infrastructures existent déjà (par exemple, la zone au nord de Zarzis). Si cela n'était pas le cas, les investissements seraient tels qu'il est fort probable que, dans ces conditions, la pisciculture ne sera pas économiquement rentable.

Par contre, si les infrastructures nécessaires existent déjà ou sont programmées, il paraît possible de mettre au point une technologie rentable d'élevage de poissons en raceways, alimenté par des forages.

8. Recommandations

Au terme de cette note, la Mission recommande certaines actions à entreprendre pour la mise en valeur des retenues de barrage, les retenues collinaires, certains lacs salés et les forages du sud tunisien.

8.1 Les retenues de barrage

Les actions à entreprendre pour la mise en valeur des barrages sont les suivantes:

  1. Etant donné le manque presque total de renseignements concernant les conditions biologiques et physico-chimiques qui prévalent dans les eaux des retenues existantes et dans celles en construction, il est urgent d'entamer les recherches de base indispensables à une évaluation correcte de leur potentiel piscicole.

    Ces travaux devraient comprendre l'étude physico-chimique de l'eau (température, turbidité, pH, salinité, conductivité, oxygène dissout, teneurs en azote, phosphore, fer, etc …) et l'étude des facteurs biologiques (plancton, benthos, etc…).

  2. Certains barrages ont été empoissonnés avec diverses espèces introduites et locales, mais ces déversements n'ont malheureusement pas été suivis. Il n'y a pas eu de pêches de contrôle ni de pêches d'inventaire. Pour la majorité des barrages, nous n'avons aucune idée de l'état du peuplement ni de sa composition. Pour permettre une exploitation adéquate et normale de ces retenues, il est indispensable de disposer de données, aussi complètes que possible, concernant la composition du peuplement de chaque barrage (composition numérale et composition pondérale), tailles et poids des poissons, la maturité sexuelle, le régime alimentaire (analyse des contenus stomacaux), etc… Pour mener à bien une telle étude, il faut prévoir une petite brigade de pêche mobile et les moyens nécessaires en personnel, matériel et moyens de transport.

    Les études physico-chimiques et biologiques ainsi que les pêches d'inventaire devraient se faire en priorité dans les retenues déjà empoissonnées et exploitées par l'O.N.P. (barrages Mellègue et Nebhana).

  3. Continuer et améliorer les déversements d'alevins d'espèces intéressantes dans les barrages Mellègue et Nebhana. Dans l'état actuel de nos connaissances, les espèces à déverser dans ces deux plans d'eau sont les mulets (de préférence Mugil cephalus et M. labrosus qui ont une meilleure croissance que les trois autres espèces) et la carpe commune. On pourrait également tenter d'acclimater Tilapia nilotica et T. mossambica, mais uniquement dans le barrage Nebhana.

  4. Effectuer, le plus tôt possible, une série de pêches d'inventaire dans le barrage Ben Métir (350 ha) pour savoir s'il y subsiste des black-bass et des truites arc-enciel. Ensuite, en fonction des résultats de ces pêches d'inventaire, il faudra décider s'il est opportun et nécessaire de procéder à de nouveaux empoissonnements et choisir les espèces à y déverser, compte tenu des conditions climatiques de la région d'Aïn Draham et des conditions physico-chimiques de l'eau de la retenue.

  5. Commencer l'alevinage des barrages du Nord-Est: Kasseb (437 ha) et Bou Heurtma (800 ha). A notre connaissance, le barrage de Bou Heurtma n'a pas encore été stocké, mais il y a eu un déversement de carpes communes dans la retenue Kasseb en 1974–75, mais apparement sans succès. En attendant les résultats des pêches d'inventaire et de l'étude physico-chimique des eaux, on pourrait également empoissonner ces deux retenues en mulets et en carpes communes.

  6. Etant donné la salinité du barrage de Bir M'Cherga (Résidu sec: entre 3 et 3,5 g/l), il est suggéré de n'y déverser que des alevins de mulet.

  7. Débuter l'alevinage des barrages du Nord-Est/Cap Bon: Masri (77 ha), Bezirk (102 ha) et Chiba (142 ha). Ces retenues n'ont pas encore été stockées et il est recommandé d'y déverser des mulets en mélange avec des carpes communes.

  8. Le barrage Lakhmess (102 ha) n'a pas été empoissonné jusqu'à présent. En attendant les résultats d'analyses physico-chimiques de l'eau et des pêches d'inventaire, on pourrait y effectuer des déversements de mulets et éventuellement y introduire de la carpe herbivore (grass carp, Cteno-pharyngodon idella) et de la carpe argentée (silver carp, Hypophthalmichthys molitrix), si on réussit l'acclimatation et la reproduction artificielle du lot de carpes chinoises importé en Tunisie en 1981.

  9. En ce qui concerne les barrages Sidi Salem (4 300 ha) et Bourguiba-Sidi Saad (9 000 ha); dont la construction est en cours, mais dont on a déjà commencé la mise sous eau, il faudrait entamer dès à présent, l'étude physico-chimique du milieu et effectuer une série de pêches d'inventaire. Les résultats, même préliminaires, de ces travaux doivent permettre de prendre des décisions au sujet de l'empoissonnement de ces deux barrages qui totalisent 13 300 ha. Au départ, et vu la forte demande pour le mulet qui est un poisson très apprécié des tunisiens, on pourrait y déverser des muges à une densité de 50 alevins par ha. Ces déversements pourraient être fractionnés sur trois ans. On pourrait également prévoir un alevinage en carpes communes à raison de 20 alevins/ha. Il est pratiquement certain que les carpes vont se reproduite dans ces retenues, mais il faudra suivre de près l'évolution du peuplement après les déversements.

Le Ministère de l'Agriculture (collaboration entre la Direction des Etudes et Grands Travaux Hydrauliques, la Mission de Coopération Technique Allemande et l'INSTOP) envisage de déverser des carpes herbivores et des carpes argentées dans différents réservoirs et notamment dans la retenue du barrage Sidi Salem. Le but de cette opération est d'éliminer une partie des algues et des plantes aquatiques qui posent des problèmes lors du traitement des eaux qui approvisionnent Tunis. Comme les carpes chinoises ne vont pas se reproduire naturellement dans la retenue, il faudra prévoir une écloserie qui devra produire les milliers d'alevins nécessaires à l'empoissonnement du seul barrage de Sidi Salem.

Du fait des conditions climatiques assez favorables, la retenue Bourguiba-Sidi pourrait également être alevinée en Tilapia nilotica qui se reproduira naturellement dans le réservoir. Il peut cependant y avoir le risque d'une forte augmentation de la salinité des eaux du réservoir Sidi Saad, particulièrement en été, au moment des fortes évaporations. En effet, les oueds qui alimentent le réservoir ont des résidus secs allant de 3 à 4 g/1 (Oued El Hateb) jusqu'à 9 g/1 (Oued El Hadjed). Les variations de salinité des eaux de ce réservoir devront être suivies régulièrement. A noter que T. nilotica supporte des salinités allant jusqu'à 29.

8.2 Les retenues collinaires

La mise en valeur piscicole des retenues collinaires nécessite la mise en oeuvre du programme suivant:

  1. Compléter les données physico-chimiques et biologiques de ces plans d'eau par des séries d'analyses d'eau.

  2. Effectuer des pêches d'inventiare afin de disposer des renseignements nécessaires au sujet de la composition actuelle de la faune piscicole de ces retenues et d'avoir des indications sur la biologie des espèces (maturité sexuelle, régime alimentaire, croissance, etc…).

  3. Empoissonner ces retenues collinaires, en utilisant les mêmes espèces que celles préconisées pour les barrages. Le choix des espèces devrait se faire en fonction des résultats des analyses physico-chimiques de l'eau et des pêches d'inventaire. Il faudrait également tenir compte, autant que possible, des préférences des consommateurs, pour telle ou telle espèce, et de la valeur commerciale des poissons à déverser.

  4. Après les déversements, il est indispensable de vérifier le résultat de ces empoissonnements par des pêches de contrôle et d'interdire la pêche dans les retenues qui auront été alevinées. Cette interdiction de pêche devrait être maintenue durant un ou deux ans, ce qui permettra de vérifier l'état du peuplement et de décider du mode d'exploitation.

  5. Certaines espèces, telle la carpe commune, vont se reproduite naturellement dans ces retenues collinaires. D'autres espèces (mulets, anguilles, carpes chinoises) ne se reproduiront pas et, si on veut assurer la pérénnité d'une exploitation rationnelle, il sera nécessaire de réempoissonner régulièrement ces retenues.

  6. Tout comme pour les retenues de barrage, il est indispensable de tenir à jour des relevés détaillés des captures (expérimentales et commerciales) effectuées dans chaque retenue collinaire. Ces statistiques sont indispensables à une évaluation correcte de la production et doivent permettre de décider de l'opportunité de réempoissonnements.

  7. Dans certaines retenues collinaires (Nacherine, Beni Atta et Chaab ed Doud, par exemple) il y aurait moyen de faire des élevages en cages flottantes, à condition de disposer d'aliments pour poissons à un prix compétitif et d'avoir un débouché intéressant pour les poissons élevés en cages. Les espèces qui paraissent convenir le mieux pour ces élevages en cages sont la carpe commune et éventuellement la carpe herbivore (Ctenopharyngodon idella).

8.3 Les lacs salés

L'exploitation régulière de ces lacs salés n'a pas été envisagée, car ce sont généralement des plans d'eau temporaires. Cependant, en cas de fortes crues ou d'inondations exceptionnelles, comme celles de 1969, des dépressions ou sebkhas pourraient à nouveau se remplir et rester sous eau plusieurs années consécutives. Dans ce cas, il importe que le service chargé du développement de l'aquaculture, puisse dans des délais convenables, évaluer les conditions physico-chimiques du nouveau milieu aquatique et, en connaissance de cause, immerger dans ces sebkhas le nombre d'alevins voulu, d'espèces qui conviennent, pour créer dans ces plans d'eau un stock exploitable par la pêche, au profit des populations rurales des environs immédiats de ces lacs.

8.4 Les forages

Etant donné l'importance, pour les populations rurales, que pourrait avoir un développement de l'aquaculture dans le sud tunisien, il serait souhaitable d'entamer le recensement des forages, leur utilisation actuelle, les débits disponibles, leur salinité et la situation des villages ou hameaux et des infrastructures essentielles (routes, pistes, électrification, etc.) se trouvant à proximité immédiate de ces forages.


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