par
A.S. Ouedraogo, L.M. Somé, S. Bance et R. Bellefontaine
Direction des semences forestières
Ministère de l'environnement et du tourisme
Route de Kaya, B.P. 2682
Ouagadougou, Burkina Faso
Depuis février 1984, une vaste campagne de récolte de semences d'essences forestières sahéliennes et soudaniennes a été entreprise par la Direction des semences forestières du Burkina Faso, qui a succédé à l'ex-Centre national de semences forestières créé en juillet 1983.
Cette Direction a pour objectifs, entre autres:
Au plan national:
de satisfaire la demande courante en semences forestières des structures de développement en mettant à leur disposition une large gamme d'espèces et de graines de bonne qualité physiologique et génétique;
de fournir progressivement, au fil des années, du matériel végétal amélioré;
de contribuer à l'appui technique des agents de terrain, au suivi de leurs activités et à leur formation permanente notamment en matière de pépinières.
Au plan régional:
d'étendre progressivement ses activités aux pays voisins en matière de prospection, sélection, récolte et diffusion de semences, et de formation des agents;
de faire profiter de son expérience les pays qui désireraient créer ou renforcer leurs unités de semences et de former avec ces pays un réseau d'échange d'informations et de matériel végétal.
Les activités de la D.S.F. se répartissent entre trois grands programmes:
1. Prospection, sélection, gestion des peuplements semenciers, récolte et distribution de semences
1.1 Prospection
Il s'agit de prospecter l'aire naturelle des différentes espèces afin de tester la variabilité génétique de diverses provenances (Acacia albida et Parkis biglobosa actuellement), et de repérer des peuplements phénotypiquement supérieurs et/ou intéressants de par leur situation écologique.
Environ 300 peuplements semenciers ont été localisés entre février 1984 et mars 1985.
1.2 Sélection
Les critères de sélection retenus pour le choix des peuplements semenciers tiennent compte des facteurs suivants: taille de la population, situation du peuplement, homogénéité, âge, état sanitaire, croissance en volume et en hauteur, forme des arbres, et éventuellement qualités pomologiques et/ou technologiques.
1.3 Gestion des peuplements semenciers
Pour satisfaire les demandes importantes de semences, un réseau de peuplements producteurs de graines à travers le pays a été retenu dans un premier temps comme la solution la plus pragmatique.
Les peuplements les plus beaux seront classés par arrêté ministériel. En attendant les résultats de nos essais de provenances pour mieux orienter les opérations de récolte, ces peuplements seront les principales sources de semences où les équipes de la D.S.F. effectueront des récoltes (sauf pour les lots scientifiques).
Des sélections massales ne laisseront que les meilleurs phénotypes dans chaque peuplement semencier.
1.4 Récolte de semences
Les récoltes se font au minimum sur 25 à 30 arbres sélectionnés et espacés l'un de l'autre de 100 mètres.
La fiche de récolte de la D.S.F. permet de noter les informations relatives à la localisation géographique précise, aux données climatiques, aux conditions édaphiques, à la végétation associée, au type de formation végétale, à la phénologie; elle comprend en outre le nom scientifique et vernaculaire de l'espèce, la description de l'arbre-mère, le nombre de semenciers concernés par la récolte, le stade phénologique, la date de récolte, le procédé utilisé, le nom de l'agent responsable de l'opération.
Certaines récoltes de descendances individualisées ont été réalisées.
A la date du 31/3/85, 422 lots de 63 espèces, dont 15 exotiques, ont été récoltés, soit environ 2 000 kg de graines.
1.5 Diffusion, commercialisation et appui aux utilisateurs
A la date du 31/12/84, 265 lots de semences représentant 366 kg de graines de 31 espèces dont 13 exotiques ont été distribués aux utilisateurs.
La D.S.F. a ainsi traité une centaine de commandes émanant de 25 structures nationales de développement, 10 organismes en Afrique (Bénin, Cap-Vert, Côte-d'Ivoire, Mauritanie, Madagascar, Mali, Niger, Guinée Bissau) et 2 en Europe (France, Pays-Bas), sans avoir effectué la moindre publicité.
Le premier catalogue de semences de la D.S.F. ne sera diffusé qu'en juin 1985, et pourra être commandé à l'adresse donnée à la page précédente. L'Annexe 1 donne la liste des espèces dont les graines étaient disponibles au 1er mai 1985.
La structure de la D.S.F., conçue de manière souple et située à la charnière de la recherche et du développement, permet un appui constant et efficace aux structures de développement. Cet appui concerne:
le choix des espèces;
l'utilisation des meilleures provenances;
la vulgarisation des acquis des études et des recherches auprès des agents de tarrain, entre autres, par des conseils techniques pratiques, la rédaction de notes techniques, l'organisation et l'animation de stages et séminaires de formation et de recyclage.
2. Manutention, physiologie, technologie, conservation, phytopathologie
2.1 Manutention
Préparant d'importantes quantités de semences, la D.S.F. cherche avant tout à mettre au point les procédés les plus efficaces et les moins onéreux pour la manutention des semences.
Ainsi, d'ores et déjà, des normes ont été retenues pour le nettoyage et l'extraction des graines; les meilleures techniques de décorticage des fruits sont étudiées.
2.2 Physiologie - technologie
Les opérations de contrôle de la qualité des semences concernent:
la mesure de la teneur en humidité;
les essais de germination (à la température ambiante, au laboratoire et en pépinière);
le contrôle de pureté.
Depuis décembre 1984, ces essais sont menés méthodiquement de manière très homogène. Un accent particulier est mis sur la recherche des méthodes en technologie et physiologie des semences. Afin de déterminer pour chaque espèce les procédés les plus efficaces et les moins onéreux pour lever la dormance des graines, treize types de prétraitement différents sont actuellement testés de manière systématique et homogène.
Des essais effectués dans un incubateur nous permettront également de tester les conditions optimales de germination en programmant les températures nocturnes et diurnes et la lumière (intensité et qualité), et ce pour un certain nombre d'espècea importantes.
L'interprétation des résultats obtenus a permis dans une large mesure d'apporter un appui constant aux structures de développement quant à l'état physiologique des semences et aux moyens les plus efficaces pour obtenir une germination rapide et régulière, ce qui permet aux pépiniéristes d'une part de réaliser des économies (quantités de semences, arrosage) et d'autre part d'effectuer une meilleure sélection en pépinière.
2.3 Conservation des semences
Elle se fait dans trois types principaux de conditions:
au froid positif sec. A fin 1984, 2 012 kg de graines étaient entreposés dans la chambre froide de 27 m3, à une température pouvant varier entre +2 et +4°C, avec une humidité relative voisine de 25 à 30 pour cent; l'emploi de silicagel permet de réduire encore cette teneur en eau pour certaines espèces;
au froid négatif humide. Certains lots de graines sont conservés au congélateur à -15°C à une humidité plus élevée;
en conditions ambiantes du laboratoire. Certains lots scientifiques sont conservés dans ces conditions afin d'étudier la variation de leur pouvoir germinatif dans le temps.
Enfin des tests de conservation par “stratification passive”, notamment avec Azadirachta indica, sont en cours.
La conservation du pouvoir germinatif de lots traités à l'acide sulfurique à 97 pour cent, puis lavés, séchés et entreposés durant de longues périodes, se révèle très bonne pour de nombreuses espèces. La recherche d'un matériel moins artisanal de traitement des graines à l'acide est une de nos préoccupations.
2.4 Suivi phyosanitaire
Les interventions ont été orientées vers:
les dates optimales des récoltes en fonction des cycles des insectes;
les semences en cours de conservation;
les essais de provenances;
les peuplements semenciers classés.
3. Evaluation du matériel végétal, bouturage, suivi des pépinières 1
3.1 Mise en place et suivi des essais comparatifs de provenances
En juillet 1984, un essai comparatif de 6 provenances burkinabe d'Acacia albida en 4 blocs randomisés a été mis en place à Gonsé, à 25 km de Ouagadougou. Les parcelles unitaires comptaient 49 plants chacune.
Un essai analogue, avec le même dispositif, a été mis en place avec 8 provenances burkinabe de Parkia biglobosa.
En juillet-août 1985, des provenances d'Acacia albida, Parkia biglobosa et Leucaena leucocephala de divers pays seront mises en compétition.
3.2 Suiv: technique des pépinières et formation des pépiniéristes
Dans un premier temps 10 pépinières, dont 5 prioritaires, réparties uniformément à travers le pays, ont été retenues.
L'objectif de ce suivi technique est de mettre à la disposition des agents responsables des pépinières les techniques les plus appropriées pour une production suffisante de plants de qualité.
Deux séminaires de 5 jours ont permis d'assurer la formation de 40 agents forestiers aux techniques de pépinière. D'autres séminaires du même genre devraient être organisés à l'avenir.
3.3 Bouturage
Un programme de bouturage sous châssis est prévu pour 1985, et devrait être concrétisé très prochainement. Les capacités d'Acacia albida et de Parkia biglobosa seront testées.
Conclusion
Les activités entreprises ont permis entre autres de mettre en évidence les étapes nécessaires à suivre pour la mise en place d'une telle structure, les priorités à considérer et les principales contraintes.
La mise en route de la D.S.F. étant effective, il reste maintenant à améliorer et à consolider les acquis.
Dès à présent, on peut noter la réelle satisfaction des structures de développement, qui disposent d'un large éventail d'espèces de graines de qualité en quantités suffisantes. Cela induit des programmes plus ambitieux de la part des responsables forestiers, des plants en nombre suffisant autorisant une sélection sévère dès le stade de la pépinière, et donc une production de plants de meilleure qualité. La reprise lors de la plantation est meilleure, de même que la croissance ultérieure, ce qui devrait contribuer à restaurer la confiance et l'assurance des forestiers sahéliens.
La création, tant attendue, d'un centre de graines forestières au Sahel permet d'envisager l'avenir avec plus de sérénité.
ANNEXE I
Direction des Semences Forestières, Burkina Faso
Liste d'espèces disponibles (1/5/85)
Acacia albida
Acacia dudgeoni
Acacia dunnii
Acacia gourmaensis
Acacia macrostachya
Acacia nilotica var. adansonii
Acacia nilotica var. tomentosa
Acacia polyacantha var. campylacantha
Acacia raddiana
Acacia senegal
Acacia seyal
Adansonia digitata
Afrormosia laxiflora
Afzelia africana
Albizia chevalieri
Albizia lebbeck
Anacardium occidentale
Anogeissus leiocarpus
Azadirachta indica
Balanites aegyptiaca
Bauhinia rufescens
Bombax costatum
Boscia senegalensis
Butyrospermum parkii
Cassia arbunda
Cassia siamea
Cassia sieberiana
Ceiba pentandra
Combretum aculeatum
Combretum glutinosum
Combretum micranthum
Dalbergia sissoo
Daniellia oliveri
Delonix regia
Detarium microcarpum
Detarium senegalensis
Dichrostachys glomerata
Diospyros mespiliformis
Elaeis guineensis
Entada africana
Erythrina senegalensis
Eucalyptus camaldulensis
Eucalyptus citriodora
Gmelina arborea
Isoberlinia doka
Jatropha curcas
Khaya senegalensis
Lannea microcarpa
Leucaena leucocephala
Moringa pterygospermum
Parkia biglobosa
Parkinsonia aculeata
Piliostigma reticulatum
Piliostigma thonningii
Prosopis africana
Prosopis juliflora
Pterocarpus erinaceus
Pterocarpus lucens
Saba senegalensis
Sclerocarya birrea
Tamarindus indica
Tectona grandis
Terminalia avicennioides
Terminalia mantaly
Ziziphus mauritiana
Article reçu en mai 1985